Le genre du portrait est un art difficile. Le modèle n'est jamais vraiment content : il se reconnaît sans se reconnaître et a tendance à juger inexacte, tendancieuse ou maligne l'interprétation de ses réponses au questionnement du journaliste. Sous la plume d'Anne Fulda, le Figaro a bien voulu m'en consacrer un.
Il est en revanche des portraits éclairants et pleins d'empathie qui vous font aimer une personnalité dont on ne raffolait pas. Dans Libération, Cécile Daumas a changé sensiblement mon point de vue sur Ruwen Ogien.
Pourtant, toutes les positions de ce philosophe tranquille, lunaire et extrémiste sur le plan social et politique me hérissaient l'esprit. Je ne suis pas devenu un partisan, encore moins un inconditionnel mais j'avoue que la découverte de ce radical doux, proposée avec finesse et bienveillance, me conduit à regarder différemment ses provocations sereinement assénées. Elles titillent, surprennent, irritent, stimulent.
Par certains côtés, je devine une familiarité forte entre lui et Raoul Vaneigem qui, pour la liberté d'expression, a adopté une approche similaire : tout peut être dit sauf ce qui conduit directement à des actes délictuels ou criminels.
Ruwen Owen résume sa vision d'une manière très simple : "Ne pas nuire aux autres, rien de plus". D'aucuns pourraient la qualifier de simpliste mais, pour ma part, une fois le saisissement passé, je suis obligé de m'avouer qu'il y a de la pépite et de la richesse dans cette règle, aussi concise qu'elle soit ; et qu'en tout cas, la réfuter n'est pas aussi aisé que son apparence pourrait le laisser présumer. Il y a des vertiges, des gouffres sous ces mots et leur brièveté.
Quand il énonce "qu'il n'y a pas de rapport entre la vertu privée et l'action politique juste", il émet malheureusement un constat même si je conçois l'acharnement de beaucoup de citoyens, dont je suis, à tout faire pour que le privé et le public, l'intime et le politique ne soient pas déconnectés.
Enfin, sa dénonciation ironique des moralisations vise d'autant plus sa cible qu'il sait bien que la morale personnelle et l'honnêteté individuelle comptent infiniment plus que toutes les tentatives pour redresser une classe politique si elle ne porte pas en elle, naturellement, l'exigence éthique et n'offre donc pas sa traduction quotidienne concrète.
Michel Sapin a rappelé récemment ces évidences. Il est tristement signifiant que de tels rappels à la morale de base non seulement ne soient pas oiseux ni vains mais soient imprégnés d'une forme de nécessité. Où vont un gouvernement et un pouvoir qui ont besoin d'une constante pédagogie sur ce plan ?
Dorénavant, je lirai autrement les entretiens avec Ruwen Ogien et ce farfelu mais dur, cet humaniste mais révolutionnaire, ce tolérant absolutiste, cet anarchiste aimable restera dans un coin de ma tête comme un homme de subversion utile.
Ce si doux radical.
Qu'en pensez vous ?
"Les révélations d'Atlantico devraient faire l'effet d'une bombe. Le site s'est procuré une vidéo tournée en cachette au siège du Syndicat de la magistrature par un juge apolitique et non syndiqué. Sur le film, on découvre ce que le SM a baptisé le "Mur des Cons". En fait, un gigantesque panneau dans la salle principale du local syndical, sur lequel sont placardées plusieurs dizaines de photos de personnalités, dont la grande majorité est politiquement classée à droite.
La liste est longue et épingle de nombreux hommes politiques, intellectuels ou journalistes. Y figurent entre autres Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, Edouard Balladur, Nadine Morano, François Baroin, Luc Chatel, Michèle Alliot-Marie, Luc Ferry, Eric Besson, Christian Jacob, ou encore Patrick Balkany. Certaines prises de vue sont accompagnées d'un autocollant du Front national. Et sur le portrait de l'ex-ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, une mention infamante : "L'homme de Vichy".
Côté société civile sont ciblés Jacques Attali, Alain Minc, ou Alexandre Adler. Bon nombre de journalistes et patrons de presse sont également mis au banc syndical, dont Eric Zemmour, l'éditorialiste du Figaro Yves Thréard, Béatrice Schönberg, David Pujadas, et encore l'ex-directeur du Figaro Etienne Mougeotte, ou l'ancien patron de TF1 Patrick Le Lay. Cette "black-list" est, semble-t-il, non exhaustive puisqu'au milieu du panneau se trouve mentionné sur une affichette : "Avant d'ajouter un con, vérifiez qu'il n'y est pas déjà".
La démarche, qui pourrait s'avérer bon enfant dans la cour d'un lycée, pose question et laisse planer le doute quant à l'impartialité réelle de la justice française. Les têtes à abattre ainsi exposées sur le tableau de chasse des magistrats syndiqués peuvent désormais s'inquiéter de leur avenir judiciaire. Reste à savoir si l'initiative, maintenant révélée, sera sanctionnée comme une faute grave qui décrédibilise sérieusement la démocratie. Ni le gouvernement, ni les magistrats n'ont réagi publiquement pour le moment."
Rédigé par : Guzet | 24 avril 2013 à 07:59
Qui se souvient des manifestations d'étudiants en 2006, sous la responsabilité de Dominique de Villepin ?
"En raison de la présence massive de journalistes et photographes le long des cortèges de manifestants, plusieurs actes de violence policière sont mis en évidence. Les médias retiennent surtout le cas de Cyril Ferez, grièvement blessé le 18 mars 2006 par les forces de l'ordre et tombé de ce fait dans un coma de 3 semaines.
Parallèlement, un certain nombre de violences sont imputées à l'inaction des forces de l'ordre, laissant à dessein des encagoulés attaquer et voler les manifestants (violences sur l'Esplanade des Invalides soldant la manifestation du 24 mars 2006)."
Wikipédia.
Rédigé par : Savonarole | 22 avril 2013 à 13:58
Finalement cette manifestation se sera bien passée, aucun blessé, aucun débordement, bravo Manuel Valls qui aura évite de se comporter comme Dominique de Villepin qui laissa sur l'esplanade des Invalides une horde du RER C casser du manifestant en fin de cortège.
La gauche est sans doute déçue de ne pas avoir pu filmer quelques crânes rasés en Rangers pour faire accréditer que le nazisme est à nos portes...
En revanche les médias ont été lamentables, prenant fait et cause pour les contre-manifestants, dont ils se sont bien gardé de nous produire les chiffres de participation.
Les médias français font penser aux rédacteurs du "Protocole des Sages de Sion" ou à la littérature d'Edouard Drumond, qui racontaient que lors de la retraite de Russie, au passage de la Bérézina, des hordes de juifs coupaient les jarrets des chevaux et achevaient nos soldats.
Bien sûr, j'exagère, mais le dispositif intellectuel est le même : faire croire que l'extrême droite catholique, les Civitas et autres culs-bénis, grenouillaient dans la manifestation d'hier.
Le moule intellectuel est le même.
Rédigé par : Savonarole | 22 avril 2013 à 12:10
Ils sentent d'instinct que le le loup est dans la bergerie
Moi aussi. D'ailleurs j'ai changé mon emploi du temps de radical libre: 19h: s'arrêter à l'Assemblée Nationale"
Rédigé par : anne-marie marson | 22 avril 2013 à 11:33
@ hameau dans les nuages
C'est vrai, ça, pourquoi au fait ?
Rédigé par : Alex paulista | 22 avril 2013 à 01:18
Cette manifestation,
Rengaine aux subjectifs parmi les dénombrés,
Poils en tous sans être disséqués,
Et le mariage y tant voulant rester fécond,
Alors on ne sais qui étant quoi en naîtra...
Etc.
Mais,
votre description du philosophe me rappelle le philosophe Jaspers.
Je vais à coup sûr lire ou écouter Ruwen Ogien.
Rédigé par : zenblabla | 21 avril 2013 à 20:25
Vive Caroline Fourest !
Chaque fois qu'elle ouvre la bouche Hollande perd des plumes.
Nous exigeons que les médias l'invitent tous les jours.
Rédigé par : Savonarole | 21 avril 2013 à 19:41
Ça va nous faire des vacances ce genre de défilés, car depuis 30 ans on ne voit que des syndicalistes, tous fonctionnaires, dont l'indice de masse corporelle devrait affoler la Sécurité Sociale. Y en a pas un qui fasse moins de 100 kilos, même en comptant les banderoles et les boutanches de Côtes-du-Rhône pour lutter contre le froid, entre Bastille et République.
Enfin des manifestations BCBG, j'adore, c'est top, non ?
Rédigé par : Savonarole | 21 avril 2013 à 18:41
Savonarole :
"Je dois avouer ma perplexité devant les images de ces manifestants à la télévision : tout le XVIe arrondissement est là !"
Oh ! pas que lui. Je ne suis pas monté à Paris (pas encore). Je connais de paisibles retraités agricoles qui moyennant 20 euros sont partis en car de l’extrême sud-ouest.
Et ils n'avaient de Jésus que le saucisson de leur panier repas.
Ils sentent d'instinct que le le loup est dans la bergerie. Et il ne choisira pas entre le mouton noir et les autres .
"Pourquoi pas la France puisque 14 pays ont accepté le mariage pour tous ?"
Et Eric Zemmour de répondre : "pourquoi pas la polygamie puisque 50 pays l'ont adoptée ?"
Rédigé par : hameau dans les nuages | 21 avril 2013 à 12:16
"On peut même remonter jusqu’à Savonarole, grand moralisateur s’il en fut et dont le fils spirituel vient de temps en temps sur ce blog, pour châtier les hérétiques et ramener les brebis égarées dans le droit chemin.
Rédigé par : Achille | 21 avril 2013 à 08:46"
Je dois avouer ma perplexité devant les images de ces manifestants à la télévision : tout le XVIe arrondissement est là !
De bonnes bouilles bien sympathiques, une élégance Benneton lambswool, une élocution parfaite qui les dispensent de L'Institut de la Parole, on sent bien qu'ils ont été bien éduqués. Y a pas un prolo dans ces manifestants, quant aux hordes de "factieux d'extrême droite", crânes rases et Rangers, ils n'existent que dans les cerveaux malades de nos médias.
Rédigé par : Savonarole | 21 avril 2013 à 11:45
@ Sylvain
"En 1968 ils avaient été baptisés "autonomes". Pour eux ce mouvement est du pain bénit."
Comme vous le savez sans doute, les autonomes sont en sommeil depuis la fin des années 80 : l'affaire de Tarnac l'a bien montré. Il y en avait pas mal dans mes Ardennes lors des émeutes de la Chiers en 82, aux côtés des grévistes et des antinucléaires, et à part quelques jets de cocktail molotov, ça n'a rien donné... Aujourd'hui, ce sont plutôt les nationalistes autonomes qui ont le vent en poupe.
Je suis d'accord, Civitas ne prendra pas le pouvoir tout seul, la cristallisation des groupuscules de la droite subversive ne s'est pas encore produite, comme ce fut le cas en Algérie en 58. Simplement, la détestation de la République est beaucoup plus répandue et active que vous ne pensez. Je n'ai pas dit de la Gauche, notez...
Rédigé par : Boris | 21 avril 2013 à 11:16
"Salut les pédés !"
Chers radicaux doux, ne me dites pas que je vous insulte, car vous commettriez le délit d’homophobie.
Ce que le débat public oublie bien évidement, c’est que la pédérastie vise la perversion homosexuelle plus précisément tournée vers les enfants. Or, il convient que la pédérastie n’existe surtout pas, car nous pourrions évoquer l’inceste homosexuel comme délit d’avenir.
Le mal profond qui se dessine dans notre société, c’est le désir profond qu’éprouve la moitié d’un peuple d’injurier l’autre moitié, et une haine qui monte. La question se pose en effet de savoir combien de Français auraient aujourd'hui des scrupules à envoyer combien d’entre eux en camp de type Auschwitz. Je dirai au minimum que 30% y enverraient bien un bon millier de qu’ils qualifient en conscience d’ordures.
Au train où vont les choses, on va bien y arriver à créer un nazisme à la française.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 21 avril 2013 à 09:55
Je crois, Boris, que vous aimez vous faire peur.
Civitas, combien de divisions ? j'allais dire de chapelles ?
Je crains beaucoup plus les éléments troubles provocateurs et souvent noyautés qui ont tout intérêt à radicaliser pour enclencher la spirale de la répression-manifestation.
En 1968 ils avaient été baptisés "autonomes". Pour eux ce mouvement est du pain bénit.
Dans mon journal local Monsieur Bouguereau, éditorialiste, ancien de 68, maintenant sur le tard ne craint pas d'amalgamer les événements de Boston avec nos "extrémistes du mouvement" contre le mariage pour tous. C'était avant la piste tchétchène.
Dans le mouton aussi tout est bon.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 21 avril 2013 à 09:28
@ Boris
« Désolé, mais il vous faudra aller jusqu'à la Ligue, aux Seize et au curé Boucher, qui portait bien son nom. »
On peut même remonter jusqu’à Savonarole, grand moralisateur s’il en fut et dont le fils spirituel vient de temps en temps sur ce blog, pour châtier les hérétiques et ramener les brebis égarées dans le droit chemin.
Rédigé par : Achille | 21 avril 2013 à 08:46
@ Sylvain
"Les Civitas que vous évoquez sont bien plus fréquentables que la bande de scélérats socialistes au pouvoir".
Mon cher Sylvain, j'ai eu le privilège de fréquenter ces deux catégories de très près. Une flopée de catholiques intégristes dans ma promo il y a une vingtaine d'années et une fédération départementale PS depuis 2004.
Je vous dirai donc qu'entre deux maux, il faut savoir choisir le moindre... J'entends que les socialistes vous sont insupportables, que depuis mai dernier la télé vous donne de l'urticaire, que vous pestez à longueur de temps : mais cela doit vous fouetter le sang, car vous n'en êtes que plus vif et alerte... D'ailleurs, Mitrand vous a déjà laissé la vie sauve, et vos ancêtres ont survécu à Blum.
En revanche, pour trouver des catholiques excités au pouvoir, vraiment au pouvoir et vraiment excités, il faut remonter beaucoup plus loin... Boutin ou de Villiers, c'est une aimable plaisanterie. Jacques Chevalier ou Philippe Henriot n'étaient jamais que des ministres de troisième rang. Les Ultras de la Restauration, du genre de La Bourdonnaye, ce n'est pas encore ça.
Désolé, mais il vous faudra aller jusqu'à la Ligue, aux Seize et au curé Boucher, qui portait bien son nom. Je suis sûr que les identitaires et Civitas pourraient vous organiser une insurrection parisienne en un rien de temps, si on les laissait faire... Mais dans ce cas, je vous donne deux mois pour demander l'asile politique au Vatican... ou même à Cuba, qui sait !
Rédigé par : Boris | 20 avril 2013 à 20:32
Boris :
"Gardés à vue, inspectés, espionnés, dirigés, légiférés, réglementés, parqués, endoctrinés, prêchés, contrôlés, rançonnés, exploités, monopolisés, concussionnés, pressurés, mystifiés, volés, réprimés, amendés, vilipendés, vexés, traqués, houspillés, assommés, désarmés, garrottés, emprisonnés, fusillés, mitraillés, jugés, condamnés, déportés, sacrifiés, vendus, trahis, joués, bernés, outragés, déshonorés".
Ben oui cher Boris vous auriez dû rajouter : "sodomisés shootés coranisés"
La clé de la réussite socialiste c'est encore plus d'homos, encore plus de drogués et encore plus d'étrangers et la France remontera la pente...
Enfin c'est une de leurs conceptions de la prospérité.
C'est pas la mienne !
Les Civitas que vous évoquez sont bien plus fréquentables que la bande de scélérats socialistes au pouvoir.
Rédigé par : sylvain @ Boris | 20 avril 2013 à 18:24
J'ai beaucoup aimé votre position, Philippe, sur la mode de tout ridiculiser, hier soir sur France 3.
Votre voisin (psy) était insupportable avec ses grandes rigolades en petit comité avec Monseigneur "Ah l'évêque".
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 20 avril 2013 à 17:55
@ JT
Le "suum cuique tribuere" faisait pour moi référence à Villey quand il dit que l'essence du droit est la répartition entre des parties, que le droit ne peut donc être "égocentrique". La position d'Ogien est d'abord et avant tout narcissique.
Rédigé par : Aristote | 20 avril 2013 à 14:46
"Primum non nocere", cet engagement principal du futur médecin vaut pour toutes les professions. Le boucher, le capitaine de vaisseau, le professeur, le magistrat, le ministre.
C'est la pierre angulaire de la déontologie et de la morale, et Raoul Vaneigem, Ruwen Ogien, Renaud Camus se situent dans la lignée de Cicéron, de Sénèque, des penseurs chrétiens des origines, de Montaigne, de Bernanos, etc.
Les journalistes d'investigation ou de commentaire pourraient utilement se rappeler ce commandement primordial ; nous en sommes loin.
Passé par le filtre de leur "analyse" le plus souvent servile à l'égard de l'opinion dominante qu'ils formatent et qu'ils suivent en même temps, il n'est guère de personnage public, d'acte ou d'engagement qui ne prenne un curieux aspect.
Le "Petit journal" de Yann Barthès sur Canal+ est de ce point de vue exemplaire, si j'ose dire. La façon dont hier il a traité Frigide Barjot - quelle que soit l'irritation que cette dame peut susciter, j'en conviens - est tout à fait insupportable et indigne.
On comprend que pour survivre à cette pluie acide, il faut passer entre les gouttes et être bien comme il faut, bien dans la ligne, tout en restant un "bon client". Exercice de souplesse d'échine et de courtisanerie qui, lorsqu'il est réussi, ôte à l'acrobate toute vertu et toute crédibilité.
Il n'est pas de petit scribouillard de province ou de grand plumitif parisien, qui n'exerce ainsi de façon arbitraire et presqu'incontrôlée un pouvoir exorbitant : celui de créer un personnage sympathique, de démolir une personnalité, de la ridiculiser ou de la passer sous silence.
Beppe Grillo avec ses mots et son style qu'on jugera comme on voudra, refuse sagement tout interview, sachant bien qu'au filtre des journalistes, ce qu'il a à dire arrivera déformé à son public.
Je ne retiens pas le fond de ce qu'il dit, mais cette méfiance, oui.
Les journalistes ne s'imposent qu'exceptionnellement ce devoir de ne pas nuire.
Rédigé par : Frank THOMAS | 20 avril 2013 à 12:46
Je suis évidemment très proche de cette conception qui érige en priorité de ne rien faire de nuisible aux autres, selon le principe médical "Primum non nocere" (D'abord, ne pas nuire). Ce peut être le point de départ de toute démarche morale, certes très libérale, mais qui ne se suffit pas. C'est une vieille obsession de savoir si, pour être moral, il suffit de s'abstenir de faire le mal sans pour autant faire le bien. Une foule de paradoxes se bousculent dès lors que l'on émet une définition du mal ou du bien. Comme Ogien, je pense que l'on met trop de morale dans le jugement que l'on porte sur ce qui nous environne. Tout n'est pas réductible au bien et au mal, loin de là, et pour être pleinement dans une démarche morale, il convient de restreindre très fortement son champ de validité. Nos sociétés religieuses et organisées ont imposé des règles de vie communes, les unes fondées sur l'utilité publique, les autres sur la courtoisie des comportements. Dans les deux cas, un socle moral a été arbitrairement établi pour imposer aux esprits une limite métaphysique indépassable. Dans la plupart des cas, ce socle moral est illégitime voire à contresens. Mais les diverses organisations du "gouvernement civil" selon l'expression de Locke, sous toutes leurs formes, conservatrices ou progressistes, n'ont cessé d'élargir le champ de validité du jugement moral pour asseoir la paix sociale sur des fondements indiscutables. Cette transcendance se substitue à la transcendance divine, à mesure que celle-ci perd de son influence. Tout se range dans les catégories morales du bien et du mal, y compris ce qui n'a pas l'ombre d'une influence négative ou positive sur le corps social. C'est ainsi que la morale s'est introduite dans l'intimité des comportements, dans les désirs, dans les échanges inter-personnels. Les interdits et tabous s'imposent en dehors de toute réflexion généalogique sur le bien ou le mal des actes ou comportements considérés.
C'est la raison pour laquelle, n'étant à titre personnel pas favorable au mariage homosexuel, je m'interdis de porter un jugement moral sur cette question et encore moins une interdiction. Parce que cela n'entre pas dans la sphère morale, le bien et le mal ne sont pas concernés et, en l'absence de nuisances, je m'en tiens à ne pas nuire, c'est-à-dire à ne pas m'opposer aux désirs d'autres. Je m'abstiens d'en faire la promotion car, là encore, aucune considération morale ne m'y contraint.
Vous qualifiez de radicale cette philosophie. Je suis d'accord si vous comprenez la radicalité au sens premier : la racine de la réflexion. Le principe premier, radical - ne pas nuire - est indépassable et tout ce qui lui succède lui est alors soumis. C'est ainsi que je puis me reconnaître dans une indulgence radicale, dépourvue de toute violence et de toute autorité.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 avril 2013 à 12:42
@ Sylvain
Lorsque vous faites un commentaire sur ce blog, la probabilité de voir surgir une référence à Staline augmente progressivement jusqu’à atteindre 1. On pourrait qualifier ce phénomène de Point Mandelstam, en mémoire d’une époque où vous auriez risqué quelque chose à évoquer le montagnard du Kremlin…
Par ailleurs, j’attends que vous m’expliquiez la différence entre « identitaire excité par des intégristes » et « casseur violent ». Ayant regardé les infos ces jours derniers, elle m’a paru assez subtile… Mais après avoir vu des loustics porter la bannière du Sacré-Coeur en chantant La Marseillaise, je ne m'étonne plus de rien !
« Vous êtes soumis, bâillonnés, muselés… ». Mais certainement ! Pour en revenir au fond du billet, j’ai emprunté à Proudhon une partie de sa fameuse liste afin qu’elle enrichisse vos commentaires ultérieurs. Vous pourrez toujours la ressortir en 2017, si Sarko repasse…
«Gardés à vue, inspectés, espionnés, dirigés, légiférés, réglementés, parqués, endoctrinés, prêchés, contrôlés, rançonnés, exploités, monopolisés, concussionnés, pressurés, mystifiés, volés, réprimés, amendés, vilipendés, vexés, traqués, houspillés, assommés, désarmés, garrottés, emprisonnés, fusillés, mitraillés, jugés, condamnés, déportés, sacrifiés, vendus, trahis, joués, bernés, outragés, déshonorés ».
Proudhon est mort, mais, plus que jamais, nous avons besoin de libertaires raisonnables comme Ruwen Ogien pour lutter contre l’Ordre moral ! Je n’ose imaginer ce que serait une France dirigée par Civitas… Un couvent de chartreux muets dirigé par des inquisiteurs aveugles ?
Rédigé par : Boris | 20 avril 2013 à 12:15
Cher Aristote 15h35.
Ce qui décide, c'est le principe vieux comme l'humanité, au fondement de la vie sociale et de certains principes religieux : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse".
Rédigé par : Arobase du Ban | 20 avril 2013 à 12:05
On annonce le calme dans les prisons, toute personne en garde à vue pour la manif pour tous sera condamnée pour atteinte à l'ordre publique mais les agresseurs des RER qui évoluent masqués seront libérés.
Rédigé par : Perplexe-gb | 20 avril 2013 à 11:38
Ben oui cher Achille Talon cerveau-choc :
"On n'entend que ce qu'on a envie de voir et on ne voit que ce qu'on a envie d'entendre".
Une manif de droite calme et pacifique est cataloguée "facho nazie" par les bonobos socialos intellos.
Une manif de gauche de casseurs violents est renommée "lutte sociale, défense des droits acquis" etc. par ces mêmes bobos.
Les pro mariage gay n’ont jamais accepté le débat.
Ils n’ont fait qu’insulter les détracteurs et jouer les victimes.
On n’a jamais rien entendu de leur part sur les questions fondamentales concernant la conception à dessein d’orphelins de père par les lesbiennes afin de les faire adopter par leurs partenaires sexuelles.
Et les pleureuses professionnelles se sont mises à s’égosiller ’’homophobes, homophobes, homophobes’’.
Mais le comble c'est que les sondages et la mobilisation ont montré que c’était contreproductif, on est passé à ’’nazis, nazis, nazis’’.
Changez de sonotone cher Achille !
Rédigé par : sylvain à Achille | 20 avril 2013 à 10:25
Une analyse intéressante est à faire pour comparer la position de Ruwen Ogien ("ne pas nuire aux autres, rien de plus") et celle de Renaud Camus qui prône "l'in-nocence".
Rédigé par : Jean-Benoît Henriet | 20 avril 2013 à 10:13
@Sylvain
« Des gens en prison à cause d’une manifestation silencieuse,… »
Manifestation silencieuse ? Votre récepteur avait une panne son ? Ceci étant les images parlent d’elles-mêmes. Regardez bien les vidéos !
Rédigé par : Achille | 20 avril 2013 à 09:44
Suite aux dérives policières contre les manifestants antimariage gay, je décerne :
Le Prix Staline au kamarade Hollande !
Des gens en prison à cause d’une manifestation silencieuse, dans le "pays de la liberté, de l’égalité, de la fraternité", et désormais de la Bêtise, un pays où ceux qui mettent à feu et à sang les banlieues circulent librement et où ceux qui osent exprimer pacifiquement leur opinion vont en prison.
On voit avec tous ces événements qu'il y a une dérive stalinienne du pouvoir socialiste qui ne supporte pas, tout à fait logiquement vu son idéologie totalitaire, la moindre contradiction.
Messieurs les magistrats, ça ne vous dérange pas d'être inféodés aux différentes "maçonneries" et lobbies minoritaires tels le LGBT de Bergé, qui nous dirigent et nous imposent leurs diktats ?!... Vous en faites partie peut-être, voilà qui expliquerait tout ! Vous êtes soumis, bâillonnés, muselés, triste constat, tristes sires !
Rédigé par : sylvain | 20 avril 2013 à 08:59
Complétement hors sujet, mais bon.
Doria Tillier vous a servi une belle météo hier soir, et dont 'l'esthétique' vous eut convaincu du temps où vous étiez en activité...! Récupérable ici : http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3349-c-le-grand-journal.html?vid=756414
Devant me lever tôt, je n'ai pas regardé «Ce soir ou jamais». Dommage, mais bon, je pourrai la voir aussi ici quand j'aurai un moment: http://www.france2.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais/diffusions/19-04-2013_52645
Rédigé par : Catherine JACOB_au-personnage_médiatique... | 20 avril 2013 à 08:55
Je crois que ce qui est agréable c'est quand une personne explique ses idées tout en évitant de prendre une posture d'idéologue.
C'est un art qu'il faut enseigner à votre institut.
Rédigé par : Alex paulista | 20 avril 2013 à 00:55
Dans la modeste cohorte des trompés à longueur de législature, des méprisés par l'arrogance des penseurs politiques, ne m'en veuillez pas si je crois pouvoir rappeler qu'un certain Yeshoua a dit "ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît".
Sans doute, le caractère quasi synallagmatique de cet aphorisme n'élève pas le début à la dévotion d'autrui, mais rend compte d'une sagesse judéo-chrétienne authentique. Je viens de relire le Jésus de J.Tabor et celui de Petitfils, et j'y ai trouvé, sur des prémices sensiblement divergentes, une remarquable homogénéité des conclusions rejoignant celles de Jacques Duquesne ou même d'André Frossard il y a trente ans. C'est le faible qui est promu, le fort qui est montré du doigt et soumis à l'examen de chacun de ses actes.
Quant au "suum cuique tribuere", il y manque un mot essentiel, cher Aristote, c'est le "jus", ce terrible mot, directement issu de "jussus", le commandement, le droit commande. Dans ces conditions, "non laedere" ne pas nuire à autrui manque de consistance, faute de synallagmatie ou de fondement opposable en société. Le "suum" tout seul ne peut s'entendre que d'une universalité, restant à déterminer, le "jus suum" est un corpus déterminé par l'état dans lequel on vit, il a une consistance.
Or on ne peut pas concevoir le monde juridique ou politique sans violence, morale ou physique. Comment alors, être ironique vis-à-vis des moralisations, sans être son propre contradicteur ? La moralisation, c'est de la violence, le spectacle de moiprésident jouant à Solon c'est insupportable car il manque le fond moral qui justifierait le verbe et il manque la compétence qui aurait évité de récrire ce qui existait, sous une forme encore plus piètre. Jouer de la Loi comme d'un bilboquet, c'est la pire des violences, prêcher la politesse ou le débat démocratique à cet égard, c'est refermer sur les poignets du citoyen les fers de l'esclave. On disait autrefois que ça sent mauvais quand les paysans emmanchent les faux à l'envers, mais c'est aussi la colère salutaire des peuples qui n'ont pas forcément une étoile rouge gravée sur le front.
Notre gouvernement est quelconque, il ne mérite pas une révolution, il tombera de lui-même, électoralement, comme la francisque est tombée de certain pardessus, mais coller un peu la trouille, par la violence, c'est bien, très bien.
Rédigé par : JT | 20 avril 2013 à 00:34
"Dans cette obsession pour les mots, nous avons perdu de vue les dures réalités qu'il est impossible d'adoucir en se contentant de flatter l'image que les gens se font d'eux-mêmes."
(Christopher Lasch, La révolte des élites et la trahison de la démocratie, Champs Essais, p 19)
Rédigé par : Archibald | 19 avril 2013 à 22:42
Eh oui pourquoi pas vous, cher M. Bilger ?
Par contre nous serions alors privés de cette tribune qui est devenue une drogue. Quel dommage !
Rédigé par : Jabiru | 19 avril 2013 à 20:50
Votre billet, si délicat, me paraît en totale déconnexion avec ce qui se passe dans les rues de France. On s'y tabasse, à tout propos, et surtout, sans propos. Une explosion se profile. Je vais d'ailleurs y aller voir, et je suis du (nouveau) pays de Dépadiou, où l'on ne s'étripe pas. Chez nous, on discute. Trop, sans doute, mais on ne tue pas. Chez vous, on va tuer, je le pressens. Savez-vous ce que Drieu la Rochelle disait de la Libération de 1944 : « une révolution 93 de peigne-culs » ! Les Français n'ont pas changé. Ils vont encore se faire du mal. Normal : ils n'ont jamais assumé leur passé.
Rédigé par : HY | 19 avril 2013 à 19:50
Cher Philippe,
Cazeneuve à Cherbourg. Puis les accordéons de Tulle. Puis au ministère des Finances. Taubira décortique les ordinateurs des magistrats qui sont très mécontents. Source LCP.
Plus c'est gros, plus ça passe. Toutes les manigances, les mensonges seraient-ils permis à la gauche devant le regard soumis de la justice ?
Qu'est-ce que vous attendez pour prendre un poste à la justice pour redonner du sens à la justice ? Madame Guigou avance ses pions pour remplacer Madame Taubira qui s'est pris grossièrement les pieds dans le tapis avec ses ordonnances non soumises en première lecture à l'Assemblée et qui va faire partie de la première charrette.
Nous vous écouterons avec attention ce soir.
Un radical doux à la justice ? Pourquoi pas vous ?
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 19 avril 2013 à 19:36
Bonjour Philippe Bilger,
« Dorénavant, je lirai autrement les entretiens avec Ruwen Ogien et ce farfelu mais dur, cet humaniste mais révolutionnaire, ce tolérant absolutiste, cet anarchiste aimable restera dans un coin de ma tête comme un homme de subversion utile.
Ce si doux radical. »
Vous faites dans l’oxymore aujourd’hui Philippe Bilger. Exercice délicat !
Rédigé par : Achille | 19 avril 2013 à 16:10
"Ne pas nuire aux autres, rien de plus".
Et "honestum vivere" et "suum cuique tribuere", que deviennent-ils ?
Et qui décide si mon acte nuit ou non à l'autre. Moi-même ?
Ruwen Ogien est peut-être charmant, ses thèses sont faiblardes, pour rester poli.
Rédigé par : Aristote | 19 avril 2013 à 15:35