Le dimanche de Pâques, j'ai assisté à une messe tout à fait exceptionnelle dans une paroisse proche de chez moi mais que je n'avais pas encore fréquentée : Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Un mélange d'église des origines et de rituel joyeux et enthousiaste. Des cantiques faciles à retenir avec deux chanteurs guitaristes remarquables. Une gravité gaie.
J'ai souvent pensé que si la foi chrétienne appelait la messe, certaines, en revanche, étaient susceptibles de vous décourager mais d'autres étaient tellement émouvantes, rythmées et réussies qu'elles pouvaient raffermir des croyances chancelantes. Celle de Pâques relevait de cette grâce.
Cette cérémonie m'est apparue naturellement accordée avec le sujet que je désirais traiter et qui était relatif au formidable début du pontificat du pape François qui, clairement, lui, bénéficie d'un état de grâce qu'il ne cesse, jour après jour, de justifier et de magnifier.
En dehors de cette simplicité et modestie revendiquées et consacrées, de cet altruisme manifesté à chaque instant par des attitudes dépouillant le pape d'une charité indiscutable mais abstraite, il me semble que François ouvre des perspectives qui dépassent, de très loin, le champ même étendu du catholicisme pour concerner la communauté universelle des hommes, croyants et incroyants.
D'abord il n'a pas hésité, le dimanche de Pâques, à s'adresser à ces derniers, ce qui à la fois révèle un désir de persuasion et la volonté subtile de sortir d'une frilosité qui, trop souvent, confondait tolérance et assujettissement.
Ensuite, la force de son discours et la nouveauté de sa pratique plus de proximité que de distance sont d'autant plus efficientes et démonstratives que personne, même parmi les ennemis de l'Eglise catholique, ne songe à dénier la parfaite et authentique conviction du pape. Il n'agit pas comme un politique inspiré par la démagogie mais tel un homme dont l'existence même se fonde sur des vertus et des principes qui, seulement formels, le disqualifieraient. L'exemplarité est une obligation pour lui, pas un argument destiné à attirer l'électeur.
Par ailleurs, il sera passionnant d'observer comment, à côté des généralités humanistes, un message dur et sans complaisance sur le respect intangible des "fondamentaux" du dogme - notamment refus de l'avortement et du mariage pour tous, mise en garde dans le domaine de la sexualité, plus généralement affirmation obstinée d'une intransigeance doctrinale et de l'absolu contre le relatif de l'évolution et du fil trop facile du temps - saura se concilier avec un comportement et une philosophie plus souples, plus chaleureux, une relation directe, immédiate, presque trop familière avec autrui. Le pape n'hésite pas à tutoyer et la télévision montre des fidèles enthousiastes qui lui tapent sur l'épaule !
Enfin, et surtout, le pape François, invitant les cardinaux et, au-delà d'eux, la multitude des agents de pouvoir et d'autorité, à ne pas être "des gestionnaires" au sens négatif du terme, met l'accent sur une quotidienneté dépourvue de sens si elle n'est pas éclairée par une vision et une humanité.
L'intervention du cardinal Bergoglio, le 7 mars dernier, lors du préconclave, a lumineusement exposé ce que que le pape une fois élu cherche à mettre en oeuvre et dont les fondements sont accessibles à tous et valables pour chacun d'entre nous (Le Figaro, Le Parisien, Le Monde).
Quatre orientations essentielles, en effet.
Evangéliser. L'importance du témoignage et de l'exemple. L'Eglise doit sortir d'elle-même et aller vers les périphéries aussi bien géographiques qu'existentielles : là où il y a douleur, mépris et dérision à l'égard de la religion.
Le rejet donc d'une Eglise autoréférentielle et imprégnée de narcissisme théologique. Le Christ n'appartient pas à l'Eglise : elle doit le laisser sortir, faute de quoi, repliée sur elle-même, elle "tombera malade".
Si l'Eglise demeure autoréférentielle, elle tombera dans "la spiritualité mondaine" : une Eglise "repliée sur elle-même et pour elle-même" qui s'oppose à une Eglise pour tous. Au fond, fi du Père de La Morandais !
L'Eglise, enfin, doit avoir pour principale vocation de ne pas se préférer "à la périphérie existentielle de l'humanité". Si elle ne se quitte pas, elle se perdra.
Anticipant les ricanements et les sarcasmes, je ne prétends pas imposer un enseignement qui serait purement catholique et seulement adapté à l'Eglise. Je crois au contraire qu'il m'a comblé parce que dans ces quatre axes, il y a une méthode et un esprit qui devraient être assimilés par chaque institution de la République et par la démocratie elle-même. Pour n'évoquer que la Justice, je n'ai cessé de soutenir que, faute de savoir ouvrir portes et fenêtres et appréhender le grand large, elle se condamnerait à péricliter et à perdre l'estime des citoyens. C'est exactement le message papal. Pour se retrouver, il faut accepter de se perdre de vue.
Il serait absurde, pour louer le pape François, de dénigrer la démarche plus rationnelle, plus intériorisée, plus froidement doctrinale de Benoît XVI. Ce qui est sûr, en revanche, tient au bouleversement positif qu'en si peu de temps le successeur de celui-ci a créé.
Mais quand viendront les inévitables critiques, le discrédit voire l'insulte, qu'on n'oublie pas que le pape n'est pas une personnalité politique : ce n'est pas un adversaire.
Ce serait déjà beaucoup si on le faisait bénéficier d'autant de mansuétude et de respect que les hauts dignitaires de l'Islam et du judaïsme.
Je me souviens avoir lu quelque chose d'approchant sur "ces hommes de Dieu"... qui n'y croient pas... ou plus ! :
"The vicars who don't believe in God"
http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk/393479.stm
A l'epoque, j'avais ete choquee du manque d'integrite mais, pour eux, une fois en poste avec femme et enfants a nourrir quotidiennement, que faire quand/si la vocation les a desertes ?
Rédigé par : Valerie | 11 avril 2013 à 17:59
Je vous remercie pour vos références.
Comme dit la locution latine : "Amant alterus Cameuae" (Les muses aiment les chants alternés).
Je me dis que quand on est proche de la religion les muses de la spiritualité sont toujours à même de venir nous visiter même quand on s'y attend le moins.
Je voulais terminer sur une note positive aujourd'hui car j'ai fulminé plein pot sur le nouvel article de Monsieur Bilger, celui de l'affaire Cahuzac.
Le problème en continuant toujours avec l'image des muses c'est que ce sont celles de la confiance qui vont finir par quitter définitivement le peuple car, que l'incommensurable couac advienne en période de crise via le ministre du Budget, cela laissera des traces, des traces peut-être indélébiles dans certains esprits ...
Il reste toujours l'esprit saint, dans ce cas, aux Français en attendant qu'ils retrouvent leur (saint) esprit à la suite du cette affaire.
Bonne fin de journée
Rédigé par : Carl+Larmonier@Savonarole et Archibald | 03 avril 2013 à 17:37
@ Savonarole
Je ne connaissais pas... Grazie a lei !
Rédigé par : Boris | 03 avril 2013 à 17:24
@ Archibald
Certes la croix est aussi un démonte-pneu, mais là je voulais dire qu'elle symbolise Dieu le créateur (verticalité) et un dieu qui est dans tous les hommes (horizontalité).
Rédigé par : Alex paulista | 03 avril 2013 à 16:18
@ Boris
C'est toujours un enchantement de vous lire.
Pour les "insanités" de Baudelaire vous aurez compris que je plaisantais.
Je lis en ce moment un livre sur les rapports entre Botticceli et Savonarole, on y trouve un beau poème d'Antonio Alamanni, auquel vous serez sensible :
Il carro della morte (Le Char de la Mort)
Fummo già come vo' sete,
vo' sarete come noi;
morti siàn come vedete:
così morti vedrén voi,
e di là non giova poi,
dopo il mal, far penitenza.
"J'étais ce que vous êtes, vous serez ce que je suis"...
Rédigé par : Savonarole@Boris | 03 avril 2013 à 12:01
Beaucoup croient que la foi est de l'ordre de l'avoir. Elle est de l'ordre de l'être, et c'est très différent : le croyant ne possède rien, mais il chemine et vit sa vie dans l'amitié de Dieu. Cette amitié est peut-être sa seule certitude, et elle ne ressort pas d'un savoir - seulement d'une relation, ce qui est plus fragile, mais plus précieux.
Evidemment, le Dieu dont il est question ici n'est pas celui de Voltaire - le "grand horloger" génial concepteur, mais totalement indifférent - mais celui que l'on apprend à connaître en fréquentant la Bible, un Dieu qui cherche à faire alliance pour révéler à chaque homme et femme que l'amour est possible.
Rédigé par : phileas | 03 avril 2013 à 11:16
@ Carl+Larmonier@Savonarole | 02 avril 2013 à 21:03
Hors sujet mais je vous dois une réponse, si M.Bilger le permet...
Vous avez raison le "Paris" de Huysmans est magnifique.
Vous êtes un fin connaisseur.
Voyez de Léon-Paul Fargue "Le piéton de Paris" et pour la nostalgie du Paris des années 70, le film de Georges Perec et Bernard Queysanne "Un homme qui dort", film un peu barbant mais des vues de Paris avec l'acteur Jacques Spiesser. Étonnant.
Voyez sur YouTube les extraits.
Rédigé par : Savonarole@Carl+Larmonier | 03 avril 2013 à 10:39
@Alex paulista
1/ Je n'écris pas qu'évangéliser c'est prêcher l'évangile, je me borne à recopier ce qu'en dit le dictionnaire. Voyez-vous, à l'école comme dans les conversations, le mal vient de la compréhension approximative des mots, et pour y remédier, la Bible est le dictionnaire.
2/La croix est également une épée, un signe multiplicateur, un démonte-pneu, et vous conviendrez que vous êtes taquin en feignant ne pas saisir l'image sur laquelle la citation repose. Sinon, ce serait la croix et la bannière pour vous dégrossir, et vous êtes sans doute plus fin que vous ne voulez le paraître.
@Carl+Larmonier
Je crains que l'extinction des vocations n'étende ses racines au-delà des séminaires. Dans ses essais, Liu Xiaobo diagnostique en Chine un désert spirituel reflétant la sordide misère morale de la société. Je me demande si le mal n'est pas là, et je crains que ce ne soit pas un simple problème religieux. Car on peut s'imprégner de spiritualité sans croire pour autant en un monde dont la seule entrée est la foi. Les seuls idéaux du XXe siècle sont nés de l'homme nouveau communiste ou de l'aryen fasciste. La facture a été lourde. Et l'effacement spirituel fragilise l'optimisme. Pour ne pas finir sur une note pessimiste, permettez que je partage avec vous ce morceau de poésie que j'aime beaucoup, écrit par Giordano Bruno au XVIe siècle :
Quittez les ombres pour embrasser le vrai ;
N’échangez pas le présent contre l’avenir.
Je ne désespère pas de vivre des jours meilleurs ;
Mais pour vivre plus gai et plus tranquille,
Je jouis du présent et espère en l’avenir :
Et ainsi deux fois la douceur me procure.
Rédigé par : Archibald | 03 avril 2013 à 09:02
@Savonarole
Mais je connais cette chapelle parce que je parlais du quartier Saint-Sulpice mais par extension c'est tout le quartier de Raspail, son boulevard, Vavin et les alentours de la grande chaumière jusqu'en redescendant vers le majestueux jardin du Luxembourg et au-delà les quais, tout cet ensemble que j'apprécie particulièrement.
Et pour conclure à la suite des quais (sans oublier la fontaine Saint-Michel, on passe devant) on arrive vers Notre-Dame... tout ça pour rebondir avec un des mes précédents commentaires ou je faisais mention de cette cathédrale.
Mais je préfère celle narrée d'Huysmans plus que celle de Victor Hugo, même si ce n'est pas la même. Chartres.
Bonne soirée.
Rédigé par : Carl+Larmonier@Savonarole | 02 avril 2013 à 21:03
JDR, vous ne m'avez pas compris. Que vous soyez imprégné des valeurs de l’Évangile, je n'en disconviens aucunement. C'est ce que voulait signifier "bon JDR".
Mais je relevais également ce "détail près" qui réduit de fait votre "christianisme" à un corpus de valeurs morales, ce qu'il n'est j'oserais dire... qu'accessoirement. L'Eglise, nous sommes d'accord, a beaucoup mieux à dire, qui se résume en ceci : nous venons de l'amour et nous sommes faits pour y retourner.
Rédigé par : MS | 02 avril 2013 à 20:39
Je suis athée certes mais on ne peut se désintéresser de la question religieuse tant celle-ci a d'impact, parfois fort négatif, sur nos vies.
Je suis d'avis que l'arrivée d'un pape jésuite a quelque chose de stimulant pour les catholiques et même pour les non croyants.
Je suis curieux de connaître les avancées que cette catégorie de religieux peut amener dans la gouvernance des catholiques.
Certes le dogme est là qui à mon sens est castrateur mais le passé des jésuites me fait dire que l'on devrait, néanmoins, connaître des avancées modernistes au Vatican.
Rédigé par : Surcouf curieux | 02 avril 2013 à 18:33
@ Savonarole
Je ne vais pas polémiquer sur les « insanités de Baudelaire », mais ce dernier devrait vous agréer : il était proche de la religion, étant fils de prêtre, il priait et allait à la messe de Minuit… On trouve dans ses Carnets des phrases élevées, du genre : « L'homme qui fait sa prière le soir est un capitaine qui pose des sentinelles. Il peut dormir »… Bref, le pécheur s'est repenti et vous devez lui donner l'absolution !
Pour ma part, entre les deux chapelles, je préfère la Sixtine à la Médaille miraculeuse. Celle-ci a fait campagne contre le Mariage pour tous, celle-là nous a donné, outre les fresques, ces vers de l’Album zutique :
« Nez d’ascètes de Thébaïde,
Nez de chanoines du Saint Graal
Où se figea la nuit livide,
Et l’ancien plain-chant sépulcral ».
S’agissant du nouveau style papal, que François prenne garde ! Car Ubertin de Casale lui-même a dû s’exiler après avoir transmis à Jean XXII un traité où figurait le passage suivant : « De là, bien qu’en théorie le fait de voler soit plus désirable que le fait de chevaucher, dans la réalité les hommes le convoitent moins souvent et moins ordinairement, de même qu’un paysan aspire moins à l’épiscopat qu’un chanoine… ».
Comme vous le savez, votre glorieux homonyme dominicain en a rajouté une couche dans son De Ruina Ecclesiae : « Io vidi a Roma intrar quella superba / Che va’tra fiori e l’herba ». Il désignait la pompe ecclésiastique au milieu des plaisirs de la chair. Je ne sais trop combien d’évêques il mettrait aujourd’hui sur son bûcher des Vanités… Pas mal, sans doute !
Mais je n’ai pas d’inquiétude : un père jésuite, ça a toujours de la ressource.
Rédigé par : Boris | 02 avril 2013 à 18:21
@ Archibald
Vous écrivez qu'évangéliser, c'est "prêcher l'évangile...".
Mais pour moi, c'est plus à prendre dans le sens d'annoncer un message que prôner la conversion.
C'est plus en ligne avec l'origine grecque du mot ἄγγελος [ángelos]: messager.
Nuance subtile mais importante.
Quant à la Croix, ce n'est pas qu'un supplice. C'est une verticale suivie d'une horizontale.
Rédigé par : Alex paulista | 02 avril 2013 à 17:45
Je me suis souvent posé la question suivante : depuis combien de temps un Pape avait-il rencontré un pauvre, un vrai pauvre ? Vivant dans les ors, le luxe et à l'abri du Peuple dans son Vatican 14 étoiles, comment un Pape peut-il encore avoir conscience des vrais problèmes des vrais gens ? Complétement déconnecté des choses de la vie, isolé du monde par une garde rapprochée chamarrée de pourpre, comment pouvait-il envisager d'engager des vraies réformes concernant notamment la vie des curés de campagne ? Le François dont il est question qui affiche simplicité, modestie et chaleur chrétienne va très certainement engager quelques réformes de Palais, qui ne vont pas plaire à tout le monde, et notamment la Curie bien installée au chaud, mais qui ne peuvent que ramener des brebis déçues à la maison. Ayant eu l'occasion de circuler pour des raisons professionnelles dans les "viejas miseria" de Buenos Aires à la grande époque des privatisations impulsées par Carlos Menem, j'ai une bonne idée de ce qu'il a pu connaître dans son quotidien, la palette idéale pour se rapprocher de ceux qui souffrent et de refuser de se couper du monde, le vrai monde.
Rédigé par : Jabiru | 02 avril 2013 à 17:36
MS, qui vous dit, premièrement, que je n'écoute pas le message du Christ. J'ai toujours dit que je me sentais chrétien à un détail près, très accessoire à mes yeux, la croyance en Dieu.
Et puis, tout le monde n'est pas un vilain athée comme moi et beaucoup de ces marchands du temple mondial protestent de leur foi, sans se donner la peine d'y ajuster leurs comportements. Combien sont-ils à s'arranger d'une foi cosmétique pour faire joli dans les salons et à s'assoir sur les principes sitôt le téléphone décroché ? Ces dernières décennies, l'Eglise s'est focalisée sur un discours moral concernant les moeurs sexuelles et la liberté religieuse. C'est un peu court comme message et d'une assez faible utilité. L'Eglise a mieux à dire et à faire, beaucoup mieux.
Rédigé par : Jean-Dominique @ MS | 02 avril 2013 à 13:57
"il faut que le Christ parle à Wall Street."
JD Reffait
Ce que je sais c'est que Wall Street communique apparemment avec Dieu par l'entremise de la Maison Blanche.
http://www.ndf.fr/files/in-god-we-trust_large11-300x200.jpg
La FED les multiplie ad vitam aeternam et les apôtres européens de la finance nous montrent le Chemin.
Cela passera par la crucifixion des peuples.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 02 avril 2013 à 13:23
@Archibald
Il paraîtrait qu'une seule vocation de séminariste se précise aujourd'hui en fonction d'une huitaine il y a de cela une décennie.
Il est clair que de moins en moins de jeunes veulent s'engager dans ce qui symboliquement est de suivre un chemin de croix, voire LE chemin de croix dans tous les sens du terme.
Rédigé par : Carl+Larmonier@Archibald | 02 avril 2013 à 13:18
L'appellation "le pape François" fait florès comme, en son temps, "le bon roi Henri", ou "Jeanne".
Certains même sont déjà passés à l'intime, à l'affectueux "François" tout court. Santo subito !
Il avait fallu du temps, la connaissance de leurs vertus et un amour éprouvé pour que d'illustres personnages fussent appelés par le peuple par leur seul prénom.
François 1er, lui, a immédiatement été débarrassé de ce chiffre encombrant et intimidant, et, dépouillé de la pompe vaticane, nous est montré, tel le Christ, dans sa sainte nudité.
Comme Jean-Jacques,"intus et in cute", ou comme ces candidats étiquetés des jeux télévisés, il nous a été livré en deux jours habillé de son seul prénom, ou plutôt de son pseudonyme.
Ah ! comme ils doivent rêver, les autres, que les journalistes leur réservent le même traitement de faveur pour que le peuple, enfin, les aime !
Barack, François, Angela, Benoît, Valéry, Jacques, Laurent, Alain, Marine...
Le pape François 1er a beau porter des chaussures de ville noires, une croix en fer blanc et une bague plaquée or, payer lui-même sa note à l'hôtel, choisir une modeste chambre plutôt que l'appartement pontifical et prendre soin que tous ces gestes soient connus et commentés, il reste le pape François 1er, ancien cardinal Bergoglio, ancien ennemi de la théologie de la libération, ancien allié du général Videla... et jésuite ; ça devrait calmer les groupies de "François".
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 avril 2013 à 13:05
C’est tout à fait vrai : pour les mauvais humoristes, les papes sont des cibles faciles. Car s’en prendre aux autres responsables religieux déclenche des foudres multiples : islamophobie, antisémitisme. Cela même peut conduire à poser des explosifs dans les locaux de journaux satiriques.
S'agissant du message papal comparé à la justice « je n'ai cessé de soutenir que, faute de savoir ouvrir portes et fenêtres et appréhender le grand large, elle se condamnerait à péricliter et à perdre l'estime des citoyens » : peut-on espérer que l’esprit d’ouverture conduise à permettre le mariage des prêtres et à ne pas laisser les femmes à la périphérie d’un clergé en quelque sorte hémiplégique.
Rédigé par : jack | 02 avril 2013 à 12:55
"Le mérite de l'Eglise catholique, c'est d'avoir stérilisé le christianisme" disait Charles Maurras.
L'Evangile est ouvertement communiste (au sens de 1848) et peut-être faudra-t-il au Pape, qui s'en réclame par priorité, amalgamer une rigueur dogmatique réaffirmée et une ouverture de l'Eglise sur ses marches. Pas si simple.
Rédigé par : Catoneo | 02 avril 2013 à 10:37
Un billet qui fait prendre de la hauteur et ça fait du bien, merci !
Rédigé par : Jachri | 02 avril 2013 à 10:04
Une communication réussie est celle qui emporte l'adhésion des non pratiquants. En l'espèce la démission d'un pape suivie de la consécration d'un autre est un modèle de réussite en termes d'images, de symboles et de renouveau ecclésiastique.
Rédigé par : SR | 02 avril 2013 à 10:03
Evangéliser, c'est "prêcher l'évangile auprès de populations non chrétiennes", c'est "convertir au christianisme", avant d'être un témoignage ou un exemple. L'esprit du Christianisme, avant d'être la volonté catholique de convaincre, se niche dans la foi, la foi de tous les chrétiens. C'est la foi qui est la source, celle que le Notre-Père, dont les paroles sont souvent ânonnées au lieu d'être pensées, célèbre d'un langage maigre et précis où l'humilité se conjugue à l'abandon de soi pour autrui. En lisant Carl+Larmonier (17:52), j'ai repensé à ce qu'écrivait Flannery O'Connor : "Je pense qu'il n'est pas de souffrance plus grande que celle causée par le doute chez un individu qui désire croire. Je sais quels tourments ceci peut être, mais je ne puis l'observer, en moi du moins, que comme un processus par lequel la foi s'approfondit. Une foi simplement passive est enfantine et ne convient donc qu'aux enfants ; on doit grandir religieusement, tout comme on grandit dans les autres domaines - quoique certains n'y arrivent jamais. Ce que les gens ne saisissent pas, c'est tout ce que peut coûter la religion. Ils pensent que la foi est une sorte de vaste couverture électrique, alors que, bien évidemment, c'est la croix."
Rédigé par : Archibald | 02 avril 2013 à 09:46
La seule religion catholique a de la chance qu'on lui réserve critiques et autres spécialités qui, à y penser de plus près, la
feraient plus évoluer que régresser.
Quand d'autres n'acceptent pas le vivre ensemble de la même manière...
Ces temps je suis plus proche de Thomas, saint ou pas, celui qui ne croit que ce qu'il voit, paraît-il.
Rédigé par : calamity jane | 02 avril 2013 à 09:21
il faut que le Christ parle à Wall Street.
Pourquoi voulez-vous que Wall Street l'écoute si le bon JDR ne le fait pas lui-même ?
La foi n'est pas d'abord une morale. Rendre à César ce qui à l’effigie de César revient à César ne suffit pas, même à 75% ! Il reste encore à rendre à Dieu ce qui est à l'image de Dieu, à savoir chacun d'entre nous. Le pape sait que tout commence par là.
Rédigé par : MS | 02 avril 2013 à 09:17
@Carl+Larmonier
"Mon église préférée est Saint-Sulpice"
En effet, Charles Baudelaire y fut baptisé avant qu'il ne tourne mal et se mette à écrire des insanités.
Je vous recommande la Chapelle Notre-Dame-de-la-Médaille-miraculeuse, située à Paris, 140 rue du Bac. C'est très surprenant, pas de marbre ni d'or, ça se présente comme un préau d'école et on y croise des fidèles des quatre continents, des Chinois, des noirs, des indiens de Pondichery, des Malgaches, et à l'entrée bien sûr deux Roms, tout un monde.
Généralement je me place au fond et je prie pour JD Reffait.
Rédigé par : Savonarole | 02 avril 2013 à 09:14
Comme Boris, je suis d'accord avec votre dernier paragraphe. Toutes les caricatures que j'ai vues concernant les opposants au mariage pour tous représentaient des ecclésiastiques, jamais un rabbin ou un iman. Pourtant, ces deux dernières religions s'étaient aussi prononcées contre. Mais il est plus facile d'attaquer la religion catholique, car sinon on est traité d'antisémite ou d'islamophobe, deux mots qui font peur. J'attends que JM Ribes, au Théâtre du Rond-Point, fasse jouer une pièce caricaturant l'islam. Je ne lui donne pas une journée avant qu'il ne retire sa pièce.
Rédigé par : anne-marie marson | 02 avril 2013 à 00:44
@ JDR
"Opposer le message du Christ aux pratiques barbares des financiers, tel est l'enjeu."
Pas vraiment, ou alors pas directement (Matthieu, XXII,21).
Et souvenez-vous que l'Église est mondiale et la misère du petit Français toute relative.
Rédigé par : Alex paulista | 01 avril 2013 à 23:45
Je n'ai jamais compris ceux qui exigeaient que l'Eglise changeât sa doctrine sur certains sujets de société qui, pour elle comme pour beaucoup, appartiennent à la sphère morale. Dans nos pays, il est désormais loisible d'appliquer comme on l'entend les préceptes de la vie chrétienne. La contrainte des temps anciens ayant disparu, la liberté de s'inscrire ou non dans un mode de vie chrétien est totale. Ainsi, que l'Eglise soit opposée à l'avortement autant qu'à d'autres pratiques nouvelles de notre société ne me dérange nullement : faites comme bon vous semble mais si vous voulez vivre en chrétien, respectez les règles prescrites. C'est très admissible.
Ca l'est moins quand l'Eglise, comme d'autres religions, en position de force dans certains pays, parvient à imposer son propre corpus moral à la loi civile. C'est alors un travestissement politique du libre arbitre que le message chrétien entend offrir à chaque conscience. C'est alors une dictature intellectuelle qui substitue à toutes les conceptions une conception morale unique.
C'est pourquoi la laïcité est le meilleur rempart tant pour les religions que pour tous ceux qui ne s'y reconnaissent pas. Pour les religions, la laïcité est garante de l'expression intellectuelle dans le débat public. Pour ceux qui sont étrangers aux religions, c'est l'assurance que les religions n'imposeront pas leur modèle unique par la force.
Pour un athée sincère, j'entends celui qui ne nourrit aucun complexe à l'égard du croyant, la personnalité du Pape est évidemment importante et je ne crois pas une seconde ceux qui font mine d'y être indifférent. Je les soupçonne toujours de n'avoir pas soldé tous leurs problèmes. Le Pape est évidemment une personnalité de premier ordre, son poids intellectuel et politique est important, sa contribution à la compréhension du monde environnant est utile. J'attends donc des choses de ce Pape en particulier, notamment qu'il clarifie la doctrine sociale et économique de l'Eglise. Jean-Paul II fut un pape politique, celui de la fin de la guerre froide. Il ne fut pas spécialement audible sur les questions sociales et économiques, même si, deci delà, il y eut des prises de position contre les ravages du capitalisme. Le Pape François ne peut pas s'inscrire dans le sillage de l'Evangile, dans l'image du Christ qu'il annonce vouloir remettre au centre du discours catholique, sans apporter une vision cohérente et forte sur l'ordre économique et social du monde. Le désarroi moral de beaucoup de sociétés provient d'abord de cette anarchie économique qui terrasse les plus faibles, qui exonère les plus forts de tout effort moral. Opposer le message du Christ aux pratiques barbares des financiers, tel est l'enjeu. Longtemps l'Eglise a recommandé aux plus faibles de subir dans l'attente d'un paradis qui leur serait alors ouvert. Cela ne suffit plus, il faut que le Christ parle à Wall Street.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 avril 2013 à 22:40
Merci pour cet article qui me touche.
Rédigé par : Alain | 01 avril 2013 à 22:39
@ JMT
Oui, c'était visiblement une personnalité remarquable ! Heureux de vous avoir fait plaisir.
PS. Par ailleurs, la bibliothèque Cujas a déjà numérisé 120 titres d'ouvrages juridiques anciens. Plusieurs centaines d'autres sont prévus pour 2014.
http://cujasweb.univ-paris1.fr/search?sort=title&smode=browse&browse-all=yes
Rédigé par : Boris | 01 avril 2013 à 21:44
@ Jean-Paul Ledun
"On verra surtout votre foi... ou pas".
Au risque de vous décevoir, je crois que deux et deux font quatre, et quatre et quatre font huit... J'ai jadis cru en François Mitterrand, mais j'ai fait une petite apostasie qui est d'ailleurs passée totalement inaperçue.
En règle générale, je suis quelque peu fâché avec les idoles, surtout lorsqu'elles sont incarnées par un chef d'Etat théocratique. Mais je vous rassure, dans cette catégorie, je préfère de loin le Vatican à l'Iran... Ne serait-ce que pour la cuisine et le climat !
Rédigé par : Boris | 01 avril 2013 à 21:19
Ceci est le billet en réponse à celui de M.Bilger, mais je pense aussi à Boris et les rebuffades subies, avec le découragement qui s'ensuit. J'ai connu ça, au Barroux, où j'espérais trouver quelque chose de l'élan. Je cotisais pour aider la construction de l'abbatiale, puis, je n'ai plus pu, j'ai offert mon temps, on ne m'a pas répondu et j'ai été privé de tout billet de liaison. Dur, mais au fond utile.
Autre impression, toujours au Barroux, participant à une nuit du Samedi saint, sortant du cloître alors en construction, un membre du groupe, intégriste forcené, me glisse ses excuses car, lui, était invité par les moines à boire un chocolat. J'ai déjà dû raconter ça, mais bon, et je me suis retrouvé seul par cette nuit magnifique, laissé sur place par ces catholiques fervents, marchant avec dignité vers leur réfectoire. Je crois que c'était une nuit heureuse, même si l'aigreur a failli m'effleurer.
Alors, la venue de François, héritier de celui dont l'histoire a bercé ma jeunesse, celui d'Assise, celui de frère soleil, celui qui, cadavre puant, recevait encore le regard d'amour de Claire, peut nous redonner espoir que l'Emmanuel est de retour.
Rédigé par : JMT | 01 avril 2013 à 21:05
Mon église préférée à Paris est celle de Saint-Sulpice (et par extension le quartier alentour)... J'ai été étonné dernièrement des cierges colorés aux alentours de l'autel, au niveau de l'abside et sur l'ensemble des bas-côtés, dans la gamme des bleus-rouges-violacés, gamme vive qui donnait un sentiment irréaliste...
Euh, bien sûr Notre-Dame c'est magnifique mais il y a toujours un temps d'adaptation pour que notre regard se fasse à l'obscurité opaque les jours sombres quand aucune lumière ni la moindre lueur ne filtrent à travers les vitraux perdus dans les hauteurs.
La petite surprise avec Saint-Sulpice est que la crypte est occupée par des orthodoxes roumains, l'église Sainte Geneviève-Sainte Parascève, et que si vous passez par là le mercredi soir à partir de 19h, pendant juste une heure, il y a des chants byzantins et parfois même des chants coptes quand ces derniers s'invitent. On peut venir écouter en simple spectateur derrière un des piliers de cette vaste crypte en regard des multiples icônes qui nous regardent aussi bien que nous les regardons.
Notre Dame de Bonne-Nouvelle je ne la connais pas mais je l'inscris dans mon petit carnet.
Bonne soirée
Rédigé par : Carl+Larmonier | 01 avril 2013 à 21:04
@Boris
Sans égards pour le sujet en cours, je tiens à vous remercier pour cette précieuse adresse. J'ai déjà les mélanges Carbonnier, parus l'année dernière, qui recensent l'essentiel de son oeuvre, mais je découvre avec bonheur son cours de sociologie, grâce à vous.
J'ai lu les pages 200/201. Cela m'a transporté car il se trouve qu'étant très attaché au juge Magnaud, et connaissant sa carrière dans les détails, ainsi que ses jugements, lus et relus, je n'osais pas porter le jugement que porte le Doyen et faire ainsi la place au jugement charismatique. J'en parlerais des heures durant, de celui que JL Debré a qualifié de grand oublié. J'ai même fait une causerie à son sujet et l'auditoire était stupéfié par l'évocation de cette personnalité si riche en contrastes.
Savez-vous qu'il finit commandeur de la Légion d'honneur, à titre militaire ? Rengagé en 1914 malgré son âge, un peu comme Marc Bloch.
Je suis positivement ravi. Merci.
Rédigé par : JMT | 01 avril 2013 à 20:55
Frère Philippe vous avez abandonné la pourpre cardinalice pour la bure franciscaine. L’Esprit vous a inspiré et vous avez écrit un, sinon le plus beau, de vos billets.
Sur un point tout de même il me semble que vous cédez à la mode. Lorsque vous parlez de la justice, en disant qu’elle doit s’ouvrir et savoir se réformer, au risque de perdre l’estime des citoyens.
Une institution ne doit pas œuvrer pour être estimée, elle doit œuvrer pour être respectée.
L’estime implique une part de connivence, c’est une qualité liée à l’ambiance du moment.
Le respect qui implique une certaine distance, exprime la permanence de l’institution dans le temps.
Dans le cas de l’Église, respect et amour doivent aller de pair.
Thélème ou Citeaux, le choix est toujours d’actualité.
Rédigé par : Tipaza | 01 avril 2013 à 20:46
Une pensée pour Mary Preud'homme, qui a dû lire ce billet.
Rédigé par : Savonarole | 01 avril 2013 à 20:03
"Ma foi, on verra…"
Boris.
On verra surtout votre foi... ou pas.
:-)
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 01 avril 2013 à 19:36
Beau billet d'un catholique fervent, ouvert et tolérant.
Si je respecte absolument vos convictions comme votre analyse sur le pape actuel et ses prédécesseurs, néanmoins permettez que l'existentialiste camusien que je suis ne partage pas vos croyances.
Chacun, face au mystère de la vie adopte une analyse personnelle. Certains ont besoin d'un Dieu explicatif, d'autres pas. De fait, pour moi, Dieu est ce que l'on appelle mathématiquement un "postulat". D'où des attitudes et croyances, donc des religions qui suivent la diversité géographique de l'humanité et dont les pratiquants n'ont pas à imposer leur vision de la société aux autres. Donc, évangélisation : oui, à condition qu'elle soit ouverte et laisse la porte à la liberté et ne ressemble pas à celle qui a christianisé l'Amérique du Sud.
Cela ne m'empêche pas d'apprécier et d'aimer les musiques inspirées, que ce soit à l'orgue ou par des orchestres symphoniques, tout comme d'aimer entrer dans les églises pour y trouver le calme nécessaire au recueillement et à la réflexion.
Rédigé par : Robert | 01 avril 2013 à 19:19
Bonjour Monsieur Bilger, Un article comme ça est assez déstabilisant car moi-même je me recherche spirituellement - je ne vais pas jusqu'à dire que je suis en quête spirituelle, quoique... - car je me suis éloigné au fil du temps de ma propre religion, et c'est toujours le cas pour différentes raisons qui seraient trop longues à expliquer (quelques mécontentements et pas que d'un point de vue théologique, on va dire, sans aller plus loin). Il faut dire que pour moi il n'y a rien de plus beau que les liturgies byzantines (la liturgie de Saint Jean Chrysostome en particulier) de même que leurs chants lors de leurs vêpres, mais tout dernièrement je m'intéresse aussi au judaïsme. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/cf/Johnchrysostom.jpg/280px-Johnchrysostom.jpg
Vous voyez, en pleine recherche. Je finirai bien par me trouver. Quoiqu'un article comme ça laisse songeur. Bravo, bonne fin de journée.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 01 avril 2013 à 17:52
Merci d'avoir eclairé le chemin que le pape nous invite à suivre.
Rédigé par : solomas | 01 avril 2013 à 17:29
Ah que voilà un beau billet, qui reprend un peu de hauteur !
Rédigé par : remy | 01 avril 2013 à 17:08
Un beau billet, sûrement. Mais n'oublions pas que Benoît XVI, avec son air de professeur peu enclin à la familiarité, a débroussaillé le terrain et essayé d'éradiquer les mauvaises herbes de la corruption et des crimes de pédophilie à l'intérieur de l'Eglise - l'homme avant l'institution. Au suivant la chaleur humaine et la simplicité de vie ; il y a de quoi faire.
Rédigé par : Marie Dumont | 01 avril 2013 à 16:51
A vrai dire, vous me voyez tout ému, car c’est la troisième fois seulement qu’on daigne se soucier de mon âme éternelle. La première fois, c’était au lycée : on venait de Mayenne, on s’appelait Tiffen S***** de la G*********, on se montrait tous les dimanches à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, on m’a demandé si j’aimais la messe en latin, et lorsque j’ai dit que j’étais agnostique, on ne m’a plus jamais adressé la parole de l’année…
Un peu plus tard, je discutais avec un responsable de l’Opus Dei, spécialiste de Guillaume d’Ockham, chez qui ma grand-mère faisait des ménages. Lui aussi voulait apprendre si j’étais en état de grâce… Mais quand il a su ce que je pensais de Pie XII, il a soudain eu quelque chose d’urgent à faire ailleurs…
Et donc, à présent, c’est le Pontife lui-même qui se préoccupe de mon Salut. Je dois dire que je l'ai trouvé charmant et affable. Si j'ai bien compris, je suis prié de risquer mes vendredis gras terrestres pour une réalité transcendante. Ma foi, on verra…
En tout cas, je suis persuadé que la Libre Pensée ne lui rendra pas la politesse, ne lui conseillera pas d’abandonner des croyances inutiles et de se limiter aux préceptes de sa raison… Comme Voltaire, le libre-penseur met en effet en pratique le vieil adage : "Si vous n’aimez pas, n’en dégoûtez pas les autres" ; ainsi qu'un autre, nettement plus récent : "L'Eglise chez elle, l'Etat chez lui"...
PS. Ceci dit, Monsieur Bilger, je suis assez d'accord avec votre dernier paragraphe.
Rédigé par : Boris | 01 avril 2013 à 16:32
Ah oui, Philippe Bilger, merci pour ce texte magnifique !!
Et faites fi des ricanements et des sarcasmes...
Rédigé par : bruno | 01 avril 2013 à 16:10
Bravo. Comme vous, j'attends avec impatience la réaction de nos médias, quand le pape François rappellera sans laxisme, comme il l'a fait lorsqu'il était archevêque de Buenos-Aires, ce qu'un chrétien doit penser de l'avortement, du mariage pour tous, d'une sexualité débridée ; la cohérence de sa pensée (comme celle de ses prédécesseurs, mais affirmée autrement) a toujours été de promouvoir les engagements forts, la tempérance (voire l'austérité), le respect de tous les autres avant soi-même.
Rédigé par : olivier seutet | 01 avril 2013 à 15:19
Bravo M.Bilger.
Restez sur ces cimes, et menez-y-nous encore.
Rédigé par : Arobase du Ban | 01 avril 2013 à 14:45
Monsieur Bilger,
Non croyant, je me permets néanmoins d'apporter un commentaire à votre très beau texte. Le nouveau Pape apparaît, en quelque sorte, comme révolutionnaire ; en réalité il ne fait que retourner aux Évangiles en confortant ce qu'il dit par le nom qu'il a choisi, le nom de celui qui, après le Christ, fut, nous dit Dante, le "second mari" de la pauvreté après "mille cents ans et plus". Hélas, l'Église ce n'est pas seulement le Pape ! Son histoire le confirme assez. Toutefois, soyons optimistes. Souhaitons au Pape François de réussir dans son entreprise ! Tout en étant conscients des énormes obstacles qui se dressent devant lui, à travers le monde comme au sein de sa propre communauté.
Rédigé par : JM | 01 avril 2013 à 14:06
J'ai le sentiment que ce François-là va accomplir de grandes choses pour l'Eglise catholique. Mais pas seulement.
A le regarder, à l'écouter, il me semble que l'espace de quelques secondes, il ne serait pas si impossible que cela de rendre notre monde plus pacifique et plus humain.
A nous de l'aider.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 01 avril 2013 à 13:47
"L'exemplarité est une obligation pour lui, pas un argument destiné à attirer l'électeur."
Certes ! Et pour cause : personne parmi les fidèles ne l'a élu et la Sofres ne mesurera pas sa cote dans les mois qui viennent.
Quel panégyrique, Philippe !
On hésite, après un tel enthousiasme, à rappeler les témoignages plus nuancés des mères de la place de Mai à Buenos Aires.
Et l'on aurait presque honte - mais à tout péché miséricorde - d'émettre quelques doutes sur la sincérité d'une "simplicité et d'une modestie REVENDIQUEES", comme vous dites.
Rédigé par : Frank THOMAS | 01 avril 2013 à 13:42