Je l'admets, j'ai une incurable propension à me soucier de l'insignifiant. Le dérisoire, que je feins souvent de détester, en réalité me fascine parce qu'il est gros de leçons possibles et si la gravité ne tient pas au fond, elle peut surgir de la surprise de tirer le meilleur de ce qui ne payait guère de mine.
Vous avez compris qu'à nouveau j'allais me colleter avec Claire Chazal. Ce n'est pas totalement ma faute car si on la montrait moins, si elle avait moins de goût pour l'exhibition, je ne serais pas obligé de revenir vers elle. Elle est une tentatrice et j'ai succombé à plusieurs reprises parce que je croyais ses mystères impénétrables. Celui de son être, celui de sa réputation professionnelle, celui de l'adoration qui l'entoure.
Mais je les ai enfin élucidés. Ils n'ont plus de secrets pour moi. J'ai rencontré mon chemin de Paris comme Paul son chemin de Damas. Grâces soient rendues à ce magazine - Le Parisien-TV Magazine - qui a sollicité ma réflexion par cette interrogation capitale en couverture : Claire Chazal, la dernière icône du 20 heures ?
Ce n'est pas rien que cette interpellation directe qui confronte le lecteur pressé à une question qu'il ne va pas pouvoir éluder. Il disposera de trois pages pour affronter l'épreuve et former son jugement.
Claire Chazal, d'abord, soumise à un feu roulant et inquisiteur par Patrice Gascoin, notamment "La notoriété est-elle un plaisir qui vous comble ?" ou, plus durement, "Comment expliquez-vous que les têtes disparaissent sauf la vôtre ?". Par moments, c'est aux limites de l'impertinence, voire de l'impudence.
Quelle que soit la qualité de ses réponses et la richesse de ses fulgurances - ainsi, "j'espère que les gens vont m'aimer encore longtemps" -, l'important réside plutôt dans ce qui accompagne l'entretien et qui paraît-il serait "Claire Chazal jugée par le PAF". Il y a tout de même la bagatelle de onze personnalités, aussi lucides et avisées que, par exemple, Guy Roux, Pierre Ménès ou Jacques Séguéla, qui viennent nous chanter les louanges de Claire. Même Audrey Pulvar, qui n'est pas une tendre, fond, glissant juste une réserve pour ses interviews mais en s'abritant derrière autrui. Un choeur merveilleux et touchant. Pas une ombre, pas la moindre réticence, tout est parfait, c'est une icône, les Français ont la chance de la voir trois jours sur sept et de la lire et de l'entendre "promotionner" ailleurs.
Marc-Olivier Fogiel, étant l'un de ses amis proches, est naturellement bienveillant à son égard mais d'autres qui appartiennent à ce milieu médiatique qui s'embrasse en surface et se dénigre en vérité échappent pourtant à toute acidité et ajoutent leur pierre adorable à un consensus surprenant.
Hier encore, je me serais indigné tant certaines prestations honteuses de Claire Chazal sur TF1 me sont restées en travers de l'esprit mais la révélation m'a saisi. L'erreur était de vitupérer l'écart entre sa réalité professionnelle et l'aura outrancière dont elle bénéficiait, comme si celle-ci se méprenait sur la qualité de la première. Les admirateurs se seraient laissé abuser.
Mais je me trompais. Je ne crois pas tomber dans le paradoxe mais la seule explication de ce dithyrambe collectif si peu accordé à ce monde aigre tient au fait qu'ils la louent tous, sans exception, parce qu'ils n'ignorent pas qu'elle est mauvaise. Ses admirateurs ne sont pas abusés mais clairvoyants.
Un apaisement soudain s'est emparé de moi à partir de l'instant où j'ai constaté que le hiatus provenait non plus d'un aveuglement mais d'une illumination. La règle appliquée à Claire Chazal est d'ailleurs généralisable.
Qu'on songe à Michel Drucker : en dépit de l'hommage rendu en permanence à sa longévité, il est adulé parce qu'il est moqué pour sa courtoisie servile et tous azimuts. Il est mauvais, donc tous l'aiment dans le métier. La jalousie est inconcevable quand on n'aspire à rien de ce qu'incarne l'autre. Il ne faut pas avoir d'aspérités pour ne pas susciter l'hostilité ou la critique. Ces personnalités à la pratique médiocre mais tellement bénies, tant elles ne gênent personne, risquent d'exister quand d'aucuns égarés viennent à leur donner de l'existence en les prenant pour cibles. Sinon, elles demeurent à l'abri et je suis prêt à parier que le même processus se reproduira : les icônes seront vantées parce que personne n'aura envie de les offenser tant elles sont mauvaises. Comme l'avait dit Voltaire, elles resteront sacrées parce que personne n'y touchera.
Continuons cette approche. Elle démontrera qu'on n'est jamais attaqué pour rien. Que les personnes souvent prises à partie n'ont pas à être plaintes mais félicitées. Marc-Olivier Fogiel, Laurent Ruquier, Audrey Pulvar, Serge Moati, Christophe Hondelatte, Frédéric Taddéï, Luc Ferry, Denis Tillinac, Elisabeth Lévy, Robert Ménard, Eric Zemmour, Denis Olivennes, Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Thierry Lévy, Anne Sinclair, Yves Calvi, Patrick Cohen et Michel Field, entre autres - je concède que ce mélange est hétéroclite, j'aurais pu y mêler des politiques - ont la chance de susciter le désaccord, il arrive même que des blogs ou Twitter s'en prennent à eux, l'amour universel ne les nimbe pas, tout simplement parce qu'ils ont une place, qu'ils font peur, qu'on craint leur intelligence, leur pugnacité, que l'eau tiède ne sort pas de leur bouche et qu'ils laissent le mondain à la porte du médiatique. Il leur arrive de penser, de défier, de troubler, de provoquer. Les journalistes que j'ai mentionnés auraient questionné DSK sur ce qui s'était passé précisément dans la chambre. Bienveillants ou non à leur égard, on leur aurait épargné cette comédie sulpicienne ou ce mièvre étalage!
Il convient alors de rendre hommage aux rares qui savent capter l'indulgence, l'estime générales parce qu'atteindre un niveau qui ne fait peur à personne et appelle au contraire une compréhension condescendante n'est évidemment pas à la portée de n'importe qui.
Il n'est pas une personne, peu ou prou rejetée, contredite, malmenée, exécrée qui ne soit, à cause de cette négativité même, porteuse de quelque chose de positif, d'heureusement présent. On ne blesse que les forts ou ceux susceptibles de l'être. Dans le médiatique, je suis mauvaise donc on m'aime. Je ne le suis pas et on me fait l'honneur de m'éviter l'encens qui embaume le néant.
C'est un grand jour que celui qui m'annonce un avenir tranquille. Au lieu de m'écrier devant les prochains reportages sur Claire Chazal : Quel scandale !, éperdu de reconnaissance je me contenterai de murmurer : Comme ils ont raison !
Qui aurait pu penser que j'applaudirais aux commentaires d'un magistrat ?
Je dois l'admettre, Monsieur Bilger, je suis souvent en thèse avec vos analyses.
Je pense cependant que lorsque vous dites "Bravo, Claire, tu es mauvaise !", vous êtes sélectif.
Je pense que "les médias" veulent une information médiocre car si elle était honnête, objective et sincère, elle favoriserait l'esprit démocratique, donc la contestation.
Rédigé par : Kirios | 10 septembre 2012 à 20:31
@ Alex paulista
Qu'est-ce que vous voulez, si l'espoir ne vient pas d'en haut, alors d'où ? Il ne m'en a pas donné hier, en tout cas.
Oui, je sais, il n'y a pas de solutions miracles et il n'y a plus qu'à attendre la fin du cycle Juglar en cours.
Il faut pouvoir.
Mais je vous accorde que NS est pire...
Rédigé par : Boris | 10 septembre 2012 à 11:13
Valls vu du Brésil fait illusion Alex, mais pas à Evry où il est surtout réputé pour l'enfumage et le cynisme, comme on vient encore de le constater lors du drame de Chevaline. Il est vrai qu'après onze ans dans la capitale de l'Essonne où ses résultats en matière de sécurité furent calamiteux, en dépit d'une police municipale pléthorique (passée de 10 à plus de 50), armée à la mexicaine et mieux équipée en véhicules que la police nationale, il aurait tort de se gêner, puisque d'aucuns continuent à célébrer ses louanges et ses "hauts faits", alors que pour toute action (en tant que ministre de l'Intérieur) il n'a fait jusqu'ici que s'inscrire dans les pas de Guéant.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 10 septembre 2012 à 10:53
Mais non Alex Paulista, on ne demande pas à François Hollande de redresser la France en 4 mois, mais de sortir de sa léthargie. Que l'on soit d'accord ou pas avec les mesures de son prédécesseur, il faut constater que celui-ci avait mis en place dans les mêmes délais : le "mini-traité" européen, la défiscalisation des heures supplémentaires, les peines planchers, la loi sur le service minimum des transports, le lancement de la RGPP et celui du projet d'Union pour la Méditerranée, la libération des infirmières bulgares, l'installation de la commission Attali sur les freins à la croissance, à quoi il est vrai il faut ajouter un lot de sottises parfois très graves (réception d'Assad en grandes pompes, et surtout projet de vendre un réacteur nucléaire à la Libye de Kadhafi).
Rédigé par : Laurent Dingli | 10 septembre 2012 à 10:15
Pour prolonger l'exposé passionnant de Catherine, prenons un exemple : l'homme entre deux âges qui, pour se sentir à l'aise après une rude journée de labeur, traverse son salon en caleçons au moment où Claire débite son texte dans l'écran plat à l'angle de la pièce. Le gars avise la présentatrice : "tu sais que t'es bonne toi". Eh bien sa remarque s'adresse plus au personnage de Claire Chazal, à sa représentation qu'à elle-même. Comme il l'aurait fait en feuilletant un magazine télé ou autre... Philippe ? Cela ne nous regarde pas.
Rédigé par : scoubab00 | 10 septembre 2012 à 10:05
@ Boris
Toute cette parlotte autour de l'action du président est ridicule. Il ne va pas redresser la France en trois mois, donc la seule chose qu'on lui reproche c'est de mal communiquer, de ne pas rassurer les gens en produisant les images qu'ils veulent voir.
Moi, c'est justement le fait qu'il n'ait pas mis toute cette comédie au centre de son action des premiers mois qui aurait tendance à me le rendre sympathique.
Manuel Valls est plus doué pour la communication. Ce n'est pas pour rien si c'était son rôle durant la campagne.
Et sur le "c'est pas ma faute", c'est plutôt le style de Nicolas Sarkozy en fin de mandat, lui qui avait commencé en disant qu'il voudrait être jugé sur les résultats.
Il a été exaucé, ou plutôt on ne sait pas bien car son style aussi était calamiteux.
Rédigé par : Alex paulista | 10 septembre 2012 à 06:14
Pauvre président ! Pauvre France !
Donc au journal télévisé de 20 heures aujourd'hui sur TF1, le président de la République a attendu un bon quart d'heure que Claire Chazal en ait terminé avec les rubriques des chiens écrasés pour intervenir comme un pauvre pékin.
A quelle misère ne réduit-il pas la présidence et le pays !
S'imagine-t-il qu'en dévalorisant ainsi cette éminente fonction il sera le président "normal" qu'il pense que les Français désirent ?
En se ravalant lui-même au rang de simple intervenant ne comprend-il pas à quel point il est dans l'erreur ?
Sa médiocre personne m'indiffère.
Mais je lui en veux de ridiculiser la France.
Rédigé par : Frank THOMAS | 09 septembre 2012 à 21:47
Cher monsieur Bilger.
Je viens d’écouter le bon François Hollande et la gentille Claire Chazal. Je suis d’accord avec vous sur celle-ci ; je vous livre mon idée à chaud sur celui-là…
Sur le licenciement, j’ai beaucoup réfléchi mais je n’ai pas trouvé. Ce n’est pas ma faute ! Il faut les diminuer, mais je ne sais pas comment. Je suis laïc, je ne peux aller à Lourdes. Enfin, pas à pied. Ce n’est pas ma faute !
Et la formation professionnelle, on l’augmente ! Et si les autres ne veulent pas ? Et si l’autre c’est Bernard Arnault ? Ce n’est pas ma faute ! Et si par miracle les bons travailleurs et leurs doux bergers ne s’entendent pas, on fera quelque chose. Enfin peut-être. Enfin, je ne sais pas. Ce n’est pas ma faute ! Il faut trouver des compromis et négocier ! Mais c’est compliqué, vous ne le voyez donc pas ? Ce n’est pas ma faute !
On doit prélever pour réduire les déficits, mais sur qui, si je le sais, je ne vous le dirai pas. Ce n’est pas ma faute ! [Là, Claire Chazal tilte, il serait contre-productif que le contribuable s’endorme]. Je prononce le mot écologique, mais je ne sais vraiment pas pourquoi. Ce n’est pas ma faute !
Il faut réduire le chômage. Je sais pas comment rédiger le décret. Ce n’est pas ma faute !
Je veux plus de croissance, il faudra se contenter de 0, 8 %. Ce n’est pas ma faute !
Nous devons être souverains et indépendants sur le plan financier, mais je ne suis pas de Gaulle. Ce n’est pas ma faute ! Je fais la bataille pour le sérieux budgétaire, mais je ne suis pas Pinay. Ce n’est pas ma faute ! Je clame : « Vive la jeunesse française » et j’appelle au patriotisme, mais je ne suis pas Barrès, ce n’est pas ma faute !
Les ménages vont devoir casquer 10 milliards. Vous souffrez et vous souffrirez encore. Ce n’est pas ma faute !
Nous sommes fiers d’être français et nous sommes un grand pays. Ce n’est pas ma faute !
Les élites doivent être reconnues. Enfin, surtout les énarques. Il faut qu’ils donnent à leur pays, qu’ils montrent l’exemple, qu’ils alimentent la pompe à phynance - pas les énarques. En un mot, je ne suis ni Kennedy, ni le père Ubu. Ce n’est pas ma faute ! Les sportifs aussi devront casquer. Mais pas Ibrahimovic, il ne faut pas désespérer le kop de Boulogne. D’ailleurs, le PSG va mal. Ce n’est pas ma faute !
Nous arriverons à l’équilibre en 2017. Mais je n’ai pas d’autres solutions que d’organiser des prières publiques. Je modifierai la Constitution en ce sens. Du coup, les Français auront le bonheur, les militaires le pinard, et les enseignants des cours de morale. Ils devront seulement renoncer aux heures supplémentaires. Ce n’est pas ma faute !
La France aura sa place dans le monde. Je ne suis pas de Gaulle. Flûte, je l’ai déjà dit... Ce n’est pas ma faute !
Je suis en première ligne, mais c’est Ayrault qui va prendre les coups. Ce n’est pas ma faute !
Sur une trentaine de ministres, presque tous sont des néophytes qui n’y connaissent rien. Et Duflot a nommé sa fille Térébenthine. Ce n’est pas ma faute !
Le ministre de l’Intérieur est sécuritaire, mais la sécurité est de gauche. D’ailleurs, Clemenceau est mort. Ce n’est pas ma faute !
Les Roms, c’est difficile. D’ailleurs, il faut les supprimer, et leurs voisins aussi. Par contre, je n’irai pas en Roumanie, c’est Valls qui s’y collera : il n’y a pas d’eau chaude dans les hôtels, ni de farce dure dans les restaurants. Ce n’est pas ma faute !
Je vous rendrai compte à chaque fois. La société sera meilleure. Dans trente ans nous aurons dépassé les Etats-Unis. Oups, je me suis trompé, la Corée du Nord. Ce n’est pas ma faute.
Par ailleurs, je ne ressemble ni à Valmont ni à Malkovich. Alors là, vraiment, ce n’est pas ma faute !
Rédigé par : Boris | 09 septembre 2012 à 21:18
Le tutoiement indique souvent le peu de considération qu'on peut ressentir envers quelqu'un. Un esclave, un mendiant, un condamné sont toujours tutoyés par la plèbe.
Les T.C.F. de la F... M... se tutoient quels que soient leur grade, rang et statut social.
On tutoie toujours le diable (surtout s'il n'existe pas) et aussi son bourreau...
Claire existe si peu en tant qu'elle-même... alors !!!
Souvenons-nous de Barabas et de la maxime des insignifiants : pour durer il ne faut pas exister... Tout est dit.
Rédigé par : poil à gratter | 09 septembre 2012 à 17:24
TU l'as bien cherché ... TU l'as eu ...
VOUS voyez bien que c'est une question d'ambiance, de culture, d'érudition et d'éducation...
ON ne se lasse pas des mémoires magistraux de CATHERINE...
Rédigé par : lafleur | 09 septembre 2012 à 16:46
@Laurent Dingli | 08 septembre 2012 à 09:10
«"Je l'admets, j'ai une incurable propension à me soucier de l'insignifiant".
Certes. Une question cependant, pourquoi la tutoyez-vous ?»
Pardon d'avoir recours à ma source d'infos habituelle, mais celle-ci est commode lorsqu'on se trouve devant un clavier et que l'on répugne à prendre et feuiller sur ses genoux quelque lourd volume.
Passé ces quelques précautions oratoires introductives, je citerai donc quelques passages de l'article consacré sur wikipédia à la distinction T-V. Laquelle n'a qu'incidemment à voir avec la présentatrice TV intimée par le billet.
La distinction T-V de T pour tutoiement et de V pour voussoiement, «un concept grammatical familier aux locuteurs de langues indo-européennes (sauf dans le cas de l'anglais moderne, et dans certaines langues nordiques comme l'islandais). [...] On constate que les types de personnes et situations appelant le choix entre tutoiement ou vouvoiement varient énormément entre les langues, les locuteurs, les situations, etc. C'est un jeu subtil et très subjectif qu'il n'est pas aisé de décrire grammaticalement. [...] Le vouvoiement est notamment généralisé en wallon, y compris par exemple avec de très jeunes enfants ou des animaux, le tutoiement étant considéré comme grossier.»
Peut-être que c'est pour cela d'ailleurs que le leader mondial des entreprises d'un luxe et d'une élégance dont la France est emblématique, a demandé la nationalité belge. Il ne supportait peut-être plus que le balayeur du coin tutoie son chien pour lui demander de faire plutôt ses besoins dans le caniveau. Allez savoir...!
«Dans les régions de Bretagne où le tutoiement est utilisé, il est cependant traditionnellement réservé aux hommes (les hommes entre eux, et les femmes s'adressant aux hommes) tandis que le vouvoiement est de mise pour les femmes (les femmes entre elles et les hommes s'adressant aux femmes). Les jeunes générations ont cependant plus tendance à ignorer ces traditions et à faire comme en français, c'est-à-dire tutoyer les personnes proches, sans distinction de sexe».
De là, on peut sans doute déjà augurer que PB n'est ni breton, ni wallon, ou alors appartient la jeune génération...!
Mais, personnellement, j'ai compris son tutoiement comme le support grammatical d'une apostrophe à un personnage, de persōna, le masque de théâtre, un vocable qui a développé un sens reproduisant, pour partie, nous dit-on, le modèle grec d'où : «rôle attribué à ce masque, caractère, personnage».
Autrement dit, s'adressant à Claire Chazal en l'appelant publiquement par son prénom et en faisant le choix du tutoiement, il s'adresse au personnage de la présentatrice télé comme Beaudelaire s'adresse à son lecteur dans cet extrait bien connu de l'un des poèmes du recueil des Fleurs du Mal, par ailleurs déjà cité quelque part en ces lieux si mes souvenirs sont exacts, tout au moins la dernière strophe, et qui a pour titre L'ENNUI!:
«[...]
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent.
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
[...]
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;
C'est l'Ennui! - l’œil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère!»
Enfin, le «tu es mauvaise», donne presque l'impression que c'est au diable même, plutôt qu'à sa marionnette, que l'écrivain s'adresse, les mauvais esprits étant, ce me semble, tutoyés et non voussoyés par l'exorciste de la médiocrité en ces lieux...!
Rédigé par : Catherine JACOB@Laurent Dingli | 09 septembre 2012 à 11:04
Apparence, artifices et mensonges en batteries ininterrompues, ainsi en va-t-il de la télévision comme de tout media destiné à conditionner le bon peuple et à lui enlever toute réactivité en raison de la rapidité des messages, et à terme tout esprit critique.
A plus forte raison quand le propos est lénifiant, l'image bien lissée et le timbre de voix envoûtant, invitant à l'évasion très loin de nos propres réalités.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 09 septembre 2012 à 09:29
Cher Philippe,
N'avez-vous jamais fait d'introspection sur l'ambivalence?
Il est tout aussi normal qu'un individu vous semble magnétique attractif ou agaçant repoussant.
Claire Chazal regarde quand elle regarde, là où d'autres se regardent en train de regarder. C'est cela la petite différence qui fait que quelqu'un est un peu plus présent, un peu mieux perçu.
Certains ont de plus belles âmes que d'autres, ont plus d'énergie, ont même de plus belles rides d'expression et l'oubli de ces personnes se montre impossible.
Nous ne pouvons pas expliquer le monde des émotions, fort heureusement. Si vous vous montrez aussi cinglant, aussi provocateur, n'est-ce pas pour dissimuler une trop grande sensibilité?
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 09 septembre 2012 à 03:55
C'est assez classique dans toutes les entreprises: il y a toujours des chefs (en général mauvais) qui pour ne pas risquer de perdre un jour leur place préfèrent promouvoir des plus mauvais qu'eux qui leur devront tout et seront des faire-valoir. Quand en plus cela correspond à une demande de parité, ils se privent encore moins.
Tant que la boutique gagne de l'argent, personne n'y peut rien. Celui qui se révoltera sera vu comme un jaloux malveillant néfaste à l' "esprit maison".
Mais quand le business commence à décliner, c'est le coup de torchon.
C'est l'unique vertu du capitalisme. Elle n'est pas petite.
Rédigé par : Alex paulista | 09 septembre 2012 à 01:06
Je vous trouve bien sévère avec Drucker. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise avec lui, son job est d'accompagner la sieste et il y réussit fort bien. Chazal aussi mais c'est pas son boulot.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 septembre 2012 à 00:17
Paul a été complètement transformé, retourné sur le chemin de Damas par la rencontre qu'il y a faite.
Rédigé par : Polochon | 08 septembre 2012 à 20:24
Autre qualité très appréciée à TF1: "pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Les émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce qui est vendu à une boisson gazeuse mondialement connue, c’est du temps de cerveau humain disponible". A cet égard, c'est bien Claire qu'il nous faut et non pas un personnage suffisamment intéressant ou controversé, qui nous détournerait de l'essentiel...
Rédigé par : jack | 08 septembre 2012 à 14:57
Madame Claire Chazal n'a plus qu'à inviter, comme elle le fit dans une tentative désespérée de rendre "normal" le comportement de DSK, l'homme le plus riche de France pour nous saupoudrer une poudre de normalité supplémentaire, pendant que les guinols se gausseront de la "normalité" du président de la République. Et voilà.
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 08 septembre 2012 à 13:09
Restons attentifs à sa prestation de demain soir avec FH.
J'ai le souvenir d'une prestation insignifiante avec NS qui l'avait envoyée au bain sans ménagement.
Rédigé par : Jabiru | 08 septembre 2012 à 12:55
"Les journalistes que j'ai mentionnés auraient questionné DSK sur ce qui s'était passé précisément dans la chambre"
Anne Sinclair ? Vous croyez ?
Rédigé par : Frank THOMAS | 08 septembre 2012 à 12:41
Chapier.
Le divan.
Torreton sur le divan, Chapier derrière...
(On imagine la voix traînante de Chapier...)
"Philippe Torreton,vous êtes un de nos plus graaaaannnnds acteurs de Théâtre, on se souvient de votre "Hamlet" mémorable... mais, Philippe Torreton, on vous voit aussi comme compagnon d'une présentatrice de télévision... Dites-nous, Philippe Torreton, avez-vous trouvé votre Ophélie ?"
- Je rentre chaque soir épuisé par "Richard III"... Si c'est pour retouver Christine O. ou Sophie M. avec leur agressivité à fleur de peau, je préfère l'eau claire, incolore, inodore, transparente, sans saveur, qui va me permettre de m'endormir paisiblement... je suis le feu, j'ai besoin de l'eau..."
- "Cher Philippe Torreton, les auditeurs auront compris... mais pourquoi avoir alors quitté votre Ophélie ?..."
- "Le jour où elle m'a vanté les qualités de Lara Fabian dans "Notre-Dame de Paris" et a voulu revoir le spectacle avec moi, j'ai compris que je préférais finalement l'eau tourbée à l'eau claire..."
Rédigé par : sbriglia | 08 septembre 2012 à 12:34
Bien vu, quand même, un éclair de lucidité quoi. C'est pas tous les jours que ça arrive, on se sent léger après, toute cette pesanteur qui vous submergeait devant le 20 heures de votre Chazal...
"Comme ils ont raison !"...
Et ce Fogiel, comment l'avez-vous apprécié lors de ORLM, avez-vous rompu votre contrat ?
Préavis ?
Rédigé par : Herman | 08 septembre 2012 à 11:07
Bonjour Philippe Bilger,
Bravo, Claire, tu es mauvaise !
Claire Chazal mauvaise ? C’est possible. En fait je ne saurais dire pour la simple raison que je ne regarde jamais les infos de TF1, ni celles du 13H avec l’inamovible Jean-Pierre Pernaut, ni le 20H avec sa journaliste vedette du moment, que ce soit Chazal ou Ferrari.
Ceci étant, le fait d’être apprécié par ses pairs, à savoir ce microcosme des « personnalités » qui font la une des revues people avec leurs amours déçues, leurs maladies, leurs drames familiaux ou leurs turpitudes diverses et variées, ne saurait, ainsi que vous le soulignez, être un gage de qualité.
On a pu le constater avec les commentaires tous plus élogieux les uns que les autres sur l’animateur Jean-Luc Delarue. Certains n’hésitant pas à parler de « surdoué » de la télé, alors que quelques mois auparavant, il était le vilain petit canard de la télé.
Chez ces gens-là, monsieur, un compliment, tout comme une perfidie, d’ailleurs, n’est jamais gratuit. Il a toujours pour finalité de mettre en avant celui qui l’a exprimé que ce soit devant un micro, ou par l’intermédiaire d’un tweet, voire même d’un billet sur son blog personnel pour ceux qui en possède un... Rassurez-vous ce n’est pas vous, Philippe Bilger que je vise en disant cela.
Rédigé par : Achille | 08 septembre 2012 à 11:05
"La jalousie est inconcevable quand on n'aspire à rien de ce qu'incarne l'autre".
On peut aspirer et jalouser la place qu'occupent indûment ces personnalités "mauvaises".
Je ne suis pas convaincue par votre démonstration. Si ces personnalités ne suscitent pas d'hostilité, ce n'est pas parce qu'elles sont "mauvaises". C'est parce qu'elles ont une qualité plus importante que leur incompétence.
Rédigé par : zefir | 08 septembre 2012 à 09:56
Croire que l’insignifiance est le masque de la réserve, est le piège dans lequel tombe celui qui voit dans un regard absent, le miroir de son intelligence.
Avec cette formule, on attire le couillon qui va acheter la lessive qui passe dans la pub qui suit.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 08 septembre 2012 à 09:25
"Je l'admets, j'ai une incurable propension à me soucier de l'insignifiant".
Certes.
Une question cependant, pourquoi la tutoyez-vous ?
Rédigé par : Laurent Dingli | 08 septembre 2012 à 09:10
Tant que le restau tourne correctement, que des clients se lèchent les doigts, pourquoi inquiéter le passeur de plats ? Dans la cantine d'à côté, il y a bien eu récemment un employé fort apprécié qui a plus que franchi la ligne, à ses dépens - Jean-Luc Delarue. Mais bon, que voulez-vous, on n'échappe jamais totalement à quelques tourments intimes, notoriété ou pas. Nonobstant le tarif horaire imposant de certains psys côtés de la capitale.
Le succès se mérite, ne serait-ce que parce qu'il accroît le pouvoir de nuisance. C'est quand on est susceptible de faire du mal qu'on voit qu'on a réussi dans son métier. Le carnet d'adresses constitue une arme lourde de menaces, sorte d'antimissile-missile-antimissile-missile, aurait peut-être glissé Pierre Desproges. Si Claire a bien verrouillé son truc, elle est quasiment invirable. En ces temps de crise, c'est drôlement appréciable. Ici aussi Claire en connaît un rayon, étant une ancienne journaliste économique.
Rédigé par : scoubab00 | 08 septembre 2012 à 09:00
A vrai dire je n'ai jamais bien saisi l'adulation dont font l'objet, souvent, des lecteurs de prompteurs.
Rédigé par : adamastor | 07 septembre 2012 à 23:43
Il n'y a plus qu'à lui trouver des bottes pour aller au ski...
Rédigé par : Herman | 07 septembre 2012 à 21:30
BHL, demander à DSK ce qui s'est vraiment passé dans sa chambre ? Non mais vous y croyez vraiment ?
Rédigé par : Natoussia | 07 septembre 2012 à 21:01