Jeanne Moreau, qui a très bien connu Roger Nimier, lors d'un récent entretien (Figaro Madame) nous a révélé que celui-ci faisait systématiquement enlever le persil des plats qu'on lui servait. Elle le félicitait de son bon goût.
Au moment de commencer à rédiger ce billet, j'ai hésité non pas seulement à cause de son sujet apparemment dérisoire mais surtout à cause de Roger Nimier. Qui aujourd'hui se sent encore pleinement en connivence avec cet auteur insolent, mort jeune dans un accident de voiture ? A qui ses livres, en dehors peut-être de son chef d'oeuvre "Le hussard bleu", disent-ils encore beaucoup, à qui leur mélancolie joyeuse et aristocratique vient-elle toujours offrir sa saveur ? La droite buissonnière, la littérature des hussards était venue, au sein d'un monde des idées et de la fiction ennuyeux à force d'être engagé et didactique - on ne lisait pas, on vous formait -, planter un drapeau un peu anarchiste, plein de légèreté et se souciant comme d'une guigne de l'avenir de l'humanité. Il n'y a peut-être plus que Stéphane Million et sa revue "Bordel" pour croire en cette cause ancienne puisqu'au mois de septembre est annoncé un numéro spécial sur ces bretteurs du langage et de la gratuité.
Roger Nimier n'aimait pas le persil, il avait tort de faire renvoyer les plats et devant une telle attitude il n'y avait pas de quoi s'esbaudir.
S'il ne s'était agi que de répudier tout ce qui pouvait porter atteinte à la sensualité de l'existence, à un art de vivre profondément offensé, on aurait compris. Je ne suis pas persuadé que pour une personnalité comme celle de Roger Nimier, que j'ai toujours eu du mal à trouver sympathique en dépit de sa flamboyance sèche et de l'adoration que ses amis intimes lui vouaient (Antoine Blondin, Christian Millau), le dédain du persil et le rejet qui en résultait ne relevaient pas plutôt d'une singularité affectée, d'une marque tellement spécifique que personne ne songerait à se l'approprier, d'un abus plus grossier que délicat.
Le persil, si j'ose dire, c'est comme une moustache sur un visage. Il convient de sacrément s'intéresser à soi et à ce qu'on mange pour se concentrer sur l'obligation de s'orner (croit-on) d'une moustache ou de se priver de persil. Cette mise en apothéose du dérisoire, qui vient altérer la nudité d'une face ou le goût d'un plat, m'apparaît comme un triste souci de soi, de son image, de son assiette.
Je n'aurais pas eu l'impudence de faire un sort à ce minuscule trait de table si Jeanne Moreau ne l'avait pas admiré et si plusieurs des livres de Nimier, évidemment à un tout autre degré, n'avaient pas porté à son comble le snobisme du persil. La force, la puissance du Hussard bleu n'ont rien eu de commun avec le byzantinisme précieux et les états d'âme si peu exprimés, si pudiquement épanchés des Enfants tristes ou de L'histoire d'un amour. Dans ces pages qui se caractérisaient par une rétention, une économie glaçantes à force de ne prétendre qu'à l'intelligence et de ne rien devoir à la sensibilité, on avait envie en permanence de crier à l'écrivain non pas: peut mieux faire mais : il faut changer de chemin. Prendre le monde à bras-le-corps au lieu de chipoter et de le humer par petites pincées. La mine moins dégoûtée, le talent plus chaleureux.
Nimier qui "se la joue" en chassant le persil, c'est aussi Nimier qui répudie la gravité du coeur et de l'esprit pour se réfugier dans un territoire biscornu, hermétique tant il se protège des lecteurs ordinaires. Peut-être Jacques Chardonne n'a-t-il pas eu tort de lui conseiller d'arrêter d'écrire durant dix ans. Nimier a suivi la recommandation, D'Artagnan amoureux est survenu, une nouvelle veine prometteuse, et il est mort.
Roger Nimier n'aimait pas le persil mais il n'aurait pas dû renvoyer les plats et s'exiler frileusement de la littérature dont il était capable.
On ne cultive jamais impunément une singularité vide de sens, inutile.
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Le persil est bien souvent en cuisine le symbole de la faute de goût, à l'image de la feuille de salade dans le coin de l'assiette.
Il est le symbole d'une cuisine de restaurant sous vide à qui l'on donne des airs de fait maison.
Moi non plus je n'aime pas le persil...
Rédigé par : Cloud | 20 août 2012 à 14:11
@ Monsieur Jean-Dominique Reffait le 15 août 2012 à 15:46
Bravo ! Jolie plume... et de surcroit fine analyse.
Rédigé par : Valerie | 16 août 2012 à 17:13
@ Savonarole
Verhaeren, à côté de Butor, c'est du petit lait.
Mais les deux se marient bien avec Rosny-Plage.
Rédigé par : Alex paulista | 16 août 2012 à 02:24
"Roger Nimier n'aimait pas le persil mais il n'aurait pas dû renvoyer les plats"
Oui, mais de quel persil s'agit-il ? Du persil frisé ou du persil plat ?
Si le plus souvent le persil frisé est utilisé pour la décoration de plats, le persil plat, lui, présente une similitude avec la petite ciguë qui peut être toxique !
Les feuilles de persil sont glabres donc pas de moustaches ! Il y a un siècle étaient glabres les domestiques et les hommes d'Eglise. Les anarchistes et les socialistes portaient de belles bacchantes et la barbe fluviale, qui était impériale pour les bonapartistes...
Et les moustaches ? Les Allemandes disaient encore il y a au moins un siècle : "Un baiser sans moustache est comme une soupe sans sel !" Peut-être parsemée de persil ? Je ne sais ! Mais depuis, il y a eu la moustache d'Adolf...
Rédigé par : Marie | 15 août 2012 à 19:11
"Dans ces pages qui se caractérisent par une rétention, une économie glaçante à force de ne prétendre qu'à l'intelligence et de ne rien devoir à la sensibilité, on avait envie en permanence de crier à l'écrivain non pas : peut mieux faire mais : il faut changer de chemin".
Qu'auraient pu être ses oeuvres s'il avait été sculpteur, par exemple ?
"On ne cultive jamais impunément une singularité vide de sens, inutile."
Quelle finesse d'observation ! Ca existe encore et pas que relatée par la Madame Moreau.
Rédigé par : calamity jane | 15 août 2012 à 19:08
Ne sommes-nous pas souvent tentés de manifester des coquetteries futiles pour les transformer aux yeux des autres en une marque d'élégance originale ? Roger Nimier - que je n'ai jamais lu - est mort jeune et n'a pas eu le temps, l'âge venu, de revenir à la nudité de la condition humaine. Comme tant d'autres à cette époque, il a choisi la dérision des rituels qu'il se fabriquait à la pesanteur des codes anciens qui mouraient alors sous la poussière. C'était un temps où les choix étaient à la fois tranchés et en petit nombre : il y avait le communisme, l'anticommunisme et la dérision des deux dans la jouissance de soi. Qui refusait d'être "formé" par Sartre ou Aron, Marx ou Tocqueville, se réfugiait dans le vide du cynisme et des futilités.
Si vous-même Philippe avez échappé à tous ces conformismes - et dans quelle mesure à l'époque, vous seul le savez - c'est bien parce que votre histoire personnelle avait été très tôt placée sous le signe de la gravité, avec un questionnement lourd qui s'est imposé à vous dès votre enfance sans que vous l'ayez choisi.
Mais Roger Nimier, comme d'autres, ont vu leur jeunesse volée par la guerre et l'Occupation ; il s'est bien engagé en 1944, démontrant ainsi qu'il ne manquait pas de conscience. Mais après la Libération, il fallait rattraper le temps perdu, vivre une adolescence tardive, foncer bêtement sur les routes, râler bêtement sur le persil, proclamer que rien n'était vrai et que tout était ainsi permis. Préférer le ridicule à la gravité, un luxe parfois salvateur.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 15 août 2012 à 15:46
Bonjour
Article sympa de M. Bilger ; que dire ?
a ) Nimier ?? hummm, bof !
b ) le persil ?? tout ce que j'en connais c'est qu'il faut être un super menteur pour le réussir donc j'appelle à la rescousse mon beau-frère qui est militant socialiste, les pires menteurs !
Hélas on n'est pas une famille parfaite chez nous, y en a qui ont mal tourné, sauf pour le persil !
Rédigé par : sylvain | 15 août 2012 à 10:37
Esperons que ce billet sur Roger Nimier sera peut-être lu par nos Lagarde & Michard de l'Education nationale, où une demi-douzaine de cadors imposent des programmes de littérature désormais indéchiffrables aux 25 nationalités différentes qui composent une classe.
Dès le début des années soixante on aurait dû passer un coup de torchon.
Que ne nous a-t-on pas fait suer avec le Lorenzaccio de Musset ou le soulier de Claudel, le petit berger Nathanaël de Gide, qui lui cavalait après dans les dunes, Proust et ses blemitudes assommantes...
Comment voulez-vous qu'Amiens ne soit pas à feu et à sang quand on oblige une classe d'âge à se cogner du Émile Verhaeren ?
Rédigé par : Savonarole | 15 août 2012 à 10:19
Savonarole
Quel raccourci ou clin d'oeil !!!
Manquait-il le persil pour la cuisson ?
Se souvenir que Jérôme a fini brûlé mais sans persil... Nicolas était présent.
Rédigé par : Poil à gratter chez Pic de la Mirandole | 15 août 2012 à 10:16
La littérature serait bien moins passionnante si les auteurs avaient des vies ternes. De plus toute cette génération d'ecrivains, Sagan, Boris Vian, n'avaient pas peur du ridicule et leurs manières étaient assez précieuses.
L'enseignement du français passe aussi par la vie des auteurs. Le livre a sa vie propre, mais l'existence du rédacteur sera passée au crible pour expliquer son œuvre. Mais voilà, Nimier ne pense pas à gauche et il n'y a plus de grands auteurs de droite, il faut donc le démolir, mais parler de lui semble avoir l'effet contraire.
Rédigé par : Perplexe-gb | 15 août 2012 à 04:44
Cher Philippe,
Ne saisissant pas totalement le second degré de toute farce, nous ne pouvons que vous conseiller et si cela vous sied, de vous lancer dans la création d'un jardin de curé ou d'un jardin médiéval. Si vous n'avez jamais humé le parfum câpré de la capucine, froissé la feuille de cassis, secoué de la menthe sauvage, vu jaillir de petites pommes de terre blotties, croqué les fruits endormis au soleil, vous n'avez pas encore rejoint les sentes de la sagesse, trouvé les voies de la lumière. Kafka l'exprime si bien dans un petit recueil que nous ne retrouvons plus sur l'instant. Au présent l'odeur qui se répand dans notre malheureuse France, c'est le pneu brûlé, la voiture calcinée, la percée de la rage. Il flotte une colère sidérante, une misère hallucinante qui ne peut malheureusement plus qu'exploser.
57% d'insatisfaits, de mécontents et des rêves qui s'achèvent.
Un abricot, une noisette fraîche deviennent des plaisirs inaccessibles, 25 pour cent d'augmentation en quelques mois.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 15 août 2012 à 03:12
A Francois qui peine à lire
En quelque sorte seule la tête de veau nature l'intéresse et surtout bien présentée ... les accompagnements style persil qui sortent par les narines et les oreilles ne comptent pas et sont à ignorer.
Pourtant ça fait du bien de pouvoir un peu parler ... heu pardon ... écrire dans un monde où on ne peut rien dire, où des gens experts en tout nous ordonnent comment bien penser.
Où ça mène le persil !!!
Rédigé par : lafleur | 15 août 2012 à 02:00
Sunsiaré de Larcône... essayez de vous présenter à la Caisse d'allocations familiales avec un nom pareil...
Rédigé par : Savonarole | 15 août 2012 à 00:35
Le persil est mortel pour les perroquets. L'était-il RN? Sa fille la reine du silence... mais lui?
Rédigé par : adamastor | 14 août 2012 à 23:35
J'allais féliciter Catherine Jacob pour son excellent commentaire mais je vois que sbriglia est déjà passé par là...
Pour ce qui est du billet, je dirais qu'il nous en apprend bien plus sur son auteur que sur le persil ou la moustache, notamment lorsqu'on lit ceci :
"Il convient de sacrément s'intéresser à soi et à ce qu'on mange pour se concentrer sur l'obligation de s'orner (croit-on) d'une moustache ou de se priver de persil."
Promis, demain, je me fais une moustache de persil...
Rédigé par : Herman | 14 août 2012 à 18:36
Fallait-il avoir du persil dans les yeux pour rater le pont de la Celle-Saint-Cloud...
Il y a moins d'un an, c'est un jeune comédien prometteur qui s'est carbonisé lui, dans le tunnel de Saint-Cloud, presque au même endroit... lui aussi avec un bolide vrombissant, la presse nous a encore fait pleurer sur un destin brisé.
Le pont de Saint-Cloud... Cette arrivée sur Paris est terrifiante, on déboule de Deauville, on est branché sur Chabadabada FM, on s'est gavé dans les grands restaurants, on ramène sa poule à Paname, et puis voilà, c'est le drame...
Roger Nimier aurait dû passer le week-end à Rosny-Plage.
Rédigé par : Savonarole | 14 août 2012 à 18:28
On sait que Jeanne Moreau est un peu votre persil: à vos yeux, elle dévalue tout ce qu'elle accompagne.
Jeanne Moreau a toujours eu bon goût, a toujours fait les bons choix. Même quand elle a fait des films ennuyeux, elle les a faits avec des gens dont le talent s'est révélé ensuite. Elle utilisait sa notoriété pour donner à ces talents l'occasion d'éclore.
Sans oublier de souligner qu'il est insupportable, quand on a bien précisé au serveur qu'on ne voulait pas d'un ingrédient dans son plat, de constater sa présence au milieu du dressage.
Mon épouse a une allergie alimentaire et il lui arrive souvent de devoir renvoyer des plats, malgré les recommandations faites au serveur à la commande. C'est assez énervant, même si les lèvres qui enflent légèrement sont plutôt appétissantes.
Rédigé par : Alex paulista | 14 août 2012 à 18:21
Bonjour,
Juste un détail technique de lecture, serait-il possible d'agrandir d'un tiers environ, la partie grise de la lecture d’articles.
En effet, je me suis demandé pourquoi je fatiguais à vous lire alors que j’y prends plaisir. J’ai remarqué qu’il en était de même pour les commentaires, souvent intéressants qui forcément vont s'étendre en longueur vu le formatage de la colonne. Et il est vrai que bien souvent, je vous lis mais que je renonce à lire les commentaires.
J'ai enfin compris pourquoi, votre français est irréprochable et par conséquent vous utilisez facilement des phrases longues ou plusieurs phrases plus courtes, pour exprimer une idée, la ponctuation étant parfaitement respectée. Alors je me suis demandé d’où venait le souci car je ne fais pas partie des personnes ayant des problèmes au niveau de la lecture.
Le problème serait informatique d'une part, taille de colonne imposée, mais aussi et d'autre part "cérébral". Je crois que changer de ligne pour suivre la logique d'une phrase tout en mémorisant la ligne lue précédemment, n’est pas chose aisée sauf peut-être pour des cerveaux brillants ? Ou plus jeunes ?
N’y voyez aucune critique mais simplement une honnête suggestion.
Mille mercis.
Rédigé par : Francois | 14 août 2012 à 18:21
Ah... mais j'y suis ; le persil cela evoque la vue de la tete de veau entière sur l'etal du boucher... avec le persil dans les narines !
Bon aperitif a toutes et tous en prevision du 15 Aout.
Rédigé par : Valerie | 14 août 2012 à 17:55
Lacan aurait dit "son père cille" quand le petit Roger fait des bêtises...
D'où sa détestation...
PS: Superbe commentaire, Catherine Jacob...
Rédigé par : sbriglia | 14 août 2012 à 16:07
Comment peut-on écrire un papier sur le persil en littérature sans parler de San Antonio et surtout de son collègue Bérurier qui adorait la tête de veau sauce gribiche, avec du persil évidemment.
Une tête de veau sans persil sortant des naseaux…impossible aurait dit Frédéric Dard qui a dû se retourner dans sa tombe à la lecture de votre papier...
Le changement c’est maintenant… une tête de veau sans persil !!!
Nous étions des veaux a dit le Grand Charles, et nous voilà sans persil, en attendant 2013 où nous serons sans oseille !!!
Rédigé par : Tipaza | 14 août 2012 à 15:28
Je n'ai rien lu du pere mais par pur hasard, le roman de sa fille est "tombe" entre mes mains... magnifique de pudeur et de delicatesse, une tres jolie plume. L'emotion me submerge...
"La reine du silence"
Marie Nimier : Prix Medicis 2004
"Mon père a trouvé la mort un vendredi soir. Son Aston Martin s'est écrasée contre le parapet d'un pont. La jeune femme assise à ses côtés était d'une beauté peu commune.
Il n'y a rien à raconter, n'est-ce pas, rien à dire de cette relation. Je n'étais pas dans la voiture. J'avais 5 ans.
De mon père, il me reste peu de souvenirs, et quelques trésors : une montre qui sonne les heures, un stylo dont la plume penche à droite et cette carte postale, où il me demandait en lettres capitales :
QUE DIT LA REINE DU SILENCE ?
Cette phrase posait une énigme impossible à résoudre pour la petite fille que j'étais, énigme cruelle et envoûtante qui résume toute la difficulté du métier d'enfant. Enigme qui, à l'époque, se formulait ainsi :
Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l'affection de papa ?
Ou encore : comment, à la fois, parler, et ne pas parler ?
J'étais coincée. Prise au piège de l'intelligence paternelle."
Rédigé par : Valerie | 14 août 2012 à 14:37
A picorer en tous sens et dans tous les coins, notre Hermine a le mérite de nous obliger à revisiter le dédale du maquis de nos maigres savoirs et de nos lettres, quand ce n'est pas de nous replonger dans l'introspection des ambiances oubliées ou des secrets bien gardés ...
Toutefois pourquoi faire un tel plat avec le persil de Nimier à la sauce Jeaaaannnne Moreau?
Etait-ce une allergie ou déjà un rejet du vert de la meute Duflot-Cochet-Placé-Joly-Dany, ou tout simplement des drapeaux verts de l’islamisation en marche ?
Les torts de R Nimier : une intelligence brûlante (1° accessit au concours général de philosophie), la recherche permanente de l’excellence, être mort accidentellement à 37 ans et surtout … d’être classé et fiché « de droite ».
Allons-nous être gratifiés d’un billet tout aussi touffu et étendu sur ceux qui renvoient les plats parce qu’il y a du porc ou parce que le veau, le poulet, le mouton, etc. qui dans l’assiette n’ont pas été abattus selon l’ivresse barbare …
Revenons à RN qui disparut alors qu’il n'avait fait qu'un galop d’essai après avoir écouté un imbécile qui lui avait conseillé de faire un break (de 10 ans) sur sa production romanesque jugée par ce même imbécile trop prolifique et peut-être pas assez ciselée … l'idéologie est toujours mauvaise conseillère.
Ah si RN avait été de gauche et qu’il ait contribué au désastre de 39 … la moustache serait un emblème vénéré et l’affaire du persil aurait une autre allure …
Rédigé par : Poil à gratter chez Pic de la Mirandole | 14 août 2012 à 12:40
Dérisoire diront les plus pincés et alors, j'ai adoré ce billet estival... ne manquait plus que James de Coquet qui qualifiait d'étouffe-chrétien la pâtisserie préférée de ma grand-mère, la religieuse au café... Il y a eu ce prix Roger Nimier reçu par celui qui des années durant a défendu la chanson française, et mort un peu jeune, Pascal Sevran.
Je n'appréciais par particulièrement Roger Nimier mais pas au point de le détester non plus.
Pourquoi tant de dégoût pour le persil, comme quoi, à chacun ses manies.
Rédigé par : Pietri S. | 14 août 2012 à 12:34
Bonjour Philippe Bilger,
« Roger Nimier n'aimait pas le persil mais il n'aurait pas dû renvoyer les plats et s'exiler frileusement de la littérature dont il était capable.
On ne cultive jamais impunément une singularité vide de sens, inutile. »
Votre billet sur Roger Nimier est assez cocasse. Il me fait penser à ce jeu assez classique que se lancent les conférenciers pour s’amuser et qui consiste à placer, dans leur discours, un mot, de préférence incongru sans que le public n’en soit interloqué.
Je ne suis pas loin de penser que vous aussi vous vous êtes prêté à ce jeu dans ce billet avec le mot « persil » qui intervient un peu comme un cheveu dans la soupe. Car je doute fort que Roger Nimier doive sa notoriété, au demeurant assez confidentielle, à sa seule détestation du persil.
Rédigé par : Achille | 14 août 2012 à 12:13
"Le persil, si j'ose dire, c'est comme une moustache sur un visage. Il convient de sacrément s'intéresser à soi et à ce qu'on mange pour se concentrer sur l'obligation de s'orner (croit-on) d'une moustache ou de se priver de persil. Cette mise en apothéose du dérisoire, qui vient altérer la nudité d'une face ou le goût d'un plat, m'apparaît comme un triste souci de soi, de son image, de son assiette."
Philippe Bilger, je vous aime bien mais je me demande si vous tournez toujours sept fois votre plume dans votre encrier avant d'écrire des choses saugrenues.
Je doute fort que vous ayez jamais eu connaissance de la différence qu'il peut y avoir pour une femme à embrasser un homme avec moustaches et sans moustaches et je peux vous assurer d'expérience qu'elle est intéressante et justifie le port de la moustache. Il semblerait également d'après ce qu'en disent les moustachus eux-mêmes, qu'un verre de bière ne se goûte pas de la même façon avec et sans moustaches. Il ne s'agit donc pas là d'un ornement futile et sans emploi. D'autre part, il convient de faire remarquer que leurs moustaches représentent chez les félins, une extension de leur sens tactile et que lorsque vous les en privez cela provoque chez eux notamment des troubles de l'équilibre. Certes, l'humain n'est pas un félin mais je me pose la question de savoir s'il n'en irait pas de la moustache comme par ex. de l'appendice qu'autrefois des chirurgiens enlevaient par précaution vu qu'il était réputé ne servir à rien et dont on ne connaît que depuis récemment le rôle qui n'est pas du tout nul!
Enfin, le persil apporte de la couleur dans un plat et la couleur d'un plat est souvent déterminante pour l'appétence et l'envie de le manger. Il ne saurait causer aucun dommage aux hommes vu que de la même famille que la rue, emménagogue, il ne saurait causer de désagrément qu'à la femme enceinte, et encore consommé en très grande quantité. Il s'agit là également d'une plante médicinale inscrite à la pharmacopée française en général ainsi que la pharmacopée maritime qui au XVIIIème siècle notamment l'employait dans la fabrication d'un contre-poison préparé à Paris en public devant les autorités et nécessitait plus d'un an et demi (car elle devait fermenter). Cette préparation faisait appel à plus de soixante-quatre ingrédients végétaux, minéraux et animaux des plus variés, sans compter le vin et le miel : gentiane, poivre, myrrhe, acacia, rose, iris, rue, valériane, millepertuis, fenouil, anis ainsi que de la chair séchée de vipère, de l'opopanax et des rognons de castor - source habituelle - D'où l'on peut sans doute présumer que sa présence dans un plat, était susceptible de rassurer quant à l’innocuité de ce dernier ce qui génère également de l'appétit!
Le persil comme la moustache sont donc porteurs de sens en tant que phénomènes culturels et sont également susceptibles de présenter un intérêt au gré des préférences de chacun en ces diverses matières.
Rédigé par : Catherine JACOB | 14 août 2012 à 11:50