Il y a des chocs bienfaisants.
Je m'apprêtais benoîtement à analyser Mots Croisés du 28 janvier sur France 2 après avoir d'ailleurs déjà tweeté comme un malade durant l'émission. Quatre intervenants sur l'Europe : le ministre raisonnable, l'ancien ministre sage et un peu ennuyeux, l'intellectuel profond et un tantinet condescendant, la populiste déchaînée et semblant savourer le pire qu'elle annonçait avec une volupté dévastatrice.
J'avais envie aussi de répertorier plusieurs profils psychologiques sur Twitter : les lucides,les modérés, les tolérants, les brutes, les grossiers ou les délicats. Je me persuadais qu'un billet sur ce thème entraînerait une multitude de réactions qui démontrerait précisément la justesse de mon inventaire.
Puis j'ai lu, dans Le Monde du 27-28 janvier, "La chute", un texte formidable de Marion Van Renterghem (MVR), et j'ai su que je n'avais plus le choix.
D'abord parce que, pour quelqu'un qui cultive la liberté d'expression et donc la triste obligation, parfois, de critiquer, de dénoncer, le bonheur, en de rares occasions, de pouvoir admirer est exaltant et met du baume, de la douceur dans une aigreur à la longue dure à supporter même si elle est légitime.
Surtout, dans mes tréfonds, aussi bien ceux de l'homme que du professionnel, les déclins, les dérives, les crépuscules de l'existence, les délitements ont toujours tenu une place privilégiée et la cour d'assises, durant vingt ans, m'a évidemment permis, de manière honorable, de satisfaire cette passion d'une humanité confrontée aux glissements souvent inexorables du destin.
C'est peu dire qu'en une page MVR nous offre, avec un infini talent, une vie entière et que celle d'Isabelle K, qu'elle raconte, est glaçante. Le fond de l'article aussi riche, intense et contrasté qu'un roman nous renvoie surtout à ce que notre condition a de fragile, de précaire et de provisoire. Notre réussite ne tient qu'à un fil et nous sommes au bord du gouffre même quand la quotidienneté semble nous en éloigner.
Avec quelle maestria - en si peu de lignes, tant de péripéties, toute une histoire qui passe de la lumière à l'ombre puis à une forme d'aurore - MVR décrit l'aisance de cette femme, de sa famille, le couple et les trois enfants heureux, la crise, le grave aléa professionnel, la descente insensible, l'élimination du somptuaire, du superflu, la raréfaction, le calcul et l'arbitrage pour tout, la nourriture réduite à l'essentiel pour tenir, finis les restaurants, les cinémas, les cafés, supprimées les petites joies qui sont devenues hors de prix, la commission de vols dérisoires pour rester belle et faire plaisir à sa fille, une pauvreté digne qui est juste avant la misère, mais la faim au point qu'un jour, Isabelle K, toute honte bue, n'en peut plus, craque et sollicite le secours de sa soeur.
Il y a pire, il y a des dérélictions totales, absolues qui s'arrêtent à la pointe ultime de l'existence séparée seulement par un souffle de la mort, de l'envie de disparaître. Mais chacun de nous peut subir ces déclassements, qui peuvent se rapporter banalement à des voyages qui ne se font plus ou concerner des sacrifices bien plus considérables. D'où, quelquefois, la frustration face à l'étalage de la richesse, presque la haine devant la gabegie, le sentiment déprimant qu'on n'a rien ou presque rien quand d'autres possèdent tout, trop.
Mais aussi, en retour, la corruption des âmes et des esprits qui, à force de jalouser, de se plaindre et de réclamer, tombent dans une médiocrité morale et humaine. La surabondance ne détruit pas seulement ceux qui en jouissent mais souvent ceux qui en sont privés et, adultes, la regardent éblouis et amers. Cela donne des révolutionnaires ou des tétanisés.
Il n'y a pas, la plupart du temps, de récit réellement exemplaire qui ne soit d'une façon ou d'une autre porteur d'espérance. La fatalité apparente des malheurs, parce que la volonté résiste et que l'action aide, est battue en brèche et, d'un coup, l'inéluctable se défait et quelque chose surgit qui ressemble aux matins chantés par Jean-Jacques Goldman : des moments qui ouvrent au lieu de demeurer des instants qui étouffent.
Isabelle K a retrouvé du travail et, ce qui est admirable, la famille a tenu, a duré, a gagné.
Il faut rendre hommage à cette Chute qui a été vaincue et à ce journalisme de haut niveau qui constitue la réponse la plus éclatante à ceux qui ont pris le pli de pourfendre les médias par une sorte de réflexe négatif.
Il y a des chocs bienheureux.
Il y a moins d'un an PB découvrait le métropolitain parisien et son ambiance, aujourd'hui il découvre les affres du secteur privé. On en apprend à tout âge.
Rédigé par : Savonarole | 31 janvier 2013 à 18:30
Rédigé par : Alex paulista | 31 janvier 2013 à 15:26
Excellent !
Tout en voulant bien comprendre la tristesse de la dame, déchoir est toujours déchoir.
Mais que les faiseurs de malodorants vents que sont les guignols de la com puissent gagner autant à si bien parasiter le monde est déjà en soi un scandale.
Et elle n'est certainement pas la pire.
C'est dire.
AO
Rédigé par : oursivi | 31 janvier 2013 à 16:39
"Je regrette que la plupart des commentateurs soient passés à côté de cette description du rétrécissement des choses de la vie, de l'isolement qu'il induit"
Véronique Raffeneau | 31 janvier 2013 à 06:13
Avant tout, cette femme est rétrécie dans sa vision du monde ou tout est relié à un statut.
Elle subit l'isolement qu'elle a pratiqué quand elle faisait tout pour ne pas se mélanger.
Comme on dit au Mali, c'est le retour de chicote.
Rédigé par : Alex paulista | 31 janvier 2013 à 15:26
@ Carl+Larmonier
"en laissant ses Mémoires d'outre-tombe à la postérité". Sûr. Si on ajoute la Vie de Rancé, c'est pas mal.
Seulement, voilà, Chateaubriand aurait voulu être Cicéron ou le cardinal de Retz : diriger l'Etat tout en ayant l'air de mépriser la babiole. Vu de cet angle, c'est un Jean-Edern Hallier qui aurait réussi.
Pour en revenir au sujet de l'article, la différence entre le vicomte et ses flambants épigones, c'est qu'il a connu la réalité des choses : oublions les sauvages des Florides, qui dans le genre valent Malraux chef du Komintern. Il reste la Révolution, une blessure aux armées de Condé, un exil à Londres où il a mangé de la vache enragée - à peu près la même que celle d'Isabelle K, semble t-il, mais moins longtemps ; et enfin quinze jours dans une cellule VIP en 1832.
Pas de quoi fouetter un chat, même le jaune de l'abbé Seguin. Mais assez pour assimiler certaines réalités, qu'on n'aperçoit pas forcément du bar du Georges V - ni même de la piscine du Marriott Karachi...
Rédigé par : Boris | 31 janvier 2013 à 12:40
@Boris
Chateaubriand plus que se réincarner, a encore mieux fait en laissant ses Mémoires d'outre-tombe à la postérité.
Je trouve qu'il y a pire comme legs.
Bonne journée
Rédigé par : Carl+Larmonier@Boris | 31 janvier 2013 à 10:44
Ventre à vendre lit-on, provocation bien évidemment, mais est-ce si sûr !
Womb for rent...
Le seul véritable argument du PS pour "crédibiliser" avant de "légitimiter" le mariage gay est "ça se fait ailleurs, d'autres pays l'autorisent comme la très catholique Espagne, etc."
Aucune confiance, ils étendront cet argument qui va si bien leur réussir !
Aucune confiance vs Christiane Taubira ; pour faire passer le Pacs, Elisabeth Guigou alors garde des Sceaux avait dit à l'Assemblée nationale que "jamais le PS n'autoriserait le mariage gay".
L'Ukraine et d'autres autorisent la GPA rémunérée €15 000/enfant, jackpot pour des jumeaux !
La Belgique, l'Allemagne, Andorre et d'autres autorisent la prostitution que Najat Vallaud-Belkacem veut éradiquer en France au nom de la protection des femmes ! Pourquoi éradiquer la prostitution ?
D'autres autorisent l'euthanasie !
Pour crédibiliser la fameuse circulaire, pour régulariser la situation des enfants nés de mères porteuses, Audrey Pulvar, pas à un excès médiatique près, a simplement hurlé que plus ils seront nombreux plus le rappel à cette disposition sera nécessaire et obligatoire, autrement dit le nombre justifie le fait. Moralité douteuse !
Cette disposition qui est un rappel, peut être aussi lue comme un moyen à peine voilé donné à ceux qui peuvent se permettre de dépenser, tous frais compris, entre €50 et €100 000 pour acheter, pour se faire faire un enfant en Inde, aux USA, en Ukraine ou ailleurs !
Alors que la ministre des droits de la femme devrait être en première ligne, elle est curieusement absente et muette.
Notre société occidentale est en train de glisser doucement, avec régularité, vers une société du discount, cette société qui appauvrit les plus pauvres de plus en plus pauvres qui doivent trouver des moyens de survivre et ceux que la société du discount enrichit.
Ils sont devenus fous, incapables de donner des chiffres sur la réalité de ces nouveaux phénomènes, dont les fourchettes peuvent s'étendre de 1 à 100, ils ne savent pas... ils sont dans l'excès le plus abject !
Ce ne sont pas Mesdames Pulvar, Vallaud-Belkacem, Taubira, Bertinotti qui loueront leur ventre !
Rédigé par : Pietri S | 31 janvier 2013 à 07:15
"...la descente insensible, l'élimination du somptuaire, du superflu, la raréfaction, le calcul et l'arbitrage pour tout, la nourriture réduite à l'essentiel pour tenir, finis les restaurants, les cinémas, les cafés, supprimées les petites joies qui sont devenues hors de prix..."
Je regrette que la plupart des commentateurs soient passés à côté de cette description du rétrécissement des choses de la vie, de l'isolement qu'il induit, et qui constitue la trame du récit de Marion Van Renterghem.
Il est reproché à Isabelle d'être une bourgeoise parisienne.
Mais partout, quand la précarité survient et s'installe, la conséquence invariablement est toujours la solitude où l'énergie est d'abord mobilisée par le calcul et l'arbitrage pour tout.
On sourit avec ironie, considérant que renoncer aux produits de maquillage Dior ou Chanel n'est rien.
Néanmoins, dans les situations plus modestes, voire bien plus modestes que celle d'Isabelle, renoncer à des maquillages moyenne gamme pour des produits bas de gamme est la même morsure à l'âme.
Le récit de Marion Van Renterghem parle à tous et pour tous.
Pour finir, de façon générale, est-ce possible de prier les commentateurs de se caler dans le sujet du billet de Philippe ?
C'est la manière de le considérer lui et de se respecter soi.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 janvier 2013 à 06:13
@ Catherine JACOB
Désolé mais je ne suis pas ce Président de Club Vosgien.
Rédigé par : GERARD LALLEMANT | 31 janvier 2013 à 05:30
@ Carl+Larmonier
"Chateaubriand aurait certainement jugé moins sauvages..."
A mon avis, Chateaubriand se fichait de la morale et distinguait deux sortes d'hommes : ceux qui désiraient le nommer ministre ; ceux qui pouvaient mais ne le voulaient pas. Les autres - Madame de Beaumont ou vos sauvages - ne comptaient que s'ils pensaient à lui, si possible en faisant une mort édifiante.
Je ne sais en quoi s'est réincarné cet éternel déçu... En sénateur de Belfort ? En chat jaune ?
Rédigé par : Boris | 31 janvier 2013 à 02:35
Cher Philippe,
Ventre à vendre...
Jusqu'où ira la laideur de ce gouvernement !!
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 30 janvier 2013 à 23:31
Bonsoir Monsieur Bilger
en répondant à Catherine Jacob
Oui les extrêmes cela peut se repousser comme les plus grands répulsifs dans un premier temps, comme les aimants, et dans un deuxième temps ne plus pouvoir se séparer. Et réciproquement.
Ce que peut faire encore méditer cet article c'est qu'au-delà d'une société que je qualifierai d'individualiste, les individus fonctionnent plus comme des aimants (les substances qui attirent le fer) que comme tout simplement de véritables aimants de leur prochain.
Après les possédés de Dostoïevski, nous pourrions être les démagnétisés.
C'est un chut général devant les chutes loin d'être aussi belles que celles du Niagara malheureusement (comme l'aurait dit Chateaubriand). Peut-être que Chateaubriand aurait certainement jugé moins sauvages ceux d'Amérique que l'homme d'aujourd'hui.
PS : J'ai fait pas mal de références, je m'excuse, mais en restant dans le contexte de l'article ! (J'essaye de ne pas en faire, mais c'est plus fort que moi pour l'instant, je déliterai avec le temps ce défaut)
Bonne soirée Monsieur Bilger
Carl Larmonier
Rédigé par : Carl+Larmonier@Catherine Jacob | 30 janvier 2013 à 21:10
Alex paulista 19.09
Non, vous avez sans doute raison c'est comme dans la vie, et c'est bien dommage !
Internet est une illusion de partage, il n'est pas un outil de communication puisque la communication implique l'action, sans action la communication est bavardage.
Internet permet la création d'espaces qui sont autant de e.cafés du commerce, plus ou moins bien tenus, celui de Monsieur Bilger est un ***** qui plusieurs fois par semaine propose un billet de grande qualité.
Ces blogs sont des lieux de bavardages souvent cacophoniques, comme le sont devenus tous les talk shows télévisés dans lesquels tout le monde parle over le voisin, pour un résultat inaudible !
Chacun vient déposer sa bonne parole ! LOL
C'était peut-être le destin d'Internet LOL ce que certains et certaines en ont fait, le prolongement de leur vie, ce besoin de parler de soi, soi comme exemple !
Ce n'est que mon avis, aucune obligation d'adhésion.
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 21:01
@ SR | 30 janvier 2013 à 12:41
""elle répond sans états d'âmes aux ordres en moulinant les bras et sudation prononcée, ,""
Je condamne totalement et sans appel, cette façon de parler de qui que ce soit.
Ceci étant, vous pouvez par ex. commenter le fait que lors de sa dernière prise de parole dans l'hémicycle, Mme le garde des Sceaux a qualifié le mariage d'"institution d'exclusion" que son texte "ouvrait enfin à l'universalité" et condamner Ubu en jupon !
Rédigé par : Catherine JACOB@ SR | 30 janvier 2013 à 20:30
CJ 17.22 - 17.49 - 18.22
Vos trois commentaires fleuves du jour sont un parfait exemple de ce que vous dénoncez chez les autres, utilisant des termes outranciers et malodorants LOL reprochant (votre commentaire de 9.39) de disperser les poubelles du voisin pour avancer une opinion argumentée ou élucubrée, argumentée pour vous, élucubrée pour les autres.
Descendez de votre estrade !
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 19:10
"En fait Internet qui devait permettre des échanges multi-tout isole de plus en plus la plupart de ceux ou celles qui s'y adonnent".
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 10:36
Parce que dans la vie normale ce serait différent ?
Rédigé par : Alex paulista | 30 janvier 2013 à 19:09
@Carl+Larmonier | 30 janvier 2013 à 15:18
"(Der Untergang) /pas de 's'/ - 2004, La Chute, en français) qui montre la montée flamboyante que fut cette ignominieuse dictature qu'était le nazisme (ex aequo pour moi avec le communisme car les extrêmes s'opposent et s'interpellent et parfois ce sont les mêmes, mais c'est un autre débat) et, à la suite, sa chute, tout aussi spectaculaire."
Non seulement les extrêmes parfois sont les mêmes, mais ils s'entendent, qui plus est, comme larrons en foire si l'on en croit le pacte germano-soviétique de 1939 qui définissait dans un protocole secret une répartition des territoires « tampons » entre l'Allemagne et l'URSS, à savoir la Pologne, les pays baltes, la Bessarabie, etc. et qui fut signé dans la foulée du Pacte d'Acier, pacte militaire offensif qui définissait les forces de l'Axe; Autrement dit l'Axe Rome-Berlin-Tokyo (japonais 枢軸国[Sûjikukoku]、anglais: Axis Powers、allemand: Achsenmächte、italien: Potenze dell'Asse) qui concerne les territoires en bleu ici: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c0/WWII.png
Le 11 février 1945, il y eût la conférence de Yalta (Crimée) qui réunit dans un non moins grand secret, non des généraux mais des chefs de gouvernements : pour l'Union soviétique (Joseph Staline), le Royaume-Uni (Winston Churchill), les États-Unis (Franklin D. Roosevelt) pour confirmer le plan de partage de l'Europe du Sud-Est d'octobre 44 en le transformant en « zones d'influence » pour l'après-guerre.
On constate que l'OURS russe est de tous les festins...
Rédigé par : Catherine JACOB@Carl+Larmonier | 30 janvier 2013 à 17:49
@GERARD LALLEMANT | 30 janvier 2013 à 10:22
"Cette journaliste aurait trouvé des histoires de vie bien plus intéressantes à la porte des Resto du Coeur ou du Secours Populaire. "
La question ne me paraît pas être celle de l'histoire de vie plus ou moins intéressante ou touchante que celles qui sont susceptibles d'être recueillies à l'entrée des 'Resto du Cœur' ou à celle du 'Secours Populaire', elle est surtout celle de l'invraisemblance, dans le contexte actuel, de certains détails. Je n'ai relevé que celui de l'accès à une mutuelle, mais il y en a d'autres.
Je ne comprends pas pourquoi il faut toujours enjoliver ou carrément inventer quand la réalité nue est le plus souvent si émouvante en soi.
Ceci étant, il doit y avoir un Gérard Lallemant président d'une section locale du Club Vosgien, cela a à voir quelque chose avec vous?
Rédigé par : Catherine JACOB@GERARD LALLEMANT | 30 janvier 2013 à 17:22
"mais elle répond sans états d'âmes aux ordres en moulinant les bras et sudation prononcée, elle tient là le poste de sa vie, avec climatisation et gratifications. Elle dénonçait il y a peu le sort fait à ses congénères sous le joug des tyrans esclavagistes, mais fait la sourde oreille sur le sort des femmes aux ventres loués dans des cliniques mafieuses à des esclavagistes homos français...."
Je fais partie de celles et ceux qui pensaient que Christiane Taubira en raison de ses prises de position antérieures et de sa répugnance maintes fois rappelée pour la servilité pouvait apporter un plus à ce gouvernement pour lequel je n'avais d'ailleurs pas voté. Or, je me suis trompée. Comme quoi le pouvoir peut corrompre même les plus farouches "passionaria" qui dans le cas de CT n'ont même pas l'excuse de l'amour fou. Car on ne peut pas dire qu'un Hollande puisse déchaîner des passions féminines de cet ordre !
---
A tous : continuons à défendre nos enfants et à combattre par tous les moyens (pétitions, manif du 2 février en région, courrier aux parlementaires) les tenants du mariage caricatural afin que cette loi inique ne passe pas.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ SR | 30 janvier 2013 à 17:02
Achille 14.42 (et Archibald)
J'ai eu envie de rédiger un commentaire dans le style du vôtre, mais un élément essentiel et déterminant manquait : la définition du poste à pourvoir vs le CV détaillé...
Tout ce que décrit Archibald sont des éléments pertinents de sa personnalité riche et sans doute attachante, de ses engagements humanitaires, ce sont malgré tout des éléments secondaires.
Ce commentaire complète mon précédent du 29.1.2013 - 19.14 aucune contradiction : il a été reçu par un mufle !
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 16:35
Oui, Monsieur Bilger, c'est du beau journalisme. Et voilà qu'en une phrase tout devient moins pathétique : l'emploi retrouvé à 4000 euros mensuels. Tant mieux pour cette femme. Mais combien de petits, d'obscurs, de sans-grade, qui passent inaperçus et qui, perdant leur emploi, vivent avec moins de 900 euros par mois ? Le journalisme serait-il moins grand s'il jetait un regard de ce côté-là ?
Rédigé par : JM | 30 janvier 2013 à 16:33
@ Archibald
Évacuons le problème du patron qui vous a reçu sans vous regarder. Il y a des tordus partout, il leur suffit d’avoir un peu de pouvoir pour être odieux. L’incapacité d’empathie s’exprime souvent par l’absence de courtoisie. Ça c’est leur problème, pas le vôtre.
Le CV que vous présentez est celui d’un free-lance, ou en français d’un marginal, ce n’est pas péjoratif. C’est celui d’un homme libre qui fait ce qu’il veut, prêt à aider les autres, sans mesurer ses efforts et sa peine, mais sans entrer dans le cadre bien normé de la société. Vous avez été au service des autres, mais pas à celui d’une société de plus en plus normée et réglementée.
C’est un choix de vie, un choix certainement aussi utile que fait celui qui reste dans les bornes imposées par les textes et l’organisation des institutions, mais un choix extérieur à la société.
Vous découvrez une vérité, qui est de plus en plus réelle, une fois sorti de la société, pour de bonnes raisons, le service d’autrui par le dévouement, ou de mauvaises raisons, par la déviance, il est difficile d’y rentrer.
C’est une expérience difficile, c’est le prix de la liberté totale, un prix élevé, la solitude.
Rédigé par : Tipaza | 30 janvier 2013 à 16:18
@ Archibald
Pour commencer, la seule façon pour un employeur de respecter a minima un chômeur serait d'envoyer un accusé de réception façon lettre-type suite à sa candidature, même agrémenté d'un refus. Avec le net c'est si facile. Combien le font en France ? Peut-être 10% ? Ou moins... ils comprendront, ressentiront plutôt lorsqu'ils seront sans emploi à leur tour. Comme Isabelle.
Rédigé par : scoubab00 | 30 janvier 2013 à 15:51
@ Pietri S
D'accord.
Mais puisqu'on parle d'aléas de la vie, vous m'autoriserez, monsieur Bilger, à évoquer un habitant malchanceux d'un village cher à mon coeur... un cas qui pose aussi la question du logement et de l'intervention publique.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/sous-curatelle-il-vit-11-ans-dans-un-taudis?xtcr=4&xtmc=Aubrives
Je précise, pour l'avoir rencontré récemment avec sa compagne, qu'il ne pleure pas sur son sort. Il sait, comme moi, que certains habitants du coin sont dans une situation encore pire...
Rédigé par : Boris | 30 janvier 2013 à 15:39
Bonjour Monsieur Bilger,
Votre article n'est pas sans me faire penser à un film allemand d'Oliver Hirschbiegel (Der unstergang - 2004, La Chute, en français) qui montre la montée flamboyante que fut cette ignominieuse dictature qu'était le nazisme (ex aequo pour moi avec le communisme car les extrêmes s'opposent et s'interpellent et parfois ce sont les mêmes, mais c'est un autre débat) et, à la suite, sa chute, tout aussi spectaculaire.
Heureusement que cet aigle-là à défaut d'être un phénix, n'a pas connu une renaissance, celle-ci, de ses cendres.
Pour dire que certaines chutes ont été quand même positives et pour conclure et donner une nuance finale à mon commentaire d'hier.
Bonne fin de journée.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 30 janvier 2013 à 15:18
@ Archibald
Bonjour,
Quand on vous lit on a du mal à comprendre pourquoi votre candidature n’a pas été retenue.
Vous me semblez avoir un bon CV et une expérience d’humanitaire est toujours très enrichissante car elle permet d’aborder des situations que l’on rencontre rarement dans notre pays.
Peut-être finalement est-ce votre « look » qui ne plaît pas aux recruteurs de la DRH.
Le mieux serait d’éviter de venir aux entretiens avec queue de cheval et bandana, jean délavé, T-shirt de la CGT et tatouages sur les bras. Bon je sais, ce sont des petits détails, mais bien souvent ces gens-là y attachent beaucoup d’importance.
Bon je plaisantais… enfin pensez-y quand même ! :-)
Rédigé par : Achille | 30 janvier 2013 à 14:42
Nous étions peu nombreux à dire que la nomination de Taubira était une stratégie pour écarter les critiques, elle n'a pas de compétences pour le poste, ses détracteurs se font immédiatement taxer de racistes, mais elle répond sans états d'âmes aux ordres en moulinant les bras et sudation prononcée, elle tient là le poste de sa vie, avec climatisation et gratifications. Elle dénonçait il y a peu le sort fait à ses congénères sous le joug des tyrans esclavagistes, mais fait la sourde oreille sur le sort des femmes aux ventres loués dans des cliniques mafieuses à des esclavagistes homos français.
Nous y voilà, une circulaire réalise les attentes des partisans du mariage homo: la gestation pour autrui est légalisée sous couvert du droit des enfants à avoir la nationalité des acheteurs français.
Comme Marc-Olivier Fogiel l'animateur qui ricane comme une hyène a acheté un bébé aux Etats-Unis en louant le ventre d'une jeune femme, il est revenu avec son produit âgé de 2 jours.
On trouve dans le Marais sur les comptoirs à la disposition des clients le magazine gay Têtu et Choisir son ovocyte.
Nos craintes étaient fondées, la mariage est un leurre, c'est la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui qui agitent les homos et lesbiennes.
Rédigé par : SR | 30 janvier 2013 à 12:41
Tipaza 9.53
Certes vision binaire qui vous a permis de réagir et d'apporter un élément de progrès pour tous LOL, tout le monde n'est pas capable de comprendre par lui-même les différentes nuances entre le noir et le blanc... il faut y aller progressivement !
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 12:18
Et mille mercis pour les encouragements ; le premier, et pas le moindre, revient à M. Bilger pour accepter d'héberger ces épanchements.
Rédigé par : Archibald | 30 janvier 2013 à 12:07
J'aimerais apporter un complément suite à mon expérience décrite. Je ne me plains pas (trop) de ma situation, je mange, j'ai un toit, j'ai chaud: je n’ai jamais baissé les bras et considère que l'animation d'une vie doit l'être par un optimisme sans faille et des efforts redoublés. Néanmoins, ce qui me surprend dans notre pays, et c'était le point de mon témoignage, concerne la désinvolture avec laquelle on balaye un chômeur (puisque c'est le mot) ou un candidat. Toute personne devrait être traitée poliment, sans courtoisie excessive, mais les ‘bonjour madame au revoir monsieur’ ont laissé place à une attitude affligeante. Les démarches pour trouver du travail en France ne sont pas seulement difficiles à cause de la crise, mais également en raison du comportement méprisable des gens qui en forment la chaîne: recruteurs et consorts, professionnels des ressources humaines et assimilés sont une membrane difficilement franchissable d'insupportables imbéciles qui traitent les chômeurs comme des décérébrés. Ce sont des gens qui font leur beurre sur la vie des autres, refusent de la connaître, sont incapables de la comprendre, mais s'affichent comme professionnels de l'emploi (donc de la vie professionnelle) avec une fatuité qui n'a d'égale que leur vacuité. Ce qui m'insupporte ensuite, c'est d'entendre que les chômeurs sont des assistés ou ne sont pas prêts à faire des efforts, comme si nous étions moins humains, plus bêtes, ou incapables. Ces gens-là me donnent la nausée. En refusant d’être un honnête homme, on condamne l’avenir plus sûrement qu’une crise économique : l’une se corrige pas l’autre.
Rédigé par : Archibald | 30 janvier 2013 à 12:05
@ Archibald
Dans nos sociétés telles qu’elles sont organisées, de moins en moins de gens ont accès à un emploi. C’est une tendance qui ne s’inversera pas pour des raisons multiples qui jouent dans le même sens. L’exclusion du monde du travail est une souffrance, qui réduit l’individu dans le meilleur des cas, au statut humiliant d’assisté. Il devrait être insupportable de constater que cette souffrance est le lot de millions de gens dans notre société riche.
Pourquoi est-ce ainsi, et à qui cela profite-t-il ?
Je vous invite à méditer les réflexions de Bernard Friot (que l’on trouve facilement sur le net) sur « les marchés », le « marché du travail » « l’emploi contre le travail », pourquoi c’est le poste de travail qui est qualifié et non la personne, et comment nous pourrions garantir la dignité de chacun en utilisant un système qui a fait la preuve de son efficacité pendant 60 ans.
Contre cette souffrance et cette indignité, vouloir construire autrement notre vivre ensemble est ce que certains appellent le désordre.
Rédigé par : Claude L | 30 janvier 2013 à 11:16
Consternante la lecture des commentaires re le sujet choisi par Monsieur Bilger et aussi le commentaire d'Archibald 18.19.
Ils sont révélateurs de l'état égoïste, individualiste à l'extrême et dépressif de la société française, voire occidentale.
Quasiment tous accablent les protagonistes, pour en fait mieux rebondir sur "leur vie, leur oeuvre, moi je..." ! ! !
Ce genre de sujets est le prétexte idéal que certains blogueurs enfourchent et chevauchent avec allégresse pour - enfin - parler d'eux, se donner en exemple pour mieux accabler celui provisoirement à terre ou en difficulté, ou d'autres dans leur délire messianique continuent leurs tartines multi-quotidiennes, l'hyper-activité du copié-collé souvent hors sujet made by Wikipédia prenant le risque ou le temps d'expliquer la raison qui leur a fait abandonner la prise de pilule parce que parler de soi est quand même ce qui leur semble le plus digne d'intérêt...
On rêve ou on cauchemarde... c'est selon sa propre perception du moment...
Même sur le blog de Monsieur Bilger il semble difficile d'échanger, d'avancer quoi que ce soit puisque chacun à tour de rôle se présente comme "l'exemple, le sachant"... l'insulte dans toutes ses nuances y est reine, jamais une approbation, jamais une contradiction positive, rien qui permette d'avancer, d'enrichir un sujet, un thème, un billet, puisque chacun reste bien campé sur ce qu'il sait, sur ce qu'il est... la cross-fertilisation n'existe pas, la synergie non plus, en fait Internet qui devait permettre des échanges multi-tout isole de plus en plus la plupart de ceux ou celles qui s'y adonnent.
Rédigé par : Pietri S | 30 janvier 2013 à 10:36
Bonjour,
Etonnant, un "riche" qui devient pauvre c'est émouvant et un pauvre qui devient miséreux, on en dit quoi.
Cette journaliste a pondu un article. Bien. Mais je connais des mères de famille qui ne volent pas simplement pour rester belles mais pour nourrir leur famille et habiller leurs gamins, je connais des mères de famille qui se prostituent après leur journée de "femme de ménage", pardon, de "technicienne de surface" pour arrondir les fins de mois qui commencent le 5. Cette journaliste aurait trouvé des histoires de vie bien plus intéressantes à la porte des Resto du Coeur ou du Secours Populaire. Elle y aurait trouvé des gens qui se battent aussi pour ne pas descendre plus bas mais qui ne disposent pas de réseaux ou de mains tendues à part celles qui leur donnent la pitance de tous les jours. Comme Catherine A. pas convaincu non plus.
Rédigé par : GERARD LALLEMANT | 30 janvier 2013 à 10:22
Cher Philippe Bilger,
Je n’ai eu accès qu’à la partie « publique » de l’article de MVR, la suite étant réservée aux abonnés du monde.fr.
J’ai été touché par la maestria, que vous avez soulignée, de cette histoire sobre et légère malgré la gravité du sujet.
Au-delà du style, le fond de cette détresse y est exposé avec une empathie palpable, une compréhension touchante de la situation d’Isabelle K, dont je suis sûr que MVR n’a voulu à aucun moment donner l’image d’une victime.
Il ne faut voir dans cet article je crois qu’un témoignage ; ne se cachent derrière ni clef, ni moralité, ni profession de foi.
Rédigé par : Christian C | 30 janvier 2013 à 09:58
"Les Français ne savent pas négocier, ils ne savent pas recruter, ils établissent toujours un rapport dominant/dominé... !"
Rédigé par : Pietri S | 29 janvier 2013 à 19:14
Vous avez une vision domino des Français, tout blanc ou tout noir.
Remarquez ça présente l’avantage d’éviter de réfléchir. Pour certaines personnes, c’est vraiment trop difficile. À l’impossible nul n’est tenu… enfin presque !!
Rédigé par : Tipaza | 30 janvier 2013 à 09:53
"La chute : le journalisme au plus haut"... et le ventre Philippe ? Il y a quelques années, l'article de cette autre grand reporter, Florence Aubenas, m'avait beaucoup plus pris aux tripes que celui-ci. Florence était devenue... femme de ménage pendant plusieurs semaines, pour un reportage choc. Paru dans Le Nouvel Observateur, il me semble ? Ici, grâce à la plume de Marion, nous sommes davantage dans l'idée convenue : elle est de mon milieu social, elle a glissé, ben oui. Elle c'est Isabelle, une ancienne patronne de boîte de com quadragénaire. 25 salariés, de mauvais choix sans doute, une part de malchance certainement, un compagnon de vie qui gagne peu ou pas d'argent, et c'est la liquidation judiciaire, le chômage sans indemnité; la descente sociale, fort bien narrée. Mais une descente précautionneuse avec filet ! Parce qu'Isabelle la parisienne a fait jouer les solidarités amicale et familiale le moins possible pour préserver les apparences.
Même pas de Restau du coeur au soutien du couple et de ses enfants. Vol notamment de maquillage dans un grand magasin sans être prise, sauver l'apparence encore. Depuis, Isabelle est repassée au-dessus de la ligne de flottaison. Elle est désormais salariée chez un ancien client. Dans le reportage, il s'agit plus d'évoquer une sérieuse difficulté passagère vécue par une petite famille chic. Ce qui ne reflète en rien la paupérisation de la classe moyenne qui occupe tant les médias et les esprits de nos jours. Bien troussé c'est vrai; plus susceptible d'émouvoir les lecteurs du Monde par sympathie que ceux du Parisien ou de Métro, par exemple. Pas vraiment... leur monde. Pour le prix Albert-Londres faudra repasser. Philippe guette n'ayez crainte.
Rédigé par : scoubab00 | 30 janvier 2013 à 09:41
Bien propret tout ça et en phase avec certains lecteurs cible du Monde !
Si la brave Isabelle K, anonyme, avait prévu quelque réserve avec les huit mille euros mensuels cad huit fois le smic, on ne parlerait pas d'elle, n'est-ce pas ?
Et donc qu'aurait valu cette histoire sans une journaliste qui en ferait une oeuvre d'art ?
Rédigé par : calamity jane | 30 janvier 2013 à 09:22
Merci, cher Philippe, de m'avoir convaincu de lire ce texte édifiant de MVR que je n'avais pas vu dans Le Monde.
Ce témoignage remarquable et bouleversant nous fait relativiser nos petites misères de la vie ordinaire.
Quelle leçon de courage et d'humanité mais aussi d'espoir !
Rien dans la vie n'est jamais définitif sauf notre disparition finale inéluctable.
Profitons donc des bons moments que la vie nous offre sans nous culpabiliser mais en restant attentifs aux sorts des autres moins bien lotis
Rédigé par : Christian Dulcy | 30 janvier 2013 à 08:58
"Il y a des chocs bienheureux."
C'était en novembre. Une conférence de presse du président de la République qui littéralement transporte, ravit, électrise la sphère éditoriale et notre hôte :
"...un peu plus d'air démocratique. On respire mieux."
Et d'un coup dans le flot des commentaires du cristal brut signé par un certain Archibald, qui me parle comme il n'arrive que très, très rarement parmi les post des contributeurs du blog de Philippe :
"Votre billet est dur à lire monsieur, il frappe au ventre quand l'avenir est un trou noir."
Trois mois plus tard, à lire le message d'Archibald publié hier, je sais que distinguant ce commentaire de très haute volée, je ne me suis pas trompée quant à ma perception de la vérité du post d'Archibald.
Alors, on peut bien entendu regretter qu'il faille un récit journalistique - au sens haut - publié dans Le Monde pour inscrire à égalité d'intérêt la réalité, qui comme l'écrit Jachri, est pourtant présente dans les entourages les plus immédiats de chacun.
A égalité d’intérêt.
Je pense, en autres, à votre billet récent sur Roselyne Bachelot et aux égéries des salons médiatiques, dont l'itinéraire professionnel, pour ce qui concerne les aspects les plus quotidiens, illustre les parcours on ne peut plus sécurisés de ceux qui depuis au moins 30 ans ont été épargnés par les dommages provoqués par les crises successives.
@ Catherine A
Le récit journalistique de Marion Van Renterghem est parfait.
Oh que si, Catherine !
Le coiffeur, le maquillage, le livre qu'on peut acheter sans dilemme, si vous saviez, Catherine, comme cela est nécessaire quand tout lâche, et que dans votre quotidien, la situation vous place, en dépit de tout ce que vous opposez en position de devoir subir les humiliations et les insuffisances blessantes des recruteurs ou des présidents de jury tels que ceux décrits par Archibald, leur indignité et arrogance crasses, propres à ceux qui jamais n'ont été exposés à la vulnérabilité et à la fragilité professionnelles.
Isabelle n'est pas dans le stéréotype de la pauvreté et de la précarité tel qu'il est de bon ton de le représenter, par exemple dans les salons dont je parle plus haut, pas suffisamment ajustée pour vendre du discours compassionnel-mediatico-militant.
Pourtant, à travers la description par Marion Van Renterghem des choses sublimes perdues, Isabelle exprime plus et mieux que quiconque les morsures et les brûlures qui déchirent quotidiennement et également ceux-là.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 30 janvier 2013 à 06:47
@Archibald
Quelqu'un de pistonné avait déjà le poste mais il faut quand même jouer le jeu - pour Pôle Emploi ou autre - du recrutement.
Par contre comparer la situation d'aujourd'hui à celle de l'Occupation me semble vraiment exagéré. Les raisons des refus ne sont pas les mêmes vous le savez bien et il ne s'agit pas de nettoyage ethnique.
Rédigé par : JLM | 30 janvier 2013 à 04:45
Je relis votre billet, puis l'article en question, j'essaie de partager votre enthousiasme mais pourtant quelque chose ne passe pas. La journaliste écrit pourtant très bien, comme vous le soulignez.
Ce qui me fait sortir de l'histoire, c'est l'angle choisi. Ainsi, pour que nous, gens aisés, nous sentions concernés par la crise, il nous faudrait prendre conscience que "nous sommes au bord du gouffre".
C'est, dit l'article, L’histoire d’une « nouvelle pauvre », habituée à l’aisance, qui découvre la précarité et l’incapacité matérielle de vivre comme ses amis, soudain étrangère à son propre monde.
Mais au nom de quoi me sentirais-je plus proche de cette femme que des gens que je côtoie dans ma vie familiale, sportive, associative ou professionnelle ? On devrait tous avoir des parents et amis de même revenu que soi ? Il faudrait être riche (ou pauvre) pour faire du foot, du basket, du volley ? Pour partager toutes les semaines des pâtes carbo après l'entraînement ?
On vole la tête haute mais il faudrait mourir de honte plutôt que demander de l'aide à sa famille pourtant aisée ?
L'article veut détruire un stéréotype mais en reprend les pires clichés. Ça pue tellement le bourgeois que je soupçonne la vraie Isabelle K de ne pas s'y reconnaître totalement: une femme mariée à un homme qui pédale à cinquante ans pour promener des touristes a forcément plus de valeurs.
Rédigé par : Alex paulista | 30 janvier 2013 à 03:58
Face à la déshumanisation grandissante de la société, il faut entrer en résistance.
Rien n'avait préparé Isabelle K à connaître une période très dure, mais elle lutte vaillamment, avec tous les moyens du bord, même le vol.
D'autres n'ont pas eu cette force, et on aboutit au tragique fait divers à Nantes en 2011, concernant une famille catholique intégriste ruinée.
Autre abri contre les temps modernes évoqué par JMT, les amis reçus comme des rois, le monde de la connaissance, les livres, traités comme tels aussi... A méditer et savourer.
Archibald, vous ne pouviez vous douter de la dureté des épreuves que vous venez de subir. Parfois, ce qui ne fonctionne pas ouvre des portes inattendues et donne des solutions gratifiantes. Courage à vous.
Rédigé par : Camille | 30 janvier 2013 à 02:45
Archibald,
Votre témoignage est fort.
Trop d'examinateurs se comportent en véritables dictateurs, surtout à l'égard de personnes dont le parcours est atypique, atypique par rapport à l'idée qu'eux se font de ce que doit être, selon eux, un parcours idéal.
Comme vous, je pense qu'on ne peut mesurer avec exactitude la valeur d'une personne au cours d'un petit entretien oral.
La personne qui se présente à un entretien en vue d'un recrutement n'est déjà plus elle-même, car précisément cet type d'exercice interdit d'être soi-même.
A l'évidence, comme le dit Pietri S, votre examinateur avait déjà pris sa décision après avoir lu votre CV, donc avant même le fameux entretien.
Je suis incapable de qualifier cet examinateur. C'est peut-être un mauvais élitiste; c'est peut-être un type incompétent à son niveau mais qui a voulu se prouver quelque chose en vous signifiant clairement qu'il serait au-dessus de vous. C'est en tout cas, un méchant, une personne de mauvais coeur, ce qui est plus dangereux.
Archibald, tenez bon, la vie est devant vous, il ne vous reste qu'à la manger.
Rédigé par : LABOCA | 30 janvier 2013 à 01:33
Ma pensée du soir Monsieur Bilger,
Ca ne sera plus le premier cas d'une famille, qui partie de très haut, chute vers le très bas sans palier intermédiaire.
Comme tout s'accélère, sur tout les domaines, exponentiellement, des fondations aussitôt construites s'effritent et s'écroulent.
Et même si on ne peut pas se sentir d'atomes crochues avec cette famille, c'est l'histoire d'une chute. Et toute chute nous touche.
L'Ecole qui est la représentation de la fondation des fondamentaux (la méthode syllabique qu'on pensait la seule et infaillible méthode) finira peut-être par être déboulonnée un jour ou l'autre avec toutes leurs réformes et toujours leurs nouvelles pédagogies.
Chuter étymologiquement renvoi à échouer (son synonyme en 1800), et échouer dans ce monde qui glorifie la performance et conspue un seul faut pas ou une seule erreur (malgré cette période en crise) ne peut que faire réfléchir sur la condition humaine.
Echouer personne ne le veut (même pour son pire ennemi).
Echouer c'est pire qu'un très vilain mot dans cette société actuelle, c'est en être bannie.
Etre mis hors-circuit.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 30 janvier 2013 à 00:10
Je n'ai pas lu cet article. Il est vrai que mon quotidien est plein de ces chutes, de ces destins fracassés. Alors, j'ai préféré le bel entretien de Christian Bobin dans Lire. Il a de ces mots qui vous lavent et vous redonnent du courage pour continuer à accompagner... tandis que des "Gérard" salissent.
A ce propos, je vous préfère dans cette admiration-là et d'ailleurs, j'ai bien pensé à vous quand la presse a relaté un doigt d'honneur du même qui vous avait séduit dans votre précédent billet.
Quand je vous disais que tant ne se rendent même plus compte que d'autres en bavent dur...
Rédigé par : Jachri | 29 janvier 2013 à 23:12
Souvent, parfois plusieurs fois par jour, des gens se présentent chez nous pour proposer leurs services d'auto-entrepreneur.
Quand ils tombent sur moi, et que je leur dis : "Bienvenue dans le monde des seigneurs", je vois la fierté monter en eux, et je me dis que je n'ai pas perdu ma journée.
A ce sujet aussi, deux mondes cohabitent et s'ignorent.
Sur l’héroïne du jour : craquer 8000 € par mois sans mettre un sou de côté ne va pas m'inspirer de la compassion.
Quant à se dédouaner d'avoir dû voler des bijoux pour faire plaisir à sa fille, comme le dit Alex paulista, on est voleur ou on ne l'est pas. L’honnêteté ne se partage pas, mais la notion se perd autant qu'elle est fuie des médias.
Rédigé par : Xavier Nebout | 29 janvier 2013 à 22:16
@ Archibald
Témoignage émouvant.
Bon courage.
Rédigé par : Jabiru | 29 janvier 2013 à 20:42
Pitié pour ceux qui regimbent. Le billet d'Archibald, lui, me glace parce qu'il renvoie à l'inutile, l'exsangue, la vidange de la volonté face à l'horreur de l'indifférence et la froideur de la machine dite humaine, ou peut-être parce qu'humaine.
Se sentir prêt à quelque chose, avoir participé sans émarger et rester à la marge, marginalisé, exclu. Est-ce possible de projeter cette situation sur un principe d'action ? Je n'ai jamais eu d'autorité autre que d'écouter et dire mais j'ai dû commettre des erreurs en excitant ou ralentissant un processus que je n'ai pas compris. C'est un sujet de torture. Qui garde cette image ?
Ayant oublié de renouveler la carte de mon appareil TV, j'ai dû contacter le fournisseur et je suis tombé sur une machine, glaciale, une voix de femme qui ne voulait que me vendre Canalsat dont je me soucie comme d'une guigne. Débit mécanique, indifférence à mon amabilité, puis à mon agacement, quelle pression doit-elle subir pour être si malheureuse au point d'ignorer tout contact qui n'est pas de sa fonction primaire : vendre Canalsat. Ceci s'applique aussi à celui qui vend de l'espoir, à l'administration qui ne répond jamais, aux députés qui se fichent complètement des gens, sauf s'il y a un potentiel d'électoralité dans la demande.
Oui, mais privé de télévision, alléluia, j'ai enfin pu aborder la correspondance de Léautaud et finir "La mort de Virgile". Demain, en doublette, j'attaque, non je reprends "Mythe et épopée". Puis un polar aussi, ah mais il y a des amis qui viennent déjeuner, plus qu'à faire réchauffer le veau (corse, vous connaissez le veau tigré d'Abbatucci ?) aux olives, finir la cuisson au bain-marie, mettre le double concentré de tomate et les olives. Le foie gras est prêt, rien que le gros sel et le poivre rose à ajouter. Le cake aux châtaignes cuira lentement. La mousse de poires est au frais, reste à égrener la grenade par dessus avec un peu de canneberge.
Après, finir mon polar et me replonger dans le style de Léautaud qui ne raturait jamais.
Courage Archibald, et toute ma sympathie, c'était un message d'un vieil inutile qui ne croit plus à rien sauf à l'étude et la connaissance, mais juste pour rien, comme ça, pour le plaisir.
Rédigé par : JMT | 29 janvier 2013 à 20:41
@ Archibald | 29 janvier 2013 à 18:19
Les expats qui reviennent sont souvent peu récompensés. Un ami qui a bossé comme un âne à São Paulo s'est fait ratatiner sur son augmentation à son retour en France. Entre-temps, l'appart qu'il a vendu à son départ de France a pris 30% de valeur.
Réflexion de ses collègues: attends, t'étais au Brésil !
Dans l'imaginaire français, on pense qu'à São Paulo on est à la plage à boire des caïpis, alors qu'on passe trois heures dans les bouchons et on travaille de 7h à 18h non stop.
Sur Isabelle K : quand on ne prend aucune assurance, aucune protection, qu'on est chef d'entreprise avec un client principal dans un secteur aussi fluctuant que la communication, et qu'on ne constitue aucun patrimoine en gagnant 8000 euros par mois... comment dire...
Peut-être a-t-on raison d'avoir honte devant ses enfants ?
Et devant les 25 employés qui se sont retrouvés liquidés ?
En tant que chef d'entreprise et père de famille j'ai un peu de mal à m'apitoyer devant une telle inconscience.
Surtout quand je vois des ramasseurs de cartons qui tirent leur charrette pour 25 reais par jour.
Ou des SDFs qui trouvent 20000 reais sous un pont et les rendent à leur propriétaire :
http://www.estadao.com.br/noticias/impresso,moradores-de-rua-devolvem-r-20-mil,898113,0.htm
On est voleur ou on ne l'est pas.
Rédigé par : Alex paulista | 29 janvier 2013 à 20:27
Archibald 18.19
Celui qui vous a reçu est un mufle.. il avait sans doute déjà lu votre CV... il avait peut-être déjà pris sa décision, sans éducation il a cru être plus convenable en vous recevant que d'annuler purement et simplement le rendez-vous... ou peut-être adepte des nouvelles méthodes de recrutement, vos premières secondes ne l'ont pas convaincu.
Tout dépend de la fonction, de la place dans la structure et de tant d'éléments, mais ce type est un mufle, il vous a humilié et ça n'est pas convenable : à terme, vous n'avez rien perdu, ce type est un cxx qui ne vous mérite pas LOL
Les Français ne savent pas négocier, ils ne savent pas recruter, ils établissent toujours un rapport dominant/dominé... !
Bonne chance pour vos prochains rendez-vous, keep smiling, cheers up !
Rédigé par : Pietri S | 29 janvier 2013 à 19:14
@ Archibald
Ne jamais renoncer.
Rédigé par : SR | 29 janvier 2013 à 19:02