Je m'apprêtais à m'en prendre à ces opposants indignés par l'affaire Cahuzac et faisant oublier à bon compte qu'ils n'avaient pas été irréprochables ou à ces donneurs de leçons à la Justice se permettant de traiter les magistrats avec condescendance alors qu'ils étaient vraiment mal placés pour cela. Ainsi je songe à une phrase de Brice Hortefeux soulignant qu'il ne fallait pas confondre le juge Gentil avec l'institution judiciaire. Cet homme-là, cet ancien ministre, cette personne mêlée à tant d'obscurités d'Etat ferait mieux de nous dispenser de ses appréciations.
Mais heureusement j'ai lu Var-Matin et l'excellent numéro que ce quotidien a consacré à Jean-Paul Belmondo qui aura 80 ans le 9 avril (France 2).
Si immédiatement j'ai changé mon billet d'esprit, mon fusil intellectuel d'épaule, c'est pour une double raison.
Le hasard a mis sur mon chemin, dans ma nouvelle vie professionnelle, un avocat, Me Michel Godest, devenu un ami proche et qui est le conseil depuis des années de "Bébel", l'une de nos gloires nationales.
Surtout, Jean-Paul Belmondo, dans le coeur des Français, de sa jeunesse bondissante, de sa maturité talentueuse à son âge d'aujourd'hui, garde une place à part.
On peut dire que sa personne, avec sa vivacité, sa gouaille, sa séduction, l'incroyable sympathie qu'elle a dégagée quels que soient les circonstances et les aléas de son existence, n'a cessé de représenter la France dans son essence cocardière, flamboyante mais aussi discrète, élégante et pudique. Rien n'a jamais pu atteindre sa réputation ni créer le moindre discrédit dans le rapport que tous ceux que le cinéma passionne ont entretenu avec cet immense acteur quand il se donnait la peine d'être à la hauteur de ce qu'il portait en lui et que les metteurs en scène lui permettaient de démontrer ce qu'il valait.
En m'abandonnant à un choix totalement subjectif et trop restreint devant la richesse d'une telle carrière, je ne sais pourquoi, j'ai envie de mettre en exergue Cartouche, Léon Morin prêtre et L'homme de Rio.
Jean-Paul Belmondo, Bébel, le voir, l'entendre, s'en souvenir, faire venir en nous les séquences inoubliables où son caractère joyeux et désinvolte savait s'imprégner de tendresse et de gravité, revient à plonger dans une histoire qui se confond presque avec une Histoire artistique et culturelle de la France. Belmondo est quelqu'un qui ne s'est jamais pris au sérieux mais qui nous a touchés par le rire, la fraternité, la certitude que nous avions en lui un incontestable, un irremplaçable ami. Quelqu'un avec qui nous aurions désiré échanger, plaisanter ou dîner.
Pas d'anecdote plus significative et plus éclairante à ce sujet que celle racontée par Patrice Leconte. Dans un film dont il était le réalisateur et où Belmondo jouait avec Delon, les deux acteurs devaient, pour rejoindre le plateau, passer devant une foule de badauds. Le premier est applaudi et distribue des autographes avec le sourire. C'est un proche, il est des leurs. Le second paraît, c'est le silence. "Comme si le proviseur traversait la cour".
C'est toute la différence. Delon n'en finit pas de se montrer. Il ne parvient pas à s'oublier.
Jean-Paul Belmondo n'a pas besoin de nous démontrer qu'il existe. Il y a en chacun de nous un peu de Belmondo.
Puisqu'il a toujours été, et qu'il demeurera, l'homme de France.
Quel plaisir de lire ce bel hommage !
J'adore "Cartouche" aussi et les magnifiques dialogues de Daniel Boulanger, il est dans mon top 3 avec "L'incorrigible" et "Week-end à Zuydcoote", adaptation très réussie du roman de Merle.
Mince il y a aussi "Le magnifique" et plein d'autres.
Joyeux anniversaire Bébel et longue vie !
Rédigé par : Nordine | 09 avril 2013 à 17:55
Ceux qui connaissent les deux disent que Belmondo amuse par sa faconde et Delon impressionne par sa vertu (du latin virtus).
Rédigé par : Yves | 09 avril 2013 à 11:50
@ Savonarole
Quel savon !
Rédigé par : Jabiru | 09 avril 2013 à 11:21
Cher Philippe,
Oui, nous assistons en direct au travestissement de l'intention du législateur dans plusieurs textes fondamentaux du Droit.
C'est une violation publique de la Loi et des Traités, un pas inadmissible dans la confusion.
Peut-on inverser la hiérarchie des normes dans le respect de la loi ?
Quelles sont les conséquences de la maltraitance des fondements de la Loi ?
Concernant les références: Chaîne Public Sénat ou http://www.publicsenat.fr/evenement/mariage-tous
le lundi 8 avril 2013 entre 17h et 19h après les brillantes interventions de Monsieur Hugues Portelli et de Monsieur Patrice Gélard sénateurs.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 09 avril 2013 à 00:51
Bravo pour ce billet élogieux pour notre Belmondo national, mais pourquoi le comparer à Delon ? Ou inversement.
Rédigé par : adamastor | 09 avril 2013 à 00:03
Je partage l'avis de la majorité des intervenants de ce blog, quel que soit le talent de Belmondo, je l'imagine mal jouant Cahuzac. Il le rendrait par trop sympathique !...
Delon dirigé par un Martin Scorsese serait mieux dans ce rôle, ou Michel Piccoli avec vingt ans de moins : il a toujours excellé dans les rôles de salauds dont l'arrogance le disputait au cynisme. Mais vu qu'il était aussi fort bon dans ceux de jouisseur pervers, il pourrait faire également un bon DSK.
Rédigé par : Trekker | 08 avril 2013 à 21:13
@ semtob
J'ai moi-même halluciné devant cette séquence d'embrouilles verbales. Taubira aligne les articles du code civil et fait des résumés dangereux sur la supposée inexistence des fondements du mariage. Elle a paraît-il ébloui son auditoire à l'Assemblée nationale, elle est stupéfiante d'arrogance au Sénat. L'omniprésence de la sénatrice EELV Benbassa ouverte à toutes les formes d'avilissement de la femme (prostitution dérégulée, GPA...) amène à réfléchir sur les modèles de représentation nationale dans une démocratie.
Rédigé par : SR | 08 avril 2013 à 20:59
Un article comme ça rend presque nostalgique car cela fait penser à un cinéma qui n'existe plus. Je ne veux pas faire mon maxi ronchon du jour mais pour moi nous vivons l'ère du film qui sera bankable ou qui ne sera pas et après ça le déluge (à croire que tout est pensé et par extension réalisé dès à présent en fonction de ce qui pourrait être susceptible de plaire, plaire à qui et comment, et non autrement).
Le maxi ronchon (c'est donc moi) a pris tout dernièrement un abonnement à la cinémathèque française (Bercy) ; j'y vais souvent et souvent je suis sûr de ne pas me tromper sur la valeur de ce que je vais voir ; de ne pas me tromper sur la valeur sûre de valeurs sûres.
Bonne soirée
Rédigé par : Carl+Larmonier | 08 avril 2013 à 20:46
"Triste fin de vie pour "Le Guignolo" qui nous a fait passer quelques bonnes soirées d'aventures et de détente. Il me fait bien pitié aujourdhui avec son petit chien à sa mémère dans ses bras, ses bagouzes et ses déboires sentimentaux. Lui le dur devenu faible !
Rédigé par : Jabiru | 08 avril 2013 à 13:38
Jabiru, qu'as-tu fait de tes dix doigts dans la vie pour juger Belmondo ?
Jabiru : dix coups de fouet, une plume dans le derrière, du persil dans les narines et fissa !
Rédigé par : Savonarole | 08 avril 2013 à 20:14
Qui a dit déjà que les Italiens étaient des Français de bonne humeur ? Belmondo, d'ascendance ultramontaine, l'illustre à merveille. Il a été à un moment vice-président du juvénile Paris-Saint-Germain, bien avant l'arrivée des Qataris au club. Bébel fait partie de ces acteurs qui ne parlent pas politique, et il a bien raison et ses raisons : on peut toujours être mal interprété - sujet glissant pat excellence - et puis d'aucuns croient que c'est clivant, susceptible donc de déplaire au chaland. Lui aussi ?
Son papa sculpteur a eu maille à partir avec la glauque épuration à l'issue de la dernière guerre mondiale, une leçon à retenir, des gamelles à remplir. Le sport, cette belle déclinaison du corps en mouvement, colle beaucoup plus à la notion de saltimbanque chère à Jean-Paul. Cette image insouciante des 30 Glorieuses selon JPB, suspendu au-dessus du vide le sourire aux lèvres, est partie pour durer pendant plusieurs générations. Alors que la plupart des péripéties en politique se démodent bien vite.
Vous voudrez bien noter que j'utilise pour ma part le présent au lieu de vos imparfaits, si on atteint les 80 ans c'est qu'on est bien et Bébel... vivant.
Rédigé par : scoubab00 | 08 avril 2013 à 20:02
@ semtob
Par pitié, la référence de la bêtise de Mme Taubira, j'ai un séminaire cette semaine et j'aimerais diffuser ça auprès des étudiants. Merci. Merci. Merci.
Rédigé par : JT | 08 avril 2013 à 19:52
Navré, oui, vraiment, je n'ai jamais aimé le jeu de Belmondo ; l'homme, ça, je n'en sais rien il faudrait lire un magazine et on ne pourrait en tirer que des âneries. Tout de même, en vous lisant, M.Bilger, je pense à "Etre acteur", au "Paradoxe du comédien", à "Ecoute, mon ami" et je me dis qu'entre le comédien et le public, se tisse la plupart du temps, pour le cinéma, un lien de dépendance hédoniste. Il est nécessaire d'y avoir une personnalité attachante, des dents éblouissantes, des compagnes très diversifiées. Au niveau inférieur, il y a les scandales, les terribles épreuves de la vie, la mort en face et l'art de l'esquive face au drame intime, ou la célébration post mortem d'une fin puisée dans l'excès, la lassitude de tout, le décrochez-moi avec le tableau.
Mais le comédien de théâtre ? Celui qui rentre tous les soirs en scène, pour jouer sa crédibilité, qui invente la catastrophe et son antidote à chaque représentation, et regarde le prompteur en priant que ça marche. J'ai vu M. Belmondo une fois au théâtre, ce n'était vraiment pas bon, mais j'aime bien les sculptures de son papa.
Pourquoi voulez-vous, les correspondants, qu'on joue Cahuzac ? Il a eu raison, cet homme, de faire ce qu'il a fait, si la fiscalité avait été plus incitative, il aurait laissé son argent en France. Il a fait comme des centaines d'avocats, médecins et hommes politiques, ce jour, une asperge Fabius paraît sortir de terre, il y a aussi la déclaration de patrimoine de Moiprésident qu'il faudrait examiner de près.
La presse déplore la perte de crédibilité des politiques, mais sans jamais se poser la question de son origine, comme on déplore les actes islamophobes sans jamais se demander si, par hasard, il n'y aurait pas, derrière, des raisons de ne pas aimer l'Islam en raison d'actes commis par nombre de ses fidèles.
Ce serait difficile de jouer tous ces contrastes, conseiller les rois en restant peuple.
A la fin de la pièce, normalement, on applaudit, là on aurait plutôt envie de siffler, parce que les comédiens sont mauvais, mais surtout, chez les citoyens, monte une rage sourde, accompagnée d'un mépris si palpable que Moiprésident envisage des mesures pour réagir, pour moraliser la vie publique. C'est de l'euthanasie.
Rédigé par : JT | 08 avril 2013 à 19:50
Avis de recherche pour un acteur ayant pu jouer le rôle de Jérôme Cahuzac ?
Alors sans hésitation John Cassavetes, inquiétant à souhait.
Rédigé par : Camille | 08 avril 2013 à 19:41
Cher Philippe,
Quand Taubira réinvente le Droit.
Une démonstration des plus comiques vient d'être donnée au Sénat.
De quoi faire hurler de rire les étudiants en Droit, pendant des années.
Madame Taubira vient de démontrer que la loi nationale a force supérieure sur les Traités.
La hiérarchie des normes nationales et supra nationales est revisitée.
Il y a aussi un Jean-Pierre Bel au Sénat qui sera un grand comique de l'Histoire pour avoir laissé dire une énormité pareille.
Les sénateurs PS ne devraient-ils pas suivre une petite initiation au droit ?
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 08 avril 2013 à 19:03
Le cinéma est un art mineur, mais parfois il sert la Peinture, Art Suprême.
Voyez ces images d'un officier SS visitant la salle du Jeu de Paume sous l'Occupation :
http://m.youtube.com/watch?v=9SU4-bQCJOE
Rédigé par : [email protected] | 08 avril 2013 à 17:12
@Boris
Vous citez Trintignant dans le rôle de Cahuzac ?
Impossible, voyez ceci, "humain, trop humain"...
http://m.youtube.com/watch?v=CihR_4vTobk
Rédigé par : [email protected] | 08 avril 2013 à 16:41
@Boris
Ah vous avez raison, Maurice Ronet ! Dieu quel acteur !
Voyez ces images du Feu Follet de Drieu La Rochelle :
http://m.youtube.com/watch?v=IwSQxlwMzr8
Vous êtes trop jeune pour comprendre, mais voyez ces passants, ce boulevard Saint-Germain, cette terrasse des Deux Magots et en face la brasserie Lipp, c'était la France des sixties, mais bon sang, qu'ont-ils fait de notre pays ?
Rédigé par : Savonarole | 08 avril 2013 à 16:29
Merci Philippe de nous rappeler qu'il y a encore de beaux éléments, de jolis restes dans cette France qui va bientôt exploser.
Belmondo, je suis plus que fan. Ce sont les rares films de ces années-là que je peux revoir.
La majeure partie des autres longs-métrages ont perdu de leur splendeur au fil des années. « Bebel », grâce à son jeu désinvolte et son charisme a donné une belle longévité aux films dans lesquels il a tourné.
Par contre je ne comprends pas votre désobligeance gratuite envers Alain Delon.
Il est copain avec Sarko ou quoi ?
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 08 avril 2013 à 15:23
Alain Delon jouant Cahuzac ?
Oui, peut-être...
C'est vrai que la palette de l'acteur était immense, du Guépard au Doulos, à Monsieur Klein et même au baron de Charlus dans le film "Un amour de Swann".
On oublie que Jean-Paul Belmondo a joué un escroc et pas n'importe lequel, en 1974, sous la direction d'Alain Resnais :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=3413.html
Mais avec la "patte" Belmondo de cette époque bénie où il tournait beaucoup, en réussissant à nous rendre Stavisky presque sympathique...
Rédigé par : J.H. de la Roche-Bernard | 08 avril 2013 à 15:10
On peut regretter que Belmondo n'ait pu interpréter la vie et l'œuvre extraordinaires de Jean-Michel Aphatie et de son combat contre le réel : "Purée, elles sont où les preuves de Mediapart, hé, je vous le demande, hé ?"... Jouant d'une voix piaffante la gamme des milles décibels onctueux de son accent cassoulet basquais, de ses airs contrits lorsqu'il se prend une tôle au Grand Journal, Belmondo nous aurait joué un Aphatie extraordinaire, un Raimu basquais. Depardieu va bien nous faire un DSK.
Rédigé par : Savonarole | 08 avril 2013 à 14:15
Triste fin de vie pour "Le Guignolo" qui nous a fait passer quelques bonnes soirées d'aventures et de détente. Il me fait bien pitié aujourdhui avec son petit chien à sa mémère dans ses bras, ses bagouzes et ses déboires sentimentaux. Lui le dur devenu faible !
Rédigé par : Jabiru | 08 avril 2013 à 13:38
Belmondo sur scène dans son théâtre des Variétés, donnant aux pièces interprétées un souffle, un dynamisme, une jubilation pour le bonheur des spectateurs, quel spectacle inoubliable !
Le respect du public, pour le divertir, le faire rire, le distraire un moment de ses soucis, telle semble la mission que Belmondo s'est fixée, et qu'il a exercée avec un très grand professionalisme. Il assume pleinement son état d'acteur populaire, aimé du public, aimant son public, à la différence de Delon beaucoup plus réservé.
Belmondo a été très bon dans "Itinéraire d'un enfant gâté" malgré toutes les invraisemblances dont Lelouch parsème ses films. Pas si gâté que cela au départ, Belmondo s'est imposé comme une grande figure populaire et attachante.
Son dernier film, "Un homme et son chien" m'a émue pour l'élégance et la dignité dans l'adversité.
Rédigé par : Camille | 08 avril 2013 à 13:00
Nos comédiens sont ainsi devenus les dieux de l'Olympe moderne. On leur prête les qualités de leurs personnages de cinéma. Ils vivent en dehors du commun des mortels tout en étant faillibles. Finalement quelle évasion pour nos esprits fatigués par nos médias, nos institutions, nos hommes politiques !
La justice, le procureur de Bordeaux, se posent des questions sur la mise en examen de Sarkozy. Cela semble vraisemblable tant le motif retenu par le juge Gentil semble artificiel. Hollande cherche à calmer le jeu, eh bien qu'il fasse un référendum sur le mariage pour tous ou qu'il retire le projet ; mais sa peur des journalistes va lui faire préférer un mois de mai torride.
Rédigé par : Perplexe-gb | 08 avril 2013 à 12:48
@ Savonarole
"Ce serait Delon le plus crédible pour interpréter Cahuzac déposant 15 millions à Zurich".
Ca dépend : Bebel a joué Stavisky, autre escroc parvenu. Et puis, je suis désolé, dans Mort d'un Pourri, ce n'est pas Delon qui joue l'homme politique corrompu : c'est l'admirable Maurice Ronet. Delon est bon quand il est bien cadré par un très grand réalisateur. Et quand il ne parle pas trop. Ce n'est pas un hasard si son meilleur rôle est le Samouraï.
Pour incarner Cahuzac, j'aurais bien vu Charles Vanel dans les années 40 - le côté malfaisant pleunichard. Bien grimé, peut-être... En fait, il faudrait trouver l'intermédiaire entre le Trintignant du Bon Plaisir et le Victor Lanoux d'Adieu Poulet. Pas évident ! Par malheur, Blier ne ressemble pas du tout à Cahuzac, parce que Philippe Chalamont, c'est tout à fait ça. Mais Gabin dans le rôle de Hollande... au secours !!!
C'est pourquoi je pense que Ronet aurait été le meilleur choix, d'autant qu'il a aussi joué merveilleusement le cadre sup dévoyé dans Ascenseur pour l'échafaud. A moins que vous ne vouliez un film comique... c'est possible aussi ! Cahu n'avait-il pas un poster de Picsou au-dessus de son bureau ? Avec Gassman, dans la Marche sur Bercy, disons ? Ou Daniel Ceccaldi ?
Une chose est sûre : dans le rôle du ministre de la Justice, il nous faudrait le Patrick Dewaere du Sheriff... Et à la brigade financière, le Paul Amiot du Cercle rouge : "Ils viennent au monde innocents, mais ça ne dure pas..."
Rédigé par : Boris | 08 avril 2013 à 12:40
N'est-il pas révélateur que, pour trouver un personnage, un homme public, une figure de la France qui essuie un peu la honte qu'une génération de politiques nous barbouille depuis des lustres, on se tourne vers la silhouette tremblante et infirme d'un acteur ? C'est-à-dire celui dont le métier est de singer ce qu'il n'était pas, de répéter ce qu'il n'a pas écrit, et pour alimenter un imaginaire qui, par définition, n'existe pas.
2013 fête le cinquantième anniversaire du film "Les Tontons Flingueurs". Un beau titre pour un gouvernement socialiste qui porte l'héritage mitterrandien avec la maestria que l'on sait.
Un romain de l'Antiquité à ma place y verrait des signes annonciateurs.
Rédigé par : Archibald | 08 avril 2013 à 12:23
Je vous rejoins sur Belmondo. Effectivement il n'est pas un continuel donneur de leçons, un "conseilleur", un "apitoyeur", un faux humaniste, qui, assis sur sa fortune n'a de cesse de défendre les humbles avec force publicité, les sans papiers, les sans logis, et... en culpapilisant les autres ou en leur faisant la mendicité.
Car oui la plupart des artistes qui se réclament de gauche (et très très peu de droite), aux bons sentiments, viennent nous faire la morale en fréquentant les lieux prestigieux, les grands hôtels, en faisant de la publicité (même pour les banques alors qu'ils les démolissent dans leur propos), et viennent faire leur show sur les pauvres un fois par an. C'est insupportable ! C'est à vomir !
Belmondo et quelques autres ne se mêlent pas de ce genre, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne participent pas aux quêtes en toute discrétion.
Les artistes, aujourd'hui, je les prends pour ce qu'ils sont : des artistes et bien souvent j'aime leurs films, leurs chansons, leurs oeuvres et admire leur talent, parfois leur génie mais je les considère non pas comme des stars ou des gens exceptionnels, non, juste comme des gens qui font leur métier. Leur vie je m'en moque, leurs pleurnicheries aussi, leurs bien-pensance encore plus.
Je ne parle pas d'un directeur de théâtre du Rond-Point : provocateur, sectaire et méprisant pour tout ce qui ne pense pas comme ses amis de gauche (dont la Compagne). Un personnage qui me soulève le coeur.
Tous ces personnages se croient au-dessus des lois, des autres, ils ne sont que de simples individus avec leurs failles et un ego démesuré. De leur morale soviétisante je m'en fiche, j'ai la mienne et n'entends pas me laisser influencer par eux, fussent-ils talentueux... ou pas.
Quelques-uns échappent à cela, je citerai Roland Giraud ou Catherine Deneuve ou Nathalie Baye et d'autres. Ils ne cherchent pas la gloire, ils l'ont.
Rédigé par : Michelle D.-Leroy | 08 avril 2013 à 11:25
Les gens de sa génération aiment Belmondo car c'est notre jeunesse et qu'il était bien représentatif du Français gouailleur et rigolard en voie de disparition maintenant. Par ailleurs il n'a jamais été "l'artiste engagé" se croyant autorisé - du fait de sa notoriété médiatique - à donner des leçons de morale politique, voire des injonctions lors des scrutins dans un domaine où rien ne les autorise à le faire. Je me souviens très bien d'une interview où une journaliste tenta de l'amener sur le plan politique et où il avait répondu en riant "mais madame, moi je suis un saltimbanque, quelle légitimité aurais-je à donner mon avis dans un domaine ou je n'ai pas de compétence ?"
Rédigé par : cellier | 08 avril 2013 à 11:05
Belmondo ou le passéisme générationnel.
Rédigé par : SR | 08 avril 2013 à 10:44
Pour traiter en affaires, A. Delon était un chef qui ne laissait rien au hasard et exécrait avoir une dette vis-à-vis de
quiconque.
Pour "l'insoutenable légèreté de l'être", J.-P. Belmondo était inégalable uniquement en apparence.
Pour le cinéma : quels choix !
Rédigé par : calamity jane | 08 avril 2013 à 10:31
Après avoir joué les trouvères, ou les troubadours (selon le lieu de lecture de vos billets), à la gloire du si intelligent (sic) François Hollande, voilà que vous nous chantez en langue d’oil les mérites de Jean-Paul Belmondo. Que du beau monde quoi.
Quelle légèreté, de votre part, au moment où le pédalo Hollande a percuté l’iceberg Cahuzac. Je me suis demandé quels points communs il pouvait y avoir entre ces deux hommes pour que vous manifestiez autant d’admiration à l’un et à l’autre, et j’ai compris !
La vanité du paraître, le sens des bons (ou moins bons) mots. Belmondo récitant du Michel Audiard en souriant dans les situations les plus invraisemblables et Hollande récitant du Hollande. Il y a quelques jours encore il a déclaré, au Maroc : « Gouverner c’est pleuvoir ». Admiratif, j’ai été admiratif, et je suis sûr que Michel Audiard a dû se retourner dans sa tombe, en regrettant de ne pas avoir écrit cette réplique.
Remarquez, il en écrit de belles, Audiard... Tout à fait au hasard :
"Dans la vie on partage toujours les emmerdes, jamais le pognon"
ou encore
"La justice, c'est comme la Sainte Vierge, si on la voit pas de temps en temps, le doute s'installe."
Hum, toute réflexion faite, c’est bien le "Paraître" qui réunit Hollande et Belmondo.
Pour "l’Être", ce serait plutôt "le Néant" !
Rédigé par : Tipaza | 08 avril 2013 à 09:57
"...Ce ne sont pas "les opposants" qui sont indignés par l'affaire Cahuzac..."
Rédigé par : Frank THOMAS | 08 avril 2013 à 02:47
Bien d'accord avec cet internaute, cher M. Bilger. Il y a quelque chose de scandaleux dans l'expression de ceux qui nous gouvernent à circonscrire le scandale Cahuzac à ce médecin empêtré dans ses mensonges, sa fraude fiscale et son incroyable aplomb.
Vous verrez : elle ne fait que démarrer et sera, je suis prêt à parier, plus destructrice que l'affaire DSK...
Ce sont les Français qui sont, à bon droit, indignés. Et les gesticulations pitoyables de Hollande ne font qu'ajouter à cette indignation.
Et c'est ce pauvre M. Hollande qui essaie de nous faire rire avec ses aphorismes dignes de M. Prud'homme : "Gouverner, c'est pleuvoir...", prononcé au Maroc... Il ne sait plus où il en est, onze mois à peine après avoir pris ses fonctions.
Quant à M. Ayrault, beaucoup moins faraud que lorsqu'il passait son temps de député à aboyer à l'Assemblée nationale, piteux et nul, la tête penchée et rentrée dans ses épaules, il ferait mieux de demander un poste de professeur certifié dans une ZEP de la banlieue nantaise.
Il y serait à sa place, peut-être... Mieux en tout cas qu'à la tête de son équipe de grotesques.
Rédigé par : J.H. de la Roche-Bernard | 08 avril 2013 à 09:56
Bonjour Philippe Bilger,
« Pas d'anecdote plus significative et plus éclairante à ce sujet que celle racontée par Patrice Leconte. Dans un film dont il était le réalisateur et où Belmondo jouait avec Delon, les deux acteurs devaient, pour rejoindre le plateau, passer devant une foule de badauds. Le premier est applaudi et distribue des autographes avec le sourire. C'est un proche, il est des leurs. Le second paraît, c'est le silence. "Comme si le proviseur traversait la cour". »
Belmondo, Delon, deux talents que tout oppose. Le premier a une gueule, le second un physique.
Le seul inconvénient pour Belmondo est qu’il avait une gamme de personnages assez limitée. La preuve, il n’a jamais eu un rôle de méchant, de marginal oui, mais toujours sympa. Bref le bon gars comme on aime les trouver au comptoir de notre café favori. Alors que Delon, lui, on l’imagine plutôt à la buvette de l’Assemblée nationale en train de boire un Cognac grand cru avec un lobbyiste.
Par ailleurs, Delon a joué dans une palette de personnages bien plus variés ; depuis le flic impitoyable jusqu’au petit salaud accompli, sans oublier, bien sûr, ses rôles dans des œuvres d’anthologie comme Le Guépard, Monsieur Klein et quelques autres.
Tout ça est un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Rédigé par : Achille | 08 avril 2013 à 08:49
L'anecdote que relate P. Bilger est savoureuse, mais ce serait Delon le plus crédible pour interpréter Cahuzac déposant 15 millions à Zurich.
Belmondo l'emporte dans nos cœurs par ses archétypes typiquement français, il nous ressemble, hâbleur, grandiloquent, généreux, couard mais intrépide. Il a su imposer l'œuvre de son père que toute une gauche moraliste sous Mitterrand avait voulu réduire à un sculpteur collaborationniste. (Toutefois il me semble qu'il avait reçu un appui inattendu de Jack Lang)
Mais il manque à la filmographie de notre Bebel les quatre ou cinq grands rôles que Delon a su imposer : Monsieur Klein, Le Guépard, le Samouraï, Les Félins, etc.
Rédigé par : Savonarole | 08 avril 2013 à 07:05
"Je m'apprêtais à m'en prendre à ces opposants indignés par l'affaire Cahuzac et faisant oublier à bon compte qu'ils n'avaient pas été irréprochables..."
Vous avez fort bien fait, Philippe, de ne pas persister dans cette intention.
Ce ne sont pas "les opposants" qui sont indignés par l'affaire Cahuzac.
Certes, il est indéniable que certains y voient une aubaine politique à exploiter.
Mais c'est le peuple travailleur, celui "qui se lève tôt" comme disait l'autre, celui qui paye ses impôts et place son argent à la Caisse d'Epargne qui est indigné.
Je vous l'ai déjà dit et je vous le répète, cette vision un peu étroite des conséquences de cette incroyable affaire n'est pas à la hauteur de ce qu'on attend de vous.
Chaque jour et presque chaque heure en complète l'effarant tableau, ébranle la République et ses plus hautes autorités en la personne du garde des Sceaux, du ministre de l'Intérieur et de celui de l'Economie et des Finances.
La question n'est plus la guéguerre Droite/Gauche, mais la France et son image dans le monde.
De cela aussi le peuple, plus peut-être encore que les élites, est tristement conscient.
Rédigé par : Frank THOMAS | 08 avril 2013 à 02:47
Cher Philippe,
la finesse de vos analyses, la qualité de votre écriture n'excusent pas tout. Vous semblez aussi obstiné que notre Président. Vous défendez toujours le juge Gentil qui semble de plus en plus isolé et incompris, et vous condamnez les amis de Sarkozy au prétexte de leur impureté. S'il fallait être pur pour jeter la première pierre, le monde serait bien silencieux.
Se rasséréner avec Belmondo, pourquoi pas de Funès, montre votre profonde détresse, que l'actualité explique. Penser que tout Français a du Belmondo en lui n'est pas le grandir. Pour séduire la moitié féminine de l'humanité, nous gagnerions à avoir du Delon en nous. Et si Delon "ne parvient pas à s'oublier", Belmondo a hélas tout oublié, et n'a conservé que la médiocrité.
Rédigé par : racine15 | 08 avril 2013 à 00:30
Cher Philippe,
Oui, notre France est vieillissante, malmenée par des hommes du déclin. Notre télévision est vieillissante. Notre Assemblée nationale est vieillissante dans ses idéalisations de mariage. Notre Europe est vieillissante. La répétition n'est plus comique, mais une mode. Les journaux féminins sont inintéressants.
Restent les potins de journaleux qui tissent des fictions sur des potins.
Des juges qui se prennent pour des journalistes ou des politiques, des avocats qui bavent. Tous les coups sont permis pour démolir son prochain, pour salir.
A démolir tout statut, toute profession, toute éthique, toute entreprise, toute famille, tout honneur, le but de ce gouvernement est atteint, c'est l'agonie des institutions.
Lorsque les juges décortiquent des cas sur la place publique et dans les cafés de gare et bafouent à plein tuyau la présomption d'innocence, se gavent de petites phrases assassines pour nourrir des ambitions personnelles ou politiques, c'est le droit qui s'égare.
Souhaitons que Belmondo soit entouré de véritables amis.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 08 avril 2013 à 00:05
Je propose que le jury du festival bilguérien accorde à Bébel les distinctions suivantes :
Pour avoir supporté d'être dirigé par Jean-Luc Godard pendant trois films, deux Oscars par tournage.
Pour sa prestation dans Le corps de mon ennemi, le Prix de la plus belle illustration des magouilles politiques de la droite française.
Pour Un singe en hiver, le prix de la tauromachie automobile et de la soulographie héroïque.
Il faudrait enfin créer le trophée Antinéa décerné à la réplique la plus baroque de l'année. Je pense bien sûr à celle de Guiomar à Bébel dans L'Incorrigible : "Tu vois l'amour à travers les mandolines et les vers de mirliton. L'amour, le vrai, est shakespearien ! L'amour ne se susurre pas, il se hurle. J'ai hurlé comme personne... ANTINEA !!! ANTINEA !!!"...
Rédigé par : Boris | 07 avril 2013 à 23:54
Et Depardieu en toisant Cahuzac lui dit :
"Au fait, c'est qui le minable ??"
Rédigé par : Serge | 07 avril 2013 à 22:27
Quand tout fiche le camp, le pape, les rabbins, les ministres, il reste Bébel. Bébel et Delon, le sympa et le snob, l'un tourné vers les autres et l'autre centré sur lui-même. Sauf que, si ma mémoire est bonne, Patrice Leconte a aussi raconté qu'après l'échec cuisant du film, un seul des deux "monuments" l'a contacté pour lui remonter le moral... Delon. Vraiment, tout fiche le camp !
Rédigé par : Nicolas | 07 avril 2013 à 22:04
Je vous propose d'intituler votre prochain sujet : Machiavel a trouvé son maître. Le développement pourrait être consacré au cerveau qui a élaboré une stratégie de déstabilisation à retardement qui est a priori malheureusement efficace.
Rédigé par : GULLI VER | 07 avril 2013 à 21:45