Dans le dernier remarquable Causeur, cette question cruciale est posée : qui jugera les juges ?
Au milieu de plusieurs contributions tentant de répondre à cette interrogation que la vigilance démocratique rend urgente, lancinante, surtout depuis le mois de mai 2012 où l'indépendance de la Justice est garantie au quotidien, un entretien en majesté avec Me Georges Kiejman par Elisabeth Lévy et Gil Mihaely annoncé par cette affirmation péremptoire : "Le problème des juges, c'est le narcissisme", aggravée dans le corps du texte par l'ajout de l'adverbe "incroyablement".
Georges Kiejman, avec lequel j'ai toujours eu des relations cordiales quoique espacées, demeure l'un de nos derniers avocats mythiques qui, par l'extrême intelligence alliée à la splendeur incisive du verbe, a su marquer son territoire dans l'univers politique comme dans les espaces culturel et judiciaire.
Si je m'en tiens à l'approche superficielle seule permise à ceux qui n'ont jamais été des amis intimes, les ombres projetées sur la personnalité et les comportements de Me Kiejman ont été très ciblées, et peu nombreuses. D'aucuns lui reprochent d'avoir eu une attitude de flagornerie et de dépendance excessive avec François Mitterrand. Il n'aurait pas été très heureux ni performant comme ministre délégué auprès du garde des Sceaux Henri Nallet.
Pour ma part, je n'ai pas aimé la virulence de ses joutes avec Me Metzner qui certes la lui a bien rendue, ni l'aigreur indélicate de son hommage ambigu après le suicide de ce dernier. J'ai détesté son étrange et inopportune intervention dans Le Figaro contre le juge Gentil et la qualification juridique d'abus de faiblesse pour la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Pourquoi lui, si libre, a -t-il éprouvé le besoin de ce service commandé ?
C'est peu à sa charge. Pour un homme de son envergure et de son immense talent, on pourrait estimer que c'est trop. Avec tant de dons on se devrait, en effet, d'être bon en plus !
A l'évidence cela n'a jamais été le souci dominant de Georges Kiejman qui au fil des années s'est débarrassé de la pertinence pour se satisfaire de l'insolence.
L'entretien de Causeur nous le montre friand, et sans doute content de lui-même à cause de cette désinvolture même, de répliques de théâtre plus que de réponses de fond. Pourtant, certains thèmes sérieux sont abordés, notamment sur la politique pénale, les prisons, les peines plancher et les voies de recours, mais Georges Kiejman, avec une totale légèreté, une immaturité futile que paradoxalement il impute aux juges qualifiés de "grands enfants", presque une condescendance de grand seigneur dérangé pour rien, les évacue, les dénonce, les aborde ou les ridiculise d'un mot, d'une pique.
Il offre les saillies de son esprit, jamais la profondeur de sa pensée. Il est évidemment plus commode et facile de fuir grâce à une alacrité sommaire que de s'engager dans un débat qui exigerait bien plus de lui. A force, quand on a trop d'esprit, réfléchir vraiment devient presque insurmontable. Il y a une paresse à sortir de l'emporte-pièce.
Pour être aristocratique, le populisme, dans lequel tombe sans nuance Georges Kiejman, n'en devient pas moins insupportable.
Certes il est ancien pour ce qui concerne les journalistes car cet avocat brillant a toujours voulu soumettre la liberté d'expression à la loi pénale ordinaire, ce qui serait méconnaître la spécificité de cette délinquance immatérielle. Mais, pour les magistrats, même s'il donne une très belle définition du "bon juge" que son humanité distinguerait, il se permet cette outrance indigne de lui : "Beaucoup sont médiocres, certains franchement détestables. Et, avec ça, horriblement susceptibles!".
Je le rêverais aussi lucide et sévère à l'encontre de la masse des avocats mais manifestement le corporatisme et la solidarité réflexe ne sont pas le seul apanage des magistrats.
Mais je voudrais conclure sur ce narcissisme - admiration de soi, attention exclusive portée à soi-même, nous signifie le dictionnaire - qui serait "le problème des juges". Quel manque d'imagination alors que tant de défauts pourraient être plus légitimement reprochés aux magistrats au singulier ou en bloc à cause de certaines de leurs pratiques ou de leur déplorable esprit de corps ! Mais le narcissisme, pas vraiment, car il y a dans cette exagération de soi comme une conscience, une puissance, un orgueil qui malheureusement ne sont pas consubstantiels aux juges. Plutôt, comme souvent pour la psychologie humaine, Georges Kiejman pourfend chez les autres ce qu'il sent en lui, le risque de chaque seconde qu'il devine dans son être profond. Narcissique lui-même, il s'en libère en le prêtant à autrui.
De la même manière que j'abuse de l'accusation de médiocrité parce que trop souvent je me suis pris à succomber sous le poids de trop de réactions médiocres et à m'en soulager ainsi.
Pour Georges Kiejman, les autres ne sont pas l'enfer mais le remède.
Heureusement, il y a les juges.
"Pour ma part, je n'ai pas aimé la virulence de ses joutes avec Me Metzner qui certes la lui a bien rendue, ni l'aigreur indélicate de son hommage ambigu après le suicide de ce dernier"
Moi non plus je n'ai pas apprécié, j'ai trouvé même cela honteux.
Maître Metzner m'a fait découvrir qu'il y avait un délit intitulé escroquerie au jugement.
Savez-vous en quoi cela consiste ?
Cela consiste à donner au juge des documents autres que ceux dont on vous a transmis la copie. Cela annule toute possibilité de défense ! Je ne sais pas si c'est Maître Kiejman qui lui avait fait le coup!
Rédigé par : Duval Uzan | 21 juin 2013 à 00:15
Monsieur Bilger, il n'y a pas que Me Kiejman, vous qui intervenez sur RTL dans "On refait le monde", ne pourriez -vous pas écouter les émissions auxquelles vous ne participez pas ? C'est catastrophique. Un travail de pédagogie est indispensable. La justice et les juges sont dénigrés d'une façon très choquante à mon avis, témoignant d'une incompréhension ou ignorance totale de l'institution. Dernièrement Clémentine Autain disait sur le non-lieu du Carlton que c'était aux victimes de DSK d'apporter la preuve, elles avaient la charge de la preuve de la culpabilité de DSK. Le juge Gentil est caricaturé d'une façon indigne comme un petit juge qui veut se faire Sarkozy. Pitié, donnez votre voix à l'institution. Ce n'est pas Me Courbit qui va la défendre ou l'expliquer...
Rédigé par : Stephanie | 17 juin 2013 à 23:27
Pour le "tordu" à côté du "droit" il s'agissait de Roland Dumas et non de Kiejman : ne pas confondre Sparafucile et Almaviva.
Rédigé par : sbriglia@catherine A. et Jabiru | 17 juin 2013 à 17:44
Il est, hélas (!), des juges ainsi que des avocats qui savent ce que Droit et Justice signifient. Qui ne considèrent pas leur
compagnons, compagnes d'études comme des éléments utilitaires pour leur carrière mais au contraire des personnes avec lesquelles ils peuvent échanger et au besoin se faire retirer bouchons des oreilles et/ou voile de devant les yeux et ce, sans contre-partie ou délire "en bande organisée".
Rédigé par : calamity jane | 13 juin 2013 à 16:37
Peu familier de la Chicane, j'apprécie l'exercice de notre hôte. Ca se lit sans faim.
J'en reste pour ma part aux conseils que me donnaient mon plaideur de grand-père sur le mauvais arrangement préférable au bon procès, et me tiens à distance de la justice de mon pays.
N'ayant jamais tué personne pour le moment, je n'ai mesuré que l'inanité de la justice de paix qui devrait huiler les relations humaines au quotidien, alors qu'en pratique, tout est fait pour alourdir la procédure de plainte, éviter les petites affaires, refouler le plaignant et laisser prospérer l'inconfort de la promiscuité sociale, jusqu'au drame parfois. Hors de portée des gens simples, la justice devient une institution d'orgueil vouée à la mise en culture des assignés et où se construit un narcissisme théâtral coupé des réalités.
Merci quand même.
Rédigé par : Catoneo | 13 juin 2013 à 16:13
@ Catherine A
Merci pour votre complément d'information qui vient en soutien de mon "sauf erreur de ma part". Comme quoi, la mémoire ne s'use que si l'on s'en sert. Moralité : toujours vérifier et revérifier ses sources.
Rédigé par : Jabiru | 13 juin 2013 à 13:27
Pour le droit il s'agissait de Badinter. Kiejman c'était le courtisan et je ne suis pas sûre que Mitterrand adorait les courtisans même s'il en profitait allègrement ; et après tout ils sont faits pour ça non ? Kiejman c'est aussi ce champion de l'élégance qui a dit à propos de Mme Prévost-Deprez qu'elle avait "le rouge à lèvres qui débordait, pris quelques kilos et... qu'elle faisait moins harpie". Parole de "bel" homme qui, c'est sûr, ne risque pas de tomber amoureux de son image.
Rédigé par : Catherine A. Non Jabiru | 13 juin 2013 à 12:00
@ Achille
A vrai dire, je conçois assez bien votre petite pique gentiment ironique. Rassurez-vous, je n'ai pas dépassé le stade de la facilité orale, et n'ai aucun surdon. A l'avenir je m'abstiendrai de parler de choses personnelles, mais ici, sur ce blog, on a tendance, à mon âge, à se croire en sécurité.
C'est le passé qui nous pousse vers l'avant, et le futur qui nous fait fuir vers l'arrière. C'est en tout cas ce que pensait Tacite : "sarebbe la felicità se il Tacito avesse taciuto"
Et puis, j'ai bien dit que je ne suis rien, pourquoi avoir négligé cette réduction ? Pour faire un joli mot ? C'est bien, je ne m'en plains pas.
Rédigé par : amfortas | 13 juin 2013 à 11:40
Rédigé par Monsieur Savonarole le 11 juin 2013 à 19:54
"...J'ai organisé le rapatriement sanitaire de cette ruine..."
Les ruines d'Angkor ou d'Abou Simbel ?
Rédigé par : Nath | 13 juin 2013 à 00:01
Alors voilà maintenant que vous tombez carrément dans le cirage de pompes ?
Je me demande souvent si vous ne faites pas exprès de lancer certains billets pour vous régaler ensuite des réactions.
Etrange aussi que j'ai souvent l'occasion de dire ce que bon nombre d'avocats pensent de la justice - voire probablement tous - sans jamais recevoir ni approbation ni contradiction, comme si chacun avait peur.
Je répète encore :
Les magistrats de la Cour des comptes ne poursuivent pas la corruption alors qu'ils ont tous pouvoirs pour le faire ; ils se contentent de la dénoncer. Donc, ils sont complices.
Les magistrats auteurs de revirements de jurisprudence qui se substituent au législateur pour créer en fait des lois rétroactives. Une honte pour quiconque a la moindre notion de droit. Leur place est en prison pour forfaiture.
Les magistrats qui délivrent des décisions et déforment les lois selon leur idéologie. Ils déstabilisent le droit et provoquent l'encombrement des tribunaux car tout peut y être plaidé pour le plus grand bonheur de la corporation des avocats. La porte avec coup de pied au c.. en guise d'indemnité.
Les juges rouges des chambres dites rouges, en appel et en cassation. Il rendent le droit du travail encore plus fou qu'il n'est et incitent les employeurs à délocaliser ou tout faire pour éviter d'embaucher. Même traitement.
Il y a bien pire qu'une justice dépendante : c'est une justice soi-disant indépendante qui dépend en réalité des "réseaux et fraternités" dénoncés jadis par le très regretté P. Bilger que j'aimais.
N. Sarkozy aurait donné ordre de fomenter un arbitrage truqué avec des juristes marrons pour faire gagner une fortune à Tapie ?
C'est aussi crédible que N. Sarkozy allant chauffer les pieds de Mme Bettencourt pour repartir avec une valise de dollars usagés - pourquoi pas aussi avec ses bijoux, d'ailleurs ?
Elle est finie, la justice, au yeux de l'opinion publique. Le "tous pourris" s'est étendu à elle, et comme c'est une catastrophe, vous ne voulez pas y participer.
Soit, mais chacun son rôle. Moi, je suis le vilain.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 juin 2013 à 23:47
Georges Kiejman m'a toujours dérangé. L'homme est brillant, est-il profond ? Il appartient à une génération d'avocats qui, classés à gauche, ont défendu des causes difficiles ou contestables, milité pour des avancées nécessaires, et il est resté au bord du chemin à regarder passer les trains. Il signe les pétitions avec courtoisie mais n'en rédige pas. Un grand avocat, ça sent le soufre et Kiejman ne sent rien.
Cette légèreté, vous la décrivez dans la forme. Bien sûr, s'il est un sujet que devraient s'interdire aussi bien les ténors du barreau... que ceux du parquet, c'est bien celui du narcissisme ! Le surdimensionnement de l'ego fait partie intégrante des qualités professionnelles de ces messieurs. La première consultation d'un malheureux justiciable menacé des geôles auprès de son avocat pénaliste est consacrée à la mise en perspective de son lamentable cas avec le catalogue exhaustif des succès triomphants du Maître. Et si vous êtes condamné pour avoir planté un coup de couteau de trop, vous apprendrez comment vous auriez pu vous faire acquitter en trucidant dix bonnes femmes à la tronçonneuse. Car le grand avocat semble, à l'entendre, bien plus assuré de sauver la mise d'un tueur en série que de vous tirer d'affaire si vous avez écrabouillé un vieillard par inadvertance.
Quant à la médiocrité du commun des juges, point n'est besoin d'être Kiejman pour s'en convaincre. L'inculture le dispute souvent au tâtonnement intellectuel et ce n'est pas naturellement vers la magistrature quotidienne que je me dirigerais pour dénicher un grand esprit. Qu'en est-il de la masse des avocats ? Ça n'est pas joyeux non plus de ce côté-là, je vous le concède. Et c'est bien là que vous avez raison de remettre Georges Kiejman dans son box : qu'un grand avocat enrage d'avoir à commercer avec de médiocres juges, je le conçois mais quelle punition est égale à celle du grand magistrat contraint d'écouter les sottes et lourdes plaidoiries de médiocres avocats ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 12 juin 2013 à 23:44
Pendant des décennies, je n'aurais osé accuser les juges de favoritisme, je leur faisais confiance, bien que les considérant comme des êtres humains faillibles.
Les récentes affaires, tellement à charge pour la droite, m'ont convaincue non pas de leur éventuelles erreurs, mais de leur côté partial. Abattre plutôt que juger : cela devient grave, très grave pour le citoyen attentif mais impuissant.
Le simple citoyen qui voit une affaire dont le début remonte aux années 80, toujours en cours, menée à charge, se demande quand on va apporter le début de vraies preuves.
Aujourd'hui dans ce climat malsain et délétère créé par une gauche aux abois, qui veut à tout prix reprendre la main, certains juges très politisés et corporatistes (le "mur des cons" en est la preuve flagrante) ne me semblent plus aussi impartiaux... c'est humain aussi.
Dommage qu'à l'instar de la police, il n'existe pas un service qui pourrait contrôler le travail des juges. On aurait des surprises. Mais ce serait remettre en cause leur bonne foi.
Quant au narcissisme, ils ne le sont pas plus que les avocats, Maître Kiejman lorsqu'il était proche de F.Mitterrand, l'humilité n'avait pas l'air d'être sa qualité principale.
Humain toujours de trouver les autres plus narcissiques que soi, plus médiocres que soi.
Depuis un an, nous constatons chaque jour que tout ce qui n'est pas pro-gouvernemental est médiocre, tout ce qui n'appartient pas au microcosme intellectuel parisien est suspect et méprisable. Cela dénote un terrible mépris des autres.
Il est incroyable de constater que ceux qui se disent humanistes et pour le peuple sont en réalité des individus sectaires.
La gouvernance socialiste a cela de bon, elle aura montré le vrai visage des "faux-gentils" qui utilisent le "deux poids deux mesures".
Il n'y a donc pas que les juges pour être soupçonnés de favoritisme et d'iniquité, d'autant que les médias qui devraient être un contre-pouvoir sont à la botte de ce régime.
Il est vraiment regrettable de voir la France ressembler à une République bananière. Par un concours de circonstance heureux pour le PS, le nouveau Président , élu grâce à la détestation de son prédécesseur et aux institutions de la Ve République (pourtant si critiquée par la gauche auparavant), se retrouve avec tous les pouvoirs : Sénat, AN, Cour des comptes (même si je ne mets pas en doute le sérieux de M. Migaud), chaînes publiques. Ce pouvoir est aidé par des juges majoritairement à gauche et une presse qui pratique la câlinothérapie.
Attention aux dérapages.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 12 juin 2013 à 20:06
Comme d’habitude, rien à dire sur le coup de plume, toujours aussi précis, mais un truc me chiffonne comme dirait Colombo :
Dans le dernier remarquable Causeur, cette question cruciale est posée : qui jugera les juges ?
Eh bien un vote démocratique tout simplement. C’est l’Etat qui doit répondre de sa Justice en lui laissant les mains libres au lieu que de vouloir par exemple, supprimer les juges d’instruction.
Le lamentable dernier quinquennat d’un avocat a pu, je pense, mettre cela en évidence.
Ceux qui ont été à la botte de l'Etat ont vite été repérés par les juges eux-mêmes en dépit de leur devoir de réserve. Ils savent intimement qu'ils sont les garants de cette démocratie même s'ils restent des hommes et des femmes, le reste est une affaire de courage personnel.
C'est une lourde responsabilité que d'être juge et la moindre des choses que l'on peut attendre d'eux reste et restera toujours l'impartialité.
Rédigé par : Francois | 12 juin 2013 à 18:18
Rédigé par Monsieur Savonarole le 11 juin 2013 à 19:54
"...J'ai organisé le rapatriement sanitaire de cette ruine..."
Ah bon !... Comme Coluche dans Banzai, alors !
http://www.youtube.com/watch?v=5iMZnuk2qyo
Rédigé par : Valerie | 12 juin 2013 à 15:11
Les rhétoriques sont dégainées, les mots sont lâchés sans retenue et sifflent. Qui restera au sol ?
Pour cela, un duel chez Taddéï !
Pour moi, médiocre voyeur.
Il faut que je revoie Ponceludon de Malavoy d'urgence...
Rédigé par : bernard | 12 juin 2013 à 12:54
Quelle plume, Philippe, quelle plume !!
Je ne citerai que ce passage :
"A l'évidence cela n'a jamais été le souci dominant de Georges Kiejman qui au fil des années s'est débarrassé de la pertinence pour se satisfaire de l'insolence."
Magnifique !
Vous avez dit flagorneur ?
Rédigé par : polo | 12 juin 2013 à 11:40
Monsieur Achille
Je vous remercie grandement, car je ne fais pas partie des surdoués, et il est vrai que je ne comprends pas toujours les subtilités de certains raisonnements, mais je m'amuse beaucoup à assister, telle une petite souris, à des duels pas toujours à fleuret moucheté, entre "élites" dont certains se connaissent fort bien.
Rédigé par : marie dumont | 12 juin 2013 à 11:04
@ amfortas
« Lorsque j'étais en doctorat, au cours d'une écurie, le Professeur K... m'ayant confié une synthèse orale sur le droit à l'image, écouta mon développement avec une mine contrainte, puis lâcha en fin de séance "vous avez trop de facilité" et s'en tint là. Ce fut la plus belle gifle de mes études, le coup d'arrêt à l'effet oratoire, la bride à l'emportement, le capuchon de la vanité. Il avait raison, non pour la facilité, mais pour l'expression de celle-ci. C'était un maître. »
J’imagine, en tout cas j’essaie d’imaginer, la consternation que l’on peut ressentir quand un « maître » vous assène brutalement que vous avez trop de facilité.
Drame des surdoués que ne peuvent comprendre que quelques intervenants de ce blog… et peut-être aussi Me Kiejman ! :-)
Rédigé par : Achille | 12 juin 2013 à 04:10
Ce n'est pas tant le narcissisme des uns ou des autres qui, personnellement, me préoccupe s'agissant des avocats et des juges qui sont leurs interlocuteurs privilégiés, que le fait qu'un cabinet d'avocats luxembourgeois a engrangé un million d'euros d'honoraires en 2012 rien que pour conseiller Arcelor-Mittal au sujet de l''optimisation au Luxembourg des 1,8 milliard d'euros que cette entreprise doit au fisc français, tandis qu'à l’Élysée on se demande dans quel tiroir les femmes de ménage ont rangé le projet de 'loi Florange' susceptible d'être appliqué à Michelin, que Bercy émet des ATD à la pelle sur les comptes des ouvriers licenciés, que les banques bloquent en toute connaissance de cause, le plus souvent, les revenus insaisissables des travailleurs handicapés. C'est tout.
Quand des Me Kiejman auront trouvé le moyen d'empêcher ça, alors là oui, la question de leur ego pourra éventuellement commencer à m'intéresser.
Mais bon j'en doute car tout avocat qui peut gagner un million d'euros sur un seul dossier (en gros 14 000 fois votre retraite annuelle, monsieur le magistrat honoraire) en embrouillant les procédures fiscales se fiche éperdument des conséquences de son enfumage du fisc sur le contribuable lambda. Pourtant celui-là est le plus nombreux à voter...!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 juin 2013 à 01:38
Un billet exceptionnel... Où en trouve-t-on d'équivalents sur la Toile ou dans la presse ? Cent, mille coudées au-dessus de l'ordinaire.
Rédigé par : Buridan | 12 juin 2013 à 01:03
Comme la plupart des Français, je ne perçois pas les signes d'un changement radical dans le fonctionnement de la Justice française, pas plus que je ne décèle la trace, apparemment évidente pour vous, Monsieur Bilger, d'un fonctionnement plus indépendant que dans le passé de l'appareil judiciaire.
Alors je sais que l'on va nous servir l'exemple de l'affaire Cahuzac !! Qui à mes yeux, est un contre-exemple. Il y a longtemps que cette "affaire" aurait dû exploser, sans les nombreuses connivences qui ont permis à Cahuzac de continuer à berner les pouvoirs en place...
Maître Kiejman fait probablement partie de ces avocats qui ont été confrontés, au cours de leur carrière récente, au désagrément de voir leurs clients jugés par des "Juges potaches" de la classe de ceux qui "ont fait le Mur" ??
Rédigé par : berdepas | 11 juin 2013 à 23:14
Je me garderai bien de me poser en avocat de Georges Kiejman, dont j’ignore tout.
Mais enfin, quelqu’un qui a autant de défauts que ceux que vous lui prêtez si généreusement ne peut être foncièrement mauvais.
Connaissez-vous l’histoire de Sacha Guitry, à qui on rapportait qu’une de ses connaissances disait du mal de lui ?
Il répondit : "S’il savait ce que je pense de lui, il en dirait encore plus".
Rédigé par : Tipaza | 11 juin 2013 à 22:22
"Tout cela sent furieusement son règlement de compte.
C'est en dessous de ce que "Justice au Singulier" laisse espérer."
Rédigé par : Frank THOMAS | 11 juin 2013 à 13:37
Non, cher Frank, pour une fois PB a raison.
J'ai organisé le rapatriement sanitaire de cette ruine avec sa jeune maîtresse de 25 ans d'âge, ce fut une désolation .
Quiconque a le droit d'évoquer Narcisse, sauf Kiejman...
Rédigé par : Savonarole | 11 juin 2013 à 19:54
Bonjour Philippe Bilger,
« Plutôt, comme souvent pour la psychologie humaine, Georges Kiejman pourfend chez les autres ce qu'il sent en lui, le risque de chaque seconde qu'il devine dans son être profond. Narcissique lui-même, il s'en libère en le prêtant à autrui. »
Me Kiejman ne m’a pas laissé un souvenir impérissable en tant que ministre, par contre j’ai pu apprécier son talent et sa magnifique élocution au cours d’une série d’émissions télé dans lesquelles ils racontaient les grands procès de l’Histoire.
L’irritation qu’il manifeste envers certains magistrats qui ne semblent pas vraiment disposés à faire preuve d’indulgence dans certaines affaires politico-financières où sont impliqués certains de ses amis politiques, peut éventuellement se comprendre même si on ne partage pas son opinion. Cela relève de la nature humaine, après tout.
Concernant l’homme lui-même, il est clair qu’il a une assez haute opinion de lui-même. Sans doute cela est-il dû au fait d’avoir fréquenté, tout au long de sa carrière, d’éminentes personnalités du monde politique et des affaires.
Difficile dans ces cas-là de faire preuve de modestie car certaines mauvaises langues trouveraient encore le moyen de le lui reprocher.
Et puis, nous avons tous nos défauts. Il est assez pénible de devoir les accepter, sans en plus les retrouver chez les autres ! :-)
Rédigé par : Achille | 11 juin 2013 à 19:22
savoir si la justice est rendue réellement avec la même équité.
Rédigé par : Martin | 11 juin 2013 à 14:59
Rassurez-vous. Regardez les affaires Woerth et Moscovici-Cahuzac: c'est la même équité, mais lue dans l'autre sens...
Rédigé par : Alex paulista | 11 juin 2013 à 18:59
Lorsque j'étais en doctorat, au cours d'une écurie, le Professeur K... m'ayant confié une synthèse orale sur le droit à l'image, écouta mon développement avec une mine contrainte, puis lâcha en fin de séance "vous avez trop de facilité" et s'en tint là. Ce fut la plus belle gifle de mes études, le coup d'arrêt à l'effet oratoire, la bride à l'emportement, le capuchon de la vanité. Il avait raison, non pour la facilité, mais pour l'expression de celle-ci. C'était un maître.
Puis vint le Pr L-RM, aimé entre tous, détesté inter pares, je l'aurais suivi à genoux. Dans un survol de l'influence des signes religieux dans la politique de la République à Rome, j'avais en charge le temps des Gracques. A la fin de l'exposé, il avait un petit sourire narquois et susurra : "vous avez beaucoup de mal à cacher votre facilité de parole, je vous en félicite, mais il faut aller plus loin, ceindre le cilice et vous donner la discipline." De la même façon, il biffa un exorde "romantique". C'était le maître, pas à la façon de celui-là qui fit retranchement dans sa faculté, mais comme Cincinnatus.
Kiejman a dû suivre les mêmes maîtres, du moins leurs homologues, les mêmes que les vôtres M. Bilger. Il a parcouru un chemin considérable, il n'a peut-être pas tort dans son jugement sur les juges. Le rapport avec mon introduction ? Celui qui existe entre les personnalités et les usagers, formés dans le même moule mais de sensibilités différentes. Ce faisant je me hausse du col, mais ayant été magistrat aussi et aujourd'hui, traître à ma patrie, lui préférant le "heimat", je puis dire que je n'ai jamais rencontré autant de narcisses que dans la magistrature. Rien à voir avec l'homotétie des jeunes cadres, les tics langagiers des experts et des financiers, la désinvolture des commerciaux et le cynisme des policiers, non, une vraie contemplation de soi-même. Ce Président qui ne savait pas ce qu'était un ténement et ne trouvant dans le dictionnaire que son sens fiscal et médiéval, cette jeune juge à qui je suggérais une autre tournure de phrase que la sienne qui assénait "Sur un autre ton, svp". Tout cela était banal, constant, sous toutes les formes possibles, mais à côté de ça, que de jeunes gens impétueux, de caractères dont on sentait qu'ils ne résisteraient pas à l'usure de la fonction, que de balourdises révélées par une conception étroite du bien public ou un juridisme réducteur. En opposition, des figures lumineuses tel ce Premier, cassant, autoritaire mais qui n'avait pas son pareil pour applaudir un bon travail.
Kiejman a oublié les maîtres, vous avez sans doute oublié votre environnement, je continue de n'être rien et c'est très bien comme ça.
Rédigé par : amfortas | 11 juin 2013 à 17:58
Certaines mauvaises langues de l'époque disaient que François Mitterrand avait deux avocats à ses côtés, un pour le droit et un pour le tordu ! Il en jouait d'ailleurs assez habilement en fin florentin qu'il était.
A ma connaissance l'homme dont il est question dans votre billet s'inscrivait, sauf erreur de ma part, dans le Droit.
Alors à quand un billet pour le second ?
Rédigé par : Jabiru | 11 juin 2013 à 17:30
A quoi tient cette première phrase : "surtout depuis le mois de mai 2012 où l'indépendance de la Justice est garantie au quotidien". En quoi la justice actuelle est-elle plus indépendante que celle sous la précédente présidence ? En tant que justiciable quelconque je ne perçois pas le moindre changement dans la justice au quotidien. Ce sont simplement d'autres scandales qui éclatent et qui seront traités de la même façon qu'avant. Des non-lieux, des condamnations justes, des condamnations excessives, des condamnations mal justifiées, des relaxes. Et toujours les mêmes doutes pour le citoyen lambda que je suis de savoir si la justice est rendue réellement avec la même équité.
Rédigé par : Nitram | 11 juin 2013 à 14:59
Quel palmarès !
Dans un seul entretien "en majesté", vous relevez, Philippe, suffisamment de matière pour qualifier Me Kiejman de : péremptoire, flagorneur, dépendant (i.e. courtisan), non performant, virulent, indélicat, ambigu, impertinent, immature, désinvolte, léger, sommaire, paresseux, populiste et narcissique.
Excusez du peu !
Avec tout cela, vous dites avoir toujours eu avec lui, sans être son ami, des relations cordiales.
Lorsque qu'elles ne le sont pas, quels noms d'oiseau avez-vous en réserve ?
Tout cela sent furieusement son règlement de compte.
C'est en dessous de ce que "Justice au Singulier" laisse espérer.
Rédigé par : Frank THOMAS | 11 juin 2013 à 13:37