Une seconde, j'ai hésité. Maître Temime ou non ?
La première branche de cette alternative aurait été évidente, normale, presque nécessaire tant Hervé Temime, dans son livre "La défense dans la peau" (Stock), exprime sa passion de défendre, célèbre l'honneur d'être avocat et magnifie l'exigence de justice.
Pourtant j'ai choisi, pour ce texte de 160 pages dense, enflammé, enthousiaste et convaincant, de privilégier l'auteur, le citoyen Temime.
Parce que la grande force de cet ouvrage qui a l'élégance de ne pas se pousser du col pour laisser le lecteur, au fil des pages, découvrir sa richesse, tient au fait qu'Hervé Temime, traitant du barreau, de sa vocation enracinée très tôt, de sa pratique, de ses admirations, de son existence entre cabinet, procès et plaidoiries, décrit et explore si bien cet univers, en révèle si lucidement les enjeux humains qu'il parvient à s'adresser à tous. Le particulier professionnel se sublime en analyse politique, en universel humain. Le profane est fasciné parce que cette justice, c'aurait pu être lui, ce sera lui peut-être demain.
Rien de pire, en effet, que ces avocats ne cherchant à attirer, peu ou prou, qu'une clientèle ciblée. De spécialistes. Hervé Temime à l'évidence se défie comme de la peste de ce danger qui guette beaucoup d'essais et de relations judiciaires.
Très peu d'anecdotes mais signifiantes, une verve, une chaleur, une alacrité, une fraternité qui le montrent familier avec tout ce que la justice a de meilleur, sensible à plusieurs des personnalités les plus remarquables pour le talent de l'audience et l'art de la parole. Avec le courage en plus. Et, surtout, l'éthique : rien ne me plaît plus que cette obsession au coeur de sa conception de l'avocat au service des autres, les faibles, les humiliés.
S'il n'abuse pas des portraits - encore une facilité dont il se garde ! -, la certitude, sans ostentation, de ce qu'il vaut, avec les doutes, l'inquiétude et l'humanité qui s'accordent à cette affirmation intelligente de soi, lui permet de faire preuve d'une empathie profonde non seulement pour ceux qu'il a accepté de soutenir mais, au-delà, pour les grandeurs et les petitesses, les médiocrités d'un monde qu'il connaît mieux que personne. Il ne s'abandonne pas à ce confort vulgaire de se "payer", comme d'autres, un peu mécaniquement la magistrature car il est trop conscient et lucide pour penser qu'il suffit d'être avocat pour être exceptionnel - certains se trouvant indépassables dans tous les cas!
Ce livre, pour ceux qui ont eu la chance d'entendre parler, plaider, dialoguer Me Temime, est un éclatant prolongement de son être, de son caractère et de son oralité. Il est tout entier présent, en esprit et dans la forme, car il n'y a pas l'ombre d'un hiatus entre l'avocat et l'auteur, entre l'homme et ce qu'il a élaboré et transmis. Le style ne s'en ressent pas qui est direct, simple, efficace, empli parfois d'une émotion qui n'est suscitée que par la mémoire pudique de ses jeunes années et par l'enchantement souvent douloureux mais irrésistible d'une passion de défendre autour de laquelle son existence a trouvé sa cohérence, son dessein et son destin.
Pour démontrer à quel point cet ouvrage est à la fois atypique et pleinement réussi, je voudrais faire part d'une réserve paradoxale.
Hervé Temime termine par un beau chapitre sur la lignée, ces avocats consacrés d'hier dont il n'est pas indigne, ces avocats estimés d'aujourd'hui dont il est proche. Je n'ai pas envie de le chicaner sur telle ou telle de ses dilections. Pour la plupart, je les partage, notamment pour ce qui concerne Me Henri Leclerc et Me Jean-Louis Pelletier.
Là n'est pas l'essentiel.
Au moment où il parle avec reconnaissance des autres, j'ose dire que lui, le seul sujet qui nous importe, nous manque. Sa voix vraie, authentique, âpre et séduisante en même temps, sans complaisance mais sans grossièreté, s'est adoucie. Il y a comme une inévitable accalmie dans ces pages si généreuses pour d'autres. Nous nous sentons orphelins de quelqu'un qui nous a quittés. Parce que les chapitres d'avant, c'était lui, seulement lui, et que c'était bon. On le punirait volontiers pour sa délicatesse d'esprit et de coeur qui le fait se détourner de lui-même pour vanter ses maîtres. Peu de livres vous font autant désirer que l'auteur, l'homme, l'avocat ne s'absentent pas, même par élégance, de leur trajectoire. Ils sont si passionnants, si éclatants et si complexes qu'on n'est pas rassasié d'eux et qu'on aurait volontiers différé de nous pencher sur d'autres. Quel éloge de souligner qu'Hervé Temime a manqué d'égoïsme !
La défense dans la peau : Hervé Temime, s'il convenait de le comparer, serait un Thierry Lévy à la fulgurance moins roide, un Dupond-Moretti à la puissance moins ostensible.
Un auteur de vue.
Il est tout de même assez extravagant de constater que Maître Hervé Temime se permet de menacer de procès tout organisme de presse ou autres médias qui oseraient dire que Mme Bougrab n'a jamais couché avec Charb.
On comprend bien qu'à moins d'avoir tenu la chandelle on s'abstienne d'une telle affirmation, mais tout de même, alors que l'on émerge à peine d'un cirque sur la "liberté d'expression" qui a fait 20 morts, qu'on ne puisse au moins rigoler franchement sur le veuvage médiatique de Mme Bougrab...
Rédigé par : Savonarole | 27 janvier 2015 à 11:20
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 novembre 2012 à 05:45
Et en plus vous êtes nulle en informatique...
Aaah Véronique Véronique Véronique, vous finirez porte-bagage chez EDM.
Enfin... vous êtes mignonne, on vous aime bien quand même.
Que voulez-vous afficher, une photo d'EDM à la plage, version Carlos, tout nu et tout bronzé ?
Donnez-la moi, je vous la ficherai* votre photo.
AO
* à la poubelle
Rédigé par : oursivi@Verrou | 22 novembre 2012 à 12:31
oursivi, pour finir, en lien juste une photographie, celle qui est en couverture d'un numéro du Monde 2 paru en 2008, et qui incarne pour moi tout le grand mystère humain que Philippe reprend en citant l'expression "La défense dans la peau".
http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2008/09/19/secrete-defense/
PS: Je ne sais pas afficher directement une photographie dans l'espace commentaire du blog de Philippe.
Si quelqu'un sait et veut bien le faire...
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 novembre 2012 à 05:45
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 21 novembre 2012 à 07:22
Et mes amitiés aussi.
Rien d'absurde dans ce qu'ai écrit, bien au contraire.
Se faisant le relais des mensonges de son client, il aggrave son cas que de n'avoir pris conscience ni de s'excuser de rien.
Sont les amateurs de poker et les joueurs d'échecs.
Il n'y a pas de bluff aux échecs, tout est au vu et au su de tous.
Un abîme de différence.
AO
Rédigé par : oursivi@VR | 21 novembre 2012 à 09:54
@ oursivi
Le billet ne porte pas sur EDM.
"Je ne veux rien savoir de la culpabilité de mon client", phrase que vous reprochez à E. Dupond-Moretti.
Eh bien, en défense d'EDM, permettez-moi de m'appuyer sur le propos de H. Temine en fin d'interview dans le dernier JDD :
"la défense ne consiste pas à connaître la vérité, encore moins à faire de la morale."
L'aspect brut de la phrase d'EDM peut naturellement heurter et choquer, cependant il est totalement inconcevable qu'un avocat de la défense se transforme en juge ou en procureur.
Refuser, comme le faites, cette évidence est tout simplement absurde.
PS 1: il est regrettable que le journaliste du JDD ne prenne pas la peine de questionner plus avant HT quand celui-ci fait le choix d'apporter son concours à une accusation autant basée sur des hypothèses et des incertitudes que celle du procès en appel Agnelet.
http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Me-Temine-La-justice-est-une-loterie-575951
PS 2: j'ai hâte que Philippe veuille bien transmettre ma question à son ami EDM ; il fera ainsi le taf que le journaliste du JDD ne fait pas.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 21 novembre 2012 à 07:22
Chère Véro,
Votre point de vue, quant au paradoxe bilgérien par vous noté, est tout à fait cohérent.
Je n'ai rien à y redire, un avocat qui sait - honoraires obligent, eh... vous savez quel train de vie ça a, ces bêtes-là ? - se faire partie civile n'a pas que la défense dans la peau, il a aussi le porte-monnaie en défaut.
D'accord avec vous là-dessus.
Par contre... n'avez pas daigné commenter mes remarques quant aux paradoxes Tonyesques.
Vous savez... l'avocat que ses préceptes feraient même défendre et libérer qui a tué de ses proches.
"Je ne veux rien savoir de la culpabilité de mon client"
J'attends toujours.
Les chercheurs sont opiniâtres, dans quelque domaine qu'ils fourrent leur nez.
AO
Rédigé par : oursivi@Véronique | 20 novembre 2012 à 14:43
"...même si vous n'avez toujours rien dit quant aux reproches précisément formulés par mes soins envers votre interpellé"...
Si "mon interpellé" est Me Temine, non oursivi, je ne partage pas les reproches que vous formulez sur sa défense de J. Servier ou celle de JL Gergorin.
HT est ici parfaitement raccord avec son rôle d'avocat de la défense... catégorie "la défense dans la peau" et cohérent avec l'identité professionnelle qu'il semble revendiquer dans son livre, du moins si je m'appuie sur le compte rendu enflammé de Philippe.
Rien à redire.
Comme je l'ai exprimé dans mes précédents post, ce qui m'apparaît très discutable est d'une part revendiquer un engagement +++++++++ dans le camp de la défense ("la défense dans la peau") et dans un même mouvement, apporter un soutien (procès en appel Agnelet comme représentant de la partie civile) à une accusation erratique et fantomatique, appui en contradiction avec l'idée que je me fais d’un avocat qui titre son récit autobiographique rien de moins que :
"La défense dans la peau" !
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 20 novembre 2012 à 07:28
"Philippe, ma question pour EDM est très sérieuse. Si vous pouviez lui transmettre..."
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 19 novembre 2012 à 08:02
Et toutes mes amitiés dans un même élan, même s'il m'en défend.
AO
PS : Si nos avis divergent sur la cas Agnelet - un type très visible et peu livré à lui-même qui instrumente une de ses maîtresses pour s'octroyer un alibi dans la disparition-exécution d'une autre d'entre elles... et dont il capte l'argent peu après, pfffff... - je trouve que votre question a de l'intérêt, même si vous n'avez toujours rien dit quant aux reproches précisément formulés par mes soins envers votre interpelé...
Rédigé par : oursivi@VR | 19 novembre 2012 à 14:56
oursivi, Philippe définit ainsi le livre de Maître Temine :
"...tant Hervé Temime, dans son livre "La défense dans la peau" (Stock), exprime sa passion de défendre, célèbre l'honneur d'être avocat et magnifie l'exigence de justice."
Plus fort encore :
"...Hervé Temime, s'il convenait de le comparer, serait un Thierry Lévy à la fulgurance moins roide, un Dupond-Moretti à la puissance moins ostensible."
Eh bien, non.
Dans mon imaginaire - grand public -, concernant la figure de l'avocat de la défense pénaliste, autant T. Lévy et E. Dupond-Moretti, chacun dans leur genre, illustrent pour moi "la défense dans la peau", autant Me Temine quand il prête main forte et soutient une accusation immatérielle comme celle qui a demandé et obtenu la condamnation de M. Agnelet, trente ans après les faits, sans rien démonter de tant soi peu tangible, autant ce choix ne me semble pas caractériser spontanément le qualificatif "la défense dans la peau".
Ce que je souhaiterais du fond du coeur et de l'esprit :
par exemple, que Philippe demande à son ami EDM quelle serait sa position s'il était sollicité pour représenter la partie civile et ainsi soutenir la thèse de l'avocat général dans un dossier où tout est volatil, incertain, s'il était sollicité pour apporter son appui et son soutien à un accusation, super concours Lépine des hypothèses, où rien de solide, quant à un assassinat, n'est démontré par l'accusation.
Je ne reproche pas à Me Temine d'avoir demandé réparation pour la peine infinie ressentie par la famille Le Roux suite à la disparition d'Agnès.
Je ne comprends pas, au regard de la condamnation en appel de M. Agnelet qu'il a co-obtenue avec l'avocat général, pourquoi HT intitule son livre :
"La défense dans la peau"
.../...
Philippe, ma question pour EDM est très sérieuse. Si vous pouviez lui transmettre...
Je ne vous sollicite pas pour la transmettre à Thierry Lévy car je connais la réponse :
il a fait le choix de ne pas représenter devant les cours d'assises les parties civiles.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 19 novembre 2012 à 08:02
"Vaste programme qui pourrait être tout aussi bien celui de sa tête de Turc, EDM..."
Chaire sbriglia
"Tête de Turc", "tête de Turc", tête de truc, oui.
Quant à Maurice André, le hasard me plaça au siège jouxtant le sien, un lointain jour de juin 81, sous un chapiteau dans la bonne ville de Fontainebleau - JDR, c'était Versailles, moi Fontainebleau, royal en salle - alors que trompetait pourtant dans l'air le plus sain, un certain Dizzy G.
Dizzy G, pas DJ Z.
Je précise, parce qu'avec vos trucs qui deviennent des Turcs (pourquoi pas des Tucs, aussi, tant qu'à boire autant manger), on se sait jamais si la confusion ne menace pas, alors autant l'installer clairement.
D'ailleurs, je fus probablement le seul à le reconnaître, le Maurice, alors que Chancel en faisait large étalage accessible à tous, surtout parmi les embourgeoisés alentour, et que sa photo ornait régulièrement les belles vitrines du seul et grandiose disquaire de la ville, dont l'échoppe, Rigodon nommée, recelait alors mille trésors seulement accessibles là. Glorieuse époque. Tribute to Michel Bornet.
AO
Rédigé par : oursivi@sbrigi | 18 novembre 2012 à 15:25
ce choix reste pour moi incohérent.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 18 novembre 2012 à 06:27
Si, chère Véronique, vous attaquez Philippe pour sa nature humaine donc incohérente, vous allez vous voir qualifiée d'irrationnelle par une Véronique Raffeneau quelconque.
Cela ferait désordre.
Quant à l'affaire Le Roux - où on aima à se chicorer - si on ne peut dire "où" et "comment", il est facile de dire "pourquoi" et de relever qu'un type qui fait mentir sa compagne pour se fournir un alibi - un type aussi mondain et donc si entouré... - un qui avait été instrumenté aux fins de séduire la jeune héritière, à ce qu'en ai retenu, a peu de chance d'être blanc comme neige dans la disparition et le meurtre avéré.
Et qu'on ne vienne pas nous rabattre les oreilles de sophismes pour débiles légers, "pas de corps, pas de crime", là où il faut lire, si loin après, pas de corps, encore plus de crime.
Si vous voulez chercher des poux, des hiboux des cailloux et mettre Temime à genoux, citez plutôt son soutien à de glorieuses causes comme Servier et ses médicaments à mettre au Banier, photo comprise
http://www.humanite.fr/societe/mediator-la-colere-des-victimes-497019
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Societe/Actu/Les-stars-du-barreau-font-leur-rentree-328579/
et au clan chargé d'abattre Sarkozy dans l'affaire Clearstream
http://www.europe1.fr/France/Clearstream-Gergorin-cible-ideale-557021/
J.L. Gergorin, ce type qu'on présentait comme d'une intelligence hors norme et dont dit Temime (marre so, qu'on se marre) "qu'il est la cible idéale pour qui veut 'le' duper"...
Quelque avocat qu'on considère, il n'en est pas un qui n'ait sali sa robe à défendre un puissant malfaisant face aux humbles, ou face à un autre puissant malfaisant, auquel cas la seule règle devrait être de leur donner les armes les plus létales pour régler ce conflit moralement consanguin.
Tout avocat agissant, non en lui cherchant quelques raisons, quelques excuses et atténuations, mais en visant la négation même de ses agissements.
http://www.challenges.fr/galeries-photos/classement/20100601.CHA6204/les-stars-du-barreau.html
Quand les stars du rabot laminent le parquet, c'est la justice qui finit en copeaux.
Et beaucoup d'applaudir, même s'ils ont symboliquement aux fesses l'empreinte du pied de l'homme lumineux qui a su les séduire.
AO
Rédigé par : oursivi | 18 novembre 2012 à 15:05
Un avocat n'est pas un redresseur de torts, un avocat est un "bavard" qui aura bien défendu son client quoi qu'il ait fait, obtenir la peine la plus légère pour le criminel ou les indemnités les plus lourdes pour les victimes. Tout être humain, quelle que soit sa faute, aussi horrible soit l'acte commis, a le droit d'être défendu, a le droit d'avoir un avocat à ses côtés. Un avocat ne dit pas "la justice", il tente de louvoyer entre la vérité, ce qui est possible, ce qui est crédible... Un avocat mène un combat intellectuel en utilisant toutes les faiblesses, tous les points forts de notre société humaine, pour gagner... Il se moque de la vraie vérité, seul comptera la vérité judiciaire, les faits rien que les faits et si les faits ne sont pas établis, le doute doit profiter à l'accusé.
Quant à la commedia dell'arte que serait celle des jurés, quand on lit certains coms, pas ici mais ailleurs, on se dit que faire rendre la justice par le peuple est une idée noble, mais effrayante tant certains ont encore chevillée au corps la loi du talion.
La justice est une noble cause, à condition de s'en tenir très éloigné... et si par malheur il faut y avoir recours, engageons le meilleur baveux de la place MDR
Rédigé par : Pietri S | 18 novembre 2012 à 07:51
La défense dans la peau...
Pas toujours et pas de façon aussi inconditionnelle que vous le dites, Philippe.
Difficile tout de même de comprendre la motivation et la cohérence intellectuelle qui ont conduit Me Temine à représenter la partie civile dans le procès en appel de Maurice Agnelet, condamné pour assassinat après 30 ans d'hésitations et d'errances judiciaires.
Si je m'appuie sur votre billet et sur les principes de défense qui semblent l'animer et le porter comme avocat pénaliste, j'ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi cet avocat de la défense dans la peau, en tous les cas tel que vous le décrivez, a accepté de soutenir la thèse d'une accusation qui a été incapable de dire et de démontrer où, pourquoi et comment un homme aurait assassiné à la fin des années 70 une jeune femme.
Je n'ignore pas qu'il peut exister des motivations privées et secrètes qui expliqueraient sans doute le choix de Me Termine de représenter les intérêts de la famille Le Roux.
Cependant, dans l'esprit du lecteur attentif de votre billet, ce choix de plaider dans cette affaire pour la partie civile et surtout de se positionner ainsi dans la roue d'une accusation somme toute erratique et fantomatique et défiant le sens commun judiciaire, ce choix reste pour moi incohérent.
Pour information, rapide et succincte certes, mais information quand même :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Le_Roux
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 18 novembre 2012 à 06:27
Cher Philippe,
Ce que nous allons dire sur le sujet ne va pas être très pertinent, ce sont simplement quelques idées un peu en vrac qui prendront écho un peu plus tard dans le temps.
En suivant l'affaire du Mediator, nous nous sommes toujours posé et reposé de nombreuses questions, pour rester dans l'ambivalence. Le Mediator est un dérivé d'amphétamine, qui coupe la faim. La Ritaline qui n'est pas distribuée par le laboratoire Servier et qui est aussi un dérivé d'amphétamine ne trouve pas de critique dans le milieu médical et est très prôné par les pédiatres et les psychiatres en Europe et aux Etats-Unis. Cette potion magique de l'instant supposée redonner une amélioration de la concentration et de l'attention aux enfants hyperactifs est après sevrage suivie d'une période de dépression assez grave de l'enfant. Tous les médicaments ont des effets secondaires et ces effets secondaires dépendent des suivis médicaux personnalisés donnés aux patients.
La psychomotricité traite aussi l'instabilité psychomotrice et l'hyperactivité sans effets secondaires mais le non remboursement des actes expose de nombreux enfants à ces graves difficultés. La France a toujours fait le choix de transformer ses citoyens en grands consommateurs de spécialités pharmaceutiques. Seul Monsieur Chaban-Delmas a soutenu un remboursement sécurité sociale de la psychomotricité pour les enfants.
Ce sont maintenant de très grands spécialistes des difficultés émotionnelles de l'enfance, tels le couple Perrin, Sandrine Bonnaire, qui donnent leur avis, font la publicité de méthodes de conditionnement abandonnées après-guerre en France et redécouvertes par la Belgique pour des tarifs très sélectifs, et font pression avec des associations sur le Sénat, l'Assemblée.
Nous pouvons déplorer un grand manque de cohérence dans l'élaboration des politiques de santé publique. Servier n'est pas plus responsable que de nombreux politiques qui ne privilégient pas l'accès à la prévention, l'accès aux diététiciens, aux psychomotriciens, aux psychosomaticiens, aux médecins du sport.
Nos laboratoires sont tout aussi indispensables pour de nombreuses pathologies et il existe tant de pistes de recherches nouvelles, tant d'espoirs nouveaux pour de nombreuses maladies que voir un laboratoire français de renommée mondiale en difficulté et qui effectue de nombreux investissements de recherche n'est pas forcément une chance pour nous tous.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 18 novembre 2012 à 05:16
"C'est au civil que les avocats sont impressionnants"
Je comprends ce que vous voulez dire, mais je ne l'exprimerai pas ainsi : c'est au civil que se révèle le grand juriste, même s'il n'est pas bon orateur ; mais c'est au pénal que surgit la puissance oratoire et la magie du verbe. Lorsque s'unissent, en quelques individus exceptionnels, les deux faces de la médaille, le grand avocat est alors présent : ils sont plus nombreux qu'on ne le dit et sont connus de leurs pairs à défaut du grand public.
Merci d'avoir rappelé le souvenir d'André Toulemon dont les chroniques dans La Gazette du Palais firent les délices de la gent judiciaire, et de votre serviteur, dans les années soixante-dix...
J'ai encore en tête l'éclat de rire à la lecture de son commentaire sur l'histoire, non racontable ici mais qui eut les honneurs du Dalloz, du surnom donné par ses collègues à ce chauffeur de taxi qui, passant un peu trop vigoureusement sur une ornière, eut la malchance de briser l'élan amoureux d'une damoiselle assez audacieuse pour "gâter" son compagnon sur une banquette de G 7 mais quelque peu inconsciente sur les effets de la voirie parisienne pour l'appendice du susdit en cas de conduite trop brutale...
Si, comme je le suppose JMT, vous avez fait vos études de droit dans ces années-là, vous avez nécessairement, comme PB j'imagine, souvenir de ce jugement qui fit le bonheur de tant d'étudiants en droit...
PS : "Je réveille, je soufflette et je déniaise" a écrit ce cher oursivi qui se prend ainsi tout à la fois pour Maurice André, Cyrano et Don Juan... Vaste programme qui pourrait être tout aussi bien celui de sa tête de Turc, EDM...
On peut aimer aussi : "J'endors, je caresse mais, à la fin de l'envoi, je touche" qui siérait à Temime.
Rédigé par : sbriglia @ JMT et oursivi | 17 novembre 2012 à 23:54
@perplexe-gb
D'accord avec vous en ce qui concerne les sanglots des violons sur la générosité de tel ou tel avocat.
Beaucoup moins d'accord sur la tétanie des magistrats. Je peux vous assurer que j'ai eu les plus grands devant moi et ils ne m'ont jamais impressionné autrement que par leurs qualités intellectuelles. Le verbe, on connaît, la colère, tout le cirque médiatique, les incidents, les interpellations, c'est lassant, heureusement. D'ailleurs les jurés ne sont pas aussi sensibles que ça à la commedia dell'arte, et ils le démontrent souvent.
Enfin, ne confondons pas le gain d'un procès par un talent pour éclairer l'affaire sous un aspect mal ou pas envisagé et le coup de Jarnac que représente l'invocation d'une faille de procédure. Ce sont deux éléments qui dérivent d'un même travail d'examen du dossier mais qui sont loin d'avoir la même portée professionnelle. Le coup de procédure c'est bon pour les cuistres des médias et l'indignation des masses, une forme de breloque.
C'est au civil que les avocats sont impressionnants, là, on éprouve un plaisir immense à écouter un exposé de droit pur, mais c'est rare et c'est pourtant là que se fonde la confiance du magistrat envers l'avocat. C'est de la solidité du raisonnement civil que naît l'écoute au pénal.
Autrement, les Assises sont une expérience pour les citoyens, qui deviennent des VRP de la Justice, mais au plan juridique ça ne vaut rien du tout. Si vous voulez avoir l'intuition de grands avocats lisez André Toulemon "La Parole Moderne", vous comprendrez la différence avec les pétarades verbales de tel ou tel à ce jour.
Rédigé par : JMT | 17 novembre 2012 à 18:36
Quoi de plus normal dans ce blog que de rendre hommage aux intervenants de la justice qui sont les meilleurs. Mais il ne faut pas tomber dans l'effet Bérégovoy qui présenté comme un ouvrier fit une carrière civile et politique enviée par bien des cadres surdiplômés. Ici on dit de Maître Temine qu'il est au service des faibles et des humiliés. Parcourant sa biographie sur internet, je note qu'au début de sa carrière il fut requis d'office pour des délinquants, mais que maintenant c'est l'avocat des plus riches. On peut même se demander si compte tenu de ses brillantes facultés intellectuelles il n'aurait pas mieux valu qu'il défende les intérêts de la partie adverse. Sa réputation dans les prétoires fait que les juges sont peut-être tétanisés par ses plaidoiries et hélas le dicton un peu choquant qui dit "avec un bon avocat vous êtes gagnant" est toujours d'actualité. Car tant que notre justice peut être mise en défaut pour des vices de procédure mineurs par rapport au litige, celle-ci sera incompréhensible et considérée comme la justice des riches ou du bon bord politique.
Rédigé par : Perplexe-gb | 17 novembre 2012 à 16:09
Les grandeurs de la justice pénale. L'arbre qui cache la forêt.
La Cour de cassation a confirmé le 28 juin un revirement de jurisprudence capital et qui n'a pourtant pas retenu l'attention de grand-monde - sans doute parce que n'étant pas présenté comme un arrêt de principe.
Jusqu'à présent, le non respect des conventions se traduisait par la réparation du dommage causé. Maintenant, il ne doit y avoir réparation que si une clause pénale l'a prévu.
Voilà un parfait exemple de ce en quoi la magistrature est responsable de la déchéance de notre société.
Pour le juge gauchisant français et bien français bafouant sans vergogne les fondements de la civilisation ici en l'art 1147 du code civil qu'il ne craint pas de citer et désavouant une cour d'appel, le non respect de l'obligation n'a pas à être sanctionné par principe.
N° de pourvoi: 10-20492. M. Charruault, président ; Mme Gelbard-Le Dauphin, conseiller rapporteur.
Comment s'étonner ensuite du développement de la criminalité ?
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 17 novembre 2012 à 11:46
Très bel hommage à un avocat qui ne rend pas la justice devant micros et caméras, qui sait que la justice a un besoin essentiel/vital de sérénité et aussi de temps.
Rédigé par : Pïetri S | 17 novembre 2012 à 03:08
Zlatan et son ciseau buteur de vue.
Rédigé par : SR | 16 novembre 2012 à 21:14
Monsieur,
Vous me donnez envie de lire le livre de Me Hervé Temime et je vais y pourvoir sans retard.
J'ai surtout noté, en dehors des belles qualités humaines qui exsudent de son livre, et pour vous, mieux encore, de la connaissance personnelle que vous pouvez avoir de lui, le refus de la "spécialisation".
Je trouve en effet étrange que celui qui se pose en défenseur de la veuve et de l'orphelin, défende cette veuve et cet orphelin s'ils ont été cambrioleurs, mais s'en désintéresse s'ils ont été spoliés dans une affaire d'héritage. Et inversement. Il y aurait des "généralistes" de quartier ou de chefs-lieux de canton, et des "grands patrons", qui ont le savoir acquis par des années de spécialisation, pour parler comme en médecine, qui ne consultent que dans de beaux cabinets parisiens ou de grandes villes, et seulement dans le cadre de leur spécialité.
Est-ce que le devoir d'un avocat n'est pas de défendre, autant qu'il le peut, et jusqu'au bout de sa compétence (qui doit être entretenue jour après jour par les annales juridiques), sans avoir à recourir à des confrères qu'en tout dernier lieu ? Est-ce qu'un avocat digne de ce nom ne doit pas être spécialiste en tout ce qui concerne l'être humain en difficulté avec la loi, qu'il s'agisse du code pénal et du civil, ou même du code de la route ?
Est-il tolérable qu'un avocat qui a défendu un criminel devant une cour, disparaisse pour laisser la place à un "civiliste" lorsqu'il s'agit non plus de kilo-mois de geôle, mais de kilo-centaines d'euros ?
Bravo à Me Temime s'il refuse cette disparité dans son métier.
C'est tout à son crédit et je voulais le souligner.
L'honneur d'une robe est rehaussé par l'honneur de qui la porte.
Rédigé par : Jean Reffait | 16 novembre 2012 à 18:49
@ours y vit
Puisqu'il faut rire, rions !
Café Stentor, d’accord ! Quant au cas K, c’est au « Château »… ou au « Verdict »… ou au « Procès » ?
Ya K chercher !
Ya aussi "La défense dans l'appeau"... mais c'est pour les canards déchaînés...
Rédigé par : Nath | 16 novembre 2012 à 18:18
On se croirait dans un bal de marquis poudrés qui dansent le menuet, on se lance des fleurs d'avocat général à ténors du barreau, ah, quel livre, ah, quelle plaidoirie, et notre belle Justice insultée par ce malotrus de Sarkozy !
Et pendant que tout ce beau monde danse, une femme est retrouvée égorgée à Vienne derrière un canapé et ses deux enfants poignardés à mort et enfermés dans le frigo. Un "petit pois" en robe, du tribunal local, avait flanqué quatre mois avec sursis au père pour violences conjugales.
En ce moment une psychiatre doit rendre compte de son incompétence devant les tribunaux pour avoir fait libérer un dingue qui est allé derechef fendre à coups de hache la tête d'un vieillard de 75 ans...
Quand verra-t-on un juge à la barre venir rendre compte de ses bêtises ?
Ce serait faire du "populisme" ? Ah bon...
Rédigé par : Savonarole | 16 novembre 2012 à 15:06
Le livre d'Hervé Temime est beaucoup trop court ! Merci, Monsieur Bilger, pour ce superbe billet. Ceux qui ont lu le livre se reconnaîtront dans le billet, c'est mon cas en tout cas. Les autres auront envie de le lire (je le leur souhaite).
Rédigé par : Chatte Anna | 16 novembre 2012 à 14:24
"La défense dans la peau : Hervé Temime, s'il convenait de le comparer, serait un Thierry Lévy à la fulgurance moins roide, un Dupond-Moretti à la puissance moins ostensible."
PB
Le cas qu'a fait stentor, en quelque sorte.
AO
Rédigé par : oursivi | 16 novembre 2012 à 12:24
Eh Monsieur Bilger ! je croyais vous avoir perdu et suis heureux de vous retrouver, en quelque sorte, avec un si beau texte.
Je vais courir acheter le livre d'Hervé Témime.
Cordialement
Rédigé par : JM | 16 novembre 2012 à 10:06
Bonjour Philippe Bilger,
« Quel éloge de souligner qu'Hervé Temime a manqué d'égoïsme! »
Beau portrait d’un avocat que je ne connais pas, mais qui semble se démarquer, par son éthique et sa discrétion, de ses confrères qui ont un peu trop tendance à penser à leur notoriété.
Cela nous change de ces avocats qui ont choisi de faire leur carrière dans la politique ou pire encore de ces politiques qui, en fin de carrière, ont choisi de devenir avocat, profitant ainsi de leur nom et de leur carnet d’adresses pour se faire « un max de fric » comme dirait l’un d’eux récemment retiré du paysage politique… enfin quand je dis retiré, je m’avance peut-être beaucoup.
Rédigé par : Achille | 16 novembre 2012 à 08:19