Combien de fois, dans les multiples occasions que la société offre pour s'abandonner à des jeux stupides, ne s'est-on pas demandé ce qu'on aurait été, ce qu'on aurait fait lors des périodes sombres de l'Histoire ? Sous le nazisme, sous le communisme, sous l'Occupation ? Ce qu'on aurait accepté ou refusé dans ces moments terribles où, sans abus de langage, l'humain s'opposant et courageux était sûr de payer de sa vie son audace ?
J'ai conscience que ce type d'interrogation est très artificiel qui nous projette d'aujourd'hui dans hier en nous laissant croire que la rationalité sereine peut aisément se substituer à l'urgence et à l'horreur des temps infernaux.
Il n'empêche qu'un roman récent de Pierre Bayard m'a alerté en formulant cette question : aurais-je été résistant ou bourreau ? L'auteur s'examine pour tenter de deviner ce qu'aurait été son comportement s'il était né "comme mon père en janvier 1922 et m'étais trouvé plongé comme lui dans la tourmente de l'Histoire".
Il me semble qu'aucune réponse légitime ne peut être donnée si on ne récuse pas d'abord la vanité des lucidités et des intrépidités rétrospectives, le privilège trop commode de s'imaginer forcément vertueux et exemplaire et la facilité prétendue du passage sans heurt entre le citoyen moralement impeccable de maintenant et l'homme du passé impliqué dans un monde guère maîtrisable.
Rien ne m'exaspère plus que la certitude absolue d'être du côté du Bien quand on n'a jamais eu à affronter le Mal dans toute son extrémité ni la peur au ventre ni le désir de survivre à tout prix mais seulement une aimable discussion posant de manière théorique les termes d'un débat insoluble. Jamais on ne trouvera dans le présent les preuves de ce qui aurait été notre destin si nous avions été confrontés au pire rouge ou noir, aux dictatures ici ou là. Tout au plus, peut-on se rêver résistant, héros, contradicteur ou dissident.
C'est bien cette espérance qui nous porte quand nous laissons aller notre esprit vers une Histoire où à chaque seconde l'arbitrage était à opérer entre une existence tiède et précautionneuse ou des équipées épiques, grandioses, secrètes, admirables, modestes mais capitales faisant de nous des auxiliaires irremplaçables de l'honneur.
Résistants, en aurions-nous été, en serons-nous si la France se réveillait un jour sous un insupportable joug ?
Qui pourrait avoir l'impudence, l'arrogance de se poser en modèle, de remplacer, sur-le-champ, le doute intelligent sur son héroïsme par l'exaltation narcissique de ses certitudes guerrières ou militantes ?
Personne probablement, sauf à être un imbécile guère pétri des leçons de l'Histoire mais trop empli de soi.
Ce que je souhaiterais seulement, si j'avais à formuler un voeu à propos de mon maintien lors des orages, serait au moins de ne pas créer spontanément des maux supplémentaires, de ne pas aggraver, fût-ce de manière infime, la condition de mes frères humains soumis aux mêmes bouleversements que moi, de ne pas ajouter au malheur du monde sur lequel je pourrais avoir une prise, une influence, une action. Démarche certes minimaliste mais qui est plausible, opératoire : on aurait le droit de l'exiger de quiconque.
C'est bien autre chose qu'inscrire sa marque brûlante comme un héros sur le cours des choses et de vies qui comptent sur vous. Personne ne peut être assuré de cette aptitude au dépassement, de cette témérité faisant que soudain on ne se reconnaît plus parce qu'on s'est oublié pour devenir un formidable acteur, aussi discret qu'on soit, d'une Histoire qui refuse de se laisser dicter sa loi par l'absolu malfaisance et injustice. Les champs de bataille ne surgissent pas n'importe où et dans n'importe quelle âme : en même temps, les héros sont les premiers surpris de l'être.
Aujourd'hui, à entendre le déferlement d'indignation et de révolte, il n'est personne qui n'aurait pas accueilli, sauvé, protégé des familles juives. On sait bien, pourtant, que l'Histoire, contrairement à ce qu'on laisse entendre, enseigne peu et que probablement il y aurait demain le même pourcentage de passifs, de prudents, de solidaires, que lors de cette apocalypse ou d'autres tragédies collectives.
Je perçois ce que l'analyse peut avoir d'indélicat en mettant en parallèle les attitudes historiques et la quotidienneté sans trouble. Mais, à considérer celle-ci, si on veut bien l'appréhender avec bonne foi, on ne peut qu'être surpris - et donc instruit - par la lâcheté vitale, pas seulement intellectuelle, de beaucoup, par la frilosité et le conformisme des rapports sociaux, par une tolérance, une indifférence sans limites. Par une piètre conception de l'honneur d'être homme, libre, responsable, debout. Par la dépendance contre laquelle on ne se rebelle pas. Par l'indépendance pas assez désirée ni conquise.
Cette humanité qui n'est pas capable du meilleur dans, tout de même, le calme d'une Histoire, pourquoi aurait-elle été apte à celui-ci hier, serait-elle prête à lui demain en pleine tempête ?
Nous ne serons pas des héros.
@Nath
Votre remarque est juste, il ne faut pas tout confondre.
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 27 février 2013 à 21:43
Boris
"Il est possible que les Justes dont vous parlez n'ont simplement pas pensé à évoquer leur aide."
C'est tout simplement cela dans la majorité des cas. Relisez ce que j'ai écrit précédemment sur ce sujet : dans les valeurs ayant cours dans les années 40 / 50, n'avait été un véritable résistant ou personne s'étant opposée aux entreprises criminelles de l'ennemi et de ses supplétifs, que celui qui l'avait combattu en armes ou participé à des actes dommageables.
De même vis-à-vis des Français libres de Londres et mobilisés de l'Armée d'Afrique, il y avait une forme de condescendance vis-à-vis de ceux n'ayant pas participé aux combats : "les planqués".
"s'ils étaient fonctionnaires, surtout à l'Intérieur et à la Justice, ils auraient du même coup rappelé ce que cherchaient à faire oublier leurs collègues un peu trop zélés, à des niveaux divers de responsabilité, au CGQJ et ailleurs. Bref, un sujet délicat et peu central, alors que la Résistance incarnait le consensus."
Certes cela a existé chez certains, mais je ne pense pas qu'il faille l'exagérer. Il en était pour ces fonctionnaires, comme pour les personnes que j'évoquais précédemment.
A titre d'exemple et bien que différent, le cas de ce principal d'un lycée creusois qui sauva des dizaines d'enfants juifs pendant la guerre. Cela en les scolarisant sous de fausses identités. Après guerre il ne demanda aucun titre de reconnaissance ou médaille, et n'en fit jamais étalage. Son rôle conséquent ne fut découvert que quasi fortuitement fin des années 1990 !...
Rédigé par : Trekker | 27 février 2013 à 20:47
Josiane Lacombe Minguell | 27 février 2013 à 04:25
Votre empathie est louable. Mais ce que vous décrivez n’a, évidemment, pas les mêmes causes, les mêmes coupables et les mêmes circonstances. Des organismes, le Samu Social, d’autres, anonymes, viennent en aide à ces malheureux. Des centres d’accueil existent, même si parfois peu fréquentés. Même si l’on peut mourir dans la rue, à Paris ou Moscou, dans les camps, les centres « d’accueil » signifiaient souvent la mort, mais dans des proportions bien plus énormes.
Rédigé par : Nath | 27 février 2013 à 19:12
En retard mais quelque chose me taraude : il est très intéressant d'analyser tous ces moments d'un point de vue psychologique : qu'est-ce qui fait que la faim transforme un être raisonnable en bête ? l'instinct de survie et le manque de nourriture qui attaque les circuits neuronaux "normaux". Le stress qui contracte corps et âmes devant la terreur provoquée par des hommes en armes, le désespoir qui évolue en dépression.
Mais : et aujourd'hui ? par des températures inférieures à zéro nous acceptons que des hommes jeunes soient assis par terre, un chien à côté d'eux pour les défendre, souffrant du froid de la faim du désespoir.
Nous ne sommes toujours pas des héros et héroïnes malgré les leçons de l'histoire.
Rédigé par : Josiane Lacombe Minguell | 27 février 2013 à 04:25
Xavier NEBOUT | 24 février 2013 à 10:37
"D’autre part, personne ne savait quelles étaient les horreurs de la sous-alimentation plus ou moins programmée qui régnait dans les camps de déportation. Le fait dans l’épisode du « vel d’hiv » d’avoir exigé que les enfants partent avec leurs parents en est la preuve. L'immense majorité des Allemands eux-mêmes ne le savaient pas tant il est difficile de discerner une telle programmation. L'oubli étant devenu la règle, l'état d'esprit de l'époque n'est pas transmis".
Personne, vraiment personne ? Peut-être que les tickets de rationnement alimentaires n’existaient pas pour les gens en « liberté » ? Peut-être que dans ces camps de concentration, on dînait comme chez Maxim’s ? Et cet épisode des enfants joints avec leurs parents au Vel d’Hiv ? C’était certainement pour qu’ils ne meurent pas de faim ! Quant à cette phrase :
«l’immense majorité des Allemands ne le savaient pas»… peut-être aux débuts mais après ? Les langues se déliaient peu à peu.
Rédigé par : Nath | 27 février 2013 à 01:40
Durant l’Occupation et la 2e GM, des femmes, françaises ou non, ont accompli des tâches pour le compte de « la Résistance », quelle que fût l’obédience. Mais elles se gardaient bien de le faire savoir après, tant était prégnant le machisme des hommes en général, de leurs époux, et celui desdits résistants. C’est un aspect parfois méconnu de cette guerre.
Christian C a écrit : « …..d’une conversation avec un juif, ancien déporté en camp de concentration pendant trois ans, qui refusait obstinément de parler de ce qu’il avait vécu dans ce camp. Sur mon insistance au cours d’une soirée passée ensemble, il finit par me dire en substance la chose suivante : « je n’ai aucune envie de me rappeler ce que j’étais, ni ce que j’ai été capable de faire pour survivre» Ces deux situations paradoxales vécues dans des situations extrêmes peuvent nous donner une base de réflexion sur ce que serait notre propre héroïsme.
Rédigé par : Christian C | 24 février 2013 à 09:14
Les conditions extrêmes de ces camps de travail ou d’extermination, et les récits de survie à l’intérieur de ces camps, parfois insoutenables et impitoyables envers certains, ont fait pâlir l’aura de l’humanité, de l’homme, sans parler de héros. Même si dans ces camps s’organisait aussi la Résistance, qui s’efforçait avec ses moyens d’atténuer les affres de cette disgrâce pour l’Humanité.
Il me revient en mémoire la réaction de mon oncle, prisonnier de guerre à Rawa Ruska, quand, à 15 ans, je le questionnais sur cette détention. Je me heurtais alors à un silence… éloquent.
Rédigé par : Nath | 27 février 2013 à 01:24
Bonjour,
Demandez donc l'annulation d'une assemblée générale de copropriétaires, et vous saurez ce que c'est que l'héroïsme !
Pour le reste la lecture de "Histoire d'un Allemand" de Sébastian Haffner, très recommandée par Alain Finkielkraut, décrit très bien comment les choses se passent, et peuvent se passer encore et encore.
Rédigé par : Duval Uzan | 26 février 2013 à 23:24
@ Nath.
"on se demande bien pourquoi ils ne revendiquaient que ces combats dans la Résistance".
Aujourd'hui, il faut relire Annette Wieviorka pour s'apercevoir du peu de place que tenait le génocide juif dans la conscience nationale, par rapport à la Résistance, au moins jusqu'au début des années 60 (procès Eichmann, sortie du Vicaire, procès des gardiens d'Auschwitz, et actions diverses des Klarsfeld...). Le vrai retournement, ce sont les procès Barbie, Touvier et Papon, l'assassinat de Bousquet, les questions gênantes posées à Mitterrand.
Du reste, ce n'est pas un phénomène français : en 1947, Primo Levi a beaucoup de mal à trouver un éditeur pour Si c'est un homme, qui tire à 2500 exemplaires. Et je ne parle pas de la Pologne ou de l'Ukraine : y avoir aidé des Juifs n'était pas forcément un titre de gloire.
Il est possible que les Justes dont vous parlez n'ont simplement pas pensé à évoquer leur aide. Par ailleurs, s'ils étaient fonctionnaires, surtout à l'Intérieur et à la Justice, ils auraient du même coup rappelé ce que cherchaient à faire oublier leurs collègues un peu trop zélés, à des niveaux divers de responsabilité, au CGQJ et ailleurs. Bref, un sujet délicat et peu central, alors que la Résistance incarnait le consensus. C'était ainsi à l'époque.
Rédigé par : Boris | 26 février 2013 à 12:23
Quand Marc-Aurèle écrivait : "pour chacune des actions que tu fais, demande-toi si la mort est terrible parce qu'elle te prive d'agir en ce cas particulier."*
Que disait-il ? Peut-être proposait-il de s'enquérir auprès du néant du, des choix à faire en tant que vivant ! On peut donc se la poser tous les matins.
Maintenant, s'agissant de résistance dans son propre pays, la comparaison est-elle possible avec ceux qui furent obligés d'aller au front et pour certains aux fronts?
Sans jeu de mots, nous ne serons pas des héroïnes, et c'est tant mieux ! bien sûr entendu en période de conflit parce que en temps de paix c'est donc tous les jours que
certaines, certains le sont.
Rédigé par : calamity jane | 26 février 2013 à 10:00
Nath 24.02.13 - 22.03
Vous avez raison, merci d'avoir corrigé !
Rédigé par : Pietri S. | 26 février 2013 à 06:53
"Nous ne serons pas des héros" titrait le billet de Monsieur Bilger : quasiment tous les commentaires font référence à des heures plus ou moins glorieuses de l'Histoire de France, Monsieur Bilger a donc parfaitement raison, aucun de nous/vous ne sera un héros, puisqu'il faut, selon les commentaires de certains, être en état de guerre, de conflit armé pour se distinguer et accomplir un acte héroïque.
Pas de malentendu, bien sûr que toute guerre a ses héros connus/inconnus, célébrés ou non et qu'ils font partie de l'Histoire de France.
Il y a pourtant des héros de la vie ordinaire, des héros inconnus ; on peut être le héros inconnu d'un autre tout aussi inconnu. Un héros est peut-être parmi nous, autour de vous !
Certains médecins et d'autres sont des héros :
- le Professeur Barnard père de la greffe du coeur
- le Professeur Lantieri ce chirurgien qui redonne visage humain à celui défiguré
- Marie Curie pourtant d'origine polonaise et au début du XXème siècle ce n'est pas rien, première femme en tout, deux Nobel, première femme professeur à la Sorbonne, première femme à l'Académie des Sciences qui par sa vie (tout simplement !) a permis l'accession de femmes aux universités et dont on ne retient que (non restrictif LOL) son travail sur le radium/polonium/uranium pour identifier le noyau nucléraire de la radio-activité.
- Madame Simone Veil est une héroïne, elle est mon héros !
Il me semble que des héros sont parmi nous, parmi vous, en France, en Europe et ailleurs dans le monde ! Il suffit quelquefois de savoir ouvrir les yeux et son coeur !
Rédigé par : Pietri S. | 26 février 2013 à 06:50
@ Nath
"on se demande bien pourquoi ils ne revendiquaient que ces combats dans la Résistance. La gloriole devait impressionner davantage ?"
Désolé de vous faire cette remarque, mais vous êtes là dans l'anachronisme. Rien à voir avec une quelconque gloriole, et encore plus pour impressionner le public. Dans les valeurs ayant cours jusqu'aux années 40 et même après, seuls étaient considérés et par les intéressés eux-mêmes, comme actes réels de résistance : combat en armes contre l'ennemi ou participation active à des actes dommageables à ce dernier.
Certes pour eux le sauvetage d'enfants et la protection d'adultes juifs étaient un acte humanitaire fort respectable mais ce n'était que cela : concrétisation de manière quasi instinctive de leur système de valeurs. Ne pas oublier que les personnes ayant participé à cela avaient connu, ou amplement entendu parler par leurs proches des hécatombes de la guerre de 1914 / 18 et des sanglants combats du printemps 1940. Les risques et conditions des soldats de ces deux guerres leur paraissaient sans commune mesure avec les "petits risques" qu'eux avaient pris pour sauver et protéger des juifs.
A titre d'illustration concrète et pour des actes différents, je vous cite le cas de mon grand-père maternel. De 1941 à 44, sa ferme servait de base logistique à un maquis : hébergement, nourriture, dépôt d'armes et explosifs. Cela lui valut deux descentes et interrogatoires fort brutaux de la Milice, et il échappa de peu à un sort funeste. Pour autant, après-guerre il ne demanda jamais aucune médaille ou titre de Résistance. Pour lui, ancien de 1914/18 qui avait connu Verdun et le Chemin des Dames, les services qu'il avait rendus à la Résistance n'étaient que vétilles et en rien comparables avec sa "Grande guerre". Son cas est loin d'être rarissime, ce fut l'attitude de nombre de personnes ayant fait de même alors.
Je conçois que tout cela est difficilement compréhensible en 2012, tant les valeurs de notre société ont changé en une trentaine d'années, cela encore plus si l'on n'a pas bien connu et conversé longuement avec des acteurs des années 1940 / 45. Là je parle bien évidemment de ceux qui ont réellement agi concrètement à cette époque, et non de ceux qui ont mythifié ultérieurement leurs maigres actions ou qu'une résistance verbale et/ou aide aux juifs du même ordre.
Rédigé par : Trekker | 26 février 2013 à 00:05
Trekker,
Merci de ces précisions. Je voulais dire, en fait, que de simples gens, outre les Eglises, avaient été des héros, des Résistants, à leur manière.
Et « cela relevait seulement d'un réflexe humain d'aide inhérent à leurs valeurs personnelles et celles de l'école publique ».
Quant à « Il n'est pas rare que des instituteurs ou professeurs ayant participé à des sauvetages d'enfants juifs, et conjointement participé aux combats de la Résistance, ne revendiquent après-guerre que ces derniers. On retrouve cette même "omission" volontaire, chez des moyens-hauts fonctionnaires d'autres services de l'État : entre autres un ex-commissaire des RG devenu Préfet à la Libération. », on se demande bien pourquoi ils ne revendiquaient que ces combats dans la Résistance. La gloriole devait impressionner davantage ?
Rédigé par : Nath | 25 février 2013 à 21:16
@hameau dans les nuages
« La Patrie est en danger ? Mais quelle Patrie mon bon ami ?
Vous voulez sa mort et vous souhaiteriez que des gens meurent pour elle »
Là, vous prenez vos désirs pour des réalités ! Vos envolées grandiloquentes (ou votre aveuglement sectaire) vous ont empêché de bien lire ce billet. Mettez vos lunettes : on peut y lire que « Pierre Bayard(…)son fils, s’il était né en 22, résistants, nazisme, sous l’Occupation, etc. ».
Mon horloge spatio-temporelle s’est peut-être arrêtée à cette période. Certes ! Mais peut-être cette dite période n’a rien signifié pour vous ! P.Bilger même nous y ramène dans ce billet. Je ne suis pas hors sujet mais bien dedans. Ce n’est pas parce que P.Bilger dit « nous ne serons pas des héros » que nous serions bêtement obligés de le suivre.
Je vous signale que de nombreux contributeurs de ce billet ont fait référence à la IIe GM, à l'Occupation (Trekker, Boris et d'autres....). Leurs écrits ne comptent pas, que je sache, pour de la roupie de sansonnet.
Enfin, je vous fais grâce de vos gentilles attaques mal embouchées.
@Tipaza
Si je parlais d’une France riquiqui, c’est que face aux Empires économiques qui se dessinent, elle ne représente pratiquement rien, toute seule. Et c'est tout ! Ne me prêtez pas d'autres intentions SVP ! telles que "franchouillard, refuser de défendre sa culture, l’histoire de France, patriotisme fiscal, etc. Vous campez sur des positions rigides, sectaires et dépassées. Je suis bien loin de faire partie de "l’élite bobo" . Vos déclamations révolutionnaires sont très belles. Ah Valmy !, Valmy ! Prenez vite le train pour y aller et défendre la Patrie en danger.
Rédigé par : Nath | 25 février 2013 à 21:04
@ Xavier NEBOUT
Permettez que je laisse la philosophie médiévale là où elle est… la tension entre la raison et la foi est beaucoup plus aiguë que vous ne le dites.
Pour en revenir au sujet du billet, je lis dans le Journal de Léon Bloy, ce chercheur d’absolu patenté, qu’il ne faut demander d’héroïsme à personne. Etant quelque peu fauché, il venait de demander quatre francs à un ami, qui les lui avait lâchement refusés. Aussi s’adressa-t-il à l’infâme anarchiste Zévaco : non seulement ce dernier lui donna la somme, mais il l’invita à boire un café. Je vous laisse trouver la morale de l'histoire...
Par ailleurs, lorsqu’il rencontra en 1895 ce grand ennemi des bourgeois, Zévaco s’était présenté à lui comme athée et matérialiste. Réaction de Bloy : « Si j’étais l’insociable que je fus autrefois, je lui répondrais : « Fort bien, monsieur, je suis charmé de savoir que je suis en présence d’un imbécile ». Mais je m’efforce d’être doux et poli et j’avale patiemment beaucoup de sottises. Je veux croire que l’âme de cet homme vaut mieux que son esprit ».
Une telle évolution vous serait, je pense, des plus bénéfiques. Tenez, vous feriez un anarchiste de droite très présentable, si vous vouliez vous en donner la peine…
Rédigé par : Boris | 25 février 2013 à 18:00
"Les Droits de l’Homme sont réduits par la théorie du genre, nouvelle mode bien-pensante, aux ridicules Droits de l’Humain, en attendant peut-être ceux du mammifère, au point où en en est. Bon là, j’exagère j’en conviens, quoique !!"
Rédigé par : Tipaza | 25 février 2013 à 09:14
Mais non, vous n'exagérez pas ; vous manquez simplement d'audace anticipatrice :
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/02/14/donnons-des-droits-aux-robots_1832927_1650684.html
Mais conférer des droits suppose qu'on impose des devoirs. Par la loi, par les lois :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_lois_de_la_robotique
En attendant, au boulot les robots :
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2013/02/21/une-armee-de-robots-au-coeur-de-fukushima/
Mais cette évolution probable n'implique nullement que l'on jette aux chiens les droits de l'homme et que l'on se satisfasse des conditions de vie et de mort réservées actuellement aux animaux :
http://vimeo.com/57126054
(attention, ces images peuvent choquer)
Rédigé par : Clafoutis | 25 février 2013 à 16:50
Le héros est-il celui qui dit la vérité le premier ?
Serge Papin, PDG de l'enseigne U, a "validé" ma thèse qui affirme que cette affaire de lasagnes au cheval est un gigantesque trafic, un trafic européen, une entente cordiale organisée par les marchands de viande entre eux tous :
- Serge Papin annonce que si de la viande française entrait dans la composition des plats préparés les prix augmenteraient de 10%... autrement dit pour faire correspondre l'étiquetage avec le contenu, ce qui est la moindre des choses, il faudrait une hausse des prix !
S'il est juste de dire qu'on ne peut pas indéfiniment tirer les prix vers le bas... que nous a-t-on donné à consommer jusqu'à présent ?
Rédigé par : Pietri S. | 25 février 2013 à 13:49
Vincent Peillon, lui, ne sera jamais un héros de l'Education nationale !
Entendu au zapping (ONPC) l'aveu d'irresponsabilité absolue de V. Peillon, vraisemblablement ce que pense la classe politique en général :
re. la réforme des 4,5 jours :
"si la réforme ne passe pas, ça ne changera rien à ma vie, je suis fonctionnaire, je suis ministre, j'ai été député, je le redeviendrai..."
Aveu consternant et affligeant de médiocrité ! Irresponsabilité et impuissance doublées d'un cynisme outrancier !
Difficile d'être plus clair quant à son sens de la performance.
Qui pourra/osera croire cette classe politique quand elle prétend qu'elle veut servir la France ; on la savait pas ou peu compétente, arrogante, elle est aussi cynique.
Rédigé par : Pietri S. | 25 février 2013 à 13:41
Boris,
On saisit mieux l’histoire par l’intelligence que par la raison.
De plus, l’intelligence d’un athée est inopérante pour comprendre les écrits de ceux qui ne l’ont pas été.
Par exemple, tel qui connaîtrait sur le bout des doigts la somme théologique et celle contre les gentils de Saint Thomas d’Aquin pourrait se sentir très calé.
Or, l’œuvre de St Thomas est une recherche dans la souffrance religieuse de celui qui sait qu’il ne comprend pas l'essentiel, et il s’est arrêté net sans même finir sa somme théologique le jour où il a compris. Son œuvre est ainsi le contenu non mystique d’une démarche mystique qui en est le contenant. Il en est ainsi de beaucoup de scolastiques, alors qu’à lire le docteur Subtil, on devine qu’il a compris à la joie qui se lit dans ses écrits.
Tel qui se croit donc calé à avoir tout lu n’a en réalité rien compris.
De même, comment l’athée ne peut-il en être qu'à ricaner en entendant Benoît XVI dire que c’est Dieu qui l’a appelé, alors que celui-ci suit un chemin parallèle à St Thomas ?
Ceci dit, rassurez vous, peu ont compris.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 25 février 2013 à 10:10
Ma réflexion suit la vôtre sur cette période et le "qu'aurais-je fait ?".
Mon père, né en 1922, s'est engagé et il s'est retrouvé dans l'enfer de Monte Cassino. Il en est revenu très abîmé et nous a beaucoup abîmés, nous, ses enfants.
J'ai voulu, il y a quelques années, le faire parler de "sa" guerre, dont il continuait à faire des cauchemars et il m'a répondu qu'il ne pouvait pas, qu'il avait bien trop honte, parce que "en guerre, on ne se comporte plus comme des humains mais comme le pire des salauds".
Aujourd'hui, il a 90 ans et il a trouvé sa solution : la maladie d'Alzheimer...
Rédigé par : Jachri | 25 février 2013 à 10:00
"Mais mon optimisme me pousse à croire que des héros, simples quidams ou personnes dotées de l’autorité, du pouvoir, viendront et défendront l’honneur de la patrie et du pays".
Nath | 24 février 2013 à 22:03
Ah, que c’est bien dit. Un peu plus il nous faisait du Corneille :
« Mourir pour le pays est un si digne sort
Qu'on briguerait en foule une si belle mort. »
Le même Nath nous parlait il y a peu d’une France riquiqui et inexistante hors de cet ensemble bureaucratique qu’on appelle l'Union Européenne, et dont les mérites se définissent par les catastrophes hypothétiques, probables, possibles, ou éventuelles, qui nous arriveraient si nous n‘en faisions pas partie... Étant entendu que les catastrophes présentes sont dues à pas de chance, ou presque.
La notion de héros repose avant tout sur la définition de valeurs qui valent que l’on se sacrifie. Et on ne meurt que pour une transcendance qui dépasse la vie. Et cette vie est unique et précieuse, même en faisant l’hypothèse qu’il y en a une autre au-delà.
On atteint là le caractère schizophrénique de la doxa de gauche.
Qui se hasarde à défendre la culture, l’histoire de France, les traditions, est traité de franchouillard par la bien-pensance de gauche (excusez la tautologie). Le mot magique qui déconsidère l’adversaire, un mot bien gras, qui représente tout le mépris de l’"élite" bobo pour le peuple.
Les mêmes à gauche font appel au patriotisme, y compris fiscal, quand il s’agit de défendre… mais défendre quoi… leurs intérêts ??
Les valeurs traditionnelles ont été progressivement effacées par un relativisme insidieux qui fait que tout se vaut. Les valeurs spirituelles sont ridiculisées, et même les valeurs républicaines, celles qu’ont défendues les soldats de l’An II à Valmy sont mises à mal.
Les Droits de l’Homme sont réduits par la théorie du genre, nouvelle mode bien-pensante, aux ridicules Droits de l’Humain, en attendant peut-être ceux du mammifère, au point où en en est. Bon là, j’exagère j’en conviens, quoique !!
Alors un héros, certes, il y en aura, encore et toujours, mais qui acceptera de mourir pour le drapeau bleu de l’U.E. qui pousse dans son coin le drapeau tricolore ?
La question mérite d’être posée. On ne meurt que pour ce par quoi on peut vivre. Et on ne vit pas de règlements et de normes de la Commission.
Rédigé par : Tipaza | 25 février 2013 à 09:14
perplexe-gb 5.26
Qui selon vous sont "les élites" ? à qui faites-vous allusion, ni les journalistes, ni les politiques ne sont des élites, ils se sont auto-proclamés élites, mais qui les reconnaît pour des "élites" ? ? LOL LOL
Rédigé par : Pietri S. | 25 février 2013 à 09:11
Pourquoi ce billet ? Est-ce dû aux attaques dont fait l'objet notre société ?
Aux élites intellectuellement perdues dans la crise ?
Des discussions que j'ai eues avec nos pères qui avaient vingt ans en 40, j'ai retenu que pour être un héros il fallait être jeune, ne pas avoir d'obligations familiales, accepter de quitter les amis, la société. Ils ne furent pas nombreux, mais pas plus que ceux qui se démarquent des autres dans la société.
Aussi je ne perds pas confiance devant la qualité des jeunes d'aujourd'hui, ils en veulent autant que leurs aïeux.
Rédigé par : Perplexe-gb | 25 février 2013 à 05:26
@ Nath
Je me permets une précision quant aux justes. Il n'y eut en tant qu'institutions, ou plus exactement composantes de ces dernières, pas que l'église réformée et l'église catholique (à Lyon entre autres) qui organisèrent le sauvetage des enfants juifs pendant la guerre. L'école publique, primaire, collèges et lycées y contribuèrent aussi fort activement, cela souvent en liaison avec l'OSE : organisation caritative juive, mais non confessionnelle.
Sur ce sujet s'est tenu en 1996 à Guéret (Creuse), un colloque sous l'égide de Serge Klarsfeld et dont les actes sont encore disponibles.
Cette méconnaissance fort répandue du rôle de l'école publique, enseignants et encadrement, dans ces opérations de sauvetage des enfants juifs résulte de deux faits :
Les Eglises n'ont pas manqué après-guerre et à juste titre, de souligner et faire connaître leur rôle dans ces sauvetages : surtout l'église catholique, et probablement pour faire oublier les compromissions vichystes d'une bonne partie de sa hiérarchie. Contrairement à elles, l'école publique en tant que telle n'a guère parlé de sa forte implication dans ce type d'actions.
De même ses instituteurs, maîtres d'école, professeurs et principaux, ont peu évoqué à titre individuel (articles ou livres) leurs actions en ce domaine. Pour la majorité d'entre eux, cela relevait seulement d'un réflexe humain d'aide inhérent à leurs valeurs personnelles et celles de l'école publique. En conséquence ils ne considéraient pas cela comme un acte de Résistance, pour eux les résistants c'est ceux qui avaient combattu l'ennemi et ses collaborateurs.
Il n'est pas rare que des instituteurs ou professeurs ayant participé à des sauvetages d'enfants juifs, et conjointement participé aux combats de la Résistance, ne revendiquent après-guerre que ces derniers. On retrouve cette même "omission" volontaire, chez des moyens-hauts fonctionnaires d'autres services de l'État : entre autres un ex-commissaire des RG devenu Préfet à la Libération.
Rédigé par : Trekker | 25 février 2013 à 01:24
@Nath
"Mais mon optimisme me pousse à croire que des héros, simples quidams ou personnes dotées de l’autorité, du pouvoir, viendront et défendront l’honneur de la patrie et du pays."
La Patrie est en danger ?
Mais quelle Patrie mon bon ami ?
Vous voulez sa mort et vous souhaiteriez que des gens meurent pour elle ?
Je vous rappelle que le sujet est : "Nous ne serons pas des héros".
La schizophrénie vous guette.
Ou votre horloge spatio-temporelle s'est arrêtée à la période 39/45 et encore en confondant la grande aiguille et la petite, en décrivant les symptômes de la maladie et en occultant les causes.
Un nouveau théâtre d'opérations s'ouvre devant vos yeux.
Je suis sûr à vous lire que vous ne resterez pas dans les coulisses.
Pour la Patrie.
Ad honores.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 25 février 2013 à 00:21
Ce billet nous replonge encore et encore dans ces terribles événements que la France a eu à connaître : l’Occupation, la Collaboration, le nazisme et aussi l’Etat maréchaliste français, appelé à l’époque l’Etat français. Des héros, il y en eut, tels des membres (rares) de la hiérarchie catholique (le Cardinal Saliège). Mais aussi les simples quidams français, les Justes, qui au péril de leur vie et des dénonciations se comportèrent en hommes dignes pour sauver leurs frères : une soixantaine officiellement mais certainement bien plus, des milliers selon moi. Par exemple l’action héroïque de nombreuses personnalités ou simples quidams protestants, tels le Pasteur André Trocmé et sa femme, qui, au village de Chambon-sur-Lignon, accueillirent et cachèrent 2500 enfants Juifs. Enfin, parmi les personnalités, consuls étrangers ou français, officiels de tous ordres, il y en eut qui relevèrent l’honneur de l’humanité.
Alors, les autres ? D’abord, ceux qui s’en fichaient, l’immense majorité, je crois, par égoïsme, par ignorance des enjeux réels. Puis, ceux qui entraient dans le jeu de la collaboration, attirés par l’appât du gain, par la haine du Juif ou du communiste ou du résistant, enivrés par la propagande nazie. Ceux que Sartre appelait les salauds. Enfin, les têtes pensantes du « système » : le Maréchal Pétain d’abord avec ses deux ordonnances sur les Juifs (nov. 1940), Laval (celui qui dans un souci humaniste considérait «qu’il fallait joindre les enfants à leurs parents» pour les envoyer dans les camps de la mort), Darquier de Pellepoix, et tous les autres ministres, collaborateurs zélés de la politique de la « Révolution nationale » du Maréchal.
Ceux que l’on pourrait nommer des héros agissaient souvent par patriotisme, pour défendre la nation contre l’envahisseur mais aussi pour se révolter contre l’Etat d’alors. Là aussi, il y en eut pléthore, dont beaucoup payèrent de leur vie.
Quant aux bourreaux, ils appartenaient au groupe cité plus haut. Et il y en eut, aussi, dans les services de Laffont et autres, mais aussi chez d’autres quidams, motivés par le racisme, l’appât du gain, les dénonciations, le simple sadisme...
Alors, des bourreaux et des héros ? La gent humaine est riche en spécimens, selon les moments et les époques. Il est intéressant que notre hôte pose cette question : "Résistants, en aurions-nous été, en serons-nous si la France se réveillait un jour sous un insupportable joug ?".
Personne, pour l’instant, ne peut répondre à cette question. Mais mon optimisme me pousse à croire que des héros, simples quidams ou personnes dotées de l’autorité, du pouvoir, viendront et défendront l’honneur de la patrie et du pays.
@Pietri S
A propos de JJ Goldman et sa chanson, ne confondez-vous pas avec Göttingen ?
Rédigé par : Nath | 24 février 2013 à 22:03
Excellent billet de notre hôte, sur ce sujet je ne peux que conseiller de lire ou relire "Les champs de braises" de Hélie de Saint Marc et notamment les chapitres qu'il consacre à son vécu dans la Résistance et à Buchenwald. Instruction, éducation, croyance et milieu social, rien de cela ne permet de présumer qui sera un héros, un suiviste, un lâche, un salaud, etc. face au danger et à la mort, d'autant plus si cette dernière sera la conclusion d'une litanie de souffrance. A Buchenwald toutes les valeurs et hiérarchies auxquels croyaient de Saint Marc qui avait alors vingt ans, se sont fracassées face à la vérité des hommes dans un tel contexte.
L'héroïsme est loin d'être toujours visible et flamboyant, il peut être obscur et bien plus grand. A ce sujet Hélie de Saint Marc fait un parallèle entre l'officier commandant une section au combat, et celui qui était une "boîte aux lettres" ou radio dans la France de 1941/44. Ces derniers étaient dans leur immense majorité voués à l'arrestation, à la torture et à la mort dans des conditions atroces, cela sans quasi aucune possibilité de "vendre leur vie" en se défendant les armes à la main. De plus, ils étaient seuls face à l'attente de cette échéance.
Pour Hélie de Saint Marc cet héroïsme obscur dans la solitude demande une force morale bien supérieure. Selon ses propres termes "il est plus facile d'être courageux voire héroïque, quand on porte un uniforme avec des barrettes d'officier et face au groupe d'hommes que l'on commande". Saint Marc avait quelques compétences pour dire cela, vu qu'il avait été officier pendant près de quinze ans à la Légion étrangère.
Sur ce qui conduit à devenir héroïque, les mots fort justes de Déodat du Puy-Montbrun (homme au parcours proche de Hélie de Saint Marc) où il évoque les SAS des Forces Françaises Libres : "iI faut de grands moments dans l'Histoire pour réveiller les héros qui sommeillent parmi la foule. Ils ne se connaissent même pas comme tels. C'est l'occasion qui les guide, le hasard qui les dirige vers le but. Et il en faut peu pour que le soldat d'épopée devienne un soldat d'aventure. La limite est imprécise".
Rédigé par : Trekker | 24 février 2013 à 20:54
@ Xavier Nebout
Votre propos sur le génocide, à bien le relire, demande un commentaire plus nuancé de ma part - et de celle de gens plus compétents que moi.
"En 1940, le Français moyen disait des juifs « ce ne sont pas des gens comme nous », et ils les ressentaient en fait comme des intouchables mal ressentis pour occuper des postes d’autorité morale. Si bien qu’on n’était pas choqué outre mesure que ceux qui n'étaient pas français soient renvoyés chez eux, et que les lois « antijuives » ont été reçues comme relevant de l’ordre public".
Dans une certaine mesure, c'est vrai. L'idée qu'il y a eu une absence de contestation à l'échelle européenne, voire un consensus mou, concernant ce qu'on imaginait - ou ce qu'on ne pouvait ou ne voulait pas imaginer - du projet nazi est précisée comme il convient dans le second volume de la somme de Saul Friedländer, qui tire parti des sources soviétiques.
Ce consensus prenait souvent la forme du renvoi des étrangers, dans le style de l'Action française ou des ligues. Je me permets de vous renvoyer à "l'Allemagne nazie et les Juifs". Ou si vous voulez à Raul Hilberg...
"Par contre, lorsqu’on en côtoyait, on s’apercevait qu’ils étaient des gens comme soi, et les liens humains se tissaient. Il en a été ainsi partout, et même en Allemagne".
Si vous voulez dire que le sentiment d'intégration protégeait de l'antisémitisme, c'est à mon sens à la fois vrai et faux. Les Juifs de Berlin étaient fort bien intégrés.
"D’autre part, personne ne savait quelles étaient les horreurs de la sous-alimentation plus ou moins programmée qui régnait dans les camps de déportation".
Pour ce que j'en ai lu, faux. Le degré de précision des rumeurs qui circulaient à propos des camps d'extermination, en Allemagne mais pas seulement, pose problème. Elles ont déjà été décrites par Léon Poliakov il y a soixante ans. Mais elles sont parfois d'une clarté vertigineuse. Les SS laissaient filtrer bien plus de choses qu'on ne le croit généralement, et Auschwitz était proche d'un noeud ferroviaire bien peuplé.
"Le fait dans l’épisode du « vel d’hiv » d’avoir exigé que les enfants partent avec leurs parents en est la preuve".
Le fait, c'est Laval. Et c'est très, très loin d'être sûr. Il est probable qu'il avait une idée fort nette de la situation, et peut-être même de la procédure utilisée - pas dans le détail évidemment : mais le ton de ses télégrammes est clair. Le rassemblement des familles permettait de rassurer l'opinion publique et les Eglises. Après, que Laval ait été un personnage complexe, c'est certain.
"L'immense majorité des Allemands eux-mêmes ne le savaient pas tant il est difficile de discerner une telle programmation".
Faux. Enfin, ça dépend de ce que vous appelez savoir.
"L'oubli étant devenu la règle, l'état d'esprit de l'époque n'est pas transmis. De plus on n'est pas autorisé à se poser les bonnes questions ni même à savoir – loi Gayssot oblige".
Ca, c'est votre opinion...
Rédigé par : Boris | 24 février 2013 à 20:28
Navré de ce rechampi, mais introduire, à mauvais escient, le sort des immigrés irréguliers dans un débat sur l'héroïsme, c'est singulièrement biaiser les cartes.
Rappeler, à juste titre, les propos de Badiou, c'est à se demander pourquoi on a poursuivi Le Pen.
Et puis un dernier pour la route: Boudarel, sauvé par la prescription attachée à la qualification, miraculeuse, de crime de guerre.
L'homme n'a jamais affronté de catastrophe climatique ou céleste. Il est extrêmement fragile, c'est pourquoi, sans doute, il est strictement inutile.
Rédigé par : jean marie | 24 février 2013 à 18:51
"Cette humanité qui n'est pas capable du meilleur dans, tout de même, le calme d'une Histoire, pourquoi aurait-elle été apte à celui-ci hier, serait-elle prête à lui demain en pleine tempête ?"
Le calme de l'histoire ne favorise pas le meilleur. Ce sont dans la fureur et le bruit, la tempête et le sang, le vent du boulet ou le sifflement des balles à vos oreilles, tout cela réel ou symbolique de danger pour soi, pour les autres, que se révèlent les qualités qui font de vous un héros.
Devenir un héros est un chemin de rupture avec tout ce qui a fait votre quotidien dans la normalité, un basculement psychologique, un passage à l'acte,imprévisible. C'est pourquoi personne ne peut préjuger de son comportement passé ou futur sans confrontation avec les soubresauts de l'histoire.
Mais je crois en ce que l'humanité possède de meilleur.
Il y aura toujours des héros, des résistants, et peu importe leur niveau intellectuel, culturel, leur religion, leur intégration dans la société, leur âge, leur sexe. En effet, chacun possède au fond de lui-même des ressources insoupçonnées, qui se révèleront ou non dans des circonstances extraordinaires, mais nul ne peut prédire qui recevra cette impulsion pour un passage à l'acte.
"Rien, ni mes idées surtout, ne me permet de préjuger de mes actions lointaines." Louis Aragon (Je cite ce poète communiste uniquement pour ce que cette phrase a d'universel)
Sans compter que sur cette terre, beaucoup pratiquent déjà l'héroïsme au quotidien, plus difficile qu'une action unique.
Rédigé par : Camille | 24 février 2013 à 14:18
@ Xavier Nebout
« En 1940, le français moyen disait des juifs « ce ne sont pas des gens comme nous », et ils les ressentaient en fait comme des intouchables mal ressentis pour occuper des postes d’autorité morale. Si bien qu’on n’était pas choqué outre mesure… ».
A nuancer - qu’appelez-vous « français moyen » et qui est « on » ? - mais pas faux. C’est toujours un soulagement de voir que les esprits les plus conditionnés arrivent à penser justement quand l’envie leur en prend… Sinon j’ai lu Clostermann, que j’ai nettement préféré à Saint-Ex. Mais si vous lui aviez répété en face ce que vous dites sur de Gaulle et Brossolette, je crains fort que vous n’eussiez eu à vous colleter avec son Grand Charles, et dans un grand cirque…
@ Philippe Bilger
Etant né en 1972, je n’ai rien fait de spécial pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais dans des contextes nettement plus pacifiques et anodins, j’ai vu bien des enflures patentées faire preuve de générosité, et autant de belles âmes commettre en toute discrétion leurs petites saloperies ordinaires. Aussi aurais-je le plus grand mal à apporter une réponse satisfaisante à votre question…
Avec votre permission, j’émettrai juste l'hypothèse suivante : l’administration a ceci de commun avec le grand patronat qu’elle offre à ses membres le moyen idéal de passer entre les gouttes, quels que soient le mal causé par eux et la nature des victimes. Ces positions élevées permettent de garder sa bonne conscience, de poursuivre sa carrière, et même, le cas échéant, de juger avec le détachement qui s’impose les idéologues et les bouchers, mais aussi les lampistes, les malchanceux et les fourvoyés…
Rédigé par : Boris | 24 février 2013 à 14:09
Mes grand-parents ne se sont jamais considérés comme des héros.
A la demande de leur curé et du cardinal Gerlier, ils ont hébergé un jeune juif de 15 ans pendant plusieurs mois en 42/43.
Rédigé par : Polochon | 24 février 2013 à 13:48
« nous ne serons pas des héros »
Est-ce prémonitoire des événements à venir ?
Mon pseudo n’est pas le fruit du hasard bien que reflétant en partie la réalité du terrain stricto sensu.
Pendant pas mal d’années j’ai cru comme un imbécile que l’on pouvait réveiller la conscience des gens en leur ouvrant les yeux. A l’instar de Pierre Hillard je pense dorénavant qu’il n’y a plus rien à faire.
Jouer les héros ? Bon sang, pourquoi faire ? Pour mettre en péril ma propre famille ? Un début de lâcheté ou tout simplement le retour a la réalité, celle d’un troupeau de moutons, grégaire par nature.
Le diable est dans les détails.
Suite à cette affaire de viande de chevaux abattus à coups de merlin l’Enchanteur Monsieur Hollande a promis un étiquetage retraçant l’origine des viandes. Intention louable. Mais de se raviser tout de suite en catimini en précisant qu’il se donnerait quelques mois pour convaincre l’Europe du bien-fondé de sa demande.
Eh oui cher Nathan nous n’avons même plus le pouvoir de décision de nos étiquettes. Libre échange oblige. Et vous me parlez de la France riquiqui si elle quittait l’Europe ? c’est risible. Lol lol s’exclamerait Pietri S.
Le bain de sang arrive.
Je ne serai plus un héros.
Carpe diem.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 24 février 2013 à 13:17
Pour ceux qui ont besoin d'héroïsme, tout est réuni pour l'exercer bientôt. Car, n'en déplaise à ceux qui ne réalisent pas ce qui se passe en France, les faits démontrent que nous sommes dans la posture de l'homme qui tombe d'un immeuble et qui se dit en passant les fenêtres du cinquième, "jusque-là, tout va bien". En Tunisie, l'immolation d'un homme a déclenché une suite de révolutions, en France, l'immolation de trois chômeurs a fait autant de bruit qu'un ronflement de castor. Lisez donc la synthèse d'un jeune journaliste si vous doutez de mes dires: http://www.lepoint.fr/invites-du-point/charles-consigny/faudra-t-il-un-printemps-francais-22-02-2013-1630904_1449.php
S'interroger sur une hypothétique entrée en résistance aujourd'hui, c'est être au milieu de son salon en se demandant s'il faut éteindre l'incendie qui est en train de ravager sa maison.
Rédigé par : Archibald | 24 février 2013 à 12:43
Mon propos n'est pas de comparer ce qui ne l'est pas, ni de choquer, juste de montrer combien certains tombent aisément du mauvais côté, sans mesurer la conséquence de leurs actes.
Les lasagnes au cheval !
Ma thèse est que pour améliorer/maintenir la rentabilité de produits toujours trop chers selon les centrales d'achats des enseignes, il a été décidé de remplacer le boeuf par du cheval moins cher. Il s'agit toujours selon ma thèse d'une gigantesque fraude européenne, tous les pays en sont atteints.
Ni vu ni connu...
Tout au long du process des employés le savaient : les fiches de transport étiquetées "cheval" à la sortie abattoir roumain étaient à un moment remplacées par "boeuf" !
Cette manipulation de fiches identification du produit était faite par des employés, et non pas par Barthélémy Aguerre PDG de Spanghero et/ou ses confrères, qui donnaient un ordre à des employés de préparation. Tout le monde était complice.
La manipulation était assortie d'un fait irréfutable selon Spanghero LOL et que certains ont cru : B F pour boeuf, alors que c'est l'acronyme de Boned Flesh sigle bien connu des marchands de viande, quant au "botté en touche" sur le N° de douane communautaire de la viande de cheval : mensonge éhonté de la part d'un professionnel !
Quand on ne veut pas savoir on ne sait pas !
Quand on ne veut pas voir on ne voit pas !
Aucun doute (peut-être pas tout le monde), mais beaucoup savait que la viande de boeuf était en réalité du cheval... et tous ceux qui savaient sont donc complices, complices passifs, complices agissant sur ordre, mais complices quand même.
En temps de paix, lorsque sa vie et celle des siens n'est pas en danger, a-t-on le droit de commettre un acte délictueux sous prétexte du maintien de son emploi ?
A chacun de répondre dans le secret de sa conscience !
Lorsque depuis deux jours le Président Hollande affirme la main sur le coeur qu'il exige un étiquetage plus précis et plus rigoureux sur l'étiquetage des plats préparés, on peut s'étonner qu'aucun journaliste digne de ce nom ne se soit encore manifesté pour dire combien cette affirmation était une supercherie, une escroquerie intellectuelle :
- l'étiquetage d'un produit ne peut jamais garantir l'intégrité de son contenu.
La preuve ? Les lasagnes au cheval étaient étiquetés "boeuf ou beef" !!
Une nouvelle fois on s'est emparé d'un concept aéronautique "la traçabilité" sans en connaître la philosophie et surtout l'objectif !
L'affirmation du Président Hollande est indigne d'un chef d'Etat respectueux, sauf à prendre les Français pour de sombres abrutis !
Rédigé par : Pietri S | 24 février 2013 à 12:41
Vous avez raison Philippe le fil est ténu entre le bien et le mal dans ces périodes-là et il est facile de tomber d'un côté ou de l'autre. Lacombe Lucien m'a toujours amenée à m'interroger sur ce que j'aurais fait ; je n'ai aucune réponse.
Cela dit si j'ai une admiration sans borne pour ceux qui au péril de leur vie en ont sauvé d'autres, je ne suis pas loin de partager l'analyse de Céline qui dans le Voyage déjà regrette ces héros prêts à aller se faire trouer la peau pour leur pays ; sans ces gens-là dit-il il n'y aurait pas de guerre. C'est sans doute ce qui lui a valu d'emblée cette vague de réprobation, cette haine ; oser dire avec une écriture violente, coup de poing, que parfois l'héroïsme était inutile. Voire dangereux.
PS : je conseille la lecture du roman de Nicolas d'Estienne d'Orves, "Les fidélités successives", sur le Paris de l'Occupation, traversé de personnages qui ont existé où le héros peut cacher un salaud et le salaud se révéler un héros.
Rédigé par : Catherine A. le fil est ténu | 24 février 2013 à 12:17
Excellent billet Monsieur Bilger. Cependant les choix dans des circonstances extrêmes, voire simplement inhabituelles ou dangereuses, ne se font pas de manière simple pour tout individu qui y est confronté.
Au-delà des extrémistes partisans et défenseurs d'une idéologie, la situation personnelle conditionne à l'évidence les choix. Par exemple, pour un fonctionnaire serviteur de l’État, les réactions initiales sont le plus souvent conditionnées par le légalisme d'une situation nouvelle. Le fait d'avoir ou non charge de famille et celui de savoir que s'engager dans une action d'opposition violente à un système en place risque d'entraîner des conséquences funestes pour sa propre famille retiennent souvent même les plus courageux. C'est donc une somme importante de situations conflictuelles avec son for intérieur qui feront basculer le "bon père" ou la "bonne mère" de famille dans un engagement de ce type.
Et puis il y a les atrocités commises qui révulsent et peuvent entraîner des réactions violentes, même chez les plus éduqués et maîtres de leurs réactions. Petit retour à la guerre d'Algérie par exemple : demandez aux appelés du contingent, a priori initialement peu portés à une violence gratuite, comment ils ont réagi au spectacle d'une femme enceinte ouverte du pubis à l'estomac avec son bébé sorti du ventre maternel et égorgé ? Comment ont-ils réagi ceux qui se sont retrouvés avec un camarade de chambrée tué, émasculé et les parties dans la bouche ? La révulsion extrême à ce type de situation génère souvent des réactions que l'éducation reçue peut difficilement contrôler.
Reste la peur. La peur de sa propre mort comme de celle de ses proches ou de ses semblables qui peut paralyser les meilleurs esprits et entraîner une absence de réaction, réaction "naturelle" que l'on attendrait de tout esprit éclairé.
Donc prétendre que l'on aurait directement choisi l'étoffe des héros et le bon camp dans ces situations est de l'uchronie mal placée et surtout de la bonne conscience a priori et qui ne coûte rien sauf à s'attribuer un beau rôle conforme à la bonne image de soi. La réalité, elle, est notablement plus complexe...
Rédigé par : Robert | 24 février 2013 à 12:06
Tous ceux qui aujourd’hui trouvent normal d'enfermer dans des centres de rétention des individus comme s'ils étaient des criminels au prétexte qu'ils sont sans papiers ne feront pas partie des héros. Il y a en France des familles, des enfants, des bébés privés de liberté juste parce qu'ils sont sans papiers.
Lorsqu’on déshumanise un être humain (parce qu'il est sans papiers, extra-européen, Rom, etc.) on peut ensuite tout lui faire subir sans mauvaise conscience.
Il n'y aura pas beaucoup de héros dans un pays où un Français sur deux ne trouve pas dangereuses les idées de l'extrême droite.
Rédigé par : nc | 24 février 2013 à 11:56
Pourquoi ne serions-nous pas un jour des héros ?
Entre le demi-dieu héros dans l'art antique, celui qui se distingue par des exploits remarquables et le grand homme digne de l'estime publique, avec ses faiblesses et petitesses, il y a une palette dans laquelle on devrait peut-être pouvoir s'inscrire un jour. L'instant de bravoure sous l'emprise d'une pulsion hors le trac et la trouille, l'instinct de conservation, on ne peut jamais savoir de quoi on peut être capable dans l'instant. Combien sont devenus des héros à l'insu de leur plein gré ? L'action sans réflexion, le coup de dés, la seconde qui change tout, le fait d'avoir osé. Ca ne s'explique pas, ça ce constate. Alors rien n'est jamais perdu.
Rédigé par : Jabiru | 24 février 2013 à 11:40
Roger 16.39
Cette chanson de Barbara a encore plus de force lorsque l'on connaît les raisons qui l'ont fait l'écrire !
JJ Goldman, écrivez-vous, vous me surprenez !
Rédigé par : Pietri S | 24 février 2013 à 11:24
Nous ne serons pas des héros. Non certes. Mais nous sommes assurément des bourreaux. Tel Macbeth terrassant Cawdor ennemi du roi et devenant lui-même à son tour duc de Cawdor et ennemi du roi, nous avons abattu le nazisme, idéologie de la force et prétention à dominer le monde, et sommes devenus à notre tour des idéologues de la force prétendant dominer le monde. Non certes, nous ne sommes pas des héros...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 24 février 2013 à 11:14
"Aurais-je été résistant ou bourreau ?" est la question qui me taraude après de longues lectures consacrées à la Seconde Guerre mondiale.
Alors qu'à une occasion je l'avais dit à Madame Simone Veil, elle m'avait répondu que beaucoup étaient dans cette interrogation sans réponse, mais que se poser la question était légitime à tout être doté d'un esprit sain.
Malgré cette réponse courtoise et réconfortante, cette question continue de me tarauder et je sais que je ne sais pas... Je trouve cette incertitude agaçante et effrayante tout à la fois...
...Et si devenir bourreau ou résistant n'était qu'un horrible, odieux et banal concours de circonstances pour ceux/celles non engagés politiquement !
Rédigé par : Pietri S | 24 février 2013 à 11:02
La proportion de héros dans la population est partout et toujours sensiblement la même.
L’héroïsme relève d’une psychorigidité, qui conduit à un comportement asocial, déviant et qui relève de l’asile psychiatrique. Les Soviétiques l’avaient bien compris qui y enfermaient les opposants.
Je blague évidemment, mais en 1941 quand il a fallu aux magistrats prêter serment de fidélité au Maréchal, il n’y a pas eu beaucoup de héros pour refuser ce serment. Un seul me semble-t-il, Paul Didier.
Pourquoi le citoyen normal serait-il plus courageux que le magistrat normal lui aussi ?
Puisque Benoît XVI fait l’actualité en ce moment, citons ses propos prononcés le 18 mai 2011 au cours d’une audience générale.
« …Mais la miséricorde de Dieu dans l'histoire de son peuple s'élargit encore davantage. Si pour sauver Sodome il fallait dix justes, le prophète Jérémie dira, au nom du Tout-Puissant, qu'il suffit d'un seul juste pour sauver Jérusalem: «Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc, renseignez-vous, cherchez sur ses places si vous découvrez un homme, un qui pratique le droit, qui recherche la vérité alors je pardonnerai à cette ville» . … »
Un juste, ou un héros suffisent parfois à sauver une ville, un pays.
Sauver une civilisation, je ne crois pas… et la nôtre est à l’agonie !
Rédigé par : Tipaza | 24 février 2013 à 10:38
@Jean-Dominique Reffait
Vos propos me semblent souffrir d’anachronisme.
En 1940, le français moyen disait des juifs « ce ne sont pas des gens comme nous », et ils les ressentaient en fait comme des intouchables mal ressentis pour occuper des postes d’autorité morale. Si bien qu’on n’était pas choqué outre mesure que ceux qui n'étaient pas français soient renvoyés chez eux, et que les lois « antijuives » ont été reçues comme relevant de l’ordre public. Par contre, lorsqu’on en côtoyait, on s’apercevait qu’ils étaient des gens comme soi, et les liens humains se tissaient. Il en a été ainsi partout, et même en Allemagne.
D’autre part, personne ne savait quelles étaient les horreurs de la sous-alimentation plus ou moins programmée qui régnait dans les camps de déportation. Le fait dans l’épisode du « vel d’hiv » d’avoir exigé que les enfants partent avec leurs parents en est la preuve. L'immense majorité des Allemands eux-mêmes ne le savaient pas tant il est difficile de discerner une telle programmation.
L'oubli étant devenu la règle, l'état d'esprit de l'époque n'est pas transmis. De plus on n'est pas autorisé à se poser les bonnes questions ni même à savoir – loi Gayssot oblige.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 février 2013 à 10:37
Pourquoi le troisième Reich a-t-il fasciné un peuple et médusé des chefs d'Etat avertis ? Ian Kershaw a répondu en écrivant "Hitler, essai sur le charisme en politique". Pourquoi la dénonciation de la même horreur a-t-elle valu à Simon Leys et à son ouvrage sur Mao 20 ans d'ostracisme violent des intellectuels français ? Lire ses Essais sur la Chine. Pour tenter de saisir la conscience des élites de la période 1933-1936 et de la montée d'Hitler, la biographie du général Hammerstein d'Enzensberger est essentielle. Se demander quel résistant on serait alors qu'on laisse à Normale sup un professeur, Alain Badiou, considéré par l'intelligentsia germanopratine comme le Parrain de la pensée, quand cet homme qualifie d'anecdotes ébouriffantes les millions de morts du régime de Mao et de Staline. On peut se référer à Revel et à d'autres. Donner une place au totalitarisme communiste dans notre pays et se pincer le nez devant le FN, pour finir par citer Jean-Jacques Goldman : c'est hilarant mais, au moins, la réponse à la question de M. Bilger trouve une partie de sa réponse dans les réactions spontanées et quotidiennes du XXIème siècle.
Rédigé par : Archibald | 24 février 2013 à 10:24
Des doutes sur le risque pour notre pays de connaître à nouveau un régime d'oppression ?
Eh bien lisez donc le billet précédent de notre ami P. B. et l'ensemble des commentaires !
Y en a-t-il encore qui oseront dire "on ne savait pas" ?
Rédigé par : Craguerand | 24 février 2013 à 10:17
Cher Philippe Bilger,
L’effort de réflexion que vous nous proposez pourrait bien nous conduire au désespoir.
La lecture de votre billet m’a ramené à cette période terrible que je n’ai pas vécue, mais qui aujourd’hui encore attise tant de haine et suscite tant de points Godwin. Deux angles totalement opposés peuvent éventuellement donner un éclairage.
Le 10 juin 1944, un détachement de la division Das Reich a massacré 642 personnes, soit la population entière du village d’Oradour-sur-Glane, à l’exception de quelques habitants qui purent s’échapper assez miraculeusement. Parmi les auteurs recherchés et trouvés après la libération, quatorze alsaciens ont comparu pour crime de guerre devant le tribunal de Bordeaux en 1953. Personne n’a interrogé -ou alors il ne l’a pas publié- hors du tribunal l’un ou plusieurs des quatorze « malgré nous » (c’est ainsi que l’on nommait les alsaciens enrôlés de force dans les troupes nazies) afin qu’il puisse expliquer ce qui s’était passé, comment il avait vécu cet épisode.
Le deuxième angle ressort d’une conversation avec un juif, ancien déporté en camp de concentration pendant trois ans, qui refusait obstinément de parler de ce qu’il avait vécu dans ce camp. Sur mon insistance au cours d’une soirée passée ensemble, il finit par me dire en substance la chose suivante : « je n’ai aucune envie de me rappeler ce que j’étais, ni ce que j’ai été capable de faire pour survivre ».
Ces deux situations paradoxales vécues dans des situations extrêmes peuvent nous donner une base de réflexion sur ce que serait notre propre héroïsme.
Rédigé par : Christian C | 24 février 2013 à 09:14
Héros ou salaud ? Salaud ou héros ?
Je suis bien aise que ce choix ne m’échoie pas sachant que l'histoire est toujours écrite par le vainqueur.
Je crois que le héros n'a, bien souvent, rien demandé et certainement pas ce que l'on appellera plus tard l'héroïsme.
Ce sont les circonstances qui poussent l'individu à des actes qu'il juge moraux et comme étant normaux à réaliser dans ces circonstances.
Il est bien naturel de parler de la WWII mais l'héroïsme est au quotidien et je profite du billet pour honorer la mémoire des policiers, gendarmes, pompiers morts en service.
La notion d'héroïsme n'est qu'un jugement a posteriori d'un acte accompli.
Je crois bien que tous ces hommes et femmes sont des héros.
Rédigé par : Surcouf pensif | 24 février 2013 à 08:39
On ne peut pas être un héros, à moins d'entretenir un regard extérieur sur soi-même.
Rédigé par : Alex paulista | 24 février 2013 à 03:57
Quel fils laisserait tabasser son père sans risquer sa vie pour aller à son secours ? Quel fils ne serait pas psychologiquement mort pour ne pas l’avoir fait ?
L’homme est par nature potentiellement un héros, mais ce potentiel est exacerbé ou obéré par son éducation, et cette éducation s’inscrit dans les institutions de son pays.
Là où le Roi est le père de tous, tous tendent à mourir pour l’honneur de leur Roi.
Mourir pour la République relève du lavage de cerveau.
En 1940, les Français ont fait appel à un père, et le Maréchal fut notre dernier roi par essence. Il avait signé un armistice, tous les Français ayant un minimum de sens de l'honneur étaient tenus de le respecter.
Lorsqu’il s’envolait vers l’Angleterre, De Gaulle n’était qu’un ambitieux ordinaire comme il l’avouera bien plus tard à Jean Lacouture, et peu pressé de rendre des comptes sur ses faits d’arme d’Abbeville. Dès lors, ceux qui l’ont suivi ont-ils été des héros ? Mourir pour des idéaux de gamin - car ce sont essentiellement des gamins écervelés qui ont suivi la Résistance -, ne suffit pas en soi à faire un héros.
C’est comme Pierre Brossolette, c'est sauter du cinquième étage pour ne pas dénoncer ses copains sous la torture qui fait le héros. Pas de l’avoir fait en tant que résistant.
Combien injustement, la poignée de ceux qu’on nous assène comme ayant été les héros de la Résistance, ont-ils voué à l’ombre ceux qui se sont battus comme des lions face aux Allemands. Sur les cent mille morts que nous avons eus pour en faire quatre-vingt mille chez les Allemands, avez-vous entendu parler de nos héros ? Qui connaît Pierre Clostermann ?
Peu après avoir dit qu’il faisait don de sa personne à la France, le Maréchal déclarait à l’ambassadeur d’Espagne qu’il serait honni comme traître lorsque l’Allemagne perdrait la guerre - car il savait que la défaite allemande était inscrite dans la carte du monde. Voilà qui sera un héros mythique.
Ceux qui ont sauté sur Diên Biên Phu avec Bigeard pour aller mourir avec les copains, ont été des héros.
C’est le destin qui fait les héros.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 février 2013 à 00:20