Le civisme est-il sadique ?

La Rochefoucauld qui ne nous a pas laissé une once d'illusion sur nous-mêmes avait prévenu : on supporte aisément les maux d'autrui.

Il me semble que cette vérité décapante et insupportable est encore plus éclatante quand il s'agit de l'infortune des personnalités publiques et des avancées foudroyantes de la justice quand elle a le loisir et la liberté de pouvoir s'en prendre à elles.

Comment ne pas s'interroger ces derniers jours sur cette étrange satisfaction qui a comblé beaucoup de citoyens, dont je suis, et permet de se demander si le civisme n'est pas un tantinet sadique ?

La justice, dans l'affaire communément appelée Tapie-Lagarde, ce qui est offensant pour tous ceux qui y ont été mêlés jusqu'au plus haut niveau de l'Etat sous le précédent quinquennat, mène, depuis peu de temps, un train d'enfer et progresse à bride abattue.

Ce dossier, dont on peut affirmer sans risque qu'il constitue sans doute l'entorse la plus scandaleuse à la République irréprochable promise en 2007, se rapporte au dédommagement de 409 millions d'euros obtenu par Bernard Tapie, intégrant 40 millions de préjudice moral, à la suite d'un arbitrage rendu par trois arbitres dont deux au moins, Pierre Mazeaud et Jean-Denis Bredin, paraissaient insoupçonnables mais ont laissé probablement un troisième, Pierre Estoup, magistrat à la retraite, gouverner la chose comme il l'entendait et selon les prescriptions qui lui avaient été faites, dans un cadre qui ne laissait plus aucune latitude à l'intégrité.

A plusieurs reprises, sur Twitter ou ailleurs, j'avais déploré l'impression désastreuse d'un enlisement procédural destiné à laisser mourir, exsangue, une procédure que l'initiative courageuse de quelques-uns avait eu tant de mal à faire advenir au niveau de la Cour de justice de la République en vertu de cet adage français si souvent vérifié que plus une affaire est grave, moins elle sollicite et plus on la tue avec une sage lenteur. On n'a même pas besoin de coup de grâce, il suffit de bien gérer l'agonie.

Mais, soudain, la justice et la démocratie - qui, depuis le mois de mai 2012, ne font plus morale à part - se sont déchaînées.

Le 24 janvier, perquisitions aux domiciles de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde devenu patron de France Télécom.

Le 25 janvier, perquisition au cabinet de Me Gilles August, avocat, alors, du Consortium de réalisations (CDR) et conseil de Jérôme Cahuzac aujourd'hui. Perquisition le même jour au domicile et au cabinet de Me Maurice Lantourne, avocat de Bernard Tapie.

Je suis persuadé que l'exigence du secret professionnel va jouer à plein et que, dans les nombreux documents saisis, certains, peut-être les plus compromettants, seront écartés du débat.

Perquisitions enfin, le 29 janvier - coup de tonnerre - aux domiciles des trois arbitres (Mediapart).

On comprendra pourquoi, face à cette formidable accélération de l'Etat de droit, mes héros n'ont pas été les deux députés socialistes s'embrassant sur la bouche pour la frime lors d'une manifestation ou même Christiane Taubira mais Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, les trois magistrats instructeurs qui ont si efficacement poussé les feux et que je ne connais pas personnellement.

Cela fait du bien de pouvoir affirmer, aujourd'hui, que l'instruction chargée des dossiers que la République considère comme importants et sensibles a de l'allure. Non seulement parce que, pour l'instant, le pouvoir politique ne la bride pas mais parce que les magistrats qui assument cette mission sont à l'évidence des personnalités de qualité - compétences et caractères accordés. Notamment Marc Trévidic, Jean-Michel Gentil et ses collègues, Renaud Van Ruymbeke et les trois cités plus haut.

Sur ce plan capital où justice et politique ont eu tendance à se combattre au lieu de conjuguer leurs forces contre l'ennemi commun qu'est l'immoralité publique, dorénavant nous sommes sortis du marasme et des risques d'étouffement pour emprunter les chemins de vive lumière. Je ne suis pas naïf et ne présume pas que l'avenir ne sera fait que de roses judiciaires mais tout de même, quelle embellie ! Rien que pour cela, j'éprouverais le besoin d'être équitable en faveur d'un gouvernement et d'un président qui n'y sont pas pour rien.

Alors, se réjouir quand surgissent dans l'effervescence médiatique et politique des noms comme ceux de Nicolas Sarkozy, de Claude Guéant, de Jean-Louis Borloo, plus tous ceux déjà mis en évidence constitue-t-il une attitude honteuse, médiocre, étriquée ? Applaudir lorsque la justice précipite le mouvement, sans tomber évidemment dans l'expéditif - on en est loin ! - signe-t-il une propension déplorable au sadisme, à une conception dévoyée de la démocratie qui ne serait fidèle à elle-même qu'en causant du mal aux puissants, aux privilégiés, aux intouchables ?

Je ne crois pas. Dans le sentiment collectif qui s'exprime confusément ou clairement face à chaque secret levé, chaque scandale dévoilé, à toute compromission révélée à l'encontre des transgressions, qu'elles soient le fait de l'Etat, de tous les pouvoirs, des institutions et des élites, il n'y a rien d'indigne. Au contraire.

Mais du soulagement et de l'espérance.

Comments

[Rédigé par : zefir]

@Alex paulista

La France se radicalise aussi. Selon un sondage récent plus d’un tiers des Français trouveraient les idées du FN tout à fait acceptables. Pour autant aucun pays étranger ne vient bombarder la France pour dérive fasciste. Pourtant, le fascisme n’est pas moins dangereux pour la démocratie que l’islamisme.

Les pays occidentaux peuvent estimer que la dérive fondamentaliste de certains pays musulmans constitue un danger pour eux mais rien ne les autorise à les bombarder pour cette unique raison. Si j’étais Arabe ou Africaine, je craindrais vraiment le bellicisme de l’Occident car les expéditions militaires punitives se succèdent à une vive allure ces dernières années (quasi une nouvelle chaque année). Et à chaque fois, le pays que l’Occident prétendait sauver d’un dictateur ou des terroristes islamistes se retrouve durablement déstabilisé pour les décennies à venir. Il en ira de même pour le Mali tant que le Nord du pays ne sera pas pacifié et la question des revendications touareg réglée. Vous croyez que la France s’en soucie ? Elle s’en contrefiche puisque seule la sécurisation des mines d’uranium du Niger l’intéressait.

Pour finir, je ne crois pas une seconde que le radicalisme de certains pays musulmans préoccupe l’Occident et la France en particulier car les pays qui financent l’islam radical et le terrorisme islamiste sont les alliés fidèles de l’Occident. Je pense bien évidemment au Qatar et à l’Arabie Saoudite qui promeuvent le wahhabisme.

[Rédigé par : Nath]

Tipaza,
« L’expérience de Milgram a montré que la capacité d’obéissance d’un individu à une autorité lorsqu’il considère celle-ci comme légitime peut le conduire à se comporter en tortionnaire, sans aucun état d’âme. »
L'excellent film d’Henri Verneuil « I comme Icare », 1969, avec Y. Montand décrit cette expérience.

« C’est ainsi que les systèmes tyranniques se mettent en place avec un minimum de moyens oppressifs. »

L’Allemagne d’Hitler, la Chine depuis 1949, la Corée du Nord, la Birmanie et tant d'autres régimes d'opérette ont donc un minimum de moyens oppressifs. Ou alors vous assimilez démocraties (même imparfaites) et dictatures ?

« C’est pourquoi, une vraie société démocratique doit admettre en son sein des contestataires qui jouent le rôle d éveilleurs en remettant en cause les présupposés de la société »
Mais alors, question : le « mariage pour tous », la PMA, la location d’utérus rentrent dans cette catégorie d’éveilleurs qui « remettent en cause ces présupposés de la société, etc. » ?

Les « Whistleblowers » aux USA jouent ce rôle
d’« éveilleurs de conscience ». Mais aussi le journaliste Daniel Ellsberg avec les Pentagon Papers,1971 (sur l’état réel de la guerre au Vietnam), Vaclav Havel sur la Normalisation en Tchécoslovaquie, Henri Dunant à la bataille de Solférino (qui donna naissance à la Croix-Rouge), le Général de Bollardière (qui s’opposa à la torture durant la guerre d’Algérie), Emile Zola (Dreyfus) et bien d’autres…

C’est donc dans ces démocraties ou parfois dans des états totalitaires (même en Chine, Place Tien an Men, l'homme barrant les chars et d'autres activistes) que ces personnes se sont levées, en « éveilleurs de conscience, en contestataires ».
Vaste question…

[Rédigé par : Véronique Raffeneau]

@ Jabiru

Un mot en réponse à votre post, qui me permet de mieux développer mon idée.

Je crois qu'il faut dix mille fois plus qu'un changement de pouvoir pour qu'un magistrat exerce véritablement son indépendance.

Etre confronté en début de carrière, à vingt-sept ans, à la mort d'un homme, est à mon sens une épreuve telle que la gravité profonde de cette expérience détermine sur le fondamental, pour la suite, la manière de construire un parcours professionnel.

En lisant les mots du billet tellement exagérés : "avancées foudroyantes de la justice", "formidable accélération de l'Etat de droit", "les chemins de vive lumière", Philippe parlant de "l'héroïsme" de ses anciens collègues, lesquels - accrochez-vous ! - auraient fait preuve d'une indépendance époustouflante, alors qu'ils ont simplement et confortablement exercé leur métier - ni plus, ni moins -, j'ai d'entrée pensé, en comparaison, au jeune Van Ruymbeke de 1979.

Ce retour en arrière a suffi pour ramener les choses, les mots, les hommes, bref le propos excessif et surdimensionné du billet à l'équilibre et à la mesure.

[Rédigé par : zenblabla]

Merci bien Tipaza votre allure circonstanciée !
Au moins parler pour rien prouverait que certains savent écouter pour ne bouter qu'en touche...
De mon côté, y'a collusion !

[Rédigé par : Pietri S]

Carl+Larmonier 12.57

Clockwork Orange LOL (livre d'anticipation en 1962 et film en 1971) : cette satire de la violence extrême et d'une brutalité redoutable d'une cité urbaine dans laquelle un gang de droogies a pris le pouvoir et terrorise alentour traite du conditionnement classique, comme l'obsession pour "Ludwig von" etc., donc du réflexe de Pavlov, concept très éloigné des 'oeuvres du Marquis de Sade' qui a donné le sadisme.

Les ressorts psy ne sont pas du tout comparables même si dans les deux cas, il y brutalité, violence et climat malsain !

[Rédigé par : le tricard]

Bal des faux-culs ...
L'essentiel c'est d'avoir un pouvoir pour se payer l'autre qui dérange...

Alibi suprême : ciiiviiiisme... juuuustttiiiice... et au nom du peuple qui doit être vengé...

Et laissons le champ libre à l'intime conviction... justification et preuve suprême de nos règlements de comptes... en toute indépendance bien sûr... évidemment...

[Rédigé par : Catherine JACOB@Tipaza]

@Tipaza | 03 février 2013 à 20:52
"C’est pourquoi, une vraie société démocratique doit admettre en son sein des contestataires qui jouent le rôle d'éveilleurs en remettant en cause les présupposés de la société."

Tout à fait exact, et l'hôte de ce blog en est un bon exemple, de même que le cardiologue qui avait signalé à l'Agence du médicament des effets secondaires très indésirables et qui, par téléphone, s'est fait remonter les bretelles par, il me semble un conseiller municipal, professeur de cardiologie, que ses alertes avaient apparemment dérangé vu ses propres accointances avec je ne sais trop quel labo, et qui est retourné tout penaud dans son coin, attitude qu'on imagine mal, cependant et fort heureusement, voir adopter par notre hôte, et où l'on déniche, fort heureusement, les journalistes, du fait que, effectivement, il avait signalé de vrais problèmes.

[Rédigé par : Carl+Larmonier]

Bonjour Monsieur Bilger,

Sadique rime avec Kubrick mais il n'y a rien de sadique dans le cinéma de Kubrick sauf, peut-être, Orange Mécanique.
Autant les rictus et les grimaces de Jack Nicholson avec une hache dans Shining pouvaient me faire rire, autant je n'ai jamais pu regarder Orange Mécanique en entier. Je pense que ce brillantissime réalisateur avait dépassé les limites (les siennes et celles du spectateur ) justement en voulant montrer, anticiper une société de l'ultra-violence.
L'ultra-violence, c'était le thème du film finalement. Maintenant l'anticipation a peut-être rejoint la réalité, avec une sorte de banalisation de la violence.
Violence gratuite.
Violence en série comme une série d'évidences.
Pour moi, là est la source d'un véritable sadisme qui se voudrait devenir pratiquement civique.

Bonne journée

[Rédigé par : Xavier Nebout]

Tipaza

Magnifique cours de philosophie du droit en vingt lignes.

Quand on pense qu'il y en a qui perdent leur temps à Sciences Po.
Ceci dit, le précis Dalloz d'histoire des idées politiques est très bien. On y trouve même ce qu'est la tyrannie.

[Rédigé par : Tipaza]

@ Boris & Catherine JACOB

Inutile d’associer le sadisme au civisme, le civisme seul peut suffire à la création de situations insupportables.
L’expérience de Milgram a montré que la capacité d’obéissance d’un individu à une autorité lorsqu’il considère celle-ci comme légitime peut le conduire à se comporter en tortionnaire, sans aucun état d’âme.

La fusion de la conscience individuelle dans un ensemble plus vaste, celui de la conscience collective, peut conduire à un abaissement du niveau moral de l’individu. C’est ainsi que les systèmes tyranniques se mettent en place avec un minimum de moyens oppressifs.
Ces systèmes peuvent être religieux ou politiques, ce qui importe c’est la capacité d’adhésion au collectif. D’où la stratégie de manipulation mentale, par la propagande, que l’on appelle maintenant la communication, qui est déterminante. Le soumis se considérant heureux, et il l’est, soit parce que la liberté est un fardeau trop lourd à porter pour lui, soit parce qu’il ignore que le modèle proposé est injuste et donc illégitime.
Reste évidemment à définir le concept de juste, qui dépend des fondements philosophiques et religieux, et là on risque de boucler, suivant le langage informatique.

C’est pourquoi, une vraie société démocratique doit admettre en son sein des contestataires qui jouent le rôle d éveilleurs en remettant en cause les présupposés de la société.

[Rédigé par : Pietri S]

Le civisme est-il sadique ? bien heureux celui qui oserait hasarder une réponse cohérente... et universelle...LOL

Ce billet et celui qui l'a précédé, re Taubira qui console, et les nombreux débats difficiles à ne pas entendre... sont la manifestation des formes les plus dégénérées d'une démocratie immature et malade :
- Alors que ces débats auraient dû traverser la société française, excluant toute appartenance politique, à cause de l'allégeance faite à leur parti, tous les députés voteront selon l'ordre du parti et très très peu le feront selon leur conscience.

La France devra donc respecter une loi scélérate dont la majorité des citoyens ne veut pas...

De quel type de démocratie la France se revendique-t-elle ?

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Boris 13.05

En complément à la formule bien connue de votre dernière phrase, certains esprits malins LOL ajoutent "mais sans les Français".

[Rédigé par : Boris]

@ Catherine Jacob

Ce que vous dites n'est pas faux. Je vous soumets cependant l'équation suivante :

A = civisme.
B = sadisme
A ∩ B = René Bousquet, ses émules d'ici et d'ailleurs.

[Rédigé par : Catherine JACOB]

Civisme (Définition du Larousse) :
1) Attitude d'attachement à la communauté nationale et à ses institutions et de participation régulière à ses activités, notamment par l'exercice du droit de vote.
2) Priorité donnée par le citoyen aux intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers.

Sadisme (Définition du même Larousse):
1)Perversion dans laquelle la satisfaction sexuelle ne peut être obtenue qu'en infligeant des souffrances physiques ou morales au partenaire (pour Freud, le sadisme est le détournement sur un objet extérieur de la pulsion de mort).
2) Plaisir pris à faire souffrir, jouissance tirée du malheur des autres.
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Alors en quoi la priorité donnée de bonne foi aux intérêts de la nation sur nos propres intérêts serait-elle susceptible de nous procurer une jouissance maligne si ce n'est lorsque l'intérêt de la nation est détourné de son but propre, le bien de la collectivité, de façon à produire subrepticement un malin plaisir à mettre son prochain dans l'embarras ou dans l'ennui ou carrément dans la m...e. Ou encore en quoi faire notre travail serait-il susceptible de nous procurer la même jouissance perverse, dès lors que l'accomplissement de ce dernier s'accompagne de l'exercice non abusif d'un pouvoir sur autrui, lorsqu'un tel pouvoir est corrélatif ou indissociable de la tâche, si ce n'est lorsqu'on sélectionne les tâches dont l'accomplissement ne pourra que s'exercer dommageablement à l'égard d'autrui et de façon non nécessaire ?

Autrement dit, lorsque les intérêts de la nation sont servis dans l'apparence, tandis que la jouissance à se cacher derrière eux pour notre propre satisfaction, est le but effectivement recherché.

Mais, chaque fois que nous n'écoutons pas notre voix intérieure, ou encore celle de nos concitoyens, quand l'une nous susurre ou que l'autre nous clame, qu'il y a d'autres moyens de servir l'État ou la nation ou la collectivité ou les intérêts d'une minorité, que ceux qui nuisent à notre prochain ou encore à tous, cher monsieur.

[Rédigé par : Jabiru]

@ Véronique Raffeneau

J'ai vu ce documentaire ainsi que le film sur l'affaire Boulin et j'ai lu le livre écrit par sa fille "Le dormeur du Val". C'est édifiant !
Ce jeune et brillant juge dont vous parlez a dû être remué par cette affaire et lui aussi doit souhaiter que toute la lumière soit faite, suicide ou crime d'Etat. La proposition de l'ex-ministre Charbonnel à la garde des Sceaux devrait théoriquement produire des effets positifs sur la réouverture d'une instruction. Nous verrons bien si le Parquet en a la volonté et le pouvoir.

[Rédigé par : zenblabla]

Oui !
Il y a une bien étrange fusion entre ce que l'on peut constater être le civisme, et ce que l'on peut constater être l'envahissement avec le lynchage comme le supporte le civisme.

Si tout cela ne tenait qu'à moi, et si l'arbre à palabres était encore de racines biologiques enfouies dans le civisme, je jetterais le lynchage et retiendrais le civisme...

[Rédigé par : Boris]

@ Carl+Larmonier

Le marquis est quand même bien verbeux et ennuyeux. Parlez moi de Restif, à la bonne heure...

@ Tipaza

"il y a belle lurette que la justice n’est plus rendue au nom du Peuple français".
Faisons les comptes de la justice populaire en s'en tenant au non discutable - la Grande Terreur et l'Epuration posant, comment dire, des problèmes épineux... Et donc :

17 août - 29 novembre 1792 ; 10 mars 1793 - 10 juin 1794 ; 18 mars - 28 mai 1871.

Total : 1 an et 264 jours. 0, 8 % de la période post-1789. 11 mois de plus que l'Espagne - pardon, que Barcelone.
Notez qu'aux Etats-Unis, en Allemagne (les Spartakistes n'ont pas eu le temps de juger...), en Italie, etc., c'est zéro. Pour la Russie, joker... En Angleterre, il faut remonter à Cromwell et aux diggers...

Wie Gott in Frankreich leben.

[Rédigé par : calamity jane]

..."le premier article de la loi qui devait soi-disant être en discussion pendant quinze jours...
J'ai été assez étonnée que la droite n'ait pas été plus présente dans l'hémicycle"...

La partie d'entente cordiale en politique avec pour point de mire le cumul des mandats ! qui faisait partie de la énième proposition...

Cahuzac et Tapie ? Y a un monde entre les
deux hommes et les deux affaires.

[Rédigé par : Tipaza]

« Mais, soudain, la justice et la démocratie - qui, depuis le mois de mai 2012, ne font plus morale à part - se sont déchaînées. »

Ah… vous le pensez vraiment, ou ce sont les dernières directives de la rue de Solférino, ou alors vous avez été illuminé par les chandelles de la Chandeleur ?

Si la démocratie est, ou devrait être, le gouvernement du peuple par le peuple, il y a belle lurette que la justice n’est plus rendue au nom du Peuple français.

Elle fut, dit-on dans les milieux de gauche, une justice de classe au service des puissants. Remarquez que cette façon d’être ne me gêne pas outre mesure, les puissants passent, il leur arrive même de trépasser et d’être remplacés par d’autres puissants.

Elle est à présent une justice idéologique, au service d’une idéologie vieille de plus d’un siècle, le socialisme et ses avatars, pour qui seuls les petits, les sans-grade, qui le valent bien parfois, ont raison, quelle que soit leur déraison.
Et à cela s’ajoute un corporatisme choquant, un officiel corporatisme qui plus est. Il n’est pas normal que des magistrats s’organisent en syndicats, en syndicats affichant des préférences politiques. Les magistrats ne sont pas des citoyens comme les autres, ils ont un pouvoir discrétionnaire sur la vie d’autrui. Qu’on ne me dise pas qu’ils respectent la loi, ils l’interprètent, car la loi ne peut être respectée et appliquée qu’après interprétation.
Ils s’auto-immunisent de leurs fautes, et s’auto-pardonnent leurs égarements. Inutile de citer l’affaire d’Outreau qui collera à la justice comme la tunique de Nessus, mais il existe des dizaines de cas semblables, moins médiatisés.
Alors que des citoyens fonctionnaires qui revendiquent d’être inamovibles (enfin presque), qui s’auto-jugent en s’absolvant, s’érigent en corporation pour défendre leurs intérêts est suspect, pour le moins, de partialité.
On attend de voir le même acharnement face aux politiciens de gauche n’ayant pas respecté la loi, que celui qui a prévalu face à ceux de droite.
J. Cahuzac sera-t-il traité de la même façon que son prédécesseur E. Woerth ?? Un exemple parmi d’autres, je ne suis pas son avocat.

Remarquez, les magistrats ne sont pas les seuls à se constituer en corporation intouchable, les médecins également, qui pendant longtemps, tout comme les magistrats ont couvert les fautes des collègues, vieille règle du corporatisme. Mais voilà, les patients insatisfaits de leur médecin se sont tournés vers la justice. Vers qui les citoyens insatisfaits de leur juge pourront-ils se tourner, des jurys populaires, des juges élus, donc mobiles, et comme tout élu "non influençable, et donc soucieux du seul intérêt public" (les guillemets sont de rigueur).

Bien entendu, je ne connais rien de rien à la justice, et le regard que je porte est un regard extérieur, que l’expert peut balayer d’un revers de main, avec un bel effet de manches.

Quant à la démocratie, puisque vous liez la justice et démocratie, l’attachement de la gauche pour la démocratie représentative qui permet toutes les combinaisons et son aversion pour la démocratie directe et le référendum en disent long sur la crainte du regard du peuple. Mais ça peut changer, si bénéfice il peut y avoir pour la gauche. Souvenons-nous du refus de l’élection du président au suffrage universel et de la Constitution de la V° République.

Il n’empêche, « il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark » et pas seulement au Danemark.

Évidemment ce post est une caricature, mais qu’est-ce qu’une caricature sinon une exagération d’un défaut qui existe réellement ?

[Rédigé par : Carl+Larmonier]

Je suis d'accord semtob (même si je crois que c'est hors-sujet, c'est un peu le hors-piste), on peut quand même trouver toute l'œuvre du marquis de Sade dans la bibliothèque de La Pléiade.
Je n'en ai parcouru qu'une fois un par curiosité.
D'une - je m'attendais à un cataclysme de sadisme (c'était Justine et les infortunes de la vertus, je m'en souviens)
Bon, alors, avec ce qu'on peut trouver comme monceaux d'horreur dans moult thrillers (que je ne lis pas mais que je sais qu'ils ne sont que le reflet de l'hyper-violence présente dans la plupart des films d'action se mêlant au thriller et réciproquement, actuellement), là, ça me paraissait pâle, en comparaison.
Secundo, je trouve qu'il écrivait excellemment bien (cela ne doit pas être pour rien que son œuvre soit dans la collection de prestige qu'est La Pléiade ).

Je pense qu'on y verra Michel Onfray, en comparaison, quand les poules auront des dents.

J'ai fait pour le coup un poème en l'honneur de Michel Onfray

Poème pour un Michel Onfray qui m'effraie.

Le silence éternel de ces espaces infinis de chouettes-effraie m'effraie.

Le silence éternel de ces espaces infinis de Michel Onfray m'effraie.

Très bonne journée à tous.

[Rédigé par : Pietri S]

Xavier Nebout 23.10

Des questions techniques, des points techniques de très haute volée, des montages financiers, comme des tuyaux de poêle, tout à fait gênants pour B. Tapie ont été soulevés par Jérôme Cahuzac et Charles de Courson, lors de la commission d'enquête parlementaire.

Beaucoup de députés étaient présents à l'ouverture, pour voir la bête de scène sans doute, mais la salle s'est rapidement vidée... le débat était très très technique, à la portée de quelqu'uns, peu accessibles à la majorité des parlementaires présents qui a été rapidement larguée : Aurélie Filipetti (et d'autres) alors députée a tenu à peine une heure ! Tapie comme à son habitude répondait à côté, empruntant rapidement le chemin de l'émotion, de sa souffrance, celle de sa famille, des trémolos dans la voix, l'oeil humide.

Que ce dossier ne soit pas définitivement archivé ne surprendra aucun de ceux qui ont compris la portée des questions/points soulevés qui étaient des questions de fond, il est ranimé par un autre biais, c'est de bonne guerre ; peut-être que Jérôme Cahuzac y voit un moyen de diversion, provisoire, pour sa propre affaire : d'un politique il faut s'attendre à tout, surtout la préservation de ses droits et avantages personnels, bien avant ceux du bien public !

[Rédigé par : Véronique Raffeneau]

"Mais, soudain, la justice et la démocratie - qui, depuis le mois de mai 2012, ne font plus morale à part - se sont déchaînées."

Mais, soudain, un mois plus tôt, en décembre, en dépit des gesticulations gouvernementales pour contrer son projet, B. Tapie est revenu au premier plan sur la scène médiatique et politique.

Il devient alors urgent d'actionner et de précipiter le levier justice.

Non ?

Vous voyez : le sentiment spontané qu'inspirent les perquisitions, dont vous vous réjouissez et que vous qualifiez de collectif, se résume à peu près à cela : bof, bof...

J'admets la petitesse, voire l'indigence de ma réaction au regard de votre déclaration enflammée : "avancées foudroyantes de la justice", "formidable accélération de l'Etat de droit", "mes héros" !

Mais en dépit de tous vos efforts, dans l'esprit commun, la justice des affaires, celle qui se déploie dans le luxe tapageur, la "formidable accélération de l'Etat de droit", selon votre description..., suscite plutôt de la défiance et demeure d'entrée réduite, assimilée et confondue avec l'exercice d'une justice politique.

"...Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, les trois magistrats instructeurs qui ont si efficacement poussé les feux..."

Depuis décembre, l'élément nouveau - Nice-Matin, Le Provençal - leur a sans doute pas mal facilité les choses.

Vous n'y pourrez pas grand-chose.

Dans l'esprit commun, quels que soient les personnalités et les partis au pouvoir, la suspicion d'une justice politique est la règle.

Pour agrandir mon angle d’approche.

J'ai regardé cette semaine un documentaire consacré à l'affaire Boulin.

Selon moi, ce qui a consolidé de façon indéfectible la probité, la mesure et l'exemplarité d'un juge comme R. Van Ruymbeke est le fait que jeune juge, il ait eu à affronter le pire. La mort d'un homme.

[Rédigé par : Jean-Marc]

Crédit lyonnais : banque nationalisée par les spécialistes. Haberer ami de Rocard nommé par les spécialistes 88-93.
Quasi faillite de la banque et création du CDR : pertes 17 milliards.

1996 : incendie du siège parisien : deux départs de feu simultanés : une année pour débuter l'instruction !
1998 : incendie de trois hangars où sont logés les archives d'une filiale du CL.

Le CL est mandaté par Tapie pour vendre Adidas.
Le CL se le vend à travers des sociétés écran à un prix inférieur de 100 millions d'€ (illégal de léser son client et illégal de racheter le bien personnellement).

Les juges, dixit eux-mêmes, « assurent avoir subi de très fortes pressions de leur hiérarchie pour prononcer la faillite immédiate du Groupe Tapie » , ce qui empêche tout recours contre le CL puisqu'il devient propriétaire du groupe lésé.

Effectivement la justice accélère M. Bilger me voilà rassuré !

[Rédigé par : Xavier Nebout]

Donc, en clair, sur les trois arbitres, nous aurions deux couillions ( Mazeaud et Bredin) qui se seraient fait enfumer par un spadassin de Sarkozy (Estoup).
Oui, mais dans quel but ?
Lors des débats parlementaires, personne n'a me semble-t-il contesté que Bernard Tapie ait été la victime du Crédit Lyonnais, ni même que l'addition risquât d'être beaucoup plus salée pour l'Etat si la procédure judiciaire devait arriver à son terme.
Alors, le scandale serait donc qu'on ait dit à M. Estoup de se débrouiller pour en finir, quitte à ne pas lésiner pour dédommager B. Tapie, puis que C. Lagarde ait suivi.

Mais de quel éventuel scandale parle-t-on ? Où est l'enrichissement personnel ? La corruption, l'avancement ? Y a-t-il eu "rétrocommissions" ? On ne peut même pas regretter que les loubards du CL ne soient pas passés à la casserole car il y avait prescription.

Cette affaire me fait penser aux aumônes que N. Sarkozy serait allé chercher chez Mme Bettencourt.

Tout cela sent le faux scandale, la fausse indignation antisarkozyste ; et franchement, l'antisarkozysme, y en a marre !

Par contre, là où je verrais bien un scandale, c'est dans l'intention de revenir sur une décision d'arbitrage qui vaut au moins autant que l'immense majorité des décisions de justice.
Ou alors, M. Bilger, il faut ouvrir le grand livre des décisions de justice pourries et des magistrats pourris.
Et si, juste pour rire, dans l'affaire d'Outreau, on s’intéressait aux juges qui en pleine connaissance de cause, ont continué à condamner des innocents pour ne pas trop désavouer leurs collègues ?
Moi, je leur collerais bien vingt ans de prison.

[Rédigé par : duval uzan]

Frank THOMAS | 02 février 2013 à 13:49
"Cette photo voulue par ces deux députés est d'une lourdeur argumentative et d'une bêtise à faire vomir.
D'abord, en mettant ainsi en scène de façon spectaculaire un baiser sur la bouche, ils disent sans le vouloir, les deux ineptes, que le fait que deux hommes s'embrassent est une chose extraordinaire à leurs yeux, le contraire, exactement, de ce qu'ils cherchent, disent-ils, à démontrer"

Tout à fait d'accord avec vous.
C'est pitoyable !
Pendant ce temps on a voté le projet de loi.

[Rédigé par : Catherine JACOB]

"Mais du soulagement et de l'espérance."

Peut-être mais ça n'empêche pas le premier article de la loi qui devait soi-disant être en discussion pendant quinze jours d'avoir été voté et l'amendement principal qui avait trait à une clause de conscience, rejeté.

J'ai été assez étonnée que la droite n'ait pas été plus présente dans l'hémicycle pour voter ou réclamer davantage de discussion et que sur 577 députés seuls 348 étaient présents pour voter.

Les uns font un coup de force qui consiste à dénier au peuple son droit d'être consulté directement sur un sujet aussi important et les autres ne sont mobilisés que dans la rue, sous l’œil de caméras. Si les opposants avaient tous été présents pour faire leur travail, ils auraient pu avoir la majorité des présents.

L'opposition n'est ni sérieuse ni fiable dans son rôle d'opposition et je suis franchement dégoûtée.

[Rédigé par : Boris]

@ Polochon
"Je crois que le seul élu important à avoir été condamné à la prison est de droite (Alain Carignon)".

Au PS, il y a quand même le Biarrot Jean-Pierre Destrade... Mais sur une commune qui possède son principal palace, il y aurait beaucoup, beaucoup à dire...

Sinon, même au PC, il y a des canards boiteux... Mais vous m'accorderez que ni Philippe Poutou, ni Nathalie Arthaud n'ont jamais été soupçonnés de corruption. La pureté est peut-être dangereuse, mais elle est honnête.

[Rédigé par : duval]

Ils ont voté ! Bravo !
Les papas vont pouvoir se marier entre eux et les mamans correspondantes aussi !
Alors où est le problème c'est un mariage pluriel.
Mettez-vous à la place de ces enfants ! Il paraît qu'il y en a dans les 400.000.
Ils vont aller au mariages de leurs parents les hommes d'un côté les femmes de l'autre ! C'est cela le progrès. Quelle dérision !
Et dire que l'on sera obligé de passer par là avant le mariage religieux.
Cela me rappelle une publicité : "l'écolier c'est pour les enfants".

[Rédigé par : JMT]

O virginité, robe noire du juge muée en angélique tunique de candeur. Qu'il est bon de vivre dans un pays d'honnêteté asymptotique. Voilà que se lève l'aube de la pensée admirable, où plus aucun Maire ne pourra se faire bâtir une villa après trois ans de mandat, où les députés ne réclameront plus que la modeste rétribution de leur labeur et leur présence, surtout leur présence à l'assemblée. Où les gens de gauche vivront comme le peuple et où les gens de droite auront la conscience que leur magistère est dédié au bien-être de la Nation. Cincinnatus n'en reviendra pas qui, du seuil de sa chaumière, verra défiler des Villetard en nombre, retrouvant leur modeste foyer après avoir donné cinq ou dix années de leur temps à la Nation. C'est là que les communistes rendront les châteaux qu'ils occupent, aux enfants des banlieues, que le CCE d'EDF restituera les abus sans nombre que sa gestion inspire. On en profitera pour recompter le nombre de ponts, de routes, d'hôpitaux d'écoles et de dispensaires sans compter les établissements publics et privés laissés à l'Algérie, on se rappellera que le grand législateur inspirateur de notre droit actuel est Louis XV, que Blum et Ferry tenaient des propos racistes et on en viendra à avouer que les dirigeants politiques ne valent pas mieux que le reste du peuple, qu'ils ont seulement moins de scrupules.
Bref, tout cela est invivable. On va se réjouir de voir encore des arrangements dénoncés, mais en regrettant que ce ne soit pas la Justice qui en sorte grandie, seulement ceux qui l'auront inspirée et qui, se croyant désormais "intouchables" céderont aux mêmes vertiges. J'adore lez Robespierre car on finit toujours par leur couper la tête, à ces sales c...

[Rédigé par : Tipaza]

Ce discours de Robespierre date du 8 thermidor an II. Comme vous voyez, les fripons ont vite triomphé !

Boris | 02 février 2013 à 18:22

« Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable ! »
dit la Merveilleuse Thérésa Tallien.
Il est vrai que le « pouvoir exécutif » de l’époque était dissuasif !

[Rédigé par : Christian C]

Polochon,

tapez donc sur votre moteur de recherche préféré la recherche suivante: "liste des élus condamnés".

Il vous faudra visiter deux sites distincts pour avoir, sur l'une la liste des condamnés UMP, sur l'autre la liste des condamnés dits "de gauche".

Quoi qu'il en soit, je vous garantis que vous allez y passer un bon moment.

[Rédigé par : FC]

Je suis méfiante à l'égard de cette "indépendance" du pouvoir qui se manifeste dans l'affaire qui fait l'objet de votre billet.
Cette embellie, ou ce qui apparaît comme telle, n'est-elle pas seulement rendue possible car elle concerne un adversaire toujours perçu comme dangereux (NS) de l'actuelle majorité au pouvoir ? C'est facile de laisser la justice suivre son cours de manière indépendante quand l'ennemi politique est dans son collimateur.
Cette indépendance serait-elle garantie de la même manière si le travail des juges portait sur une affaire mettant en cause des hommes du PS ? J'ai quelques gros doutes qu'il n'en irait pas de même. Attendons de voir ce que donnera l'affaire Cahuzac, par exemple. Pour ce que j'en sais, il ne me semble pas que tout soit si clair que ça en matière d'indépendance. A voir la manière dont peu à peu l'Etat PS se constitue et dont les collectivités de gauche sont mises aux ordres, le changement de comportement n'est pas encore pour maintenant. Seul le style a changé, plus lisse, en sourdine, l'air de ne pas y toucher et l'art de faire prendre de faire des vessies pour des lanternes.

[Rédigé par : Polochon]

La justice me semble toujours aux ordres.
Comment se fait-il que jamais aucun élu communiste n'ait été condamné ? ni la CGT d'ailleurs.
Sont-ils plus malins que les juges ou plus protégés ?
Je crois que le seul élu important à avoir été condamné à la prison est de droite (Alain Carignon).
A ce niveau-là, je ne crois pas du tout à l'indépendance de la justice.

[Rédigé par : Boris]

"la justice et la démocratie se sont déchaînées..."
Oui, mais comme une vaguelette de baignoire, à peine suffisante pour mouiller Tapie, qui en a vu bien d'autres. Non, lors du dernier déchaînement, on entendait des choses du genre :

"Peuple, souviens-toi que, si dans la République la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l'amour de l'égalité et de la patrie, la liberté n'est qu'un vain nom !
Souviens-toi qu'il existe dans ton sein une ligue de fripons qui lutte contre la vertu publique, et qui a plus d'influence que toi-même sur tes propres affaires, qui te redoute et te flatte en masse, mais te proscrit en détail dans la personne de tous les bons citoyens !".

Ce discours de Robespierre date du 8 thermidor an II. Comme vous voyez, les fripons ont vite triomphé ! A cette époque, Sarkozy et Hollande auraient été employés à l'Assemblée : le premier comme huissier, le second à la buvette... Mais le Nanard national aurait fait un Père Duchesne tout à fait passable !

[Rédigé par : semtob]

Cher Philippe,

Dans les recherches sur le sadisme il est facile à présent de se faire une idée du calvaire qu'a pu endurer le marquis de Sade que certains ignares veulent continuer de persécuter plusieurs siècles après !
Les pièces des dossiers ont disparu. Par contre, les livres de la bibliothèque de Sade sont en lecture libre et il serait temps de rendre au divin Arétin et à Court de Gébelin dans Histoire des troubles des Cévennes, leur place de commentateurs pour comprendre que Sade n'était pas maître ni le précurseur de l'imaginaire de l'érotosadisme. Les fameux os de cabinet de curiosité n'étaient pas non plus une particularité de Sade et la démarche scientifique repose sur des hypothèses ou sur des preuves.
Un juge rouge est-il encore un juge et faut-il comprendre que le principe de neutralité est passé aux oubliettes ?
Que devient la démocratie avec des juges partisans et faut-il mettre l'impartialité aux oubliettes ?
Comment un garde des Sceaux peut-il ordonner à des juges de s'inscrire dans l'illégalité ?
Pour finir sur une note plus actuelle, reprenons tous en choeur avant la réflexion civique du soir la célèbre chanson "Le Chameau" :

"Perdu dans le désert immense,
L'infortuné Bédouin, douin... douin... douin... douin
N'irait pas loin, loin... loin... loin... loin
Si la divine Providence
N'allégeait son fardeau, do... do... do... do
Par un cadeau, do... do... do... do
Ce cadeau précieux,
Ce précieux cadeau
De la bonté des Cieux,
C'est le chameau.
Halli-hallo!
Refrain : Halli-hallo! Et vive le chameau!
Voyez comme il trotte,
Halli-hallo! Et vive le chameau!
Voyez comme il est beau
Hymalaya-Java-Calcutta-Sidiborina, ah! (bis)
Aléa, léa, léa , ohé!
Aléa, ohé, ohé
(bis)

2. Il sait faire la révérence
Et se mettre à genoux, nou... nou... nou... nou
Sur les cailloux, iou... iou... iou... iou
Et sur son dos quand on s'élance
Aussi léger qu'un daim, din... din... din... din
Il part soudain, din... din.. din... din
Yeux fermés, nez ouvert,
Des sables du désert
Il soulève les flots
De ses sabots.
Halli-hallo!

3. Grâce à cet animal utile,
Vrai ch'min de fer vivant, van... van... van... van
De l'Hindoustan, tan... tan... tan... tan
On transporte d'un pas agile
Cachemire et rubis, bi... bi... bi... bi
Et des tapis, pi... pi... pi... pi
De la gomme et du thé,
Du sucre et du café,
Du riz, du cacao,
De l'indigo.
Halli-hallo !"
françoise et karell semtob

[Rédigé par : jean paul Rousselot]

J'apprécie ce billet, toujours bien écrit, bien documenté, lisible, enfin on comprend. Merci.
Une info, celle de J.Cahuzac, à nouveau son nom prononcé. J'ai à nouveau des doutes.

[Rédigé par : SR]

J'ai cessé d'être crédule, Tapie et Taubira s'amusent de nous, et les plus intelligents s'y engouffrent avec candeur :

http://www.leparisien.fr/politique/campagne-tapie-soutient-taubira-25-03-2002-2002925298.php

Ces deux-là sont de mèche pour simuler une mascarade de justice.

[Rédigé par : solomas]

Pierre Mazeaud, insoupçonnable certes, mais "jeunot". C'était son premier arbitrage, je crois.

[Rédigé par : Pietri S]

Monsieur Bilger, excellent billet qui fait souffler un vent de justice rafraîchissant sur l'une des formes dégénérées de la démocratie immature, à la française !

Ces perquisitions diligentées me font toujours sourire : qui peut penser raisonnablement que ces individus seraient assez stupides pour ranger chez eux des documents compromettants. Il existe des coffres à ouvrir au nom d'une femme de ménage/lointaine cousine de province, par exemple, le tout toujours rémunéré LOL

Re. l'affaire Tapie je me souviens de la commission d'enquête parlementaire qui avait vu l'arriver d'une flopée de parlementaires pour voir Tapie, salle qui s'est rapidement vidée, le débat était très technique ! seuls Jérôme Cahuzac et Charles de Courson ont soulevé des points qui ont irrité Tapie, qui a vite trouvé la parade, l'oeil humide, des trémolos dans la voix...

Ce rebondissement n'a rien de surprenant, mais pourquoi si longtemps après... personne n'espère trouver une note manuscrite et signée du Président Sarkozy ordonnant à Christine Lagarde ou à l'un des trois mousquetaires magistrats indépendants qui auraient été grassement rémunérés dit-on, de régler ce que l'Etat doit à B. Tapie, toute affaire cessante LOL

[Rédigé par : Achille]

Bonjour Philippe Bilger,

« La justice, dans l'affaire communément appelée Tapie-Lagarde, ce qui est offensant pour tous ceux qui y ont été mêlés jusqu'au plus haut niveau de l'Etat sous le précédent quinquennat, mène, depuis peu de temps, un train d'enfer et progresse à bride abattue. »

Je comprends mieux pourquoi Bernard Tapie qui, en décembre dernier, avait fait une annonce fracassante en accusant Arnaud Montebourg d’avoir, je cite, «travaillé à mort » pour l'empêcher de mettre la main sur les journaux La Provence et Nice-Matin est devenu soudain très discret.

Il a (de nouveau) des ennuis avec la justice. Pauvre Nanard. Va-t-il être obligé de vendre son superbe yacht de 40 millions d’euros flambant neuf qu'il envisageait d’amarrer dans le vieux port de Marseille ? Non ce serait trop triste !

Bon je ne m’étendrai pas davantage sur ce mélodrame car certains pourraient penser que je fais preuve d’un certain sadisme alors que ce n’est que la manifestation de mon civisme. :-)

[Rédigé par : Robert]

Sur le fond, Monsieur Bilger, je suis parfaitement en accord avec ce billet. J'en extrais le passage suivant :
"La justice, dans l'affaire communément appelée Tapie-Lagarde, ce qui est offensant pour tous ceux qui y ont été mêlés jusqu'au plus haut niveau de l'Etat sous le précédent quinquennat, mène, depuis peu de temps, un train d'enfer et progresse à bride abattue."

Tant qu'il s'agit de personnes a priori classées politiquement dans le camp d'en face, on assiste ainsi à une accélération de la procédure, apparemment sans démesure. Mais la presse est mise au courant des détails des perquisitions...
Cela sent aussi la revanche, et donc une forme d'instrumentalisation. Que les mêmes qui s'en réjouissent n'ont-ils pas eu la même attitude dans l'affaire DSK...

A présent, il faudra bien observer si les ripoux appartenant à la majorité actuelle (il en existe aussi qui ne sont guère démonstrateurs de civisme) "bénéficieront" eux aussi de la même diligence des services judiciaires.

[Rédigé par : Camille]

Le 28 juin 2011, la nomination de Christine Lagarde au FMI a été saluée comme un succès diplomatique de Sarkozy. Même si l'ouverture d'une enquête par la Cour de Justice de la République était seulement en suspens (elle sera effective le 4 août 2011), l'ombre qu'elle laissait planer sur cette nomination était très légère, chacun sachant bien que le travail de cette cour se prolonge habituellement sur plusieurs années.
Aujourd'hui, je ne peux que me réjouir (en toute bonne foi, sans aucun sadisme) de l'accélération soudaine dans ce dossier. La justice et la démocratie ne peuvent qu'en sortir grandies.

Réunir un arbitrage de trois personnes pour faire octroyer le versement de 409 millions d'euros d'indemnités payées par l'Etat à Bernard Tapie est déjà une procédure litigieuse, mais ne pas faire appel du résultat alors qu'un conflit d'intérêt est mis au jour est une faute grave : la proximité entre un des arbitres, Pierre Estoup, et le conseil de Tapie, Maurice Lantourne, jette un doute sur l'impartialité de l'arbitre.

En 2011, à l'ouverture de l'enquête de la Cour de Justice, B.Tapie, souriant, avait déclaré aux journalistes ne pas être inquiet, et que d'ailleurs en aucun cas il ne rembourserait le moindre euro.
Son assurance reposait évidemment sur la qualité de son principal soutien, Nicolas Sarkozy.

[Rédigé par : Frank THOMAS]

Je n'ai rien à ajouter à cet excellent billet.
Du coup vous me permettrez un hors sujet en sautant sur un événement que vous ne faites qu'effleurer : le baiser sur la bouche des deux députés PS.
Il représente dans sa soumission à la dictature de l'image, tout ce qu'il y a de plus lamentablement crétin dans la France d'aujourd'hui.
Certes, le poids de l'image dans la vie publique ne date pas d'hier.
Nos rois eux-mêmes savaient bien l'importance de la mise en scène et prenaient grand soin de fournir au peuple de belles images destinées à le faire rêver et à approfondir son respect et sa vénération.
Mais avec la montée en puissance de la publicité et du rôle de plus en plus important dans la vie publique des médias et des conseillers en communication, l'image est devenue non plus un moyen, mais une fin en soi.
Et ce phénomène de renversement scande notre vie de tous les jours, provoquant chez les plus cultivés et les plus citoyens une irritation croissante.
Cette photo voulue par ces deux députés est d'une lourdeur argumentative et d'une bêtise à faire vomir.
D'abord, en mettant ainsi en scène de façon spectaculaire un baiser sur la bouche, ils disent sans le vouloir, les deux ineptes, que le fait que deux hommes s'embrassent est une chose extraordinaire à leurs yeux, le contraire, exactement, de ce qu'ils cherchent, disent-ils, à démontrer .
« C'est bon ! on a compris ! », a-t-on envie de crier à ces deux pitres. En joignant de façon aussi grossière et lourde le geste à la parole, ils dévaluent et abaissent le message qu'ils prétendent vouloir faire passer et produisent chez les adversaires du projet de loi, ceux qu'il faudrait s'efforcer de convaincre, l'effet inverse de celui qu'ils prétendent rechercher.
Est-ce pure bêtise, ou bien n'y a-t-il pas derrière cette provocation cucul la praline une volonté de marquer la frontière entre ceux qui sont pour le mariage homo et les autres, considérés comme définitivement perdus et stupides ?
Je pense pour ma part que, comme pour les "Gay Pride" qui ne convainquent que les convaincus et qui renforcent tous les autres dans leur détestation de l'homosexualité, le geste de ces deux représentants de la nation est tout à fait contre-productif, et que cela n'est pas innocent.

[Rédigé par : Jabiru]

Nous ne pouvons que nous réjouir de cette formidable accélération de l'Etat de droit sur des affaires dites sensibles, reste à souhaiter qu'elle se poursuive et puisse conclure. Il est essentiel pour notre démocratie que la lumière soit faite sur les 409 millions d'euros accordés à Tapie et sur l'éventuel compte en Suisse reproché au ministre Cahuzac. Il est également essentiel, pour ces mêmes raisons, que la famille Boulin sache enfin, un jour, si l'ex-ministre, maire de Libourne, s'est bien suicidé ou s'il a été victime d'un assassinat. Ce serait consacrer l'existence et la force d'un Parquet indépendant au service de la Justice et des justiciables.

[Rédigé par : Christian C]

Cher Philippe Bilger,

Je partage votre soulagement et votre espérance. Justice sera peut-être rendue.

Vous avez souvent souligné que l’indépendance des magistrats était une question d’état d’esprit ; si cette condition est nécessaire, elle n’est cependant, à mes yeux, pas suffisante. L’indépendance des magistrats -du parquet comme du siège- ne progressera durablement qu’à la condition de ne pas laisser la carrière de ces derniers dépendante -directement ou indirectement- du politique.

La mesquinerie de votre billet résulte plutôt de votre égratignure gratuite adressée à Madame Taubira dont on se demande à quel titre elle serait critiquable au cœur de votre sujet. Hors sujet cette mesquinerie, donc.

Il manquera néanmoins à l’issue du marathon judiciaire, si toutefois il est mené à son terme, l’interdiction aux condamnés putatifs de se présenter pendant… cinq ans, dix ans, plus peut-être, au suffrage de leurs concitoyens.

Je me souviens encore de l’admiration portée par tous les niçois à Jacques Médecin, avec le soutien du quotidien local (indépendance des journalistes, là aussi) et de Charles Pasqua, malgré ses multiples turpitudes au détriment de la population niçoise. Je me souviens aussi de la réélection plébiscitaire de Jacques Mellick, brillant maire de Béthune, après sa condamnation pour témoignage de complaisance et subornation de témoin.

Alors, j’ignore si la réjouissance qui vous emporte, à la citation des noms de Guéant, Sarkozy ou Borloo, est signe de médiocrité ou de mesquinerie. Ma réjouissance, si ces trois personnages et d’autres sont coupables dans cette affaire, serait qu’ils fussent empêchés de nuire, et si possible pour très longtemps.

[Rédigé par : Boris]

Vous n’avez pas tort, monsieur Bilger : il est clair que le nouveau régime est plus respectueux des prérogatives des juges que l’ancien. Ce n’est pas très difficile...

Cependant, le traitement du dossier Guérini dira plus de choses sur la nature de ce respect que la bonne marche de l’affaire Tapie-Lagarde. Il est vrai que si l’indépendance judiciaire est une belle chose, l’amitié socialiste est beaucoup plus noble encore. Son essence réelle réside dans ce passage de Cicéron : « Que deviendrait le plaisir que nous goûtons, quand la fortune nous sourit, s'il ne se trouvait personne pour en jouir autant que nous… Mais beaucoup d'hommes ne reconnaissent de valeur qu'aux choses qui sont matériellement d'un bon rapport et ils aiment leurs amis comme ils aiment leur bétail, à proportion du profit qu’ils en attendent ».

Lorsqu'un bon copain disparaît de l’agenda d’un autre éléphant, c’est encore plus rapide que l’effacement de Trotsky dans l’Encyclopédie soviétique ou que l’annihilation de Winston Smith dans 1984. Pas besoin de ciseaux ni de Police de la Pensée, le malheureux devient spontanément transparent quand on le croise dans les fêtes d’anniversaire.

PS. Sinon, à l’intention de Xavier Nebout, vu qu’il est toujours bon de connaître son adversaire :

http://www.jean-luc-melenchon.fr/arguments/france-3-bourreau-de-la-revolution-francaise/

[Rédigé par : Choubidou]

"la justice et la démocratie - qui, depuis le mois de mai 2012, ne font plus morale à part" : Non !!!
Sont toujours aux manettes, à la validation des comptes de campagne et à la distribution d'une certaine médaille deux individus dans une certaine affaire que je n'arrête pas de dénoncer y compris après mai 2012, et il semble que les accords Rpr/Ump/Ps sont plus forts que les institutions, la justice et la démocratie.

[Rédigé par : Carl+Larmonier]

Bonjour Monsieur Bilger

Pour le coup c'était pour dire, que, ne connaissant en rien cette histoire, cela sera mon unique commentaire mais que je regarderai tous les autres intervenants avec plaisir.
Car je pourrai très bien expérimenter de dire des choses sur une affaire que je ne connais aucunement mais comme le disait Claude Bernard :
"L'expérimentateur qui ne sait pas ce qu'il cherche ne comprend pas ce qu'il trouve."
Donc la seule expérimentation que je vais faire c'est de suivre le débat avec intérêt sans intervenir.

Bonne journée et que le débat soit bon.

[Rédigé par : Arobase du Ban]

M. Bilger vous avez raison de vous féliciter "modérément" des progrès actuels de l'enquête dans l'affaire Tapie-Lagarde.
Un peu d'air dans une République délétère, c'est toujours bon à prendre.