L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy était présent au Sénat, le 17 décembre, lors de la remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur au Docteur Olivier de Ladoucette, spécialiste du vieillissement (Le Figaro).
A cette occasion, on ne l'a pas entendu, comme lors de certaine cérémonie identique concernant un banquier lors de son quinquennat, exprimer sa certitude de faire autant d'argent que celui qu'il décorait !
Au contraire.
Nicolas Sarkozy a prononcé un discours dont un extrait mérite d'être cité intégralement, tant il est remarquable.
"Un jour vient où l'on considère que, faute de les avoir prévenues puis de les avoir soulagées, il faut abréger les souffrances et que mettre un terme à ce que l'on appelle l'agonie devient une nécessité sociale. Une nécessité si évidente que toute la société, heureuse de se débarrasser du problème, exige des lois et que celui-là même qui est en train de mourir devient complice de sa propre mort, en implorant la fin, croyant accomplir un dernier geste de liberté alors qu'il ne fait que se soumettre à une nouvelle contrainte sociale. Le risque est grand alors de voir une société supprimer des vieillards, avec leur consentement, pour supprimer la vieillesse et la peur qu'elle nous inspire".
C'est long mais il valait la peine, à mon sens, de faire ce détour alors que le 18 décembre, le Professeur Sicard remettait au président de la République son rapport sur la fin de vie. Au mois de juin prochain, selon le désir de François Hollande, une loi sur le suicide assisté sera votée.
Mon intention n'est pas, en l'état, d'analyser ce que le Parlement validera mais d'attirer l'attention sur une démarche infiniment dangereuse de la part des socialistes et de François Hollande.
Au lieu de toucher d'une main tremblante aux équilibres de la société et aux fragilités émouvantes et tragiques de certains univers familiaux, au lieu de respecter ce que de multiples compromis savent infiniment mieux gérer que la brutalité de la loi, le Pouvoir n'a pour obsession que d'accomplir l'inverse. Comme s'il devait avoir pour vocation de déstabiliser par l'injonction et de troubler par l'obligation. Ou de faire régresser par la permission. L'humain à ce point délicat et sensible est-il vraiment l'affaire de l'Etat ? Les gros sabots de la réglementation doivent-ils fouler le terrain complexe, friable et chaque jour assumé, rejeté ou accepté, de la souffrance, du courage, de la solidarité et de la douleur ?
J'entends bien que la finance, l'économie et le chômage plaçant le gouvernement dans un impitoyable étau, il est tenté de retrouver du jeu, de la liberté et de la respiration grâce à des échappées sociétales dont il ne semble pas mesurer le risque qu'elles représentent pour notre être collectif.
Je crains que par ailleurs il agisse trop "à la demande", plus soucieux de satisfaire des revendications compassionnelles minoritaires que de sauvegarder le consensus sur quelques principes dont le prioritaire devrait être le respect absolu de la vie et le refus de participer si peu que ce soit à une mort même désirée. Renier cette double exigence est gros de menaces pour notre monde humain et une France se piquant d'être un modèle.
Pourquoi ce gouvernement, par ailleurs si frileux, si modéré - qu'on songe à sa réforme bancaire - alors que l'audace devrait être sa règle pour ce que la survie nationale et internationale impose, ne se montre-t-il vraiment déterminé qu'à l'égard des domaines où son abstention aurait été bienfaisante ou au moins son infinie prudence (Le Monde) ?
Il s'implique sans nécessité ou ne s'implique pas assez quand le besoin s'en fait sentir. Il va bouleverser la société mais répugne à la réformer, ce qui, de fait, est beaucoup plus difficile.
Nicolas Sarkozy était très inspiré ce soir-là.
Qui lui a écrit ce discours qui tombait comme une réponse anticipée et intelligente à l'humanisme équivoque du lendemain ?
"Là où je suis totalement en désaccord avec vous... qu'une semaine ou deux de plus... c'est énorme pour toute la famille."
AP
Mais je n'ai jamais contredit cela - relisez-moi ou alors je me suis vraiment très mal expliqué - que ces deux semaines ne puissent être sublimement bonnes à prendre, mieux, à vivre.
"ténu trésor", 'ténu' car étroitement tenu par le temps, mais, 'trésor'... et peut-être davantage encore de la sorte.
J'ai juste tenté de me mettre dans la peau des médecins qui, sans doute influencés par votre oncle, ont dû (pu ?) penser ""qu'on irait pas beaucoup plus loin"" et ont, à vous lire, fantasmé une difficulté à continuer factice que votre père a bien su comprendre et temporairement résoudre.
Ce que j'avance n'est rien de plus que ce que vous dites. Quand cela devient insupportable à la personne et qu'on ne peut rien pour elle sinon faire ce qu'elle désire en ayant tout tenté avant - ce qu'a si bien su faire votre père - cela juste, je le prétends humain, hautement, mais vous aussi sans doute, toutes réserves ou confusions levées.
Je crains pour l'intérêt de ce débat que nous soyons tous d'accord, non que je veuille l'euthanasier, il mourra de sa belle mort, mais que tout ou presque n'ait été maintenant éclairé.
AO
Rédigé par : oursivi@AP | 31 décembre 2012 à 17:55
@ oursivi
C'est très compliqué de donner le poids de ce choix à une personne déjà en grande difficulté physique et psychologique. Je ne suis pas sûr que ce soit pertinent, à moins qu'il n'y ait strictement aucun espoir et que la souffrance ne puisse être soulagée.
Là où je suis totalement en désaccord avec vous, c'est qu'une semaine ou deux de plus à pouvoir discuter calmement avec son épouse, enfants et petits-enfants de ses souvenirs, de ce qu'on a fait, ce qu'on aurait voulu faire, à dire sans le dire qu'on a fait un joli tour et qu'on est prêt, c'est énorme pour toute la famille.
Bref, la fin de vie n'est pas bien encadrée actuellement. Avant de s'occuper d'euthanasie et autres suicides assistés, commençons par surveiller ce qui se fait dans les cas classiques.
Rédigé par : Alex paulista | 31 décembre 2012 à 16:46
Philippe, finalement, vu la tournure durable, passionnée et dense des commentaires à votre présent billet, je suggère d'en changer le titre - je pique une idée à Marc - lui préférant,
Nicolas Sarkozy* inspirant.
Mais peut-être vouliez-vous dire "inspiré" au sens de l'existence d'un souffleur ?
Je me suis toujours amusé à l'idée que le "nègre" d'un de "nos en vue", puisse faire s'achever le papier que lira la célébrité d'un, "je ne vous le fais pas dire, enfin, un peu quand même".
AO
Rédigé par : oursivi@PB | 31 décembre 2012 à 11:55
@Alex paulista
Ce que suggère votre commentaire aux accents si personnels - et donc si universels - est avant tout la disparité complète des empathies. Pour certains, on le sait, la vue du sang ou de la moindre souffrance est intolérable, ils se l'approprient tant que celle d'autrui sature très vite leur discernement. Était-ce le cas de votre oncle, c'est possible. Vous semblez, vous et votre père, avoir davantage de sang-froid, on vous en félicite mais cela n'est pas forcément le gage d'une plus grande humanité, même si assurément dans le cas que décrivez, c'est à vous deux que donnons raison.
Les médecins en sont peut-être surtout embarrassés de ces cas, ne pouvant de par leur récurrence, entrer dans cette empathie envers leurs malades qui, soit les détruirait, soit les rendrait inopérants.
Ils ne jugent pas forcément au mieux l'aspect psychologique de la chose et, au vu de l'illégalité probable - on en revient à la loi et à sa nécessité - où ce qu'on attend d'eux va les placer, ils se défaussent sur un tiers assez concerné pour sembler prendre sur lui raisonnablement la situation. Ce fut votre oncle, puis votre père, et les médecins au milieu dont on sent qu'ils ne font jamais que ce qu'on leur demande. Certes, cela peut sembler bien arbitraire et laisser la porte ouverte à bien des dérives. Mais je pense que s'ils avaient d'abord privilégié la position de l'oncle, c'est, étant sûrs que les deux semaines dont nous décevez un peu - je m'attendais à ce stade de ma lecture à ce que concluiez d'un "et, deux ans plus tard, il est toujours là" - ne seraient guère davantage, et surtout qu'ils n'avaient imaginé qu'elles seraient pour quelques d'entre vous le ténu trésor que laissez entrevoir.
Ce que vous décrivez m'évoque assez le rôle "des sages" dont beaucoup de sociétés pas si primitives que cela font usage.
Sachant la possibilité de dérive que suggère votre récit et ses sous-entendus, les deux seuls points à défendre avec le dernier argumentaire sont, instruction sans réserve du patient sur son propre cas, et dès lors respect de sa volonté à lui, qui, comme je le défendais déjà dans un de nos récents échanges, est l'ultime maître de sa destinée ; chose dont sembliez disconvenir...
Gérard Lenne a raison d'argumenter en ce sens. Edifiant qu'il ait utilisé le même parallèle que celui dont avais usé au début de mon dialogue avec Véronique, je pense à la loi sur l'avortement, bien entendu.
Mais, à bien relire tous nos récents commentaires, je ne suis pas certain que, "l'irrémédiable" rapport au droit de Véronique mis à part, nous soyons tous si éloignés les uns des autres que cela, à quelques irritations des amours-propres respectifs près.
Des broutilles, quoi qu'il m'en coûte d'employer un mot si léger en un sujet si grave.
AO
Rédigé par : oursivi@AP | 31 décembre 2012 à 11:33
Apprenons enfin de la voix d’AK qu’une personne agonisant dans d’atroces souffrances sera miraculeusement soulagée si elle reçoit « des nouvelles de ses petits-enfants ». Mais c’est le monde des Bisounours !
Cette personne est au contraire sous soins palliatifs en vue, dit Axel Kahn, de continuer à trouver de l'intérêt à la vie. Et il ajoute (en cas d'atroces souffrances) : l'exigence de les soulager vient absolument en premier, même si cela doit entraîner la mort.
Le discours « modéré », c’est bien connu, est une tactique qui a pour objectif de piéger subtilement l’adversaire en le circonvenant.
Il est clair, Gérard Lenne, que cette approche n'est aucunement la vôtre et que vous ne recherchez guère l'assentiment de vos interlocuteurs par de subtiles contradictions.
Rédigé par : MS@GL | 31 décembre 2012 à 08:22
Chacun a ses petits exemples dans sa famille, mais dans la mienne, j'ai deux cas où l'on a dû surveiller les doses de morphine qui avaient tendance à aller au-delà du soulagement de la douleur.
Car il y a une réalité que les cas médiatisés occultent: les équipes soignantes ne sont pas toujours programmées psychologiquement pour un patient qui n'a aucun espoir de rémission. Si un des membres de la famille, par exemple un des fils, dit à l'équipe médicale qu'il est pressé d'en finir pour des raisons autant patrimoniales que psychologiques (parfois quand on voit son père diminué, on a envie que ça cesse), on assiste à des choses étranges, des regards complices qui vous font froid dans le dos.
Pour parler net, mon grand-père était en train de mourir d'un cancer du pancréas. Il ne mangeait que difficilement les yogourts mélangés aux fruits qu'il préférait, jusqu'au jour où il a cessé, ne pouvant plus déglutir. On avait augmenté la morphine alors qu'il ne souffrait pas particulièrement. En se renseignant un peu (les médecins détestent ça) on apprend que la difficulté à déglutir est une conséquence directe de la morphine. Il s'amaigrissait, les médecins disaient que c'était l'effet du cancer, mais on était plusieurs à se dire que c'était d'abord l'effet de ne rien avaler.
Il était en train de mourir de faim. Devant cette situation, quand on passe quelques jours au chevet de son grand-père, on commence à poser tout haut la question de savoir si tant de patches de morphine sont vraiment nécessaires. Là on voit un énervement visible de la troupe, les médecins qui commencent à s'isoler avec l'oncle en question, nerveux. On comprend que quelque chose ne tourne pas rond, qu'en votre absence l'équipe médicale a pris une option très suspecte.
Mon père a décidé devant les médecins gênés d'enlever les patches supplémentaires, en disant d'attendre de le voir souffrir pour les remettre. Silence, puis un timide et effacé "oui, bien sûr, comme vous voulez" du médecin responsable.
Le lendemain, voilà mon grand-père qui recommence à manger, le surlendemain il fait des bruits de bouche énervés quand ma grand-mère se trompe en évoquant des souvenirs, le jour d'après il s'assoit au bord du lit et parle doucement. Puis demande à ce qu'on l'aide à gagner les toilettes avec un déambulateur.
J'estime qu'il a gagné entre deux et trois semaines de vie, sans souffrir, à discuter tranquillement de ce qu'étaient devenus les gens de sa génération et leurs enfants.
Ce même oncle a poussé dans la même direction quand sa tante attendait la mort dans son lit avec un bassin fracturé à 97 ans. Nous étions là pour le freiner.
Je lui ai fait remarquer cet air de déjà vu. Il m'a dit texto: "quand c'est fini, je n'aime pas que ça traîne, la vie coincé dans un lit et sans espoir ce n'est pas la vie. Ça s'appliquera aussi pour moi, j'espère."
C'est un point de vue, mais pas le mien.
Rédigé par : Alex paulista | 31 décembre 2012 à 01:44
@ MS
Ciel ! Axel Kahn !
Le discours « modéré », c’est bien connu, est une tactique qui a pour objectif de piéger subtilement l’adversaire en le circonvenant. En cela, AK est redoutable. Militant actif contre l’euthanasie, nous savons qu’il figure parmi les conseillers les plus influents de François Hollande. Nous sommes quelques-uns à avoir redouté, en mai dernier, qu’il fût nommé ministre de la Santé. Mais il reste tapi dans l’ombre, et je ne serais certes pas étonné qu’il soit largement à l’origine de la composition de la très orientée commission Sicard…
Il convient donc de décrypter soigneusement l’interview que vous citez.
AK approuve « une loi qui indique que donner la mort volontairement reste interdit ». Il oublie « volontairement » (ha !) que la volonté en question n’est pas celle de celui qui donne la mort, mais de celui qui la reçoit. C’est la volonté de celui-ci qu’il convient de respecter, et ça change tout ! Quelle hypocrisie de vouloir, comme d'habitude, faire passer le geste compassionnel pour un meurtre pur et simple !
Pour se dédouaner, AK nous précise que « les tribunaux acquittent d'ailleurs souvent celui qui a pris la responsabilité personnelle d'aider son prochain à se suicider » vieil argument qui, en corollaire, signifie : pas la peine de changer la loi ! Jusqu'en 1974, on entendait les mêmes nous expliquer que la mansuétude des tribunaux aidant, il n’était pas nécessaire de dépénaliser l’avortement.
Continuons d’écouter AK, c’est instructif. Si une personne demande l’euthanasie, très simple, « Il faut d'abord s'efforcer de rétablir les conditions d'un choix réel » (sic). Parce que, bien entendu, AK pose en principe que la supplication répétée depuis des mois, voire des années, par cette personne, s’explique par sa méconnaissance d’un « choix réel ». Un choix réel ! On croit rêver…
« Si celle-ci souffre, il faut d'abord arrêter la douleur ». Facile à dire, moins facile à faire. Si c’était si simple, d’ailleurs, qui demanderait encore l’euthanasie ? AK est-il si naïf qu’il croie qu’on la demande par caprice, pour le plaisir ? Non, mais il fait semblant.
Il continue (et surenchérit) en expliquant doctement qu’il suffit de « donner de l’amour ». Parce que, probablement, imagine-t-il qu’on ne leur en donne pas assez, que la mère de Vincent Humbert, par exemple, était animée par la haine de son fils ?
Apprenons enfin de la voix d’AK qu’une personne agonisant dans d’atroces souffrances sera miraculeusement soulagée si elle reçoit « des nouvelles de ses petits-enfants ». Mais c’est le monde des Bisounours !
Rédigé par : Gérard Lenne | 30 décembre 2012 à 21:06
"Ayez l'humilité de considérer"
Toute VRité est-elle bonne à dire ?
C'est bien mal me connaître que de convoquer ce sentiment.
Là où ai dit "procédural", je persiste et insiste, chère Véronique.
Une loi que la pratique quotidienne détourne nécessairement chaque jour n'est plus que symbolique. La façon concrète dont la médecine quotidienne de fin de vie - qui en est encore une dans son combat non plus face à la maladie mais à la douleur - renvoie aux oubliettes les textes qui sont aussi censés la régir, peut certes froisser les puristes du droit qui par l'aspect universel de celle-ci croyaient pouvoir tout régenter et en sortent... vexés serait un peu fort, disons contrits, j'en conviens.
Mais la loi, comme la religion, doit s'adapter à quelque chose qui va plus vite et plus loin qu'elles... la vie.
Interrogeons-nous plutôt sur la nature de ce qui, sous-jacent, élargit les deux premières pour coller au mieux à la troisième, lui laissant surtout toute sa noblesse... ce sens évolutif que nous nous plaisons à donner à tout, et qui est au coeur de notre humanité.
AO
Rédigé par : oursivi@VR | 30 décembre 2012 à 19:11
Si ce n’est pas vraiment un « remède » que je préconise, c’est du moins une solution, et je constate que face à un problème de conscience aussi aigu, vous n’en proposez aucune.
Gérard Lenne,
Aucune solution "définitive" en effet, moyennant quoi vous ne pouvez dans un même élan me reprocher d'être un partisan de "l'impératif catégorique", autre approche définitive.
Je me sens proche en ce domaine des positions équilibrées d'Axel Kahn développées notamment dans "L'ultime liberté ?". Outre son expérience de médecin, ses rappels sur ce qu'autorise la loi actuelle sont instructifs.
_________
L'euthanasie doit donc rester illégale?
AK - La loi ne doit pas se fixer pour but de rentrer dans les détails de toutes les pratiques. Elle a avant tout un rôle pédagogique ; elle doit définir des valeurs autour desquelles une société se réunit. Et une loi qui indique que donner la mort volontairement reste interdit me convient. Mais il peut évidemment y avoir des exceptions. La situation où l'euthanasie serait la seule possibilité pour éviter un scandale encore plus terrible – à savoir la douleur que l'on ne sait pas calmer – m'amènerait sans doute à y consentir. Dans de tels cas, les tribunaux acquittent d'ailleurs souvent celui qui a pris la responsabilité personnelle d'aider son prochain à se suicider, comme pour le cas de légitime défense. Il est alors important que la procédure judiciaire soit rapide et simplifiée.
Comment répondre à une personne demandant la mort?
AK - La première réponse ne doit jamais être d'accéder à cette demande, même si une procédure en définit les conditions, comme dans les pays où l'euthanasie est légale. Il faut d'abord s'efforcer de rétablir les conditions d'un choix réel et faire que différentes perspectives potentiellement désirables s'ouvrent à la personne.
Si celle-ci souffre, il faut d'abord arrêter la douleur. Si elle est totalement abandonnée ou désespérée et qu'elle remet en question sa place dans la société, il faut essayer par tous les moyens de lui faire prendre conscience de son importance pour autrui, du fait qu'elle reste une personne ayant de la valeur aux yeux des autres et qu'elle peut être réellement l'objet d'amour.
Est-ce vraiment toujours possible?
AK - Non, malheureusement. Mais il faut alors reconnaître que donner la mort parce que l'on est incapable d'offrir l'amour, reflète l'absence de toute bonne solution et n'offre pas une réelle liberté. La liberté, c'est au moins d'avoir le choix entre deux solutions.
Les soins palliatifs apportent-ils une réponse?
AK - Les soins palliatifs doivent permettre de continuer à trouver de l'intérêt à la vie malgré l'issue fatale prévisible à brève échéance. Leur but n'est pas de préparer à la mort, mais de déterminer les conditions d'une vie pour qu'elle reste désirable. Une personne qui va mourir peut se réjouir d'échanger avec des gens qu'elle aime ou qu'elle respecte, comme par exemple d'avoir simplement des nouvelles de ses petits-enfants.
Peut-on donner la mort pour soulager la douleur?
AK - Oui, il s'agit de l'approche du « double effet », qui est encadré par la loi en France. Avant même l'interdiction de tuer se trouve l'assistance obligatoire que doit la société aux personnes dont la souffrance provoque une détresse insupportable. L'exigence de les soulager vient absolument en premier, même si cela doit entraîner la mort.
Rédigé par : MS | 30 décembre 2012 à 17:54
@ MS
Je n’ai pas une telle habitude de citer les poètes catholiques, cependant je vais récidiver en me référant cette fois à Péguy, et à son impérissable formule : « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains » (1910).
Vous m’évoquez Kant en effet, puisque, pour les opposants acharnés à l’euthanasie, le respect de la vie est manifestement ce qu’il appelait un « impératif catégorique ».
Pour pratiquer une euthanasie, au contraire, il faut des mains – dont vous doutez évidemment qu’elles soient toujours pures. Je vous accorde qu’il n’y a en la matière aucune vérité immuable et absolue, puisqu’il s’agit avant tout de l’humain.
Vous semblez opposer le juste et le vrai. Or, le vrai est un concept (invérifiable), tandis que le juste est intimement lié à notre vie et à nos actes.
Si ce n’est pas vraiment un « remède » que je préconise, c’est du moins une solution, et je constate que face à un problème de conscience aussi aigu, vous n’en proposez aucune.
Rédigé par : Gérard Lenne | 30 décembre 2012 à 13:34
Et c’est cela qui est insupportable dans ce cas précis. C’est de voir, et pardon si je me répète, « le juste mis au rang des assassins » (Francis Jammes).
Gérard Lenne,
Dans ce cas précis, le juste est donc celui qui s'oppose à la force selon lui injuste de la loi.
Plus grande in fine que la loi est donc la liberté de conscience. Dont acte.
Mais est-on systématiquement dans le vrai au seul motif que l’on fait usage de sa liberté de conscience ?
On peut, dans ce cas précis, répondre que d’un côté la souffrance et de l’autre la compassion vis-à-vis de cette souffrance forment deux vérités incontestables. Mais ces deux vérités relèvent du diagnostic et ne fondent en aucune manière celle du « remède » que vous préconisez.
De ce que l’on combatte l’injuste il ne suit pas que par principe tous les moyens soient justes de ce combat.
Rédigé par : MS | 30 décembre 2012 à 10:39
Gérard, oursivi
Je vous laisse après ce post.
Quel que soit notre degré d'intérêt ou de désintérêt pour le code pénal, celui-ci énonce sans la plus infime ambiguïté qu'enlever la vie volontairement est un meurtre, le préméditer est un assassinat.
Que vous le vouliez ou non, introduire l'euthanasie comme une exception à ce principe évident et universel implique de le bouleverser de fond en comble, avec des conséquences infiniment graves pour notre monde humain, et pour ce qui reste de notre contrat social.
"Renier cette double exigence est gros de menaces pour notre monde humain et une France se piquant d'être un modèle" (Philippe)
oursivi, ce n'est pas l'aspect procédural qui m'a motivée dans cet échange avec Gérard et vous-même.
Ayez l'humilité de considérer que vous ne savez rien de ce qui motive un commentateur du blog de Philippe à, selon votre expression, ne rien lâcher de ce qu'il estime fondamental à sauvegarder et/ou essentiel à combattre.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 30 décembre 2012 à 09:35
Rédigé par : Gérard Lenne | 29 décembre 2012 à 13:44
Ce que vous dites est très juste, même évident, cher Gérard. Mais essayer de faire admettre cela à la tatillonne Véronique est aussi évident que d'entrer un ballon de basket dans un trou de green.
A votre bunker Messieurs Dames.
Ai tenté de faire comprendre à Mâme Raffeneau qu'il est sidérant qu'EDM puisse dire - et rester populaire ! - qu'il se contrefiche que ses clients soient ou non coupables et que seul lui importe de les faire libérer... sans le commencement d'un début d'acquiescement. On ne peut récolter de la - par ailleurs, vraiment - sympathique Véronique qu'une avalanche d'aspects procéduraux dont la sophistique finit par décourager même les plus opiniâtres. J'en suis.
AO
Rédigé par : oursivi@GL | 29 décembre 2012 à 22:04
@ Véronique R.
Vous raisonnez dans la perspective d’une justice idéale, sereine, infaillible, dont nous savons bien qu’elle n’existe pas.
Vous auriez aimé, si je comprends bien, que Marie Humbert et le docteur Chaussoy puissent s’exprimer et s’expliquer. Peut-être l’auraient-ils souhaité. Mais en tout état de cause, pour répondre clairement à votre question : non, la cour d’assises n’est pas le lieu pour cela.
Outre que la tragédie de Vincent Humbert est de l’ordre d’une intimité qu’il ne me semble pas judicieux d’étaler sur la place publique, rien ne fera que l’institution judiciaire ne soit pas organisée pour accuser, pour juger, pour sanctionner.
Et c’est cela qui est insupportable dans ce cas précis. C’est de voir, et pardon si je me répète, « le juste mis au rang des assassins » (Francis Jammes).
Rédigé par : Gérard Lenne | 29 décembre 2012 à 13:44
@ M. Lenne
Le procureur et le juge d'instruction, à travers le non-lieu, ont précisément verrouillé la porte au débat contradictoire dont l'audience publique, en matière judiciaire, est la garantie, également à la manifestation de la vérité, et au contrôle démocratique par la société représentée en miniature par les jurés populaires... héritage, s'il en est, de l'esprit des Lumières.
Je suis loin d'être convaincue que l'affaire Humbert soit une émanation de Voltaire dénonçant à travers Calas l'arbitraire.
Les magistrats ont considéré que les pressions, en tout premier la pression médiatique, avaient en quelque sorte privé Madame Humbert et le Dr Chaussoy de leur libre arbitre.
"Par ailleurs, est-on certain que le procureur Lesigne n'a cédé qu'aux instructions de sa hiérarchie et aux "pressions" des médias quand il a choisi de mettre fin à la procédure judiciaire ?"
Le procureur :
"L'option retenue est que cette pression était si considérable qu'elle a privé l'intéressé (le Dr Chaussoy) d'une liberté de choix, qu'elle l'a placé en situation de contrainte, comme le montrera tout son comportement par la suite"
Une contrainte explique-t-elle à elle seule un acte d'euthanasie, exonère-t-elle d'en transgresser l'interdit ?
Ne pensez-vous pas qu'en réalité le procureur Lesigne, ici, ne parle que... de lui et de sa collègue juge d'instruction ?
Une cour d'assises, avec une opinion médiatique enfin assignée à sa juste place - comme l'écrit Philippe : dehors - n'avait-elle pas son mot à dire et à faire valoir ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 29 décembre 2012 à 07:36
@ Véronique Raffeneau
Ce que Philippe appelle "contrainte médiatique", c'est en gros l'expression de ce qu'on a baptisé depuis Voltaire "l'opinion publique". J'entends bien que la justice n'a pas à se conformer systématiquement aux « diktats » de l'opinion publique - le résultat serait parfois catastrophique. Il est également impensable qu'elle n'en tienne pas le moindre compte dans certains cas, c'est-à-dire lorsqu'elle exprime un fort mouvement d'indignation citoyenne.
Par ailleurs, est-on certain que le procureur Lesigne n'a cédé qu'aux instructions de sa hiérarchie et aux "pressions" des médias quand il a choisi de mettre fin à la procédure judiciaire ? N'oublions pas que cet homme avait, depuis Outreau, beaucoup à se faire pardonner. Sans doute - et je le souhaite pour lui - a-t-il suffisamment culpabilisé pour rejoindre cette fois le camp de l’humanité.
Pour nous résumer, je crains en effet que la future loi suive les recommandations du rapport Sicard, et donc qu’elle ne règle pas le problème. Il faudra alors reprendre le combat… mais nous en avons l’habitude !
Rédigé par : Gérard Lenne | 28 décembre 2012 à 19:04
"On n'est pas des bêtes."
Rédigé par : oursivi | 27 décembre 2012 à 19:10
Raison pour laquelle on ne peut définitivement se résoudre à supprimer une vie humaine comme on pique un animal.
Il demeure que certaines vies semblent parfois ne plus avoir de vie que le nom et, la souffrance étant à ce point susceptible de n'épargner personne, l'empathie en l'espèce est on ne peut plus communément partagée. La prudence devrait l'être au moins autant, tant...
"l'enfer est toujours pavé de bonnes intentions."
Rédigé par : oursivi | 27 décembre 2012 à 19:16
Rédigé par : MS | 27 décembre 2012 à 21:53
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 décembre 2012 à 07:01
Ahhh, elle ne lâche rien, elle délire mais ne lâche ni ne lâchera rien !
Restera à voir ce qu'en restera, justement, une fois cruellement mise au pied du mur ; ce qu'on espère le plus tard possible vous concernant.
On n'est pas des bêtes. Nous ne vous rappellerons alors point vos paroles visant "les injonctions des groupes de pression médiatiques dominants du moment".
J'espère pour vous que "les en charge" ne seront point menacés par la loi quant à faire ce qui vous semblera le mieux pour vous-même, et qu'ils satisferont vos désirs, quels qu'ils soient.
AO
Rédigé par : oursivi | 27 décembre 2012 à 19:10
Parce que ce sujet est infiniment difficile, en complément à mon post adressé à Gérard Lenne, en lien le billet que Philippe a écrit en février 2006, suite au non-lieu général prononcé dans l'affaire Humbert:
"La contrainte médiatique : une première ?"
http://www.philippebilger.com/blog/2006/02/la_contrainte_m.html
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 décembre 2012 à 07:01
@ M. Gérard Lenne
"Soyons clairs, soyons simples"
Le procureur Lesigne - je sais bien, le procureur que le grand public a appris à connaître à travers l'affaire d'Outreau... -, dont on a compris qu'une des spécialités professionnelles, à Boulogne-sur-Mer, était de se plier aux mille et une injonctions politiques et médiatiques, a requis en 2006 un non-lieu général à l'encontre de Marie Humbert et du Docteur Chaussoy, ce qui revenait à une décision d'abandon des poursuites.
Le juge d'instruction s'est plié à ses réquisitions ; il a délivré une ordonnance de non-lieu.
M. Lenne, personne ne peut dormir tranquille face à une telle désertion de la justice et au constat de sa dévotion et soumission aux pressions et diktats, quand du plus petit au plus haut niveau, tout a été entrepris pour faire plier, dans l'affaire Humbert, l'application de la loi qui interdit de tuer.
"Si la loi que votera l'actuelle majorité va dans tle même sens, elle sera également insuffisante et donc mauvaise"
Sauf à avoir mal compris le rapport du professeur Sicard, la future loi, si elle s'inspire des conclusions de la mission Sicard, continuera en effet d'interdire l'euthanasie telle qu'elle a été pratiquée avec Vincent Humbert.
Cependant, tranquillisez-vous :
il y aura toujours un procureur et un juge dont les décisions finiront par se confondre avec les injonctions des groupes de pression médiatiques dominants du moment et avec les consignes du Pouvoir politique du moment.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 décembre 2012 à 06:15
Pour en revenir au sujet essentiel de ce fil, il me semble peu utile de couper les cheveux en quatre et de multiplier les hypothèses d'école dans le but, la plupart du temps, de noyer le poisson.
Soyons clairs, soyons simples. Tant qu'il n'y aura pas en France la possibilité pour un Vincent Humbert d'être soulagé de ses souffrances sans que son sauveteur soit traité en criminel, nous ne dormirons pas tranquilles.
La loi Leonetti fermait la porte à cette possibilité, elle était insuffisante et donc mauvaise.
Si la loi que votera l'actuelle majorité va dans le même sens, elle sera également insuffisante et donc mauvaise.
Rédigé par : Gérard Lenne | 26 décembre 2012 à 01:33
@ oursivi
Merci de ce témoignage ! Si quelque chose a pu rester de mes travaux, je n'aurais pas cru que ce fût dans le cadre de ces rubriques sur les disques de rock, en l'occurrence, que j'avais inaugurées à "Télé 7 Jours". Moment d'émotion pour moi...
Rédigé par : Gérard Lenne | 26 décembre 2012 à 01:24
Mais la loi Leonetti me paraît parfaite
http://www.securitesoins.fr/droit-et-fin-de-vie/quels-sont-les-5-principes-fondamentaux-de-la-loi-a-retenir_fr_75_10.html
rien à y changer, sauf le fait que si comme ai souvenir de l'avoir lu ces derniers mois, des praticiens sont encore tourmentés au point d'être traînés au tribunal malgré la clause qu'affirme le dernier point de cette petite synthèse mise en lien, c'est que subsiste un hic.
Et... tout ce que redoutez me semble déjà largement dans le champ du réel.
J'aime que ne lâchiez pas le morceau, tout le contraire d'une posture, d'un positionnement. J'ai horreur des inconséquents.
Joyeuses fêtes à vous.
AO
Rédigé par : oursivi | 25 décembre 2012 à 14:35
@ oursivi
La loi Leonetti interdit l'acharnement thérapeutique. Elle autorise les médecins à administrer des traitements anti-douleur pour soulager la souffrance, y compris quand ces traitements ont comme conséquence d'entraîner la mort.
De quel flou juridique me parlez-vous, oursivi ?
"...mais dans le même temps devez admettre que certains cas particuliers envoient des pratiquants fort honorables devant les tribunaux..."
Avez-vous des exemples de médecins poursuivis et traduits devant les tribunaux qui en conscience, avec comme seul objet de protéger leurs patients d'inhumaines souffrances, ont prescrit en phase terminale une dose d'antidouleur telle que celle-ci était susceptible d'entraîner leur mort ?
J'admets que la loi autorise le médecin à opérer ce choix thérapeutique ultime.
Je n’admets pas que la loi à venir que le président de la République veut faire voter à toute allure aille au-delà : le risque est trop grand de faire évaluer dans l'approximation - avec quels critères ? - par les équipes médicales la volonté profonde du patient.
Les risques d’évaluation et d’interprétations abusives seront surmultipliés. Comme je vous l’ai dit, au final les critères des "évaluations" saturées de notions sommaires et juste nourries et portées par les airs du temps du moment se confondront avec les sauvegardes de l’implicite des services.
Et qu’en sera-t-il de tous ceux qui ne sont pas à même d’exprimer leur volonté ?
Qu'en sera-t-il des recalés au suicide assisté pour - sans exagération - manque de motivation et détermination à mourir, de ceux qui échoueront à l'écrit et à l'oral à convaincre votre jury surpuissant ?
Votre loi que vous supposez d'une précision imparable doit-elle les autoriser à former des recours contre les collégialités de l'hôpital pour non assistance au suicide assisté ?
Un médecin peut évaluer le risque pour le patient d’une souffrance physique insupportable. Même avec la plus grande humanité du monde, il ne peut pas évaluer la volonté de son patient à vivre ou à mourir.
Enfin, comme l'écrit le professeur Sicard, en premier nous devons tous admettre que :
"C’est une utopie de penser pouvoir enfermer une pratique dans une loi, et la mort dans des limites ; on voit bien qu’il est impossible de déterminer des critères. Toute loi est débordée le jour même par une autre situation, et en appelle une autre"
D’abord cela.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 décembre 2012 à 07:41
Vous écrivez :
"Le risque est grand alors de voir une société supprimer des vieillards, avec leur consentement, pour supprimer la vieillesse et la peur qu'elle nous inspire"
Mais de quel consentement s'agit-il ?
Les vieux ne font que lire les désirs de ceux qui les entourent. Ils cherchent à leur faire plaisir.
Déjà maintenant on nous regarde comme ceux qui n'ont pas beaucoup de chemin à faire. On veut se donner bonne conscience et on invente la demande du malade.
Mais toujours il faut poser la question face au désir quel qu'il soit : à qui appartient ce désir ?
Mais les vieux le sentent, ce discours à peine murmuré, et ça les rend violents.
Rédigé par : Duval Uzan | 25 décembre 2012 à 03:50
Rédigé par : Gérard Lenne | 25 décembre 2012 à 02:42
Acquitté, autre Gérard !
Déjà pour cette chronique de début 81 où vous écrivîtes concernant l'étrange "See you later" de Vangelis, que, "même dépourvu de la cohérence des oeuvres usuelles de l'ermite londonien, cet opus est déjà à cent coudées de ses voisins de bac, situant son auteur, comme Zappa, parmi les rares de la Pop dont l'oeuvre traversera un peu le temps" (de mémoire, vous pensez bien que n'ai pas fait collection des Télé 7 Jours que "lisaient" alors mes parents... mais de souvenir des choses qui me semblaient riches de sens, si, et je continue, et cela commence à faire...).
Vous voyez, on n'écrit pas forcément sur du vent.
Bientôt 32 ans, une paille.
Bien à vous et merci.
AO
Rédigé par : oursivi@GL | 25 décembre 2012 à 03:37
@ oursivi
Je plaide coupable ! C'est en effet une de mes activités passées...
Rédigé par : Gérard Lenne | 25 décembre 2012 à 02:42
JDR et Gérard Lenne* l'ont dit très bien aussi, avec calme et souveraine raison, lisez-les.
AO
* dont je me demande s'il est ce critique musical que lisais dans des années 80 ?
Rédigé par : oursivi@VR | 25 décembre 2012 à 01:13
Argh Véro, vos arguments sont justes mais mal vissés.
Si vous constatez que l'existant est mal connu voire ignoré et que, comme je le soulignais, c'est l'improvisation "au plus juste" qui prévaut dans la pratique quotidienne, mais dans le même temps devez admettre que certains cas particuliers envoient des pratiquants fort honorables devant les tribunaux du fait, nécessairement, du flou juridique actuel, celui-là laissant libre cours à toutes les calomnies et déviances interprétatives, vous conviendrez, peut-être, qu'il est sans doute temps d'oeuvrer à une clarification juridique de ce champ...?
Visiblement, cela fonctionne juridiquement mal.
Concernant les aspects davantage humains et sensibles de ces âpres circonstances, vous avez raison. La médecine s'est égarée en un sens, privilégiant un traitement technique et clinique au détriment de l'accompagnement privé que s'imposaient les proches du mourant. J'ai déjà écrit ici-même l'expérience douloureuse, surtout a posteriori, vécue avec une proche ; cette incapacité qui fut celle de l'Hôtel Dieu à nous apprendre que les toutes prochaines nuits à venir seraient les dernières, et à nous taire la peur dont celles-là tourmentaient celle déjà si mal en point.
Je sais tout cela.
Mais avant d'en faire reproche au système médical, interrogeons-nous sur nos propres paresses, nos propres lâchetés, nos propres égoïsmes, notre confortable cécité de circonstance, avant d'envoyer tel pauvre lampiste devant un jury.
Cela ne vous semble pas pure évidence, que cela ?
AO
Rédigé par : oursivi@VR | 25 décembre 2012 à 01:04
@ oursivi
L'essentiel des analyses et commentaires portant sur le rapport de la mission Sicard s'accordent pour dire que la loi Leonetti votée en 2005, qui à mon sens pose parfaitement le jusqu'où aller trop loin dans le domaine infiniment délicat de la fin de vie, non seulement n'est pas appliquée, mais reste massivement ignorée par l'hôpital, le monde médical et les pouvoirs publics.
Et vous voudriez superposer à ce constat d'indifférence et d'ignorance – le tout premier, le plus essentiel du rapport remis au président de République -, une réglementation supplémentaire dont l'objectif essentiel serait, selon vous, de protéger pénalement la profession médicale dans un domaine, où à écouter et lire les analyses des praticiens les plus avertis - le professeur Sicard en premier - les professionnels ignorent tout ou presque, en théorie et dans les pratiques, de la loi Leonetti.
Vraiment, vous n'avez peur de rien !
En rapide, notre société, par le biais des politiques de santé, a fait le choix d'une médecine surpuissante, destinée à la performance, au déraisonnable, criante d'inéquités et d'inégalités – particulièrement dans le domaine de la fin de vie ( cf. le rapport Sicard ) - au détriment d'une médecine de la douceur, de l'humanité, de l'équité et de l'accompagnement.
Oui, cher oursivi, dans le blog de Philippe, quand la question de la brutalité de loi, des inconséquences politiques et de leurs corollaires : les gros sabots des réglementations et de leurs bureaucraties en pagaille seront proposées à notre réflexion, je ferai de mon mieux pour m'opposer à ces superpositions de réglementation dangereuse qui, sous couvert de compassion, exposent et fragilisent encore plus gravement les plus vulnérables de notre société.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 24 décembre 2012 à 09:20
Mais Dieu n'est pas Nebout, je pars donc confiant !
Rédigé par : Jean-Dominique @ Xavier Nebout | 23 décembre 2012 à 01:09
Imaginez, cher JDR, que Nebout vous ouvre la porte... vous souriant comme Alice Sapritch (avec esprit et beau sens de l'autodérision) souriait à Y. Montand, prise de folie des grandeurs !
Comme le disait Boris, pas le nôtre, l'autre
"On n´est pas là pour se faire engueuler
On est v´nu essayer l´auréole
On n´est pas là pour se faire renvoyer
On est mort, il est temps qu´on rigole
Si vous jetez les ivrognes à la porte
Il doit pas vous rester beaucoup d´ monde
Portez-vous bien, mais nous on s´ barre
Et puis on est descendu chez Satan
Et là-bas c´était épatant!
"
Quand les effluves se font mauvaises, on ouvre la fenêtre à l'esprit, la dérision, et laisse venir l'air des cimes chassant les atmosphères confinées et morbides.
On cale ses mains au rebord, tend son cou en avant et... on inspire*.
AO
* puissé-je y parvenir.
Rédigé par : oursivi | 23 décembre 2012 à 21:33
Cinq fois aïe !
Mais non Véronique,
"le seul garde-fou est encore et toujours la capacité, entre soi et soi, à vouloir et savoir maîtriser son pouvoir sur autrui"
il est fort malsain qu'un ou une ait seul(e) à décider de cela entre la foire et le pronage. On prône seul et fort aise pour soi-même pas quand il s'agit de décider d'une chose aussi grave et surtout irrémédiable.
Et
"se contenter modestement des multiples compromis qui savent infiniment mieux gérer que la brutalité de la loi."
se "contenter", non. Il ne faut jamais se contenter de rien dans la vie. Il faut temporairement établir une loi qui s'adapte au mieux aux situations actuelles et qui conjointement constate l'évidence de ces compromis qu'avais déjà mis au centre de mon argumentaire ('l'esprit de la loi') et protège qui est chargé, puisque notre société en charge certains et en décharge d'autres, de se coltiner cette sinistre tâche. Sachant que, même encadrés par la loi, tous seront toujours tenus d'argumenter leur choix et le pourront d'autant mieux tant pour eux-mêmes que face aux familles s'ils ont décidé en pesant bien les différents et contradictoires aspects collectivement - ce dans un dialogue permanent avec les proches comme soucieux des volontés du patient - je réaffirme avec force l'expression de ce modus operandi qui me paraît le moins perfectible et qui vous déplaît tant.
Votre
"Encore moins en équipes où la solidarité de vues prime, où ce qui est banalement prioritaire est toujours au final la sauvegarde d'un genre de consensus par le bas, au service de l'implicite de la structure, dans la catégorie du plus petit dénominateur commun."
est joliment tourné, mais d'une vision bien manichéenne du monde hospitalier, et ne dit surtout pas en quoi cette pratique suspectée sera amplifiée par une loi, puisque, comme je l'écrivais, les doutes et les réticences resteront les mêmes.
Votre paragraphe suivant est une description de ce qui existe et existera encore demain, nouvelle loi ou pas.
A mon sens et selon ma compréhension de ce qui nous agite, la seule chose vers laquelle avancer, indépendamment du fait que la meilleure chose à entreprendre restera encore et toujours d'élargir le champ de d'action et d'efficacité de la médecine, est celle de protéger ceux qui chaque jour, doivent agir douloureusement, et peuvent en l'état de notre législation, se trouver seul(e) face à un tribunal alors qu'ils ont agi avec une parfaite rectitude et une parfaite humanité, simplement du fait de fâcheuses circonstances, de celui d'un libre arbitre laissé à des humeurs ou coutumes locales qui ailleurs n'auraient même été relevées.
La loi, ce référentiel, sert à protéger de cela, surtout.
AO
Rédigé par : oursivi | 23 décembre 2012 à 17:40
@ oursivi
Quatre fois non.
Non, il n'en va pas de même.
Le rapport du professeur Sicard ne mentionne pas une clause de conscience permettant aux professionnels de faire valoir leur position individuelle.
"Une règle de collégialité dans le verdict final étant probablement le meilleur garde-fou, tant pour le patient que pour ceux en ayant la charge."
Non, le seul garde-fou est encore et toujours la capacité, entre soi et soi, à vouloir et savoir maîtriser son pouvoir sur autrui.
Le contraire des prêchi-prêcha psy, qui ne coûtent rien à personne, qui inondent et saturent la conscience "compassionnelle" du moment des collégialités réunies pour tout, pour rien : le banal, le grave, le sommaire, le complexe.
Tant que la dimension capitale du pouvoir sur autrui ne sera pas considérée à sa juste et profonde hauteur, principalement dans les univers professionnels où la question du pouvoir sur autrui est omniprésente et prépondérante, il faut - je reprends à mon compte une phrase de Philippe - se contenter modestement des multiples compromis qui savent infiniment mieux gérer que la brutalité de la loi.
Non, personne n'est à même d'évaluer et de décider qui veut vivre ou mourir. Personne n'en possède le millionième en moyens intellectuels, moraux et humains.
Encore moins en équipes où la solidarité de vues prime, où ce qui est banalement prioritaire est toujours au final la sauvegarde d'un genre de consensus par le bas, au service de l'implicite de la structure, dans la catégorie du plus petit dénominateur commun.
Enfin, non, l’hôpital et ses collégialités ne doivent pas être l’objet d’angoisses et de peurs, où un vieillard ou un grand malade, la vulnérabilité et la fragilité mêmes, devra pratiquement "vendre" à un jury, genre commission du tout ou du rien, sa motivation à mourir comme on sollicite un stage ou un emploi : lettre, entretiens, tests, etc.
Quelles que soient l’intention ou la prétention humaniste de la loi à venir, en pratique, le texte aboutira de toute façon à instituer une bureaucratie et des bureaucrates du suicide assisté, du suicide tout court.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 décembre 2012 à 07:19
Cher Philippe,
Il m’est impossible de ne pas réagir à ce billet intitulé « Sarkozy inspiré », ajoutant ainsi ma modeste contribution à une avalanche de commentaires, ce qui est d’ailleurs coutumier dès que le sujet en question est mis sur le tapis.
Premier point : n’oublions pas que sur un bon nombre de thèmes, Sarkozy a toujours été accoutumé à parler en fonction de son auditoire. Il remet ici une décoration à un mandarin de la médecine, il prend donc parti contre toute euthanasie. En 2007, en pleine campagne électorale, devant les médias, il se déclarait volontiers pour – toute voix étant alors bonne à prendre.
Analysons un peu les termes de cette allocution. « Faute de les avoir prévenues, puis de les avoir soulagées, dit-il, il faut abréger les souffrances ». Comme si on pouvait si facilement que ça les prévenir ou les soulager ! Il y a là une méconnaissance médicale grave. Ah bien sûr, ce serait formidable si la science faisait des progrès tels qu’on puisse abolir toute souffrance, puisque dès lors le problème ne se poserait plus. Un vrai conte de fées !
L’ex-président introduit alors un sophisme remarquable, en évoquant le mourant « complice de sa propre mort ». J’ai bien lu : complice. Nous sommes là dans la perspective la plus religieuse, et la plus « légale » selon la loi actuelle, celle pour qui la mort donnée est de toutes façons un crime. Le simple souhait d’en finir, d’être délivré, est donc considéré par Sarkozy comme une complicité de meurtre. C’est effarant.
La suite est du même tonneau. L’argument sur le « risque de voir une société supprimer ses vieillards » nous (re)jette à la figure l’odieuse comparaison avec le système nazi, dernier recours de ceux qui n’ont plus d’argument valable. Et de renchérir : on voudrait « supprimer la vieillesse » ! Mais qui a jamais dit ça ? On a parlé de supprimer la souffrance, c’est quand même autre chose.
C’est donc cela, Philippe, que vous appelez «inspiration». Selon vous, le recours à la loi serait une « démarche dangereuse », propos assez stupéfiant de la part d’un magistrat. Vous renchérissez sur « la brutalité de la loi » et sur « les gros sabots de la réglementation ».
Ma foi, c’est une inquiétude que je peux partager, dans bien des domaines autre que celui de l’euthanasie, que j’appellerais plutôt pour ma part « la mort douce ». Le problème, c’est que précisément la loi existe, c’est que précisément elle est « brutale », assez pour mettre en examen et envoyer aux Assises des médecins ou des membres du personnel soignant dont le seul crime a été de céder aux suppliques de ceux qui réclamaient d’être soulagés.
Quand une loi aboutit à cela, à mettre « le juste au rang des assassins » comme dans le poème de Francis Jammes « La Prière », mis en musique par Brassens, alors cette loi est mauvaise. Et si la loi est mauvaise, il faut l’abolir et il faut en changer. On ne sortira pas de là, et je regrette que vous adoptiez en fin de texte des positions aussi polémiques, accusant le gouvernement de « vouloir satisfaire des revendications compassionnelles minoritaires ». Minoritaires ? Voire. Et pour ma part, je préfèrerai toujours la compassion au manque de compassion.
Et tout cela pour brandir le « respect absolu de la vie », principe de nature purement religieuse et que vous interprétez ici à votre manière. Un respect encore plus absolu de la vie, si j’ose dire, étant précisément de ne pas prolonger celle-ci à toutes forces lorsqu’elle est devenue insupportable, c'est-à-dire lorsqu’elle est devenue le contraire de la vie.
Rédigé par : Gérard Lenne | 23 décembre 2012 à 02:08
Mon bon Nebout, la question de l'âme est absente du débat parce qu'il s'agit d'une décision relevant de la vie. A chaque jour suffit sa peine, aujourd'hui, je meurs à ma convenance et demain je me soucierai de présenter mon âme en costard-cravate devant mon créateur. Tant que je suis vivant, je me préoccupe de me débarrasser des souffrances de l'existence. Et si, au terme d'une vie consacrée au bien et à l'amour de mon prochain, Dieu en vient à damner mon âme parce que j'ai avalé un cachet de trop, il me décevra beaucoup, vraiment ! Mais Dieu n'est pas Nebout, je pars donc confiant !
Rédigé par : Jean-Dominique @ Xavier Nebout | 23 décembre 2012 à 01:09
Véronique, vous auriez raison de fustiger la solitude du mourant face à son suicide assisté si l'inverse n'était pas vrai. Qu'en est-il aujourd'hui de la souffrance avant la mort ? Une majorité de français meurent à l'hôpital, il n'y a pas suffisamment de places de soins palliatifs, il faut donc souffrir loin de chez soi dans une chambre d'hôpital, c'est l'autre terme de l'alternative. Crever pour crever, vous choisissez quoi, vous ?
Vous n'avez pas, je n'ai pas de solution miracle. Et puisqu'il faut mourir, puisque notre société et notre médecine ne sont pas capables de fournir les apaisements avant la mort, laissons la porte ouverte à ceux qui veulent la franchir sans être contraints à sauter par la fenêtre. Oui, c'est peut-être sordide de crever sous contrôle médical, mais la personne concernée, elle, est soulagée de sa souffrance et n'est plus là pour discourir sur le sujet. L'orgueil blessé des vivants après cela est dérisoire.
Rédigé par : Jean-Dominique @ Véronique | 23 décembre 2012 à 00:50
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 décembre 2012 à 05:27
Aïe, aïe, aïe, Véro.
On reprend vos arguments en modifiant le contexte tel que son centre soit l'avortement et non l'euthanasie et bientôt, saisi par l'effroi et la glace, on l'interdit renvoyant les femmes aux règles dévoyées du tricot...
Je précise que c'est à cause de ce que sont les détails de la transposition de votre liste au cas de l'avortement que je suis contre cette pratique, contre au sens où n'ai jamais mis une femme dans la position de ce recours suite à une mienne maladresse, tout en étant pour son absolu maintien dans le champ du légal.
Il en va de même de ce dont vous parlez en voulant nous en dégoûter à bien étaler la pâte de ce que j'avais pudiquement résumé dans mon long commentaire.
C'est moche, mais c'est incontournable.
Moi non plus je n'aime pas la mort, encore moins les derniers jours de ceux la voyant venir et la résignation nécessaire cet acte le plus atroce auquel il faut bien consentir. Je ne l'aime pas, comme l'avortement, mais je sais qu'il est bon que la loi l'encadre, point trop rigidement, laissant toute sa place à l'esprit de la loi. Charge restant encore aux malheureux intervenants de faire humainement leur travail le mieux qu'ils le peuvent. Une règle de collégialité dans le verdict final étant probablement le meilleur garde-fou, tant pour le patient que pour ceux en ayant la charge.
Sans doute ceux-là oeuvreront-ils mieux dégagés de la peur que le flou actuel laisse planer.
AO
Rédigé par : oursivi@VR | 23 décembre 2012 à 00:00
Il n'y a rien à craindre, tous les clans politiques ont leur snippers prêts à dégainer sur le gouvernement dès que possible... Pour l'instant n'ont pas trouvé grand-chose ! mais le système est bien gardé ! Et l'ex-président de la République qui saisit lui-même le Conseil dont il est membre pour lui faire "apprécier" la justification de ses comptes de campagne, ça je trouve que c'est le plus comique de tout... j'attends avec impatience de voir comment tout cela va se terminer. Je trouve que "ça ne sent pas bon" "quand on est juge et partie" !
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 22 décembre 2012 à 17:26
@ Xavier Nebout
"Pour cela, le maître d’œuvre a toujours été et sera toujours le prêtre".
Si vous parlez du curé Meslier et de son admirable testament, tout à fait d'accord !
Rédigé par : Boris | 22 décembre 2012 à 10:01
Etrange débat sur la mort dont l’âme est absente !
Les hommes ont été de pauvres idiots depuis leur origine jusqu’à avant-hier, à croire au salut de l’âme, c’est bien connu.
Cependant, depuis quelques décennies, aux USA et en Allemagne notamment, des scientifiques doutent. En France même, le pays le plus buté parmi les plus bornés, le monde médical commence à admettre l’existence de l’âme par les innombrables témoignages de NDE.
Par contre, aux intellos, on ne va pas la leur faire… ils débattent sur la mort bien évidemment sans parler de l’âme.
Or, s’ils condescendaient à écouter un peu ce que les générations d’idiots ont pu dire avant eux, ils auraient quelques éléments de réflexion.
Et puis, que de mal, pour parler des choses simplement : il s’agit de savoir si on doit ou non achever les mourants, ou les aider à se donner la mort pour abréger leurs souffrances.
D’abord, comme rien n’est ici mesurable, vouloir légiférer relève de la folie.
Ceci exposé, passons aux questions :
Se donner la mort compromet-il le salut de l’âme ? oui parce que le doute sur le bien-fondé de sa décision va occuper la raison au moment où elle doit être libre.
Peut-on donc lui demander d’être complice de sa propre mort ? non plus.
Abréger les souffrances d’un mourant sans le lui demander relève-t-il d’un acte de charité ? Oui si le mourant est en paix avec lui-même, mais si on ne peut pas le savoir, la réponse est non.
Doit-on prolonger la vie dans la souffrance ? La question semble rejoindre la précédente mais est pourtant bien différente. Elle se pose ainsi au mourant : souhaitez-vous que l’on vous laisse mourir, ou souhaitez-vous que l’on vous maintienne en vie ?
En fait, le problème se pose autrement. Il s’agit d’aider non pas à la fin de vie de peur de prononcer le mot « mort », mais d’aider à mourir. Or, aider à mourir, c’est plus précisément aider à mourir en paix, c'est-à-dire autant que possible la conscience tranquille pour être en état lors de « l’examen de passage »
Alors, aider à mourir, c’est aider à régler ses comptes, notamment de famille, à rédiger son testament pour éviter de voir celle-ci se déchirer comme bien souvent, etc.
Et surtout régler ses comptes avec sa conscience, en somme être autant que possible en règle avec le « jus pater » Dieu. Pour cela, le maître d’œuvre a toujours été et sera toujours le prêtre, et certainement pas le juge déguisé en prêtre.
Mais comme l’imposture est rassurante, comme il est plus facile de dire à un mourant qu’il ne va pas mourir, et de refiler la patate chaude au médecin, voire à l’infirmière qui ira éventuellement en prison accusée de meurtre dans ce monde de s... et de lâches.
Rédigé par : Xavier Nebout | 22 décembre 2012 à 07:33
@ Pietri S
Le suicide assisté tel qu'il est exposé dans le rapport du professeur Sicard qui "considère néanmoins que l'assistance au suicide peut être envisagé dans certains cas de maladie incurable et évolutive", et que souhaite le président de la République conformément à la proposition de son programme électoral, est parfaitement accordé avec la définition de Jean-Dominique.
Il s'agit bien d'autoriser le corps médical à fournir au patient une ordonnance de produit létal.
Il s'agit bien de dire que l'Etat est partie prenante et que l'assistance au suicide est son affaire.
Modalités du suicide assisté dans l'Oregon qui a inspiré le rapport du professeur Sicard (site rue 89) :
- Apporter la preuve de sa majorité (18 ans) et résider dans l’Etat ;
- faire une demande orale d’ordonnance létale devant un premier médecin ;
- faire une demande écrite au même médecin, devant deux témoins. Le médecin peut refuser ;
- s’adresser à un autre médecin, qui doit à son tour accepter la demande ;
- le patient doit s’entretenir avec les deux médecins des alternatives possibles, comme les soins palliatifs ;
- il s’administre lui-même la substance létale, sous contrôle médical.
Voilà le genre de gros sabots de la réglementation susceptibles dans le projet de loi à venir d'autoriser les équipes médicales à se transformer en assistants bureaucratiques du suicide, professionnels qui pour la plupart n'ont reçu aucun enseignement solide à l'éthique, la morale, la philosophie, mais qui en revanche, gorgés et saturés par les pseudo savoirs psychologisants du moment, seraient à même d'évaluer - peur de rien ! - le désir de l'autre, le frère humain, à vivre ou à mourir.
A mon sens, ce genre de protocole ne décrit que la solitude humaine du patient. Effrayante et glaçante.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 22 décembre 2012 à 05:27
Le repli sociétal
Les socialistes font du repli élastique en lâchant des valeurs pour gagner du temps comme le tacticien militaire qui lâche du terrain pour essayer de se refaire des forces.
Mais les socialistes ne font la guerre... qu'au peuple français dont ils pourrissent l'avenir et sapent le destin.
En attendant, eux, ils "bouffent" bien. Comme les prêtres du temple à l'époque de Jésus.
Ce sont des ventres dorés, comme les muscadins de la période révolutionnaire.
Ils ont trahi le peuple français dans son âme profonde.
Et ce n'est pas fini.
Souvenons-nous que dans tout pacifiste bêlant, dans tout gentil "droit-de-l'hommiste" prêchant, il peut y avoir un Pierre Laval qui sommeille.
C'est question de circonstance.
La bête peut surgir là où on l'attendait le moins. Il y a toujours du Georges Boudarel dans l'orgueil puant de l'homme de gauche
On le voit en filigrane dans les propos de certains redresseurs de torts "solfériroses".
Rédigé par : Arobase du ban | 22 décembre 2012 à 01:24
@ oursivi
Mais que resterait-il à l'Homme, cher Alex, si sa vie même ne lui appartenait ?
La certitude que rien ne lui est jamais acquis.
Rédigé par : Alex paulista | 22 décembre 2012 à 01:06
@ Pietri S
Personnellement, je ne crois pas le moins du monde à l'existence d'un "droit à l'enfant".
J'ai simplement signalé que le jour où notre Parlement a voté le remboursement de la PMA par la Sécurité sociale, il a mis le doigt dans l'engrenage. C'est à ce moment-là qu'il eût fallu réagir.
De même par rapport au suicide médicalement assisté. Le projet Hollande, connu depuis huit mois, l'affichait clairement (Proposition 21). Ceux qui y sont hostiles auraient pu dire : "Vous voulez voter François Hollande ? Vous estimez que, globalement , c'est un meilleur candidat que Nicolas Sarkozy ? D'accord ! Mais sachez que sur sa proposition 21 nous sommes formellement hostiles."
Je n'ai pas entendu cette mise en garde. Maintenant, c'est un peu tard pour se réveiller.
Rédigé par : Libérus | 21 décembre 2012 à 23:39
Si je prononce un discours même écrit par un autre c'est que j'y crois !
C’est bien le plus important n’est-ce pas ?
Alors arrêtez de tourner autour du pot.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 21 décembre 2012 à 21:59
Il me semble que vous aviez annoncé le risque de conflit d'intérêt qui concerne Nicolas Sarkozy en tant que membre du Conseil constitutionnel. L'actualité vous donne raison.
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 décembre 2012 à 20:49
Magnifique ce billet, M. Bilger.
Il dit ce que je ressens, ce que ressent un ami médecin et tant d'autres : un engrenage dans lequel on ne peut que s'engager difficilement.
2013, à n'en pas douter va être une année noire du point de vue économique, les Français vont être mal dans leur peau et sur les nerfs, est-ce bien le moment d'en rajouter avec ces problèmes sociétaux ?
Au contraire, ils auraient besoin de serénité.
Rédigé par : Michelle D-Leroy | 21 décembre 2012 à 16:00
Tipaza
"Le socialisme est un totalitarisme, sous quelque forme qu’il apparaisse, il finit ainsi, c’est dans ses gènes"
Le socialisme au sens social-démocratie, en schématisant l'héritier de la pensée de Kautsky, est bien différent du pseudo-socialisme dont s'est affublé le bolchévo-léninisme : partis communistes officiels et partis-mouvance imprégnés par cette idéologie.
Ce socialisme social-démocrate n'est pas par essence totalitaire : voir entre autre le SPD allemand. Le problème du socialisme social-démocrate ayant une composante totalitaire est un phénomène quasi strictement français : on le retrouve tant au PS que chez EELV.
Phénomène récent chez ces deux partis, remontant au plus à une trentaine d'années et cela notamment au PS. Ce dernier à partir du milieu des années 80, a attiré à lui des ex-militants communistes et plus encore des personnes imprégnées des dogmes bolcho-léninistes. Ces communistes et communisants que l'on peut qualifier de "honteux", ne voulaient plus être associés à l'échec et à la tragédie que furent l'URSS et le bloc soviétique. Même s'ils reniaient, et sincèrement pour une majorité, ce qui s'était passé à l'Est, ils restaient et restent marqués par les réflexes totalitaristes. Réflexes consubstantiels à l'idéologie qui les imprègne.
Le problème du PS contemporain, c'est d'avoir voulu croire que ces greffons étaient miscibles et compatibles avec son essence social-démocrate : les synthèses des différents congrès du PS en sont l'illustration. Aveuglement ou opportunisme pour agréger un maximum de militants ?
Quant à EELV et son prédécesseur les Verts, partis politiques de création récente qui ne sont que des additions de multiples courants et sous-courants, ils attirèrent autant voire plus de ces communistes honteux que le PS. Ces derniers, forts de leurs techniques de noyautage, consubstantielles à leur idéologie, y maîtrisèrent très vite une bonne partie des postes de pouvoir.
Pour ce qui est du totalitarisme du Front de gauche (PG + PCF), NPA et LO, lui est logique car leur socle idéologique est le bolcho-léninisme. Leurs condamnations du stalinisme ne remettent nullement en cause cette filiation.
Rédigé par : Trekker | 21 décembre 2012 à 14:44
Véronique Raffeneau
Je ne me référais pas au commentaire de JDR soit, mais dans ce cas sa définition est fausse, puisque dans le cas d'un suicide assisté il n'y a pas de tiers, puisque la personne concernée dans l'exemple de ce qui est tenté dans l'Oregon, dispose d'un produit qu'elle prend quand elle le décide.
Sauf à affirmer que tout fournisseur est responsable de l'utilisation de son produit... ce que certains d'ailleurs n'hésite pas à faire pour trop souvent se déresponsabiliser, ne jamais être coupable ou responsable de ses actes.
Rédigé par : Pietri S | 21 décembre 2012 à 13:18
@ Pietri S
Analyse du député Leonetti suite à la remise du rapport Sicard à François Hollande :
"LE FIGARO. - Ce rapport ouvre-t-il la voie au suicide assisté en France ?
Jean LEONETTI. - Une voie étroite est ouverte dans un rapport qui défend très largement la loi actuelle sur la fin de vie et s'oppose sans ambiguïté à l'euthanasie. Il évoque le suicide assisté «à la mode Oregon», un État américain où cette pratique est autorisée depuis une quinzaine d'années. La personne reçoit une ordonnance pour un produit létal dans des conditions précises. Il faut notamment qu'elle soit dans les six derniers mois de sa vie, qu'elle passe devant un comité médical qui définit sa lucidité et vérifie sa volonté. La personne malade garde le produit chez elle et l'utilise quand elle veut ou ne l'utilise pas."
Non, Jean-Dominique ne se trompe pas quand il parle dans son commentaire de "projet de suicide assisté".
"Le suicide, comme son nom l'indique, provient d'une décision personnelle, techniquement assistée par un tiers dans le cas du suicide assisté" (commentaire de Jean-Dominique)
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 21 décembre 2012 à 12:39