Il y a quelque chose de pire que la mort sans cesse annoncée du romantisme : c'est le romantisme trouble et délétère de la mort. Pourtant, il y a des morts admirables qui émeuvent bien au-delà d'elles.
Il paraît que la sagesse talmudique, si on en croit Emmanuel Lévinas et Alain Finkielkraut, est "de ne jamais qualifier autrui".
Outre que cette noble assertion me semble contestable quand tout, au contraire, dans le débat et les polémiques, manifeste que le courage consiste à ne pas se réfugier dans l'abstraction des idées et le vague des pensées mais à mettre en cause aussi qui a pris le parti de choisir les premières et d'opposer les secondes, "ne pas qualifier autrui" nous imposerait, si cette exigence était prise à la lettre, le silence, même devant les comportements les plus remarquables, les attitudes les plus exemplaires.
Quatre minutes d'honneur le 11 mars 2012 sur un parking de Toulouse.
Le parachutiste Imad Ibn Ziaten a été contacté par Mohamed Merah qui désirait lui acheter sa moto.
Il est 16 heures quand ils se rencontrent.
Immédiatement MM tombe le masque et affiche son intention meurtrière. Il ordonne à IIZ de se coucher.
"Je ne me mettrai pas à plat ventre", répond le parachutiste.
Il est 16 heures 1 minute.
"T'es à l'armée, t'es militaire", questionne MM qui veut connaître le nombre d'années qu'y a passées IIZ.
Le chien du pistolet est armé par MM.
Il est 16 heures 2 minutes.
IIB réagit : "Tu ranges ça tout de suite, je ne me mettrai pas à plat ventre, tu dégages, je ne me mettrai pas à plat ventre, je reste".
MM réitère son ordre. Le militaire continue à lui faire front.
"Tu vas tirer ? Vas-y, ben tire !".
Il est 16 heures 3 minutes.
MM tire. IIZ s'écroule.
MM réarme. Une seconde détonation.
Le tueur s'adressant à sa victime à terre, morte : "C'est ça l'islam, mon frère. Tu tues mes frères, moi je te tue".
MM quitte les lieux à toute allure en scooter.
Il est 16 heures 4 minutes.
Assassinat d'un héros. Je qualifie ce parachutiste.
Pourquoi cette tragédie, telle qu'elle a été rapportée parce que MM portait sur lui un appareil destiné à en montrer l'horreur et la froide implacabilité - pour soi, pour s'en repaître, et pour les autres - nous touche-t-elle à ce point ? Pourquoi aurions-nous tant voulu que la République, dans ces crimes et ces massacres qui se valent, fasse un sort spécial à cette fin-là (20 Minutes, Le Figaro) ?
Le frère d'IIZ veut déposer plainte à la suite de la diffusion de cet enregistrement - je comprends les élans de son coeur - mais qu'il n'oublie pas ce que ce dernier édifie pour la gloire morale du disparu.
Parce que grâce au courage et à la résistance de IIZ, à sa volonté résolue, en face même de l'inéluctable qui allait advenir, de ne pas plier, de ne pas tolérer l'humiliation et de refuser le diktat de la folie criminelle, il nous a permis, d'une certaine manière, de songer à notre existence et aux milles lâchetés qui nous guettent et dans lesquelles trop souvent nous tombons.
Ces quatre minutes d'honneur lavent notre société de ses médiocrités, de la rigolade médiatique, du clientélisme intéressé, du cynisme politique, des servilités professionnelles, nous rachètent pour les audaces qu'on n'a pas eues, la liberté qu'on s'est déniée et l'humain de qualité qu'on n'a pas su être.
Quatre minutes d'honneur le 11 mars 2012.
Quatre minutes où la barbarie s'est révélée mais, malgré les terribles et irréversibles apparences, a été vaincue.
Le procès du frère du tueur vient d'avoir lieu ainsi que celui du trafiquant qui a fourni les armes et les munitions.
Condamnés à de lourdes peines de prison pour association de malfaiteurs, ils n'ont pas été poursuivis pour complicité d'assassinat à caractère terroriste. Le parquet a annoncé qu'il allait faire appel du jugement. Il y aura sans doute un autre procès dans quelques mois.
Défendu par Maître Dupond-Moretti, le grand frère de Mohamed Merah va donc purger sa peine quelques années en prison et puis il sortira. Je suis persuadé qu'il continuera à distiller son idéologie mortifère.
C'est lui, Abdelkader, qui a contribué à l'endoctrinement de son petit frère Mohammed. Le délinquant qui volait des voitures pour faire des rodéos était devenu un tueur en série. Il a choisi pour cible des militaires musulmans et des enfants juifs. Le lien de causalité entre le racisme et le choix des victimes est évident, je n'ai pas besoin de développer.
Rédigé par : vamonos | 06 novembre 2017 à 14:51
Monsieur Bilger,
Permettez-moi de commencer aujourd'hui mon propos par l'extrait (un peu vaste mais essentiel) d'un passage d'un livre (Les échos du silence de Sylvie Germain) pour étayer mon commentaire final, vous comprendrez pourquoi.
Auschwitz, lieu du plus grand et du plus grave autodafé car lieu où furent détruit "à la source" des livres par millions : chaque être étant un unique fait de peau et de sang, fait de gestes, de paroles, de regards, de pas, de rires et de larmes, tout bruissant de mémoire, de songes et de pensées, qui s'écrit dans la rumeur du temps environnant et se démultiplie au fur et à mesure des rencontres qui sont autant de lectures, d'interprétation, de commentaires.
Hommes et femmes-livres, enfants-livres aux pages blanches si tôt déchirées. (fin de l'extrait)
A chaque fois qu'arrive ce genre de tragédies (le 11 mars 2012) ce sont de nouvelles pages qui se tournent (comme si on devait tout recommencer) et d'autres nouvelles qui doivent s'écrire.
Espérons que ces derniers faits resteront en mémoire et ne partiront pas tout de suite en fumée dans les consciences.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 29 janvier 2013 à 09:40
On se rend compte que le temps passe vite et que le 11 mars va arriver dans très peu de temps.
Je suis curieux de voir comment ils vont commémorer cela (pour cette tragédie, je trouve que le terme commémorer ne serait pas le terme tout à fait adéquat à employer, mais je ne trouve pas mieux, car il est certain qu'il y a certainement mieux comme commémoration à faire).
Oui, car je trouve que médiatiquement (mais peut-être que c'est moi qui me fais des idées) les lendemains de cette tragédie avaient été assez rapidement (bizarrement) étouffés dans l'oeuf (dans l'ensemble des médias justement).
Rédigé par : Carl+Larmonier | 22 janvier 2013 à 13:50
@ oursivi
"Bien qu'étant plus shorterien que coltranien, je continue de m'émerveiller des transes où s'enroulent ces immobiles derviches, autant pour McCoy que pour John, peut-être même davantage.
Envoyez-nous un lien, qu'on ouïsse de quoi vous vous alimentez, nulle raison que sois le seul à ouvrir ma discothèque".
oursivi | 20 janvier 2013 à 02:29
Shorter ou Trane, qu’importe, pourvu qu’on ait l’ivresse… Le mot transe est bien choisi pour ce type de zik. On se demande d’ailleurs si le piano de McCoy n’en est pas l’initiateur. Bref, heureusement que YouTube (pas Youssouf !) est là car je n’ai actuellement plus de matériel de repro. Je « m’alimente » donc grâce à YouTube. C’est ma discothèque actuelle !
Rédigé par : Nath | 21 janvier 2013 à 18:40
Mon sang se glace à l'évocation du calvaire de la petite Typhaine, une histoire monstrueuse sans héros, avec seulement une victime de cinq ans et ses deux bourreaux, sa mère et son beau-père : atroce...
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 janvier 2013 à 14:00
Etty Hillesum eut au moins le privilège de lire une dernière fois sa bible avant de partir vers les camps. Je crois que la dernière phrase qu'elle a annotée dans son carnet est d'ailleurs : "Seigneur, tu es ma chambre haute".
Une petite fille juive, l'année dernière, n'eut pas cette chance. Ce qu'elle vit en dernier, avant de mourir, c'est l'embouchure d'une arme et derrière un rire de dément.
Ce jour-là, sa chambre haute s'appelait Mohamed Merah.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 21 janvier 2013 à 12:04
Quelle déception. Pas un mot sur Denis Allex.
En revanche on nous beurre avec une vente de scooter qui a mal tourné.
Pfffff...
Rédigé par : Savonarole | 21 janvier 2013 à 11:39
@ Alex paulista
Comme vous je ne sais pas ce que je ferais, probablement dans ma culotte..
Mais ce sont des hommes comme ce parachutiste qui permettent à nos troupes de tenir des positions. Même si la doctrine d'emploi dans l'armée française est d'économiser les hommes, il nous faut des combattants de cette trempe. Il n'a pas réagi en individu lambda, mais en guerrier mesurant ses seules chances de survie. Pour faire ce métier le panache est une valeur importante. Les officiers de la noblesse russe qui baissaient la tête au front étaient déshonorés. Depuis on a appris à ne plus foncer sabre au clair, mais qu'il reste du panache chez l'homme de base, chapeau à ses chefs.
Rédigé par : Perplexe-gb | 21 janvier 2013 à 11:11
Peut-on en dire autant des différents gouvernements français ?
La France a soutenu les djihadistes en Libye, soutient actuellement les salafistes en Syrie, elle est l’alliée du Qatar qui finance le terrorisme islamiste dans toute la région.
Les dirigeants français prennent les Français pour des moutons et visiblement ces derniers ont l'air d'aimer ça.
Rédigé par : zefir | 21 janvier 2013 à 11:11
Je lis dans la presse de ce jour qu'une urgence de plus s'impose à notre contingent français, celle d'éviter un carnage au Mali de la part de 3000 miliciens ethniques visant les populations touaregs et arabes à titre de représailles d'envergures.
Eviter l'envahissement du Mali, remettre de l'ordre dans l'armée malienne, en neutraliser les éléments adeptes d'un bain de sang revanchard, l'assister dans toutes les opérations de reconquête du pays. Vaste programme ! Dans quel bourbier sommes-nous allés nous mettre ? On sait toujours comment ça commence, jamais comment ça finit et jamais combien ça coûte. Et personne pour aider.
Rédigé par : Jabiru | 21 janvier 2013 à 10:58
21 janvier
Je prie M. Bilger de me permettre une incise hors sujet pour rappeler que le 21 janvier 1793, le peuple de France a assassiné son Roi.
La seule faute de Louis XVI avait été d'être trop bon.
A l'issue de la prise de pouvoir par une bande de soixante-huitards avant l'heure, la France sera le seul pays au monde à avoir voté la mort de son roi.
Même Lénine n'a pas voulu la mort du Tsar exécuté sur l'initiative d'abrutis locaux, et la Russie a des leçons à nous donner à être à cet égard dans la repentance.
Les Français ne méritent pas la France.
Rédigé par : Xavier Nebout | 21 janvier 2013 à 10:31
Très beau billet. Rappel de l'essentiel : il n'est pas de valeur qui ne soit incarnée et manifestée en acte. A en mourir, éventuellement.
Face à des fanatiques qui n'ont que le mot martyr à la bouche, nous avons là un témoin (vrai sens du mot martyr) de la dignité, de l'honneur et du respect de soi. Cet homme a été élevé avec droiture, comme l'a montré la réaction de sa pauvre mère.
Rédigé par : Jean MORLAND | 21 janvier 2013 à 09:48
@Belisaire
Lire "Islam", de Bernard Lewis, éditions Quarto Gallimard (auteur qui fait autorité sur la question ; il est d'ailleurs traduit en arabe) ; "L'Islam expliqué aux enfants" par Tahar Ben Jelloun, l'auteur francophone le plus traduit dans le monde ; Malek Chebel "Manifeste pour un Islam des Lumières". Pour un récit haletant sur l'histoire du Moyen-Orient ces trente dernières années : "La grande guerre pour la civilisation" de Robert Fisk, journaliste qui a couvert le Moyen-Orient 11 mois sur 12, il le montre comme personne.
Comme dans tout raisonnement, il est important de ne pas prendre la partie pour le tout. La question posée est incroyablement complexe. N'oubliez pas que l'Islam est le monde d'Avicenne, de Soliman le Magnifique, de Omar Khayyam, des orientalistes comme Pierre Loti, un monde que les commentateurs radio et de bistro ignorent autant qu'ils en parlent. D'ailleurs, Gilles Kepel (à lire également) rappelle que Sciences Po a fermé les études sur le monde arabe le mois du déclenchement des révoltes arabes, en décembre 2010, transférant ainsi nos étudiants outre France. Et Jack Lang devrait prendre la tête de l'Institut du Monde Arabe. Bref, Beati pauperes spiritu.
Rédigé par : Archibald | 21 janvier 2013 à 09:44
Oulala ! que de complications pour une phrase toute simple : "ne jamais qualifier autrui" !
En effet, ne qualifions pas celui ou celle qui s'est battu-e- pendant un certain nombre d'années (si pas décennies) pour obtenir réparation d'une injustice et celle ou celui qui n'a eu qu'un coup de fil à passer par exemple pour arriver au même résultat.
Les mêmes mots employés pour le récit n'engagent pas la même intensité du temps et dans le temps.
Rédigé par : calamity jane | 21 janvier 2013 à 08:45
Achille 22.10
Les fleuves - surtout s'ils débordent - ne remontent jamais à la source LOL LOL
Rédigé par : Pietri S - Quatre minutes d'honneur... 3 /2 | 21 janvier 2013 à 07:40
Le blog de Monsieur Bilger ressemble quelquefois à une sorte d'arrière-boutique des adorateurs du Da Vinci Code, du Skull and Bones, et de leurs ancêtres les Illuminés de Bavière heureusement à jamais disparus !
Rédigé par : Pietri S - Quatre minutes d'honneur... 2/2 | 21 janvier 2013 à 06:01
Je suis partagé.
En première réaction j'adhère, je pense comme vous que la fermeté d'Imad Ibn Ziaten est un symbole de résistance. En somme, cet imbécile de Merah a filmé ses horreurs pour se faire de la publicité, et que voit-on : un soldat français d'origine maghrébine qui le regarde dans les yeux et lui dit qu'il ne se couchera pas, puis trois militaires à un DAB sur qui Merah tire lâchement dans le dos, enfin des enfants à qui il fait sauter la cervelle - de quoi donner envie de vomir à Ben Laden lui-même. Les films de propagande doivent être l'oeuvre de professionnels, sinon ils se retournent contre leurs auteurs. Ces films montrent les forfaits d'un lâche, or le courage est une qualité que revendiquent tous ces extrémistes. Merah est en dessous de leurs standards sur ce point.
Puis en y repensant j'imagine ce que je ferais en face d'une personne qui me menace d'une arme. Au Brésil, jamais je ne dirais à un excité du flingue "Tu vas tirer ? Vas-y, ben tire !". C'est le genre d'invective qui provoque la décision. Dans le cas d'Imad, cela n'a heureusement pas fait de différence car Merah l'aurait probablement tué, mais dans le cas général c'est probablement à éviter.
Enfin, à y repenser plus en profondeur je suis convaincu qu'accorder trop d'importance à ce comportement courageux (à la limite de l'inconscience) c'est descendre au niveau d'imbécillité de ces terroristes. Et si demain sortait une vidéo de Denis Allex qui accepte de se coucher, de dire ce que ses ravisseurs ont envie d'entendre, en tirerait-on une conclusion sur le courage de l'agent de la DGSE ? Ce serait idiot, car parfois il faut savoir temporiser, garder la tête froide, ne serait-ce que pour rester en vie et avoir un jour une chance de se faire justice. Ou faire semblant de coopérer pour mieux cacher un quelconque secret.
Bref, cette démonstration de courage a pour principale valeur de ruiner la propagande terroriste mais au fond tout cela est bien premier degré. Je comprends tout à fait le frère d'Imad : son frère était bien plus que cette minute de bravoure, et s'il s'était mis à quatre pattes cela n'aurait rien changé au fond.
Nous valons mieux que ces tarés, ne nous abaissons pas à leur grille de lecture.
Rédigé par : Alex paulista | 21 janvier 2013 à 02:10
Cher Philippe,
Transformer l'horreur en honneur n'empêche pas la tristesse et la sidération.
Selon Emmanuel Lévinas "le Talmud est combat intellectuel et ouverture hardie sur les problèmes, même les plus irritants."
"C'est une attention extrême au réel."
Source : Quatre lectures talmudiques. Les Editions de Minuit.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 20 janvier 2013 à 23:41
@Catherine JACOB | 19 janvier 2013 à 17:40
Ben dites donc, chère Catherine, on ne risque pas de vous voir sur Twitter qui exige que l’on puisse exprimer une idée en 140 caractères maximum.
Ceci dit et tout à fait entre nous, on se demande où est-ce que vous allez chercher tout ça. Nous expliquer d’une façon docte et rationnelle le comportement totalement irrationnel d’un illuminé, il fallait oser le faire… et vous avez osé ! :-)
Rédigé par : Achille | 20 janvier 2013 à 22:10
Non, Monsieur Bilger, ne faisons pas de cet assassinat une cérémonie sacrificielle nationale dédiée à l'honneur, ne faisons pas de sa malheureuse autant que valeureuse victime un demi-dieu. Ce serait faire jouer à l'assassin un rôle bien ambigu...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 20 janvier 2013 à 18:42
@ Xavier Nebout | 20 janvier 2013 à 14:34
"@Catherine JACOB
Vous faites la démonstration de ce qu'en matière de philosophie, faire preuve d'érudition ne fait pas le philosophe. Bien au contraire, le philosophe est celui qui oublie ce qu'ont dit les autres (qui repart à zéro, comme disait l'un d'eux), et une pensée claire s'exprime d'une manière précise et concise."
Merci de m'expliquer ce qu'est la philosophie.
Ceci étant, philosopher ne me paraît pas incompatible avec le fait de lire les philosophes et de tenter ensuite d'éclairer leur pensée, ce que j'ai simplement essayé de faire à partir de la citation de Lévinas par Philippe Bilger. En l'espèce, la question d'Autrui telle qu'elle se pose chez ce philosophe.
Ensuite je l'ai rapportée au sujet du billet.
Ce que je vous permets de critiquer, me concernant, c'est ce dernier point ou encore la façon dont j'ai compris la question d'Autrui.
Vous pouvez également critiquer la pensée de Lévinas, mais indépendamment de ces deux points, en tant que celle du philosophe cité à chaque fois entre guillemets, et pour, par ex. donner raison à sa lecture par Philippe Bilger, mais vous ne pouvez pas me l'attribuer.
Rédigé par : Catherine JACOB@ Xavier Nebout | 20 janvier 2013 à 17:02
Merci de lui rendre hommage. Ce soldat fier et courageux est mort debout, face au fanatisme islamiste. Merah est un type foncièrement mauvais. Il se présente comme un justicier, mandaté par dieu pour punir, pour tuer. Franchement, est-ce que dieu (s'il existe ?) a besoin d'un imbécile comme Merah pour régler ses comptes. Merah, petit esprit malfaisant, endoctriné. Il croit servir l'islam, il lui fait le plus grand tort.
Rédigé par : jack | 20 janvier 2013 à 15:30
Merci Monsieur Bilger de rendre hommage à ce jeune homme qui a perdu la vie parce qu'il était soldat, parce qu'il était Français.
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 20 janvier 2013 à 14:38
@Catherine JACOB
Vous faites la démonstration de ce qu'en matière de philosophie, faire preuve d'érudition ne fait pas le philosophe. Bien au contraire, le philosophe est celui qui oublie ce qu'ont dit les autres (qui repart à zéro, comme disait l'un d'eux), et une pensée claire s'exprime d'une manière précise et concise.
On ne doit tout d’abord pas confondre le visage qui est la forme de l’être, la personne qui est le masque qu’il porte temporellement, et l’être lui-même. Il convient dès lors de savoir à quoi est destiné le qualificatif.
Or, si on peut recommander de ne pas qualifier l’être pour ne pas se confronter à son insondable mystère, M. Bilger vise en réalité la personne qui seule peut être érigée en héros.
Le visage, forme révélatrice de l’empreinte du temps sur l’être, alors que l’être même - autrui - étant hors du temps (l’étance n’est pas dans la durée) est effectivement absent du monde dans une formulation quelque peu capilotractée propice au n’importe quoi cher à Sartre.
Sur le retour : si pour Jésus, nul ne va au Père autrement que par le fils, c’est parce que le pardon ne se construit pas dans une repentance d’essence publique comme chez les juifs, et qui ouvrirait sur un droit, mais sur l’attente d’une grâce à l’issue de la contrition. L’insulte du père par le fils ne se répare pas avec un « excuse-moi ».
Quant à la mystique du corps et le nazisme dont l’attaque constitue en fait l’essence de votre propos comme celui de bien d’autres, là, vous êtes dans le délire.
J’ai laissé passer il y a quelque temps votre trouvaille de Heidegger cherchant le grec pur, et d'Hermès à qui on aurait attribué l’écriture. Vous confondiez grec pur et indo-européen pur qui n’a jamais été physique, et l’écriture avec le signe.
Là, vous reprenez la confusion du père commun indo-européen que M. Heidegger invite à chercher dans les racines d’un vocabulaire originel commun, avec pureté de la race sur le plan physique. Ce n’est pas parce que les nazis se sont intéressés à une race aryenne que l’on trouve d’ailleurs au Pamir cadenassé, qu’ils ne comprenaient rien à Heidegger. Il ne faut pas prendre vos désirs ou ceux d’E. Lévinas pour des réalités. Il est vrai que débloquer sitôt qu’on aborde le nazisme, ça fait partie des obligations pour avoir le droit d'enseigner.
Rédigé par : Xavier Nebout | 20 janvier 2013 à 14:34
@Xavier Nebout
Je rejoins globalement votre analyse à une condition, celle de différencier ceux qui sont véritablement des gangsters, des tueurs preneurs d'otages, vivant de trafics en tous genres et ceux, pauvres laissés pour compte qui ne voient leur salut que dans l'islam radical.
S'agissant des opérations militaires en cours, autant les raids aériens relevaient de l'assistance d'un Etat et de populations en danger, autant l'engagement de troupes au sol, formées du seul contingent français, pose véritablement question.
Le terrorisme est l'affaire de tous et son combat doit faire l'objet d'une concertation au plus haut niveau des grandes puissances mondiales dont l'Europe.
Les décisions périlleuses et précipitées de nos dirigeants seront manifestement lourdes de conséquences à tous points de vues.
Rédigé par : Jabiru | 20 janvier 2013 à 12:42
Merci pour cet hommage à un militaire français courageux.
Rédigé par : Julius | 20 janvier 2013 à 11:28
La mort plutôt que le déshonneur relève du salut de l’âme. Cela est aussi vieux que l’humanité mais complexe quand il s’agit de savoir où on l’on place le curseur, outre que la notion en est différente pour l’homme et la femme.
La notion de héros ne relève pas du salut de l’âme mais de l’Esprit. Le héros est une personne ou un personnage dont le comportement élève l’intention sur soi - l’esprit.
Alors le soldat Ziaten s’est comporté en homme d’honneur. Par contre, ériger en héros celui qui met un foldingue au défi de lui tirer dessus, même si c’était inéluctable, cela mérite quelque réserve. Braver la mort n’est pas héroïque en soi.
Maintenant venons-en à l’essence du propos : la conduite à tenir face à ce qui est appelé « la barbarie ».
La diabolisation de l’ennemi, c’est le refus d’expliquer de peur de justifier. On diabolise le nazisme, le capitalisme, Sarkozy et d’une manière générale, tout ce qui n’est pas de gauche et athée. Et au bout du bout, ce qui n’est jamais diabolisé, c’est le communisme, c'est-à-dire le diable lui-même.
Comprendre Mohamed Merah n’est pas le justifier mais il faudrait ouvrir les yeux : quel est le sort réservé à ceux qui n’auront jamais de nation ni de patrie, et qui seront toujours plus ou moins des parias dans notre pays, du moins jusqu’au moment où les individus de souche européenne auront été submergés ? Comment s’étonner que certains ne voient leur salut que dans l’islam radical et ses combattants ? On pousse les gens vers la folie, et ensuite on les diabolise pour fuir toute responsabilité. Quelle hypocrisie !
Sur ceux que l’on poursuit au Sahel, on aura tout entendu : un jour ce sont des gangsters, le lendemain ils se vouent à la mort en Algérie. Un jour ils sont honnis par la population, le lendemain ils s’y fondent et des soldats désertent pour les rejoindre.
La guerre terrestre au Mali est plus qu’une erreur, c’est une faute contre l’esprit dans la mesure où les Africains seront humiliés d’avoir été « sauvés » par les Français. Il fallait former des instructeurs africains chez nous, et non aller former nous-mêmes les soldats africains. Quelle pourra être à l’avenir l’autorité et la fierté d’un officier de l’armée malienne ?
Des raids aériens avec un pilote malien dans l’équipe, lui en attribuer les mérites, et faire ainsi le futur général de l’aviation malienne, voilà qui aurait été intelligent.
Echanger l’aide au Mali contre un engagement à reconnaître les Touaregs, voilà qui aurait été intelligent.
Nous, nous faisons une guerre de nuls pour la gloire du nul !
Rédigé par : Xavier Nebout | 20 janvier 2013 à 11:16
Monsieur Bilger, est-ce à dire que selon la sagesse talmudique nous ne devrions pas qualifier votre billet qui est un hommage à ce soldat et aussi à sa mère dont la dignité nous a tous émus ? Regrettable, des compliments s'imposaient !
La sagesse talmudique selon MM. Levinas et Finkielkraut est sans doute l'exégèse ou plus simplement une interprétation sortie de son contexte LOL. La pensée de ces deux personnalités est quelquefois difficile à appréhender, à percevoir LOL LOL
Rien de tel dans ce qui est enseigné par le Talmud Torah - et dans les écoles du même nom -, mais il est vrai que les Grands Rabbins disent qu'il faut une vie pour comprendre, assimiler le Livre Sacré... une vie entière ne serait pas suffisante pour certains, enfin pour la plupart, comprendre la très grande majorité !
En tout cas aucune mère juive LOL ne s'est jamais et encore approprié cette sagesse talmudique LOL LOL
Rédigé par : Pietri S - Quatre minutes d'honneur... 1/2 | 20 janvier 2013 à 07:32
Rédigé par : Nath | 19 janvier 2013 à 07:04
Oui, bien qu'étant plus shorterien que coltranien, je continue de m'émerveiller des transes où s'enroulent ces immobiles derviches, autant pour McCoy que pour John, peut-être même davantage.
Envoyez-nous un lien, qu'on ouïsse de quoi vous vous alimentez, nulle raison que sois le seul à ouvrir ma discothèque.
Bon, pour n'être pas totalement hors sujet, je dirais de Roselyne B. qu'elle était défendable comme femme politique, moins sur le terrain du médiatique où on se demande pourquoi les acteurs de ce premier champ sont automatiquement versés, nous prouvant comme le notait fort justement Véronique que ces deux mondes n'en font plus qu'un.
Debord, Debord, Debord... encore et toujours.
AO
Rédigé par : oursivi | 20 janvier 2013 à 02:29
J’ai toujours eu une grande admiration pour nos militaires et un profond respect envers les soldats tombés pour la France.
Un para qui refuse de se coucher devant son bourreau, c’est autrement plus digne qu’un président qui se couche sans broncher devant une association LGBT.
Un soldat qui reste debout et la tête droite devant la menace de mort, c’est autrement plus respectable qu’un président qui se fait recadrer par des gays et qui courbe l’échine par peur d’un caca nerveux.
Militaire est plus qu’un métier, c’est un état d’esprit, c’est un don de soi pour les autres.
Quand on s’engage dans l’armée, on ne s’appartient plus, on n’appartient plus à ses proches, mais on appartient à la Nation et on accepte de la servir loyalement, jusqu’à la mort s’il le faut. Le soldat se sacrifie pour sauver son pays et pour que les survivants continuent à vivre.
C’est pourquoi il est important de couvrir de tous les honneurs le soldat et de lui rendre hommage lorsqu’il est tombé sous le feu ennemi. La nation rend hommage à celui qui est tombé pour elle.
Cependant il y a un écart grandissant aujourd’hui entre, d’une part, les militaires, qui sont attachés à l’idée de défendre la patrie, les valeurs républicaines, les traditions, l’hymne et le drapeau et, d’autre part, le reste du pays, plutôt matérialiste, nombriliste et décadent.
Et aujourd’hui il faut avoir une sacrée dose d’abnégation et une foi inébranlable en son pays pour obéir aux ordres d’un président bobo qui s’est acoquiné sans vergogne avec des antimilitaristes pour conquérir puis exercer le pouvoir, et qui fait de son mieux pour abîmer la société.
Quant aux fous d’Allah, on devrait embaumer leur dépouille dans une peau de porc. Ça les dissuaderait de vouloir mourir en martyr !
Rédigé par : RF | 20 janvier 2013 à 01:32
Je voulais faire un lien avec un film assez remarquable qui se nomme Quatre minutes de Traude Krüger (2008) avec une excellente Hannah Herszprung, où ces quatre minutes sont les quatre dernières minutes du film où une détenue impulsive joue toute sa vie sur une scène avant de retourner en prison.
Mais après la salve d'applaudissements qui suivra sa version de Bartók hallucinée, où elle rajoute de la rythmique en tapant sur le piano, sur ses cordes, les faisant grincer, déstructurant le morceau dans tous les sens, on sent que sa vie aura irrémédiablement changé, changera irrémédiablement par la suite.
Pour montrer que quatre minutes peuvent tout changer - faire des héros par exemple.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 20 janvier 2013 à 00:48
Ce parachutiste honore les troupes d'Afrique, il rappelle le courage de ceux qui ont cru dans la France ; ce n'est pas pour rien que des liens très forts unissaient les officiers méharistes à leurs hommes.
Rédigé par : Perplexe-gb | 20 janvier 2013 à 00:44
Un homme est mort debout, sans peur dans son regard, pour l’honneur et la dignité.
Quelques mois après un Président normal, François Hollande et son ministre de la Défense ont passé en revue le 12ème régiment de cuirassiers d'Olivet pour les traditionnels voeux aux armées.
Rien d'exceptionnel, si ce n'est que tous les détachements militaires sommés à la cérémonie ont eu pour ordre, par note de service officielle suite à une demande du GSPR, de retirer percuteurs pour toutes les armes et les platines des pistolets. L'usage veut simplement que les chargeurs soient vides.
Une version originale du double principe de précaution, qui prévaut chez ce Président normal.
Au cours de la cérémonie, F.Hollande présentait ses vœux aux autorités et celles-ci s’arrêtaient au niveau des généraux. Pas un mot pour les officiers, les sous-officiers, les officiers-mariniers, les militaires du rang, marins et aviateurs et personnels civils de la Défense.
Rédigé par : Tipaza | 19 janvier 2013 à 23:14
Bravo ! Première intervention internet (malgré mes 40 ans). Et merci... à vous deux.
Rédigé par : AsG | 19 janvier 2013 à 22:57
Merci Monsieur Bilger, pour ce bel hommage au parachutiste Imad Ibn Ziaten. J'ajouterai seulement, et dans un autre registre, les propos et attitude d'une grande dignité et civisme de sa mère.
Rédigé par : Trekker | 19 janvier 2013 à 22:05
Oui Monsieur Bilger,
Quatre minutes et l’Éternité...
Je me souviens tout petit et sachant lire depuis peu être passé avec mon père devant le monument aux morts du village. Monument austère sur les quatre faces duquel sont inscrits en lettres d'or les très nombreux noms de garçons du village partis un jour sur réquisition défendre la patrie dont ils ne connaissaient le contour que par la carte suspendue dans leur classe.
Au sommet sur l'une des faces ces trois mots : NE PAS SUBIR.
J'avais demandé à mon père ce que cela voulait dire. Il avait esquissé un sourire.
Je n'ai pas attendu que mes propres enfants me posent la question pour leur expliquer ce que cela signifiait de rester debout.
Concernant la référence à la sagesse talmudique et à monsieur Alain Finkielkraut sur la qualification d'autrui, je reste dubitatif.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 19 janvier 2013 à 20:35
Que dire d'autre que...
Rien, finalement.
Courage et dignité.
Et humanité, également. Face à la mort.
Rédigé par : lambertine | 19 janvier 2013 à 18:35
Le commentaire de Philippe Damas résume bien ce que je pense de ce tragique événement. Mais dire, comme la fin du post de M. Bilger, que « ces quatre minutes d’honneur lavent notre société, …….l’humain de qualité qu’on n’a pas su être » aura, hélas, peu de poids face au cynisme fanatique de ces illuminés endoctrinés. L’acte du para IIZ est admirable, sublime même, mais ne représente, hélas, pas notre société toute entière qui n’en a peut-être pas les moyens. Le symbolique du particulier ne représentera pas toujours le général, sociétal.
Rédigé par : Nath | 19 janvier 2013 à 18:27
"C'est ça l'islam" : je voudrais croire que non, mais je n'en suis pas sûr. Ce que j'en connais (lecture du Coran, discussions avec des musulmans, diverses sources d'information...) me laisse dubitatif : religion conquérante ou pas ? religion politique ou non ? religion d'amour ou de domination implacable ? Dieu vengeur ou tolérant ? (mais on lui fait dire ce qu'on veut).
Qui peut m'éclairer ?
Rédigé par : Bélisaire | 19 janvier 2013 à 18:10
«Il paraît que la sagesse talmudique, si on en croit Emmanuel Lévinas et Alain Finkielkraut, est "de ne jamais qualifier autrui".
Outre que cette noble assertion me semble contestable quand tout, au contraire, dans le débat et les polémiques, manifeste que le courage consiste à ne pas se réfugier dans l'abstraction des idées et le vague des pensées mais à mettre en cause aussi qui a pris le parti de choisir les premières et d'opposer les secondes, "ne pas qualifier autrui" nous imposerait, si cette exigence était prise à la lettre, le silence, même devant les comportements les plus remarquables, les attitudes les plus exemplaires. »
Hum.
Pour Lévinas, «Le visage d'Autrui serait le commencement même de la philosophie.» - Entre nous (Essais sur le penser-à-l'autre) -
«Le mot 'visage', celui de l'autre homme y est le maître-mot de la 'révélation' de l'altérité. Puis l'attention de Lévinas se porte sur la constitution même du sujet. Le maître-mot n'est plus le 'visage' rencontré par un sujet déjà constitué, mais la «responsabilité» à l'égard d'autrui, une responsabilité qui structure d'emblée le moi humain et l'égoïsme y perd son statut d'état premier prenant au contraire le sens d'un oubli de ce qu'est le moi humain.»
Qui donc est «Je» sinon le «je» de «je réponds-de-», avant toute rencontre, avant toute expérience, et dont l'inverse serait alors «je me soustrais».
Sartre dira d'une façon remarquable, mais en arrêtant l'analyse trop tôt, qu'Autrui est un pur trou dans le monde. Il procède de l' absolument Absent. En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger, Librairie philosophique Vrin, Paris, 1967, p. 198.
On dit qu'«en 1934, Lévinas n'avait que peu étudié le Talmud mais que son intuition le conduisait sur un chemin sûr», celui-ci : « Le temps, condition de l'existence humaine, est surtout condition de l'irréparable. Le fait accompli, emporté par un présent qui fuit, échappe à jamais à l'emprise de l'homme, mais pèse sur son destin... Le judaïsme apporte ce message magnifique. Le remords - expression douloureuse de l'impuissance radicale de réparer l'irréparable - annonce le repentir générateur du pardon qui répare. L'homme trouve dans le présent de quoi modifier, de quoi effacer le passé. Le temps perd son irréversibilité même. Il s'affaisse énervé aux pieds de l'homme comme une bête blessée. Et il le libère. , Ce qui correspondrait à ce que le Talmud appellerait le «retour» qui non seulement efface le passé, mais a même le pouvoir, sous certaines conditions, de transformer la faute passée en mérite.».
Ce qui va extrêmement loin. Dans le cas que vous évoquez, l'irréparable est double. Il est celui de l'acte passé du meurtre du parachutiste Imad Ibn Ziaten, et celui de la balle perdue du sniper qui a mis un terme définitif à toute possibilité de, en somme, 'rachat'. Ceci étant, il reste son frère.
Ce que vous appelez 'noble assertion' vise techniquement, en réalité, le fait que «Dès l'instant où j'ai qualifié autrui par un attribut, autrui en tant que tel s'est envolé. Autrui n'est pas un individu dans un genre, il n'entre pas sous un concept.»
Donc, jusqu'à Kant, le hors concept concernait le jugement esthétique, mais avec Lévinas et dans la postérité de la «déchirure» qu'a représenté le national-socialisme dans l'humanisme occidental sous-tendu par l'idée de liberté sous ses diverses manifestations, en ce que ce qui définit «la vie de l'esprit », c'est «une mystique du corps» et de ses puissances obscures:
«L'importance attribuée à ce sentiment du corps, dont l'esprit occidental n'a jamais voulu se contenter, est à la base d'une nouvelle conception de l'homme. Le biologique avec tout ce qu'il comporte de fatalité devient plus qu'un objet de la vie spirituelle, il en devient le cœur. [...]L'essence de l'homme n'est plus dans la liberté, mais dans une espèce d'enchaînement. Être véritablement soi-même, ce n'est pas reprendre son vol au-dessus des contingences, toujours étrangères à la liberté du Moi; C'est au contraire prendre conscience de l'enchaînement originel inéluctable, unique à notre corps; c'est surtout accepter cet enchaînement.
Dès lors, toute structure sociale qui annonce un affranchissement à l'égard du corps et qui ne l'engage pas devient suspecte comme un reniement, comme une trahison ... Une société à base consanguine découle immédiatement de cette concrétisation de l'esprit. Et alors, si la race n'existe pas, il faut l'inventer. »
D'où cette conséquence qui tient à l'exigence formelle relative à la vérité et qui est celle de d'universalité:
«Quel est le type d'universalité compatible avec le racisme ? Ce ne peut être la propagation d'une idée ; ce sera donc l'expansion d'une force. L'hitlérisme - - et on peut compléter par cette précision: L'hitlérisme et toute forme d'idéologie susceptible de s'en rapprocher - doit nécessairement conduire à la guerre», puisque que seul le même y est acceptable, et constitue également « la négation de l'humanité de l'homme. ».
D'où la relation à Autrui ne saurait se définir ni comme la relation d'identité, ni comme une relation d'altérité, le premier cas, comme le second conduisant à la négation et de ce qui ne se définit pas comme le même et de ce qui se voit définit comme Autre/étranger/Autrui.
Au-delà du dévoilement d'objets, autrui, en guise de visage, se dénude de ses formes de l’apparaître ou de son masque de personne ou de citoyen -. Autrement que savoir, Editions Osiris, Paris, 1988, p. 33.
Autrui comme pur interlocuteur n'est pas un contenu connu, qualifié, saisissable à partir d'une idée générale quelconque et soumis à cette idée. Il fait face, ne se référant qu'à soi - Entre nous (Essais sur le penser-à-l'autre)
, p. 38.
Dire qu'autrui ne m'apparaît pas comme objet, ne signifie pas seulement que je ne prends pas l'autre homme pour une chose soumise à mes pouvoirs, que je ne le prends pas pour un "quelque chose". C'est affirmer que le rapport même qui, originellement, s'établit entre moi et autrui, entre moi et quelqu'un, ne saurait, à proprement parler, se loger dans un acte de connaissance qui, comme tel, est prise et compréhension, investissement d'objets. Hors sujet, Editions Fata Morgana, 1987, p. 60
Et c'est là où on peut trouver un moyen de prendre en compte ce que vous décrivez de cet Assassinat du héros:
Imad Ibn Ziaten n'est pas un 'visage', il n'est pas un interlocuteur possible, il n'est que ce corps obstacle 'entre-nous', à savoir non entre le même et le même mais, entre le désir et l'objet du désir, ici le scooter qui a sa place dans le plan de MM, mais au-delà encore de cela, il est aussi le texte où inscrire par la suppression de ce corps dont Imad Ibn Ziaten se déclare toujours le seul maître en ne pliant pas ou en m’obtempérant pas, l'expansion de la terreur à l'adresse de tout ce qui est extérieur à la relation d'identité qui englobe également ce cas de figure :
«Le tueur s'adressant à sa victime à terre, morte : "C'est ça l'islam, mon frère. Tu tues mes frères, moi je te tue.". ».
Et, c'est aussi de l'intérieur d'une telle relation que MM se trouve parallèlement dans le déni d'avoir un jour à répondre.
Pour revenir à Lévinas, son travail philosophique le conduira vers une phénoménologie de l'amour.
- Le présent commentaire s'est aidé de cette présentation du travail de Lévinas -
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Pardon pour ce commentaire fleuve, mais je terminerais bien la question du déni de réalité qui est aussi celle de « la négation de l'humanité de l'homme. » par la citation de ce petit débat du net où l'on trouve cette question d'un dénommé Pois Chiche:
«Si on fait assez de pompes, peut-on arrêter les balles d'automatiques avec les pecs? si oui, combien faut en faire par jours?!»
Ainsi que la réponse d'un dénommé Y Q:
«Cela dépend de ce que tu appelles 'arrêter'. Une balle traversera la peau et s'enfoncera dans la chair, utilisant son énergie cinétique pour s'enfoncer davantage. Certains balles de petites puissances seront arrêtées par un os. Il peut y avoir une différence entre des pecs musclés et contractés et de la chair flasque. Dans le premier cas, la résistance supplémentaire peut être suffisante pour empêcher la balle de ressortir de l'autre côté. De ce que j'en sais, les chances de survies sont plus grandes quand la balle ressort donc ce n'est pas trop recommandé.
Voici donc mon conseil : si on vous tire une balle dessus, restez décontractés !» - No comment
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Rédigé par : Catherine JACOB | 19 janvier 2013 à 17:40
Ce crétin no-limit a été au moins utile à une chose, il a totalement déconsidéré la cause qu'il entendait servir.
Ses monstruosités ont été telles qu'il a dégoûté ici les possibles futurs impétrants dans la carrière à si bien se couper de tous, musulmans radicaux compris.
Il est mort aussi misérablement qu'il a vécu, autant contre lui-même que contre les autres, bête enragée qu'on ne pouvait qu'abattre, au grand soulagement même de ceux dont il se croyait proche.
Être involontairement cathartique.
Quant à l'autre qui lui fit face, il resta debout comme l'homme qu'il était.
On le sait désormais sans l'ombre d'un doute.
AO
Rédigé par : oursivi | 19 janvier 2013 à 14:59
Si l'on peut comprendre les réticences de la famille à la publication de ces éléments pour le strict respect de leur souvenir du disparu, il n'empêche que la connaissance dans le public du courage devant sa mort assurée manifesté par ce jeune militaire français impose au plus haut point le respect.
Non il n'a pas cédé à la peur. Non il n'a pas voulu fuir comme l'aurait désiré son assassin. Oui il s'est dressé dans l'honneur face à un barbare qui aurait bien aimé l'abattre comme un chien couard.
Imad Ibn Ziaten est un héros au sens le plus large du terme.
Rédigé par : Robert | 19 janvier 2013 à 14:46
Philippe Damas a pris le bon chemin, sans jeu de mot.
Mais qu'est-ce qu'on nous chante ? On va nous refaire la saga de tous ces demi-sel, Florence Cassez, Ingrid Betancourt, le Comte de Monte-Cristo ?
Quelle pitié de voir une classe intellectuelle se chercher des héros dans des tiroirs si profonds. Fichez-nous la paix avec vos héros !
Rédigé par : Savonarole | 19 janvier 2013 à 14:13
Magnifique hommage à ce militaire dévoué à son pays et tué par un barbare.
Ces illuminés sont des sauvages qu'il faut traiter comme tels. Le terrorisme est l'affaire de tous et l'Europe reste taisante ou en palabres. C'est à ces moments-là qu'il nous faudrait une Europe unie et structurée se mobilisant pour faire barrage à ce cancer qui va finir par nous pourrir la vie. A quand une armée européenne, une diplomatie européenne, une fiscalité européenne, un code pénal européen ? Il est évident qu'aucun chef d'Etat ne veut lâcher un pouce de sa souveraineté nationale et que dans ces conditions, cette Europe n'a aucune chance de progresser. Aujourd'hui nous sommes seuls au Mali et pas grand-monde n'est prêt à participer à une lutte qui concerne tout le monde. Et pendant que nos braves soldats vont risquer leurs vies, le Parlement européen va continuer à parlementer et à palabrer. Et FH qui a osé, risque de se retrouver rapidement le dos au mur pendant que d'autres s'en laveront les mains.
Merci l'Europe !
Rédigé par : Jabiru | 19 janvier 2013 à 13:51
C'est bien, c'est très bien, j'adhère à votre CinémaScope en couleurs Kodakrome. Je pleure.
Moi je connais un Gérard Courtecuisse, de La Garenne-Colombes, âgé de 50 ans, père de trois gamins, qui s'est fait casser la boîte crânienne par trois Merah, parce qu'il photographiait les lampadaires de sa ville à la nuit tombée. Il en est mort. Personne n'a songé à "scénariser" sa mort.
Rédigé par : Savonarole | 19 janvier 2013 à 13:28
Excellent texte, comme la plupart des textes de Philippe Bilger. Néanmoins cet acte d'héroïsme ne nous lave pas de nos lâchetés quotidiennes. Dommage que le frère de ce héros ne comprenne pas que la publication de cette vidéo glorifie son frère et accable encore plus son assassin !
Les terroristes ne me font pas peur, ils n'entraînent que mon mépris !
Rédigé par : Madelyne DELCROIX | 19 janvier 2013 à 13:11
Honneur et Patrie.
Cet homme est allé au bout de son serment. Respect et compassion.
LA MORT N'EST RIEN.
La mort n'est rien,
je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
Sans emphase d'aucune sorte,
Sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin.
Rédigé par : Tipaza | 19 janvier 2013 à 12:20
J'ai appris par vous, Philippe, comment se sont déroulées les dernières secondes de la vie de ce soldat.
Je ne peux rien ajouter à ce texte, sinon vous dire combien il m'a ému et donné à penser.
Rédigé par : Frank THOMAS | 19 janvier 2013 à 12:04
Merci pour cet hommage, que vous pouvez élargir aux militaires sur les théâtres d'opération, pour leur bravoure et leur sens de l'honneur.
Pendant que certains politiques font les guignols, que la fête médiatique bat son plein, des hommes risquent leur vie pour défendre nos valeurs.
Rédigé par : Camille | 19 janvier 2013 à 12:04
Je ne pense pas du tout que ces 4 minutes d'honneur lavent notre société de quoi que ce soit.
Elles élèvent Imad Ibn Ziaten, et font de lui une exception, prouvent son courage et sa force de résistance. Elle furent la preuve d'un courage individuel et devraient servir d'exemple, mais elles ne rejaillissent nullement sur quiconque et encore moins sur la société toute entière.
Ce serait vraiment trop facile d'être une société héroïque au prétexte qu'un seul le fût.
Rédigé par : Philippe Damas | 19 janvier 2013 à 11:32