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07 décembre 2012

Commentaires

leblanc

D'une manière ou d'une autre, le concours de l'ENM reste l'expérience la plus éprouvante que j'ai connue...

phasme

@Philippe Bilger

J'ai eu l'occasion de dire ici, sous je ne sais quel pseudonyme, à quel point vous êtes un homme libre que j'apprécie.

Je fais partie de ce qu'on pourrait appeler la populace, populisme, le peuple, dans tout ce qu'il y a de plus péjoratif comme terme. Certains hommes politiques aiment se dire proches du peuple ou défendre le peuple, sauf quand celui-ci se permet de penser par lui-même. Alors là, ce même peuple est vilipendé et on le traite comme un enfant qui ne peut traiter de choses d'adultes et qui n'a donc pas son mot à dire.

Je n'ai pas eu besoin de Sarkozy pour me forger ma propre opinion sur les magistrats. Erronée, peut-être, mais n'étant ni avocat, ni juriste, ni magistrat, je me permets cette erreur. Combien de fois ai-je dit que les magistrats jugeaient en fonction de leur idéologie ? Combien de fois ai-je eu cette impression que les magistrats étaient totalement déconnectés de la réalité ? Combien de fois ai-je eu envie de tordre le cou de plusieurs ? dans mon esprit, j'espère que vous avez compris... Quand un magistrat, à Perpignan, libère des individus qui ont frappé un policier à coups de marteau sur la tête en disant publiquement que cette réaction est provoquée par la mauvaise image de la police dans les quartiers, par le comportement de policiers, et que ces derniers pourtant coupables de s'en être violemment pris à des fonctionnaires de police ressortent du tribunal en disant "vive la France". Je ne fais pas partie, cher Philippe Bilger, de ceux qui croient naïvement, benoîtement, aveuglement, à l'impartialité pure et stricte dans la justice. Combien de fois n'a-t-on pas eu cette impression qu'on n'arrêtait pas de donner des deuxièmes chances ? Un magistrat a fait un tchat il y a quelques mois en arrière sur le site de lexpress.fr. A la question d'un internaute, il a dit que tout le monde avait droit à une deuxième chance. La question que personne ne lui a posée et j'aurais aimé qu'on lui pose est, combien de deuxièmes chances doit-on donner à un multirécidiviste qui ne fait presque pas de prison et ressort en totale impunité malgré ses nombreux méfaits ? Certains à gauche, hypocrites, permettez-moi de le dire, combattent les peines planchers. Certains hypocrites, à gauche, ministres, disent que les peines planchers ne sont pas normales car elles sont contraire à l'individualisation des peines. A rappeler que le Conseil d'Etat a validé les peines planchers car justement les magistrats avaient la possibilité d'y déroger en justifiant leur jugement. Maintenant on met en place une énième commission chargée de proposer des avis sur la lutte contre la récidive, et quand je lis que cette commission sera présidée par une ancienne directrice adjointe de la CEDH, connue pour sa sévérité envers les criminels et les délinquants, que cette commission est composée de chercheurs du CNRS tout ce qu'il y a de plus gauchiste dans ce pays... je vois déjà pondre des décisions qui remettront en selle les délinquants et les criminels. Bref, pour en revenir au sujet : qu'est-ce qui aujourd'hui fait que quelqu'un pourrait avoir une bonne image des magistrats ? surtout quand on regarde les positions de magistrats d'extrême gauche du SM ? La réponse est simple, RIEN.
Le jour ou l'ENM enseignera à ses futurs magistrats à ne plus juger en fonction de leur idéologie de petits bourgeois de gauche des beaux quartiers, ce jour-là, écrivez-moi, je sors le champagne.

Catherine JACOB @ zenblabla

@ zenblabla | 10 décembre 2012 à 19:49
"Juste le temps de dire de mon côté que Sartre était plus daté que Heiddeger suivant mon sens, mais, puisqu'il voulait interroger la comparaison des deux penseurs sur le tapis roulant de la caisse des articles de Norma rue des frères à Strasbourg, lui donner raison parce que je n'avais pas le temps, bien plus, qu'il n'y aurait pas eu le temps."

Pendant que la queue s'esbaudit au passage d'Heidegger qui défile sur le tapis roulant tel le sushi comme être du Dasein, je m'interroge sur l'origine de l’œuvre d'art via celui de la pâtisserie. Ex. cet après-midi : -
Et contrairement aux œuvres des musées, croustillant à l'extérieur, moelleux à cœur et... parfumé au kirsch!

Boris

@ Catherine Jacob

Et tiens, dans le genre amusant, vous avez aussi ces catégories bien dignes de l'ère du mammouth administratif :

1. Les faisant-fonction.

2. Les inspecteurs qui ne veulent pas faire deux heures de voiture pour inspecter et qui nomment leurs femmes (belles-soeurs, nièces, petites cousines au sixième degré, rayez la mention inutile) en tant que faisant fonction.

3. Les commandants de l'Ecole supérieure de guerre à Paris et leur pot de onze heures trente avec vue sur la Tour Eiffel (juste pour que vous ne croyiez pas que je sélectionne mes cibles...).

4. Les chiens de l'inspecteur Harry. Mais eux servent à mordre le criminel.

Boris

@ Catherine Jacob
"L'agrégation est un concours".

Ma chère madame, je le sais d'autant mieux que j'ai tenté l'externe et l'interne, et plusieurs fois...

Mais je me permets de vous informer de l'existence de deux catégories curieuses :

1. Les agrégés nommés sur liste d'aptitude.

2. Les certifiées femmes de recteur nommées PRAG sans agrégation - faille juridique - puis proposées comme agrégées sur liste d'aptitude, puis refusées, puis proposées l'année suivante, le recteur étant entre-temps devenu directeur de l'enseignement supérieur, puis acceptées...

Comme disait l'inspecteur Harry : "Marveeeellous..."

zenblabla

@ A la file..., et hors rayons !

Aujourd'hui, j'étais à NORMA.
Côté France à Strasbourg.
(Cela fait 13 mois que je ne vais plus côté allemand faire mes courses au rabais, par idéologie faite au commerce !!!)

Comme je voulais laisser passer devant un Monsieur avec peu d'articles, il expliqua et me montra que c'était pas grave, et tandis que passait devant moi, avec mon solitaire assentiment mais devant lui sans aucun assentiment sinon celui en lui par moi délégué, une institutrice qui allait être en retard à sa réunion parents-profs-gosses passa devant, puisque nous étions d'accord entre tous avec l'urgence d'éviter un lynchage d'institutrice pressenti par avance...

A la suite, le Monsieur argua brusquement que c'était devenu pénible d'avoir bac+5 pour passer devant entre prétendants, et tout ça pour un petit boulot infâme.
Il expliqua qu'il n'avait pas le bac, que 83% de réussite au bac était un score excessif, et qu'il continuait à penser comme dans le temps qu'être sans diplôme ne voulait pas dire être inapte, en tout cas pas être soustrait aux possibilités d'un petit boulot sans importance qui ferait suffisance...

J'ignore pourquoi il me parla brusquement de Sartre, afin qu'entende l'institutrice déjà presque à la caisse.
Tandis que déjà s’éclipsant presque l'institutrice, et comme je lui avais dit que je n'étais pas sur terre pour fabriquer des Audi et encore moins pour les acheter, rendant douteuse cette réalisation d'un rêve de petit garçon amoureux de Dinky Toy reconduit jusqu'à la retraite avec l'achat de l'Audi dite totalement néologique qui me navrait, feintant de croire Audi être une marque suédoise, il posa sur le tapis roulant des extraits philosophiques découpés en pages de livre jusque dans les marges et les hauts et bas de pages, pour qu'il n'y ait pas de blancs, qu'apparaissent flagrants des propos imprimés d'après les écrits de Heiddeger sur le tapis roulant... et je n'avais pas le temps de lire.

Juste le temps de dire de mon côté que Sartre était plus daté que Heiddeger suivant mon sens, mais, puisqu'il voulait interroger la comparaison des deux penseurs sur le tapis roulant de la caisse des articles de Norma rue des frères à Strasbourg, lui donner raison parce que je n'avais pas le temps, bien plus, qu'il n'y aurait pas eu le temps.

Tout juste il m'arracha que c'était bien dommage si Sartre n'était plus lu, tandis que ce serait suivant notre tapis roulant, Norma-l que Sartre serait daté...

Pour une fois, l'immense file d'attente avait des yeux non pas fulmineux ou fulminants, mais ébaubis, sans prémisses lueurs notables pour se préparer à l'ouverture d'une deuxième caisse providentielle.
Je me souviendrai de ces yeux-là.

Mary Preud'homme

Catherine JACOB | 09 décembre 2012 à 11:02
-----------
S'agissant de ce pourcentage de 63 %, il me semble que Philippe Bilger (reprenant l'article d'un journaliste du Figaro) faisait allusion au recrutement par concours complémentaires. Et que ses remarques visaient plutôt les recalés que les candidats, dès lors que sur 90 places audit concours, 30 seulement auraient été pourvues eu égard à la faiblesse de niveau des candidats (au nombre de 755).
Alors que le taux des candidats aux concours d'entrée externe et interne (beaucoup plus sélectif) reste stable.
La question est donc de connaître les raisons de la création de cette véritable usine à gaz que constitue aujourd'hui le mode de recrutement des magistrats. Avec au final des magistrats de second grade, censés être "opérationnels" après une formation accélérée de 8 mois seulement, au lieu de 31.

francis

L'image de l'institution judiciaire pour ceux des jeunes qui en entendent parler est celle d'un formalisme, d'une complexité, qui ne permet pas d'exercer le métier de juger : recruter des juges implique d'abord de réorganiser l'ensemble, au moins de donner une vision et une stratégie...

Catherine JACOB@Boris

@Boris | 09 décembre 2012 à 22:52
"Mais dans un monde où les recteurs n'ont plus le doctorat et nomment leurs femmes à l'agrégation, votre combat serait d'arrière-garde..."

L'agrégation est un concours (externe ou interne selon les sessions et les cas) ! Et, même s'agissant des agrégations de droit et de médecine, à la fois très spécifique et particulièrement difficile. On ne peut donc nommer les gens quelque part qu'une fois qu'ils en ont été lauréats et exprimé des vœux d'affectation exaucés selon les disponibilités des postes à pourvoir.

Ceci dit, le conservateur général des musées de la Cour d'Or, autre nom des musées de Metz nommés d'après la munificence réputée de la cour des rois d'Austrasie, et fonction pour laquelle il existe également un concours, difficile, a été pendant un moment une personne qui a suscité la polémique et dont le premier (et principal ont même dit certains) mérite semblait avoir été, en effet, la qualité d'épouse de l'un des doyens de l'université de cette ville. Mais bon...!

Enfin, avant 1992 (= le doctorat en quatre ans aligné sur le modèle anglo-saxon) certains doctorats, par ex. celui de René Étiemble (éminent sinisant décédé en 2002: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_%C3%89tiemble) sur Rimbaud, pouvait durer jusqu'à ce que le sujet paraisse épuisé (dans tous les sens du terme...) et en ce qui concerne ce dernier a duré trente ans. Cela ne signifie bien évidemment pas, sinon administrativement, que quelqu'un qui n'a pas encore passé sa thèse, n'ait qu'un niveau master (le diplôme d'études approfondies de philosophie ancien modèle par ex. pouvant donner lieu, sur demande de l'impétrant, à une équivalence de master même sans avoir précisément suivi le nouveau cursus dit masteral, qui propose notamment, en ce qui concerne les études de philo en tout cas, d'apprendre à faire de la recherche, comme si 'chercheur' était une compétence pouvant s'acquérir en quelques dizaines d'heures, et non pas prioritairement une vocation, un don, un flair et une intelligence spécifiques !! Mais bon !! Vu que certains vont jusqu'à penser - et surtout agir en fonction en mettant en œuvre en coulisse des mesures subreptices de censure - que la qualité de chercheur s'apprécie en priorité sur la base de critères strictement idéologiques...!!!!

Boris

Sous l'Ancien régime au moins, il n'était pas difficile de susciter l'enthousiasme pour les offices de judicature.

"Crois-tu qu'un juge n'ait qu'à faire bonne chère,
Qu'à battre le pavé comme un tas de galants,
Courir le bal la nuit, et le jour les brelans ?
L'argent ne nous vient pas si vite que l'on pense.
Chacun de tes rubans me coûte une sentence...".

Ceci étant, monsieur Bilger, que ne dirigez-vous l'ENM ? Elle s'en porterait bien, je pense.
Mais dans un monde où les recteurs n'ont plus le doctorat et nomment leurs femmes à l'agrégation, votre combat serait d'arrière-garde...

Contra

Vous n'avez pas le sentiment que les vocations se créent avant tout par l'exemple "au quotidien" ? Or et je partage l'avis exprimé sur ce blog : http://maitrefaire.ch/2012/12/07/des-juges-sous-influence/ l'exemple donné aujourd'hui est parfois peu réducteur. Surcharge de travail, mines rabougries, syndicalisation accrue, etc. etc.

Ne pensez-vous pas que plutôt que rechercher les causes dans l'école, il faut plutôt rappeler les finances de nos tribunaux, ainsi que leur peu de soutien politique ?

zenblabla

@Marshall!

Où se niche l'objectivité?
Subjectivement ayant trois filles, les deux plus grandes se sont exportées, l'une à Milan, l'autre à Berlin.
Les lointaines terres russes, sûrement bien meilleures mises, ne sont plus de mon âge!

Ma dernière fille, tout juste majeure mais accrochée en France doit relever quelques défis?
Il se trouve qu'elle engage des études universitaires en Droit.
Pour moi, issu d'une convenue lignée de scientifiques, la subjectivité importe aux limites d'un blog comme ici.

J'ai vraiment du mal!
Comment puis-je lui dire quand elle m'explique que croyant avoir réussi une épreuve elle est tellement dépitée après avoir reçu ses notes, qu'elle se présente tétanisée pour l'épreuve suivante, fait maigre, oublie l'important et estime alors cette épreuve suivante totalement ratée..., mais annonce ensuite une excellente note pour un tel ratage?
Est-ce vraiment comme cela la France, alors qui forcément s'exporte?

Les conjectures, comme en France, sont extraordinaires?
Une chose dont je suis absolument certain, c'est que la notion du bien public comme en France il s'est toujours interrogé, il faudra bien regretter qu'il ne produise que de l'exportation!
C'est un comble ce billet touchant du doigt autant de démissions qu'il peut y avoir de dénonciations, et à la suite d'exportations.

Savonarole

- L'ENM à la peine...
- Désert médical français...
- M. Peillon, ministre de l'Education nationale, qui jette un cri d'alarme pour inciter nos jeunes à passer le CAPES, devant la déroute des candidats à devenir enseignants...

Nous assistons à un nouvel exode huguenot.

Nos jeunes ne supportent plus la France et Florence Cassez nous les brise menu.

Allez à Londres, capitale des bac+5 français...
Allez à Barcelone, Singapour, Bruxelles, Hong Kong, vous y retrouverez toute l'université de Paris-Dauphine, HEC, ESSEC...

Sortez donc de votre "Galaxie Gutenberg" (Marshall McLuhan) et regardez ce qui se passe autour de vous.

Jabiru

@LABOCA

Le délai moyen pour passer devant la cour d'appel est de l'ordre de 18 à 24 mois. Le délai que vous indiquez est manifestement trop long. Pour rebondir sur ce sujet, sachez que la procédure prud'homale est comme un long fleuve pas toujours tranquille.
Il s'écoule d'abord quatre mois entre la saisine et la comparution devant un bureau de conciliation, puis au minimum six mois pour devoir s'expliquer devant un bureau de jugement qui se prononcera sous deux à trois mois, sauf désaccord entre les conseillers. En cas de désaccord, l'affaire sera confiée à un juge départiteur, avec un délai d'attente de un an minimum, qui se prononcera deux mois après l'audience. Ces délais standards ne comprenant pas les aléas de la procédure tels que les demandes de renvoi des parties.
Si l'on compte bien nous en sommes à douze mois si tout se passe bien et vingt-six mois si ça va moins bien. Sachez aussi que l'Etat a été condamné à plusieurs reprises et notamment en 2012 pour délais excessivement longs, ce qui a entraîné dans certains tribunaux un renfort de juges départiteurs et la mise en oeuvre de contrats d'objectifs. Enfin pour revenir sur la saisine de la cour d'appel, c'est aussi un moyen pour certaines sociétés qui souhaitent jouer la montre, de retarder le plus possible l'issue de la procédure. Ce qui arrange d'ailleurs bien les avocats pour lesquels ça produit du grain à moudre.
C'est le système qui est en cause, les juges et les parties en subissent les conséquences.

Catherine JACOB

"le nombre d'étudiants inscrits au concours d'entrée a chuté de 63% en quinze ans"

Et sait-on au profit de quelle filière ?

LABOCA

Monsieur Bilger,

Je ne répondrai pas directement à votre billet, mais je porterai à votre connaissance et à celle des intervenants l'information suivante. Un voisin, qui a obtenu gain de cause aux prud'hommes, doit maintenant aller s'expliquer devant la cour d'appel, parce que son adversaire - une importante et riche société - a décidé de contester le jugement des prud'hommes, pourtant particulièrement bien motivé. La cour d'appel a fixé l'audience au mois de mai 2015 - je dis bien mai 2015. Est-on encore en présence d'une Justice avec un aussi long délai ?
Si l'on veut que les Français aiment la justice, il faut déjà la rendre humaine. Juger en appel une affaire dans un délai de deux ans et demi tient d'une véritable injustice.
Il ne sert à rien de former des magistrats si c'est pour proposer aux justiciables des délais aberrants.
Mon voisin est veuf et sans enfant. Il est atteint d'une sérieuse affection et il n'est pas certain qu'il soit vivant jusqu'à mai 2015.
Cette fameuse Justice marche sur la tête.
Vous parlez du service public de la justice : mon oeil !

Xavier Nebout

Mais de quelle planète parle-t-on ?

Sans doute ai-je lu trop vite le billet de M. Bilger et ses commentaires, mais il ne me semble pas y avoir vu les mots "vocation", "responsabilité", ou "juste" !
Et effectivement, être magistrat pour la grandeur de la fonction, sans cette obsession du juste relevant d'une vocation, sans cette hantise de la faute de jugement qui relève de l'esprit de responsabilité, et nous avons le magistrat "moderne".

Pour celui qui ne fait que des procès "gagnants à quasiment 100%" tout simplement parce qu'il ne les ferait pas s'il n'avait entièrement raison tant en droit qu'en équité, et qui en perd la plupart tout simplement parce que sa profession ne plaît pas à l'intello de gauche ; celui donc qui au fil des années voit les magistrats lui avoir volé une fortune, a du mal à supporter les odes à la vertu de ce qu'il sait, lui, et pour en avoir eu la confirmation par maints avocats, être la pire engeance qui détruise notre société.
Ces magistrats qui détruisent notre société en bafouant ses règles élémentaires au gré de leur idéologie, en les rendant instables au fil de revirements de jurisprudence aussi scandaleux qui ruineux pour ceux qui en font les frais.
C'est aussi la pire engeance par leur lâcheté et leur connivence à l'égard de la corruption de notre régime, tant on voit d'un côté une foldingue se faire un dirigeant d'une grande entreprise pétrolière qui en faisait ni plus ni moins que tous les autres, et d'un autre, tant d'autres s'affaler, s’aplatir comme des crêpes, à ne jamais dénoncer la corruption qu'ils découvrent eux-mêmes au fil des procédures, à la Cour des comptes, dans les cours régionales des comptes et les tribunaux administratifs.
Celui qui ouvre une première fois un précis de droit administratif découvre par exemple que le juge administratif a un pouvoir inquisitorial ! On rêve !
Et puis, je pourrais vous faire un livre des raisons de qualifier la magistrature d'engeance !

Bien sûr, il y a de bons magistrats, qui prennent leur temps pour rendre un jugement équitable et bien fait, mais ceux-là, ils ne font pas carrière.
La comparution personnelle en matière civile, vous en avez entendu parler ? A Bordeaux, le dernier à les pratiquer pour en avoir le coeur net sur des affaires confuses, reconnu pour être à la fois particulièrement perspicace et scrupuleux, je crois savoir qu'il a fini président de chambre au TGI, et ça devait être il y a une trentaine d'années !
Il y a une vingtaine d'années, alors que les prud'hommes ne pouvaient se départager, un juge départiteur a trouvé huit motifs de me donner raison, chacun bien développés.
J'ai cru reconnaître le nom de celui qui m'a donné raison récemment, à 100%, avec amende civile à mon adversaire, dans une autre affaire où le juge d'appel donnait raison à ce dernier parce que j'avais touché un chèque sans provisions "précipitamment" ! (J'ai fini par avoir raison en cassation)
Tout ça pour dire qu'en vingt ans, le magistrat qui juge en droit et non en idéologie de gauche n'a pas fait carrière, lui.
C'est à ceux-là que je pense, pour parler de vocation. Hommage leur soit rendu, à ces fonctionnaires dévoués et imperméables au carriérisme.

zenblabla

Comment y aller, avec le sentiment de Justice, tandis que celui d'injustice déborde ?

Hélas, telle ou telle autre fille d'avocat, autant brillante l'une que l'autre, sera poussée vers ESSEC ou HEC pour observer la Justice, tellement le crédit en la sécurité comme par l’État est dénié, suivant l'observation même des avocats qui biberonnent... mais réclament sevrage !

Hon !
Qu'allons-nous faire de tout ces apprentis commerçants, tout ces brillants surnuméraires ?

pierre

Cher Monsieur,

Depuis des années, des questions fondamentales sur l'indépendance et l'impartialité de la justice alimentent des débats certes passionnants mais sans résultats significatifs.
Même si des avancées procédurales ont été enregistrées d'ailleurs tardivement en France, il n'en demeure pas moins qu'elles ont alimenté le mécontentement d'une partie des membres de l'institution policière qu'il convient de ménager.
Lorsque vous étiez encore en fonction, vous aviez fait un constat sans appel sur les enjeux de pouvoir que pose véritablement la question de la justice en tant que valeur, ensemble de normes et institution.
Les politiques se méfient de ce qu'ils appellent "le gouvernement des juges", ce qui a conduit certains d'entre eux à imaginer la suppression du juge d'instruction tout en conservant le contrôle du Parquet.
Entre justice d'abattage et justice de luxe, le simple citoyen n'est pas dupe et ce n'est pas le courage et la témérité de certains magistrats du siège qui transformeront l'image de la justice en France.
La Cour européenne des droits de l'homme n'a d'ailleurs pas épargné la France.
Il convient d'ajouter que dans la chaîne judiciaire, les magistrats ne sont pas les seuls en cause dans ce climat de défiance.
Je ne m'étonne donc pas qu'il y ait crise des vocations.

Mary Preud'homme

Après lecture de l’article que vous citez, il me semble que ce qui pose problème est d’abord l’ouverture du corps des magistrats au privé (mis en place sous le gouvernement Jospin), avec pour conséquences un mode de recrutement direct au lance-pierres et un concours complémentaire dont le niveau est notoirement inférieur à celui des deux premiers concours externe et interne. A noter que ces postulants au rabais (voire parfois sans formation juridique sérieuse) n’ont été (l’année écoulée) que 30 sur près de 800 candidats à être retenus, eu égard à la faiblesse de leur niveau, tant en droit qu’en culture générale. Et le comble c‘est qu‘ils n’auront que 8 mois de formation à l’ENM, au lieu des 31 mois qui sont la règle pour les auditeurs de justice dont le niveau est pourtant très supérieur au départ (master 2 en droit + prépa IEJ..) et qui ont réussi un concours considéré parmi les plus sélectifs. Ce qui revient au final à mettre sur un pied d’égalité des apprentis et des maîtres et donc à dévaluer la profession. Ce qui se fait d’ailleurs aussi dans la police, l’éducation etc. Et pourquoi pas bientôt dans le domaine médical, remplacer les généralistes par des aides-soignantes et les chirurgiens par des infirmières !
Il y a donc moins pénurie de candidatures que faiblesse notoire du niveau de ceux qui postulent hors de la voie royale, avec pour conséquences un nivellement de la fonction par le bas et donc un dégoût grandissant pour une profession de plus en plus dévaluée et brocardée. Sans compter la féminisation outrancière de la profession que j’ai déjà signalée, mais qui reste manifestement un sujet tabou.

semtob

Cher Philippe,

La profession de magistrat est une des plus belles professions. Nous laissons le verbe être au présent, avant qu'il ne se conjugue à l'imparfait.
L'hyper féminisation de ce métier dévalorise cette fonction. Dans l'esprit des gens et d'après les documentaires des médias, ce métier va bientôt ressembler à une image floue d'assistante sociale ingrate et revêche.
L'entrée massive des médias dans les chambres de justice fragilise également le pouvoir de l'institution car cela révèle des magistrats non formés à la communication et qui se montrent influençables par les journalistes, des magistrats peu cultivés dans le domaine de l'entreprise, du social. Ils montrent leurs faiblesses de spécialisation et la légèreté de certaines de leurs décisions.
Il semblerait que la justice ne puisse faire l'économie de la collégialité et que des formations de spécialisation viennent enrichir les programmes de l'ENM pour être plus attractive, professionnelle et crédible.
Ce qui semble le plus urgent à mettre en place, ce sont des clés de compréhension des stratégies d'entreprises, car à quoi ressemble cette destruction systématique des entreprises qui nuit gravement à l'image de la profession.
françoise et karell semtob

Jabiru

@Pietri S

Il y a effectivement des juges qui sont "à la rame" (Instance et Grande Instance) et qui effectuent un formidable travail au cours d'audiences qui se terminent tard le soir. Et ceux-là ne font pas parler d'eux alors qu'ils côtoient au quotidien toute la misère de la société. La vocation et l'abnégation pour le service public doit en prendre un coup certains soirs, d'autant que ces magistrats-là ne sont pas les mieux logés ni les mieux considérés. J'en connais et ils ne se plaignent pas pour autant.

Pierre Piève

Votre remarque antisarkozyste obtue n'apporte rien à votre remarquable analyse !

Achille

@ Chatte Anna

« Les juges sont tenus à un devoir de réserve. Le but ultime, la valeur suprême, c'est d'être célèbre et de passer à la téloche ? »

Le devoir de réserve, ou encore le secret de l’instruction, existent-ils encore aujourd’hui quand on voit des « révélations » apparaître dans tous les médias alors même que le jugement n’a pas été prononcé ?

Existe-t-il encore quand on voit certains juges prendre position devant les médias sur des affaires politico-financières avec une démarche ouvertement partisane ?

On peut se poser la question !

Choubidou

Transformer l'ENM en "lieu magique" pour stopper l'hémorragie suffirait-il à faire oublier le monde sinistré qui attend à la sortie ?

 Pietri S

Si MM. Mornet et Isorni restent connus de certains, c'est parce qu'ils sont intimement liés à l'Histoire de France à des procès historiques.

Il y a aussi ces juges qui oeuvrent au quotidien dans l'anonymat, dont l'homme de la rue n'entendra jamais parler.

Il y a ceux qui sont et resteront comme une tache sur la magistrature - ou plutôt sur le fonctionnement de certains magistrats peu scrupuleux, comme F. Burgaud ; il y a aussi ceux qui ont louvoyé, n'ont pas respecté la séparation des pouvoirs, Ph. Courroye ; ceux/celles qui ont été des révélateurs/punching balls, I. Prévost-Deprez, et aussi des juges dont l'intégrité exceptionnelle n'est que peu soulignée, R. Van Ruymbeke qui devrait être élevé au rang de modèle de la magistrature LOL... mais les media ne s'intéressent pas ou peu ou occasionnellement à ceux et celles qui exercent leur fonction dans l'excellence... et c'est fort regrettable : le sordide est tellement plus vendeur !

Il me semble que la seule et véritable difficulté de la fonction de juge est que chaque affaire est unique puisque le matériel de base est l'humain, face à un public souvent dans le yaka fokon, et qui pense qu'il suffit d'appliquer docilement, servilement, bêtement des textes de lois.

La fonction d'avocat ne me semble pas plus simple mais les rôles de l'un et de l'autre, partie civile et défense, sont clairs, il faut un indéniable talent de débatteur, de comédien etc. et dans ce cas les femmes à cause de leur tessiture sont défavorisées LOL... Le scénario est toujours le même, la partie civile qui veut être reconnue dans ses droits légitimes, la défense qui veut obtenir la peine la moins lourde et l'arbitre qui arbitre... au nom de la société !

La notion de "l'intime conviction" me gêne terriblement puisque son pendant "le doute doit profiter à l'accusé" n'est pas toujours respecté : la magistrature et la justice ont des pouvoirs immenses, elles ont entre leurs mains nos libertés ; l'erreur est humaine : il me semble judicieux de veiller à tenter de s'en tenir aussi éloigné que possible !

Tipaza

Tout comme une bonne administration impartiale est une administration stupide, un bon juge ne saurait avoir de talent marqué qui le distinguerait des autres.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 décembre 2012 à 23:17

Ah, la belle façon d’exprimer le principe d’égalité.
Par la grâce d’une dérive idéologique prônant le primat de la médiocrité sous la règle du « normal », l’égalité devant la loi est devenue l’égalité par la loi.
Et cette loi est appliquée par des magistrats, qui bénéficiant d’avantages, non acquis, mais donnés au nom de la séparation des pouvoirs, se constituent en syndicat, défenseur de leur aimable corporation, s'exonérant de toutes fautes !!!

Véronique Raffeneau

"Il y a eu toujours quelque chose de destructeur dans ce hiatus entre le respect qui était attendu de l'Etat et un comportement souvent étriqué, corporatiste, qui tranchait avec l'honneur qu'on réclamait."

Avec prudence car je ne maîtrise pas dans le détail les modalités de l'organisation judiciaire de notre pays.

Mais il me semble que le principal déficit "d'image" dont souffre la magistrature est d'abord lié au fait qu'elle a été définie par le général de Gaulle comme une autorité, et non comme une institution clairement indépendante des pouvoirs politiques.

Difficile dans ces conditions de faire émerger des personnalités hors norme immédiatement repérables dans l'esprit du grand public.

Par exemple, je peux vous assurer que des notions comme "Cour de cassation", "cour d’appel", "Tribunal d’instance" etc., restent très brumeuses dans l'esprit de nos concitoyens. Je ne parle même pas des définitions comme juge du siège ou magistrat du Parquet.

Vous me répondrez que pour des étudiants en droit, ces notions sont évidemment maîtrisées.

Il n'empêche que pour l'imaginaire commun - celui qui peut nourrir très tôt et en amont des vocations - il y a une absence de lisibilité institutionnelle et politique - au sens haut - de la Justice.

Il y aurait par exemple l’instauration d'un Procureur de la Nation, et je crois que pour tous la justice serait plus concrètement et mieux incarnée dans le débat et l'esprit publics.

"Les juges sont tenus à un devoir de réserve. Le but ultime, la valeur suprême, c'est d'être célèbre et de passer à la téloche ?" (Anna à Achille)

En même temps, Anna, imaginez une affaire judiciaire qui suscite depuis vingt ans une multitude d’interrogations dans l'imaginaire collectif d’un territoire ou d’une région.

Imaginez un super journaliste qui, dans un livre remarquable, a réalisé un travail d’investigation tout autant remarquable, et portant sur les zones d’ombre, les énigmes, de cette affaire criminelle.

Imaginez par exemple un super ancien avocat général (médiatique) auprès de la cour d’appel de Paris, partager sa lecture du livre du super journaliste, expliquant, à travers cette affaire, comment un procureur, un juge d’instruction et même un avocat de la défense travaillent.

Imaginez les lecteurs d’une bibliothèque de province, un magnifique petit théâtre, et je peux vous assurer que ceux qui ont eu le bonheur d’assister à cette discussion exceptionnelle regardent l’organisation de la justice pénale un peu différemment, comme quelque chose somme toute de très proche et d'humain.

Ceci juste pour dire que le déficit d'intérêt de l'ENM chez les étudiants est dans mon esprit lié à l'absence de lisibilité institutionnelle de la Justice dans l'esprit de tous.

poil à gratter

Jolie volée de bois vert...

La justice est victime et paralysée par ses raideurs, ses nombreuses juridictions, l'avalanche de lois qui se contredisent, l'impunité insupportable des mauvais juges défaillants (Burgaud), la politisation outrancière de ses syndicats brouillons, bruyants, partisans et surtout par sa pseudo-indépendance.

Leur plus grand manque est la culture du doute.

Les mots ont-ils un sens quand les nominations et promotions des magistrats sont sous la signature d'un ministre de l'exécutif qui a barre totale sur les magistrats des parquets ?

Elle est discréditée par les juridictions prudhommales et du commerce, théâtre de parodies et de mascarades idéologiques ou partisanes aux conséquences souvent tragiques pour le justiciable qui doit être plumé et spolié.

Pourtant... pourtant... il y a très heureusement des magistrats de très haute volée qui tiennent bon gré mal gré l'institution. On ne les entend ni ne les voit jamais et en plus il ne peuvent pas tout faire.

Les exhibitions, les parades médiatiques des égocentriques braillards du Barreau (qui déborde de trop de membres) et surtout leurs indécents mais somptueux honoraires sont d'excellentes raisons d'éviter l'insapide, terne et vieillotte ENM.

Jean-Dominique Reffait

Il y a deux sujets distincts que vous mêlez au sein d'une même aspiration : l'émergence des talents dans la magistrature. Pour la direction de l'ENM, je peux vous suivre. L'ENM n'apparaît pas, à mon esprit profane, comme une grande école mais plutôt comme un organisme de formation spécialisée. Cet aspect peu flamboyant rebute sans doute les meilleurs et laisse le champ libre à celles et ceux qui aspirent à une carrière plus linéaire où l'on est certain de ne pas crever de faim, même sans talent.
Sans doute faut-il rendre l'ENM plus sexy pour attirer des personnalités moins lisses et son animation gagnerait sans doute à sortir des ornières séculaires laissées par des générations conservatrices.
Mais cela suffit-il ?
Il y a sans doute de grandes excitations intellectuelles à devenir juge d'instruction et à entrer dans les sous-sols de la vérité. Mais l'empilement des dossiers a vite fait de vous clouer dans votre fauteuil en tête-à-tête avec le greffier. Le juge du siège fait de l'abattage, au civil il entérine les contrats qui lui sont présentés, au pénal il débite ses verdicts industriels. De quel talent peut-il faire montre ?

La personnalisation des magistrats, à l'imitation de celle des avocats, représente tout de même un danger. Ce n'est pas l'avocat qui juge, son brio s'efface devant la décision qui ne lui revient pas. Le juge prend une décision et celle-ci, c'est le principe, doit être la même pour tous sur tout le territoire de la République. Que quelques magistrats du siège deviennent des vedettes et c'est la pâleur des autres qui ressort. Quand un justiciable prend un avocat médiocre, il le sait souvent et il le paie à la hauteur de ses faiblesses. Mais il espère que de ce service juridique minimum sortira une décision éclairée avec justesse par le magistrat. On choisit son avocat, pas son juge. Il est donc bon que chacun se persuade que celui qui décidera de votre sort en vaut un autre. C'est le principe de l'égalité de tous devant la loi et son représentant : l'équipage judiciaire doit aller à la vitesse du plus lent. Tout comme une bonne administration impartiale est une administration stupide, un bon juge ne saurait avoir de talent marqué qui le distinguerait des autres.

Denis Monod-Broca

Il n'est peut-être pas tout à fait superflu de rappeler que l'ENM a été fondée par Michel Debré dans la fournée des ordonnances de décembre 58, c'est-à-dire par un homme qui avait le sens de l'Etat et à une époque où "redressement national" avait un sens. Et je me dis, en écrivant ces mots, qu'ils risquent d'en faire rigoler ou ricaner plus d'un... ce qui expliquera, au moins en partie, le mal dont souffre l'ENM...

NewParadigm

Vous manquez rarement une occasion de dire et redire l'horreur et l'indignation que vous inspirent la tyrannie sarkozyste et ses appréciations, populistes, forcément populistes, sur votre corporation.
Comme vous le faites remarquer, des bataillons serrés de jeunes juristes républicains auraient dû se précipiter à l'ENM pour aider les magistrats à repousser ces vils assauts. Or, c'est le contraire qui se passe. Ne croyez-vous pas que le discrédit de la magistrature touche depuis plus longtemps que Sarkozy et plus largement que la droite (re)droitisée ? Nos magistrats feraient bien de se poser de sérieuses questions quant à leur légitimité, y compris celles que posait Sarkozy.
Evidemment, son absence se fait cruellement sentir aux syndicats de magistrats, comme à tous ceux, nombreux, qui voyaient en lui la cause de leurs malheurs.

Jabiru

Voulez-vous dire dans votre billet que l'on éviterait d'inviter à l'ENM des conférenciers qui pourraient donner des idées "hors formatage" ?
Il est certain qu'il serait judicieux de rapprocher plus souvent les futurs juges avec des acteurs du monde du travail, des affaires, qu'ils soient employeurs, salariés ou syndicalistes.
Le juge, dans son pouvoir d'appréciation, a besoin du concours de ces acteurs de la vie de tous les jours.
Il me semble d'ailleurs et sauf erreur de ma part que le Directeur de l'Institut supérieur du travail avait planché devant des robes noires, il y a quelque temps à Bordeaux.

JT

Tristesse, non pas pour l'ENM dont je n'ai jamais effleuré les paillotes, comme me le rappelait un bouffi qui renvoya des garde-chasses au prétexte qu'ils s'étaient trompés de tribunal pour leur serment, navrés, en grand uniforme et lui, rouge, hautain, ridicule. "On voit bien que vous n'avez pas ce poli incomparable de l'ENM" me disait-il. Il a fait carrière.
Eh bien tant mieux, si l'ENM recrute moins, ça fera peut-être réfléchir, enfin, ça, j'en doute. J'ai voulu être magistrat pour servir un pays que je n'avais pas pu servir militairement. Carrière élogieuse a dit le conseil, mais pas digne d'être juge de proximité, a dit le même conseil, tout n'est pas parfait, quoi ? Mystère. Alors, ces semaines dernières, j'ai brûlé mon dossier, avec toutes ses petites croix à gauche. Foutu caractère, c'est vrai, et amour déçu. Pourtant que de gens magnifiques rencontrés, mais aussi que de flemmards, de routiniers. Puis, la révolte quand une présidente de T.CO. géré en TGI ne rentre pas "ces détails", la différence entre un compte d'exploitation et un bilan pour assommer de remarques désobligeantes un artisan maçon qui manquait seulement de trésorerie.
Ailleurs, un président sévère, austère même, indéridable, mais un juriste de talent, modeste et reconnaissant pour le travail de son juge.
Mais quoi, c'est la vie, même pour ce célébrissime PG martelant des propos guerriers pour que dalle à la sortie, mais tellement sympathique et périgourdin...

Dernier numéro de Challenges, on y démonte le mécanisme par lequel les juges démontrent leur ignorance crasse de la réalité de la vie économique, servis par un Code du Travail aberrant, imbécile, soviétique, 75 pages en Allemagne, 3400 en France (jurisprudence comprise), les salariés allemands seraient-ils donc des oubliés du droit ? Du coup, les décisions des prud'hommes envahissent les prétoires d'appel et de cass... Pas de bon sens, seulement du détail, souvent en opposition avec d'autres détails et toujours les juges favorisant l'instabilité juridique du pays à raison du droit qu'ils sont obligés, mais avec gourmandise, d'appliquer. Annulation d'un plan social pour un établissement disparu depuis plusieurs années, à rire ou à pleurer ? Où est-il ce grand Vice-Président qui écrivait splendidement "Encore qu'on ne sache pas très bien ce que la Loi veut dire ou ne pas dire..." Censuré à vie. En contrepoint ce magistrat dans une journée ENM me glissant qu'il n'est pas du tout d'accord mais qu'il préfère ne "pas avoir d'ennuis" en protestant.
Montesquieu a joué un vilain tour à la magistrature, qu'Alain n'a pas réussi à détourner, que le Général de Gaulle a entériné et que la politique partisane de ces dernières années a démultiplié. On se souvient de ce ministre truculent, intelligent, amateur de bretelles "Je dirai aux juges de faire de (telle façon)......." ou envoyant ses inspecteurs du fisc à un ennemi politique, on dit que le fait se renouvellerait aujourd'hui pour un médecin mécontent. Quand on instrumentalise l'administration et la Justice on n'est pas un gouvernant, on est un homme de parti et on doit rester tout en bas de l'échelle des décisions.
Aujourd'hui, les juges ont un rôle à jouer comme ce Procureur qui a supplié les députés d'arrêter de légiférer, parce qu'on n'y comprend plus rien. Les ministres font, défont, selon leur idéologie, sans analyse, à l'emporte-pièce et les députés, grassement rémunérés, suivent, suivent, droite ou gauche. Ils ont oublié Aristote, Plotin, Suger, Bodin, Voltaire, Hegel, Weber, Portalis, rendu archaïque la pensée du meunier de Potsdam, et dénaturé Ihering car il y a toujours une association à contenter, un groupe de pression à se rallier, un intérêt catégoriel à préserver. Les socialistes ont quand même l'avantage d'écouter mieux les gens mais dans le désordre. Comment voulez-vous que les jeunes gens, épris d'absolu, soient tentés par ces carrières de serviteurs du désordre intellectuel, où c'est tous les jours le 30 octobre 1935 ? Vous ne citez que des avocats dans leur rôle au pénal, cher Philippe Bilger, en ignorant les grands noms des civilistes qui maintiennent le navire justice en état de navigation, de vrais Maîtres. Il faut dire à nos enfants qu'un terroriste fait honte à ses parents, que les juges qui ont condamné un Maire pour avoir calotté un adolescent insultant sont des irresponsables et que la pression populaire n'est peut-être pas pour rien dans le verdict d'appel ce qui serait un autre désastre. Il faut clamer que les religieux qui ont vu dans le Père Noël une insulte à leur conviction religieuse qu'ils sont avant tout des ennemis de la France, nourris de ses largesses mais hostiles à sa nature occidentale et gréco-latine, hostiles à notre civilisation et qu'ils créent la confusion au bénéfice de leur parti politique et religieux. Il faut implanter dans les esprits que les médias qui favorisent la bouffonnerie bien-pensante, les jugements tout faits, le défaut de critique au profit de l'insulte, doivent être ignorés, au mieux brièvement informés par remise d'une note écrite.

Qui reconnaîtrait la France du Code Civil dans notre fatras législatif inclassable où seul celui qui a des oeillères peut se sentir à l'aise ? Qui se sentirait à l'aise dans un pays où les porteurs de bracelets l'exhibent comme une Légion d'honneur dans les cités ? Nous ressemblons au pays que décrit Marc Bloch et que confirme Rommel dans cette réflexion d'un officier en reddition : "Je n'avais pas d'essence, pas de munition et j'allais à cheval, voilà tout" alors que les pauvres diables de soldats allemands s'extasiaient sur la qualité de l'équipement de nos troupes, ramassé sur les plages de Dunkerque et de Zuydcoote.
Je n'ai pas à prendre la défense de Gilbert Azibert, mais c'est un vieux copain de fac et sachant d'où il vient, la force et l'intelligence qu'il a démontrées pour devenir un des meilleurs, tout en restant drôle et amical, on ne peut pas souscrire à votre appréciation. Tant pis.

Polochon

En vous plagiant :
Pour que l'Etat et la République ne soient plus à la peine mais un lieu magique pour la culture générale, le pouvoir maîtrisé, l'urbanité, le langage et, en général, l'allure qui fera que le citoyen se respectera et donc respectera, la première des solutions est de le vivifier par le recours à des personnalités qui, de l'avis de tous ceux qui ne se laissent pas prendre aux apparences médiatiques, seront les mieux fondées à diriger...

Flash

Bonjour,

Je suppose que vous lirez mon commentaire.
Je fais du droit ; je termine mes études, me dirigeant paisiblement vers la profession d'avocat.

Sans vouloir vous raconter ma vie, je peux vous éclairer sur mes motivations. Je me suis inscrit en faculté de droit, au départ, pour devenir magistrat. Un beau rêve, nourri par un idéal de Justice. Beaucoup de mes camarades étaient dans ce cas.

Après cinq années de droit, très peu ont gardé cette vocation première. Pourquoi ?

La charge de travail, qui peut être importante ? Nullement ; au contraire, se sacrifier ayant un sens, c'était même là une sorte de motivation. Les problèmes matériels dont on nous parle ? Là encore, il n'y a rien de décisif. Les rémunérations bien faibles par rapport à celles d'autres professions du droit (les avocats d'affaires, pour ne pas les citer) ? L'argent n'est en rien une motivation lorsqu'on a un idéal de Justice. Alors quoi ?

Eh bien, pour ma part, ce qui m'a quelque peu détourné de cette vocation, c'est la remise en cause constante de l'institution judiciaire. Ce mépris des juges, cette impossibilité de juger : relâchez un homme, et s'il récidive, vous serez fautif ; maintenez-le en détention provisoire, et si on le déclare innocent au final, vous serez fautif. Cette impossibilité de bien faire est paralysante. Juger est une tâche incroyablement ardue. Et, de mon point de vue, une tâche impossible si personne n'a la moindre confiance en vous.

J'ai besoin qu'on puisse avoir un peu confiance en moi ; j'ai besoin d'avoir confiance en moi. Le métier de magistrat ne permet pas ce confort.
Réaliser l'impossible, sans considération, sans rémunération, en sacrifiant un peu sa vie sociale et familiale, sans avoir la certitude de servir ainsi la République ou un idéal plus grand (puisqu'on dépeint les magistrats comme de "simples" techniciens) : cela est démotivant, je vous l'avoue.

Mary Preud'homme

De plus en plus d'étudiants en droit (hommes) dédaignent la magistrature judiciaire (et le disent) en raison de la féminisation outrancière de la profession (plus de 80 % d'auditrices à la dernière promotion de l'ENM). En outre, s'agissant du mode de recrutement par concours externe, (comme l'a souligné un intervenant) seul ont une faible chance de réussite les candidats qui ont suivi une prépa dans un IEJ prestigieux comme par exemple celui de Paris I, qui prépare d'ailleurs aussi à l'ENSP et au CRFPA.
Pour rétablir la parité dans le métier de magistrat, faudra-t-il en arriver à fixer un système de notations et un numérus clausus au concours d'entrée en tenant compte du sexe (ou du genre !) ? Et qui par conséquent constituerait une forme de discrimination positive en faveur des hommes, généralement moins brillants aux grands concours ? Vaste sujet !

Chatte Anna

Certaines carrières n'attirent plus parce qu'elles sont ringardisées, méprisées par le "pouvoir". Elles sont aussi difficiles. Les enseignants ont pris un sérieux coup après le passage de Claude Allègre. Les ingénieurs les plus brillants veulent faire de la finance, ils ne veulent plus travailler pour l'industrie. Pour les juges, les cinq années passées ont peut-être accéléré une tendance. Mais l'ENM ne porte-t-elle pas elle-même sa part de responsabilité dans cette désaffection ? Les détails de l'admission de Rachida Dati ne peuvent qu'attirer les soupçons sur ces instances.


@ Achille
Je vous cite : "Ce sont vers les avocats que se précipitent les journalistes lors des grands procès, rarement vers les juges."

Les juges sont tenus à un devoir de réserve. Le but ultime, la valeur suprême, c'est d'être célèbre et de passer à la téloche ?

 Pietri S

Savonarole 10.31

Marisol Touraine a combiné l'enseignement et la dentisterie en laissant s'installer une école portugaise en France qui délivre un diplôme de dentiste et orthophoniste aux élèves retoqués par les universités françaises moyennant un coût de ca.€9500/an.

On ne peut pas a priori parler de diplômes low cost €9500/an LOL qu'en est-il de l'enseignement ? il serait hasardeux, peu européen d'affirmer que l'enseignement portugais serait de moins bonne qualité que le français...

Pourquoi l'enseignement français n'est-il pas capable de faire ce que propose l'enseignement portugais, en France, lourdeur administrative ? Cette école portugaise implantée en France et qui fonctionne serait en cours de fermeture... un peu tard, alors que les autorités administratives compétentes ont dû délivrer des permis et autres autorisations pour son implantation...

Robert

Le citoyen moyen juge un système à son efficacité. Or l'image véhiculée de l'institution judiciaire par les médias, au-delà du qualificatif de "petits pois" de Monsieur Sarkozy qui pend à présent aux pans des robes des magistrats, a continué de se dégrader, ne serait-ce qu'à la suite des affaires Courroye et consorts. Nombre de ceux-ci n'ont pas fait beaucoup pour changer leur image.

Par ailleurs, l'inefficacité de la politique pénale est patente :
- les gens subissent de plus en plus de délinquance et ont le sentiment que les délinquants courent toujours et que la justice est insuffisamment ferme ;
- le corporatisme de la magistrature n'a pas bougé d'un iota ;
- l'état de vétusté des établissements pénitentiaires montre que l'institution va à vau-l'eau.
etc. etc.

On est loin des années 2000 où, à l'occasion du bicentenaire de la préfectorale, lors de tables rondes tenues à l'ENM, les représentants de la Chancellerie s'enorgueillissaient du constat que le concours de l'ENM avait enfin atteint celui de l'ENA...
Une modestie de meilleur aloi serait sans doute meilleure conseillère...

Boris

Je ne suis pas vraiment au fait de la situation de l’ENM, mais le constat que vous tirez peut se généraliser aux grandes écoles et autres établissements de même farine. Ces derniers sont dirigés, de plus en plus, par des gestionnaires insipides et incolores, formés à tous les cynismes et à toutes les hypocrisies de la sphère administrative, habiles à défendre avec acharnement les intérêts les plus étroits de l’institution. Encore heureux si ce genre de personnes possède une certaine empathie – disons supérieure à celle d’un lézard de taille moyenne.

Ces établissements consacrent en priorité leur potentiel de créativité à faciliter la vie de leur propre corps enseignant, mais aussi celle de leurs intervenants extérieurs. Bien souvent, la venue de ces derniers se solde par une présentation Power Point formatée et creuse, autant dire sur rien. Surtout, la structure donne naissance à des réseaux qui permettent une rassurante reproduction sociale. C'est quand même l'essentiel.

On le voit, Courteline est dépassé depuis longtemps, et tout va de mieux en mieux dans le meilleur des mondes. Certes, vous n’y avez pas votre place, monsieur Bilger, mais c’est tout à votre honneur !

Savonarole

Après le désert médical voici qu'on nous promet un désert de la magistrature.
Il faut mettre Madame Touraine sur le coup et qu'elle fasse pour les magistrats ce qu'elle nous prépare pour les déserts médicaux : l'afflux massif de juges croates, hongrois, ou bosniaques en leur versant 4500 euros par mois.

Jean Morland

Très juste, comme presque toujours. Mais le mal est ancien. Combien de Français peuvent citer le nom d'un grand juge dans notre histoire ? Entre Mornet et Isorni, qui a fait la meilleure figure ?

marianne

La chute du nombre de candidats est sans doute également voire seulement liée aux modalités du concours et aux critères de notation... Pourquoi s'inscrire quand il est évident dans les faits que seuls ceux capables de payer l'école préparatoire de Paris ont une chance ? Sans compter que tous les centres de concours ne suivent pas les consignes données, ce qui favorise leurs candidats par rapport à ceux d'autres centres (véridique, du vécu). Si l'ENM veut redorer son blason et multiplier les candidatures, un peu d'ouverture serait nécessaire. Effectivement, des changements seraient bons.

Achille

Bonjour Philippe Bilger,

« Terrible, navrant constat. "Il y a une hémorragie de candidats à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM)... et le nombre d'étudiants inscrits au concours d'entrée a chuté de 63% en quinze ans" (Le Monde). »

Pour ne rien vous cacher Philippe Bilger, si j’avais choisi de faire du droit, je ne pense pas que j'aurais choisi la magistrature. Je me serais plutôt orienté vers la carrière d’avocat qui présente bien plus d’ouvertures que celles de juge.

Certes j’ai le plus grand respect pour nos magistrats qui sont des gens très respectables, mais ils sont assujettis à une hiérarchie qui a largement démontré qu’elle était sous l’influence du pouvoir en place.

Tout le monde est en mesure de citer des avocats célèbres qui ont bâti leur notoriété grâce à leurs plaidoiries magistrales qui nous font penser un peu aux tragédies grecques pour les meilleures.
Ce sont vers les avocats que se précipitent les journalistes lors des grands procès, rarement vers les juges.

Les juges célèbres ne le sont que par leurs interventions dans des affaires politico-financières assez troubles. Les exemples ne manquent pas, notamment ces cinq dernières années.

En fait le seul magistrat connu qui sorte de ce triste constat, c’est vous. Vous êtes en quelque sorte l’exception qui confirme la règle.

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