Au bout de quatre mois, on commence à entrevoir qui elle est, ce qu'elle pense et sent, quel ministre de la Justice elle se flatte d'être mais on demeure partagé entre une indéniable estime, presque une admiration et un agacement, voire une irritation que le temps n'apaise pas. Comme si Christiane Taubira laissait ses qualités plaider pour elle mais n'était pas mécontente de ses défauts. L'orgueil, sentiment noble pour peu qu'il ne soit pas poussé jusqu'à la démesure, gouverne cette femme, ne la fait pas dévier d'un pouce d'elle-même mais risque de la faire passer à côté des bonnes idées des autres.
L'entretien remarquable qu'elle a donné au Monde, parce que d'abord les questions qui convenaient lui ont été posées par Cécile Prieur et Franck Johannès, a mis en lumière ce mélange indissociable de bon grain et d'ivraie, qui ne manque jamais de stimuler le lecteur quand Christiane Taubira a toute latitude pour s'exprimer.
Il serait inéquitable de ne pas cependant la créditer d'emblée de trois avancées qui la concernent personnellement ou sont dues à son inspiration.
Ce n'est pas rien que de devoir admettre, toutes controverses mises à part, l'intelligence et la qualité d'un ministre à la hauteur de la dignité et de l'importance de sa charge dans la hiérarchie gouvernementale. Il est rare de constater qu'en si peu de temps une telle assimilation, avec une telle maîtrise, a pu être opérée et qu'elle ne rend pas faciles les contradictions qu'on souhaite opposer à son discours.
Celle-ci, par ailleurs, a choisi de traiter le dossier et la situation de Philippe Courroye avec l'évidente urgence qui résultait de la pratique, sous emprise sarkozyste, de ce dernier et, en dépit des protestations de ce haut magistrat, sa ligne de conduite a été validée et approuvée par une forte majorité de professionnels. Ce n'est pas l'indépendance de Philippe Courroye qui a suscité la réaction politique, mais sa dépendance.
Aucune chasse aux sorcières, heureusement, n'a été entreprise et le remplacement de la Directrice des affaires criminelles et des grâces a relevé d'une mesure nécessaire dès lors que sa personnalité ne la rendait pas irremplaçable à ce poste et que surtout une autre politique pénale radicalement différente de la précédente allait voir le jour. Les autres Directeurs à la Chancellerie sont maintenus pour l'heure dans leurs responsabilités, notamment celui compétent, efficace et loyal de l'Administration pénitentiaire. Rien pour l'instant ne laisse augurer un départ du duo à la tête respectivement du parquet et du parquet général de Paris.
Cette stabilité a une incidence directe sur l'atmosphère de sérénité et d'apaisement que Christiane Taubira a voulue et diffusée au sein du monde judiciaire. Elle sera portée à son comble quand Renaud Van Ruymbeke sortira enfin, le 2 octobre, du processus disciplinaire absurde que le pouvoir d'avant avait fait engager à son encontre. C'est sans doute la critique la plus pertinente adressée par le garde des Sceaux à l'ancien président de la République que celle d'avoir si peu respecté la magistrature et malmené l'institution judiciaire.
A l'exception de cette pique justifiée, la vision du quinquennat par Christiane Taubira est tout de même très caricaturale. Si elle n'a pas aboli les peines plancher pourtant nécessaires, elle a demandé aux magistrats de les vider de leur sens, ce qu'ils avaient déjà fait pour moitié en toute légalité. Comment ose-t-elle soutenir que "l'opinion a été intoxiquée par un discours sommaire qui consiste à dire que tout délinquant est un criminel en puissance qu'il faut enfermer"? Même pour quelqu'un qui n'a pas cessé de dénoncer les méthodes et les impulsions erratiques dans le domaine de la politique pénale d'hier, il est absurde de caricaturer à ce point un climat qui ne constituait pas un fantasme ou une surenchère, plutôt une lutte souvent maladroite et brouillonne mais contre une insécurité trop réelle.
La circulaire d'août sur laquelle les médias ont focalisé leur attention en la présentant comme les axes de la future politique pénale n'est tout au plus que la concrétisation de ce qui est apparu comme l'obsession quasi exclusive du ministre : réduire le tout-carcéral "qui augmente les risques de récidive", mener un combat contre les prisons surpeuplées, sans s'interroger une seconde sur les causes de cette surpopulation, qui tiennent à la fois aux limites de notre espace pénitentiaire et à l'obligation, pour les crimes et les délits les plus graves, d'incarcérer la plupart du temps leurs auteurs. Un garde des Sceaux a à gérer cette contradiction, et non pas à la fuir dans une sorte d'irénisme qui laisserait croire que le flux carcéral ne dépend que des agents d'autorité et de justice quand à l'évidence il résulte d'abord des transgressions multiples qui offensent une société.
Je n'ai jamais adhéré aux poncifs cherchant à nous ancrer dans l'esprit que la "prison est l'école du crime" quand les cours ont souvent commencé avant elle et que la panacée serait de réduire systématiquement la portée des décisions judiciaires par des aménagements post-sentenciels, comme on dit pour être pris au sérieux.
La vision de Christiane Taubira constitue au mieux un fragment de politique pénale qui s'évertuerait à se faire passer pour l'essentiel, voire le tout. Les questions, les préoccupations du ministre sont légitimes, en particulier pour la décence matérielle et humaine de l'enfermement. Mais fonder la défense d'une société sur ces seules considérations revient à affaiblir nos armes à force de ne pas s'en soucier et à diffuser l'impression que les délinquants, peu ou prou, seraient des victimes puisque l'unique inquiétude manifestée depuis le mois de mai 2012 les concerne, ainsi que les établissements qui leur sont destinés.
Pour être honnête, Christiane Taubira affirme que nous aurons à la fin de l'année 2013 150 bureaux d'aide aux victimes contre 50 actuellement mais on sent bien qu'il s'agit presque d'une digression dans un propos tout entier consacré à ce qui est sa philosophie, un mélange d'idéologie et de scientisme. Je ne prétends pas me moquer mais ce comité de consensus, présidé par un magistrat de gauche et censé nous délivrer ses lumières sur des pétitions de principe déjà clairement définies par le garde des Sceaux, me semble furieusement ressembler à ces commissions de droite qui, dans leurs conclusions au demeurant jamais reprises, s'accordaient puisqu'elles n'étaient composées que de personnalités bien orientées.
Sur un plan politique, je trouve regrettable que de manière subtile ou ostensible, sans qu'il y ait de tensions apparentes, une ligne cohérente, solide, argumentée de sécurité et de justice, assumée aussi bien par le président que par le ministre de l'Intérieur, soit infléchie, démentie, altérée par un garde des Sceaux qui aspire sans doute à compenser sa nomination in extremis à ce poste par la singularité et la rupture à peine masquée de ses projets et de son action.
Christiane Taubira n'est pas n'importe qui. Elle n'est pas non plus la compassionnelle et la sulpicienne de gauche typique. Le danger - et donc notre inquiétude - est qu'elle réfléchit, qu'elle théorise, qu'elle brasse et manie les concepts, qu'elle a une douceur implacable, une mansuétude doctrinaire, un humanisme dogmatique. Elle ne se trompe pas en croyant bien faire, elle fait bien en se trompant. Elle ne doute pas. Elle va recouvrir d'un voile scientifique (?) ce que ses préjugés ont déjà qualifié de vérités du socialisme. Elle n'est pas médiocre. Si elle l'était, elle serait moins dangereuse avec la politique pénale qu'elle projette.
Je suis persuadé qu'à la longue elle sera comme une brillante écharde entêtée dans le pied de ce gouvernement, un contre-pouvoir de velours urbain et de volonté dissidente.
Un ministre à part.
Van Ruymbeke, meilleur juge d'instruction de France certes mais il a tout de même accepté d'entendre Gergorin (Clearstream) seul, hors donc la présence de son huissier et par conséquent sans dresser de procès-verbal et il a participé avec le même à l'élaboration d'une lettre supposée anonyme ! qu'il s'est fait adresser !
Il est vrai qu'il n'a pas été inquiété par ses organes de tutelle pour ces bagatelles qui ne paraissent avoir choqué personne.
Rédigé par : isabelle | 06 octobre 2012 à 10:49
Suite à tous ces commentaires bien argumentés, la phrase titre du Figaro me revient en cerveau : "sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur". Quand on sait que blâmer peut avoir pour homonyme blasphémer et que La Bruyère précise qu'"il est un art de s'approprier les pensées d'autrui, de les rendre siennes par la manière dont
on les exploite" on reste coite !
Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ; cqfd.
Rédigé par : calamity jane | 24 septembre 2012 à 17:12
JDR
Non ! La seule dépense inévitable au nom de l'humanité, est la construction de prisons ne portant pas atteinte à la dignité de ceux qu'on y enferme aussi criminels soient-ils.
Ces prisons sont une faute contre l'esprit. L'atteinte à la dignité faute de pouvoir parler d'âme dans ce siècle, y est sans commune mesure avec les fautes réelles ou supposées de ceux qu'on y enferme, sachant que ce sont au surplus les maisons d'arrêt contenant des présumés innocents qui sont les plus infâmes.
Que les magistrats et les gardiens de prisons se mettent en gréve au nom de l'humanité faute de le faire au nom de la plus élémentaire notion de charité chrétienne.
Les sanctions corporelles et la peine de mort ne portent pas atteinte aux chances de salut de l'âme comme le fait plus encore la violence régnant dans les cellules que la promiscuité dégradante, si c'est possible.
L’ignorance en ce domaine n'est que la porte de sortie de la lâcheté.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 septembre 2012 à 15:23
Chrichri d’amour pourra bientôt exprimer ses sentiments dans des best-sellers :
Regrets :
« Oh ma Batho-ô-ô-ô »
Esthète :
« Un beau Valls, des Beauvau »
Agacée et jalouse :
« La Valls des Roms »
« Pfff ! Valls ? juste un ministre des contredanses… »
« Danse avec le loup (sous-titré : itinéraire d’un infant gâté) »
« Une valseuse sachant valser sans son Manuel est une bonne valseuse »
Gastronome :
« Ah ! ces blancs de poulets dans le panier à salade... »
Sexologue :
« Le couple, le trouple, le grouple : pour une Gaule décomplexée »
Relativiste :
« l’Intérieur vu de l’extérieur »
Rédigé par : Taquin, à fond la forme | 24 septembre 2012 à 11:55
Le post de Frank THOMAS me rend perplexe. Avec sa conception très particulière du rapport homme/femme, noir/blanc, homo/hétéro, flic/voyou, elle n’est pas à l’abri de dire ou de faire des bêtises et de tomber dans l'excès. Et sa jalousie viscérale risque de lui jouer des tours.
Une ministre à part en effet...
Rédigé par : RF | 24 septembre 2012 à 10:53
"...réduire le tout-carcéral qui augmente les risques de récidive, mener un combat contre les prisons surpeuplées, sans s'interroger une seconde sur les causes de cette surpopulation..."
Je ne comprends pas comment C. Taubira peut parler du tout-carcéral alors qu'entre 80 000 et 100 000 peines de prison ferme prononcées ne sont pas exécutées.
L'action et/ou les déclarations de principe d'un ministre de la justice qui ne convainquent et ne trouvent l'assentiment que du monde judiciaire - largement entendu - ne peuvent pas suffire, loin de là, très loin de là.
"De toute façon, l'arithmétique est implacable. Il n'y a pas de place et il n'y a plus d'argent..." (Jean -Dominique)
Non.
Un exemple, parmi une foule d'autres, il y a à peine huit jours, un rapport de la Cour des comptes chiffrait :
"1 244 agences aux statuts et aux missions très diverses. Elles emploient 442 830 personnes et coûtent 50 milliards d’euros par an, financées par des crédits budgétaires ou des taxes spécifiques... Le tout, sans contrôle."
Agences de l’Etat : un rapport dénonce un immense gaspillage - RMC.fr, 17-09
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 24 septembre 2012 à 05:12
@Jean-Dominique Reffait
"Pour apporter un éclairage à votre billet tout en paradoxes, il faut souligner qu'enfin, à Marseille, la ministre de la Justice était présente avec le ministre de l'Intérieur. Non pas en porte-valise mais en égale, induisant que la réduction de la criminalité dans la poudrière phocéenne (je m'amuse à parler comme un journaliste) reposait sur les deux piliers de la police et du droit."
Parce que vous croyez que le truand moyen ou de base comprend ces subtilités !
C'est à mon sens utopique. C'est bien pour la com.
Rédigé par : adamastor | 24 septembre 2012 à 01:50
Jean-Dominique Reffait
"De toute façon, l'arithmétique est implacable. Il n'y a pas de place et il n'y a plus d'argent, il faut donc faire autrement pour réserver la prison à ceux qui le nécessitent. "
Le problème est dual, c'est comment faire autrement, concrètement, et quels délits/délinquants ne devraient pas être sanctionnés par de la prison. Problèmes auxquels après quatre mois dans ses fonctions, notre ministre de la Justice n'a proposé ou ébauché la moindre solution.
Rédigé par : Trekker | 23 septembre 2012 à 23:09
Pour apporter un éclairage à votre billet tout en paradoxes, il faut souligner qu'enfin, à Marseille, la ministre de la Justice était présente avec le ministre de l'Intérieur. Non pas en porte-valise mais en égale, induisant que la réduction de la criminalité dans la poudrière phocéenne (je m'amuse à parler comme un journaliste) reposait sur les deux piliers de la police et du droit.
C'est tout de même une première car, si l'on en juge par votre appréciation, ces deux personnalités seraient diamétralement opposées. Elles le sont d'ailleurs sans doute mais c'est justement la force d'un état de droit de disposer en son sein de ses pouvoirs et de ses contre-pouvoirs pour parvenir malgré tout au même but : faire chuter la criminalité. On a trop vu ces dernières années un ministère de la Justice supplétif de l'Intérieur n'ayant pour charge que de rédiger un projet de loi par jour sans s'assurer de la cohérence d'une politique pénale qui n'a jamais aussi peu existé.
Vous n'avez jamais adhéré à l'idée que la prison serait l'école du crime. Les délinquants y adhérent pleinement quant à eux et plébiscitent cette formation. Ils savent y trouver les réseaux, les adresses, les trucs et astuces qui leur permettront de monter en puissance à leur sortie. Pour le coup, vous voici bien sulpicien de ne voir dans la prison qu'un lieu neutre en terme de récidive.
De toute façon, l'arithmétique est implacable. Il n'y a pas de place et il n'y a plus d'argent, il faut donc faire autrement pour réserver la prison à ceux qui le nécessitent. Vous aurez beau faire, nous n'avons pas les moyens. Il va donc falloir avoir de l'imagination et de l'autorité, l'un et l'autre, ça nous changera.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 23 septembre 2012 à 21:34
@ Mary :
Trop drôle ! Votre post sur fond de Dalton, on croirait un dessin de Cabu. Si Charlie (hebdo) vous recrute, il aura sa drôle de dame. Héhé
@ Xavier Nebout :
Pour décorer Le Pen, voici mon idée : perchée sur son vélo, notre Chrichri d'amour devrait être à la hauteur. Et malgré l'équilibre précaire, elle ne devrait pas choir : la balance n'est-elle pas son rayon ?
Rédigé par : Taquin | 23 septembre 2012 à 19:52
"On a vraiment envie de peindre les billets de Monsieur Philippe Bilger.
Rédigé par : Duval Uzan | 22 septembre 2012 à 20:08"
Justement je suis en train de le peindre ! ne me reste que l'expression du regard, le plus difficile à "capter" chez lui !! C'est notre nouveau Marcel Proust, il serait temps de l'admettre !!! (même en tweet il ne maltraite point notre noble langue à la différence de tous les malotrus twitters ; il se dit même que parfois il danse un twist voire un madison et pas que sur la route ou à Saint-Tropez)
Rédigé par : Cactus @ Duval Uzan, Vincent, François, Paul et les autres | 23 septembre 2012 à 19:28
Je reviens d'Afrique où toutes les contradictions et les vérités savent danser ensemble et sourire.
Avec leur déconcertant bon sens et leur pseudo-naïveté rigolarde qui n'a pas peur des mots, quand les Africains comparent leur vie à celle de leurs lointains cousins "occidentalisés", tous regrettent de ne pas avoir eu des arrière arrière et encore arrière-grands-parents esclaves.
CT devrait aller soigner ses aigreurs et ses laideurs auprès du magnifique sourire de Nelson Mandela, bercée par la merveilleuse voix douce rocailleuse de Louis Armstrong quand il oubliait sa trompette... Le bonheur et la sérénité... c'est si simple.
Rédigé par : Stalen IIlitch GUEVARA | 23 septembre 2012 à 13:04
A l'avis de Semtob, j'ajoute que le plus grand crime que l'on puisse commettre contre un être humain est d'avilir son âme.
C'est pourquoi enfermer quatre détenus dans une cellule de 10m² avec WC non isolé, et en leur permettant de fumer, relève du crime contre l'humanité.
C'est en outre, par la même bien plus que par de mauvaises fréquentations, l’assurance d'en faire des récidivistes.
On peut dès lors comprendre que des magistrats reculent à prononcer ou faire appliquer des peines de prison, mais alors, il faudrait pour que leur attitude soit plus empreinte d'honorabilité que d'idéologie socialiste, qu'ils se mettent en grève jusqu'à ce que la construction de prisons dignes soit décidée.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 23 septembre 2012 à 12:23
Info :
Après que notre pays a sauvé son âme en protégeant son torche-c…, notre gardienne des Sceaux (à ne pas confondre avec une dame pipi) va décorer M. Le Pen des palmes académiques pour avoir trouvé le moyen d’interdire à notre clergé catholique de porter tout signe distinctif sur la voie publique, ainsi que les processions.
Comme il lui faudra un escabeau, le ministère de l’égalité des races est chargé de trouver une solution.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 23 septembre 2012 à 11:11
Juritel 13.00 Parmi tant de coms tous articulés autour de celui excellent de PB, mais tous fort intéressants, un com qui remet l'église au milieu du village, merci... Est-ce un oubli ? Rachida Dati aura elle aussi contribué, à sa manière bien personnelle, évidemment ! Elle restera dans notre Histoire la première femme d'origine maghrébine, symbole d'une diversité (laquelle ??), à avoir occupé ce poste si prestigieux LOL Ceci dit j'aimerais savoir ce que l'Histoire retiendra de son passage flamboyant Place Vendôme... LOL LOL
Rédigé par : Pietri S | 23 septembre 2012 à 10:13
Chaque fois que j'entends la ministre, je me hérisse devant tant d'intolérance et de certitude.
Maintenant je ne juge que sur du parcellaire et de l'apparence.
Bilger flatte pour mieux assassiner. Elle ne sera sûrement pas dupe.
Rédigé par : Perplexe-gb | 23 septembre 2012 à 07:37
Notre Hermine ne se départit jamais de son urbanité sourieuse pour mieux mettre en lumière (douce) les infortunes et les égarements de ses cibles.
Deux prestations de CT, une devant la commission des lois du Sénat et une autre à l'ENM de Bordeaux ont laissé une impression désagréable, pitoyable et dégradante pour la fonction de ministre et qui plus est de la Justice, dernier rempart même imparfait de notre civilisation.
Tout ouvrage ou prestation civilisée ne sont recevables et audibles que si le contenu a une réalité présentée dans une logique et une allure les plus séduisantes possible. Comme dirait un magistrat... il y a le fond et la forme... la procédure et le fond.
Chez CT ces deux lignes sont bien entachées et incertaines pour une administration éclairée et profitable de la planète Justice.
CT est enfermée et limitée par l'idéologie de ses rancoeurs sectaires et son agressivité maladive à fleur de peau.
Pour la forme on ne peut s'empêcher de se souvenir de ce que disait Albert Cohen sur Marguerite Yourcenar chez Pivot à "Apostrophes" en 1977...
Eh oui, le fond vaseux et les formes... déplaisantes... Evidemment une Condoleezza Rice fédérerait plus d'attentions et d'écoutes très attentives et positives.
Rédigé par : Poil à gratter | 23 septembre 2012 à 04:40
Cher Philippe,
Vous parlez d'une Ministre à part, cher Philippe. Nous ce que nous voyons c'est plus de 67 000 personnes à part. Un manque de 10 000 places. Un record historique d'incarcérations. Des conditions toujours aussi déplorables pour une population âgée en moyenne de moins de 27 ans. La Cour européenne des droits de l'Homme qui souligne et devrait sanctionner à nouveau cet état de non droit.
Il y avait des projets qui étaient en cours et nous aimerions les voir en oeuvre plus vite que ça. Encore un suicide d'un jeune de 27 ans à Fresnes. Des architectes ont planché sur des projets d'aménagement et de rénovation.
Etre ministre de la Justice, c'est apporter des solutions pratiques.
Le droit c'est peut-être intello, mais c'est avant tout des hommes en situation de détresse, pour lesquels il faut apporter un projet. L'humiliation ne sera jamais un projet. Des conditions dégradantes de détention compliquent les solutions.
Ce qu'il faudrait, c'est quelqu'un de passionné, de dévoué qui prenne le problème à bras-le-corps.
Si la volonté d'améliorer la situation carcérale était vraiment présente, cela se verrait déjà parce que trouver des solutions pour l'équivalent de la population d'un village d'environ dix mille personnes, ce n'est tout même pas la mer à boire. Trouver des gardiens de nuit, des psychologues, des chefs d'entreprises, des enseignants en période de crise ce n'est pas la lune non plus. Construire de petites structures pour aménager les sorties, ce n'est pas bien compliqué non plus. Encore faudrait-il le vouloir. C'est désolant et c'est même écoeurant de concevoir que toute ligne de projet est systématiquement mise en latence ou stoppée par l'absence de fil conducteur.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 23 septembre 2012 à 03:24
Est-il permis de douter après cela de l’étincelante Madame Taubira ? Jusqu’à présent, elle s’est surtout signalée par une loi stupide, contre-productive et anhistorique, outre une volonté de détruire plus que de construire. Sa haine, palpable, à l’égard de la civilisation occidentale non noire est si évidente qu’on l’imagine mal penser à autre chose.
Lutter contre l’incarcération, c’est la tarte à la crème depuis cent ans. Pour réussir ce pari, sans tomber dans le gag d’A.Karr, il faut repenser tout le droit pénal, et surtout, la pénalisation constante, ridicule et inappliquée des lois civiles. Il faut disposer d’un tissu local, composé de gens honnêtes, fonctionnaires, encore, de locaux, de centres de détention aménagés, de moyens de communication, ce n’est pas un concept, c’est un projet. Enfin, il faut réformer les mentalités et revoir toutes les peines du Code Pénal pour les assortir ou non de dispositions nouvelles et particulières. On ne traite pas, vis-à-vis de la prison, un braqueur comme un agresseur sexuel. Il faut, pardonnez du peu, faire un tri préalable entre les incarcérés, qui ne relève pas de l’administration pénitentiaire, mais bien de la désignation de la peine décrite par le magistrat disposant d’un volant d’opportunités immobilières pour diriger ses condamnés.
Enfin, il faut revoir complètement la politique de l’incarcération provisoire, la plus fréquente. Il faudra aussi se résoudre à faire connaître l’origine des incarcérés en jetant par-dessus bord ce tabou du racisme au bénéfice de la rationalité ; ceux qui ne sont jamais allés en prison ne savent pas ce que c’est que le communautarisme offensif dans ces milieux.
Pour aborder ces sujets, il faut un esprit ouvert, pragmatique, mais aussi en accord avec son entourage pour ne pas présenter à l’Assemblée des projets bâclés ou provocateurs.
Le propos peut paraître réducteur, mais à ce poste, le pays n’a pas besoin d’une brillante écharde. Il n’a pas besoin d’un ministre moimoimoi s’évertuant à faire des tours de magie et à se comporter comme une virtuose de l’originalité à tout prix.
Finalement, c’est ce que dit M.Bilger en assortissant chacune des qualités invoquées par Mme Taubira d’un adjectif disqualificatif. Cette femme est dangereuse et on peut redouter qu’en outre, elle ne soit pas très intelligente, seulement un être rompu aux tours de bâton de la politique et à l’industrie de la poudre aux yeux
Rédigé par : jicroiplu | 22 septembre 2012 à 23:47
On a vraiment envie de peindre les billets de Monsieur Philippe Bilger.
Rédigé par : Duval Uzan | 22 septembre 2012 à 20:08
Tant de sinistres ; un ministre à part fait grand bien, non ?
Rédigé par : Cactus | 22 septembre 2012 à 19:21
@RF
Merci pour votre appréciation.
Rédigé par : Jabiru | 22 septembre 2012 à 17:38
Excellent billet là encore.
Ces deux phrases me semblent parfaitement décrire :
"l'obsession quasi exclusive du ministre : réduire le tout-carcéral "qui augmente les risques de récidive", mener un combat contre les prisons surpeuplées, sans s'interroger une seconde sur les causes de cette surpopulation, qui tiennent à la fois aux limites de notre espace pénitentiaire et à l'obligation, pour les crimes et les délits les plus graves, d'incarcérer la plupart du temps leurs auteurs.
Un garde des Sceaux a à gérer cette contradiction, et non pas à la fuir dans une sorte d'irénisme qui laisserait croire que le flux carcéral ne dépend que des agents d'autorité et de justice quand à l'évidence il résulte d'abord des transgressions multiples qui offensent une société."
Au-delà de la vive intelligence de la ministre, l'idéologie qu'elle sous-tend ne pourra que la conduire à ne pas admettre d'autres facteurs que ceux auxquels elle accorde la primauté, et non pas à faire un choix entre priorités. Là se trouve à mon sens son erreur conceptuelle.
Rédigé par : Robert | 22 septembre 2012 à 16:49
@scoubab00
Christiane Taubira en Harley-Davidson, ça n'est pas possible, tout bon biker le sait. Dieu a créé Honda...
Rédigé par : Catoneo | 22 septembre 2012 à 15:35
Beau billet plein de bon sens.
Je souscris pleinement aux propos de Jabiru.
Rédigé par : RF @ PB et Jabiru | 22 septembre 2012 à 14:13
Un ministre vraiment à part enfoncerait non pas une écharde dans le pied de ce gouvernement, mais un pieu dans le coeur du PS, de l'UMP et de cette machine à enterrer capable de garantir 15 ans d'impunité à ce milliardaire PS passé avec 30 MF à travers le parquet..., impunité qui a commencé à courir à une époque où E. Guigou s'interrogeait sur "la possibilité pour le garde des Sceaux de faire connaître sa position dans certaines affaires particulières".
( liberation 6 octobre 1997 )
C. Taubira a dit mettre fin aux instructions individuelles. Ce n'est pas suffisant. Il faut purger le système.
Un ministre vraiment à part ferait exclure de la vie politique tous les anciens gardes des Sceaux qui se sont abstenus de veiller au respect de l'Etat de droit, et renverrait devant les tribunaux tous les magistrats saboteurs, en leur retirant au passage toutes les décorations accordées.
Mais un ministre vraiment à part, c'est comme la fourmi de 18 mètres, ça n'existe pas.
Rédigé par : Choubidou | 22 septembre 2012 à 13:50
Scoubab00, le premier cabinet de Pierre Laval comportait un homme noir, Blaise Diagne en... 1931. Originaire de Gorée - tout un symbole - il fut un homme d'Etat sous la 3ème République. Avant Monerville, il y eut Félix Eboué. Je passe également sur Senghor ou Houphouët-Boigny qui rédigèrent notre constitution actuelle... Evitons les poncifs sur cette intégration des "noirs" dans les appareils politiques occidentaux ; pas sûr que la France soit tellement en retard et qu'elle ait tellement de leçons à recevoir sur ce terrain.
Rédigé par : Juritel | 22 septembre 2012 à 13:00
Ce portrait somme toute flatteur, mais nuancé, de Mme Taubira devra être confronté à l'action future de ce ministre.
Il y a chez cette dame je ne sais quoi d'explosif qui pourrait bien l'amener à des entêtements ou à des dérapages dans les mois qui viennent, lorsque les lourdeurs de la machine commenceront à l'impatienter et qu'elle s'apercevra que les idées et même la volonté ne suffisent pas.
Je garde le souvenir du procès fictif qu'elle avait organisé à Cayenne, et qui la peint bien, me semble-t-il.
Il s'agissait, lors d'un spectacle, de la mise en accusation de Christophe Colomb, le but étant de faire décider par le jury "populaire" si le découvreur de l'Amérique était un bienfaiteur de l'Humanité, ou un criminel colonialiste.
On imagine aisément où allaient les préférences de Mme Taubira : elle ne fut pas déçue, et le malheureux gênois fut lourdement condamné par ce "tribunal" de l'Histoire.
Inquiétant, non ? Un peu grotesque, aussi...
Rédigé par : Frank THOMAS | 22 septembre 2012 à 12:59
Concernant Christiane Taubira, vous dites d'elle :
"elle a une douceur implacable, une mansuétude doctrinaire, un humanisme dogmatique"
Ces quelques mots valent bien un opinel pour se tailler une place, une stature même.
;-)
Rédigé par : François | 22 septembre 2012 à 12:03
Taubira c’est Ma Dalton qui tire à vue et terrorise toute la maisonnée socialo, tandis que Valls c’est Joe Dalton, le petit roquet hargneux qui aboie très fort mais s’enfuit la queue basse (à l’image de ses cravates pendantes)** au premier coup de gueule de maman ! Pour le reste, il se contente de copier sans vergogne ses prédécesseurs de droite soucieux de s'approprier leur chasse gardée : la sécurité, mais aseptisée par des paroles lénifiantes... Vous parlez d’un équipage !
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** sans parler de ses tenues débraillées, veston grand ouvert, quand il assiste à des cérémonies protocolaires ou passe en revue policiers et gendarmes, comme l’autre jour à Marseille, lors de l’installation du nouveau préfet de police en grande tenue, qui tranchait singulièrement avec le négligé du ministre de l’Intérieur et de sa suite..
Rédigé par : Mary Preud'homme | 22 septembre 2012 à 11:47
Quelle que soit la personnalité de la garde des Sceaux, ce qui compte c'est que le ministère de la Justice soit bien en phase avec la volonté de fermeté du ministre de l'Intérieur et que les services de police et de gendarmerie soient suivis et confortés dans leurs actions de rétablissement de l'ordre public.
Face à la délinquance, il est nécessaire de montrer un front uni et sans failles.
Rédigé par : Jabiru | 22 septembre 2012 à 11:40
Bonjour Philippe Bilger,
« Comme si Christiane Taubira laissait ses qualités plaider pour elle mais n'était pas mécontente de ses défauts. L'orgueil, sentiment noble pour peu qu'il ne soit pas poussé jusqu'à la démesure, gouverne cette femme, ne la fait pas dévier d'un pouce d'elle-même mais risque de la faire passer à côté des bonnes idées des autres. »
J’avoue que personnellement je ne m’attendais pas du tout à la nomination de Christiane Taubira à ce poste. Dans un ministère aussi sensible que celui de la Justice, j’imaginais un proche de François Hollande ou, à défaut, un ministre maîtrisant à fond toute la problématique complexe de la Justice en cette période particulièrement difficile où la sécurité est devenue un thème majeur.
Est-ce son passé d’indépendantiste qui lui a valu ce poste afin d’obtenir la "Pax Romana" dans nos îles lointaines qui sont particulièrement agitées en ces temps de crise ? J’aurais tendance à le penser.
Reste également la personnalité très « affirmée » de cette ministre qui est bien décidée à imposer sa vision des choses. Vision qui n’est guère compatible avec celle de Manuel Valls qui lui, semble avoir adopté la politique de ses prédécesseurs de l’ex-gouvernement. Ce qui au demeurant pose bien des problèmes à l’opposition qui comptait bien faire de la sécurité intérieure le fer de lance de ses critiques.
Jusqu’à présent il n’y a pas encore eu de clash, mais je crains que, vu la divergence clairement établie des ministres de la Justice et de l’Intérieur sur des points fondamentaux en matière de sécurité cela ne devienne inévitable.
Rédigé par : Achille | 22 septembre 2012 à 09:43
La juge-t-on aussi, Christiane, sur sa couleur de peau ? Philippe n'en fait pas allusion et c'est dommage. Des gens "de couleur" - comme ils disent tous - à un tel niveau de responsabilité gouvernemental, il y en a eu très peu depuis Gaston Monnerville, il me semble. Remarquez, avec tous les agents de sécurité black qu'on voit un peu partout, qu'il y ait une à la tête de l'instance officielle de réparation me paraît honorable.
Autre fait qui la conforte dans sa singularité : elle vient du minuscule parti radical. Comme elle a eu des problèmes de santé récemment, je ne saurais trop conseiller à Christiane d'emprunter à son camarade Jean-Michel Baylet sa Harley-Davidson. Et de tailler la route tranquille pendant une semaine ou dix jours. Avoir du recul en causant piston ou sport avec d'autre bikers et usagers peut rendre un dirigeant à la fois plus serein et efficace, j'en suis persuadé.
Rédigé par : scoubab00 | 22 septembre 2012 à 09:35