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16 septembre 2012

Commentaires

Le gentil

@ Alex paulista

Je conviens volontiers être passé à côté de l'essentiel de "L'Etranger", tout en restant un peu surpris que le meurtre d'un Arabe par un Français d'Algérie puisse être, au fond, interchangeable avec "autre chose" (?). Pour rester dans le superficiel, si différent de l'essentiel, j'aurais aimé de M. Bilger, ou de tout autre que lui mais, comme lui, grand connaisseur de l'histoire judiciaire (n'attendons rien d'Onfray), une réponse précise à ma question, que je repose : existe-t-il un seul exemple de Français d'Algérie guillotiné pour le meurtre d'un Arabe ? Ou pour faire bref, si j'ose dire : de petit Blanc raccourci pour avoir occis de l'indigène ? Merci

Alex paulista

@ Le gentil | 22 septembre 2012 à 18:03

Je crois que votre angle de lecture anticolonialiste vous a fait passer à côté de l'essentiel de L'Étranger.
Le livre n'a de sens que parce que cette condamnation n'en a pas. Il s'agit du meurtre d'un Arabe mais il aurait pu s'agir d'autre chose.
D'ailleurs Meursault est condamné parce que c'est lui l'étranger, le monstre qui refuse de participer au monde puis à la pièce qui se joue pourtant pour lui, jusqu'au sacrifice.

C'est un personnage messianique et sa mise à mort n'a à voir qu'avec sa révélation de l'absurde, sa dénonciation de tous les conformismes et autres stratégies de contournement. Le point d'orgue est la scène avec l'aumônier.

Écoutez l'épilogue:
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/audio/PHD89021173/lectures-d-extraits-d-oeuvres-d-albert-camus-par-lui-meme.fr.html

Woz

Je pense que Benjamin Stora n'était vraiment pas l'homme de la situation et c'eût été faire un contresens total que de le choisir. Onfray aurait été un choix plus judicieux ; dommage qu'il ait jeté l'éponge (ou, sans doute, que d'obscures tractations la lui aient fait jeter).

Le gentil

Cher monsieur,

Puisque nous sommes dans Camus, quelque chose m'a toujours chiffonné : c'est la condamnation à mort et l'exécution de Meursault pour le meurtre d'un Arabe. Y eut-il un seul exemple, dans l'histoire de l'Algérie française, dans la réalité de l'Algérie française, de la condamnation à mort et de l'exécution d'un "petit Blanc" pour le meurtre d'un autochtone colonisé ? Ou bien cela n'a-t-il existé que dans un roman, pur fantasme d'un Juste, qui suffirait à montrer qu'en s'en tenant à ce fantasme, qu'Onfray s'est bien gardé de discuter, il n'eut jamais du Juste le moindre commencement de réalité, sinon ses bavardages ?

zenblabla

@stalen ilitch guevara

"...Que d'épilogues surannés, que de démonstrations biaisées, que d'appropriations subjectives et malhonnêtes, que de certitudes approximatives..."

Vous consultez ?
Je veux dire, du côté du traitant ???

Sta

On se permettra de recommander ceci, qui vient de paraitre hier, sur Camus et ce débat :

http://www.contreligne.eu/2012/09/camus-alger-new-york-sontag-said-sartre/

Albert Taquin

Magnifique billet Monsieur Bilger, vous venez d'écrire le cinquième essai du cycle de l'absurde !

Pour ma part, j’ai une idée de commissaire : Julie Lescaut (j’ai un temps songé à Michel Neyret mais il paraît qu’il connaît mieux la cam que Camus).

Mais trêve de péripéties, au point où nous en sommes il ne reste qu’une chose à faire : créer une commission, dans le but d’aboutir à une solution commune et partagée.
Cette commission sera chargée de consulter toutes les parties intéressées, de faire converger leurs intérêts, puis de proposer quelques noms pour le nouveau commissaire qui sera en charge de l’organisation de l’événement (entre nous, quoi de plus normal qu’une commission pour un commissaire ?).
Et comme il ne faut rien laisser au hasard, les propositions de la commission seront examinées par une mission interministérielle qui remettra son avis aux ministres de tutelle, qui relaieront en Conseil des ministres, qui nommera en retour l’heureux commissaire.
Et pour être sûr que ledit commissaire fera bien son travail, une deuxième commission, de contrôle et d’évaluation cette fois-ci, devra voir le jour.
Si vous trouvez que c’est un peu compliqué, Jean-Paul Huchon saura vous expliquer mieux que moi. Pour bien administrer la première région de France, il a échafaudé un organigramme simple et performant.

Clafoutis

"Si Bernard Stora est souvent récusé voire vilipendé..."
Rédigé par : Trekker | 18 septembre 2012 à 13:07

C'est pas Bertrand, c'est pas Bernard, c'est pas Benoît, c'est pas Baptiste, c'est..., c'est...
c'est Benjamin !

(Librement inspiré - si peu - par l'oeuvre de Guillaume Brassens)

----------------------------

Ah ! finalement je ne résiste pas à m'émerveiller de :

"nous avons systématiquement écouté France Musique aux heures financées par France Culture consacrées à la sous philosophie du militant Onfray."
semtob | 17 septembre 2012 à 01:52

J'admire les sisters semtob de s'être forgé une opinion définitive, en s'appuyant sur la non-écoute systématique.
Le grand confort.

berdepas

Cher Monsieur Bilger,
Il m'arrive parfois d'être en profond désaccord avec vous. Mais il m'arrive aussi de partager pleinement votre point de vue.
C'est le cas pour celui que vous exprimez dans ce billet.
Camus, dont je partage les origines, jusqu'à avoir grandi en voisin de sa mère qui était une amie de la mienne, ne mérite pas le déversement de contre-vérités et de critiques posthumes qui accompagnent une oeuvre dont la reconnaissance, partout dans le monde a effacé la médiocrité des jugements que quelques intellectuels sans destin et sans futur ont porté sur lui.
Sur Benjamin Stora, je vous propose ceci:
http://berdepas.wordpress.com/2010/05/21/storas-story/
Rien d'autre à ajouter.

Trekker

@ Vandelte

Faire de l'antisémitisme la cause de l'éviction de Benjamin Stora est pour le moins excessif, voire infondé. A priori Catherine Camus n'est pas connue pour avoir des opinions à caractère antisémite, et c'est elle qui a récusé Benjamin Stora.

Postuler que les propos du président de l'Adimad ont pu l'influencer, cela relève d'une supputation fort hasardeuse et surtout d'un procès en sorcellerie que rien ne vient étayer. De plus ce serait créditer cette association, le terme groupuscule serait mieux adapté, et son président d'une influence dont ils rêvent mais qu'ils sont loin d'avoir. Cela même au sein de la communauté des rapatriés, où leur influence est marginale.

Si Benjamin Stora est souvent récusé voire vilipendé par une partie des rapatriés et nostalgiques de l'Algérie française, c'est à cause de ses analyses sur la guerre d'Algérie et cela même chez des rapatriés de confession ou d'origine juive.

Clafoutis

"Sarko avait eu plus de noblesse en évoquant le Panthéon pour Camus."
Rédigé par : Savonarole | 17 septembre 2012 à 20:52

J'entends d'ici l'exhortation émouvante : "Entre ici, Stéphane Camus..."

On l'a échappé belle !

vandelte

Cher M. Bilger,

Je crois que l'on passe à côté du vrai problème. L'éviction de M. Stora semble avoir été provoquée par son identité et non ses appartenances militantes ou scientifiques.

Je lis dans le blog de Roger Evano dans Médiapart (16/09) :

« Car en plus de devenir le champion de la maire d’Aix, M.Onfray est devenu, malgré lui, celui de l’Adimad, association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l’Algérie française. Son président J.F.Collin déclare : « Qu’on ait pu choisir B.Stora pour l’organiser (l’exposition A.C.) c’est une aberration ». Onfray lui semble un « homme plus mesuré » (Le Monde id.), et il ajoute que « B.Stora , cet israélite de Constantine, historien autoproclamé de la guerre d’Algérie et qui soutient les thèses du FLN est vomi par la communauté des Français d’Algérie » (Le Monde id.). »

Faire de cette affaire un problème de cuisine politicienne ou de haut différend Camus-Sartre ne peut que contribuer à occulter l'antisémitisme banal qu'elle cache et qui reste, malheureusement, non dit.

Jean-Benoît Henriet

Dans Le Monde, il y a 10 à 15 jours, un article de Cambadélis, alors en campagne (le lendemain c'était le tour de Désir). J'y ai relevé cette phrase, proprement terrifiante :

"Nous devons nous fixer pour objectif d'imposer l'hégémonie culturelle"

D'aucuns penseront que ce programme est déjà réalisé à 99%.

Quelque part, Gramsci a dû sourire...


stalen ilitch guevara

Bagatelle de plumes des revenants...

Que d'épilogues surannés, que de démonstrations biaisées, que d'appropriations subjectives et malhonnêtes, que de certitudes approximatives...

Camus a disparu accidentellement au milieu de son gué et avant le largage de l'Algérie, sa terre matricielle, à la demande expresse de leurs autochtones... Quelle aurait été sa pensée et son évolution après 1962, l'indépendance et sa débâcle ?

Il n'avait pas encore accompli tout son chemin et encore moins la maturité de son intellect et de ses affects, alors les diseurs de bonne aventure sont bien prétentieux de parler à sa place et de mûrir sa pensée à la manière Arsène Lupin... Arrêtez de parler à la place des morts.

Avec Roger Nimier, comme lui naufragé de la route trois ans plus tard, au milieu de son gué aussi, nous avons sur les bras deux parcours inachevés et brisés... dommage pour la compréhension de l'existence et de nos vies.

A l'inverse un Sartre entouré de ses jouisseurs existentialistes débauchés, déjà bobo ou paumés, a pu terminer son massacre et ses pitreries pitoyables sous les applaudissements des gogos...

Camus, on peut bien maintenant lui faire dire tout ce qu'on veut et son contraire... Le duel des commissaires pressentis pour l'exposition de l'écrivain à la trajectoire inachevée le démontre magistralement.

Ah ! Albert si tu revenais avec Roger... qu'est-ce qu'on rigolerait et vous deux qu'est-ce que vous rigoleriez, à vous affronter avec vos mots... mais sûrement pas avec nos pseudo philosophes ou historiens ou sociologues attitrés du service public colonisé par les sicaires serveurs de soupe à la bien-pensance bien proprette.

Mary Preud'homme

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a annoncé retirer la subvention destinée à l'exposition Camus à Aix-en-Provence, invoquant comme argument (risible !) que le commissaire pressenti, B. Stora n'avait pas été retenu. Un faux prétexte bien évidemment qui s'ajoute à la série des coupes sombres et des reniements en matière culturelle.

Savonarole

Au fond c'est une vieille histoire, la gauche se cherche des héros, Tonton avait voulu nous faire croire que les députés socialistes s'étaient levés comme un seul homme pour ne pas voter les pleins pouvoirs au Maréchal, eh oui, encore lui... Aujourd'hui on veut faire de Camus un socialiste bon teint. Sarko avait eu plus de noblesse en évoquant le Panthéon pour Camus. Mais patatras, voilà que le risque de voir Onfray à une tribune a effrayé la ministre.

Perplexe-gb

Tout ce petit monde de gauche n'a pas su trouver d'arrangement. La gloire personnelle, les honneurs, l'argent semblent être des motivations très présentes.
On voudrait récupérer un Camus conforme à l'image ideale. On oublie qu'il était né au paradis terrestre pour la part européenne du pays. Il y est resté fidèle. Toutes les classes sociales étaient représentées dans cet Algérie. Mais classes sociales à l'intérieur de chaque communauté et pas de contact entre classes sociales équivalentes... Combien de temps il faudra attendre pour décrire tous les milieux de cette société, difficile de faire parler nos anciens. Les valeurs d'hier sont vécues maintenant comme des crimes.

oursivi@Mary

plus "prioritaires" aux yeux des socialistes, eu égard aux retombées électorales escomptées.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 17 septembre 2012 à 14:30

Chère Mary, et non pas chair marrie,

Les cultureux (ristes, un poil moins) ont toujours été ""le"" fond de commerce des socialistes français, ils les ont bien souvent caressés dans le sens du poil (comme les reux). Ceux-là le leur rendant bien en pesant de leur notoriété sur les opinions.

Comme disait Tonton, "c'est un métier".

Tonton était Dieu et Jack L était son "pro fêtes".

AO

gpc

Les retransmissions cet ete par France Culture des causeries de Michel Onfray (nouvelle histoire de la philosophie) ont ete passionnantes. Les "gauchistes" non repentis n'ont pas apprecie la critique du couple infernal Sartre-Beauvoir ni la lucide analyse de Camus, c'est dans l'ordre des choses.Un regret neanmoins, qu'il n'ait pas releve que Camus a mis bien longtemps a se separer du Parti communiste dont l'ideologie criminelle etait pourtant bien documentee. Certains editoriaux du debut de Combat sont edifiants a cet egard. Certes il a fait amende honorable ensuite mais la tache reste.

Pietri S

Boris 16.9.12 23.19

Permettez-moi de me joindre à votre demande : quel est l'avis de P. Bilger sur les propos de Mgr Barbarin, souvent très iconoclaste !
Si P. Bilger affichait un tel billet ! je me réjouis d'avance des coms à venir, dont je devine la teneur de certains !

Alex paulista

Albert Camus aurait plutôt choisi Adriana Karembeu.

Trekker

Aurélie Filippetti n'a pas refusé une subvention pour cette exposition pour des questions d'ordre budgétaire, mais uniquement politique. Cette subvention avait déjà été attribuée, ou du moins son principe officialisé, quand Benjamin Stora était le commissaire en titre de cette future exposition.

La ministre de la Culture a supprimé cette subvention seulement au début de ce mois, en arguant uniquement du contexte politique à Aix-en-Provence et des attitudes du maire. Cela alors que ceux-ci étaient les mêmes il y a quelques mois. Mais étrange hasard, cette suppression de subvention intervient en plein lynchage médiatique de Michel Onfray.

Mary Preud'homme

Commissaire d'exposition, cela ne s'improvise pas. Le rôle du commissaire est avant tout de connaître parfaitement l'auteur qu'il prétend mettre en valeur, tout en sachant s'effacer autant que faire se peut devant ladite oeuvre. A cet égard il me semble que Onfray était un bien mauvais choix. De même que celui de BS dont la vision de l'oeuvre de Camus semble s'attacher davantage à son côté partisan qu'à ce quelle a d'universel, dépassant largement les contingences et les clivages politiques.
A cet égard, un conservateur du patrimoine ou un éminent professeur d'université (moins médiatisé) aurait sans doute beaucoup mieux l'affaire.
---
Quant à Aurélie Filippetti, que pourrait-elle bien faire avec un budget "culturel" misérable et rogné de partout, au profit de ministères manifestement plus "prioritaires" aux yeux des socialistes, eu égard aux retombées électorales escomptées.

catherine A  hommage et dommages

Les hommages c'est comme les nécro ; souvent à côté de la plaque, partiels, partiaux. Si cette histoire affligeante doit avoir au moins un mérite, c'est celui de nous inciter à lire ou à relire Camus. J'avais dix ans quand j'ai lu La Peste ; le choc ressenti a été si violent que je n'ai toujours pas pu relire cet ouvrage auquel évidemment je n'ai rien dû comprendre alors. Je vais le relire, ce sera mon petit hommage perso à Albert Camus.
Ce sont les lecteurs qui font les hommages, pas les manifestations auxquelles se pressent pour la photo des personnes dont Camus n'aurait sans doute pas apprécié la présence. Mais j'arrête car je vais le faire parler et ça n'aurait pas de sens.

VANGAUGUIN

Cette expo Camus, c'est un peu la peste, non ?... On a remplacé le rocher de Sisyphe par des commissaires d'exposition... Au suivant !

zenblabla

Dans l'article du Monde, il y avait ceci, de mémoire:
J'ai plus assez de mémoire...
C'était au sujet de réhabilitation de philosophies dépassées (anciennes ou mortes (?...))
Cela indiquait que le nazisme se préoccupait des philosophes grecs, ainsi peut-être autant qu'à dire: "...ils ne lisent pas, ils s'en servent..."
Drôle de polémique en tout cas, et comment arrive-t-on à Stora/Onfray...?

Ce week-end, il fut question à table des origines, avec les remugles de l'Islam, alors inévitablement bien d'autres...

Camus, à mon avis, ce qui est merveilleux avec lui, c'est qu'il s'exprimait "à jour".
Sartre s'exprimait autant "à jour", à mon même avis.

Que cette affaire ne soit pas close, Sartre/Camus mais Camus/Sartre, cela me réjouit !

En madeleines, je me rappelle nos sorties familiales en campagne aixoise, sur le chemin de la grotte de Madeleine, celle du Christ, quand nous traversions un peu gênés et ne parlant que chuchotant les campements vaguement tolérés de l'OAS installés sur les flancs de la Sainte-Baume...
C'était il y a longtemps !

C'était peut-être tout faux, mais les souvenirs de quand on a cinq ans pèsent.
Pèsent aussi les lectures de Camus ou de Sartre, à peine plus tard:
"Qui provoque et qui invoque...., avant, pendant, mais suivant quoi?"

Pour moi, pas de Sartre sans Camus, et réciproquement.
Mettre un pied de biche c'est indécent.

Alors, merci beaucoup ce billet, et à tous les intervenants.

Robert

@ MS | 17 septembre 2012 à 06:56

Merci pour votre intervention : c'est ce que j'avais en tête en rédigeant mon texte précédent.

Morgane Pierre

Monsieur Bilger,

Tout comme la plupart des internautes ici, j'admire Albert Camus et la lecture de ses œuvres a changé la femme que je suis. Je l’ai découvert en cours de français en tant que romancier (avec La Peste). L'année suivante je découvre Jean-Paul Sartre en tant que philosophe. De ce fait je ne les ai pas mis en opposition, du moins au début. Au fond, pourquoi le faire absolument ? Même si les deux se sont engagés en politique, ce sont également des écrivains mais surtout des hommes avec des sensibilités et des personnalités différentes. Pour ma part j'aime autant ces deux hommes. Ils avaient des qualités différentes même si je pense qu'en tant qu'être humain Camus était plus grand, plus honnête et plus courageux. Cependant la première fois que je me suis sentie libre, c'était après avoir lu "L'existentialisme est un humanisme." Même s'il a été écrit pour faire face au scandale de "Sartre contre Sartre" et aux critiques disant que son idéologie était anti-humaniste, c'est un texte qui m'a marquée et a changé ma façon de voir la vie. De plus, étant normalien il en résulte une grande clarté dans l'ensemble de ses écrits, ce qui n'est pas toujours le cas de Camus surtout dans les textes philosophiques comme "Le mythe de Sisyphe." Et rappelons la légendaire mauvaise foi de Sartre, lui qui la critiquait de manière virulente, il en était un très bon exemple. Après avoir vu le vrai visage du communisme en URSS il continuait de soutenir le régime. Mais au fond ne voulait-il pas croire qu'en France il serait possible d'instaurer un régime politique sans les dysfonctionnements rencontrés en URSS ? Il existait une contradiction chez cet homme qui était représentative de celle présente dans l'humanité entière à une échelle plus ou moins palpable. J'admire son style extraordinaire et sa capacité d'analyse, notamment à propos de l'antisémitisme.
Il est incontestable que ces deux hommes étaient en opposition mais une dimension plus grande les entourait, comme tous les grands hommes d'ailleurs. Leurs oppositions personnelles et politiques sont moindres par rapport aux champs de réflexion et de créativité qu'ils ont engendrés et qui ne se contredisent pas mais concernent des domaines différents. Ceux qui s'occupent de cette exposition ainsi que les hommes et femmes politiques devraient s'en rappeler et arrêter d'attribuer un caractère politique à ce qui la surpasse largement. Camus en fait partie et les anti-Camus, les pro-Sartre tout comme ceux qui ne les voient que comme des hommes politiques ont une ouverture d'esprit particulièrement restreinte et ils devraient se taire et cesser de prendre des décisions absurdes.

Xavier NEBOUT

Oui, la vie de l’athée est absurde, et absurde est une vie de vaine recherche refusant obstinément l’expérience initiatique qui libère l’homme des chaînes de la raison lorsque son intellect n’y suffit pas.
C’est la recherche et la souffrance humaniste avec laquelle on aura rempli des bibliothèques et construit des temples pour abriter celles-ci. De là naîtra une religion de l’absurde, avec ses prêtres et sa hiérarchie ecclésiastique.
Or, on ne peut raisonnablement s'arroger le droit de guider des consciences en faisant l’économie de la loi qui a régi l’humanité pendant des dizaines de milliers d’années, à savoir que l’on n'est adulte qu’après avoir connu l’extase.
On s’est longtemps contenté du soma et autres drogues chimiques externes ou internes (la drogue à la respiration par afflux d’oxygène), puis est venue la mystique sur fond de magie, puis avec l’imagination avec les Grecs, et enfin celle qui résiste à la mort.
La franc-maçonnerie, imposture de l’initiation pythagoricienne ayant son origine dans la gymnastique imaginative de celui taillait la clef de voûte en l’imaginant, repose sur cette impérieuse nécessité d’une direction de l’humanité reposant sur cette délivrance de l’absurde.
On ne peut pas être athée et intellectuellement honnête, et c'est peut-être là, la profonde douleur de l’absurdité contre laquelle Camus se sera révolté.

scoubab00


C'est très bien cette petite polémique. Comme elle est sise en Provence, ça va faire monter la mayonnaise - l'aïoli pardon - vis-à-vis d' Albert Camus et de son cher "là-bas", l'autre côté de la Méditerranée entre Oran et Carthage. Pas seulement pour les initiés ou les pieds-noirs...
"Chérie, c'est qui déjà Camus ?
- Un copain de Sartre, je crois, de la même génération en tous cas.
- Et Sartre c'était un écrivain, c'est bien ça ?"

La désignation d'une sommité étrangère qui ne soit ni philosophe ni historien ni abbé de telle ou telle crypto-chapelle serait de nature à calmer tout ce petit monde culculturel hexagonal, au moins dans un premier temps. Mais ne soyez pas pressé(e)s, faut un peu scénariser le machin. Encore quelques semaines de bisbilles et de rancoeurs byzantines, et, mettons au milieu de l'hiver 2013, la fille d'Albert avance le nom du vénérable commissaire international qui veillera aux destinées de ce bel hommage devenu presque de ce fait universalo-provençal : Umberto Eco, ça irait ?

Jean-Dominique @ Semtob

Semtob, "Comment parler de Sade sans comprendre Freud"
Très joli anachronisme ! Vous devriez écouter Onfray plus souvent !

MS

@ Robert

La mesure et complexité introduites dans vos propos sont appréciables. Elles étaient celles de Camus, elles l'étaient jusqu'au bout : "Je ne crois pas en Dieu, c'est vrai. Mais je ne suis pas athée pour autant. Je serais même d'accord avec Benjamin Constant pour trouver à l'irréligion quelque chose de vulgaire et de... oui d'usé." (A. Camus - Interview Le Monde 31 août 1956).

semtob

Cher Philippe,

Auditrices très assidues de France Culture, dont nous conseillons l'écoute fréquente si ce n'est déjà le cas, nous avons systématiquement écouté France Musique aux heures financées par France Culture consacrées à la sous philosophie du militant Onfray. Comment parler de Sade sans comprendre Freud, comment parler de Freud sans avoir étudié des cas pratiques et avoir une expérience pratique professionnelle. Ecouter Onfray, c'est l'histoire du corbeau et du renard. S'il est superbement intéressant de donner des clés de compréhension au plus grand nombre, il est infiniment triste de faire des synthèses vulgaires, simplistes voire populistes et de se faire un nom dans la provocation en exploitant le manque de temps des personnes ou peut-être leur manque de moyens financiers. Nous préférons lire Camus, le relire que d'écouter une foire commerciale ou militante aux sottises.
Le philosophe en principe apporte des hypothèses, invite à parcourir une oeuvre parce qu'il existe une rencontre possible avec des auteurs, un parcours de questionnement, ouvre l'autre dans une recherche personnelle. Ce ne peut pas être une vision assez rétrécie, assez gauchie plaquée sur l'autre.
Pour conclure, si Albert Camus restera pour longtemps un très grand écrivain, Onfray restera pour toujours un navet très manipulateur.
françoise et karell semtob

marc

Ce post a été l'occasion de redécouvrir les textes de Camus.

Boris

@ Philippe Bilger

Relayant le post de Frank Thomas lors du dernier billet, je trouve que votre avis sur l'intervention du cardinal Barbarin serait la très bienvenue.

Jean-Dominique @ Robert

Robert, ce n'est pas directement le sujet mais je vous libère immédiatement de votre gêne : non, rien n'est monolithique, les hommes sont des individus. Je réduis mon propos au contexte local de la Provence, et non à celui de l'Algérie que je connais pas. Chaque famille relaie une histoire et ce n'est pas la même : la petite histoire familiale peut rejoindre l'autre, les sentiments mêlés aussi. Mais il y a l'histoire générale, celle dont chacun n'a conscience que par les historiographies diffusées plus tard et qui échappe à l'expérience individuelle : chacun, en Algérie française a vécu son Algérie et son indépendance, aucun n'a vécu l'Algérie française ni l'indépendance dans leur globalité. Chaque famille promène ainsi sa petite histoire validée par une histoire réécrite (c'est le propre de l'histoire) par d'autres, historiens ou zélateurs. Et ce n'est pas la même : pour les uns, la guerre fut une folie meurtrière, pour les autres, un acte d'émancipation. Pour les uns, l'indépendance fut un drame, pour les autres, une libération. Que cela soit fictif dans l'un et l'autre cas importe peu, c'est cette réalité refaite qui est portée encore aujourd'hui en Provence et c'est ce que j'ai voulu dire.

Robert

Il me souvient, Monsieur Bilger, d'un bref échange de messages sur l'existentialisme, me rattachant à celui, que je considère comme vrai, d'Albert Camus, vous-même restant alors à l'image de l'existentialisme qu'a voulu en donner cette "certaine gauche sartrienne, tiers-mondiste, longtemps complice du totalitarisme communiste".

Votre billet m'enchante car il dévoile le sectarisme de certaines écoles de pensée, à mille lieues de celle de Camus.
Je ne manque pas d'être désagréablement gêné par ces généralisations abusives comme celle que fait JDR : "une importante communauté de rapatriés devant cohabiter avec une importante communauté algérienne". Il semblerait ainsi que ces communautés soient des monolithes, chacune adepte de la pensée unique de son camp.

Mais le fait pour nombre de pieds-noirs d'avoir voulu conserver l'Algérie française n'en fait pas pour autant des fidèles de tortionnaires, tout comme la communauté algérienne n'est pas représentée que par les adeptes du FLN et de certains de ses égorgeurs...
Peut-être faut-il avoir vécu sur cette terre d'Algérie pour comprendre que les relations inter-communautaires revêtaient une complexité que, vu de la France métropolitaine, on ne perçoit que dans une simplification largement abusive.

Je suis et reste un existentialiste camusien, et pour cela, on ne le dit jamais assez, la pensée de Camus n'avait nul besoin d'un Dieu fouettard ou rédempteur : l'humanité reste sa référence, l'humanisme son credo...

Camille

Merci à Philippe Bilger pour cet hommage à Albert Camus.
Quelle confusion autour de ce projet ! Il ne reste qu'à souhaiter vivement l'échec de toutes les tentatives d'une certaine gauche très marquée idéologiquement de s'approprier cet écrivain humaniste, injustement longtemps placé au second plan derrière Sartre.
En complément des qualités philosophiques et politiques de son œuvre,la vision poétique de Camus nourrit tout un imaginaire :

"des terrasses de la ville, au loin.../..
On apercevait de larges tentes noires. Tout autour, un troupeau de dromadaires immobiles, minuscules à cette distance, formait sur le sol gris les signes sombres d'une étrange écriture dont il fallait déchiffrer le sens."
A. Camus. L'Exil et le Royaume. 1957.

jgoisset

"Un homme, ça s'empêche", alors que les larves de "ténébrion"...

Jean-Dominique Reffait

La querelle est sans doute un peu plus complexe qu'un simple rapport partisan. Je ne suis pas certain de l'unanimité des soutiens à Stora : c'est une nébuleuse qui s'accorde davantage sur ce qu'il convient de ne pas dire plutôt que sur un énoncé positif. De même, le fait qu'Onfray ait été pressenti ne fait pas de lui, loin s'en faut, le représentant d'une pensée radicalement opposée à celle de Stora sur la guerre d'Algérie et la pensée de Camus à ce sujet.

En vérité, nous sommes là en présence d'un terrain local miné : une importante communauté de rapatriés devant cohabiter avec une importante communauté algérienne. Au coeur, cette maire d'Aix-en-Provence qui n'a de cesse de jouer les provocations sur fond de rivalité avec le FN local. Ni Stora ni Onfray ne sont désirables dans cette "pétaudière", comme l'appelle Onfray.

Le choix de Stora réduisait Camus à l'Algérie, négligeant le caractère profondément universel de la perception algérienne - on devrait dire algéroise tant Camus se concentre sur la ville. Stora ne démérite pas en tant qu'historien et il est intellectuellement honnête, mais il est historien de la guerre d'Algérie. En réduisant Camus au contexte algérien, il souligne évidemment les erreurs d'appréciations factuelles de Camus. Mais Camus n'est pas qu'algérien. Et ce qui est erreur dans le contexte algérien ne l'est plus quand c'est élargi à l'universel, et c'est la démarche d'Onfray. D'un côté on tente de faire coller la pensée de Camus aux nécessités d'un contexte, de l'autre on l'exfiltre de ce contexte. Lequel des deux aurait choisit Camus ? Ni l'un ni l'autre, me semble-t-il : il était algérien et universel dans un conflit intérieur où les deux se mêlaient.

L'hommage à Camus ne peut être rendu correctement dans cette région de France, la guerre d'Algérie n'y est pas terminée.

Pietri S

Merci Monsieur Bilger pour cet admirable billet !

Jabiru

Albert Camus, l'homme de la non compromission, mal compris pas les pieds-noirs puis par les musulmans alors qu'il défendait leurs causes. Quel dommage !
Si vous passez un jour à Lourmarin, sa tombe mérite un détour.

jicroiplu

Ah, messieurs, qu'en termes vigoureux s'est exprimé notre cher M.Bilger. Son billet est admirable car il débarrasse le personnage des craintes qu'on pouvait nourrir sur son impartialité, la clarté matutinale de ses analyses. Bon, il aime M.Hollande pour ses qualités personnelles mais ne prend pas en charge les errements de la gauche classique: retors, jaloux, sectaires, les gens de gauche sartrienne, précisément, ont habitué l'esprit français à penser faux et les gens de droite n'ont rien fait pour rétablir l'équilibre. Aron a généralement eu raison, il a été écarté, Sartre a toujours eu tort, il a été encensé et reste un maître à dépenser. C'est bien d'un complot qu'il s'agit, mais après tout, il y a encore des admirateurs de Staline.
Par bonheur l'éloge à Camus transcende ces conclusions pour révéler ce qui est essentiel: la vertu de l'analyse logique interne.
Malheureusement, le mal français, enfin, celui-ci, est très induré, enkysté, dont le résultat est précisément l'élection de M.Hollande, car, de deux choses l'une : ou l'homme est ce que dit M.Bilger et il doit horriblement souffrir d'entendre les sottises de certains de ses ministres et se frapper la poitrine ou il n'est qu'habile apparatchik et il sacrifie la France à son élection. Dans les deux cas, son avenir est sombre et les Français, minoritaires dans l'absolu, ont voté, soit pour un pleutre soit pour un triste sire.
Le mal, oui, il descend bien jusqu'à la "Maryse", crocheteuse du port aux foins s'il en fut, et de là jusqu'à ses électeurs.
Alors, Camus dans tout ça ? C'est le silence d'une maison au bord de l'eau, le rêve passant d'une culture à tous les niveaux, débarrassée des ignominies "culturelles" et restituant à la population le sens de la création au lieu de l'inciter à aller à la mangeoire médiatique des animateurs stipendiés. Vision médiévale ? pas tant que ça, si on songe au nombre de gens non subventionnés qui se donnent un mal fou pour apprendre à lire, apprendre à chanter, à jouer, à écrire et en langue française, bretonne, provençale ou poitevine.
L'épreuve de l'invective devrait être rétablie dans sa matérialité, que les candidats passent sur un pont au-dessus de la foule et qu'il soient tenus d'entendre les injures, les menaces, les mises en garde. Cela n'a au fond, jamais vraiment fonctionné, le monde politique va là où il peut, là où la médiocrité de ses acteurs le laisse dériver, chargé du lest de tous les égoïsmes, de l'ombre de tous les complots. Il ne reste à l'individu mélancolique que la lecture et la résignation. A quoi servent la force de caractère et la montée de la sève, quand les ouvriers quittent l'usine qui se ferme, le champ en friche, l'atelier occupé par les rats sociaux et fiscaux et qu'il va ailleurs, porter son métier, dans une illusion lointaine.
N'y croyez pas, la collusion des finances et de la gauche, les syndicats accrochés comme un pétoncle au rocher de la finance, les politiques vantards détruisent un pays plus sûrement qu'un bombardement. Et nous n'irons jamais dans un autre sens, jusqu'à ce qu'une contrainte, comme la décrivait Camus ne vienne détruire et régénérer notre monde, comme un brûlis, mais sans contrôle.

sbriglia

Pierre Nora, à vous le flambeau !

Trekker

Ce lynchage médiatique de Michel Onfray, où "Le Monde" et "Libération" se sont illustrés, rappelle fâcheusement les méthodes des communistes et de leurs compagnons de route dans les années 1940/60. Une certaine gauche n'a toujours pas fait son deuil de ses errements du passé, et n'accepte un hommage à Albert Camus que fait selon ses critères.

Encore plus affligeant est le sectarisme ou / et servilité de la ministre de la culture vis-à-vis de tous ces nostalgiques de Sartre, tiers-mondisme, etc. A quand une liste officielle des commissaires d'exposition agréés par cette ministre, et qui préalablement sera soumise à l'accord de ces "maîtres à penser" ?

J'aimerais bien que ces gens expliquent en quoi un historien du pays natal d'Albert Camus est plus qualifié qu'un philosophe venant de lui consacrer une somme. Certes le fond du problème et Achille l'a fort bien résumé : Michel Onfray a commis un crime de lèse-majesté avec son ouvrage sur Camus.

Tipaza

Merci Philippe Bilger pour cet hommage à Albert Camus.
S’il dérange encore, c’est qu’en choisissant d’aller à l’essentiel, l’Homme, il s‘est affranchi des chapelles et du prêt à penser que répandent les beaux esprits et les bien-pensants à gauche.
Deux citations d’A. Camus, qui le définissent si bien, parmi tant d’autres.

La première qui résume sa conception de la philosophie, et au-delà de l’action en politique :

"L'ignorance reconnue, le refus du fanatisme, les bornes du monde et de l'homme, le visage aimé, la beauté enfin, voici le camp où nous rejoindrons les Grecs. D'une certaine manière, le sens de l'histoire de demain n'est pas celui qu'on croit. Il est dans la lutte entre la création et l'inquisition."

La seconde citation pourrait s’appliquer aux temps difficiles qui sont les nôtres, mais y a-t-il eu des temps faciles ? :

« Mais où sont les vertus conquérantes de l'esprit ? Le même Nietzsche les a énumérées comme les ennemis mortels de l'esprit de lourdeur. Pour lui, ce sont la force de caractère, le goût, le « monde », le bonheur classique, la dure fierté, la froide frugalité du sage. Ces vertus, plus que jamais, sont nécessaires et chacun peut choisir celle qui lui convient. Devant l'énormité de la partie engagée, qu'on n'oublie pas en tout cas la force de caractère. Je ne parle pas de celle qui s'accompagne sur les estrades électorales de froncements de sourcils et de menaces. Mais de celle qui résiste à tous les vents de la mer par la vertu de la blancheur et de la sève. C'est elle qui, dans l'hiver du monde, préparera le fruit. »

Dire que ces qualités ne sont point celles de ceux qui nous gouvernent est un euphémisme… puis-je dire « normal » ?

Et pour finir ces quelques lignes, parmi les belles de la langue française :

"Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair. Le soir venu, je ne voyais plus son corps collé contre son danseur, mais sur le ciel tournaient les taches alternées du jasmin blanc et des cheveux noirs, et quand elle rejetait en arrière sa gorge gonflée, j'entendais son rire et voyais le profil de son danseur se pencher soudain. L'idée que je me fais de l'innocence, c'est à des soirs semblables que je la dois."

A.Camus. Noces, l'Été à Alger.

Boris

Dans sa réponse d’août 1952 à Francis Jeanson, Albert Camus écrit : « On ne décide pas de la vérité d’une pensée selon qu’elle est à droite ou à gauche et moins encore selon ce que la droite et la gauche décident d’en faire ». C’est encore valable, je crois. Aurélie Filipetti a enterré la Maison de l’histoire de France, merci à elle, mais dans l’affaire d’Aix elle se comporte tout juste comme ses prédécesseurs. J’aimerais voir un jour à la rue de Valois un responsable plus attaché à son poste qu’à la situation politique du Landerneau culturel. On devait déjà en rêver à Çatal Höyük.

Cette qualité de grenouillage n'est pas nouvelle, mais de Gaulle aurait interdit l’exposition sans faire de phrases, de la même façon que pour le Petit soldat ou la Religieuse. La censure a au moins l’avantage de contraindre l’écrivain, ou le journaliste, à l’intelligence et à l’ironie. Le feuilleton complexe et saumâtre de l’exposition Camus n'engendrera que la bêtise, l’écoeurement et le retournement de Camus dans sa tombe du Lubéron. Onfray est né du même côté de la bourgeoisie, il a l’air d’être sincère, mais il joue son jeu. Sinon, il serait resté prof dans son lycée, comme Julien Gracq.

Pour plagier un observateur encore plus désabusé que l’auteur du Balcon en forêt, la classe politique vient de parvenir à son dernier degré d’absurdité. Il va falloir choisir entre le suicide électoral et l'utilisation intelligente du suffrage universel. Enfin, pas tout de suite, je pense : les ministres sont trop malins, les présidents trop normaux et les mairesses trop surexcitées.

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« S'arrêtant sur ce désastre momentané qui, pour Albert Camus, sera, il le faut absolument, réduit à néant au mois de novembre 2013, comment ne pas percevoir que derrière ces absurdes polémiques, ces joutes apparemment financières et culturelles, il y a surtout la volonté d'une certaine gauche progressiste, tiers-mondiste, longtemps complice du totalitarisme communiste, de faire revenir Albert Camus à tout prix dans son camp? »

Il sera très difficile à cette gauche, que personnellement je ne trouve pas du tout progressiste mais plutôt réactionnaire, de faire revenir Camus dans son camp pour la bonne raison que Camus et Sartre se sont toujours opposés sur des thèses sociétales fondamentales.

Michel Onfray le met d’ailleurs clairement en évidence dans le livre qu’il a consacré à Camus et dans lequel il éreinte littéralement J-P Sartre qui fut le maître à penser des intellectuels soixante-huitards.

Ce faisant, Michel Onfray est devenu le "vilain petit canard" et à ce titre ne fera jamais parti du sérail des philosophes « éclairés » des salons parisiens.

Franck Boizard

Ce genre de réactions basses, sectaires, totalitaires et idéologiques étaient inscrites dans la victoire de François Hollande, dans sa personnalité, dans son entourage.

Je ne vous comprends pas : vous vous plaignez de conséquences qui découlent en toute logique de vos votes du printemps. Se peut-il que vous soyez à ce point aveugle de ne pas réaliser pour qui et pour quoi vous avez voté ?

J'ai longtemps cru que votre campagne en faveur de François Hollande découlait du carriérisme, que vous cherchiez une place. L'explication me convenait car elle ménageait l'estime que j'avais pour votre intelligence.

Si je dois me résoudre à considérer que vous étiez sincère, je dois aussi réviser mon jugement sur vos qualités d'analyste : cela se voit à des kilomètres que François Hollande est mou, frustré, retors, hargneux, jaloux, méchant quand ce n'est pas risqué, et qu'il n'a pas du tout l'étoffe d'un président.

Ce qui n'empêche pas une intelligence d'apparatchik, mais est-ce de cela dont nous avons besoin ?

claggart

Bravo et merci à Philippe Bilger pour cette remise à l'heure des pendules et sa dénonciation de ces "certains soutiens", euphémisme sans doute pour désigner les thuriféraires des coupeurs de qlawi du FLN.

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