Il y a des réalités minimes qui, pour peu qu'on en tire le fil et qu'on les appréhende sous toutes leurs facettes, signifient beaucoup sur notre société.
Une statue représentant Zinedine Zidane portant un coup de tête à Marco Materazzi a été installée devant le Centre Pompidou.
L'auteur de cette oeuvre - un épisode fameux et lamentable à la fin d'un match de football, en 2006 - se nomme Adel Abdessemed.
Dans une lettre ouverte adressée à l'ancien sportif, une trentaine de signataires, dont plusieurs présidents de districts de football français, l'ont invité à demander le retrait de cette statue. Ils considèrent qu'elle "met en scène le geste le plus regrettable de son immense carrière" et déplorent "l'utilisation négative de son image" (Le Parisien).
Le président du Centre Pompidou, Alain Seban, s'est déclaré "choqué par cet "appel à la censure".
Une série de questions.
Dans quelle tête a germé l'idée ridicule d'une telle représentation ? Un tel événement à la fois sportif, indécent, violent, totalement négatif, dérisoire enfin en dépit de la rumeur médiatique qui a suivi, méritait-t-il d'être ainsi façonné avec je ne sais quelle matière ? Je devine les réactions outragées de ceux pour qui l'art n'a pour finalité que de se rapprocher le plus possible du réel, en le choisissant dans son insignifiance, si j'ose le terme, la plus achevée, la plus terne.
Adel Abdessemed est-il responsable d'avoir formé un concept aussi vain et de l'avoir incarné ou quelqu'un lui a-t-il commandé cette exécution ? Un tiers est-il impliqué dans cette navrante affaire ? Zidane, qui a évidemment été tenu informé, a-t-il trempé dans cette aventure et de l'argent a-t-il été dépensé ? Par qui, pour qui, combien ?
Quel service a décidé d'installer cette oeuvre si peu représentative de notre histoire et de notre culture devant le Centre Pompidou ? Comment, en ce lieu tellement fréquenté et, pour l'étranger, assez emblématique de la France, avoir pris le parti d'offrir aux regards cette triste et prosaïque échauffourée même si Zidane, je l'admets, a fait beaucoup pour faire connaître avec ses pieds et ses dribbles magiques notre pays ?
Comment Alain Seban, que je sais intelligent et respecté dans le domaine de l'art, ose-t-il évoquer "un appel à la censure" devant ce courrier plein de bon sens adressé à Zidane et qui vise à réparer rétrospectivement plusieurs aberrations ? La censure est une interdiction trop grave, un étouffement trop extrême pour être ainsi mise à toutes les sauces et exploitée à toutes les fins. Enlever la statue de cet endroit ne serait pas "censurer" quiconque mais montrer qu'on a recouvré le sens des choses, de l'art et de l'allure.
Tout cela laisse pantois.
La leçon à tirer se trouve sans doute au coeur de cette incohérence et de cette confusion. Elle met en exergue, pour ceux qui pourraient encore en douter, le délitement des choix, le désordre et la fantaisie des hiérarchisations, la banalisation de la création et l'absurdité des décrets culturels et politiques.
Zidane a encore frappé.
Monsieur Bilger,
Je pense que l'artiste a voulu recréer en trois dimensions, pour l'éternité, un geste qui un soir de juillet 2006 a marqué, fait polémiquer, pleurer, sourire, ou a simplement diverti près de la moitié... de la planète Terre.
La finale de la coupe du monde de football est regardée par la moitié de l'humanité et ce soir-là, à part les Italiens, ce qui a été retenu est ce geste.
Il ne s'agit donc pas selon moi de rendre hommage à ZZ, mais de cristalliser ce moment partagé presque universellement.
La question du bien et du mal ne saurait se poser. La moitié des Français remercie ZZ pour ce coup de boule à la Cantona, parce qu'après tout Materazzi l'avait bien mérité.
D'autres lui en voudront à vie, car on ne sacrifie pas une coupe du monde.
D'autres ne lui pardonneront la perte de cette seconde étoile qu'à raison qu'il nous a fait gagner la première.
Dans tous les cas, je ne remettrai pas en cause la démarche artistique de l'auteur.
Rédigé par : Christophe BRAJOUX | 29 octobre 2012 à 09:39
L'Art et le Pouvoir...
En prolongement de mon intervention précédente, on peut lire dans "Politique du rebelle", de Michel Onfray (pas spécialement ma tasse de thé, mais...)
*P.237:"Quand il est digne de ce nom, j'aspire à voir l'Art en antidote à tout pouvoir"
*P. 249: "Toutes les avant-gardes esthétiques du siècle (ici, le 20ème) s'inscrivent dans cette logique de l'absurde, de la destruction, de faire du jeu un principe moteur dans un monde où le sérieux des officiels fait des ravages.
*P.251 et 252:
« Une esthétique généralisée veut la circulation, le mouvement face au musée et endroits officiels qui agissent comme des chambres froides où les feux (et non les fous) furieux se rétrécissent et finissent par s’épuiser et s’éteindre »
et ....« Un art sans musée »
Pour lui, comme pour Duchamp, Dubuffet, ou Breton, Tzara pour la littérature, l’art se doit d’être en opposition au marché, aux marchands. « Tout ce qui est susceptible de muséification, exposition en galerie, qui peut devenir marchandise... finit par être anéanti, détruit, digéré par le marché. »
Finalement, dans cette affaire, il me semble que l’artiste en question a sciemment posé sa sculpture hyper-réaliste, s’il en est, en face d’un musée, un peu par provocation.
D’ailleurs la contre-culture, et les œuvres artistiques correspondantes (musique, mode vestimentaire, œuvres picturales, pop et op-art, rap ou rock’n’roll) n’ont-elles pas fait l’objet de récupération mercantile dans la publicité et tout simplement le business ?
Rédigé par : Nath | 28 octobre 2012 à 06:22
@Boris
Vous ne comprenez donc rien, ni moins que JPL !!!
La vie instigue bizarrement...
Ainsi, et n'en déplaise en complaintes entre Mary&Ceejy, je croisais dans l’ascenseur qui l'amenait au huitième Madame le Maire de Strasbourg alors en exercice, tandis que pour cause d'obtention de formulaires au troisième, il nous fallait être extrêmement brefs...
Étant entre nous deux seuls dans la cabine et devant en tous cas éviter la gêne, alors avons-nous profité du rapproché souvenir entre nous-deux par la grâce du lendemain du coup de boule, durant trois étages quand il en fut rapidement question...
Pas eu le temps en trois étages de lui expliquer, a contrario, la beauté très réservée du geste...
Voilà tout l'Art !!!
N'empêche une déléguée municipale, en justes considérations des valeurs artistiques à Strasbourg, m'a dit hier soir que si Zidane était manifestement insuffisant du coté de l'intellect, cela entraînait voies de critiques autant d'avance irréfutables quant à l'oeuvre.
Alors j'ai tenté lui rendre compte des souvenirs de Marseille, lui parlant de Cantona, mais aussi de Trésor, celui qui jouait au Caillols dans un stade depuis peu mis aux normes de largeur et de longueur, tandis que la maison de Canto, à 400m de nous à vol d'oiseau, nous avions pu frémir quand jouant avec des pétards la colline des Comtes brûla sous nos regards ensorcelés (la colline des Comtes vaut son pesant en sorcellerie pour qui connait, et Canto ne peut pas l'ignorer...), alors même que le stade d'entraînement de l'OM est à 650m à vol d'oiseau..., etc. !
Bref, Canto achètera-t-il l’œuvre, présentement sur le parvis?
Rédigé par : zenblabla | 26 octobre 2012 à 20:31
Personnellement, ayant vu le match, j'ai toujours analysé le coup de boule de Zizou comme la conséquence de son action de but ratée deux minutes plus tôt, le privant ainsi d'un titre de gloire des plus remarquables... mais ce que j'en dis vaut-il quelque chose dans un esprit autre que le mien ? Hum, hum...
Rédigé par : Herman | 26 octobre 2012 à 08:25
@calamity jane
"D'autre part, Z. Zidane a suffisamment joué dans des équipes italiennes pour en connaître les énergumènes qui les composent "
et réciproquement
Rédigé par : anne-marie marson | 26 octobre 2012 à 00:32
@ Mary Preud'homme @ CJ | 25 octobre 2012 à 16:07
"Et j'en termine en disant que la victime d’alors (en l’occurrence mon fils) tira aussi profit de cette histoire et sut retenir la leçon d’équité (et de morale) que j’avais voulu donner à l’un et à l’autre ce jour-là, à en juger par le métier qu’il choisit ensuite - l’appelant à exercer la justice sans haine et sans crainte mais avec sang-froid, rigueur, objectivité et probité."
Il me semblait que vous aviez dit qu'il était commissaire et pas magistrat, ou alors c'est votre second fils?
Rédigé par : Catherine JACOB@Mary Preud'homme | 26 octobre 2012 à 00:09
"Eh bing, voilà pas trois semaines que je m'absente, en mon iris absinthe et mes ires absoutes, et je me retrouve en phase avec Mary et Jean-Paul !"
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Bien d'accord Oursivi, voilà en quoi consiste tout l'art bilgérien : faire parfois se retrouver sur des sujets de société improbables, des adversaires d'idées mal léchés, peu fréquentables ou de mauvaise réputation. En somme des espèces en voie de disparition qui nous sortent, "l'espace d'un cillement", sans haine et sans complexe des sentiers battus !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 25 octobre 2012 à 22:56
Zizou m'a frapper !
Non... pas Omar, mais Zizou ! Frappé par son talent, par le coup de neuf qu'il a redonné à l'équipe de France,
laquelle a connu de belles envolées depuis son arrivée... jusqu'à son départ. Oh, je n'en fais pas une idole mais quand même, il a frappé une génération.
Il a frappé un Matelas malotru et maltapropos... et qui l'a bien mérité !
Dans ces sports où l'enjeu est l'argent avant la gloire,
tout est bon dans le cochon... pour que l'autre pète les plombs.
Et puis, ne nous attendons pas à voir ces joueurs se faire des salamalecs pour savoir lequel prendra le ballon ou laissera l'autre tirer.
Quant à l'"oeuvre d'art" devant Beaubourg, pourquoi pas. C'est dans l'air du temps de "déconstruire".
Mais après tout, Zidane est Français, non ?
Alors pourquoi M. Bilger s'indigne-t-il en disant :
"montrer qu'on a recouvré le sens des choses, de l'art et de l'allure"
"l'idée ridicule d'une telle représentation ?"
Et last but not least :
"Quel service a décidé d'installer cette oeuvre si peu représentative de notre histoire et de notre culture devant le Centre Pompidou ?"
Mais, tout simplement, l'art c'est la vie, et il ne doit faire aucune allégeance aux canons et critères "nationaux", pour ne pas dire "nationalistes".
Ne mélangeons pas tout !
Rédigé par : Nath | 25 octobre 2012 à 22:22
@ scoubab00
"Le sport premier, plus que l'art". A mon avis, les deux en même temps. Peindre dans le puits de Lascaux, ça vaut largement une heure de Step...
Rédigé par : Boris | 25 octobre 2012 à 20:31
A partir de 1998 j'ai suivi pratiquement tous les grands matchs avec Zidane. Ce qu'il a enduré de la part d'adversaires déloyaux dépasse les capacités d'un simple sportif, et pourtant il est resté stoïque quasiment juste au bout, la déontologie lui interdisant de répondre.
Rédigé par : Camille | 25 octobre 2012 à 11:24
Pas vraiment. Zidane était connu pour ses coups de sang. Il a écopé d'une quinzaine de cartons rouges dans sa carrière.
Mais Zidane n'a jamais été du genre à faire de la comédie, ni à harceler ou blesser volontairement un joueur réglo avec lui.
Le sport de haut niveau demande une certaine agressivité à certains caractères pour être performants. Ibrahimovic est également très différent en jeu et en dehors du terrain.
Dans ces conditions, et avec la pression, comment réagirions-nous à un harcèlement physique et verbal ?
Qui sommes-nous pour juger ?
Rédigé par : Alex paulista | 25 octobre 2012 à 19:53
C'est quand même dingue. Quand je lis la plupart d'entre vous, blogueuses et blogueurs de chez Philippe. A croire que parler muscles, c'est avilissant. Et le sport, un sujet de salle de garde pour soudards bariolés. Pourtant, si nous sommes ici à discourir époque épique dans nos pantoufles de velours ou pyjamas de soie, c'est parce que des ancêtres velus et malodorants ont su survivre à des âges âpres. Le sport premier, plus que l'art. Et même mieux, se multiplier et investir la petite Europe. Alors, arrêtez de faire votre chochotte, votre mijaurée, la civilisation n'a pas débuté au siècle des Lumières ou à l'apparition du papier c... toilettes. Xavier dirait à sa façon : réhabilitons le Moyen Age, et je le suis bien volontiers sur ce terrain. Merci de votre compréhension.
Rédigé par : scoubab00, à la cantona...de | 25 octobre 2012 à 19:07
Je ne comprends pas cette indignation : l'art s'empare de la tragédie, ça n'est pas nouveau !
En effet relisons l’histoire : Zidane est promis à l'Olympe. Il a marqué le seul but français du match. Il donne un fabuleux coup de boule dans le ballon que seul "buffon" pouvait arrêter. En cas de but, il est définitivement un dieu vivant, seul joueur à avoir marqué 4 buts en finales de la coupe du monde, et donne probablement la victoire à la France. Quelques minutes plus tard, il exprime sa liberté en mettant fin à sa carrière sur un autre coup de boule, qui dit à la face du monde : je ne suis qu’un homme. Déchu, il quitte le stade, seul plutôt qu’avec le commun des mortels, montrant que malgré tout il n’est pas tout à fait comme les autres.
Il y a tout : la puissance, la réussite, l’échec, la déchéance, la vanité, la liberté de l’homme. Qu’un artiste s’en empare est inévitable.
Rédigé par : Hub | 25 octobre 2012 à 17:29
« Cela se passe dans une cour de collège. Un élève de 3ème âgé de 14 ans à l’époque se fait violemment agresser par un gaillard de 16 ans, coup de boule etc., ce dernier prétendant qu’il s’est fait "narguer et insulter" par le premier après lui avoir demandé un combat à la loyale pour régler une querelle banale de cour de récré. Sur quoi le garçon de 14 ans lui aurait rétorqué : "je ne me bats pas pour rien, surtout avec un pauvre minable comme toi". Renseignements pris, il s’avère que la victime que l’on a dû conduire (en sang) aux urgences afin de soigner ses contusions admet avoir traité son camarade plus âgé de « pauvre minable ». Les parents de l’agresseur sont alors aussitôt convoqués au collège, mais c’est la grand-mère, seule, qui se présente, indiquant que la mère est occupée à faire des ménages parfois très loin de son domicile et que le père du garçon est en prison. Selon elle, son petit-fils dont elle s’occupe à plein temps, souffre terriblement de la situation familiale, ce qui explique sa réaction violente à des propos qui l’ont touché à vif et ramené à son infériorité étant donné son vécu. En outre, la pauvre femme (veuve de surcroît) est effrayée à l’idée que la famille de la victime porte plainte comme ce serait son droit et ainsi que le principal du collège l'en aurait menacée.
Or la mère de la victime (qui n’ignore pas de son côté la propension de son grand adolescent à l’insolence et à la provocation verbale) après avoir écouté attentivement les explications des uns et des autres, non seulement renonce à porter plainte, mais finit par dire publiquement à la grande surprise du Principal et du CPE que certains propos dans un contexte particulier peuvent faire tout aussi mal que des coups. Tandis que l’agresseur coupable de coups et blessures, bien que longuement sermonné par la dame justicière, n’en revient pas de s‘en être tiré à si bon compte, se confondant en repentance, affirmant qu’il a compris la leçon et n’est pas prêt de recommencer… »
Conclusion :
Dès ce jour le jeune homme de 16 ans, auquel j’avais décidé de donner sa chance changea (d’après le Principal) du tout au tout bien que je l’ai perdu de vue assez rapidement. Car, vous l‘aurez compris, l'anecdote rapportée est une histoire vécue…
Et j'en termine en disant que la victime d’alors (en l’occurrence mon fils) tira aussi profit de cette histoire et sut retenir la leçon d’équité (et de morale) que j’avais voulu donner à l’un et à l’autre ce jour-là, à en juger par le métier qu’il choisit ensuite - l’appelant à exercer la justice sans haine et sans crainte mais avec sang-froid, rigueur, objectivité et probité.
---
Nota :
Catherine Jacob, Sans vouloir dévaluer si peu que ce soit votre témoignage concernant ce qui est arrivé à votre propre fils, il me semble qu'une fois de plus vous tentez d'établir un parallèle entre des situations qui ne sont en rien comparables, dès lors que dans l'affaire Zidane, comme dans celle que j'évoque ici on peut admettre qu'il y avait eu de part et d'autre agression et donc que la réaction (ou la riposte) de l'offensé pouvait apparaître comme compréhensible sinon proportionnelle à l'offense. Ce qui n'est pas le cas dans l'incident que vous rapportez où l'agresseur use uniquement de sa force pour exercer un chantage grossier sur un témoin.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ CJ | 25 octobre 2012 à 16:07
Le coup de pub n'est pas tellement réussi puisque je ne me déplacerai pas pour voir ladite oeuvre.
D'autre part, Z. Zidane a suffisamment joué dans des équipes italiennes pour en connaître les énergumènes qui les composent et c'est justement pour cela que son geste
est complètement déplacé !
Le deux poids, deux mesures qui voudrait que les champions soient dispensés de qualités basiques humaines est on ne peut plus craignos !
Rédigé par : calamity jane | 25 octobre 2012 à 14:31
Honnêtement le coup de boule de Zidane est le cadet de mes soucis. Une réflexion sur les dérives de l'art contemporain m'eut davantage intéressée. Cette manie des performances, la mainmise de quelques marchands faisant monter les cotes de leurs poulains, la grande lessiveuse que sont les ventes, la belle blague de l'exonération des oeuvres d'art de l'ISF au prétexte d'aider les jeunes artistes (dernier exemple en date, dans l'affaire de blanchiment dans laquelle est mêlée à l'insu de son plein gré une élue écolo, on aurait trouvé deux photos d'une valeur d'un million d'euros ; l'amour de l'art sans doute)...
Quant à cette sculpture qui agace tant, elle fait partie d'une expo consacrée par Beaubourg à son auteur donc rien de bien surprenant ; que le musée ait voulu faire de ce coup de boule un coup de pub, c'est la règle du jeu. Et c'est réussi.
Rédigé par : Catherine A. coup de pub surtout | 25 octobre 2012 à 11:46
@ Catherine Jacob
Ce n'est que du sport, chère Catherine, ce simulacre remplaçant la guerre, il ne s'agit que d'ombres dans la caverne de Platon, que l'on ne doit pas prendre pour la vraie vie.
Un coup de boule sportif n'a pas la même valeur du tout que dans la vie, cela fait partie des risques du jeu.
Toutefois ce petit événement ne peut que raviver douloureusement le souvenir de l'odieuse agression de votre fils, le dissuadant d'accomplir son devoir de citoyen, des coups et blessures avec une portée autrement plus grave que lors d'un jeu.
Votre opposition à la représentation de la violence ne nécessitait d'ailleurs pas une implication personnelle, l'on peut légitimement estimer par conviction profonde que la violence est abjecte et n'a rien à faire dans le domaine du sport et encore moins dans le domaine de l'art.
Vous évoquez le WU GU dans votre commentaire : à propos de la calomnie, c'est un ressort dramatique universel fertile et productif, dont Shakespeare s'est servi pour Othello, et qui a traversé tous les temps et toutes les civilisations comme vous le démontrez si bien.
Toutefois le WU GU que vous décrivez est plus subtil et complexe, mais pour mon cas personnel, le phénomène de catharsis ne peut s'appliquer dans cette affaire Zidane :
concernant Materazzi, plusieurs sources concordantes confortent la version des insultes graves qu'il aurait proférées, action probablement préméditée bien en amont du match par tout le brain-trust italien en vue de faire craquer psychologiquement l'homme fort de l'équipe de France.
A partir de 1998 j'ai suivi pratiquement tous les grands matchs avec Zidane. Ce qu'il a enduré de la part d'adversaires déloyaux dépasse les capacités d'un simple sportif, et pourtant il est resté stoïque quasiment juste au bout, la déontologie lui interdisant de répondre. Mais quelque part il y a aussi le respect que l'être humain se doit à soi-même, et Zidane n'a su à ses yeux restaurer ce respect que par la force d'un coup d'éclat. Personnellement je ne le blâme pas, c'était un acte unique justifié par des années d'humiliations sournoises.
Rédigé par : Camille | 25 octobre 2012 à 11:24
"Est-ce que Materazzi a reconnu les faits en ces termes et sommes-nous certains qu'il ne s'agit pas là de justification après-coup d'un mouvement d'humeur non maîtrisé, peu importe la cause ?"
CJ
Oui.
Faut se tenir informé Mâme Cathy, tout n'est pas écrit dans l'histoire de l'empire du levant, quelle qu'intéressante qu'elle puisse être.
Zidane n'en était pas à son coup d'essai en matière de pétage de plomb, Materazzi non plus. Profitant de ses pas loin de deux mètres et de ses cents kilos, le second a toujours joui d'une forme d'impunité sauf ce soir-là où il donna au bouillant Zizou un bon prétexte pour recevoir enfin la correction probablement attendue par un paquet d'attaquants italiens...
Beccaria et Voltaire qui le cite (rendons à Cesare ce qui lui revient), ont dit ce qui convenait d'être retenu et appliqué quant à l'indispensable proportionnalité entre fait et réaction nécessaire. On peut penser qu'en cette occasion, Zinedine Zorro visant le torse et non le menton ou le nez où il eût fait plus de dégât, sut, non, raison, mais proportion garder. D'ailleurs il se soumit sans rechigner à la juste décision de l'arbitre et sorti sous un ou deux milliards de regards éberlués.
Dommage que MM ne fut pas sorti aussi, il l'avait mérité. Les instances du football étudièrent ce cas, convoquèrent les deux hommes et les condamnèrent tous deux, après.
Pour votre proche c'est bien triste que cette loi-là prît le pas sur la vraie.
Nous sommes souvent trop indifférents et veules, les malfaisants l'ont bien compris, hélas.
Quelques terroristes (10-12 ?) appelant la mort, ont réussi à tuer trois mille personnes avec quelques couteaux ou cutters un certain jour de septembre. D'autres passagers en un autre avion se sont révoltés et ont risqué puis donné leur vie non pour tuer d'autres gens - selon le risible et sordide fanatisme islamique - mais pour qu'il n'y en ait d'autres qu'eux qui doivent laisser la leur.
On ne cite que peu ces passagers, c'est dommage.
AO
Rédigé par : oursivi@CJ | 25 octobre 2012 à 10:34
Je constate qu'à Paris vous avez le même phénomène qu'en province.
Des gens mal intentionnés se débarrassent de leurs encombrants devant les centres de tri sélectif en dehors des heures d'ouverture.
Si vous voulez j'appelle la famille Florés qui fait ici le tour des fermes pour récupérer la ferraille. Pour l'anecdote, quelquefois encore de vieilles faneuses du plan Marshall cachées sous les ronces.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 25 octobre 2012 à 10:32
@Camille | 24 octobre 2012 à 23:38
«sa réponse finale avait été tout sauf sportive aussi, mais sauvait son honneur d'homme. »
@Mary Preud'homme @ Catherine Jacob | 24 octobre 2012 à 19:03
«Dites-nous plutôt si pour vous le fait d'insulter la mère ou la sœur d'une personne en employant le terme de putain n'est pas grave et comment réagiraient vos proches en pareille circonstance ? Ou alors auriez-vous si peu le sens de l'honneur dans la famille ? »
Est-ce que Materazzi a reconnu les faits en ces termes et sommes-nous certains qu'il ne s'agit pas là de justification après-coup d'un mouvement d'humeur non maîtrisé, peu importe la cause ?
En tout cas, c'est de toute évidence à ce que les anciens chinois nommaient Wū Gǔ (→巫蠱) opus chamanique qui consistait sans doute initialement à transférer le mal (ou les malheurs) comme on peut encore le voir, semble-t-il, dans certaines sociétés amérindiennes ainsi que chez nos modernes psychiatres formés à l'hypnothérapie médicale de l'école américaine, mais qui a ensuite viré opération magique d'envoûtement pénalement répréhensible dont, par ex., furent accusés par une concubine jalouse le prince impérial et sa mère sous l'empereur Wudi des Han, ce qui leur valut, bien évidemment, d'être exécutés (誅殺→zhū shā→ qui implique une idée d'anéantissement de toute personne en rapport avec le criminel → génocide). La calomnie ayant été établie par la suite, l'empereur Wū en éprouvât dit-on, un tel remords et un tel chagrin qu'il en décéda peu après à 69 ans.
Bref, et autrement dit, à transférer tous les ferments des sentiments négatifs qui nous rongent (Gǔ → 蛊 = parasites) sur une action qu'on aimerait bien faire soi-même à autrui et dont l'auteur devient de ce fait carrément notre héros. Autrement dit encore cela ressort également du phénomène cathartique sauf que dans la catharsis grecque il s'agit de simple représentation.
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Pour répondre à la question comment réagiraient mes proches si j'étais en tant que sœur ou mère traitée de «putain», c'est difficile à dire car nous ne fréquentons pas de personnages susceptibles de se montrer aussi gratuitement grossiers. Ceci étant, peut-être que le frère appellerait l'HP et le fils l'autorité administrative pour faire sortir ou expulser le ou les mal embouchés, allez savoir. L'un comme l'autre plaçant leur honneur dans leur conscience professionnelle avant de le placer dans la réaction violente à l’imbécillité.
En revanche, je peux vous expliquer pourquoi je suis particulièrement sévère à l'égard des auteurs de cette sale habitude que représentent les coups de boule inopinés.
Il se trouve en effet que le fils précité, étant encore jeune, a été dissuadé par un tel coup de boule assené sur le chemin du bureau d'un juge d'instruction où il se rendait pour témoigner, s'étant rendu une première fois à mes arguments qu'il le fallait, qui plus est à quelques mètres du palais de justice, malheureusement.
Et, comme on ne peut pas obliger les gens à témoigner si en revanche on peut les en dissuader par la violence...
C'est donc également en tant que mère et pas seulement en tant que citoyenne lambda, que je suis totalement opposée à la promotion par l'Art de tels comportements.
Rédigé par : Catherine JACOB@Camille&Mary Preud'homme | 25 octobre 2012 à 09:34
Les joueurs français sont-ils caractériels ? Faut-il être soupe au lait pour être un excellent joueur ? Ce fameux coup de tête me semble être, depuis, le moteur déclencheur d'une certaine indiscipline constatée chez les joueurs français !
Une fresque de Zidane est restée longtemps tendue sur le mur d'une maison en bord de mer à Marseille, soit de 1998 à 2006 ! L'emplacement était bien trouvé. Ceux qui empruntaient la corniche ne pouvaient le manquer. Cette image était certainement plus représentative de sa qualité de joueur. Fondre un événement malencontreux qui fit perdre à la France le titre de la coupe que son équipe convoitait alors, me semble maladroit. A mon sens, elle devient un symbole de violence.
Zidane renvoie une autre image à travers l’association ELA qu’il parraine, même si les moyens que certains utilisent laissent à désirer. Je me souviens, il y a quelques années maintenant, d’individus qui à un rond-point, à l’extérieur d’une ville de Picardie, arrêtaient chaque voiture pour demander des fonds prétendument destinés à ladite association. En retour ils remettaient une casquette ou je ne sais plus quoi d’autre, mais en aucun cas un récépissé de remise de fonds. A l’époque les francs étaient encore en vigueur et sans se démonter ils réclamaient : « tu donnes ce que tu veux mais pas en dessous de 50 francs ! »…..
Il n’est pas bon aujourd’hui d’avoir un avis, de contester quoi que ce soit. Il faut suivre l’air du temps. Imposé. Sous peine d’être traité de raciste, d’arriéré, de rétro-viseur !!
Aujourd’hui Zidane ambitionne d’être le futur entraîneur de notre équipe nationale (selon certains bruits de balles on). Espérons pour elle que cette espérance se réalise… sans coup de boule !
Rédigé par : Marie | 25 octobre 2012 à 09:28
La lecture du billet me laisse perplexe.
S’agit-il d’un billet sur Zidane ou sur les tendances de l’Art moderne ?
S’il s’agit de Zidane… bof… sans intérêt pour moi. Zidane, un gladiateur parmi d’autres, mirmillons, rétiaires, footballeurs, tennismen, icônes des foules qui se cherchent des héros. L’exutoire des passions refoulées et des impuissances manifestes, par lequel le spectateur oublie sa condition et fusionne avec le joueur dans l’arène au point parfois de se battre et de mourir pour lui dans des rixes de fans. Un comble pour un spectateur dont le rôle passif devrait être le non-agir !
Par contre si le billet porte sur les évolutions de l’Art comme semble le montrer la conclusion : "Délitement des choix, désordre et fantaisie des hiérarchisations", alors le sujet devient passionnant.
Ce délitement observé ne fait que traduire le désarroi d’une civilisation en perte de repères spirituels.
L'Art est le moyen par lequel l’Homme a communiqué avec la Divinité, la Transcendance, quel que soit le nom que l’on mette sur ce concept.
L’Art pariétal des grottes de Lascaux ou d’Altamira est une prière adressée aux dieux de la chasse, pour assurer la survie du groupe.
Plus tard l’Art égyptien est exclusivement porté sur la célébration du Pharaon, Dieu vivant, et sur le voyage vers l’au-delà.
Ce sont les Grecs qui ont commencé à faire sortir l’Art du divin, montrant par là, la place de plus en plus grande que prenait la raison dans la civilisation.
Le Moyen Age a résisté, avec ses cathédrales, hymne d’amour à Dieu. Puis le siècle des Lumières a fini par balayer la référence à un Dieu. Il en est resté quand même des références à la des valeurs guerrières ou à la nature, toutes choses qui bien que terrestres, transcendent encore l’homme.
Et voilà que dans les temps modernes, l’Art perd toutes ses références à des valeurs transcendantes, divines ou naturelles, pour devenir humain, trop humain.
On arrive alors à des aberrations grotesques comme le bidet de Duchamp, ou les colonnes de Buren, ruines avant même d’être inaugurées.
Un Art qui a perdu toute transcendance peut-il encore s’appeler Art ? À cette question fondamentale, certains ont voulu répondre en parlant d’Art Nouveau, ou d’Art Déco. Ils sentaient bien que "quelque chose" leur échappait qu’ils voulaient retenir par le vocabulaire.
On ne retient pas le spirituel par des mots. L’art moderne est au mieux un style, au pire une mode, il lui manque l’essentiel pour être un Art.
Rédigé par : Tipaza | 25 octobre 2012 à 09:27
Triste reflet d'une société malade dans son tréfonds, dont l'art contemporain est le signe le plus patent : insignifiance, pseudo-provocation, course à l'argent.
Rédigé par : binou | 25 octobre 2012 à 08:54
Après point photo sur cette statue, je constate que Z. Zidane est entièrement en état de soumission : tête baissée et poing
droit fermé prêt à frapper le centre vital stratégique de M. Materazzi... comme quoi nous passerions de gravé dans la pierre à exprimé dans le bronze !
Rédigé par : calamity jane | 25 octobre 2012 à 08:22
Bonjour Philippe Bilger,
« Une statue représentant Zinedine Zidane portant un coup de tête à Marco Materazzi a été installée devant le Centre Pompidou.
L'auteur de cette œuvre - un épisode fameux et lamentable à la fin d'un match de football, en 2006 - se nomme Adel Abdessemed. »
Pauvre Zinedine Zidane. C’est sans doute le footballeur français qui a le palmarès le plus élogieux, mais il restera toujours sur son C.V. ce « coup de boule » qui apparaît comme une grosse tache de vin rouge sur une chemise blanche immaculée.
Il en est ainsi des œuvres d’art. Il faut toujours qu’un œil inquisiteur s’arrête sur la petite imperfection qui finalement prend le dessus sur la globalité de l’œuvre. L’exception qui confirme la règle en quelque sorte.
Tout ceux qui admirent « Zizou » lui ont, bien sûr, accordé les circonstances atténuantes, vu le comportement parfaitement exécrable de Marco Materazzi dont le nom restera dans les mémoires principalement suite à cet épisode peu glorieux dans lequel il a largement sa part de responsabilité.
Hélas pour en revenir à ce Adel Abdessemed , il y aura toujours de petits artistes besogneux bien décidés à accéder à la notoriété malgré la modestie de leur talent. Cela existe dans toutes les disciplines, artistiques ou autres.
Qui aurait parlé de cet « artiste » sans sa petite exposition malsaine ? Sans doute personne. Au moins aura-t-il obtenu la satisfaction de faire le buzz pendant quelques jours. Espérons que cela suffise à satisfaire son besoin de gloriole.
La censure, dans ce cas, était-elle nécessaire ? Je pense qu’en l’ignorant on aurait évité d’accorder plus d’importance que n’en méritait le bonhomme.
Rédigé par : Achille | 25 octobre 2012 à 07:20
Mmm !
Dans la basse-cour ça discute dru en défendant les pépiements de ses ouailles.
Zidane ou l'hydre du racisme "anti-blanc" !
J'ai pas tout compris ? Tant pis.
Rédigé par : calamity jane | 25 octobre 2012 à 06:52
Entièrement d'accord avec Mary Preud'homme, le coup de boule était mérité, j'ai même applaudi sur le moment, Materazzi a reçu en espèces sonnantes et trébuchantes la réponse à sa provocation.
Cette action de Zidane est l'exception qui confirme la règle, on ne solde pas ses comptes soi-même. Mais désigné depuis 98 comme l'homme à abattre, Zidane avait enduré match après match un douteux harcèlement incessant, des avanies sournoises, des brutalités inouïes jamais sanctionnées par aucun arbitre, toute une violence qui n'avait plus rien à voir avec le sport, et sa réponse finale avait été tout sauf sportive aussi, mais sauvait son honneur d'homme. A quelques minutes d'une fin de carrière, il était temps.
Quant à la pertinence d'une telle œuvre d'art... cette statue ramène chacun aux émotions positives ou négatives ressenties sur le moment... L'art échappe à toute tentative de récupération même à des fins morales, et il paraît difficile d'expliquer aux jeunes pourquoi l'action de Zidane est représentée mais n'a surtout pas valeur d'exemple. Donc je reste partagée.
Rédigé par : Camille | 24 octobre 2012 à 23:38
Dans deux siècles ou même avant, si notre monde s'en tient à la guerre économique telle qu'on la connaît, les statues de sport auront remplacé celles des militaires. Le zouave du pont de l'Alma laissera la place à une Laure Manaudou pulpeuse présente ou future. La place Vendôme sera ornée d'une épée. D'escrimeur.
Les Invalides accueilleront dans un site sans pareil l'organisme qui va succéder à l'INSEP, l'usine nationale à champions. La statue Zidane - Materazzi ? Installée peut-être dans quelque station à téléportation, près des commodités, le boulon mal vissé. Vous croyez pas qu'on gagne au change ? Napoléon et ses trophées dans les caves et cartons, ça a de la gueule. A moins qu'un pronunciamiento, allez savoir...
Rédigé par : scoubab00 | 24 octobre 2012 à 20:52
Bonsoir Monsieur Bilger
A votre série de questions, j'ai envie de répondre par une autre série :
- Pourquoi la plupart des commentaires suscités par votre billet tournent-ils autour du geste de Zidane, comme s'il avait besoin d'être à nouveau justifié ? Le sentiment d'indignité n'est-il donc pas encore effacé ? Bizarre...
- Qu'est-ce qui motive réellement la demande de retrait de cette "oeuvre d'art" ? elle ravive la tache ? elle insulte Zidane ?
- La réaction de M.Seban pose une nouvelle fois la question du statut de l'oeuvre d'art, même si en l'occurrence celle-ci s'apparente plus au style pompier qu'à celui de Rodin - et du droit à la censure : au nom de quoi ? du respect dû à un footballeur enrichi grâce à son talent et qui se comporte comme un sale gosse ?
- Que pense M.Zidane de cette ridicule affaire ?
Rédigé par : Bélisaire | 24 octobre 2012 à 20:28
Eh bing, voilà pas trois semaines que je m'absente, en mon iris absinthe et mes ires absoutes, et je me retrouve en phase avec Mary et Jean-Paul !
J'adore les recombinaisons que compose ce blog.
Salut à vous deux, fiers bloggers bilgériens souvent mal léchés (surtout Mary), vous aussi.
AO
Rédigé par : oursivi | 24 octobre 2012 à 20:04
Monsieur Bilger, je crains que vous ne saisissiez pas totalement la logique -souvent purement comptable- de l'art contemporain. Si un éminent juriste condamne le non-art et le non-objet, cela augmente son prix en euros de la qualité de la réception. "Zidane a encore frappé", écrit sur ce blog, ça vaut que dalle. La même phrase écrite sur un mur parisien avec un beau laser rose, c'est 50 000 euros minimum...
Les sangliers d'Adel Abdessemed lâchés dans Paris sont semblables au malheureux renard de la National Portrait Gallery, à la tête de mort carbonisé de Serrano, au postmoderne Spermcube de Philippe Meste. Au-delà de l'impermanence des choses, c'est la réaction du spectateur qui fait l'oeuvre. Enfin, surtout son carnet de chèques...
PS. Quant au reste, je pardonne beaucoup plus à Zidane qu'à Nasri et Evra, mais beaucoup moins qu'à Platini, Trésor et Giresse : les buteurs de Séville. Gloria victis !
Rédigé par : Boris | 24 octobre 2012 à 20:04
De même que l'on ne condamne pas sans lire (cf un billet précédent de PB), on ne juge pas sans savoir, ce que vous faites néanmoins tout en confessant votre ignorance quant aux injures proférées par le tricheur Materazzi qui n'en était pas à son coup d'essai pour faire expulser un joueur qui lui était supérieur.
Dites-nous plutôt si pour vous le fait d'insulter la mère ou la soeur d'une personne en employant le terme de putain n'est pas grave et comment réagiraient vos proches en pareille circonstance ? Ou alors auriez-vous si peu le sens de l'honneur dans la famille ?
Je persiste et signe en disant que dans ce cas le coup de boule était mérité, voire même que ce n'était pas cher payé. Car s'il avait eu affaire à un Corse, l'Italien mal embouché aurait autrement dérouillé et cette fois pas en public.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Catherine Jacob | 24 octobre 2012 à 19:03
"Voilà l'art, visible nulle part, présent partout pour qui sait l'inventer.
Enjamber le temps est son seul but, avec ou sans filet."
AO
Je vous rejoins. Cela ne coûte rien, chacun peut être son propre acteur et cela donne des résultats forts et souvent inoubliables.
C’est un peu la philosophie
« Außer der Reihe tanzen. »
(Sortir du rang ?)
J’adore.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 24 octobre 2012 à 18:59
Cette statue rappelle à tous que Zidane s'est fait justice tout seul, excédé qu'il était par Materazzi. C'est à l'opposé de ce qu'on essaie d'inculquer partout ailleurs en matière d'éducation et de "morale laïque". Et en particulier dans les clubs de foot où les éducateurs sportifs ont souvent toutes les peines du monde à pacifier les relations entre les joueurs, jeunes et moins jeunes, et à faire respecter les règles.
Allez leur expliquer que Zidane a droit au coup de boule, mais pas eux... ils en déduisent tous que plus on est célèbre et puissant, et plus on est intouchable. Du coup le pouvoir devient objet de convoitise, coûte que coûte.
Même chose pour Claude Onesta et son comportement scandaleux, quelles qu'en soient les raisons, à l'issue des championnats du monde de handball. Ce sont des comportements qu'aucun professionnel ne devrait s'autoriser et qui devraient faire l'objet de sanctions disciplinaires pour ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent. La complaisance des autorités fédérales à l'égard des "stars" est patente et met à mal tout le travail patient des petites mains du monde sportif. On pourrait faire la même démonstration avec le dopage.
"Selon que vous serez puissants ou misérables..."
Rédigé par : Françoise Coupat | 24 octobre 2012 à 17:53
Etait-il dopé lorsqu'il a mis ce coup de boule ?
On pourrait alors penser que ZZ n'avait pas toute sa tête.
Rédigé par : Polochon | 24 octobre 2012 à 16:59
anne-marie marson 14.13
Son manque de générosité ne serait pas une légende, légende qui le poursuit même dans les couloirs télé, selon certains journalistes du sport, aucune interview gratuite, toute interview doit être rémunérée.
Il a vite et bien compris le système dans lequel il évoluait ! et les chaînes aussi qui ne l'invitent que très peu souvent, tout le monde est gagnant il est inaudible !
Rédigé par : Pietri S | 24 octobre 2012 à 16:58
@Mary Preud'homme | 24 octobre 2012 à 14:41
"Et ceux qui s'indignent du comportement normal de Zidane (qui rappelons-le était l'offensé et Materazzi l'agresseur verbal) devraient savoir qu'il est des paroles (injurieuses) qui font plus mal que des coups."
C'était quoi au fait la calomnie ?
En tout état de cause, la légitime défense ne se conçoit que dans une réponse proportionnée à l'agression : il ne doit pas y avoir d'excès dans la riposte.
Je ne vois pas très bien où est le rapport proportionnel entre un coup de boule et une parole qui n'appelait en réplique qu'une autre parole.
Exemple : "Ripoux !" dit l'un, "Trou en chou-fleur" dit l'autre ; ça s'équilibre sans qu'on ait besoin de se lancer de vrais choux-fleurs à la tête, qui du reste poussent sans doute davantage sous les fenêtres de vestiaires que directement sur la pelouse du stade !
Rédigé par : Catherine JACOB@Mary Preud'homme | 24 octobre 2012 à 16:49
Zidane, un grand buteur, notamment 3 buts célèbres de la tête, dont le dernier a fait couler beaucoup d'encre et nous vaut cette superbe sculpture.
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Et ceux qui s'indignent du comportement normal de Zidane (qui rappelons-le était l'offensé et Materazzi l'agresseur verbal) devraient savoir qu'il est des paroles (injurieuses) qui font plus mal que des coups.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 24 octobre 2012 à 14:41
Je ne m'intéresse pas au foot, et je ne connais rien des qualités footbalistiques de ce joueur. Mais ce coup de boule est entré dans l'histoire (du foot), et je doute des qualités d'entraîneur de Z.Z. C'est quelqu'un de peu généreux. J'ai entendu un jour une interview de la présidente d'une association de malades, qu'on appelle les maladies orphelines, dont Z.Z. était le parrain, qui regrettait le peu de générosité de Z.Z. Il n'a jamais rien donné, alors qu'un seul mois de son salaire aurait suffi à faire vivre l'association pendant plusieurs années.
Rédigé par : anne-marie marson | 24 octobre 2012 à 14:13
Mouais.
La seule chose choquante est qu'on nous impose cela hors tout aspect muséal, alors qu'est juste à côté un lieu (que j'aime) tout entier dédié à cela. Il s'y est exposé tellement d'approximations spectaculaires et grotesques d'oeuvre comme de superbes d'entre elles, que celle-là eût pu y trouver au moins temporairement une place sans dépareiller ce champ expérimental.
Le geste de Zidane ne m'avait pas choqué. Materazzi l'avait juste avant ceinturé et insulté là où les images montrent bien que Zidane avait pris avec humour ce premier geste visant à l'empêcher de jouer, puis avait vu ses paroles à visée rigolarde retournées par les propos infâmes de ce grand fasciste à la carrière avérée.
Que ce type n'ait pas été expulsé aussi, seul me navre.
Le fait que Zidane soit sorti n'a rien changé au résultat. La victoire s'est jouée sur un tir au but de Trezeguet sur la barre, comme celle de 98 entre ces deux équipes s'était aussi jouée là, sur la barre de Barthez, cette fois. Un simple coup de dé, le hasard est facétieux et finalement équitable sur le long terme.
Lors de cette finale, je devais en sa fin mener ma fille aînée à la gare d'Austerlitz (ou plutôt de Waterloo en l'occasion), nous partîmes vingt minutes avant les tirs au but pour rejoindre ses camarades de colonie de vacances.
Arrivés sur une des avenues qui nous y menaient, je lui fis remarquer que, à cette heure, elle aurait dû être encore pleine d'autos. Là, on voyait à un kilomètre sans qu'aucun obstacle ne nous bouche la vue. Je me suis arrêté et me suis assis au milieu de l'avenue, l'ai invitée à faire de même. Nous avons ri et arrêté le temps ainsi une dizaine de secondes, espérant nous en souvenir "à jamais".
Voilà l'art, visible nulle part, présent partout pour qui sait l'inventer.
Enjamber le temps est son seul but, avec ou sans filet.
AO
Rédigé par : oursivi | 24 octobre 2012 à 13:19
Ben !
Pourquoi pas un statuaire plus élaboré, sur le parvis, qui rajouterait pour aller presque jusqu'à un calvaire...
Si on ajoutait pour démontrer la puissance d'ici-bas démontrée avec le Sport, sa Magnifique Saine Concurrence, on pourrait par exemple installer un Cycliste en Majesté, sa Pompe aux boyaux, en lui comme en les roues !!!
Je ne vois vraiment pas pourquoi l'Histoire devrait par avance retenir toutes les lamentations qu'il vaudrait mieux cacher.
L'Art soviétique socialiste, pas négligeable (j'aurais des sous je collectionnerais...), y allait d'un optimisme benoît !
Bonjour Monsieur Alain Seban, et merci encore une nouvelle fois pour vos initiatives et vos reconnaissances !
"Incitations" à la violence !
Comme si les expressionnistes allemands, "artistes dégénérés", avaient inventé Hitler !!!
Une chose est au moins sûre : plus cela va et plus les artistes me semblent proches des scientifiques, sachant comme ils savent distinguer les causes et les effets, et pour leurs expériences retenir les faits comme expression considérable...
Rédigé par : zenblabla | 24 octobre 2012 à 13:07
Sans intérêt autre que de souligner la vacuité de notre société qui se qualifie de "post-moderne"...
Rédigé par : Robert | 24 octobre 2012 à 12:50
"Dorénavant, des cyniques comme Dorgelès sont inutiles, les artistes sont auto-suffisants."
Rédigé par : Archibald | 24 octobre 2012 à 10:16
Bien vu, cette farce est racontée dans son merveilleux livre "Bouquet de Bohème", sur les peintres de Montmartre avant 14. C'est pathétique et drôle, misère et bohème...
Remarquez qu'on y trouve un Utrillo à qui un admirateur reproche la pâte épaisse d'un tableau et qui lui répond : "ta gueule connard, barre-toi !"... Quand il avait un peu trop bu Utrillo parlait comme un footballeur d'aujourd'hui.
Rédigé par : Savonarole@Archibald | 24 octobre 2012 à 12:49
Voici un billet d'une profonde intelligence.
Au risque de froisser les bonnes consciences de gauche qui me liront, et de me prendre à mon tour un bon coup de boule (virtuel), je pose une question simple et en apparence incongrue : y a-t-il une différence entre cette oeuvre écrasante (5m de haut) et les discours de repentance à répétition de notre lumineux président de la République ?
Rédigé par : RF | 24 octobre 2012 à 12:29
Plutôt que de coup de boule, il faudrait dire qu'on perd la boule : cette statue ridicule... Michel Drucker qui affirme à une heure de grande écoute que Lance Armstrong a triché mais reste un grand champion...
Médusée !
Rédigé par : Jachri | 24 octobre 2012 à 11:57
Monsieur Zidane est-il à ce point considéré par certains comme "minus habens" que des tiers puissent lui suggérer de faire respecter son droit à l'image ?
Est-il sous tutelle comme faible d'esprit ?
Et s'il plaît à lui de se voir ainsi statufié par un artiste ? (qui pour autant ne révolutionnera pas les canons du genre, tant il est difficile de travailler la glaise sur un coup de tête)
Rédigé par : sbriglia | 24 octobre 2012 à 11:52
JMT
"le football sport de gentlemen" : à quelle époque ?
"joué par des voyous" : de tout temps
Vous étiez sans doute au xxxxième degré LOL
Rédigé par : Pietri S | 24 octobre 2012 à 11:48
Cette 'oeuvre d'art' aurait sa place à la FIAC à côté de l'urinoir de Marcel Duchamp et de quelques autres 'oeuvres d'art'... puisque tout est art...
Rédigé par : Pietri S | 24 octobre 2012 à 11:43
Le football n'est-il pas un jeu de gentlemen joué par des voyous ? Ce groupe le confirme.
Rédigé par : JMT | 24 octobre 2012 à 11:13
Oui tout à fait ok avec votre analyse.
Rédigé par : aero | 24 octobre 2012 à 11:08
Cette statue est bien le reflet de la société d'aujourd'hui : une violence immédiate du oeil pour oeil, dent pour dent et du foot, un sport d'enfants gâtés et mal élevés (je parle des joueurs évidemment).
Elle représente aussi l'art dans toute sa splendeur. La subjectivité de l'art et son snobisme intellectuel, son côté artificiel. Beaubourg en est l'archétype, y compris par l'architecture de son bâtiment. Si les critiques encensent une soi-disant oeuvre, tous les moutons suivent, tant ils ont peur de paraître ignares en la matière et incultes en général. Combien d'oeuvres insipides ont été portées aux nues, juste parce que l'auteur a voulu dire quelques chose de si abstrait que c'en était génial ?
Génial, Marie-Chantal !
Cette statue effectivement contestable dans une société où la violence pour parfois un regard peut être mortelle, est un signe des temps : vulgarité, faiblesse et permissivité. C'est une contre-éducation pour les jeunes.
Cela dit, je n'ai rien contre Zidane, assez sympathique tant les nouveaux "bleus" ne le sont pas, mais sans doute pas très perspicace ni futé.
Rédigé par : Michelle D-Leroy | 24 octobre 2012 à 11:05