Ce titre est évident tant la nouvelle entreprise de Bernard-Henri Lévy - Les Aventures de la vérité à la Fondation Maeght - semble avoir été décidée, menée et conduite à son terme avec la même énergie, la même passion impérieuse et vitale que celles qui l'avaient inspiré pour la Libye même si heureusement, pour l'art, les effets en seront cette fois indiscutablement bénéfiques.
A partir du 29 juin, nous aurons la possibilité de voir 150 oeuvres choisies par BHL et commentées par lui sous l'angle des rapports entre la peinture et la philosophie.
A lire le long entretien qui lui a été consacré par Le Figaro, on ne peut manquer d'être frappé par le ton d'urgence et de nécessité avec lequel il répond aux questions. Comme si sa démarche était imprégnée d'un souffle épique et lui imposait en permanence, selon la belle expression de Scott Fitzgerald, "de tout dire dans chaque paragraphe avant de mourir".
BHL, interrogé sur l'art moderne, révèle, par petites touches, des parts de lui-même qui mériteraient d'être analysées plus avant tant elles offrent des clés pour comprendre le personnage, ses forces et aussi, pour beaucoup, ses faiblesses. Il n'est en effet pas neutre qu'il souligne que pour lui "la vie est une performance" et que surtout "il a une vision guerrière de tout". Il y aurait beaucoup à exploiter dans cette dernière formule à la fois lucide et dangereuse qui constitue l'existence comme un immense combat alors qu'à l'évidence elle a ses zones de paix et qu'il y a des manières tranquilles et sereines de se battre sur le plan intellectuel et politique. Mais cet aveu de BHL est peut-être ce à partir de quoi on peut commencer valablement à appréhender sa personnalité et son implication sans répit, pour tout, dans le siècle. Je m'oppose donc je suis.
Sur l'art lui-même qui est au coeur de ces riches échanges, on n'échappe pas à tel ou tel paradoxe dont il est friand et que sa mécanique intellectuelle se contente d'exposer sans les creuser. Par exemple, quand il affirme que l'art n'est pas là pour "apporter de l'harmonie... enjoliver la vie". Un peu tout de même, me semble-t-il. L'art, sous toutes ses facettes, n'offre-t-il pas cet avantage décisif de nous restituer le sombre et le noir du réel sous une forme intense et souvent joyeuse même dans le désespoir apparent de la représentation ? L'art ne crée-t-il pas un lien, une communauté que le monde, dans son objectivité brute, met à mal ?
BHL justifie le choix de "ses" oeuvres au nom de trois critères : l'histoire qu'il souhaitait raconter, la rareté et le fait que ces tableaux ont été peu vus et, enfin, l'émotion que leur beauté lui procure.
Cette élucidation relie émotion et beauté alors que je ne suis pas persuadé, en tout cas pour moi, que ma sensibilité soit touchée par la beauté, difficile à discerner dans l'art moderne que je connais mal au demeurant, mais plutôt par l'identité singulière et troublante d'une subjectivité créatrice qui par miracle s'accorde au moins pour partie avec la mienne heureuse d'être comblée par le génie ou le talent d'une solitude qui a su, voulu, pu me rejoindre.
BHL déclare qu'on "ne fait pas si facilement le deuil de la beauté" alors qu'à mon sens, sa pensée capitale communique que "l'art est moins une question de beauté que de vérité".
Cette assertion qui distingue vérité et beauté, alors que parfois BHL les estime inséparables, est pertinente. On le sent confusément mais la rationalisation n'est pas aisée. Si la beauté en effet n'apparaît pas comme l'élément dominant pour la modernité de l'art qui paraît au contraire s'en méfier comme d'une survivance, presque d'une intrusion archaïques, comment définir la vérité, celle qui se dégagerait d'oeuvres qui n'ont pas pour ambition d'atteindre l'universel mais au contraire de jeter au spectateur le cadeau ou la provocation d'une création fière le plus souvent de ne ressembler à rien ? Comment suivre les traces de la vérité quand l'abstraction les efface et que le figuratif est médiocre ou dépassé ?
Pourtant, il arrive qu'on perçoive, soudain, devant des représentations apparemment vides de sens, autre chose que la satisfaction esthétique devant des lignes et des couleurs mais comme le défi d'une énigme à déchiffrer, d'un mystère à résoudre. Une humanité qui aurait scrupule à trop se manifester mais qui pointe sa chaleur. Timidement.
J'aurais aimé que BHL soit interpellé sur cette tendance lourde de la création d'aujourd'hui, peinture, littérature, cinéma et musique, à laisser de plus en plus le beau rôle au passif d'hier : le témoin ébloui ou dégoûté est devenu aujourd'hui, souvent, l'artisan médiat d'un ordre qui se refuse et d'une cohérence répudiée. Il crée ce que le créateur initial a eu la faiblesse, la paresse de proposer sans apprêt. Son intelligence, ses yeux, ses oreilles et ses sentiments accomplissent le vrai travail. Ils reconstruisent.
Et les peintres nous regardent et les cinéastes nous laissent faire.
J'irai voir ces "Aventures de la vérité".
@ Boris | 04 juin 2013 à 02:47
Vous êtes méchant. La musique de fond est gentille, à la fin de l'extrait il y a des petits effets d'ombres et de lumière...
Et puis c'est mignon cette volonté de faire un film nullissime à fonds perdus. Que Delon accepte de jouer pour rien avec Karl Zéro c'est sympa aussi.
Et chacun ses goûts.
Je viens de revoir Trois Couleurs - Rouge et je me demande encore comment ce film a pu revenir bredouille de Cannes en 1994. Ok pour Pulp Fiction qui était extraordinaire, mais Journal intime et La Reine Margot étaient moins exceptionnels que Rouge tant au niveau du scénario que de l'interprétation (Moretti joue Moretti et Adjani une folle comme d'hab, alors que Jacob et Trintignant sont magiques), de la lumière ou de la musique.
Rédigé par : Alex paulista | 05 juin 2013 à 01:55
Dans sa dernière interview au Figaro, BHL, qui est à l’université française ce que Thomas Diafoirus fut à la médecine et Monsieur Homais à l'érudition, daigne prononcer les paroles suivantes :
« Personne ne peut vivre, innocemment, en contact direct, permanent, avec le sublime ».
Le germanopratin capillotracté y réussit pourtant de temps à autre, offrant à ses admirateurs une vue directe sur des régions esthétiques où la main de l’homme n’a jamais mis le pied. Malraux a fait l’Espoir, BHL a dirigé la scène suivante, que je vous invite à visionner dans le silence et le recueillement.
http://www.youtube.com/watch?v=TrLXclvyVCE
A ce degré de cuistrerie, je ne vois guère que Madame Verdurin : mais à la place de la sonate de Vinteuil et des marines d'Elstir, le philosophe nous donne le torse velu du viril Alain Delon.
On comprend qu’avec de telle références, il devienne aisé de parler doctement de l’Art, du Je-ne-sais-quoi, du Presque-Film et des tartes à la crème. Son exposition ne peut donc constituer qu'un immense progrès...
Rédigé par : Boris | 04 juin 2013 à 02:47
Quand j'entends parler de Monsieur Lévy, j'ai toujours une pensée émue pour Pierre Desprosges.
http://www.youtube.com/watch?v=Db5wX0ogg-I
Rédigé par : Chatte Anna | 03 juin 2013 à 21:09
Cher Philippe,
Votre billet sur l'art tend à démontrer que rien ne serait beau que le vrai.
Il faudrait alors penser que seule la vérité plaît. Et que l'oeuvre d'art doit être morale, sincère, sympathique, esthétique, puisant ses charmes dans le naturel.
Si la vérité est essentielle dans la critique d'art, dans l'épître dans la satire ou dans la tragédie pour rendre à Boileau le fameux "pas de beauté, sans vérité", il faut admettre que seul le vrai touche. Il semblerait que cette vérité ne soit en fait que la vérité élaborée par l'art lui-même.
Et par conséquent, cela viendrait à nier d'autres sources : celles de l'imagination, de la fantaisie, du formalisme.
Or, toute réalité n'est pas accessible à la raison. L'artiste, aidé des voies de l'extase, sur les pas de Baudelaire, cherche "à s'emparer immédiatement sur cette terre même d'un paradis révélé" et à exprimer sa découverte, diffusant une émanation sensible d'une idée originelle.
Comme notre sensibilité est plus forte que notre raison et que cette sensibilité est en dehors d'elle, elle peut être décrochée de la raison et décrochée de la vérité, de la vraisemblance et nous émouvoir.
C'est une porte vers le rêve, l'évasion, le ravissement, rarement une élaboration pour penser. C'est le plus souvent une surabondance de vie. Nous en déduisons que l'Art est détaché du souci moral, bonne idée d'Aristote. L'art serait la création d'un univers personnel, selon Proust.
Et nous voilà péniblement à attraper ce que Malraux a voulu dire : "La création est un héritage, non une destruction du passé... pas de style, pas de maître qui ne se dégage de la gangue d'un autre" pour comprendre Baudelaire : "Les arts sont les liens qui permettent à l'Homme de n'être pas un accident dans l'univers"- Les Phares.
Voilà l'erreur de Musset démontrée quant il prétend : "Rien n'est vrai que le beau" et un petit peu la vôtre aussi.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 03 juin 2013 à 18:25
@ Catherine Jacob
Heiddeger considérait Hölderlin comme le poète par excellence, son travail n'étant pas l'expression de sa sensibilité ou transcription de l'air du temps mais recherche de vérité. Cela rejoint peut-être votre commentaire dont je vous avoue n'avoir pas saisi à coup sûr toute la subtilité.
Pour en revenir à la définition d'une œuvre d'art, voici celle trinitaire de Barthes : simple, filial, désirable.
Simple n'est pas simpliste mais lisible, ce qui peut nécessiter quelques clés de lecture.
Filial rejoint Nietzsche disant qu'il n'y a pas de choses belles sans lignage, ce qui exclut la déconstruction.
Désirable enfin exprime une idée de plénitude, le contraire de la chose à moitié.
Rédigé par : MS | 03 juin 2013 à 17:25
Non événement... pauvreté et petitesses à tous les étages, sauf pour la bourse et l'excroissance de l'ego obsessionnel de l'agité... Mon commentaire est déjà un hénaurme cadeau... arraché... douloureux.
Rédigé par : lafleur | 03 juin 2013 à 15:31
@ Jean-Dominique Reffait | 02 juin 2013 à 22:15
Vous décrivez assez bien ce qui me gêne: ce qui est présenté comme art brut est en fait très référencé.
C'est le comble de la distinction.
Rédigé par : Alex paulista | 03 juin 2013 à 13:28
@MS | 03 juin 2013 à 08:03
"Si ce n'est la fumisterie, on se demande bien au nom de quel principe il en irait différemment d'un artiste.
C'est là toute la question de l'origine de l’œuvre d'art.
Je cite M.Heidegger in Chemins qui ne mènent nulle part, ce qui signifie également qu'ils n'ont pas d'autre commencement que celui du premier pas, page 66~7 de l'édition Gallimard de février 2011:
ECe qui dans la création de l'œuvre, a un air de fabrication artisanale, est d'un autre genre - = que celui de la technê - [...] si ce n'est le travail artisanal et manuel, qu'est-ce qui pourra alors nous guider dans notre recherche de l'essence de la création? Comment y arriver autrement qu'en partant de ce qui est à créer, c'est-à-dire de l'œuvre?[...]Et si l'être-créé appartient si essentiellement à l’œuvre - comme nous l'entendons d’ailleurs dans le mot même - il nous faut alors essayer de comprendre encore plus essentiellement ce qui a pu être déterminé jusqu'ici comme être-œuvre de l’œuvre.
A partir de la détermination obtenue, qui nous dit que dans l'œuvre, c'est l'avènement de la vérité qui est à l'œuvre, nous pouvons la création comme faire-advenir à un état d'être-produit. Le devenir œuvre de l'œuvre est un mode de devenir et d’avenir propre à la vérité. Tout le problème repose dans l'essence de la vérité. Mais qu'est-ce que la vérité, pour devoir advenir dans une chose telle qu'une œuvre? Dans quelle mesure la vérité déploie-t-elle du fond de son être quelque chose comme une aspiration vers l'œuvre? "
Autrement dit, dans la re-création de l’œuvre sous notre regard qui la fait exister ou qui la manque, se joue aussi bien notre propre rapport à la vérité, ce que PB a fort bien vu, du moins à mon sens, lorsqu'il dit : BHL, interrogé sur l'art moderne, révèle, par petites touches, des parts de lui-même qui mériteraient d'être analysées plus avant tant elles offrent des clés pour comprendre le personnage, ses forces et aussi, pour beaucoup, ses faiblesses. et conclue : J'irai voir ces "Aventures de la vérité".
Par voie de conséquence, ceux s'inquiètent en priorité de la marque de la moquette qu'il leur paraît avoir fumée, abusés qu'ils sont eux-mêmes par l'herbe du diable passent purement et simplement dans leur brouillard à côté du sens.
Rédigé par : Catherine JACOB@MS | 03 juin 2013 à 13:20
Pour compléter tout ce qui est dit ici, je pense qu’il faut différencier art moderne et art contemporain. Et autrement que par des tranches chronologiques. Car si une nouvelle forme d’art apparaît bien à un moment, elle ne meurt pas à jamais. Pour moi, l’art contemporain se caractérise essentiellement par l’apparition et l’utilisation de médiums et de matériaux les plus divers. Et la démarche va plus loin que la présentation d’œuvres inabouties. Elle va jusqu’à présenter ce qui n’est plus du tout une œuvre pour imposer au spectateur l’idée que l’art est partout et dans tout. C’est ainsi qu’au Palais de Tokyo on pouvait « admirer » entre autres (je ne sais pas si c’est toujours le cas) au milieu d’une grande salle nue, un tas de gravats, ou dans une autre, la reconstitution d’un grenier par l’accumulation poussiéreuse d’objets divers. Autant dire qu’il est difficile de faire le tri entre une authentique démarche artistique et du pur charlatanisme.
Concernant l’art moderne, au-delà de la forme picturale, il me semble intéressant de constater que, alors que précédemment, le titre de l’œuvre n’était qu’un complément informatif, finalement non indispensable, avec l’art moderne, très souvent, le titre fait partie intégrante de l’œuvre. Ainsi ai-je pu admirer un jour un tableau représentant sur fond uni, un trait ininterrompu, très emmêlé façon gribouillis, avec pour titre « Vol d’une mouche non euclidienne ». L’information, en pareil cas, paraît indispensable.
Et puis il y a de nombreux courants dans la peinture actuelle, fort intéressants et pas suffisamment connus qui allient les techniques à l’ancienne extrêmement maîtrisées à une imagination débridée, comme la peinture visionnaire d’un Gérard Di-Maccio aux effets de trompe-l’œil saisissants.
Rédigé par : Claude L | 03 juin 2013 à 11:03
"...une oeuvre qui serait encore à l'état de brouillon."
Bel oxymore en ce JDR constat.
Si le plombier, le restaurateur, l'avocat, le maçon, le chirurgien, l'ébéniste, le professeur..., laissent leur oeuvre à l'état de brouillon, ils se font illico traiter de charlatans ou de sagouins.
Si ce n'est la fumisterie, on se demande bien au nom de quel principe il en irait différemment d'un artiste.
Rédigé par : MS | 03 juin 2013 à 08:03
Merci JDR ! Comme d'habitude, avec vous, c'est limpide et je me sens quelque peu honteux d'être le dernier de la classe...
Rédigé par : sbriglia, initié | 03 juin 2013 à 07:02
Monsieur Bilger : j'adore la moquette que vous fumez en ce moment. C'est quelle marque ? MDR & LOL (comme ils disent). Bon, OK, je sors... (Pas taper sur la tête, pas sur la tête hein !)
Bien à vous.
Rédigé par : Martin-Lothar | 03 juin 2013 à 04:21
BHL, à force de courir derrière Malraux depuis le Bangladesh jusqu'à la dernière expo, finira bien par trouver un homme politique un peu ramolli pour le nommer ministre de la culture. Il pourra ensuite prononcer l'oraison funèbre de ses amis, tant de droite que de gauche...
Mais le jour où il entre à la rue de Valois, tout laïque que je suis, je demande l'asile politique aux moines de Maredsous !
Rédigé par : Boris | 03 juin 2013 à 01:54
Il n'y a pas d'art passé plus que d'art simple. Seulement un regard ou une intériorité qui, d'une façon ou une autre, vient au jour. L'engouement pour la photographie est le juste pendant des créations, quelquefois discutables, des entrepreneurs de l'art contemporain. Des maîtres avaient recours à leurs élèves, des performeurs actuels recours aux métalliers, aux ingénieurs, pour faire tenir ensemble leurs abymes. Même les créateurs d'art du spectacle ont recours à des techniciens sans lesquels leurs idées n'aboutiraient jamais, c'est un peu ce qu'écrivait Jouvet. Le sens esthétique ne s'attarde pas sur la facture mais sur le vide qu'elle laisse et qu'il faut combler par le sentiment personnel. La limite de cette démarche, c'est aussi et toujours l'excès dans l'imposture, de plus en plus difficile à déceler à mesure que la forme n'est là que comme une invitation, et non une représentation. La vulgarité de la forme peut aussi être une forme d'abandon du sens de la contemplation. Pas de nom à donner mais beaucoup à penser.
L'hyperréalisme américain décrit l'excès de la forme et ne laisse rien à l'imagination de l'événement, mais il suscite une envie d'appartenir à un monde figé et rassurant, alors qu'un Fragonard peut angoisser par l'évocation d'un monde inaccessible. La vertu de l'art contemporain c'est de laisser la liberté de choix du monde souhaité. La dégradation dans le street art justifie l'inaboutissement de la recherche, la spontanéité angoissée, incapable de s'achever autrement, de s'épurer, signe d'un grand désordre intellectuel. On a souvent parlé du génie du tag, aujourd'hui dépassé, mais, psychologiquement, ces signes burlesques sont souvent la marque d'un ego surdimensionné, d'une vanité de la démonstration de l'existence du tagueur.
Je ne sais pas si BHL a fait quelque chose d'utile en publiant son ouvrage, mais lorsque j'analyse un Seurat, ou un macchiaiolo ou même un classique XVIIIe ou quand je découvre les farces de Mozart, ou le signes christiques de Bach dans la lecture de leur musique, je me demande s'il est possible d'ainsi tout embrasser et en remontrer à ceux qui se contentent de recevoir l'oeuvre.
Comme le dit mon charcutier "Tout est dans tout et réciproquement."
Rédigé par : amfortas | 02 juin 2013 à 23:17
BHL, cette marque commerciale est à la philosophie ce que Mireille Mathieu est à l'opéra. Mais elle, elle le sait.
Rédigé par : Celtibère | 02 juin 2013 à 22:39
Je n'ai pas d'avis sur cette initiative de BHL, je me doute que l'homme est cultivé et sait proposer et commenter intelligemment des oeuvres. J'ai juste une crainte : que les obsessions de BHL reviennent à la surface y compris dans sa perception artistique. Je crains d'y retrouver un commentaire en creux de l'idéologie française et ça ne me tente pas plus que cela.
Sbriglia, rien n'est plus clair à la vérité ! L'artiste contemporain exige que le public, passif hier devant des oeuvres abouties, finisse le travail de création. L'oeuvre ne se contient pas elle-même, il faut que le spectateur s'engage d'une façon ou d'une autre pour que la création artistique s'achève. Il faut aujourd'hui avoir une capacité d'interprétation, une culture et des références proches de celles de l'artiste pour comprendre le morceau de ferraille présenté. Ce n'était évidemment pas le cas avec Fragonard où le public se "contentait" d'aimer, d'admirer, de rêver sans être contraint d'imaginer une oeuvre qui serait encore à l'état de brouillon.
L'ai-je bien descendu ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 juin 2013 à 22:15
"cette tendance lourde de la création d'aujourd'hui... à laisser de plus en plus le beau rôle au passif d'hier : le témoin ébloui ou dégoûté est devenu aujourd'hui, souvent, l'artisan médiat d'un ordre qui se refuse et d'une cohérence répudiée. Il crée ce que le créateur initial a eu la faiblesse, la paresse de proposer sans apprêt"
A seule fin de ne pas mourir idiot, il me serait agréable qu'un exégète de la pensée bilgérienne me traduise en langage simple ces artistiques circonvolutions... JDR, en troisième lecture, avez-vous la clé ?
Rédigé par : sbriglia, perplexe | 02 juin 2013 à 20:15
"Son intelligence, ses yeux, ses oreilles et ses sentiments accomplissent le vrai travail. Ils reconstruisent."
Bref, le regard et le choix crééent l’œuvre, heureusement que BHL est là pour nous rappeler ce principe de base dans le cadre d'un BHL好み comme on dit 「利休好み」 Autrement dit:
1°好きなものの傾向。「はで―」
2°ある時代、または、ある特定の人に好まれた様式。「元禄―」「利休―」
Mais davantage que du BHL_G(k)konomi, autrement dit le style "goûté et prôné" par tel personnage, par ex. le maître de Thé Rikyû, BHL, ou telle époque, c'est d'une revitalisation de l'E_konomi dont nous avons beaucoup plus urgemment besoin.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 juin 2013 à 19:58
Sous peine que l'oeuvre d'art demeure un objet posé là, comme un bibelot dans une pièce vide, elle réclame la participation active, la communion du public.
Ce n'est qu'une illusion de penser que les créations classiques, celles qui par leur code universellement connu et accepté "parlaient" directement au spectateur ou à l'auditeur, pouvaient s'accommoder de cette consommation passive.
Ce serait les réduire aux moyens techniques de la création, alors que la profondeur de ce qu'elles ont à dire est au-delà.
Sans doute est-il fort difficile au spectateur commun de mesurer et de sentir le gouffre entre un peintre académique sans génie et un Chardin ou un Fragonard. Ceux qui connaissent mal la musique du XVIIIe siècle ont tendance aussi à ne pas entendre de différence entre Mozart et un petit maître.
Il est vrai que l'un et l'autre maîtrisaient parfaitement l'harmonie et le contrepoint, mais le génie, précisément, parvient à se frayer un chemin à travers ces conventions qu'il utilise et qu'il transcende.
Ainsi, selon moi, notre époque de créativité absolument libérée de toute contrainte, telle que vous l'envisagez, Philippe, nécessite que le spectateur joue son rôle, c'est vrai, mais ce rôle n'est pas plus déterminant que par le passé.
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 juin 2013 à 13:54
Bonjour Philippe Bilger,
« Ce titre est évident tant la nouvelle entreprise de Bernard-Henri Lévy - Les Aventures de la vérité à la Fondation Maeght - semble avoir été décidée, menée et conduite à son terme avec la même énergie, la même passion impérieuse et vitale que celles qui l'avaient inspiré pour la Libye même si heureusement, pour l'art, les effets en seront cette fois indiscutablement bénéfiques. »
BHL a enfin retrouvé la place qui était la sienne, à savoir celle d’un intellectuel qui nous apporte sa vision éclairée sur l’art moderne et la philosophie. On ne peut qu’en être ravi.
Son rôle fugace de conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy n’a vraiment convaincu personne. D’ailleurs ce qui se passe actuellement en Libye relativise son opération commando à la Rambo. D’autant que ce personnage, fût-il de fiction, nous a montré qu’il ne possédait pas de grandes dispositions aux subtilités de la diplomatie.
Mais ainsi en est-il des personnages guidés par la passion. Ils ont tendance à s’enflammer un peu sur tous les sujets, y compris ceux qui sortent du domaine de leur compétence.
Rédigé par : Achille | 02 juin 2013 à 12:07
BHL, la beauté et la vérité.
Vaste programme !
Rédigé par : Arobase du Ban | 02 juin 2013 à 11:59