Je suis partagé.
Entre l'honneur d'être attaqué par Christiane Taubira qui me consacre un billet sur le Huffington Post et la déception devant la pauvreté de son argumentation où je retrouve toujours la même tonalité : le coeur, puis le coeur et le coeur enfin. Des mots sans substance d'où l'humanisme formel dégouline. Un aveu d'impuissance.
Elle ne devrait pas me mépriser au prétexte que je ne serais qu'un ouvrier de la vingt-cinquième heure.
Est-ce si vrai, d'ailleurs ?
Il ne m'a pas fallu longtemps, après l'éblouissante et trompeuse campagne de 2007 pour percevoir que Nicolas Sarkozy ne serait jamais à la hauteur des espérances qu'il avait fait naître. Durant cinq ans, à ma manière, je n'ai cessé de dénoncer les ombres, inélégances et turpitudes d'une politique qui parvenait à faire de la droite honorable seulement un regret, une nostalgie.
Ce n'est pas ma faute si devant le désastre de 2012 je n'ai pas eu d'autre choix, une fois écarté le lucide et courageux François Bayrou, que d'apporter ma voix à François Hollande. Je n'ai pas été le seul à adopter cette démarche, d'ailleurs, puisqu'une majorité d'électeurs, que le socialisme n'attirait pas, s'est portée sur lui parce qu'il allait permettre la relève et faire place nette dans notre République. Sans eux, sans moi, celui qui vous a nommée n'aurait pas eu cette opportunité.
Par ailleurs si peu ouvrier de la vingt-cinquième heure que, loin de succomber à une adhésion béate ce qui est le propre des soutiens tardifs, je me suis autorisé des critiques, le droit de blâmer, la joie d'approuver et que je ne juge pas incompatible mon vote du mois de mai 2012 avec des réserves sur votre conception de la Justice, vos projets et vos discours. Au fond vous auriez aimé que je vote à gauche mais en étant assurée de mon inconditionnalité à votre égard.
Je reçois cependant comme un hommage votre souci de vous en prendre à moi parce que, pour vous qui n'êtes pas étrangère au sectarisme qui facilite le confort de votre pensée, il démontre que je ne suis pas complètement perdu pour votre cause, que je suis peut-être récupérable.
Comment oublier aussi que vous avez été nommée ministre à cause d'une conception intégriste et ridicule de la parité ? Vous n'étiez pas programmée pour la Chancellerie mais le hasard d'une composition de gouvernement - plus erratique et politicienne qu'on nous l'avait promis - vous a propulsée à ce poste. Rien que cette ironie de votre destin devrait vous conduire à plus de mansuétude et de relativisme.
Mais, à l'évidence, vous ne raffolez que de vos propres dénonciations et ne tolérez guère qu'on prenne au mot votre républicanisme affiché et proclamé.
Je n'aurais pas l'impudence de m'égarer à votre sujet dans les détails alors que l'essentiel est sujet à caution.
Mais, tout de même, permettez-moi de sourire devant votre armada vélocipédique où la modestie de votre engin, avec une simplicité ostensible, est compensée par l'importance de l'appareil qui vous entoure.
Souffrez - et c'est plus sérieux - que je m'interroge sur la gestion de votre cabinet, votre propre comportement dont la cohérence et le sens de l'organisation ne sont pas le fort, la fuite de certains de vos collaborateurs et le départ de votre premier et remarquable Directeur de cabinet. J'ose à peine évoquer les troubles liées à une présence qui mêlant l'intime avec le professionnel crée plus de malaise que de sérénité, en tout cas pour ceux qui vous entourent.
Vous avez raison de souligner que j'attache comme vous une grande importance à la parole. Je ne vous reproche pas votre talent, votre éloquence parlementaire, votre aptitude à sembler improviser même si à la longue vos nombreuses citations de poètes, si elles réjouissent vos camarades socialistes, peuvent apparaître plutôt à vos auditeurs lucides comme des substituts à une argumentation qui a perdu le fil et se pare par contagion de la splendeur des autres. Vos discours, dans le désert politique d'aujourd'hui, sont un miracle mais il me semble que vous avez pris tellement goût à cet encens, à cette ivresse que vous avez cru que parler était tout ce que l'on vous demandait, que théoriser était votre mission. Je maintiens : le réel est trop vulgaire pour vous car il impose, pour être transformé, de l'action alors que vos variations et vos digressions vous enchantent. Le verbe s'est fait Taubira et ne veut plus en sortir.
Mais où est le ministre de la Justice ?
Les prisons, les juridictions demeurent dans l'état où vous les avez trouvées. Vous avez beaucoup évoqué les premières durant vos premiers mois mais votre taux pénitentiaire exceptionnel - deux visites, deux évasions - vous a rendue moins prolixe.
Même si vous êtes infiniment plus intelligente et plausible que Rachida Dati, prenez garde qu'au bout du compte on ne puisse soutenir qu'elle au moins aura agi, et pas vous. On en est même à vous féliciter pour vos hésitations sur les peines plancher. Plutôt, on vous sait gré de suivre à la lettre, pour l'instant, celles du président. J'oubliais : vous avez avec audace remplacé les commissions antérieures qui ne servaient à rien - gadgets de tout pouvoir - par une conférence de consensus qui ne servira à rien. Il est vrai que vous aviez pris toutes les précautions nécessaires pour favoriser cette inutilité : des gens de gauche à sa tête, partout. De sorte qu'aucun risque n'existait et que l'absence de liberté de penser était garantie.
Votre humanisme doctrinaire, votre dogmatisme compassionnel, votre certitude, pour ne pas dire votre arrogance, de vous trouver par nature du bon côté de l'Histoire et de la morale ont fait et font des heureux. Vos affidés et admirateurs socialistes, et peut-être le président lui-même, qui malheureux de devoir abandonner l'idéologie rêvée à cause d'une réalité sans pitié vous tressent en permanence une haie d'honneur puisque, vous contentant de parler mais avec conviction et maîtrise, vous ne porterez jamais atteinte à leur idéal. Au moins, avec vous, le socialisme garde sa pureté, le vôtre fait preuve d'esprit mais ne se salit pas les mains. Ils sont nombreux qui vous rendent grâce pour votre impuissance et votre inaction. Elles laissent le mythe intact.
Personne n'a jamais exigé de la gauche qu'elle "s'excuse". D'ailleurs, vous êtes trop fière pour une telle repentance. Mais comment pouvez-vous oser proférer, dans le délitement général, la perte de vision et le flou de l'avenir, que le socialisme au pouvoir a "son action, son cap, ses mobiles" alors que précisément, parce qu'il ne les a pas, votre heure de gloire est arrivée et dure ?
Je ne vous mettrai pas au défi de mentionner à votre crédit une seule véritable avancée dont vous soyez directement responsable. Ce serait trop cruel. Je ne méconnais pas que vous avez su mettre fin à l'expérience désastreuse des citoyens assesseurs et que vous avez géré avec tact et finesse certaines destinées professionnelles que le quinquennat précédent avait poussé gravement à la faute. Demain, je le crains, vous abolirez l'excellente loi sur les peines plancher. Le bilan est mince. Mais il est vrai que vous traitez - et ce n'est pas négligeable - avec délicatesse et urbanité les magistrats !
Pourtant, votre tour de force est d'avoir su donner le change. Qui, dans l'univers politique et médiatique, ne vous qualifierait pas de femme d'airain et de caractère ? Mais vous avez des faiblesses. Vous êtes vite rentrée dans le rang présidentiel après une ou deux incartades forcément verbales, vos positions fluctuantes sur les suites du mariage pour tous, sur l'amnistie sociale et sur le Syndicat de la Magistrature par exemple montrent que derrière l'acier, il y a du velours et que sous l'affichage, il y a des souplesses.
Ces évolutions, ces contradictions ne seraient pas en elles-mêmes choquantes si vous ne donniez pas des leçons - et à moi en particulier - à qui exerce seulement à votre égard le droit de tout citoyen de regarder, d'observer, de critiquer, de dénoncer ou d'approuver. Vous n'êtes pas, pas encore le ministre parfait et irréprochable que vous affirmez être. Loin de moi la prétention, même modestement, de m'adresser au président de la République mais ce n'est pas l'offenser ni vous humilier que de continuer à affirmer que nous avons besoin d'un garde des Sceaux. Si possible de grande qualité et de haut niveau. Et qui puisse se rappeler à chaque seconde que sa mission est de réformer ce qui ne va pas et de préserver ce qui va. Il y faut de l'action, pas seulement des mots doux.
Votre abstention pratique, concrète a eu pour effet bénéfique de rendre la justice pénale libre, indépendante et omniprésente dans les affaires sensibles depuis le mois de mai 2012. C'est un énorme progrès. On vous le doit puisque vous auriez pu entraver ce mouvement bienfaisant et démocratique.
Chamfort, que vous appréciez sans doute, a, avec une justesse cruelle pour un ministre comme vous, annoncé la menace du pire : "C'est un grand avantage de n'avoir rien fait mais il ne faut pas en abuser".
@Mary Preud'homme
Je découvre avec trois ans de retard votre commentaire... Consternant... Quelle ignorance abyssale de ce dossier !
C'est le FPR criminel et terroriste dirigé par Kagame qui a fait virer 90 % des effectifs de la MINUAR dès après l'attentat et c'est Kagame qui dès le démarrage du génocide a fait savoir qu'il considérerait comme un agresseur toute armée étrangère qui tenterait de s'interposer.
C'est le FPR et ses alliés anglo-saxons qui ont bloqué pendant près de deux mois la demande française auprès de l'ONU qui a abouti à l'Opération Turquoise. S'il y avait des réticences en France c'est du côté de Balladur qu'il faut aller les chercher. F. Mitterrand et A. Juppé étaient exactement sur la même ligne : intervenir pour s'interposer et faire cesser le génocide.
Malheureusement le FPR qui voulait tout le pouvoir par les armes a provoqué le génocide et ses alliés anglo-saxons ont verrouillé la diplomatie internationale pour bloquer un maximum une intervention française jusqu'à ce que l'opération Turquoise, fin juin 1994, ne soit autorisée par l'ONU.
Un conseil : abstenez-vous de tels commentaires quand vous ne connaissez que pouic à un dossier aussi complexe que celui-ci.
Rédigé par : Admirateur éperdu | 22 avril 2017 à 09:48
Finalement, Christiane Taubira n'ira pas au Rwanda. Hollande et son gouvernement n'ont en effet pas supporté les critiques de Kagame concernant l'attitude ambiguë de la France lors des guerres civiles et tribales au Rwanda en 1994.
Pourtant n'est-ce pas Mitterrand qui a interdit aux militaires français d'intervenir, permettant ainsi (sinon favorisant) le massacre d'un million de personnes ? Grave erreur tactique et lourde responsabilité que la France devrait avoir le courage de reconnaître.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 avril 2014 à 14:56
Savonarole | 05 avril 2014 à 14:00
C'est très bien vu.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 avril 2014 à 00:03
"La garde des sceaux, Christiane Taubira, représentera la France, le 7 avril à Kigali lors des célébrations du 20ème anniversaire du génocide rwandais, qui fit quelque 800 000 victimes, essentiellement issues de la minorité tutsi, selon une information du Monde"
Quoi de plus raciste que de croire qu'en envoyant en délégation une femme noire à Kigali on va se dédouaner ?
C'est comme manger un sandwich avec une femme rom pour s'affranchir de ses complexes de petit blanc de gauche.
Madame Taubira saura très certainement tenir son rang et trouver les mots qui conviennent dans ce genre de cérémonie mais elle-même, dans son for intérieur, ne devine-t-elle pas qu'on lui fait jouer le rôle du "bon nègre" des séries télévisées américaines ?
Mac Mahon doit rigoler dans sa tombe : "ah, c'est vous la négresse, vous irez représenter la France à Kigali !"...
Le racisme surgit souvent d'où on ne l'attend pas...
Rédigé par : Savonarole | 05 avril 2014 à 14:00
Mme Taubira s'emploie et c'est tout à son honneur à alléger les peines des hommes croupissant dans nos prisons.
S'attachera-t-elle avec la même ardeur à améliorer le sort des ancêtres des hommes (orangs-outans, chimpanzés et autres macaques) qui s'attristent dans nos parcs zoologiques ?
Rédigé par : fabre | 24 novembre 2013 à 12:48
Cher Philippe Bilger, vous êtes désarmant.
Vous me faites penser à cet automobiliste qui a acheté une 2 CV et qui pleurniche quand il se rend compte qu'elle ne se comporte pas comme une Ferrari.
Vous avez voté Hollande. Vous saviez que les socialistes ont érigé en dogme la culture de l'excuse et de l'impunité. Vous saviez qu'ils ont plus de compassion pour les délinquants que pour leurs victimes. Vous saviez que F. Hollande voulait abolir les peines-plancher et la rétention de sûreté. Vous saviez que la construction de nouvelles places de prison n'était pas dans son programme. Vous saviez que les socialistes sont par nature doctrinaires et sectaires.
Il est donc un peu tard pour venir vous plaindre.
Face à ces constats accablants, vos critiques contre N. Sarkozy paraissent dérisoires. Plutôt que d'évaluer lucidement ses réalisations en matière de justice, vous avez préféré vous attacher à des questions comportementales sans grand intérêt.
Pardonnez-moi cette trivialité : vous êtes "cocu mais pas content", comme l'a écrit un commentateur. Avec la nuance supplémentaire que vous connaissiez parfaitement les habitudes et les travers de votre fiancée avant de l'épouser.
Rédigé par : PG35 | 11 mai 2013 à 11:13
Bonjour Monsieur,
Je découvre votre prose via Atlantico (que je découvre à son tour via cette fameuse loi).
Vos propos m'ont rappelé de façon insistante le regretté Pierre Desproges et son tribunal des flagrants délires. Prenez-le comme vous voulez, en tout cas ce rapprochement est un compliment.
Cette affaire de loi sur le mariage se terminera à l'usure. La raison n'a malheureusement pas prise lors des débats.
Avec un peu de chance, cela bloquera le président et le gouvernement suffisamment longtemps pour les empêcher de détruire encore plus le pays ?
Rédigé par : Anonyme | 11 mai 2013 à 01:41
Enfoncer les portes ouvertes, on peut le pardonner au pape "La guerre, c'est pas bien", "La pauvreté, c'est pas bien", après tout son métier est de dire la bonne parole, personne ne lui a demandé d'agir. Mais quand on est ministre de la République, on attend autre chose que "Le racisme, c'est pas bien", "L'esclavage, c'est pas bien" ou "Le mariage pour tous, c'est mieux". On attend par exemple, "les explosifs ne doivent pas rentrer en prison", "la Justice sera plus rapide", mais on peut attendre.
Rédigé par : Patrick Emin | 10 mai 2013 à 18:39
Christiane Taubira n'est pas une juriste de formation, tout garde des Sceaux non juriste peut être un bon ministre, la statistique des cinquante dernières années le démontrerait. Christiane Taubira est une femme politique qui a su parcourir un immense champ, de Cayenne à Paris, de son parti indépendantiste des années 80 en passant par sa candidature à la présidence de la République en 2002. Rien de moins. Si nous replaçons sa pensée d'actuelle ministre "à gauche toute", "Le temps des cerises" chanté à la tribune de l'Assemblée nationale, il faut bien reconnaître que son énergie force l'admiration de ses partisans ! Mais qui sont ses partisans ? Deux pour cent, soit 600 000 électeurs en 2002 ? 250 000 français de Guyane ? Les instances du PS où sa liberté d'électron ne l'a jamais vraiment ancrée ? En fait la composition impressionniste du gouvernement de juin 2012 dans lequel elle apportait ce petit "supplément d'âme" qu'elle possède, mais qui n'arrive pas à enchanter une majorité de français. Son tropisme à elle convient aux bourgeois-bohèmes de gauche, aux "territoires urbains style 93", mais elle est déconnectée d'une France plus durable, plus travailleuse, plus européenne.
Après sa prestation de garde des Sceaux, est-il permis de souhaiter que Christiane Taubira se réinvestisse quelques années dans le Conseil général de Guyane, là où la démographie et le chômage galopent, là où les subventions nationales doivent compenser le déficit endémique d'un département qui n'a toujours pas d'avenir économique ? "Le temps des cerises" pour la Guyane, cela ferait du bien qu'il se matérialise à Cayenne.
Rédigé par : Philippe de Beaumont | 08 mai 2013 à 11:52
Ce que vous reprochez à cette pauvre femme, qui n'est manifestement pas à sa place, c'est son inaction.
Que pouviez-vous attendre d'autre de ce gouvernement ?
La démagogie et les bons sentiments de ces gens qui "pensent bien" ne peuvent constituer une politique.
Voter Hollande c'était féliciter l'incapacité.
Sarkozy et surtout l'image que les communicants de son camp et de l'autre camp en avaient fait, ce n'était pas brillant, mais de temps en temps quelques décisions de bon sens étaient prises.
Alors que maintenant...
Rédigé par : ACL | 07 mai 2013 à 10:18
@Sarah
Un an... un an seulement et déjà tant de mal !
Rédigé par : adamastor | 06 mai 2013 à 23:30
J'ai vaguement entendu des jeunes de banlieue s'exprimer sur France Inter au sujet de F.Hollande. Ils semblent assez désarçonnés, et comme l'a dit l'un d'eux : "Avec Sarkozy, on savait au moins que c'était la guerre !" Etonnant, non ?
Rédigé par : anne-marie marson | 06 mai 2013 à 19:07
La bonne stratégie eut été de voter Hollande et de porter une assemblée de droite au palais Bourbon, n'est-ce pas ? L'avantage de désavouer Sarko et la classe politique en deux coup échec et mat ! Hollandouille obligé de choisir un premier ministre dans le camp adverse, nous avions (presque) un gouvernement d'union nationale et la parole restait aux électeurs*
*il ne fallait pas, ne faut pas et ne va pas falloir demander au bon peuple de France d'être expert en haute stratégie...
Rédigé par : zelectron | 06 mai 2013 à 16:44
Cocu et pas content !!!...
Excusez-moi, cher Monsieur Bilger, cette admonestation un peu brutale mais qui me semble synthétiser votre billet sur Mme Taubira. Je vous accorde une grande intelligence mais vous manquez visiblement de bon sens. Comment avez-vous pu croire un seul instant aux bobards éhontés de ce pauvre Hollande, avec l'aide d'un Bayrou de secours ??!!!... Les bras m'en tombent. Il est un peu tard, maintenant, pour pleurer.
Sans rancune.
Rédigé par : bond07 | 06 mai 2013 à 15:44
Et j'ai apprécié le geste qui consiste à corriger mes fautes de français, sans bruits, et avec cette élégance rare. Ne pas laisser place au moindre désordre.
Rédigé par : Diogène | 06 mai 2013 à 14:17
Si on en juge par cette riposte poussive et ulcérée, Monsieur Bilger ne s'attendait manifestement pas à celle-là. On ne peut même pas injurier en rond, sans s'attirer une réplique de sa cible.
J'ai quand même trouvé Madame Taubira en petite forme sur ce coup. Et pour tout dire, bien en dedans de ce que cet hallali de bientôt douze mois eût justifié.
Je cherchais quelle pouvait être la raison d'un tel ressentiment à l'endroit de la ministre et il m'est apparu qu'elle n'avait que peu à voir avec la manière dont Madame Taubira exerce son ministère.
J'entends déjà les indignations surjouées. Les accusations de victimisation. Il est des sujets qui valent d'emblée les pires des avanies à ceux qui oseraient les aborder. Les virtuoses du retournement de la charge de la preuve s'en donneront sans doute à cœur joie. N'avouons jamais.
Ma thèse est que l'univers mental de Monsieur Bilger demeure de façon décisive un univers d'avant Evian. Dans son panthéon Lyautey est supérieur à Mendès France, il n'y a rien à faire. Pourquoi pas ? C'est affaire de goût et d'opinion.
Le fait est que à l'instar de quelques-uns, Monsieur Bilger dans sa grande magnanimité, incline par tradition et par éducation à considérer les originaires des "colonies" au mieux comme les animaux dénaturés de ce roman de Vercors. Qu'ils fassent cuire leurs aliments, quelle curiosité. Qu'ils enterrent leurs morts, ahhh. Et à voir leurs bibles et leurs missels, on les devinerait chrétiens. Diantre.
Mais qu'ils en viennent à haïr la trace du collier, c'est déjà une autre affaire. Et Taubira le paiera cher qui, avec cette ostentation hardie et fière n'en arbore ni n'en arborera point.
Et en plus, ministre et "pas programmée" pour. J'emprunte cette expression à Monsieur Bilger avec un rien d'hésitation. Elle est proprement abjecte, mais je fais avec ce qu'on me donne et le matériau n'est pas toujours de qualité, même chez Monsieur Bilger. Abjecte aussi pour la raison que contrairement à ce qu'il veut faire accroire, elle ne vaut pas pour la seule Madame Taubira. Enfoncés Zemmour, et Rioufol. Robert Ménard, très loin derrière, parce que limité question vocabulaire.
La came de Monsieur Bilger, c'est ce racialisme aux charmes discrets et à l'imparfait du subjonctif. On pourrait même s'y laisser prendre, tant il est soucieux d'esthétiser son objet.
J'ai vu souligner dans certaines contributions, une supposée supériorité rhétorique de Monsieur Bilger par rapport à la ministre.
Ça m'a fait penser à l'histoire de ce personnage qui rapporte avoir terrassé en une même journée un champion d'aviron et un champion de pêche à la mouche. L'ennui, c'est qu'il omettait de préciser qu'il avait battu le champion de pêche à la mouche à l'aviron, et celui de l'aviron à la pêche à la mouche. Alors, tous ceux qui se sentent un peu Taubira ne concevront aucune difficulté à laisser les hagiographes aux pieds bien petits se contenter de ce qui les conforte. Et même se refaire mentalement la Porte Dorée et l'expo de 1931, et luxe des luxes, Monsieur Bilger en guide conférencier.
Pas de doute ça a de la gueule. On verse une larme... de dépit rentré. Ah, la belle époque.
Regarder ailleurs et se laisser essentialiser, fût-ce avec la faconde et les termes d'un ancien avocat général, c'est le pire qui pourrait arriver à tous ceux auxquels toutes mes fibres me rattachent.
Qu'ils sachent, qu'ils apprennent comment répondre, et répondre sans se lasser. Dire et redire que la trace du collier nous n'en voulons ni pour nous ni pour d'autres.
J'y prends modestement ma part.
Rédigé par : Diogène | 06 mai 2013 à 10:36
Ouf, on a eu chaud avec Rimbaud de même qu'avec Kafka. Ca me fait penser que notre garde des Sceaux n'a encore cité ni l'un ni l'autre. Peut-être qu'un jour viendra vu qu'elle fait de la citation compulsive.
Rédigé par : Carl+Larmonier@Lorent | 05 mai 2013 à 19:38
« Ce n'est pas ma faute si devant le désastre de 2012 je n'ai pas eu d'autre choix, une fois écarté le lucide et courageux François Bayrou, que d'apporter ma voix à François Hollande. »
La méthode Coué vaut-elle envers soi-même ?
M. Bilger, la préservation du lien social n’étant pas le jugement de Dieu, peut-être votre profession vous a-t-elle incité à vous détourner de vos intuitions ; cela expliquerait que vous découvriez sans cesse le monde comme un enfant.
Après avoir voté Sarkozy, vous découvrez le Sentier. Après avoir voté Hollande, vous découvrez les intellos de gauche.
Or, si on peut raisonnablement confier la gestion de ses biens à un banquier du Sentier, s’en remettre aux intellos de gauche relève d’une démarche non pas raisonnable, mais intellectuelle, ce qui est beaucoup plus grave.
Vous auriez dû davantage vous méfier de Bayrou ; en accusant Sarkozy de diviser les Français pour un oui ou pour un non, il avait amplement démontré sa fourberie.
Maintenant, vous voilà fasciné par Taubira, personnage satanique dans toute sa splendeur.
Il serait peut-être effectivement temps de passer à l’analyse.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 mai 2013 à 15:51
Monsieur, vos propos sont durs et blessants. Vous lui reprochez sa fonction, son statut de garde des Sceaux, son genre (femme d'outre-mer). Vous détenez le verbe, elle le pouvoir. Durant ces quinze ans au pouvoir, la droite n'a pas inventé l'eau chaude au ministère de la Justice. Il y a seulement un an que Mme Taubira est en fonction à ce poste prestigieux, un an...
Rédigé par : sarah | 05 mai 2013 à 11:28
« Quelle classe Monsieur Bilger ! »
N’inversons pas les rôles. C’est quand même Christiane Taubira qui a ouvert les hostilités en priant Philippe Bilger « de la fermer » me semble-t-il.
Ce dernier n’a fait que répondre à son billet du Huffington Post avec l’arme qu’il manie sans doute le mieux à savoir sa plume. Je ne vois aucun sexisme dans ses propos.
Faut-il, quand une femme vous interpelle, fût-elle ministre de la Justice, se taire et se confondre en excuses sans essayer au moins d’opposer quelques arguments à ses attaques ?
Certes PH a évoqué ce délicat principe de parité qui exige qu’il y ait autant d’hommes que de femmes dans un gouvernement. Mais sans mettre en doute les qualités de CT, si ce n’est peut-être au poste de garde des Sceaux qui ne correspond pas vraiment à son profil.
Tout le monde, même ses détracteurs, ont reconnu ses qualités d’oratrice notamment lorsqu’elle a défendu la loi sur le mariage pour tous.
Nous avons eu droit à moult citations, voire même, je crois, à des poèmes, qui ont fortement impressionné tout le noble auditoire.
Que d’érudition ! Encore que lorsqu’on se lance dans trop de citations cela signifie généralement que l’on manque d’une argumentation solide. Mais il est vrai que cela fait toujours son petit effet.
En l’occurrence, plutôt que de demander à notre hôte de se taire, CT aurait mieux fait de prendre ce conseil à son compte et de rester à sa place de ministre.
Je pense qu’elle est déjà suffisamment occupée par ses activités de tous les jours sans perdre son temps à invectiver ceux qui se permettent d’émettre une critique à son égard.
Les responsabilités exigent un peu de tenue... et de distance.
Rédigé par : Achille | 05 mai 2013 à 09:56
La gauche, qui prétend faire le bonheur de l'homme, en tentant vainement mais avec obstination de changer sa nature profonde, se présente à nous avec les certitudes d'une religion. Résultat : dogmatisme, sectarisme et intégrisme sont inscrits dans les gènes profonds de ses adeptes persuadés de détenir LA vérité. Le mur des cons du Syndicat de la magistrature et la lecture quotidienne des psaumes délivrés par les grands médias convertis nous le prouvent tous les jours. Tout, sauf la "réalité réelle" comme disait mon grand-père qui n'avait pas d'instruction, et donc un cerveau libre de toute emprise idéologique. Vous ne le saviez pas le 6 mai 2012 monsieur Bilger ? Comme c'est curieux.
Rédigé par : Celtibère | 05 mai 2013 à 09:11
Plaise au Clavier.
Rédigé par : calculator | 04 mai 2013 à 00:54
Puisque vous en êtes à comptabiliser les occurrences de certains pronoms et autres éléments de langage, il convient de remarquer et de féliciter chaudement le clavier du Maitre de céans de ne pas avoir inversé les lettres « l » et « b » .
Non pas que le titre du billet eut été choquant, mais sincèrement, il est des expériences traumatisantes dans la vie textuelle qu’il vaut mieux éviter !!
Rédigé par : Tipaza | 05 mai 2013 à 09:06
Quelle classe Monsieur Bilger ! L'inanité de votre propos, sa vanité et la profonde aigreur qui en suintent se résument dès votre introduction : "Comment oublier aussi que vous avez été nommée ministre à cause d'une conception intégriste et ridicule de la parité ?".
Voilà qui a le mérite d'être clair : une femme à un tel poste, voilà qui vous insupporte. Bien entendu cela ne peut venir de son mérite, mais est à coup sûr le résultat de ces lois qui vous enlèvent vos prérogatives de mâle dominant. Partant de là, comment accepter que Madame Taubira vous remette à votre place dans un billet bien senti, au lieu de retourner à sa cuisine ?
Et puisque vous mentionnez "la déception devant la pauvreté de son argumentation" : je n'éprouve pour ma part nulle déception à la lecture de votre post, n'ayant jamais attendu mieux de votre part que cette réponse infantile, verbeuse et somme toute grossière.
Mais à lire les commentaires élogieux, qui sont les seuls que vous ne "modérez" pas, je mesure mieux votre vanité et l'inutilité de ces quelques mots que je vous adresse. A moins qu'il reste en vous ce petit peu d'intégrité intellectuelle qui vous autoriserait à laisser publier autre chose que les courbettes de vos admirateurs ?
Rédigé par : Butcher Blues | 04 mai 2013 à 22:50
"Je suis partagé"...
Ayant pu discuter avec votre amie poétesse sur son vélocipède à Cayenne, et vous lisant en diagonale, je dis simplement : restez donc dans le partage...!
C'est un peu comme Rimbaud qui voulait détruire son oeuvre grandiose où il avait notamment écrit : "Je regrette l'Europe aux anciens parapets...!" pour quelques années plus tard prendre la mesure de l'immensité de son innocence...
Rédigé par : Lorent | 04 mai 2013 à 21:14
Pour détendre l'atmosphère, en matière de Justice, je ne connais que les "Notez Greffier"... Le "Notez, Caillasse" c'est de l'espagnol Chavezique, un peu hard certes, mais tellement "in" et exotique. Alors, in... ou out ?
Rédigé par : Nath | 04 mai 2013 à 19:30
Je suis assez surpris que Mme la garde de Sceaux, avec le travail qu'elle a sur la planche, prenne le temps d'écrire des chroniques acidulées et anonymes dans les journaux. Rien d’autre à faire ?
Tiens la revoilà sur BFMTV, "adulée" par les jeunes socialistes dans leur rassemblement dans une prairie. Trois pelés et deux tondus mais neuf ministres en déplacement pour réchauffer le cœur des militants...
Y a de la joie !
Et vas-y que je dénigre les « autres » qui n’ont pas de cœur et qui n’ont rien compris au mariage pour tous.
Philippe, Philippe…
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 04 mai 2013 à 18:37
Jean-Dominique Reffait :
"C. Taubira (...) est une personnalité politique, appréciée ou pas, qui compte dans le paysage politique de la gauche, elle a été une parlementaire active, une candidate à la présidentielle très estimable, sa nomination était presqu'incontournable..."
Je présume que là vous donnez dans l'humour au second voire au troisième degré !... Christiane Taubira, et vous le savez au moins aussi bien que moi, n'est qu'une personnalité isolée. Elle ne représente aucun courant de pensée politique qui compte, et ne dispose d'aucun parti politique. Ceux sur lesquels elle s'est appuyée ou a co-dirigé dans le passé n'appartenaient qu'à des groupuscules. Ses 2,32 % à la Présidentielle de 2002 mesurent bien tout le marginal de son poids politique : moins que Besancenot, Saint-Josse, Madelin, Hue et même Mégret !...
Entre être une parlementaire active pour ne pas dire activiste, et quelqu'un apportant des contributions de valeur au débat, il existe une grande différence. Son seule titre de gloire en matière législative : sa loi sur l'esclavage. Loi partisane excluant de son champ toutes les traites non culpabilisantes pour les Européens. Loi mémorielle de circonstance pour ne pas dire clientéliste, condamnée par la majorité des historiens (voir entre autres les actes du colloque de Blois) et même par Robert Badinter.
Désolé de vous contredire, mais notre hôte a bien cerné les causes de sa nomination au gouvernement. Une fois retiré son talent en matière de lyrisme verbal, la "reine Christiane est nue" : ne subsistent que son dogmatisme, son sectarisme et son ambition de briller sur la scène politique. Tout cela est quand même un peu court, notamment pour en faire une personnalité incontournable dans la constitution d'un gouvernement de gauche.
Ah j'allais oublier une qualité que certains lui prêtent, la dame aurait quelque habileté dans le maniement de l'équerre, du compas et du fil à plomb.
Rédigé par : Trekker | 04 mai 2013 à 18:29
Merci monsieur Bilger d'avoir répondu, et de quelle façon, à la tribune de madame Taubira !
En fait, ce n'est pas tant sa vindicte qui me posait problème que le Huffington Post ! J'ai, en effet, été banni, moi "libre6toyen", de ce site qui se prétend démocratique et ouvert. Pourquoi ai-je été banni et mes commentaires supprimés ? Censément parce que je ne respectais pas la charte du Huff ! Or, comme je le leur ai répondu, je n'ai insulté personne que je sache... Mais d'avoir, à plusieurs reprises il est vrai, critiqué la pensée unique des chroniqueurs tel que la sénatrice Benbassa, le journaliste Askolovitch et d'avoir commenté "négativement" dans la tribune de madame Taubira... cela le Huffinfton Post ne l'a pas admis. J'insiste, car ce site est vraiment très, trop, sélectif dans les profils et commentaires qu'il supprime arbitrairement, je dis bien arbitrairement, car d'autres contradicteurs et adeptes de la pensée unique continuent à oeuvrer quand moi je ne peux même plus leur répondre. Je pensais pourtant que la censure à ce point relevait d'une triste période révolue. Hélas non semble-t-il et c'est grave.
Alors je suis satisfait de voir que, grâce à votre notoriété, vous n'avez pas, vous, été censuré par le Huff... il est vrai sans doute en vertu du droit de réponse !
Rédigé par : libre6toyen | 04 mai 2013 à 17:51
Fantastique !!!
Merci monsieur Bilger de nous livrer un tel billet. Chapeau bas.
Respectueusement vôtre.
Rédigé par : Surcouf | 04 mai 2013 à 13:54
"Au fond vous auriez aimé que je vote à gauche mais en étant assurée de mon inconditionnalité à votre égard."
Il n'est que temps de s'apercevoir de ce que toute personne qui a eu tant soit peu affaire au PS et à la Gauche en général, mais aussi à l'UMP sait d'expérience.
Les socialistes ne rechignent pas trop à enrôler des citoyens à leur marge, mais à l'expresse condition, jamais clairement formulée, mais systématiquement appliquée, que ces citoyens non socialistes pensent, parlent et agissent comme s'ils étaient socialistes.
Le piège de "l'ouverture" qu'on a connue dans un passé pas si lointain est là.
Les grands partis veulent des satellites, pas des partenaires.
Par détestation du style et de la méthode Sarkozy, vous avez cru, Philippe en l'intelligence de votre vote de mai 2012, qui en effet a suffi à créer ce différentiel entre les deux candidats du second tour (bien plus, malgré ce que Mélenchon raconte, que le ralliement traditionnel et naturel des voix d'extrême gauche) et qui a fait élire Hollande au centre gauche.
Vous vous êtes dit, avec une candeur qui n'est pas sans rappeler celle des gens de gauche qui, devant le "danger lepéniste" avaient voté Chirac au second tour de 2002, que devant une attitude aussi ouverte et aussi citoyenne, Hollande amenderait son programme ou du moins - car il avait prévenu qu'il s'en tiendrait à ses "propositions" - nous épargnerait ce que vous reprochez à Mme Taubira.
Jurez qu'on ne vous y reprendra plus !
Rédigé par : Frank THOMAS | 04 mai 2013 à 13:54
Philippe Bilger, magnifique billet, quoiqu'un peu long !! En effet j'ai dû le relire plusieurs fois pour bien le savourer, ce qui m'a pris une demi-journée !!!
Mais pourquoi ne pas avoir voté "blanc" ?
Rédigé par : bruno | 04 mai 2013 à 12:00
«Elle ne devrait pas me mépriser au prétexte que je ne serais qu'un ouvrier de la vingt-cinquième heure.»
Porque no te callas? ♪♫
Ô «Illustre blogueur qui vous faites un sang d'encre pour le Président de la République, vous inquiétant dans un premier temps des exactions, dans un deuxième temps de l'inaction de sa ministre de la Justice»♪, Ô «Journaliste de la 25ème heure»♭, Ô «Célèbre chroniqueur sur toile qui avez fait métier du verbe »♫,Ô « Belle intelligence qui s’enlise dans des ressassements arides»♯, Ô «Commentateur prolixe qui vous en tenez aux propos plutôt qu'aux actes ? »♬ , Ô «Conseiller zélé, non requis, d'un président lucide»♪.
Ô TEMPURA, Ô Mollesse! En japonais cela s'appelle 「油を売る」➣(ABURA_WO URU)soit «Vendre de l'huile», une expression qui fait référence au fait qu'à l'époque de Edo, les vendeurs d'huile pour cheveux tenaient longuement la jambe à leurs clientes sur le pas de leur porte en leur racontant des balivernes pour leur vendre un produit cosmétique hors de prix qui prenait également du temps à verser depuis le seau du bonhomme dans le pot à onguents de la dame, et qui est donc devenu le symbole du temps à perdre. Certaines versions qui mentionnent plutôt de l'huile pour lampe à huile évoquent bien sûr quelque part Aladin et la lampe merveilleuse.
Madame la Conseillère ouvrez l’œil et surveillez vos arrières, une admiratrice secrète de votre mari l’encense à mots couverts sur la toile ...!
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 mai 2013 à 09:53
De nos ex-comptoirs coloniaux nous arrive un drôle de fumet démocratique ...
Taubira exige en espagnol que P. Bilger la "boucle" et Audrey Pulvar estime qu'Arnaud Montebourg est un "trublion qui gêne l'action du gouvernement et qu'il faut faire un exemple".
Cela nous renvoie a ces gravures au fusain où l'on voyait les maîtres d'exploitation de canne à sucre fouetter les ancêtres de nos futurs fonctionnaires territoriaux des Dom-Tom.
La roue tourne ! A quand le retour du carcan ?
Rédigé par : Savonarole | 04 mai 2013 à 09:12
Bonjour Monsieur Bilger,
Cela a quand même un petit air de délation à double sens voire à contresens (comprendre qui n'a pas de sens) cet art de semoncer quelqu'un dans le subliminal (je n'ai pas dit dans le sublime).
Oui dans le subliminal car je me suis bien amusé à lire la plupart des commentaires postés sur le Huffington Post à la suite du billet de la garde des Sceaux.
Je pense que si vous n'aviez pas répondu, il y en a qui chercheraient encore certainement de qui il est question - d'ailleurs, je le dis encore une fois, il y a des commentaires surréalistes à se tordre de rire.
Bonne journée
Rédigé par : Carl+Larmonier | 04 mai 2013 à 07:42
Ah ! c'était vous ?
Hier matin en promenade sur le net et le H.P. (!) commençai-je la lecture de "Porqué no te callas" mais étant donné l'anonymat de la réponse, je passai à autre
chose et y retournai le soir.
..."virulence convergente à défaut d'être concertée ?" Cette partie de phrase interrogative m'a questionnée !
Sinon, Fureur et mystère -R. Char p. 147
(éd Gallimard 1962)- : "L'homme est capable
de faire ce qu'il est incapable d'imaginer.
Sa tête sillonne la galaxie de l'absurde".
Rédigé par : calamity jane | 04 mai 2013 à 07:32
Cher Philippe,
N'avez-vous jamais appris que l'on ne frappe pas un homme à terre, même si cet homme n'est qu'une pauvre female en chaleur.
Ne l'avons-nous pas vue, avec ses histoires de petits bouts, discourir son petit tube de lipstick rouge en main aux Chambres de la représentation nationale, se complaire dans la presse à conter ses encanaillements puis s'enivrer de ses coucheries. "Une femme qui couche..." dixit Dame Taubira.
Dame Taubira vous fait une scène de ménage publique internationale aux propos acides, un peu chauds, un peu cyniques. Sûre de ses forces de séduction, ne s'imagine-t-elle pas vous soumettre à ses désirs et vous bâillonner.
Nous vous savons irrémédiablement insoumis et amoureux de la liberté. Nous vous connaissons vif au débat et mesuré quant aux conséquences de la défense de l'ordre public.
Le seul tort qu'elle pourrait vous reprocher est d'avoir souligné l'incompétence mortifère d'un garde des Sceaux à qui le pouvoir est monté au cerveau et qui confond pouvoir et toute-puissance.
L'autosatisfaction est la candeur des faibles d'esprit car les critiques font avancer.
Un argument reste un argument et ne dépend pas de la hiérarchie de celui qui l'avance.
Oui Madame Taubira devrait bien remuer sept fois sa langue dans sa bouche avant que de sortir une vulgarité, un propos humiliant ou castrateur ou encore une énorme bêtise.
Elle donne des espoirs à beaucoup de personnes puisqu'un vernis culturel peut permettre de prétendre à des responsabilités importantes. Quelques mois suffisent à en juger la superficialité.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 04 mai 2013 à 01:26
Plaise au Clavier.
Il nous a été donné, conformément au Code de la Prosopoppée, de chaluter aux fins d'extractions le long Requisitoire En Défense (RED) supra.
Il appert, en conformité avec les articles afférents du Code du Chiffre, que ledit texte arbore 36 (trente-six) occurrences des éléments-de-langage suivants :
"je"
"j'"
"moi"
"me"
"m'"
(les doublons issus des formes verbales pronominales ont été agrégés).
Qu'en conséquence, vu le Code de la Santé Mentale (CSM), prononçons une Ordonnance exécutoire par provision pardevant les Maîtres-Pharmaciens d'avoir à administrer y compris sous contrainte de la Force Pudique, si nécessaire, les molécules de la classe des "EGOLYTIQUES" souvent associées à des anti-dépresseurs (les sujets privés de leur manie égolâtre sont exposés logiquement à un risque de décompensation paranoïde).
Rédigé par : calculator | 04 mai 2013 à 00:54
A moi Freud ! Ces deux-là s'aiment ou je n'y connais goutte ! Vous la voudriez à la hauteur ministérielle de sa personnalité politique. Elle enrage que votre intelligence ne soit pas de son côté.
J'ignore le fin mot des choses : C. Taubira parle-t-elle plus ou mieux qu'elle n'agit ? Je ne suis pas les dossiers judiciaires pour avoir une idée précise.
Sur un point, je ne suis clairement pas de votre avis : C. Taubira ne doit pas sa nomination à une quelconque parité, elle est une personnalité politique, appréciée ou pas, qui compte dans le paysage politique de la gauche, elle a été une parlementaire active, une candidate à la présidentielle très estimable, sa nomination était presqu'incontournable. Je n'ai pas été étonné de son entrée au gouvernement, je l'ai été du portefeuille qu'on lui a attribué.
Sa flamboyance verbale ne doit pas lui être reprochée et je sais que vous ne le faites pas. Un gouvernant doit convaincre, d'autant plus quand il manque de moyens techniques et financiers pour mener une politique qui nécessiterait pour les prisons, pour les tribunaux des budgets qui ne sont pas là.
Je comprends bien que l'on critique la politique de C. Taubira. Vous croyez aux mérite de la prison, elle en doute et les mêmes statistiques vous donneront raison tour à tour à vous deux. C'est donc une question de choix et, pardonnez-moi Philippe, mais le choix de la prison n'est pas moins idéologique que celui des solutions alternatives tant il est vrai qu'aucune étude ne conforte votre point de vue, notamment s'agissant de la récidive. Il en est de même pour les peines-planchers : cette loi que vous dites excellente a-t-elle donné le moindre résultat ? Rien ne permet de l'affirmer ni d'affirmer le contraire.
Il aura fallu à C. Taubira remettre beaucoup de pendules à l'heure dans ce ministère qui était devenu l'arrière-cour de l'Elysée et une succursale du ministère de l'intérieur sous l'ancien régime. Ce travail de réajustement, vous le constatez mais vous connaissez suffisamment la boutique pour savoir que cet état d'esprit ne se décrète pas et qu'il y faut de la persuasion et du travail.
Vous avez sans doute raison lorsque vous attaquez la gestion du cabinet et les départs en série ne révèlent pas, loin s'en faut, une ambiance sereine. Vous avez évidemment raison s'agissant de la conférence de consensus où l'on aurait aimé voir représentées des sensibilités différentes capables de s'opposer puis de parvenir à ce consensus dont la justice de ce pays a besoin.
En vérité, C. Taubira vous renvoie la monnaie de votre pièce : ce que vous lui reprochez, elle vous l'assène et vous fait le même reproche que vous lui faites. Elle ressasse son discours idéologique ? Elle vous retoque vos redites arides. A qui s'adresse le titre du billet de C. Taubira ? A vous ou à elle-même ? C'est un hommage. Elle vous appelle.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 mai 2013 à 00:00
@Martin-Lothar
Wahou!!!
Entre ne pas pouvoir, ni devoir, tolérer l'immangeable,
et ne pas devoir, ni pouvoir, manger l'intolérable,
c'est Oscar Wilde qui s'y colle ?
La lecture, cela du bon en tout cas !
Puissiez-vous ici encore abonder...
Remerciements.
Rédigé par : zenblabla | 03 mai 2013 à 23:53
Ah, mais quelle fessée ! Je n’aimerais pas être à la place de la gamine…
Toutefois, cher Monsieur Bilger, je vous suggère humblement de préciser « erga omnes » que le Chamfort cité dans le magnifique et hélas trop contemporain in cauda venenum de ce billet se prénommait « Nicolas de… » et non « Alain » comme le chanteur beaucoup plus connu des gens forts (ou des jean-… Comme on voudra)
On n’est jamais trop prudent hein ?
Enfin, et pour paraphraser bêtement Oscar Wilde à propos de la chasse au renard, je me demande si toute cette histoire n’est pas la poursuite de l’intolérable par l’immangeable (et vice vertu, pour ne pas dire lycée de Versailles).
Bien à vous.
Rédigé par : Martin-Lothar | 03 mai 2013 à 23:17
Vous avez, Monsieur Bilger un grave défaut : vous n'êtes a priori pas journaliste ! Donc il semblerait que l'on vous reproche vos prises de paroles et que l'on vous sommerait de vous taire.
Il faut croire que vos mots touchent juste où cela fait mal puisque notre garde des Sceaux vous interpelle publiquement.
Il me semble qu'en l'espèce, du fait de ses fonctions éminentes, elle n'aurait pas dû se livrer à ce type de réaction écrite qui ne relève aucunement de ses fonctions. Sur ce point au moins, à mon sens, elle a tort et n'ennoblit pas ses fonctions qui devraient ne pas la conduire dans l'arène.
Quant au fond de ce billet à fleuret peu moucheté, il contraste totalement avec vos a priori favorables lors de sa nomination. Mais au-delà des principes républicains allégués, Madame Taubira a dû défendre les choix politiques présidentiels, mis en œuvre sous l'autorité de son Premier ministre. La belle image initiale s'est donc écornée au fil du temps et vos critiques, fondées à mon sens, ne peuvent que faire mal car elles portent un jugement de fond difficilement contestable pour tout esprit honnête dans l'analyse.
Il y a toujours loin de l'idée politique à sa mise en œuvre, quand les difficultés ne conduisent pas pour les affaires les plus difficiles à s'abstenir de les mettre en œuvre.
Enfin, votre rhétorique est effectivement d'une parfaite maîtrise et c'est bien ce qui plaît aux lecteurs de ce blog qui se fonde sur la liberté constitutionnelle de la parole donnée aux citoyens, dans le respect des autres, particulièrement de vos opposants ou de ceux à qui vous vous opposez. Puissiez-vous continuer longtemps encore de nous accorder ce plaisir de la réflexion et de la belle expression dans notre langue française par ailleurs si malmenée.
Rédigé par : Robert | 03 mai 2013 à 22:27
Il n'y a que la vérité qui fâche, dit-on. Et on dirait que vous avez fâché cette dame !
Au demeurant, de quel manque de professionnalisme avez-vous fait montre, Monsieur Bilger, en n'allant pas sur le site internet du ministère de la Justice ! Là, comme l'écrit Madame Taubira, vous auriez pu prendre connaissance de tout ce qui a été fait depuis un an ! Seulement les médias n'ont traité que "le mariage pour tous" et non les mille et un miracles accomplis en parallèle...
Quelle ironie : elle se défend en montrant combien vous avez raison !
Bravo Monsieur Bilger et continuez à la titiller : ça marche ! ;-)
Rédigé par : Comte Touiteur | 03 mai 2013 à 22:27
"Comment oublier aussi que vous avez été nommée ministre à cause d'une conception intégriste et ridicule de la parité ?"
Parce que vous connaissez une conception de la "parité" (par opposition à l'égalité) qui ne soit pas ridicule et scélérate ?
Rédigé par : Buridan | 03 mai 2013 à 22:23
Le paragraphe "Origines et formation" est éloquent.
Le poste de ministre de la Justice tel que nous l'imaginions correspond parfaitement au profil de Mme Taubira...
http://www.politique.net/christiane-taubira.htm
Rédigé par : JMT | 03 mai 2013 à 21:57
Monsieur Bilger,
Votre discours sur Mme Taubira ne me déplaît pas.
Mais ce n'est pas là-dessus que je voudrais vous interpeller.
C'est sur votre présence sur Europe 1 ce vendredi soir.
Comment pouvez-vous laisser parler de lanceurs d'alerte sans réagir ?
C'est à la justice d'enquêter.
Ce que fait ce Monsieur Falciani s'appelle de la délation. Il fournit à la justice des données qu'elle devrait trouver elle-même, ça s'appelle de la délation.
Quand le lancement d'alerte vient de la droite on invoque Vichy et la délation ?
Quand les expulsions de Roms viennent de la droite on parle d'ignominie ?
Quand M. Cahuzac ment sur son compte offshore, on noie le poisson pour ne pas parler du projet de campagne électorale de Michel Rocard en 1995 ?
La gauche peut tout se permettre ?
Savez-vous que Pierre Laval était communiste, et que les nazis et fascistes étaient anticapitalistes ? L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Rédigé par : Paulot | 03 mai 2013 à 21:27
Je vais me faire l'avocat de la diablesse.
Tout d'abord résumons les charges: vous l'accusez de bien parler et de ne rien faire, elle vous accuse de ne pas voir tout ce qu'elle fait.
Parler pour ne rien faire... n'est-ce pas plutôt un reproche qui s'adresse au président de la République ? En effet c'est FH qui a désigné le "mariage pour tous" comme priorité nationale alors que le chômage et les déséquilibres économiques préoccupent davantage les Français. C'est FH qui parle compétitivité et ne pense qu'à augmenter des prélèvements déjà supérieurs à ceux des pays concurrents. Sur le mariage accordé aux homos, quoi qu'on pense de l'opportunité de la mesure, elle a travaillé.
Dans le détail, vous lui reprochez de vouloir abolir les peines plancher. Elle aurait pu ne rien faire et laisser en l'état, c'est ce que vous réclamez. Donc finalement c'est moins l'inaction que l'orientation politique qui vous gêne. Peut-être vous faut-il accepter, malgré votre expertise dans le domaine, que certains aient un avis contraire au vôtre.
C'est vrai que vous lui reprochez l'état des prisons, le nombre de visites, d'évasions, d'être une femme ainsi que le nombre de ses vélos. Tout cela est injuste ou dérisoire. On sait que les prisons sont en décrépitude depuis des décennies, et on se moque de savoir si mémé Taubira fait du vélo.
Bref, CT a probablement mis en place le seul changement qui restera de cette première année de présidence.
Rendez-vous compte à quel point vous êtes injuste !
Rédigé par : Alex paulista | 03 mai 2013 à 19:55
La messe est dite et bien dite !!
Rédigé par : florence devellennes | 03 mai 2013 à 19:06
Vous lisant couramment sur ce blog et ailleurs, l’envie m’a pris de mieux connaître votre adversaire du jour : aussi ai-je escaladé les météores taubiriens, parus l'année dernière...
Je peux donc vous dire que la virginité intellectuelle de notre ministre n’est pas un sujet de plaisanterie : de Rimbaud à la Mort du Loup, en passant par Ferrat et Aragon, aucune des étapes de la défloration ne nous est épargnée. C’est certain, ses prises de paroles sonnent nettement moins creux que sa prose, qui m'a rappelé, je ne sais pourquoi, les traités esthétiques de Régis Debray.
La reine Christine semble partager ce point de vue, en tout cas suffisamment pour placer très haut ses talents oratoires. Le dernier ministre de la justice à faire tenir toute sa politique dans des coups de gueule s’appelait Danton. Dans son bouquin, Taubira l’évoque et affirme qu’il était d’une autre trempe. Pour le coup, elle a raison !
Revenons au billet du Huffington Post, qui vous reproche, si j’ai bien compris, de dénier à la gauche sa légitimité. D’abord, il y a bien d’autres gauches, et moins molles. Surtout, la légitimité la plus indiscutable ne donne pas, d’elle-même, la compétence. J’entends bien qu’il est difficile d’être ministre sous François Hollande, quand chacun tire à hue et à dia… mais quand même !
En fait, il serait bien plus productif d’essayer de rallier les Philippe Bilger et autres électrons libres de la droite : il y en a un certain nombre. Le gouvernement actuel, qui n’en voit pas l’utilité, est à la Cinquième République ce que les dernières années de Louis XV furent à la Monarchie. Après nous le déluge et les réformes… On changera d'avis, je gage, après les municipales.
Rédigé par : Boris | 03 mai 2013 à 19:02
C'est royal Monsieur Bilger, il n'y a rien à ajouter !
Cordialement.
Rédigé par : yvon stipa | 03 mai 2013 à 18:46
Bravo M. Bilger.
Ce billet nous fait échapper au discours lénifiant des politiciens et "chronicaqueteurs" médiatiques ou pour certains médiatriques.
Quant à Madame Taubira, la sectaire à rebours nourrie de ressentiment, son rôle est de nous faire gober par la vacuité de l'agir et ses mascarades poétiques, la paresse, et tous les subterfuges d'une classe politique de gauche tellement "avancée" qu'elle en est complètement avariée, et qui provoque la fermentation du corps social français.
Rédigé par : Arobase du Ban | 03 mai 2013 à 18:33