Dès l'annonce de l'assassinat de Me Antoine Sollacaro, j'ai perçu à quel point cette tragédie constituait à la fois une horreur nationale et un drame corse.
Atteinte impardonnable à l'Etat de droit et à l'incarnation éclatante qu'en est l'avocat, comme l'a justement souligné le ministre de l'Intérieur, ce crime émeut toutes les consciences, j'en suis persuadé, et suscite l'effroi devant la manifestation d'une violence homicide qui ne s'assigne plus de limites. On l'a dit, en particulier le bâtonnier Mattei, hier encore des institutions, des fonctions étaient protégées des assauts odieux parce qu'ayant en partage le bien public, les valeurs fondamentales d'une République, elles bénéficiaient d'une sorte d'immunité civilisée (Le Monde, Le Parisien , Le Figaro). Elles échappaient au sort commun de la banalisation par l'agression, par le crime.
Un avocat qu'on assassine au matin, froidement, c'est la justice aussi qui est touchée en plein coeur.
En même temps, ayant eu le privilège de requérir au moins à deux reprises devant une défense exclusivement composée d'avocats corses, j'ai ressenti d'abord à quel point il était gratifiant intellectuellement et judiciairement de le faire parce qu'en dépit d'insinuations et de préjugés, rien n'est plus proche d'un bon avocat qu'un bon avocat corse. La loyauté, l'honnêteté, la conviction et la recherche de la vérité me sont apparues comme un ciment commun et, à dire le vrai, magistrat, dans ces atmosphères et ces procès, je n'ai jamais douté de ma sûreté pendant les débats ou craint pour elle ensuite.
Me Antoine Sollacaro, à l'évidence, n'avait pas la même conception de l'audience que celle de ses confrères. Par exemple, il était aux antipodes de celle de son ami, Me Pascal Garbarini, ou de celle de Me Dupond-Moretti qui pourtant n'est pas précisément un suave dans son comportement judiciaire. J'ai pu remarquer ces différences aussi bien grâce à ma propre expérience qu'indirectement, en assistant à des fragments de procès médiatiques où la victime questionnait et plaidait dans une équipe soudée ou non.
Techniquement, avec l'oeil et l'oreille du spécialiste, mon premier mouvement était d'admettre que non seulement je ne me trouvais pas en face d'un avocat classique mais que, plus encore, Me Sollacaro n'était pas à proprement parler un avocat au sens où je l'entendais : une personnalité capable d'aller loin, mais jamais trop loin, pour ne pas tout perdre. Militant, combattant, la parole, à tort ou à raison, lui servait d'arme qu'il maniait sans prudence, sans peur. Désirait-il convaincre autrui, notamment les magistrats qu'il n'hésitait pas à rudoyer, à offenser - toutes ses indignations et ses colères n'étaient pas absurdes - ou était-il possédé par une telle rage de convaincre qu'elle lui suffisait, d'une certaine manière ? Il lançait ses arguments, ses dénonciations, ses démonstrations comme autant de boulets de canon, de rhétorique dont, d'abord, on tentait de se protéger.
Mais si, après tout, c'était aussi cela, défendre ? S'il y avait mille bonnes façons, toutes différentes, de défendre mais une seule mauvaise ? Si cette tornade, presque cette violence, dont on percevait qu'elles ne se rapportaient pas à son caractère mais à sa passion de détruire les évidences adverses, représentaient la méthode qui lui convenait ? et qui au-delà d'une quelconque tactique - discipliner Me Sollacaro en le faisant se plier à un esprit de groupe relevait de l'inconcevable, il suffisait de voir cette plénitude d'être et cette liberté en mouvement ! - fonçait dans le bloc à convaincre comme dans le tas, et au fond ne s'attachait qu'à l'exigence de "passer" qui obscurément était de "casser". La réussite venait quand le conseil et sa vigueur, sa ferveur et son talent prenaient le pas sur le nationaliste et pouvaient être entendus et acceptés par toutes les intelligences et sensibilités.
Horreur nationale et drame corse. Non pas que je tienne à opposer le continent à la Corse mais j'ose tout de même, devant les réalités belles ou sombres de cette île que j'aime, adopter une posture de réserve et de discrétion. Il y a des secrets qui nous demeureront à jamais interdits, et je le crains aussi, aux enquêteurs et aux magistrats.
Il y a des afflictions, des compassions et des solidarités authentiques mais, probablement aussi, des hypocrisies et des aigreurs masquées.
Il est vain de chercher, pour nous qui sommes à Paris, les mobiles possibles, plausibles de ce crime. Un plaideur mécontent, une vengeance politique, un ressentiment de longue date, des lignées antagonistes sans fin à cause de la réciprocité du sang versé, des affaires immobilières puisque Me Sollacaro semblait s'intéresser à ce secteur, un épisode, une broutille culminant en haine et suscitant cette mort atroce ?
Il serait sot d'aborder la Corse compliquée avec des idées simples. Mais je prends le risque de m'aventurer sur un sujet sensible.
Quand BFM TV m'a appris l'assassinat et m'a demandé une réaction, j'ai été atterré mais tout au fond de ma tête, pas stupéfié d'étonnement. L'homme, l'avocat, le citoyen Sollacaro ne se laissaient pas oublier. Trop de force, trop de courage, l'ambiguïté n'était pas son genre, on ne pouvait pas faire comme s'il n'existait pas. Il gênait sans doute dans tous les sens du terme. On m'aurait informé de la disparition d'une multitude d'avocats que je n'aurais même pas, un millième de seconde, relié l'odieux du crime à la nature de ces personnalités.
Avec Me Sollacaro, on a certes assassiné une robe mais aussi, dans cette Corse à la fois magique et incompréhensible, un être dont la vie débordait et qu'il fallait réduire à rien, au silence.
Et une voix.
"Enfin, il ne faut pas se plaindre, vous avez reconnu l'existence d'égarés dans l'Eglise."
Boris le 21 à 12h08.
Que se passe-t-il, cher Boris ?
Vous nous annoncez sans la moindre fumée blanche que X. Nebout (que si on le chauffe) aurait reconnu une once de tort envers notre sainte mère l'église catholique et apostolique (et drolatique parfois) ?
Voulez-vous suggérer par là qu'il aurait fumé un missel entier, couverture comprise ?
Si cela lui rend l'esprit - pas au sens où il l'entend - sain, je veux bien lui envoyer le mien, dois en avoir encore un quelque part, un qui a très peu servi.
AO qui aime beaucoup les églises quand les Nebout de tout poil n'y versent point leurs glaciales paroles d'inquisiteur d'opérette. Lire à ce propos, les passages dédiés du "roman d'un enfant" de P. Loti, c'est autrement mieux écrit que les testaments ancien et nouveau et autrement plus chargé de mysticisme.
Rédigé par : oursivi | 24 octobre 2012 à 17:25
"Dupond-Moretti", céti pas corse, comme nom* ?
AO
* quoique "patronyme" sonne plus Tony truand.
Rédigé par : oursivi | 24 octobre 2012 à 17:04
L'Histoire retiendra que c'est le premier Corse abattu alors qu'il se rendait à son travail, à l'aube, vers les neuf heures du matin, c'est ce qui m'a le plus ému.
Rédigé par : Savonarole | 24 octobre 2012 à 16:11
Mon cher Jean-Dominique,
Vous m'épaterez toujours.
"Ils ne savent pas résoudre leurs contentieux autrement, c'est comme la corrida, laissons faire ces traditions séculaires, fussent-elles sanglantes."
Je vous conseille d'ouvrir un blog : "Justice au séculaire".
Sérieusement j'espère que vous ne pensez pas ce que vous avez écrit, sinon c'est grave. Sauf votre respect, mon cher JDR, ce type de raisonnement est aussi tordu que celui qui consiste à plaider pour la dépénalisation du cannabis au motif que la répression est inefficace et non dissuasive.
Et c'est exactement comme s'il fallait supprimer l'examen du permis de conduire au motif que des chauffards roulent sans permis.
Par pitié, Jean-Dominique, reprenez-vous, ne donnons pas raison aux tordus !
Rédigé par : RF | 22 octobre 2012 à 15:00
Paix à son âme.
Depuis le 6 février 1998, plus rien ne m'étonne provenant de cette île maudite. Lorsqu'on est capable d'abattre un préfet qui, rappelons-le, n'est pas moins que le représentant de l'Etat, on est capable de tout. Pour ceux qui considèrent que la vie est aussi précieuse qu'une balle de 9mm, abattre un préfet, un gendarme, un avocat ou un simple quidam, c'est du pareil au même.
Les Corses ont de la chance que leur île présente un intérêt géostratégique, sinon bye bye, on devrait pouvoir couper le cordon assez facilement et exaucer le voeu d'indépendance cher à feu Me Antoine Sollacaro... pour solde de tout compte.
Vive la République et vive la France !
Rédigé par : RF | 22 octobre 2012 à 10:53
Que m'inspire l'exécution de cet homme ? Un dialogue savoureux extrait du film "Les vieux de la vieille" quand le ronchon Baptiste Talon s'adresse au chauffeur de bus : "Dans la vie, il faut toujours se fier aux apparences. Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canards, c’est un canard".
C’est vrai aussi pour les voyous.
Rédigé par : Celtibère | 22 octobre 2012 à 09:12
La Corse ? Ingouvernable. Trop de complicités internes à l'île, actives ou passives. Parmi ceux qui s'indignent de la violence en Corse, qui manifestent et défilent en silence, combien sont eux-mêmes des activistes armés ? Quelle hypocrisie ! "En Corse, il y a plus de fusils que de vaches", a témoigné un habitant sur France 2 dimanche soir (21 octobre). C'est tout dire... Ce territoire est impossible à maîtriser. La vengeance fait partie de sa personnalité depuis trop longtemps.
Rédigé par : Jean | 22 octobre 2012 à 08:14
@ Xavier Nebout
Calamitas, calamitatum, féminin, malheur, désastre.
Désolé si ça vous dérange, mais Abélard a choisi ce titre. C'est un plaisir de vous ranger parmi les gens qu'il embête, aux côtés de Bernard de Clairvaux, excusez du peu...
Praeterea, non sine magna admiratione video eum cui placet tridentina missa studium linguae latinae discendae contemnere… Notez, je m'étonne facilement !
Sinon, pour les anecdotes sur l'Eglise, ce n'est pas ma faute si elles concernent parfois le chevalier de la Barre, Giordano Bruno, Etienne Dolet ou la ville de Béziers en bloc...
Et je ne suis pas sûr que les tentatives d'explication de l'indicible ne sentent pas leur fagot...
Enfin, il ne faut pas se plaindre, vous avez reconnu l'existence d'égarés dans l'Eglise. Une catégorie bien utile pour placer Monseigneur Mayol de Lupé, mais un peu insuffisante pour Miroslav Filipović.
Rédigé par : Boris | 21 octobre 2012 à 12:08
Boris,
Pas calamitatum, mais calamitosum.
Si vous voulez vous la péter avec le latin, vous avez le traducteur de Google.
Pour quelques égarés - à supposer qu'ils l'aient été -, combien de saints hommes qui ont voué leur vie au salut des autres ?
Il est plus facile de bouquiner l'histoire de l'Eglise que d'en étudier les fondements, et encore plus facile de la casser avec des anecdotes que de tenter d'expliquer l'indicible.
Vous vous êtes assigné une bien triste tâche.
Rédigé par : Xavier NEBOUT@Boris | 21 octobre 2012 à 07:38
Les confrères et la famille d'Antoine Sollacaro s'indignent de la saisine de la JIRS (juridictions inter-régionales spécialisées). Ils y voient déjà un "jugement" sur la personnalité de la victime. Ils demandent son dessaisissement. Les avocats corses ont été sensibles à vos compliments. Civilistes, pénalistes... J'y ajoute l'avocat aux conseils qui a bousculé pas mal de principes que l'on croyait immuables. Vous citez deux d'entre eux. Leur corsitude, génétiquement parlant, est de 50% pour l'un et de 0% pour l'autre. Qu'ils se sentent plus "corses" que "basques" leur confère peut-être une pugnacité et une obligation de résultat qui transcendent l'ordinaire de la profession. C'est tant mieux pour leurs clients.
Rédigé par : solomas | 20 octobre 2012 à 13:03
@ Xavier NEBOUT
Pour les moeurs ecclésiastiques du XIIème siècle, l'Historia calamitatum d'Abélard est éclairante : sans même tenir compte des procédés radicaux du Chanoine Fulbert, ceux du révérendissime Guillaume de Champeaux sont rien moins que charitables et libérateurs... Pour le XIIIème siècle et le bas-clergé, vous avez les visites de l'archevêque Eudes Rigaud en Normandie, qui ne sont pas piquées des vers non plus.
En ce qui concerne la mentalité du bas-peuple, et son athéisme récurrent - pas majoritaire, je vous le concède -, les sentences de Jacques Fournier sont tout aussi décisives, au moins pour Montaillou : dans les années 1320, mais sans doute bien avant.
Bref, la décadence intellectuelle vient de loin ! De Gerbert d'Aurillac ? D'Origène ? De Saint-Thomas, qui a toujours voulu vérifier ? Allez savoir... Væ eis qui multa curiosa ab hominibus inquirunt : et de via mihi serviendi parum curant. A ce compte, il faudrait mettre le blog à l'index...
Rédigé par : Boris | 20 octobre 2012 à 11:31
Relisez Colomba de Prosper Mérimée ...
En deux mois passés en Corse il avait tout compris et entendu dès 1840.
La Corse est un ailleurs où un père peut tuer son fils, enfant, parce qu'il a "déshonoré" la famille...
Fermez le pan !
Rédigé par : lafleur | 20 octobre 2012 à 07:50
Cher Philippe,
Nous avons cherché les mots.
Nous n'avons pas trouvé les mots.
Parce que c'est trop grave, beaucoup trop grave.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 20 octobre 2012 à 04:51
Boris,
Le Moyen Age finissant du temps de Cauchon est bien loin de celui du XIIème qui a marqué l’apogée spirituelle de la civilisation occidentale.
L'Eglise fut victime de son succès et de l’expansion démographique. On dut former des prêtres à la chaîne, et ceux-ci étaient souvent ignorants de la mystique et donc du fond de tout. Le Dieu des petites paroisses devint une sorte de père Noël, d’où l’inexorable ascension de l'athéisme.
Ici réside le problème essentiel de la culture depuis cette époque jusqu'à nos jours. Les arts libéraux du Moyen Age servaient à libérer l’esprit. Or, combien depuis l’ont-ils au contraire emprisonné faute d'avoir seulement eu l'idée de s’intéresser aux indissociables origines de l'humanité et de la religion ? Les « lumières » du XVIIIème siècle s’y sont fourvoyées en cœur, et à leur suite tous ceux qui se sont noyés dans leurs « daillades » (mot bordelais) dont émerge parfois une idée pour 1000 pages.
Un illustre idiot pondit la formule "la religion opium du peuple". La boucle était bouclée, car il ne savait pas à quel point il avait raison, et bien peu aujourd'hui le savent en dehors des monastères.
Rédigé par : Xavier NEBOUT@Boris | 19 octobre 2012 à 23:29
En relisant ce billet et ses commentaires on conçoit la difficulté de faire se croiser dans un blog la sphère publique et la sphère privée.
Rédigé par : Alex paulista | 19 octobre 2012 à 23:21
Autrefois certaines fonctions, certains uniformes étaient respectés par tous, les hommes qui les portaient étaient-ils plus respectables donc plus respectés, la société toute entière était-elle plus respectueuse ?
Aujourd'hui on tue un policier dans une sorte de quasi indifférence, avant 1981 c'était pour l'auteur la peine capitale prononcée et exécutée, on assassine un préfet de la République, on agresse un médecin, un pharmacien, un enseignant, un avocat pour ce qu'il représente, pour sa différence ?
Ce nouvel assassinat m'a fait penser à celui du Père Jerzy Popieluszko, jeune polonais aumônier de Solidarnosc qui a été torturé puis "exécuté" sous Jaruzelski, pour ce qu'il était. Le commanditaire n'a jamais été identifié, les assassins ont été condamnés à de lourdes peines de prison, puis ont bénéficié d'importantes remises de peine... et certains vivent toujours en Pologne, comme des repentis sous des noms d'emprunt.
Certains coms indiquent que ce n'est peut-être pas l'avocat qui a été assassiné, mais l'homme... Je comprends cette subtilité... qui m'échappe quand même un tantinet, on a la gâchette facile en Corse, mais la cible est toujours bien identifiée.
Rédigé par : Pietri S | 19 octobre 2012 à 17:32
Oui, c'est pour le moins inquiétant. On s'imagine que l'avocat bénéficie d'une protection due à sa fonction... ce n'est visiblement pas le cas en Corse.
@ Xavier Nebout
Je vous conseille la biographie de Pierre Cauchon par Favier. L'ayant croisé deux ou trois fois, je peux vous assurer qu'il n'est pas de gauche. Puisse une telle lecture vous éclairer sur les mentalités des clercs et des universitaires médiévaux... qui ne se distinguent pas forcément des nôtres.
Rédigé par : Boris | 19 octobre 2012 à 17:11
@ Petite plume perdue
Personne ne "mérite" d'être assassiné ni tué.
Votre peine et votre douleur doivent être immenses, à l'image de celles de la famille Erignac, qui a dit en son temps à quel point elle aimait l'homme, le père, le mari, le compagnon de route ...
J'espère que les Corses, et peut-être en particulier les femmes, ont la même compassion digne pour toutes les souffrances de cette nature, de quelque bord qu'elles soient.
Je ne connais pas les raisons qui vous conduisent à écrire ici votre peine sous anonymat. Je les respecte, en espérant que ce n'est pas la peur qui vous retient.
Si tel est le cas, le terrorisme a gagné, d'où qu'il vienne.
Rédigé par : Françoise Coupat | 19 octobre 2012 à 15:14
Les qualités exceptionnelles de Me Sollacaro n'ont compté pour rien dans son destin au regard de son statut corse. Les cimetières de Corse sont remplis de gens de grande intelligence, vifs, singuliers et assassinés. Il y a forcément un Corse qui veut assassiner un autre Corse, votre tour arrive ou pas en fonction de l'ordre de passage dans le continuum des assassinats. Si votre assassin putatif se fait descendre avant de vous avoir fait la peau, cela vous laisse un répit jusqu'à ce qu'un autre Corse estime nécessaire de vous faire disparaître pour des motifs inverses au premier candidat. Sachant que toute personnalité d'envergure en Corse est en délicatesse partielle ou totale tant avec la loi qu'avec les hors-la-loi, une axiome quasi-scientifique peut être avancé selon lequel un équilibre fragile se maintient tant qu'il y a autant de Magnum 357 pointés dans une direction que de Beretta pointés dans l'autre. Mieux vaut ne pas trébucher dans la rue, égarer son pétard à la boulangerie ou omettre de le recharger à côté du téléphone car l'équilibre serait rompu et une réaction en chaîne entraînerait l'élimination successive de plusieurs éléments jusqu'au rétablissement de l'équilibre. C'est nucléaire, on n'y peut rien.
Je galège mais que peut-on faire d'autre ? Il y a une famille dans le deuil mais c'est une famille corse, elle est préparée à cela, c'est dans le programme. Ils ne savent pas résoudre leurs contentieux autrement, c'est comme la corrida, laissons faire ces traditions séculaires, fussent-elles sanglantes.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 19 octobre 2012 à 14:35
Il est étrange que cette société malade ne s'interroge pas sur la maladie qui la ronge, et plus étrange encore de ne pas en voir les progrès.
Pourquoi cela est-il possible ? Et puisque la robe n'est plus respectée, et puisque l'on répugne à en chercher la cause, peut-être serait-il intéressant d'aller voir ce film des frères Taviani, "César doit mourir"... Les pénalistes doivent réfléchir à la limite qu'il convient de ne pas franchir. Quelle limite me direz-vous ? Justement tout le problème est là... Toi aussi mon fils !
Rédigé par : duventdanslesvoiles | 19 octobre 2012 à 09:54
Dérive extra-lucide : la robe n'a rien eu puisqu'il a été assassiné en civil dans une station-service en allant chercher son journal à son heure habituelle et avec caméras de surveillance ! Un poème corse ?
Rédigé par : calamityjane | 19 octobre 2012 à 09:30
Ile de beauté ?
Uniquement physique semble-t-il !
N'y a-t-il pas eu des manifestations de femmes disant leur ras-le-bol de ces crimes, vendettas et autre "non enquêtes corses" ?
Marseille, la Corse, le territoire s'étend du permis de se faire justice soi-même...
Rédigé par : calamityjane | 19 octobre 2012 à 08:41
C'est sympathique la Corse.
À la sortie des mariages, il y a toujours un vieil oncle pour dégainer un arsenal à la Al Capone et défourailler en l'air sur le parvis.
Tout le monde sourit, c'est la tradition.
Tradition d'imbéciles.
Rédigé par : Alex paulista | 19 octobre 2012 à 05:28
Tout d'abord, bravo à vous, M. Bilger, pour ce billet, fort bien rédigé, sincère et des plus touchants.
J'aimerais néanmoins réagir à certains commentaires.
Je ne connaissais pas personnellement Antoine Sollacaro, seulement de réputation. Loin de moi l'idée de faire un panégyrique béat de sa personne, mais c'était une personne que je respectais, comme avocat, et même comme militant nationaliste (indépendamment de tout point de vue sur le fond de cet engagement, ce n'est absolument pas la question. Adhérer à un point de vue et respecter une cause sont deux choses qui n'ont strictement rien à voir. Et mon avis n'a aucune importance en l'occurrence).
Si je salue la pertinence et le sens de la nuance de la majorité des commentaires, je suis par contre quelque peu choqué quand je lis certains propos qui laissent entendre qu'après tout, il l'avait un peu cherché, que c'était un avocat du milieu mafieux, que ça lui pendait au nez, etc.
Antoine Sollacaro était, et il ne s'en cachait pas, un des avocats des nationalistes corses : parmi eux, des pourris, des gens de conviction, des bandits, des hommes honnêtes et extrêmement droits, des terroristes, des intellectuels intègres, des hommes du "milieu", des rêveurs, des coupables, mais aussi des innocents... Beaucoup de profils divers, en fait, dans le domaine des autonomistes et des indépendantistes. Indépendamment (sans mauvais jeu de mots) de toute opinion sur son engagement, il serait des plus limité de réduire Sollacaro à un "avocat du milieu". Ce serait faux, et ce serait injuste.
L'indépendantisme et le "milieu" se croisent, se mêlent parfois et même trop souvent, mais ce sont deux choses distinctes, motivées par des raisons différentes (qui peuvent se rejoindre, ou être radicalement contradictoires) et si tous deux induisent souvent des comportement délictuels (voire pire), être l'avocat des militants nationalistes ne revient pas forcément à être l'avocat du milieu mafieux, et sûrement pas à l'être soi-même.
Je ne dis pas que c'est mieux, pire, je dis que c'est différent et que cette "confusion" est une erreur d'analyse.
Je ne sais pas, et il est probable que l'on ne saura pas avant un bon moment qui a tué Antoine Sollacaro.
Comme l'a souligné M. Bilger, les motifs possibles sont nombreux.
En revanche, les clichés de l'avocat corse corrompu tendent à m'ennuyer, voire à m'agacer quelque peu (doux euphémisme). Je n'affirme pas que c'était un agneau blanc, je souligne juste que cette association d'idées est d'une pertinence très discutable.
Mais, outre le fait qu'un meurtre soit évidemment quelque chose d'impossible à justifier, dans quelque cas que ce soit, et qu'il s'agisse d'un drame humain absolu, je tenais juste à rappeler qu'un avocat corse dans une Porsche, ce n'est pas forcément un pourri qui vit sur le fil du rasoir.
Rédigé par : Wolf | 19 octobre 2012 à 00:52
Au-delà de toute considération politique sur les raisons de cet assassinat, de ce drame corse comme vous le percevez, il n’en reste pas moins que nous sommes une famille anéantie, effondrée par la lâcheté de cet acte. Notre souffrance est immense. Il était un homme droit, remarquablement humain, d’une grande générosité de coeur, si simple dans sa vie auprès de ses proches. Il avait une route vers la vie devant, vilement percutée en plein vol par l’ombre de la vengeance abjecte et injustifiable sous cette forme d’exécution sommaire.
Parce que cette atrocité me touche de très près, je vous remercie Maître Bilger pour la dignité dont vous faites preuve dans cet article que vous consacrez à Antoine.
***
Rédigé par : petite plume perdue... | 19 octobre 2012 à 00:03
Oui, on a probablement perdu un très bon avocat. Avant lui, on avait lâchement assassiné un préfet qui avait d’immenses qualités et qui était très apprécié.
Rédigé par : jack | 18 octobre 2012 à 23:48
Condoléances, cher monsieur Bilger, la justice, votre grande famille, est atteinte par ce crime odieux.
Il est encore trop tôt pour privilégier telle ou telle piste, grand banditisme, affaires immobilières, nationalisme corse, et l'on ne sait à l'heure actuelle qui était visé, de l'homme ou de l'avocat.
Après les assassinats dans l'exercice de leur fonction des juges Renaud, Michel, Falcone, du préfet Erignac, cette exécution-là me semble ne rien devoir à la gloire du sentiment de vengeance magnifié par notre auteur classique Corneille. De nos jours tant de petites frappes sans envergure sévissent un peu partout, alors pourquoi pas en Corse, où le code de l'honneur a été bien malmené depuis l'époque de Prosper Mérimée.
Rédigé par : Camille | 18 octobre 2012 à 21:21
" Voilà l’état réel de la Corse ; tout s’y fait à coups de fusil ; le droit n’est rien ; la force est tout. On ne recourt à la justice que lorsqu’on n’a plus d’autres ressources ; on en est en quelque sorte honteux, comme un aveu de sa faiblesse ". Ce témoignage est du procureur général Mottet qui a exercé à Bastia de 1833 à 1836. On voit que deux siècles d'occupation française n'ont rien changé ici. La Corse reste la Corse et les Français des gens du continent. Comme les Génois avant eux. A vrai dire, j'envie les Corses pour leur résistance forcenée à la République centralisée, au système capitaliste quelquefois dévoyé, bétonné. Enfin, pas pour tout...
Il y a beaucoup d'armes sur l'Ile de Beauté. Toutes les catégories socio-professionnelles sont concernées par ces meurtres. Pourquoi les avocats, hommes de pouvoir et de réseau, seraient-ils à l'abri ? D'autant qu'Antoine Sollacaro était aussi un nationaliste revendiqué pas toujours bien net, d'après le miraculé républicain Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur centraliste. Si j'étais croque-mort ou armurier, la Corse serait pour moi un Eldorado. En attendant, je n'ai jamais trouvé de texte qui explique clairement et sans tabou la civilisation corse et ses spécificités à un petit continental comme moi. En espérant un hypothétique Giono insulaire qui n'a peut-être envie de finir en passoire brevetée. Ah, le souffle des mots et le maquis...
Rédigé par : scoubab00 Corsica forever | 18 octobre 2012 à 20:28
Comme le dit Catherine A., il se peut très bien qu'on ait assassiné l'homme et non l'avocat.
Cela changerait beaucoup de choses.
Rédigé par : Jacques | 18 octobre 2012 à 20:11
Banditisme, mafia, omerta, solidarité communautariste, règlements de compte, suppression des individus gênants, majorité silencieuse prise en otage, menaces, mesures de rétorsion, assassinats, atteintes graves aux autorités publiques,... finalement il y a des territoires qui se ressemblent dans notre France.
Qu'on puisse faire son deuil, par avance, de l'élucidation d'un crime parce que c'est la complexité de la Corse me laisse pensive. On a moins de lyrisme quand un tel crime a lieu dans un quartier ZUS plutôt que sur la route des Iles Sanguinaires. Peut-être que la vue sur la mer y est moins belle ?
Et notre représentant suprême de la République, que ne se rend-il sur place pour dire aux Corses qu'il va leur donner la sécurité à laquelle ils ont droit, comme il l'a fait à Grenoble ?
Rédigé par : FC | 18 octobre 2012 à 19:09
L'atrocité et la lâcheté de cet assassinat ne sauraient indifférencier le plus commun des citoyens.
Neuf balles, dont six dans la tête, un matin alors qu'il se trouvait dans une station-service, n'a absolument aucune justification.
Il est évident que l'institution judiciaire est touchée dans sa substance, ce crime aurait pu avoir pour cible un autre avocat.
La société est également visée, l'exercice d'une profession "trop" publique génère des antagonismes, des inimitiés, des conflits d'intérêts qui peuvent mener à l'élimination physique d'une personne !
Mais derrière l'avocat qu'il était, avec le verbe qui était le sien et son éloquence d'envergure, il y avait un homme avec sa famille, que l'on pourrait avoir tendance à oublier, une probable descendance, ses collatéraux, puis son réseau relationnel extrajudiciaire !
Reste à connaître maintenant le mobile du crime, et à découvrir l'identité du ou des assassins, que l'enquête suive son cours !
Rédigé par : Cyril | 18 octobre 2012 à 18:50
"Du temps de mon cher Moyen Age,
[...]
Et à la fin, le condamné qui admet sincèrement sa condamnation à mort, tant il y voit lui-même la seule issue possible qui soit compatible avec le juste, au sens de ce qui est juste."
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 18 octobre 2012 à 12:37
Et la vénérable tradition a été revivifiée par notre adoré ex-séminariste Joseph Vissarionovitch. Gloire à lui et aux valeureux inquisiteurs de tous poils.
Rédigé par : Clafoutis | 18 octobre 2012 à 17:59
A qui profite cet assassinat et quelles en sont les raisons ? Beaucoup de pistes vont être explorées, déboucheront-elles ?
En tout cas, le terrain est dangereux.
Rédigé par : Jabiru | 18 octobre 2012 à 17:57
Gare au gorille.
Monsieur Bilger, de quelle horreur nationale parlez-vous ?
Je vois une figure de l'indépendantisme qui se fait descendre comme régulièrement il en arrive dans ce milieu. Grand bien leur fasse.
Bof sans aucun intérêt.
Monsieur Chevènement a fait le bon éloge du personnage.
Il ne sortira rien de l'enquête car comme à chaque fois tout sera étouffé du moment qu'il s'agit des "Corses".
On ne me fera pas croire que l'Etat n'est pas au fait de ce qui se passe en Corse depuis des décennies.
On veut bien être naïf mais pas pris pour des abrutis.
Que ces gens s'assassinent entre eux, on aura la paix quand il n'y en aura plus que quelques-uns.
Peut-être alors la "justice" daignera-t-elle s'occuper de leurs cas.
La mort d'un homme est triste en soi mais que voulez-vous celle-ci m'a moins ému que celle du gendarme tué par un automobiliste.
Rédigé par : Jacques | 18 octobre 2012 à 17:54
Il roulait en Porsche et plaidait souvent gratos (paraît-il), c'est peut-être une banale affaire de droit commun... corse. De là à sortir les mouchoirs...
Rédigé par : bruno | 18 octobre 2012 à 17:51
Y a-t-il encore de nos jours des fonctions sacralisées ? En second lieu, une telle sacralisation se mérite et je n'ai pas le sentiment que le Barreau puisse revendiquer un tel statut. Je remarque à l'égal d'un commentaire précédent que rien ne nous permet de penser que les tueurs visaient un symbole. Enfin, est-on abattu de balles de 11.43 par hasard ? Poser la question n'emporte évidemment pas la caution d'un acte qui reste un assassinat.
Rédigé par : LFC | 18 octobre 2012 à 14:40
C'est beau la solidarité de caste, mais point trop n'en faut.
Depuis l'affaire Dutroux on sait que les robes rouges ou noires sont intouchables. Il se fait que ce n'est pas l'opinion de certains, du moins en Corse.
D'après Jean-Pierre Chevènement qui sait de quoi il parle, et pour cause, Sollacaro était impliqué dans des affaires... lesquelles... il ne le dit pas !!!
http://www.leparisien.fr/faits-divers/chevenement-sollacoro-etait-implique-dans-un-certain-nombre-d-affaires-18-10-2012-2244069.php
Rédigé par : Tipaza | 18 octobre 2012 à 14:39
Et si l'on avait voulu assassiner "seulement" Antoine Sollacaro, l'homme, pas l'avocat ? Les déclarations ce matin de J-P Chevènement qui avait démissionné à cause de la politique en Corse étaient troublantes. C'est le moins que l'on puisse dire. Alors laissons l'enquête avancer.
Cela dit, j'aurais aimé entendre de la part de certains la même compassion, voire la même révolte affichée quand M.Erignac fut assassiné, juste parce qu'il représentait en Corse l'Etat ; là oui c'était le préfet que l'on assassinait, la République que l'on voulait atteindre ; jusqu'à preuve du contraire c'est Antoine Sollacaro qui a été tué. Il se trouve qu'il était avocat ; ça ne change rien à la violence de l'acte ; à son explication peut-être.
Rédigé par : Catherine A. un avocat est un homme | 18 octobre 2012 à 14:02
Revoir "L'enquête Corse", relire "Colomba", énoncer quelques généralités sans même prendre le risque de s'aventurer sur un sujet sensible où s'entremêlent affairisme, grand banditisme, nationalisme et liens familiaux sur fond de spécificité insulaire.
Rédigé par : Yves BRUNO | 18 octobre 2012 à 13:50
En somme nous ne savons rien, et il est plausible que nous ne sachions jamais rien.
Par contre, j’en reviendrai au premier mot du billet de M. Bilger qui y atteint par ailleurs les sommets dans l’art de suggérer les questions (le contraire de moi qui assène des réponses) ; je veux parler de la "robe ".
Du temps de mon cher Moyen Age, la justice ecclésiastique était si respectée qu’on devait interdire les clauses d’attribution de juridiction à celle-ci lorsqu'elle ne s'imposait pas, car tout le monde n’entendait que par elle.
Pour les juges et avocats, prêtres ayant renoncé à tout, point de désir de carrière.
On donnait à son avocat ce que son sens de l’honneur dictait, d’où le sens du mot « honoraires ». On rêve, n’est-ce pas ?
Alors de cette justice aimée et vénérée, on a gardé la robe.
Mais que reste-t-il de cette robe ?
Très tôt, les bourgeois on recherché dans les fonctions de magistrats municipaux l’opportunité d’accéder à la noblesse. On pourrait penser que rien n’a changé depuis, sinon que c’est maintenant le soixante-huitard qui a voulu accéder à la noblesse, si en fait, vouloir accéder à la noblesse d’Ancien Régime, ce n’était déjà pas souvent être déjà noble en son cœur.
L’avocat ecclésiastique énonçait la bonne foi de son client, tant il se trouve toujours une parcelle de bonne foi dans les pires actes, et le juge effaçait sa conscience devant la loi que l’Esprit avait dictée aux hommes. Probablement, les plaidoiries étaient dites sur un ton monocorde tant la personne doit s’effacer devant l’exposé des faits et du droit. Le théâtre des avocats-acteurs jouant la comédie pour le compte de leurs clients n’était pas de mise. Les avocats-salauds qui font gagner la fripouille contre l’honnête homme non plus.
Revoyons le procès de Martin Guerre, le Moyen Age passé, grand moment de la télévision. L’opiniâtreté et le souci de vérité du juge – comme nous sommes loin de nos magistrats instructeurs d’aujourd’hui.
Et à la fin, le condamné qui admet sincèrement sa condamnation à mort, tant il y voit lui-même la seule issue possible qui soit compatible avec le juste, au sens de ce qui est juste.
Les Anglo-Saxons, avec une justice devant laquelle l’avocat qui ment est poursuivi pour injure à magistrat, ont de grandes leçons à nous donner.
Alors que dans notre justice des menteurs, des carriéristes, des idéologues et des FM qui bafouent le droit et l’honnêteté, que dans notre justice des revirements de jurisprudence et de l’article 700 à convenance, bref que dans notre justice pourrie jusqu’à l’os dans la plupart de ses membres, un déguisé en prêtre se fasse assassiner, moi, ce qui m’étonne, c’est que ça n’arrive pas plus souvent.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 18 octobre 2012 à 12:37
Ô Corse, île d'amour,
Pays où j'ai vu le jour,
J'aime tes frais rivages
Et ton maquis sauvage...
Certes Tino Rossi filait la ritournelle. Il n'y a donc pas que le maquis qui soit sauvage en Corse. Est-ce si nouveau et surprenant ?
Le défenseur de l'assassin du préfet Erignac assassiné d'une manière presque identique. En Corse on aime bien assassiner les symboles. Et l'omerta ne fait que conforter ce mode de fonctionnement.
Donc rien de bien nouveau dans cette île pourtant merveilleuse et enchanteresse !
Rédigé par : Robert | 18 octobre 2012 à 12:19
"Atteinte impardonnable à l'Etat de droit et à l'incarnation éclatante qu'en est l'avocat"
Magnifique texte...
Quoique...
Voyez-vous, cher Philippe, ce n'est peut-être pas l'avocat qui a été assassiné dans sa voiture ce jour-là, mais le citoyen corse lambda, avec ou sans casseroles à la traîne... Personne à ce jour ne peut certifier que le ou les assassins s'en soient pris au symbole et à la robe... donc pas trop de transports... ils transportent mal...
Paix à son âme et puissent ses assassins se retrouver face aux robes corses. Restons dans l'épitaphe... continentale.
Rédigé par : sbriglia | 18 octobre 2012 à 11:59
"Il gênait sans doute dans tous les sens du terme. On m'aurait informé de la disparition d'une multitude d'avocats que je n'aurais même pas, un millième de seconde, relié l'odieux du crime à la nature de ces personnalités.
Avec Me Sollacaro, on a certes assassiné une robe mais aussi, dans cette Corse à la fois magique et incompréhensible, un être dont la vie débordait et qu'il fallait réduire à rien, au silence.
Et une voix."
Ah mais en voilà une idée qu'elle est bonne pour faire taire les voix qui portent et neutraliser les gêneurs ! Pensez-vous vraiment que cette Corse magique ne soit pas capable de supporter de renvoyer l'écho du courage et de résister aux tremblements de terre des gens remuants ?
Mais pourquoi cet assassinat serait-il obligatoirement le fait d'un Corse, après tout ?
Personnellement, je pense que les Corses sont loin d'être bêtes, très capables de lire le code pénal qui punit les atteintes à la robe de l'avocat sur le même plan que les atteintes à la magistrature en général et tout à fait susceptibles d'évaluer avant d'agir le sens et les conséquences de l'assassinat d'un avocat et même d'un mauvais avocat, a fortiori d'un avocat de conviction et qui plus est d'un avocat corse et je ne parle pas de l'avocat d'un Colonna !
Rédigé par : Catherine JACOB | 18 octobre 2012 à 08:32
Bonjour Philippe Bilger,
« Un avocat qu'on assassine au matin, froidement, c'est la justice aussi qui est touchée en plein cœur. »
Être avocat en Corse ne doit pas être facile, même si l’on est un enfant de l’Ile de beauté. Les liens entre les milieux autonomistes (car il y en a plusieurs) et le milieu tout court ( la pègre) sont tellement imbriqués que lorsqu’on veut tirer un fil on entraîne inévitablement les autres avec.
Défendre la cause d’un « clan » ou d’une « famille » fût-elle juste, c’est inévitablement s’attirer les foudres du clan adverse avec les conséquences irréversibles qui en découlent.
Sans doute Me Sollacaro a-t-il été victime de son impétuosité, se croyant protégé par son statut de « notable » de l’Ile.
Le préfet Erignac aussi pensait être protégé par sa fonction de représentant de l’Etat. Mais le code de l’honneur et le respect des institutions n’ont jamais été une règle dans le grand banditisme, en Corse et ailleurs... ou alors il y a longtemps.
Rédigé par : Achille | 18 octobre 2012 à 08:28