Il ne faut jamais désespérer.
Il y a toujours un moment, une révolte, une lucidité, une libération qui ouvrent les portes à la vérité et mettent à bas les édifices du mensonge et de la mauvaise foi souvent construits avec le ciment politique, l'égarement intellectuel et la complaisance médiatique.
Pour la lumière sur Omar Raddad, Guy Hugnet, avec son livre remarquable et ayant réponse à tout, a remis la justice et ses légitimes évidences au centre du débat.
Pour les crimes des Prolétaires armés, dont Cesare Battisti, et l'histoire mouvementée et protégée de ce dernier, notamment en France et au Brésil, Karl Laske, qu'on ne peut soupçonner de partialité conservatrice, a enfin, avec son ouvrage "La mémoire du plomb", décidé de dessiller les esprits et de porter le fer cruel et décisif d'une investigation libre dans une cause gangrenée par les approximations et les manipulations.
Il a fallu attendre longtemps tant, en France, certains criminels bénéficient systématiquement d'une mansuétude qui fait chic quand ils ont su se lover au sein d'une mouvance politique, culturelle et médiatique. Cette passion aussi de notre pays pour les justiciers de chambre qui, sans aucune légitimité ni sérieux, se piquent d'éclairer avec leur ignorance la masse en lui démontrant qu'un assassinat n'est pas un assassinat et qu'il convient de relativiser. Qui dira le mal qu'ont fait, sans deviner quelle serait leur postérité vengeresse, Voltaire et Zola?
Karl Laske a regardé et il a vu que le roi était nu. Que Cesare Battisti n'était pas un homme dans le beau sens du terme.
Il y avait eu le livre de Guillaume Perrault, premier de cordée courageux, mais ce journaliste, écrivant au Figaro, avait évidemment tort d'avoir raison.
Je ne me fais aucune illusion. Comme pour mon précédent post par lequel je recommandais instamment le livre de Guy Hugnet, j'aurai pour ce billet les mêmes objections de commentateurs qui se garderont bien d'aller acheter, toutes affaires cessantes, l'ouvrage de Karl Laske parce qu'ils préféreront l'erreur et la méprise auxquelles ils sont habitués à une vérité dérangeante : devoir changer de conviction, même pour le vrai, c'est épuisant !
En même temps, pourquoi serait-il noble de promouvoir des romans et des essais souvent de manière hyperbolique en se refusant à rendre hommage à des textes qui font progresser l'esprit public, la démocratie puisqu'à mon sens vérité et justice lui sont consubstantielles ?
Je ne lirai pas ce texte et la divine surprise qu'il représente, en cette période où toutes les confusions sont reines, à la place de ceux qui feront la mauvaise tête et demeureront enfermés dans leurs préjugés.
Mais, tout de même, l'horreur, la cruauté et l'absurdité de ces crimes. La bêtise à tuer de ces Prolétaires armés. La folie à lier de ces malades. Le rôle déterminant de Battisti dans ces actions et leur inspiration en 1978 et 1979. Ses fuites, ses lâchetés, ses justifications puis ses protestations d'innocence. Cette vulgaire exploitation, par ses soins, d'un passé odieux. Cette manière de chercher des boucs émissaires : ses camarades d'alors, ses premiers avocats, la justice française qui lui avait pourtant fait confiance. Se détourner de soi pour éviter d'avoir à se condamner.
Mais, tout de même, le fait que la doctrine Mitterrand derrière laquelle lui-même et tous ses partisans inconditionnels se sont abrités n'a jamais bénéficié à Battisti puisqu'au printemps 1983 il en a été formellement exclu par Robert Badinter. C'est l'énorme, l'accablante révélation produite par Karl Laske qui publie le document relatif à cette décision.
Mais, tout de même et surtout, la ridicule et scandaleuse tragi-comédie autour de Battisti. Combien se sont brûlés les ailes en prétendant s'approcher de ce dévoiement, de cette personnalité guère estimable, de cet être qui fuyait la justice de son pays et que Lula, par pure politique, a accepté de maintenir au Brésil! Faut-il les citer, les mentionner, tous ces serviteurs de l'injustice, ces apôtres d'une mauvaise cause, ces personnalités gravitant dans les sphères où l'important n'est pas de se battre pour un enjeu qui en vaudrait la peine mais de s'accrocher à ce qui est paradoxal, incongru, choquant, qui surprend, qui est honteux et qui fait parler ! Battisti comme occupation d'un monde qui ne sait plus où donner de la générosité trafiquée. Fred Vargas, Yves Cochet, Bernard-Henri Lévy bien sûr, François Hollande malheureusement, DSK et tant d'autres qui, en France ou au Brésil, ont minimisé, porté secours et assistance à un homme qu'ils avaient imaginé, inventé. Une image italienne plutôt que le triste rejeton de l'histoire immémoriale et sanglante du crime politique. François Bayrou aussi, et c'est pratiquement la seule erreur de jugement que cet honnête homme a commise. Nicolas Sarkozy, malgré une réaction saine et convaincante après l'arrestation de Battisti au Brésil, s'est laissé doucement aller à une position inverse, sans doute guidé par son épouse et la soeur de celle-ci. Karl Laske décrit à la perfection ces coulisses, ces arrangements, ces services, tout cet entregent au détriment de la justice. Des trafics et des opportunités de privilégiés. Des puissants qui on ne sait pourquoi viennent au secours d'un criminel ; pour des crimes certes anciens mais qui gravés dans la mémoire collective indignent par leur sauvagerie aujourd'hui autant qu'hier.
L'affaire Battisti n'est pas une belle page de l'Histoire de France. En dehors de la décision de Robert Badinter.
On n'aurait pas eu une autre cause pour nous persuader que la France était un magnifique et généreux pays ?
Karl Laske, pourtant, à bien le lire, énonce cette intelligente injonction : regardez Battisti, le roi est nu.
Peut-on faire grief à Lula de faire (ou d'avoir fait) de la politique ? De même pour Dilma Rousseff.
Rédigé par : Jérôme B | 15 novembre 2012 à 14:27
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 15 novembre 2012 à 04:49
Comme dirait Zara,
"bah voilà, tout est dit" !
Rien à redire, sauf que ne nous donnez pas l'adresse où on peut se fournir à 0,01CE et encore moins le mode de paiement.
Ah... on vous retrouve lucide et tranchante, cela fait plaisir.
AO
Rédigé par : oursivi@VRité | 15 novembre 2012 à 11:01
Rédigé par : Savonarole @ Polochon | 15 novembre 2012 à 05:16
Savo qui donne raison à JDR tout en disant "oui" à Polochon... et AO qui ici pense encore le plus grand bien de l'intervention de AP, nous nageons dans la confusion des lignes à l'ingré de notre plein su.
AO
Rédigé par : oursivi | 15 novembre 2012 à 10:53
@ Polochon | 14 novembre 2012 à 20:15
En effet, et nul besoin d'aller en pays exotique, souvenons-nous du garde des Sceaux, François Mitterrand, qui pendant la guerre d'Algérie, a huilé la Veuve, avant l'exécution de 45 algériens du FLN.
Rédigé par : Savonarole @ Polochon | 15 novembre 2012 à 05:16
L'accablante révélation et le scandale sont liés à mes yeux au fait que la note de R. Badinter a été tue et dissimulée dans le débat public par l'ensemble de la classe politique et journalistique.
Je sais bien qu'il convient aujourd'hui de passer par pertes et profits les soutiens inconditionnels et honteux dont a bénéficié C. Battisti condamné en 1988 par la justice italienne pour deux assassinats et complicité d'assassinat.
"Mais, tout de même et surtout, la ridicule et scandaleuse tragi-comédie autour de Battisti."
Extrait :
Libération du 24 février 2004 :
"Hollande visite Cesare Battisti à la Santé : la mobilisation grandit autour de l'écrivain menacé d'extradition" par Dominique Simonnot.
"Marquer sa désapprobation", "affirmer qu'il est inadmissible que la France revienne sur la parole donnée par François Mitterrand, puis par Lionel Jospin, aux Italiens exilés en France, et que Raffarin et Perben obéissent ainsi immédiatement aux pressions de Berlusconi". Voilà pourquoi, hier, le patron du PS, François Hollande a rendu visite à l'écrivain Cesare Battisti, incarcéré à la prison de la Santé depuis le 10 février et menacé d'extradition vers l'Italie."
Mais, tout de même, et surtout, l'envie irrépressible de pleurer à la lecture de ce haut fait de protestation et de résistance à même 0,01 centime d'euro, tout ce qui y transpire de la lâcheté politique, intellectuelle, médiatique et humaine. Tout ce qui dégrade et fait honte.
Je suis bien convaincue que Voltaire et Zola n'y sont strictement pour rien.
Ici, dans cet extrait, juste l'expression banale et mélangée du cynisme et de l'opportunisme politiciens, et surtout en arrière-plan les clientèles militantes auxquelles il convient de donner des gages. A n'importe quel prix.
Ne mélangez pas l'humanité d'E. Zola avec cette soupe médiatique et politique !
C'est vrai que l'erreur judiciaire hante et définit en quelque sorte la figure de l'intellectuel dit engagé.
Mais quand L'Aurore publie J'accuse, le gigantesque Émile Zola a écrit son éditorial au nom de tous, pour tous. Au nom et pour tous les hommes et les femmes d'honneur auxquels les mots de son éditorial ne font jamais honte. L'hypocrisie politicienne d'aujourd'hui y est totalement absente.
Son cri de protestation est à l’opposé, par exemple, de la protestation de 2004 de l'actuel président de la République et de tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont œuvré pour que soit accordée de la mansuétude à un assassin.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 15 novembre 2012 à 04:49
Je ne connais pas les affaires Battisti. En revanche je connais bien les années de plomb brésiliennes. La résonance que peuvent avoir les années de plomb italiennes auprès de gens comme Dilma est énorme.
En plus, au Brésil on a fait le choix de tout oublier de ces époques troubles. Amnistie, amnésie totale et bilatérale.
Ceci explique cela.
En revanche, les Brésiliens qui étaient en exil en Italie à l'époque sont plus prudents. Ils savent un peu plus de qui il s'agit...
Notez que Battisti est ici libre, mais ignoré par l'intelligentsia.
Rédigé par : Alex paulista | 15 novembre 2012 à 02:38
"Vous amalgamez des contextes fort différents. La justice italienne qui a jugé et condamné Battisti dans les années 80 n'avait pas la réputation d'être à la solde du pouvoir politique et de transgresser les règles d'équité d'un procès."
Rédigé par : Trekker | 14 novembre 2012 à 19:53
Ce n'est pas faux mais ce n'est nullement des "autres ceux-là" dont on parle. Le problème Battisti se pose maintenant dans la continuité des prises de position récentes, de celles dont parle Philippe (Vargas, BHL, Hollande, pour ne citer que celles-là).
Même si vous vous adressez à Zara, je ne vais pas laisser passer cela.
Je ne défends pas la juridiction Mitterrand, j'ai pour ma part parlé de cette dernière décennie où Berlusconi était à la tête de l'Etat et demandait celle de la probable vipère Battisti.
La sortie de Zara était pertinente, même si on peut trouver la France arrogante que d'extrader quand elle le veut, en fait, tous les pays pratiquent de la sorte.
Prenez un exemple amusant, Israël, enfin, qui le serait si la dernière affaire incriminée n'était celle ayant vu deux beaufs en quatre-quatre écraser une belle et jeune femme, et se précipiter dans un avion pour jouer de leur passeport français - juifs tous les deux - en se rendant là où la justice israélienne ne pourra les toucher. Là-bas, fort justement, on s'est ému de ce que deux meurtriers puissent ainsi échapper à la justice, oubliant toutes ces affaires où des Franco-Israéliens ont fait le trajet inverse pour se mettre à l'abri, comme ce fut le cas dans les affaires de "cavalerie bancaire", par exemple.
Oui, expulser Battisti à certaines époques pouvait donner un léger haut-le-coeur, et oui, aussi, tout autant, cet homme doit être un jour jugé. Et pourquoi pas maintenant ?
AO
Rédigé par : oursivi@Trekker | 14 novembre 2012 à 23:23
Quand même, ce pauvre Voltaire ne pouvait deviner, à sa mort en 1778, que se produiraient la Révolution et autres horreurs... Par ailleurs, à côté de Rousseau, c'était un modéré plutôt libéral.
Je ne sais, Monsieur Bilger, si vous auriez apprécié l'ermite de Ferney de son vivant. Il avait ses défauts. Mais je suis sûr que l'auteur du réquisitoire de François Besse n'aurait pas pu être l'ami du grand ennemi des philosophes, le conseiller Pasquier... Voltaire nous a quand même fait sortir, avec Beccaria et quelques autres, du Moyen Age judiciaire.
Rédigé par : Boris | 14 novembre 2012 à 20:46
M. Reffait a des arguments bizarres et dangereux.
C'est lui qui décide si les pays voisins sont dans des périodes démocratiques ou dans des périodes de non état de droit.
Et il justifie ainsi le terrorisme de Battisti par celui supposé de l'Etat italien de l'époque.
Pourquoi alors ne pas justifier les atrocités des Khmers rouges par le rôle des Américains en Indochine... le stalinisme et ses millions de mort par les excès du capitalisme... et la bêtise de nombreux intellectuels français par l'enseignement que leur a donné l'Education nationale.
Rédigé par : Polochon | 14 novembre 2012 à 20:15
"On retrouve chez elles le même acharnement suicidaire, le même nihilisme mondain, qui consiste à tout faire pour détruire la société dans laquelle elles évoluent, tout en manoeuvrant pour en tirer le maximum d’avantages."
Tipaza...
Je veux bien concéder qu'une indignation agacée me rend facilement agressif et, probablement, inutilement vexant, mais relisez-vous s'il vous plaît, vous verrez que suis loin d'être le seul.
Certes, la différence est que ne visez que du général là où je tance en particulier.
En attaquant Voltaire vous ne risquez pas qu'il vienne faire de vous la risée de ce lieu. Mais ceux qui ont bien compris ce qu'ils lui doivent ne vont certainement pas laisser passer cela, ce quels qu'ours mal léchés qu'ils en paraissent ainsi.
J'en suis.
Désolé.
Et puis, si vouloir ne pas être les pangloss de la modernité est sain, jouer son Joseph de Maistre au premier degré n'est pas beaucoup plus qu'une posture, sauf à manquer à toutes les analyses nécessaires à chaque évolution.
Voltaire se moquerait lui-même des modernes qui l'ont mal compris, et surtout mal actualisé.
Qui en douterait ?
AO
PS : et lisez ce dont je vous ai parlé, je ne vois pas à qui cela pourrait faire du mal, bien au contraire.
Rédigé par : oursivi | 14 novembre 2012 à 20:11
@Jean-Dominique Reffait
"Tous nos pays ont des zones judiciaires tendues. L'Espagne outrepasse les règles démocratiques dès qu'il s'agit de Basques. En Angleterre, c'est l'Irlande du Nord. La France a connu ces situations avec l'Algérie et s'est déjà affranchie de l'Etat de droit en Corse. L'Italie a connu une période sombre où l'Etat lui-même était criminel face à des criminels gauchistes."
Vous amalgamez des contextes fort différents. La justice italienne qui a jugé et condamné Battisti dans les années 80 n'avait pas la réputation d'être à la solde du pouvoir politique et de transgresser les règles d'équité d'un procès.
Vouloir imposer à la justice italienne de refaire un nouveau procès à Battisti, cela trente ans après ses assassinats, n'est qu'une manière de tenter de blanchir ce meurtrier récidiviste. Les promoteurs de cette demande savent très bien que vu le temps écoulé, il sera aisé pour la défense de faire contredire les témoins de l'époque et de plus difficile de les retrouver tous (certains étant décédés depuis).
Rédigé par : Trekker | 14 novembre 2012 à 19:53
Rédigé par : oursivi | 14 novembre 2012 à 17:04
« Il y a là une somme d'intelligence et de modernité supérieure à plusieurs de votre vie. »
Pas grave, j’ai pour moi le Temps (avec une majuscule), ce maître de toutes choses.
En parlant du Temps, je parle évidemment des réincarnations successives qui me permettront, ni de rattraper, et encore moins de dépasser Voltaire qui ne saurait être un quelconque modèle pour moi, mais de le faire oublier… en toute modestie… qui vaut bien la vôtre.
Ne pouvez-vous pas échanger sans attaques personnelles ?
Vous donnez l’impression d’être impliqué dans vos profondeurs par ce qui n’est qu’un jeu intellectuel. Car enfin quels résultats concrets à attendre de nos échanges ? Ils sont une confrontation de points de vue, intéressants seulement s’ils sont courtois, et riches de réflexion sans passion.
Rédigé par : Tipaza | 14 novembre 2012 à 18:47
Battisti aurait tué deux commerçants qui refusaient le racket des terroristes. Où est le courage du résistant ? En fait veut-on piéger Hollande qui rendit visite à Battisti ? Certains disent qu'on ne pouvait le livrer à la justice de Berlusconi, première fois où la justice italienne serait en accord avec l'ex-président ? Pourquoi, à l'image d'Obama, les services secrets italiens n'ont-ils pas récupéré cet homme de par le monde ?
Rédigé par : perplexe-gb | 14 novembre 2012 à 18:43
Rédigé par : Tipaza | 14 novembre 2012 à 15:43
Oui, j'agrée à ce que vous dites concernant l'esprit inculte autant que sot qui a cours ou plutôt cour dans des cénacles qui m'horripilent autant que vous.
Votre analyse sur les appréciations biaisées de ce qui est tolérable là-bas et même seulement évocable ici est juste.
Je l'ai dit ici mille fois et avec plus de virulence, y compris à notre bédouin de service auquel peu de "braves" de votre espèce venaient se coltiner quand il sévissait en "nos" colonnes...
La nature humaine n'est que ce qu'elle est.
Par contre il est temps d'instruire la réaction à la réaction, qui lui sera utile autant que son action l'est au rééquilibrage de toute révolution.
Votre portrait de Voltaire laisse à ne point douter la certitude que ne l'avez pas lu, ce que je vous invite à faire pour laver le ridicule dont venez de vous tremper.
Cet été, mu par un des ces somptueux hasards*, je choisis d'acquérir pour l'extravagante somme de 0.2E, un ouvrage rouge des plus modestes, sis en un des présentoirs de Boulinier, entouré de Konsalik de Slaughter comme de Soljenitsyne ou de Hugo.
J'y lus l'ensemble des romans du maître, ou presque.
L'Ingénu, Zadig, Le Candide, Le Blanc et le Noir, La Princesse de Babylone, L'Homme aux quarante écus...
Il y a là une somme d'intelligence et de modernité supérieure à plusieurs de votre vie.
Ne pas replacer cet homme dans son contexte historique d'une religiosité crasse qui ferait passer Xavier Nebout pour un homo social-démocrate, et railler deux cent cinquante ans plus loin celui-là avec des yeux du vingt et unième siècle et une "intelligence" qui n'a même conscience de ce qu'elle lui doit, laisse songeur sur la bêtise de qui s'attaque à son inconscient maître à penser.
Cela est la mesure de combien ce que tente d'instruire le contempteur est justement ce dont il se ridiculise, tentant de taper maladroitement avec l'arme que lui a offerte celui qu'il croit être son ennemi. Cela par pur égarement réactionnaire aussi sot que les révolutionnaires sans mélange dont il n'est que le piètre pendant.
Que Voltaire ait été un arriviste, peu me chaut, vous en connaissez, vous, qui ne le soient, je veux dire au moins parmi les gens particulièrement brillants ?
Cessez ces enfantillages, vos os seront oubliés et bouffés par la vermine depuis longtemps que les esprits les plus brillants liront encore Voltaire pour en faire critiques et éloges ; comme il l'eut aimé.
Par contre sont des choses plus intéressantes à dire sur Rousseau qui iraient probablement plus dans le sens de vos critiques outrées.
J'y reviendrai.
AO
* le genre d'anecdotes éclairantes que chérissait l'habitant de Ferney...
Rédigé par : oursivi | 14 novembre 2012 à 17:04
C’est effectivement à Voltaire qu’il faut remonter pour définir le comportement de nos "élites" de gauche. On retrouve chez elles le même acharnement suicidaire, le même nihilisme mondain, qui consiste à tout faire pour détruire la société dans laquelle elles évoluent, tout en manoeuvrant pour en tirer le maximum d’avantages.
Voltaire démolissait la monarchie absolue française au nom des libertés, et se faisait le plus vil courtisan auprès des monarques les plus liberticides de l’époque que furent Frédéric II et Catherine de Russie. Il en tirait une situation appréciable, et des avantages matériels importants.
C’est le même comportement qui se poursuit au fil du temps, chez ceux qui, disciples de Voltaire, lèvent la main gauche pour frapper la société, et tendent la main droite pour en recevoir des prébendes qu’ils sollicitent.
Ce sont eux qui, au nom de la liberté, glorifient successivement, Staline pour ne pas désespérer Billancourt, Mao pour faire moderne, et Che Guevara. Ah, Che Guevara, l’icône des bien-pensants des temps modernes, à l’esprit bien peu religieux sauf lorsqu’il s’agit d’adorer, un homme dont on sait qu’il fut responsable des pires exactions à Cuba.
On trouve encore ce nihilisme mondain dans cette volonté de détruire l’Occident dans ses fondamentaux, par une adulation surprenante de tous les mouvements révolutionnaires dès lors qu’ils remettent en cause, même de façon implicite, la suprématie de cet Occident honni par eux.
L’accueil exagérément favorable fait aux révolutions du printemps arabe, en est la dernière manifestation. Certes ces mouvements se sont débarrassés de dictateurs séniles, mais à ce jour, le bilan a été de donner le pouvoir à des religieux plus ou moins intégristes. L’exemple de l’Iran devrait inciter à la prudence dans cet enthousiasme.
Quelle aurait été leur réaction si des mouvements analogues avaient porté au pouvoir des religieux chrétiens, quand on voit leurs réactions effarouchées lorsque des mouvements qualifiés de populistes, avec mépris (un certain peuple est méprisable pour eux), remportent un pourcentage de voix conséquent à des élections libres.
Les mêmes qui se veulent agnostiques et libres penseurs, s’extasient devant l’observance stricte des règles de l’Islam, et caricaturent la religion catholique.
Les mêmes qui crient à l’oppression dans le maintien de l’ordre dans nos banlieues en réclamant le strict respect des droits donnés par la loi (et ils ont raison), ignorent les exactions dont sont victimes les chrétiens d’Orient en terre d’Islam. L’expression « terre d’Islam » n’est pas contestée. Je n’ose penser à leurs cris d’orfraie si on parlait de « terre chrétienne », à voir leurs réactions lorsqu’on parle de l’héritage judéo-chrétien de l’Europe.
Enfin puisque Voltaire est à l’honneur, concluons par ces quelques vers d’Alfred de Musset :
« Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encor sur tes os décharnés ?
… /…
Il est tombé sur nous, cet édifice immense,
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour. »
Rédigé par : Tipaza | 14 novembre 2012 à 15:43
Rédigé par Monsieur Reffait le 14 novembre 2012 à 11:08
"...En Angleterre, c'est l'Irlande du Nord..."
Desolee, je ne comprends pas le sens de votre phrase...
Rédigé par : Valerie | 14 novembre 2012 à 15:24
Magnifique billet une fois de plus, Monsieur Bilger.
Vous avez tout dit en quelques lignes.
Rien à rajouter pour ma part.
Rédigé par : RF | 14 novembre 2012 à 14:35
Je conteste le raisonnement qui exigerait de respecter par nature toutes les procédures policières ou judiciaires de pays amis sous le prétexte qu'il s'agirait de démocraties aussi respectables que la nôtre.
Tous nos pays ont des zones judiciaires tendues. L'Espagne outrepasse les règles démocratiques dès qu'il s'agit de Basques. En Angleterre, c'est l'Irlande du Nord. La France a connu ces situations avec l'Algérie et s'est déjà affranchie de l'Etat de droit en Corse. L'Italie a connu une période sombre où l'Etat lui-même était criminel face à des criminels gauchistes.
Ce n'est donc ni de l'arrogance ni du mépris que de contester le bien-fondé d'une décision judiciaire émise dans un contexte instable. Quel pays européen aurait fait confiance à la justice française pour juger un militant FLN ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 14 novembre 2012 à 11:08
@Trekker
Grand merci d'avoir développé l'histoire de l'infame Boudarel et montré jusqu'où peut aller l'ignominie de nos "intellectuels" (de gauche, of course).
Rédigé par : Claggart | 14 novembre 2012 à 10:56
Il n’y a pas qu’un roi à être découvert. Ils sont une liste à défiler en string (celle que vous publiez). Il ne faut pas oublier que le sarkocircus a ouvert la porte au milliardaire imposteur du boulevard Saint-Germain, alors que ce sordide dossier Battisti devrait contribuer à mettre à l’index ce sinistre «philosophe», et à le traiter avec le même mépris qu’il déploie contre ceux qui ont l’insolence d’être réservés ou opposés à sa morale en peau de lapin, ou à ses propos comminatoires.
Rédigé par : Jean-Louis | 14 novembre 2012 à 10:14
«Comme pour mon précédent post par lequel je recommandais instamment le livre de Guy Hugnet, j'aurai pour ce billet les mêmes objections de commentateurs qui se garderont bien d'aller acheter, toutes affaires cessantes, l'ouvrage de Karl Laske parce qu'ils préféreront l'erreur et la méprise auxquelles ils sont habitués à une vérité dérangeante : devoir changer de conviction, même pour le vrai, c'est épuisant ! »
Toutes affaires cessantes !!! Monsieur Bilger, même s'il s'agissait d'une nouvelle parution sous votre plume, je ne chercherais pas à me la procurer «toutes affaires cessantes». Cela ne signifierait cependant pas que, s'agissant de l'un je préférerais l'erreur ou que, s'agissant de l'autre, je n'en serais pas curieuse, cela signifierait que je croule déjà sous ce qu'il me faut lire et dont la pile me tend présentement les bras tandis que je soupire devant le temps qui, cruellement, me manque.
«Qui dira le mal qu'ont fait, sans deviner quelle serait leur postérité vengeresse, Voltaire et Zola? »
Monsieur Bilger, vous devriez savoir avec quelle facilité il est possible de transformer les personnalités faibles en bourreaux à bonne conscience, ayant l'impression, tourmentant cependant autrui sans s'avouer la vérité sur la réalité de leurs actes, qu'ils sont enfin utiles à quelque chose ou à quelqu'un.
«Zadig» n'est pas sadike et l'île du Diable est en chacun de nous, point n'est besoin dès lors de rejeter sur ces grands esprits la sottise de nos contemporains, du moins de certains, ou encore le mauvais fonctionnement de leur appareil AUDIKA, la réponse est là!
Rédigé par : Catherine JACOB | 14 novembre 2012 à 08:43
L'intolérable dans l'affaire Battisti, ou dans les affaires autour de l'ETA, est aussi l'incroyable mépris français à l'égard de ses voisins italien et espagnol, pourtant tout aussi démocrates que nous, et membres à notre égal de l'Union européenne...
Rédigé par : Jean Morland | 14 novembre 2012 à 08:30
C'était en février 2007. Une note de Philippe Bilger sur Cesare Battisti.
Je suis au départ perplexe, plutôt (très) encline à adhérer aux positions généreuses, évidentes (en surface) de Fred Vargas, BHL, F. Hollande, etc.
Cependant, à la lecture et relecture du billet, quelque chose se passe : je prends conscience que le cas Battisti - comprendre la défense tous azimuts de C. Battisti dans le débat médiatique et les postures politiques du moment - n'est pas aussi évident que les "humanistes" Vargas, BHL, le clament à tort et à travers, qu'en réalité il s'agit d'une supercherie intellectuelle.
Et j'apprends : je recherche des articles, je prends conscience que l'opinion médiatique et politique du moment a eu le pouvoir et la puissance d'égarer et d'abuser, de m'abuser.
Je me surprends à argumenter contre des commentateurs pro Battisti. Je me rends compte qu'en lisant et en synthétisant une sorte de dossier de presse que je me suis constitué, j'analyse les choses très différemment, que je suis capable d'apporter la contradiction, de défendre et de soutenir la lucidité de Philippe sur cette affaire.
Première traversée également dans le droit et sa complexité : il était alors question, dans le désordre, d'une décision de la Cour de cassation, de la Cour européenne des droits de l'homme, de contumace, bref, il s'agissait alors pour moi en premier d'apprendre pour comprendre.
Voilà profondément, à travers cette anecdote, tout le sens de la découverte du blog de Philippe sur un esprit comme le mien : apprendre à penser contre soi, contre ce qui constitue mécaniquement notre point de vue, lequel en réalité n'est que tristement formaté par la parole politique et médiatique dominante du moment. Par l'ignorance.
Cette note Battisti de février 2007 marque le début d'une sorte de conquête personnelle modeste d'une liberté de penser autrement : apprendre, contrer, argumenter, rejeter les postures faciles et mécaniques, refuser d’être dupe des discours dominants.
Je n'ai jamais oublié cette sensation de liberté de soi.
Merci Philippe.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 14 novembre 2012 à 05:07
Bertrand Delanoë qui a placé Battisti "sous la protection de la ville de Paris" (la bonne blague), ne va pas aimer votre billet !
Rédigé par : adamastor | 14 novembre 2012 à 01:00
Cher Philippe,
Il est des morts qu'on passe sous silence...
Et ne nous dites pas qu'il s'agit d'un hors sujet car le massacre des Tamouls est bien plus proche de nous que les débordements des activistes.
Pourquoi personne n'a protégé le responsable du Comité de coordination tamoul en France ? Il avait été l'objet d'une sévère agression à l'arme blanche l'an dernier.
C'est un jeudi soir, à Paris dans le XXème, que Nadarajah Mathinthiran trouva la mort, le corps criblé de balles.
Il est des causes d'exil qui restent incomprises, des génocides qui sont tus, des barbaries qui restent impunies, des listes d'organisations terroristes qui ne correspondent pas à la réalité.
Cet homme dénonçait des tortures, des viols, des meurtres d'enfants. Des camps de réfugiés bombardés dans lesquels le seul choix était de périr noyé en mer ou d'être enterré vivant. Il est des silences qui sont pesants et des impuissances qui sont douloureuses et que cet assassinat réactive.
Monsieur Meyer qui est un très grand spécialiste de la Chine n'a pas actualisé ses sources concernant le Sri Lanka et il serait grand temps de s'inquiéter du sort de la population tamoule.
Il y a d'autant plus de raison de s'inquiéter que le gouvernement français actuel vire au terrorisme politique contre l'opposition, ce qui est totalement inadmissible et explosif.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 14 novembre 2012 à 00:48
@ Claggart
Bien que cela soit hors sujet, et j'espère que notre hôte ne m'en fera pas trop grief, je vais résumer le parcours du sinistre Georges Boudarel.
Professeur de philosophie au lycée de Saïgon en 1949, membre du parti communiste, il était opposé à la guerre menée par la France et souhaitait la victoire du Vietminh. Choses qu'il était en droit de penser et d'évoquer dans un cadre privé uniquement ; un enseignant et surtout dans un pays en guerre se devait d'avoir une certaine retenue.
En décembre 1950 il abandonne son poste de professeur, et rejoint le Vietminh. Il prend alors en charge pendant 18 mois une émission en langue française, cela au sein de la station de radio clandestine du Vietminh. Emission qui ciblait avant tous les militaires français et les incitait à la désertion.
Mais là n'est pas le pire dans son compagnonnage avec le Vietminh : courant 1952 il est nommé commissaire politique dans un camp de prisonniers militaires français, le camp 113. Il fera preuve d'un très grand zèle pour "rééduquer" les prisonniers, tous ceux quelque peu rétifs à une adhésion aux thèses vietminh seront durement réprimés : privation de nourriture, travaux pénibles, violences physiques allant jusqu'à des formes de torture. Il sévira au moins un an dans ce camp et ses résultats sont édifiants : taux de mortalité d'environ 70 % chez les prisonniers (similaire à celui d'un Dachau ou Büchenwald ). Ce camp 113 est un des camps vietminh où la mortalité fut la plus élevée et où les sévices furent systématiques et des plus durs : surtout dans la période où Boudarel en fut le commissaire politique. Certes il ne se livra pas personnellement à des exactions-sévices sur les prisonniers français, mais en donna l'ordre aux gardiens et en surveilla l'exécution.
En 1964 Boudarel quitte le Vietnam pour la Tchécoslovaquie, et devient permanent à la Fédération Syndicale Mondiale : organisation totalement inféodée à l'URSS. Profitant de la loi d'amnistie votée en 1966, il rentre en France et est réintégré dans le corps enseignant. Rapidement promu maître de conférence, puis professeur d'université et par la suite chercheur au CNRS.
Ce n'est qu'au début 1991 qu'il est démasqué par quelques-uns des rares survivants du camp 113, et par J-J Beucler ancien secrétaire d'Etat aux anciens combattants. Ce dernier avait été prisonnier pendant quatre ans dans un camp vietminh.
Malgré l'émoi suscité par la révélation de son passé indochinois et un dépôt de plaintes pour crimes de guerre, il poursuivra paisiblement sa carrière dans l'université. Cadres du parti communiste, et toute une noria d'intellectuels de "gôche", prendront sa défense et faciliteront grandement son maintien dans l'université. Le comble sera atteint quand Boudarel atteindra l'âge de la retraite. Ses défenseurs feront valider ses 17 ans d'absence du corps enseignant comme "voyage d'étude". Cela lui donnant alors droit à une retraite à taux plein !...
Rédigé par : Trekker | 13 novembre 2012 à 23:15
Un crime politique de gauche ne peut exister, puisqu'il serait en tout état de cause commis pour le bonheur de l'humanité.
Alors des dizaines de milliers d'enfants auront porté le portrait du Che, et Madame bonne fée de la pensée humanitaire est une admiratrice de Fidel.
C'est beau la gauche...
Par ailleurs, je serais curieux de savoir combien d'emplois vont être créés parce que les employeurs pourraient éventuellement récupérer 3% de la masse salariale l'année suivante !
Le plus étonnant, c'est qu'on puisse croire une c... pareille, mais pas au père Noël.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 13 novembre 2012 à 23:09
@ SR
"Les dessous chics de l'exaltation libertine de quelques intellectuels babas restés vissés à la rive gauche".
Vous oubliez aussi la masse des ouvriers - et oui, il y en a encore, y compris dans les fonderies... - qui se fichent éperdument de Battisti mais qui aimeraient que quelqu'un - hors Battisti ! - les aident un peu... et qui, en l'absence d'aide, utilisent des méthodes que la raison réprouve mais que le désespoir excuse.
Si vous ne voyez pas à quoi je fais référence : disons Cellatex en 2000 ou la Chiers en 1982. Pour la première, beaucoup plus de matière explosive que les Brigades Rouges n'en n'ont jamais utilisé...
Rédigé par : Boris | 13 novembre 2012 à 21:49
http://fboizard.blogspot.fr/2012/10/waly-tout-compris-au-socialisme.html
La plaie du monde germanopratin est le relativisme moral, nom chic de la bassesse.
Rédigé par : Franck Boizard | 13 novembre 2012 à 21:09
@Trekker
Merci de dénoncer le sinistre Boudarel, mais pour l'instruction des jeunes générations il aurait été nécessaire que vous exposiez ses crimes (en bref garde-chiourme de nos soldats dans les camps de la mort du Viet-Minh).
Rédigé par : Claggart | 13 novembre 2012 à 20:58
Battisti, nous l'aurons, nous l'aurons un jour, suspendu au bout d'une corde pour indiquer le sens du vent !!!
Rédigé par : bruno | 13 novembre 2012 à 20:32
Les dessous chics de l'exaltation libertine de quelques intellectuels babas restés vissés à la rive gauche, les mêmes qui marqueront leur effroi dans des tribunes incendiaires pour dénoncer la joie de la soeur de Merah filmée à son insu en caméra cachée. Entre les mains sales de Battisti génération baba et les propos crétins de la soeur de Merah la clique de la rive gauche a décidément l'esprit torturé par l'entre-soi assassin.
Rédigé par : SR | 13 novembre 2012 à 18:41
Notre hôte met le doigt sur un des travers-dérives d'une partie de nos élites intellectuelles et politiques qui abondent dans leur sens. Il suffit qu'un ex-assassin ou terroriste clame avoir agi au nom du "progrès social" ou de la "libération d'un peuple opprimé", bien évidemment en se référant à une idéologie de "gauche". Ses crimes sont alors relativisés, minimisés voire niés, cela dès lors qu'il trouve une écoute plus que bienveillante dans les cénacles précités. Pour ces derniers les crimes de leurs protégés ne sont plus des crimes, mais des erreurs de jeunesse voire des actes amplement justifiés.
Dans un registre similaire, voir comment le sinistre Boudarel fut recyclé dans l'université française et trouva une cohorte de défenseurs quand son passé fut mis à jour. Ces derniers réussirent même à faire valider comme "voyage d'étude", les près de 20 années où il fut fonctionnaire d'une idéologie criminogène. Ce qui permis à cet ex-tortionnaire jamais repenti de profiter d'une retraite à taux plein de professeur d'université.
Rédigé par : Trekker | 13 novembre 2012 à 17:52
Quel bonheur de vous lire ! Surtout quand, de sensibilité de gauche, on enrage d'écouter ces soi-disant défenseurs des droits de l'homme soutenir le crime quand il est commis par des gauchistes.
Merci M. Bilger pour vos billets qui donnent l'espoir à tous ceux qui, quel que soit leur engagement politique, ne peuvent dissocier démocratie de justice et vérité.
Rédigé par : bertrand durrmeyer | 13 novembre 2012 à 17:46
La passion que vous mettez à revenir sur Battisti équilibre la profonde indifférence qu'il m'inspire depuis le début. J'ai une vision relativement documentée - du moins autant que d'autres - de la période des années de plomb en Italie où la violence et le crime furent pratiqués depuis l'Etat aussi bien qu'à partir des groupes gauchistes. Tout ce que je souhaitais, c'est qu'un procès nouveau, dans une Italie éloignée de cette période, permette d'établir sereinement les faits sans la suspicion d'un réglement de compte idéologique. Le problème fut que les deux demandes d'extraditions de Battisti ont émané de Berlusconi, lui-même partie prenante à l'époque dans les violences criminelles au sein de la pseudo-loge maçonnique P2 dont il fut l'un des dignitaires aux côtés de la mafia et de la CIA. Cette circonstance ne tendait pas à apaiser le débat.
F. Bayrou ne demandait pas autre chose qu'un nouveau procès : considérez-vous une demande aussi simple comme une erreur ?
Le fait que Robert Badinter ait rejeté de placer Battisti dans la doctrine Mitterrand éclaire évidemment d'un jour nouveau cette période.
Pardonnez-moi cependant, je ne lirai pas ce livre, rien à faire de Battisti et de sa vie ratée.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 novembre 2012 à 17:25
La question, me semble-t-il, est de savoir sous quelles conditions la résistance armée à un pouvoir peut apparaître comme légitime. Pour Cesare Battisti, dont les motivations sont pour le moins confuses et qui se dresse contre un pouvoir réellement démocratique, les choses sont simples. A l’inverse, et si l’on en reste à l’Italie, la réponse est encore plus évidente pour Giustizia e Libertà en 1943…
Monsieur Bilger, j’ai lu dans un de vos ouvrages quelle était votre position sur les membres d’Action Directe. Je pourrais facilement couper les cheveux en quatre, je me contenterai de penser qu’elle est raisonnable. Simplement, il y a des cas beaucoup plus difficiles à trancher : je citerais pêle-mêle Puig Antich, Auguste Vaillant, Karl Liebknecht, Louis Rossel, peut-être même Aurore Martin. Et enfin, pour chercher à l’autre bord de l’échiquier politique, Stepan Bandera, sur lequel les opinions sont bien tranchées, en Galicie et ailleurs… Comme vous le savez, les choses sont parfois blanches ou noires, mais c’est rare.
Rédigé par : Boris | 13 novembre 2012 à 16:52
J'ai posté à ce sujet sur votre précédent papier freudien ; à ce sujet où dansent complicité accointance et enfumage social et juridique.
"Qui dira le mal qu'ont fait, sans deviner quelle serait leur postérité vengeresse, Voltaire et Zola?"
PB
Je ne sais qui a tué le fils Callas, mais dirai jusqu'à la mort que Voltaire a eu mille fois raisons d'élever les consciences en soulignant la façon dont l'instruction a été menée et surtout dont ces gens ont été tourmentés et suppliciés dans la barbarie la plus achevée... On ne tue pas un ou une dont on n'a pas acquis la certitude de l'implication, éventuellement on en protège la société toute la vie de l'incriminé si c'est nécessaire, mais on laisse la prise de conscience future possible.
Cela est un héritage voltairien, et pas voltaïque comme l'eût été deux posts bilgériens plus tôt (faute au voltaïque).
Piquant que fassiez à Voltaire le procès qu'il faisait à Rousseau ; ce, toute proportion gardée.
"la méprise auxquelles ils sont habitués à une vérité dérangeante : devoir changer de conviction, même pour le vrai, c'est épuisant !" PB
A qui le dites-vous cher EDM ?...
"Je ne lirai pas ce texte et la divine surprise qu'il représente, en cette période où toutes les confusions sont reines, à la place de ceux qui feront la mauvaise tête et demeureront enfermés dans leurs préjugés." PB
Mouais, relire ce qu'écriviez d'EDM et de Szpiner juste après le suicide de Treiber...
Je suis bien pénible à le rappeler, je sais, certes, certes, cela juste pour illustrer comment chacun, quelques efforts qu'il pense faire déjà sur lui-même, voit toujours midi à sa porte.
Il n'y avait à mes yeux qu'un seul argument en faveur de la protection de C. Battisti et il s'appelait S. Berlusconi. En effet, il pouvait logiquement paraître immoral à certains de livrer ce très probable coupable à un Etat dirigé par si parfaite crapule ayant si bien instrumenté la justice à laquelle on le livrerait...
Cela s'appelle se faire un juste avocat, ma chère Véronique, ne pas chercher à nier les faits ni la culpabilité, mais à défendre sans se faire l'ennemi de la vérité.
Puissiez-vous méditer cela, comme dirait ZaraJDR.
AO
Rédigé par : oursivi | 13 novembre 2012 à 16:07
Le côté passionant de cette histoire, est comment les sinistres comportements de ce bonhomme ont pu être habillés par une coterie comme le combat d'un juste harcelé par des justices aux ordres. Il faudrait enquêter sur cette "rumeur", pour savoir comment elle a pu abuser des hommes politiques (si tant est qu'ils n'aient pas été cyniques), des médias (si tant est qu'ils n'aient pas été manipulateurs), et donc une portion de l'opinion publique. Ce n'est pas le coup d'essai de ce genre de coterie.
Rédigé par : olivier seutet | 13 novembre 2012 à 15:48
Marina Petrella, qui s'en souvient ? Carla Bruni-Sarkozy était allée en prison lui annoncer qu'elle ne serait pas extradée vers l'Italie qui l'avait condamnée à perpétuité. Cette furie des Brigades Rouges avait tout simplement vieilli et était devenue une sage "travailleuse sociale" en France.
Au moment ou le catalan Manuel Valls remet à Madrid une basque française, on reste perplexe.
La France, Fille aînée de l'Eglise, est un pays de pardon.
Alors bien sûr, il y a des salopards qui en profitent, je suis bien d'accord avec M. Bilger, surtout lorsque toute une tablée de la Closerie des Lilas, ivre de pognon et de succès de librairie, a soutenu Battisti, et comme le souligne P. Bilger, seul Badinter aura sauvé notre honneur.
Toutefois, concernant ce grand pays démocratique qu'est le Brésil, on peut se demander s'il n'a pas renvoyé au Vieux monde un sacré bras d'honneur : "débrouillez-vous avec vos "conneries", on a d'autres chats à fouetter"...
PS : seul nos excellents amis britanniques ont poursuivi à mort Briggs, le célèbre bandit du train Glasgow-Londres.
Rédigé par : Savonarole | 13 novembre 2012 à 15:34
Bonjour Philippe Bilger,
« Faut-il les citer, les mentionner, tous ces serviteurs de l'injustice, ces apôtres d'une mauvaise cause, ces personnalités gravitant dans les sphères où l'important n'est pas de se battre pour un enjeu qui en vaudrait la peine mais de s'accrocher à ce qui est paradoxal, incongru, choquant, qui surprend, qui est honteux et qui fait parler ! »
Je ne me suis jamais vraiment intéressé à l’affaire Battisti et pas davantage à son œuvre littéraire. Ce personnage au passé trouble et au talent discutable semble toutefois avoir bénéficié de la protection de personnages puissants.
Que ses actions de jeunesse aient été guidées par une idéologie visant à lutter contre l’injustice sociale, peut être considéré comme louable en soi. En tout cas elles le sont par une certaine "élite" intellectuelle", encore que le mot "intellectuel" ne me paraisse pas véritablement approprié.
Mais que pour satisfaire cet idéalisme il en soit allé jusqu’au terrorisme, je ne saurais l’accepter. En cela je partage la conception de Camus sur la Justice qui disait au début des années soixante :
« En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère.»
Les exaltés en ce moment ont trop tendance à se manifester d'une façon "décomplexée". Ils nous conduisent droit vers des actions qui ressemblent étrangement à celles que l'on a connues aux heures sombres de notre Histoire. Ces gens-là doivent absolument être éloignés des commandes du pouvoir.
Rédigé par : Achille | 13 novembre 2012 à 15:15
C'est la reine qui est nue !
La Reine-France et ses droits de l'homme (!), celle qui piétine allègrement la justice et les Etats souverains qui ne sont pas sortis de son sein.
Pour mémoire et afin que chaque vie soit à sa place: Cesare Battisti (1) (1875-1916), écrivain et patriote italien, né et mort à Trente (Haut-Adige). Partisan de l'irrédentisme, il fut exécuté par les Autrichiens qui l'avaient fait prisonnier.
Pauvre Cesare Battisti (2), enfant de la génération post-mussolinienne de Latina, ville entièrement créee (marais asséchés) par le duce (merci d'éviter la majuscule).
L'histoire de cet homme est directement liée à celle de LATINA cad sans Histoire et donc sans procès possible.
Que les Français cessent de considérer les Italiens comme des étrangers chez eux en Italie.
Ni pour ni contre C. Battisti (2) parce que ignorant le dossier dans ses détails.
Rédigé par : calamity jane | 13 novembre 2012 à 14:35