Quand la culture française broie du noir : une excellente enquête du Figaro sur la dépression de notre littérature, notre cinéma et notre musique.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que notre culture a le blues. Toutefois, force est d'admettre que son cafard a augmenté ces derniers temps et que l'art français (on le définit comme tel avant qu'il l'ait démontré !) exige de ceux qui le goûtent un moral à toute épreuve.
Les causes de cette morosité - "réalisme social omniprésent, passions morbides, illusions perdues..." - sont diverses et je ne peux qu'approuver les avis de personnes infiniment plus cultivées que moi. Charles Dantzig souligne que "le populisme se sent fort" alors que Jean-Marie Rouart explique que "le réel écrase l'idéal" et que Pascal Thomas énonce "qu'il n'y a plus de place pour l'esprit français". Certes ! Mais n'y aurait-il pas à questionner aussi, de manière plus offensante, la valeur de nos créateurs auto-proclamés artistes ou encensés et les liens clientélistes qu'ils entretiennent avec ceux qui sont appelés à faire ou défaire leur réputation au sein d'un monde à la fois étroit et gonflé ?
Je ne crois pas que ce soit d'abord à cause de l'époque et d'une modernité mélancolique qu'auteurs et cinéastes s'acharnent à nous présenter des oeuvres à la palette sombre, crépusculaire, souvent ennuyeuses et imprégnées d'une grisaille qui, pour ressembler à la vie sous ses pires aspects, ne dégage rien d'autre qu'un réalisme plat et sans issue. Il y a évidemment et heureusement des exceptions et surgissent alors des livres et des films qui vous réconcilient avec vous-mêmes en offrant de magnifiques surprises. Mais la tendance est tout de même plutôt à l'incongru lugubre qu'à l'universel joyeux !
Parce que le noir, le pessimisme, la description de soi dans son pire état, l'exposition univoque et lassante d'une société présentée sous un jour désespérant, le choix de sujets qui se ressemblent tant ils ont pour vocation d'interdire le moindre élan et d'étouffer l'expression de tout sentiment ordinaire constituent le terreau exclusif et confortable à partir duquel la médiocrité, l'absence de talent et de style, la pauvreté de la vision et de la pensée peuvent se manifester sans rien risquer. Le noir se porte si bien aujourd'hui dans notre culture parce qu'il vient au secours de la stérilité et qu'il pallie les impuissances. N'importe quel faiseur, pour peu qu'il sache se tenir à une position obstinément mortifère et progressiste en diable, sans surtout se laisser aller à la moindre pincée d'optimisme, au moindre souffle d'air pur, a toute chance d'être promu et salué comme un phare fugace jusqu'à la prochaine imposture.
Loin de moi d'oublier que l'univers, la société, les êtres seraient traités sans vraisemblance ni force s'ils n'étaient que félicité, paix et douceur de vivre. Mais le génie rare et le talent véritable savent précisément dans leur invention mêler toutes les couleurs et aborder toutes les facettes de l'existence singulière ou collective. C'est grâce à cette plénitude que le spectateur ou le lecteur, malgré, parfois, le caractère apparemment déchirant d'une histoire et d'une fiction, se sent pourtant empli à la fin par une joie profonde qui tient à ce que l'art authentique, mêlant le rose et le noir, les lumières et les ombres, est d'abord source de vérité, d'humanité et donc d'universalité. Faute, pour beaucoup de créateurs français, d'avoir cette aptitude, cette intelligence et cette grâce, le noir occupe tout le terrain, la complexité est abolie et l'homme réduit. Qu'on songe une seconde à Shakespeare dont le théâtre de bruit, de fureur, de sang, d'ambition et de pouvoir ne nous dissimule pas un seul instant qu'il n'est qu'une part de la scène du monde.
Cette atonie misérabiliste et minimaliste n'est pas seulement une technique qui permet de dissimuler ses insuffisances, elle trouve malheureusement trop souvent des critiques qui applaudissent cette indigence et ce réel déchiqueté et sommaire. Généralement ils appartiennent aux médias distingués et élitistes. Ce n'est pas rien que de lire Le Monde enivré par Christine Angot ou de devoir supporter des dithyrambes que l'expérience du film ou du livre rend incompréhensibles.
Au fond, en résumant, on perçoit deux tendances lourdes de la critique française.
La première magnifie les oeuvres sociales, banalement progressistes, lourdes de sens, pétries de bonnes intention. On n'a pas toujours un Frédéric Beigbeder pour dénoncer, et avec quelle alacrité pertinente, la littérature d'un Olivier Adam par exemple auquel pourtant le prix Goncourt pourrait bien échoir (Figaro Magazine).
La seconde se rapporte à une veine plus futile qui semble être réservée à des femmes, toujours les mêmes, avec des éloges tellement systématiques et réguliers qu'il convient d'en rire plus que de se révolter. Je songe notamment à Nathalie Rheims, Christine Orban, Claire Castillon, Eliette Abecassis et Amanda Sthers : Le Figaro Madame s'en est fait une spécialité.
Le noir broie la culture française parce que la vraie vie est trop dure à décrire.
Et que le vrai talent est rare.
Je préfère terminer avec André Dussolier qui modestement en dit beaucoup : "Le pouvoir de l'art, c'est lorsque nos désirs, nos rêves rejoignent ceux des autres".
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Monsieur Bilger, tout d'abord excusez-moi si je répète ce qui disent d'autres commentaires, je n'ai pas eu le courage de tous les lire. Mais peu importe, je voulais surtout vous remercier de cet très bel article, intelligent comme toujours mais surtout sensible. Si nous écoutons chaque grand auteur, Baudelaire par exemple, ils écrivent que leur siècle ne produit plus rien de bon, que tout est mauvais et tout le reste. Alors je me suis dis qu'il n'est pas facile d'apprécier un talent contemporain, que quelques décennies facilitent la reconnaissance. Cependant quelles que soient les époques il y eut toujours de grands maîtres reconnus, quel que soit leur domaine. La culture française est particulièrement riche à ce niveau. Mais aujourd'hui, qui sont ces grandes figures de la culture française ? Des bouffons de philosophes comme BHL ? Aujourd'hui le talent se mesure à la médiatisation, et ces pauvres artistes se retrouvent aux fonds des oubliettes, aussitôt oubliés des médias. En tout cas je ne vois personne de cette période que le siècle suivant retiendra. Mais je crois que le plus triste, c'est que la majorité adhère à cette culture sombre, elle aime cela même. Que faire contre le mauvais goût ? L'éducation est un bon chemin pour apprendre aux jeunes gens à aimer non seulement ce qui est beau, mais aussi ce qui est créatif, vrai, c'est ceci la véritable modernité. Il paraît qu'un de vos fils est professeur de lettres. S'il enseigne la littérature avec autant d'ardeur que vous commentez l'actualité, cela fait au moins quelques élèves de sauvés. J'insiste sur sauvé et sa connotation religieuse car aujourd'hui plus que tout l'espérance est nécessaire, que ce soit par le chemin de la religion ou de la culture.
Encore une fois, merci beaucoup.
Rédigé par : Morgane Pierre | 14 septembre 2012 à 09:22
Alex paulista,
Vu sous cet angle, je n'ai, en effet, rien à écrire ni à partager sur ce blog, qui semble réservé à des personnes toutes certifiées en certitudes et lecture à sens unique des commentaires.
Mary Preud'homme,
Oui, bien sûr que vous avez raison, et donc vos hauteurs culturelles et certitudes ne seront jamais les miennes.
Les grottes de Lascaux ont été initiées avant les écrits et autres gribouillis de prétendants à une certaine supériorité
intellectuelle et/ou culturelle et l'on comprend petit à petit qu'elles pourraient être, dans une conception particulièrement européenne, l'origine de l'Art.
Mais c'est vrai, comment une calamity jane pourrait-elle y connaître quelque chose en Arts ? En folklore haïtien non plus d'ailleurs !
Rédigé par : calamity jane | 13 septembre 2012 à 20:56
Pour calamity jane, la culture noire francophone c'est le sac Barbès...
Ha ha ha ! Moi y en a bien rire !
Rédigé par : Alex paulista | 13 septembre 2012 à 15:33
@ calamity jane
Les traditions, modes de vie et croyances ne représentent qu’une partie de la culture, celle qui se transmet (pour l’essentiel) oralement de génération en génération et que l’on désigne sous le vocable de folklore. Tandis que la culture telle qu’elle ressortait du billet de Philippe Bilger concernait me semble-t-il les arts et lettres, la langue, les droits fondamentaux et les systèmes de valeur propres à la culture française, toutes choses qui à l’inverse du folklore se transmettent principalement par l’écrit et les œuvres picturales. A cet égard, j’ajoute qu’un pays peut être économiquement très riche mais avoir une culture qui s’appauvrit, ce qui est le cas de la France. A contrario, un pays au niveau de vie misérable peut avoir gardé une culture très riche en raison de la qualité de ses poètes, écrivains, peintres et musiciens. C’est notamment le cas d’Haïti dont l'apport à la littérature d'expression française (pour ne citer que cet exemple) est remarquable et généralement méconnu (y compris et surtout dans les quartiers de Barbès, Montmartre, Gare de l'Est et Stalingrad que je connais fort bien).
Rédigé par : Mary Preud'homme | 13 septembre 2012 à 12:01
On se demande parfois s'il ne serait pas préférable d'être inconnue que méconnue !
Suite au doute que vous m'induisîtes, j'ai fait une vérification du mot "folklore", de laquelle il ressort que c'est un vocable anglais (tiens, quel hasard) assez récent et qui serait "la science des traditions, des usages et de l'art populaire d'un pays".
Ce sens ayant dérivé en "aspect pittoresque ou sans signification profonde", le folklore des prix littéraires (exemple cité).
Donc, vous me dites Mary Preud'homme que certains originaires d'un même pays sont extraits de leur culture folklorique pour devenir de grands promoteurs d'une culture méconnue ?
Dont, sûrement, ces designers européens qui s'inspirent de créateurs authentiques africains, par exemple. Etonnant !
Sans doute voyagez-vous dans des hauteurs culturelles que je ne pourrai atteindre... et, des certitudes mêmes.
Rédigé par : calamity jane | 13 septembre 2012 à 08:27
@ calamity jane
Je n'ai pas écrit inconnue mais souvent méconnue et je maintiens.
Par ailleurs, avec vos exemples vous me semblez confondre culture et folklore.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 10 septembre 2012 à 20:52
Mais non ! mais non Mary Preud'homme !
La culture noire francophone (et autre) n'est pas inconnue en métropole. Elle a simplement le tort d'être gratuite.
Combien de fois m'exilai-je vers la Butte Montmartre, le marché Saint-Pierre et le boulevard Barbès pour prendre une bonne dose de couleurs de par la magie de ces femmes qui portaient leur culture sur elles avec des tissus que l'on peut admirer gratuitement parce qu'ils sont portés par des femmes qui aiment le soleil et l'honorent avec des
couleurs ! et certains hommes mêmes !
Et on a tôt fait ensuite d'aller chercher d'où elles viennent et d'approcher plus librement leur culture.
C'est un circuit solitaire certes qui ne rentre dans aucun étalonnage médiatique où il est de bon ton de participer à l'inventaire des différences qu'il faudrait gommer.
Rédigé par : calamity jane | 10 septembre 2012 à 17:26
La culture française, victime de la société de consommation, souffre essentiellement d’un syndrome de gavage et de repli sur soi. Sachant que littérature, peinture, créations musicales et œuvres d’art diverses sont traitées comme de vulgaires produits et se vendent comme des paquets de lessive. En veux-tu en voilà ! Avec une bonne promo tout s’achète et se vend Dugland !
Toutefois, il existe encore d’authentiques créateurs et artistes. Encore faut-il se donner la peine de les chercher en dehors des sentiers battus et des innombrables campagnes de promotion, dont l’objectif est d’annihiler tout esprit critique et de vendre du n’importe quoi, dès lors que ce serait tendance. On sait même depuis l’ère Internet, qui a multiplié au centuple les pièges à couillons du marketing culturel, que nombre de critiques parmi les plus élogieuses émaneraient des pseudo-auteurs et créateurs eux-mêmes. Quant aux grilles de lecture des éditeurs et autres "lignes éditoriales", elles sont devenues de plus en plus opaques, sauf bien sûr pour les pipolisés à tout crin qui peuvent faire passer comme une lettre à la poste n’importe quel navet à XXL exemplaires. Le plus drôle c'est que le même manuscrit (avec cette fois la signature d'un auteur inconnu est systématiquement refusé). Sans parler des galeries d’art où l’esprit boutiquier règne en grand maître… Ce qui n’est pas nouveau. Je me souviens en effet que Marguerite Maeght elle-même (au début des années 70) ne désignait pas autrement que par le terme "boutique" la célèbre galerie de l’avenue de Messine qu'elle dirigeait avec son mari.
Mais plutôt que de broyer du noir, pourquoi ne pas chercher du côté de la culture noire (francophone) un peu de jeunesse, de fraîcheur, de poésie et de réalisme merveilleux. Un apport culturel souvent méconnu en métropole et qui par la qualité de ses auteurs, de ses musiciens et de ses peintres a considérablement enrichi notre propre culture ?
Rédigé par : Mary Preud'homme | 09 septembre 2012 à 09:07
C'est la rentrée et les réalités économiques sont pressantes pour celui qui a quelque responsabilité dans la prospérité relative d'une entreprise : je suis donc en retard dans mes commentaires sur des billets importants.
La réalité. D'où vient cette lubie que l'art puisse prétendre à en rendre compte ? C'est faux par quelque moyen que l'on veut. Libération faisait récemment sa couverture sur Christine Angot, l'une de ces innombrables tue-l'amour de la littérature actuelle, en n'hésitant pas à qualifier son sempiternel dernier roman sur l'inceste de chef d'oeuvre. Cette femme est illisible, tout bonnement, elle ne choque pas, elle ne provoque rien, elle ne stimule aucun débat, elle endort. Elle écrit platement des horreurs plates. Fausse gloire.
L'air grave, nos artistes sont revenus de tout, pensez donc, les tourments qui sont les leurs ne sont pas de ceux communs dont on peut rire. Ils ont tout pris dans la figure, Hiroshima, la libération sexuelle et les avions de Ben Laden puis, retournés à la position foetale, ils ont abandonné le monde pour leurs élucubrations intimes. Nous sommes priés de nous allonger à leurs côtés sur le divan et de vomir avec eux quand ils sont saouls, drogués, violés, violeurs ou tout ensemble. Leur ciel est gris, qu'il serait vulgaire et superficiel de rigoler un peu, non, il pleut, nous marchons dans la boue et demain nous serons tous morts d'un nouveau sida. Ce régime de terreur blasée est consenti, nous sommes définitivement sales et seuls quelques bonobos de la forêt congolaise peuvent encore nous laisser un maigre espoir dans les hominidés.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 septembre 2012 à 23:46
@Rédigé par : Claggart | 06 septembre 2012 à 15:43
«Certains affirment que tous ces mots ayant pour racine "mar" sont à rapprocher du sanscrit (encore lui !) "mar" écraser, tuer, mourir, mort, etc. l'océan étant à
première vue un désert (sanscrit "maru", à rapprocher du breton "maru", mort) sans vie.
J'attends à ce sujet les commentaires éclairés de Catherine Jacob que j'ai toujours plaisir à lire, quoi qu'en dise sbriglia dans son commentaire mélanchonnesque de ce jour. »
Mon cher Claggart, si vous agitez le chiffon rouge devant la vache landaise, vous n'allez pas être déçu...!
S'agissant du latin mare : mer, pour lequel il existe des dérivés depuis le slave jusqu'à l'italique nous enseigne-ton, mais avec presque partout un vocalisme en o et non en a comme dans *mar, ( ex. gaul. Are-moricī : les gens qui vivent près de la mer, soit en Armorique), il n'en existe en effet pas de trace en indo-européen oriental notamment en sanscrit, en grec et en arménien.
C'est donc intéressant en effet de se demander pourquoi.
Que nous dit-on donc à propos de Θλασσα ( Thalassa ) dont attique θάλαττα (thalatta) déjà à date ancienne ( Vème siècle B.C).
Comme il fallait s'y attendre chaque fois qu'est soulevée une difficulté de cet ordre, on nous dit "méditerranéen". Ce qui signifie mot usité dans la contrée avant l'arrivée des Indo-européens. Mais bon, ce n'est pas pour nous faire peur, vu que chaque fois que la solution ne se trouve pas d'un côté, elle se trouve souvent dans la mise en parallèle avec une autre difficulté également sans solution, de l'autre ( Info ©Blog PB).
Alors quels sens donc pour Θαλασσα ( Thalassa ) :
I - mer, la mer, qui peut être affectée des caractéristiques suivantes : vaste, inféconde, stérile, blanche, salée et également aider à désigner le littoral (τό παρα θάλασσαν), lequel s'applique au pourtour de la Méditerranée et désigne également cette dernière ; enfin affectée du qualificatif grand, l'Océan.
Au figuré : «une mer de maux» pour un océan d'emmerdes
II - eau de mer, d'où eau salée.
III- Source d'eau salée.
On observe ensuite que tout ce qui se construit à l'aide de Talass- quelque chose, en effet en rapport avec la mer, par ex. Θαλασσί- γονος (Thalass-i-gonos : né de la mer)
Dans ce qui se construit avec Θαλα (Thala) tout court, on a divers termes en rapport avec le gîte, l'abri, la cavité, en particulier la cavité dans le corps ( ventricule), les pores / trous des éponges de mer, ainsi que le verbe Θαλα-μεύω (Thala_meuô : conduire au lit nuptial, épouser , se tenir renfermé dans sa chambre (recluse). De là on pense presque naturellement à Aphrodite, surgie nue de l'écume de la mer et déesse de l'amour souvent représentée comme , ici par Sandro Botticelli avec « la naissance de Vénus» dans un coquillage, chez Botticelli, Pecten maximus.
On a également Thaléia qui est une néréide avec le sens de "florissant, abondant, festin." et toute une kyrielle passionnante de vocables proches.
Si on cherche plus loin avec en tête l'image du coquillage, on a ce très intéressant et interpellant: θαλασσο- βαφέω ( Thalass-o-baphéô : teindre avec de la pourpre) où dans βαφέω (baphéô) on a βαφή(baphê) : immersion (≠donner des baffes), par ex. dans le vin. Puis action de plonger dans la teinture d'où teinture, fard, couleur d'une plante, d'une fleur. Or donc, on a ici couleur de la mer pour désigner la couleur pourpre, laquelle couleur vient du Pourpre : mollusque de la classe des gastéropodes, essentiellement dans la famille des Muricidae mais pas exclusivement. Certains sont aussi appelés murex ou nucelles. Parmi eux, plusieurs de ces coquillages permettent d'obtenir la pourpre [...] teinture rouge violacé profond d'origine animale, découverte par les Phéniciens (les Grecs auraient désigné ces derniers ainsi, car le terme phoinix signifie en grec : « rouge »), mais c'est également un des éléments culturels majeurs de l'Antiquité méditerranéenne.» - Extrait Wikipédia sur deux articles différents.
Or, notre pourpre est donc un coquillage, et ce coquillage même qui a encore nom d’ œil de Sainte Lucie ainsi que le tsubo_gai de la légendaire Kami-naga-Himé, « La Princesse aux longs cheveux » destinée à être une épouse impériale et qui est elle aussi, en quelque sorte née de la mer, où sa génitrice est allée repêcher une statue de la déesse Kwannon, ainsi que l'idée de cycle.
On peut dès lors encore rapprocher l'idéogramme pour Dragon, celui de la série des douze animaux du Zodiaque chinois : 「辰」dont le pictogramme originel est un coquillage, et qu'on peut donc rapprocher de la cavité d'où sort la Vouivre du tableau de Paolo Ucello «Saint Georges et le Dragon», mais qui, pour sa part, est en relation avec les eaux souterraines, sachant que Poséidon est d'abord l' Ébranleur de la Terre avant d'être le dieu de la mer dont le char est tiré par des chevaux marins dont l’extrémité se termine en queue de gastéropode marin.
J'arrête là, mais je pourrais très bien continuer.
Bref, en résumé, d'une certaine façon, Thalassa en furie c'est, quelque part, dit en termes sbrigliens, la moule dans tous ses états, mais aussi Thala, l'abri, la cavité, sombre et humide, Yin par excellence, autrement dit celle qui est destinée à servir de gîte temporaire au petit de l'homme...!
Rédigé par : Catherine JACOB@ Claggart | 08 septembre 2012 à 10:24
@sbriglia@CJ | 06 septembre 2012 à 06:55
«la permanence du sérieux, triste nécessité du médiocre»(Véro, pardon, le gâtisme est déjà là !).
Allez donc dire cela aux clients de cet avocat inscrit au barreau de Metz depuis 2001 qui vient de se faire la malle avec 26 000€ d'honoraires sans contrepartie tant de conseils que d'introduction d'action.
Rédigé par : Catherine JACOB@sbriglia@CJ | 08 septembre 2012 à 08:32
Rédigé par : sbriglia@Savo | 05 septembre 2012 à 17:29
C'est parce que Savo a cru lire "le pavillon dort", que le livre (pas "de sabRe", comme chez BoLges) lui est tombé des mains et que sa lampe de chevet est restée allumée toute la nuit, un peu dyslexico-influenSable*, le Savo.
D'ailleurs, quand Mishima s'est éventé, Savonarole (qui buchine la nuit) a sablé le champagne en lieu de le sabrer.
Br, bl, br, bl... allez Savo, un effolt, mirre diabres.
AO
* comme le marchand chez Nounours, Popolopompompom
Rédigé par : oursivi@sbrig-Savo | 07 septembre 2012 à 17:16
Rédigé par : sbriglia@CJ | 06 septembre 2012 à 06:55
sbrig, laissez Cathy et sa poésie involontaire, il faut protéger les espèces menacées.
Comme pour Claggart et ses cours qui le sous Hagège, chacun se soulage* comme il Pierre, comme il peut, pardon.
D'ailleurs les sorties érudites - même si on peut craindre Wikipédia ouvert sur un autre onglet, Messieurs les onglets, Littré(z) les premiers - sont toujours bonnes à prendre, le savoir même pesamment offert reste du savoir bravant votre fort à propos et excellente citation
"la permanence du sérieux, triste nécessité du médiocre"
qui trouve là merveilleux terrain d'exercice...
AO
* puisque le noir est notre sujet, comme celui de Robert Marcheoucrèvesurtoutsituesnoir
Rédigé par : oursivi@sbrig-Clag-Cathy | 07 septembre 2012 à 16:56
Philippe, c'est une question d'appel d'air. Nous sommes trop calfeutrés, trop confinés dans nos certitudes, nos héritages. Le noir aussi est censé révéler les autres couleurs, alors qu'il les écrase. On le ressent ainsi. L'art aussi a besoin de fracture, de démolition, de bleu céleste. La chance des générations futures, c'est qu'elles auront détricoté de gré ou de force nos modèles et conservatoires.
Repartir de presque rien et retrouver l'esprit pionnier, c'est un luxe qui nous est interdit. Mais l'histoire est cyclique et nos successeurs se moqueront de nous, de nos dieux de périmètre ; à moins qu'ils n'aient l'esprit qu'à la quête de nourriture. Et qu'ils se divertissent le soir dans leur grotte en reproduisant sur les parois à l'aide d'un bout de bois calciné le logo de McDo ou de MGM déniché sur des vieux boîtiers rayés en plastique bizarres...? S'inventer pour avancer.
Rédigé par : scoubab00 | 07 septembre 2012 à 09:49
Claggart, les habits d'Hagège sont un peu grands pour vous !
Mélenchon a au moins le mérite de nous faire marrer !
Rédigé par : sbriglia | 06 septembre 2012 à 16:46
@Xavier Nebout
Au temps pour moi ; j'ai été en effet un peu rapide en faisant dériver le grec ancien du sanscrit, quoique cette hypothèse ait été avancée par des philologues du 19ème. Ce n'est pas parce qu'il y a des parentés dans les vocabulaires qu'il faut la retenir ; grec ancien et sanscrit sont sans doute issus d'un proto-indo-européen.
Exception qui confirme la règle : en grec "thalassa" (la mer) ne se retrouve dans aucune langue indo-européenne, qui toutes ont des mots voisins :
latin mare
breton mor
gallois myr
gothique morei
irlandais muir
gallois myr
saxon mere
sanscrit mira
Certains affirment que tous ces mots ayant pour racine "mar" sont à rapprocher du sanscrit (encore lui !) "mar" écraser, tuer, mourir, mort, etc. l'océan étant à
première vue un désert (sanscrit "maru", à rapprocher du breton "maru", mort) sans vie.
J'attends à ce sujet les commentaires éclairés de Catherin Jacob que j'ai toujours plaisir à lire, quoi qu'en dise sbriglia dans son commentaire mélanchonnesque de ce jour.
Rédigé par : Claggart | 06 septembre 2012 à 15:43
Allons, allons, tout ne va pas si mal, on le saurait, intelligents et raisonnables comme nous sommes. Catherine Jacob nous apprend le nippon, Savonarole ronchonne raisonnant, semtob revient aux fondamentaux et elles ont raison (admirez le passage du singulier collectif au pluriel réducteur). On se prend à penser qu'il vaut mieux ne rien dire après tout ça, et pourtant, je faisant partie de on, ai envie aussi de dire l'hébétude devant certaines oeuvres d'art, la désespérance au bout de la quatrième page d'un roman, et l'exultation lors d'une étude de Huxley sur la vulgarité dans l'art ou un p... de raisonnement à la c.. de Wittgenstein, alors là, non, je fais dans le Dantec.
Mais aussi, les livres, les oeuvres conseillés par Le Monde ne sont pas le brouet universel, la soupe au lard interdite de tout honnête homme.
Il paraît des essais extraordinaires, des études historiques qui s'extraient de la gangue d'une idéologie vaguement marxiste doublée de Malet-Isaac et triplée des flonflons de la III° République, des redécouvertes de signes archéologiques qui modifient en profondeur notre vision de l'Histoire, ne serait-ce que l'émergence d'une pensée autonome et fondée sur les faits, "le monde est constitué de ce qui a lieu", article 1 du tractatus logico-philosophicus. Ce qui a lieu, c'est l'inanité des gens qui ne travaillent pas leur opinion, qui livrent un sac de linge pas repassé, clivée de l'excellence par ceux qui cherchent la beauté dans la vérité reconstituée à partir de données objectives. Il ne convient pas de dire que A est en relation avec B (aRb) mais que le fait qu'une relation a lieu entre a et b justifie aRb. La nature de cette relation ne ressortit pas à la logique, mais l'expression de l'existence de cette relation justifie la recherche logique au sein de celle-ci. Fascinant, n'est-il pas ?
Un livre fascinant de Sygmunt Stein, "Ma guerre d'Espagne", le mythe des brigades internationales revisité à la lumière stalinienne de l'époque et de la servilité du PC français, fauteur d'assassinat.
Je suis trop vieux pour m'émouvoir du triste paysage décrit par notre ami Philippe Bilger, mais lorsque je parcours les catalogues de la BnF, je m'aperçois que des quantités immenses d'oeuvres sont tombées dans la plus noire des barathres et qu'exhumées, rien ne presse tant que de les renvoyer à l'Hadès. Tandis que Théophile de Viau,........ ah quel plaisir de redéfinir le mot "libertin", de toujours honni, rarement compris. Ils reviennent tous en foule, Etienne Dolet, le martyr, Cesare Vanini, l'arraché, le délicieux des Barreaux, mangeur d'omelette le vendredi, et Saint-Evremond, l'enterré à Westminster qui n'a jamais pardonné à Monsieur 14 de l'avoir exilé, eux qui nous disent le risque et la joie du non conformisme, la langue claire, l'audace cynique et bon enfant, le sacrifice de la vie pour la force des convictions.
En cas de cafard, visite à Villefranche-de-Confolens qui comporte un monument à la mémoire d'un ministre de la III° qui mourut pauvre. Un grand homme.
Rédigé par : Jean-Marie Thiers | 06 septembre 2012 à 11:54
Claggart, Chère Catherine,
Petite subtilité :
si le sanskrit semble être le plus proche de la langue originelle indo-européenne - si elle a existé -, le grec qui a la même origine, ne dérive pas du sanskrit.
Le sanskrit est la langue qui crée. Mais au-delà des mots issus des vocables ou l'inverse, se trouvait peut-être la magie des ondes produites par les formes des signes.
Le vocable est-il issu d'une idée ou d'un signe ?
Catherine, vous êtes-vous penchée sur ce sujet ?
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 06 septembre 2012 à 11:12
@ Claggart | 05 septembre 2012 à 20:30
Après les félicitations de rigueur, quelques précisions.
Ayant effectué une petite recherche sur la base du latin pour broyer, moudre, qui est molō, quelquefois employé nous est-il précisé, dans un sens obscène, et auquel on rattache molaire ou encore meule ainsi que moulin, et dont un substantif féminin, mola, désigne l'avorton, s'il est bien apparenté par ex. au gotique malan: moudre, viel haut allemand mullen: mettre en pièces, ou encore à l'arménien malem: j'écrase, il se voit rapproché du sanscrit mṛņāti : il écrase, mūrņáḥ: écrasé.
Deux autres rapprochements culturellement intéressants:
1. Mōlēs : masse, et spécialement «masse de pierre», môle, chose écrasante en général, d'où le sens de «difficulté écrasante, fardeau», ou encore de «colosse, chose gigantesque» et son verbe mōlior: déplacer. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais pour moi tout de suite surgit l'image de Sisyphe.
2. irlandais iomolt (= immolātiō : immoler) qui fait se lever deux images, la première celle d'un style de sacrifice hindou qu'on trouve dans certains films des années soixante genre Indiana Jones, et qui consiste à faire écraser la tête d'un condamné par un éléphant ; lequel mode d’exécution rappelle encore une autre pratique sacrificielle des cérémonies de deuil de haut personnage, genre vieille matriarche qui consistait en l'enfouissement jusqu'à la tête à l'écart du village d'une victime vivante, les deux se retrouvant ensuite dans la pratique magique que décrit l'orthographe idéographique de «Fu_mu»: fouler aux pieds, et l'autre, mais sans doute par effet de sonore, qui est le Morholt «also called Marhalt, Morold, Marhaus and other variations», de la légende de Tristan et Yseult, mais qui combat par l'épée.
Enfin, l'article de référence évoque de façon tout à fait intéressante ces deux modes de fabrication des farines de céréales que sont le pilon et la pierre à moudre.
Enfin dans l'écriture idéographique de «souillure», on trouve en partie droite la composition utilisée par les XIA pour nommer les «rituels propitiatoires» de février et d'août et qui se compose de la «hache sacrificielle» à laquelle ont été ajouté ultérieurement des pas dont la prononciation (actuelle) paraît un homophone de celle (actuelle) du premier élément, comme, en somme, son écho, ainsi qu'en partie gauche, le pictogramme qui vaut tantôt soit pour «riz sur pied» tantôt pour «le lieu d'exposition/suspension dissuasive d'un cadavre» qui se retrouve également dansl'écriture du mot «paix» où il se combine à la flûte - peut-être bien celle qui se joue près des tertres..., et qui vu à distance devait probablement offrir la même silhouette que celle d'un épi mûr qui penche la tête et qui représentait donc un lieu sacer.
Dans «穢» : souillure, on a donc à droite «歲 actuel : 岁», soit l'année qui a le sens du «retour du rituel propitiatoire», avec ici le sens de«荒蕪»: lieu sauvage, plein de mauvaises herbes (jachère? = Kōbu), et à gauche 禾.
Maintenant des esprits chagrins pourraient s'amuser à préfixer «荒蕪» avec «邪» = JA = qui va de travers....!! Mais bon, on en trouvera toujours pour préférer un mauvais jeu de mots et s'amuser à harceler les gens avec de diverses manières, par exemple en semant des graines de chardon et des orties dans leur jardin, plutôt que de s'intéresser à une analyse sémantique rigoureuse.
Rédigé par : Catherine JACOB@ Claggart (complément) | 06 septembre 2012 à 09:49
Môssieu Bilger,
Comment voulez-vous que les critiques aillent chercher des talents alors qu'il leur est servi des "faiseurs" d'art bien
instructionnés sortant d'écoles hautement qualifiées ?
Leur visibilité de l'art et/ou de la culture reste enfermée dans une sorte de prouesse technique qui singularise untel, unetelle, lequel/laquelle ne rejoignent pas "les désirs et les rêves des autres".
Quand un type comme Millet dit qu'il comprend ce que dit Edgar Morin parlant d'une vision lucide de la politique à envisager pour le pays et dans le même temps trouve
prétextes pour rendre hommage à des faits qui répondraient à une idée (je ne l'insulterai pas en écrivant concept) d'esthétisme l'agréant par un hommage littéraire, il omet de saisir la différence entre individuel et collectif et vraisemblablement ne rejoint ni désir ni rêve d'autrui.
"Amélie voit rouge" propose dans Artension son coup de sang bimensuel dans "pour une traçabilité des produits art contemporain" en décrivant l'intoxication collective liée à la consommation de cet "art contemporain".
Le cinéma ainsi que la littérature devraient également retrouver leur progéniture comportementale.
Rédigé par : calamity jane | 06 septembre 2012 à 08:31
« Ça va? j'ai pu me faire comprendre de vous sans quelque relent d'obscurité d'arrière fagot? »
Je pense avoir vaguement compris, encore qu’il était possible de l’exprimer plus simplement.
Audiard disait « C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ». Mais je pense qu’il en est de même chez certains autres corps de métier.
En fait, il me semble que la précaution apportée par sbriglia dans « l’expression idiomatique » qu’il a pris soin de modifier, a été motivée par un souci de ne pas heurter la susceptibilité à fleur de peau de certaines communautés, qui désormais font partie intégrante de la population française.
Les adages et dictons français qui, bien souvent, sortent de la nuit des temps, au point que souvent on en a oublié le sens exact, doivent désormais faire l’objet d’une certaine vigilance car vous pouvez très rapidement vous trouver accusé de xénophobie ou d’antisémitisme en les utilisant un peu trop cavalièrement.
Il suffit pour s’en convaincre de lire le tollé provoqué par certaines « petites phrases » lâchées par des personnalités (notamment politiques), pas toujours, il est vrai, en toute innocence, au cours de ces dix dernières années pour s’en convaincre.
L’humour est désormais sous la surveillance d’associations communautaires qui ne laissent rien passer. Ce qui était possible à Coluche et Desproges ne l’est plus aujourd’hui… hélas !
Rédigé par : Achille | 06 septembre 2012 à 07:55
C'est le confort qui tue. Les bâtiments de combat les plus gais sont ceux qui naviguent dans les mers hostiles. Les équipages du golfe de Gascogne ont plus d'imagination artistique que ceux qui traînent dans les mers du sud où il fait bon vivre. Les chants de marins sont plus de Saint-Malo que de Saint-Tropez.
Écrivons court dit-on dans le monde de l'industrie. Ce ne doit pas être le cas ici. Et j'admire la qualité littéraire de nombreux posts, mais ce n'est pas la peine de montrer du mépris pour ceux qui n'ont pas la tête bien pleine.
Je note peu de référence à la culture arabe et ses savants. Cela me confirme dans l'ignorance de l'Occident sur le monde arabe. Le monde asiatique très matérialiste est au fond plus près de nous, l'apologie de la richesse est un point commun entre eux et nous.
Rédigé par : Perplexe-gb | 06 septembre 2012 à 07:53
@ Claggart | 05 septembre 2012 à 20:30
Merci pour cette éclatante démonstration de la redondance cachée de l'expression française broyer du noir.
Rédigé par : Catherine JACOB@ Claggart | 06 septembre 2012 à 07:49
"Broyer des petits noirs", il faut être obsédé par la question d'un statut du Noir comme cagot et y restreindre toute autre acception dudit vocable." écrit, sans ciller, CJ.
Bon sang, Madame Jacob, faut-il que l'humour ait déserté votre cerveau, si même il y a jamais siégé, pour que vous nous échafaudiez de fumeuses et interminables théories sur ce qui n'est qu'une potacherie insignifiante ! (ai-je d'ailleurs écrit ce que vous mentionnez ?...)
Cessez d'illustrer en permanence "la permanence du sérieux, triste nécessité du médiocre" (Véro, pardon, le gâtisme est déjà là !).
Rédigé par : sbriglia@CJ | 06 septembre 2012 à 06:55
@ Savo
Sur Mishima, je me souviens que dans Le Pavillon d'or la noirceur du thé était joliment coupée...
Rédigé par : Alex paulista | 05 septembre 2012 à 20:54
A propos du sanscrit
Je m'étonne que Catherine Jacob trouve "bizarre" que le grec "melas" (noir) s'apparente au sanscrit "malam" (saleté) ; notre experte en japonais, chinois, allemand, et peut-être bientôt en tokharien, semble ignorer que le grec est une langue indo-européenne, et dérive donc naturellement du sanscrit.
Par exemple, la racine sanscrite de "malam" est "mala", qui veut dire "boue", elle-même issue de "mal", qui signifie "broyer", et que l'on retrouve de nos jours dans les verbes :
-mill en anglais
-mahlen en allemand
-malen en néerlandais
-malein en breton
qui ont tous la même signification "moudre".
Cela n'a rien de bizarre, ce n'est que de la linguistique élémentaire.
Rédigé par : Claggart | 05 septembre 2012 à 20:30
""Il a eu le courage de s'éventer de façon sensationnelle, pour masquer son vide sidéral."
...avec un éventail japonais ?
Rédigé par : sbriglia@Savo | 05 septembre 2012 à 17:29"
Il fallait lire "s'éventrer", hara-kiri... Seppuku... mais vous n'avez pas tort, en s'éventant, il nous a pompé l'air...
Rédigé par : Savonarole@sbriglia | 05 septembre 2012 à 18:35
@Savonarole
Mishima a eu le bon goût de se faire hara-kiri ce qui n'est pas rien !
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 05 septembre 2012 à 18:04
@Savonarole@sbriglia | 05 septembre 2012 à 15:45
"@sbriglia
Ne vous formalisez pas, Catherine Jacob a une vision du Japon qui est une quincaillerie d'images d'Epinal... Un souk de Sœurs Maristes.
Wer ihn hat zuerst gerochen, dem ist er aus dem **** gekrochen.
Celui qui l'a senti (dénoncé) le premier, c'est bien de son propre **** à celui-là que le 'P' est sorti !
Rédigé par : Catherine JACOB@Savonarole@sbriglia | 05 septembre 2012 à 17:35
"Il a eu le courage de s'éventer de façon sensationnelle, pour masquer son vide sidéral."
...avec un éventail japonais ?
Ceci dit, je vous trouve sévère sur ce coup : Yourcenar l'admirait, et Marguerite ce n'est pas Christine... Il fut aussi nobélisable, ce qui n'est pas nécessairement un signe de nullité... ni de lisibilité, d'ailleurs.
Rédigé par : sbriglia@Savo | 05 septembre 2012 à 17:29
@ Achille | 05 septembre 2012 à 10:59
"Sans indiscrétion votre langue maternelle c’est le français ou le japonais ?
En fait je m’interroge vu que vous ne pouvez pas faire un commentaire sans faire référence à cette langue."
Dans le post auquel vous faites référence, la transcription était donnée depuis le chinois, pas depuis le japonais. Mais dans le post complémentaire il s'agit effectivement d'une série d'homophones japonais.
Ces exemples sont donnés dans le cadre d'une réflexion sur le lieu d'où vient le sens, chez le locuteur et chez son auditeur et ne sont pas employés spontanément mais de façon didactique à l'appui d'un raisonnement par lequel je voulais simplement démontrer que celui qui entend autre chose que ce que vous dites, l'entend depuis un autre endroit que le lieu commun, avec et sans jeu de mots, de l'élaboration du sens.
Quand il est dit 'noir' dans 'broyer du noir', il est fait référence à la mélancolie (de melas : noir, sombre, triste, funeste, obscur, hérmétique; soit un mot grec apparenté bizarrement au sanscrit malinàh : sale, de malam: saleté; Décidément on n'en sort pas), le rapport de sens pouvant s’interpréter sous le régime du 'deuil' qui veut que dans certaines sociétés antiques, pendant un temps déterminé, celui dit du deuil, on ne se lavât, ni ne se coupât ongles et cheveux.
Pour entendre autre chose, comme ce à quoi sbriglia faisait référence en disant qu'il faisait attention de ne pas, et par ce biais même, indiquait donc ce qu'il y avait à entendre en tant que ne devant pas être entendu dans l'émission du vocable de 'noir' in l'expression de référence, c'est -ouf j'y arrive-, quelque chose comme - on y est presque : 'broyer des petits noirs', il faut être obsédé par la question d'un statut du Noir comme cagot et y restreindre toute autre acception dudit vocable.
D'où la revendication à l'emploi spontané et naturel des expressions idiomatiques de ma langue ou de quelque autre langue, sans être constamment dans la nécessité de surveiller la survenue de quelque mal entendu, de toute façon imprévisible et ingérable, d'où, à mon sens, une forme de terrorisme, de la part tant des ignares que des monomaniaques!
Ma langue maternelle est comme vous vous en doutez le français, mais j'aime bien aller chercher des exemples dans le japonais à l'image des turqueries de Molière dans Le Bourgeois Gentilhomme.
Ça va? j'ai pu me faire comprendre de vous sans quelque relent d'obscurité d'arrière fagot?
Rédigé par : Catherine JACOB@ Achille | 05 septembre 2012 à 17:22
Le plus vulgaire des hommes est un grand artiste dès qu'il mime ses malheurs.
S'il a le coeur serré, comme on dit si bien, vous le voyez étrangler encore sa poitrine avec ses bras, et tendre tous ses muscles les uns contre les autres. Dans l'absence de tout ennemi, il serre les dents, arme sa poitrine, et montre le poing au ciel. Et sachez bien que, même si ces gestes perturbateurs ne se produisent pas au-dehors, il n'en sont pas moins esquissés à l'intérieur du corps immobile, d'où résultent de plus puissants effets encore. On s'étonne quelquefois, quand on ne dort point, de ce que les mêmes pensées, presque toujours désagréables, tournent en rond ; il y a à parier que c'est la mimique esquissée qui les rappelle.
Contre tous les maux de l'ordre moral, et aussi bien contre les maladies à leur commencement, il faut assouplissement et gymnastique; et je crois que presque toujours ce remède suffirait ; mais on n'y pense point.
Alain
16 février 1922
Rédigé par : Alex paulista | 05 septembre 2012 à 16:05
@sbriglia
Ne vous formalisez pas, Catherine Jacob a une vision du Japon qui est une quincaillerie d'images d'Epinal... Un souk de Sœurs Maristes...
Curieusement elle omet de nous parler de Yukio Mishima (三島 由紀夫, Mishima Yukio), de son vrai nom Kimitake Hiraoka (平岡 公威, Hiraoka Kimitake), écrivain japonais... Un gros nullard que l'Occident chrétien a porté aux nues. Notamment Marguerite Duras et Libération, c'est vous dire... Belle gueule, icône des photographes, ventre en forme de tablette de chocolat, il n'a pas résisté à sa propre nullité. Il a eu le courage de s'éventrer de façon sensationnelle, pour masquer son vide sidéral.
Il n'y a pas pire naufrage que lorsqu'un occidental perd sa culture pour en épouser une autre.
Rédigé par : Savonarole@sbriglia | 05 septembre 2012 à 15:45
Oui, évidemment, vous avez raison.
Enfin, pas tout à fait. J’imagine que vous connaissez la maison de Sylvie, à Chantilly. Une des plus belles illustrations du génie français. « Dans ce parc un vallon secret », etc. Si des mécènes présents sur le forum veulent aider l’Institut de France à la mettre en valeur… Passons.
Eh bien, ce qui envoya Théophile de Viau dans ce site enchanteur, c’est - entre autres - le poème suivant :
Phylis, tout est foutu, je meurs de la vérole,
Elle exerce sur moi sa dernière rigueur :
Mon vit baisse la tête et n’a point de vigueur,
Un ulcère puant a gâté ma parole.
J’ai sué trente jours, j’ai vomi de la colle,
Jamais de si grands maux n’eurent tant de longueur,
L’esprit le plus constant fût mort à ma langueur,
Et mon affliction n’a rien qui la console.
Mes amis plus secrets ne m’osent approcher,
Moi-même, en cet état, je ne m’ose toucher :
Phylis le mal me vient de vous avoir… foutue.
Mon Dieu je me repens d’avoir si mal vécu :
Et si votre courroux à ce coup ne me tue,
Je fais vœu désormais de ne foutre qu’en cul.
Juste pour dire que, quand il s’agit de broyer du noir, 1622 vaut bien 2012. Et qu'à mon humble avis, c’est la fadeur, plus que la noirceur, qui donne le ton à l’époque actuelle. Aujourd'hui, le libertinage, c'est DSK : plus gai (quoique) et surtout moins créatif.
Et au moins, Hollando regnante, peut-on publier, sans risquer le bûcher ou la corde, jusqu'aux auteurs que vous citez...
Rédigé par : Boris | 05 septembre 2012 à 14:59
Complément à l'adresse de sbriglia:
De l'homonymie et de la création du sens.
Un grand noir représente une grande tasse de café, un œil au beurre noir n'a rien à voir avec une sauce au beurre blanc. Dans un cas le beurre est du beurre, comme dans la raie au beurre noir d'ailleurs, tandis que dans le premier cas, au fait quelqu'un sait ce qu'est le beurre dans le premier cas qui n'a probablement rien à voir avec le fait de 'manger des yeux'.
Le japonais a encore sur le modèle phonologique du latin Cacō évoqué à propos du billet «la Reine et le Lépreux» , des dénominations aussi diverses que
1. KAKŌ: 書こう: écrivons
2. KAKŌ: 靴工 : le métier de cordonnier- bottier (surtout utilisé en chinois)
3. KAKŌ: 花候: le temps des fleurs
4. KAKŌ: 花香: le parfum des fleurs
5. KAKŌ: 仮構:le chimérique
6. KAKŌ: 下行: la descente
7. KAKŌ: 下降: la régression
8. KAKŌ: 火口: le cratère volcanique
9. KAKŌ: 火工: charger, mise à feu, le fait de bourrer la gueule d'une arme à feu et le spécialiste en la matière
10. KAKŌ: 火光: lueur du feu
11. KAKŌ: 火攻: marquer au fer rouge
12. KAKŌ: 加工: la fabrication
13. KAKŌ: 加功: être complice d'un crime
14. KAKŌ: 花梗: pédoncule
15. KAKŌ: 河口: embouchure d'un fleuve
16. KAKŌ: 河工:ouvrage fluvial
17. KAKŌ: 河公: Le Fleuve en tant que divinité
18. KAKŌ: 河港: port fluvial
19. KAKŌ: 架構: structure d'un bâtiment
20. KAKŌ: 華甲: soixante ans (achèvement d'un cycle de)
21. KAKŌ: 華構: architecture luxuriante
22. KAKŌ: 嘉幸: évènement heureux; bon augure ( prénom style : Dieudonné )
23. KAKŌ: 歌行: ex. Dans la troupe y'a pas de jambe de bois // y'a des nouilles mais ça ne se voit pas // La meilleure façon de marcher // c'est encore la notre // c'est de mettre un pied devant l'autre // et d'recommencer.
24. KAKŌ: 歌稿 : premier jet, brouillon, d'une chanson
25. KAKŌ: 稼行: mine en activité
26. KAKŌ: 嘉肴: poisson à la chair succulente dont on dit que qui n'en a encore jamais goûté ne saurait imaginer à quel point c'est exquis.
27. KAKŌ: 嘉興: Jiaxing, nom d'une ville chinoise fluviale dont le nom remonte à l'époque des trois royaumes et qui comptait 767000 habitants en 1995. Elle se situe dans la province côtière du Zhejiang . En proviendrait une grande partie des immigrés chinois en France.
28. KAKŌ: 課口: la population masculine active soumise à l'impôt sur le riz, le sel, le drap etc. selon le ritsuryō - soit de 17 à 65 ans.
29. KAKO_U: 囲う: encercler, enfouir.
Enfin, en Vendée on appelle les cagots, des coquets qui désignent également les gens du voyage.
En japonais la coquetterie c'est 媚態 (BI_TAI) l'un des concepts de l'ouvrage de KUKI ( qui n'est pas KŪKI), IKI NO KÔZÔ (La Structure de l’iki ), et où BI s'écrit avec ce caractère. Et celui qui a une coquetterie de l’œil ne vous fait pas nécessairement de l’œil! Soyons sensés!
Quel lien entre tous ces mots? A priori aucun si ce n'est, pour la plupart, l'oreille japonaise à l'écoute de leur prononciation chinoise du 9ème siècle!
Voilà. Alors comment s'en sortir autrement qu'à l'écrit? Tout simplement par le contexte.
Tout comme si vous commandez un grand noir à la terrasse d'un café parisien, le garçon de café n'ira pas vous chercher le Jacob de la Cage aux Folles! Enfin, en principe, vu que de nos jours tout arrive, même le fait qu'un magistrat ignore la différence entre un décret et une loi, ou encore statue sur la base d'articles abrogés depuis plus de dix ans et même lit des signes dans le public ou dans le noir de la robe des avocats?!!!
Rédigé par : Catherine JACOB@sbriglia - complément - | 05 septembre 2012 à 12:11
"Pardon PB, il n'y a pas d'autre mot que celui-là qui par ailleurs fait injure à son modèle"
Il est vrai, CJ, que le premier n'a alors ni la saveur ni la profondeur du second.
En réalité peut-être que l'on verrait plus la vie en rose si on utilisait quelques nègres en littérature ; on se taperait moins les errances d'angoisse-Angot qui rentabilise les assauts de son paternel et qui, avec les Despentes et les Millet (Catherine), finirait par me faire préférer la sodomie (ça vous va comme ça, CJ ?)...
Rédigé par : sbriglia@CJ | 05 septembre 2012 à 11:19
Il fut un temps où l’art était la manière de libérer l’âme et d’élever les esprits par le beau – suressence du bien.
C’était celui où Albert de Grand, Eckhart et plus tard le cardinal de Cues songeaient à Kronos qui, rejoignant Mnémosyne, donna naissance aux muses, mais encore à la fin du 19ème avec par exemple le tableau de Gustave Moreau « Hésiode et la Muse ».
Malheureusement, aujourd’hui, nous voyons ici des gens cultivés parler de l’art sans prononcer seulement le mot « beau ». L’acculturation a érigé sa culture de l’ignorance en art, pour en arriver à la laideur érigée en beau par le diable, telles les colonnes de Buren.
Fort heureusement, le talent va souvent à l’encontre de la culture - et ici même - pour produire du beau.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 septembre 2012 à 11:19
@ Catherine Jacob
« Craindre d'utiliser sa propre langue innocemment représente, à mon sens, une sorte de terrorisme intellectuel insupportable. »
Sans indiscrétion votre langue maternelle c’est le français ou le japonais ?
En fait je m’interroge vu que vous ne pouvez pas faire un commentaire sans faire référence à cette langue.
Rédigé par : Achille | 05 septembre 2012 à 10:59
@sbriglia | 04 septembre 2012 à 14:47
"vous cesserez de broyer du... sombre (je fais attention !...)"
Le noir est l'une des deux absences de couleur. C'est l'inverse du blanc et du noir au blanc et inversement toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
Et comme l'enseigne la représentation symbolique de la théorie du Yin (陰//noir//vie//les Ombres de la Terre) et du Yang ( 陽//blanc//mort//les Esprits de l'Air), le taijitu, il y a de l'Autre dans chacun d'eux.
Par conséquent dès lors que, selon l'expression consacrée - et que vous n'allez pas refondre dans le sombre qui ne serait en tout état de cause que du Yin dégradé tout en représentant une violation du langage patrimoine commun - , vous 'broyez du noir', nécessairement, vous 'broyez du blanc'!
Craindre d'utiliser sa propre langue innocemment représente, à mon sens, une sorte de terrorisme intellectuel insupportable. Exit une bonne fois pour toutes les petits esprits et les intelligences moyennes !
C'est comme en ce qui concerne les enfants qui sont le sel de la vie. Craindre de sourire à la vue d'un petit bout chou trognon (... de pomme ?), de peur de voir les parents, ou mieux - ou pire -, les voisins se précipiter sur le téléphone du parquet pour signaler un(e) pédophile ! C'est absurde et, sans compter là aussi une forme de terrorisme qui en dit bien plus long sur les tendances secrètes de ses auteurs que sur le danger dénoncé, c'est très mauvais pour le vivre ensemble dont les petits des hommes ont besoin pour se développer sans trop risquer de devenir eux aussi des sociopathes !
Non seulement les gens sont paranos, mythomanes, affabulateurs, crédules, maniaques, cagots etc. mais ce sont des C..s ! Pardon PB, il n'y a pas d'autre mot que celui-là qui par ailleurs fait injure à son modèle, disons alors des BOEUFS ! Qui plus est, des C..s et des BOEUFS DANGEREUX, des vraies charrettes, des cuistres innommables, comme tous ceux de leur espèce d'ailleurs !
Parlons donc notre langue tout simplement et contentons nous d'un pied de nez au pieds nicke...les !
Rédigé par : Catherine JACOB@sbriglia | 05 septembre 2012 à 10:06
Bien d'accord avec M. Bilger, toutefois il manque un thème assez délicat, car il met en cause nos enfants (j'en ai trois, entre 25 et 30 ans).
On ne peut le dire que du bout des lèvres, afin de ne vexer personne, mais nous sommes bien devant un fossé générationnel. Une sorte de "generation gap", comme disent les Anglo-Saxons. Le point mort, comme dit l'automobiliste, l'encéphalogramme plat, comme dit le chirurgien.
Curieusement le Wikipedia version anglaise illustre sa définition du "generation gap" entre les fifties et les sixties, par deux chansons : "Times they are a-changing" de Bob Dylan, et le tonitruant "My generation" des Who.
C'est sur fond de guerres ou de crises sociales monumentales que la créativité apparaît soudain, comme pour nous distraire du malheur. En France, après les 30 Glorieuses on a eu Sheila et les Gendarmes de Saint-Tropez. C'est logique, on n'a pas souffert.
Où sont nos trentenaires créatifs d'aujourd'hui ? Dans ce que Marcel Aymé appelait "Le Confort Intellectuel". Ils y baignent.
Des "angry young men", les jeunes hommes en colère, on est passé aux "Petits mouchoirs", à "Friends"... C'est pas bézef...
Seule une guerre mondiale et quelques millions de morts pourrait permettre une régénération de notre cinéma, musique et littérature. Quand il s'agit de culture il ne faut pas mégoter sur les moyens.
Rédigé par : Savonarole | 05 septembre 2012 à 07:46
Cher Philippe,
C'est parce qu'il faut marcher, respirer, regarder le ciel, songer fortement que ce rayon de soleil qui vient sur votre peau est parti depuis huit minutes. Que ce petit nuage tout là-bas vous l'aviez croisé dans ce tableau, dans ce vieux musée et que vous n'aviez pas bien compris cette sensation d'espoir ou cette esquisse de voyage qu'il vous apportait. C'est parce que vous avez toujours rêvé de frôler cette paperolle, ce vieux parchemin et que vous ne savez plus si vous pouvez entretenir ce rêve fou. Parce que vous ne connaissez pas cette urgence du temps qui vous pousse, qui vous assaille, parce que vous n'avez pas le temps de relire tous ces passages délicieux, ces pépites que vous avez croisés. Oui la vie est dure avec des moments de pur délice.
Il y a plein de personnes géniales partout.
Vous ne savez plus les voir, comme certains critiques qui ont le déshonneur de tourner en rond, d'attendre des créateurs de remakes, des productions très commerciales.
Le cinéma d'auteur se fait trop rare. Le livre est devenu un produit dont il est de bon ton de parler parfois sans l'avoir lu.
De pseudo-philosophes prétendent avoir lu des oeuvres entières, alors que des chercheurs continuent de chercher dans plusieurs langues le sens subtil des échelles d'Eros et de Thanatos, leur vie entière, de l'ardoise magique. Redevenez enfant, tout petit, nous vous prions et retrouvez toute la fraîcheur de vos pourquoi, pourquoi et pourquoi. Retrouvez les ombres des grottes, les premières peintures rupestres, les premiers codages, les premières légendes, les premières fresques, les contes enfantins ou libertins.
La récréation est infinie et seuls les décideurs ont la fantaisie en berne.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 05 septembre 2012 à 02:09
Quelques classiques de la noire déprime :
"L'expiation", Victor Hugo
"L'oubli", José-Maria de Heredia
"Une charogne", Baudelaire
Christine Angot ?
Une gaie luronne à côté de ces bonnes vieilles lectures !
Rédigé par : RF | 05 septembre 2012 à 01:49
J'ai deviné !
Votre fils va appeler son roman : "Cumulonimbus".
Rappelez-vous une chose, au-dessus des nuages il fait beau LOL
Rédigé par : RF @ âme-haut dans les nuages | 04 septembre 2012 à 23:20
La société tout entière broie du noir.
Et tel qui se prenait pour Crocodile Dundee en revenant de vacances se retrouve en garde à vue :
http://www.legorafi.fr/2012/09/03/trop-souriant-dans-le-metro-il-finit-en-garde-a-vue/
Sinon mon plus jeune fils s'essaye au roman. J'ai lu plusieurs chapitres de son ébauche.
Noire.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 04 septembre 2012 à 22:35
"Il faudrait créer une chaire pour l'enseignement de la lecture entre les lignes", suggérait Léon Bloy.
La vacuité de l’art est peut-être de ne pas nous offrir à voir, entendre ou lire entre les lignes ; c'est pourtant là qu'il réside, dans cet infime entre-deux où un peu d'indicible parvient à s'exprimer.
On est a contrario plus souvent, mais probablement de tout temps, dans l'étalage, une culture hors-sol dispensée de labours, la lumière d'un linéaire conférant au fruit sa saveur.
Puis le temps fera son œuvre, implacable.
Rédigé par : MS | 04 septembre 2012 à 20:30
Et si on revenait aux fondamentaux ?
Carpe Diem !
Surtout que les sympathiques Mayas nous annoncent un 21 décembre 2012 qui va décoiffer !!!
Rédigé par : Tipaza | 04 septembre 2012 à 19:13
J'avais lu hier ce dossier du Figaro sur la déprime de la culture française. Je serais ravie de trouver quelqu'un qui sache m'expliquer, de manière simple et compréhensible, ce qu'est la quintessence distinctive de la culture française. Si j'en crois le sous-titre du l'enquête, il s'agit de la fantaisie (cf "la fantaisie française serait-elle morte ?").
Rédigé par : FC | 04 septembre 2012 à 19:00
Moi y en a beaucoup aimé ce billet de buana Bilger.
Les Anglais ont traité ce douloureux problème dès les années 60.
C'était l'époque du "Kitchen sink" cinéma, venant d'oeuvres littéraires.
Mais les Anglais en ont fait de l'or... (kitchen sink = évier de cuisine...)
- "La solitude du coureur de fond" avec Tom Courtenay.
- "Saturday Night and Sunday Morning" avec Albert Finney.
Quand un prolo anglais parle prolo, ça sonne juste.
Quand un bourgeois de gauche français s'extasie devant le gauchisme de Marion Cotillard, c'est un drame, un naufrage culturel.
Rédigé par : Savonarole | 04 septembre 2012 à 18:24
J'ai toujours pensé que l'optimisme était un état d'esprit qui servait soit à se voiler la face, soit induit par un manque de subtilité, de finesse voire même d'intelligence pour appréhender ou prévoir les choses dans leur réalité.
Certaines périodes de l'Histoire : années 70 par exemple, les gens étaient plus optimistes mais à notre époque, quelles seraient les raisons qui nous porteraient à l'optimisme ?
Rédigé par : Michelle D.Leroy | 04 septembre 2012 à 18:19
Il est exact que "ce n'est pas d'aujourd'hui que notre culture a le blues".
Dans ' Le Barbier de Séville ', Acte I, scène III, le vieux Bartholo converse avec Rosine, sa pupille :
Bartholo
Qu'est-ce que ' La précaution inutile ' ?
Rosine
C'est une comédie nouvelle.
Bartholo
Quelque drame, encore, quelque sottise d'un nouveau genre.
Rosine
Je n'en sais rien.
Bartholo
Euh, euh les journaux et les autorités nous en feront raison. Siècle barbare !...
Rosine
Vous injuriez toujours notre pauvre siècle.
Bartholo
Pardon de la liberté ! Qu'a-t-il produit pour qu'on le loue ? Sottises de toute espèce : la liberté de penser, l'attraction, l'électricité, le tolérantisme, l'inoculation, le quinquina, l'Encyclopédie et les drames...
Rédigé par : Yves | 04 septembre 2012 à 16:57