Que s'est-il passé le vendredi 28 juin ?
La Justice a pris le pouvoir toute la journée et ne nous a pas laissé une seconde de répit.
Une révision de la carte judiciaire, notamment au bénéfice de Tulle. Même modeste, elle constitue un très mauvais signal (France Culture).
Rachida Dati, en usant d'une méthode discutable, d'abord consensuelle puis brutale, était tout de même parvenue à réaliser un petit exploit politique. Ce que tous les partis avaient toujours évoqué dans leur programme, elle l'avait réalisé tant bien que mal et une nouvelle France judiciaire avait été configurée contre les corporatismes et les conforts. Toucher à cet équilibre, même si ce n'est pas par favoritisme, risque d'être dévastateur. Une multitude de frustrations, et donc de revendications, vont à nouveau s'exprimer. On va remettre en marche la machine à conflits alors qu'elle était à l'arrêt.
Mathieu a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il rejoint Dils dans la catégorie des accusés privés de l'excuse de minorité et sanctionnés par la peine suprême dont ses avocats ont relevé appel. Jusqu'en 2038 au moins, il sera sans doute incarcéré. Il sera devenu un homme.
Dans le dossier de l'abus de faiblesse concernant Liliane Bettencourt, des réquisitions de non-lieu ont été prises, "en l'absence de charges", au bénéfice notamment d'Eric Woerth et de Nicolas Sarkozy. Je ne sais ce que décideront les trois magistrats instructeurs de Bordeaux s'ils sont toujours en position de le faire.
De la même manière que la mise en examen qu'ils avaient opérée était tout à fait valide et n'avait pas à être contestée comme elle l'a été, surtout par Henri Guaino au comble de la fureur insultante, de la même manière se conformer à l'avis du parquet, si leur appréciation les y conduits, ne serait en aucun cas un désaveu. Ils respecteraient la justice en même temps qu'ils donneraient une éclatante leçon à leurs adversaires incompétents sur le plan judiciaire. Thierry Herzog reste dans son rôle classique, qui ne prête guère à l'invention, en soulignant que "la vérité finit toujours par triompher"(jdd.fr). Si c'était vrai, comme le monde serait rassurant !
Pour le trafic d'influence reproché à Eric Woerth et Patrice de Maistre, on se souvient que le procureur général de Bordeaux a imposé des réquisitions de non-lieu alors qu'un projet initial avait renvoyé les mis en examen devant le tribunal correctionnel. Il est clair qu'à Bordeaux l'ancien et le nouveau régime se combattent.
Enfin, le dossier Tapie-Lagarde-Richard-Lantourne-Rocchi-Estoup avec, en plus, demain peut-être, Borloo-Guéant-Sarkozy, une énorme, impressionnante affaire qui fait qu'on s'interroge autant sur les impuissants, les abusés ou les négligents comme Pierre Mazeaud et Jean-Denis Bredin que sur les impliqués "en bande organisée".
L'intervention de l'Etat était attendue, elle s'est manifestée et sa démarche juridique a été effectuée dans les délais. C'est une bonne nouvelle. Pierre Moscovici a enfin pris le parti, inspiré par le président, de quitter la bienveillance pour certains des mis en cause au bénéfice d'une roideur et d'une netteté démocratiques.
On peut espérer beaucoup, pour la manifestation de la vérité, des tiraillements intenses dans le couple judiciaire Lagarde-Richard et je ne vois pas pourquoi en l'état on aurait plus à faire crédit à l'une qu'à l'autre (Le Monde).
Ce qui est singulier, et assez révélateur de notre République, c'est qu'au moment même où Christine Lagarde n'enthousiasme personne à cause de son comportement d'hier, on prétend la placer dans les possibles candidats pour 2017. Elle a démenti, consciente, je l'espère, du ridicule de ce pavois inopportun.
Après l'incandescence fiévreuse de vendredi, une fois rappelée la présomption d'innocence, comment l'avenir va-t-il se dessiner ?
Il paraît que Nicolas Sarkozy aurait dit qu'il n'avait jamais voulu les "45 millions d'euros de préjudice moral" octroyés à Bernard Tapie qui, après 96 heures de garde à vue, a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée avant que l'un de ses avocats, Me Maurice Lantourne, le soit également. Bernard Tapie, pour sa cause, est heureusement assisté par Me Hervé Temime, redoutable et remarquable conseil qui ne m'a pas étonné en déclarant, comme il est de règle dans de telles circonstances, "que le dossier était vide".
A bien considérer l'ensemble, puisque le citoyen a le droit de formuler des hypothèses sans disposer forcément de certitudes, ne pourrait-on s'orienter vers la thèse de deux équipes ? l'une qui aurait voulu à toute force un arbitrage en faveur de Bernard Tapie, composée de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde ; et l'autre ayant méticuleusement altéré la loyauté de l'arbitrage : Rocchi, Lantourne, Estoup aidé par la passivité de Bredin et Mazeaud et en lien avec Tapie. Stéphane Richard, pour sa part, représentant une sorte de messager entre les deux univers, celui de l'Elysée et celui du tribunal arbitral et de sa périphérie.
Cette incitation à l'arbitrage ne datait pas de 2007 puisque Jean-Louis Borloo en avait déjà entretenu en 2002 Alain Lambert, alors responsable du Budget, et que Nicolas Sarkozy avait déjà pressé en 2004 Jean-Pierre Aubert de l'accepter pour le compte du CDR que celui-ci présidait ?
Le dossier n'était pas encore suffisamment étoffé et complexe puisqu'on apprend qu'Eric Woerth serait venu au secours de Bernard Tapie sur le plan fiscal pour qu'il n'ait à régler que 12 millions d'euros au lieu des 120 possibles (Mediapart).
Question centrale : le premier univers ayant imposé l'arbitrage contre le cours judiciaire aspirait-il forcément au second, maître d'oeuvre de la fraude et de la déloyauté dans le processus arbitral ? Une bande organisée certes, mais peut-être divisée et avec des objectifs différents ? Que de chemins, que de pistes !
Quel vendredi !
@ Jean-Louis
Je ne vous parle pas de justice. Celle-ci suivra son cours. Je relate des informations de journalistes dont il a été reconnu récemment qu'ils faisaient plutôt bien leur boulot.
Rédigé par : Claude L | 01 juillet 2013 à 19:24
@Claude L
Vous nous racontez une belle histoire. Malheureusement actée dans aucun document de justice dans les nombreuses procédures. Et sans mention pendant les quatre heures d'audition en commission des finances. Que le CL ait prêté l'intégralité de la somme fait souvent grincer, mais quelle infraction entre un client de dix-huit ans et sa banque ?
Sous la pression du pouvoir politique ? Certainement. Et alors ? Adidas est un capital qui s'est évaporé ? Evidemment pas. Dans le bazar du Lyonnais, c'était même plutôt un joyau !
Pour le reste si votre seule source est Mauduit et son moustachu de Médiapart... Mais c'est apparemment la nouvelle manière de la Justice de travailler dans ce pays.
Rédigé par : Jean-Louis | 01 juillet 2013 à 16:33
@ Jean-Louis
Les faits, Monsieur Jean-Louis, rien que les faits.
1.- Tapie n’a mis aucun centime de sa poche pour le rachat d’Adidas.
2.- C’est le Crédit Lyonnais qui a rassemblé les 16 milliards pour le rachat. Ce qui est tout à fait inhabituel et ne s’explique que par la protection de Mitterrand. D’autant que le groupe Tapie était déjà à cette époque en grande difficulté.
3.- Tapie s’est montré incapable de faire face aux échéances de remboursement. Ce qui de fait plaçait le Crédit Lyonnais en mesure de récupérer pour son compte les actions de Tapie, ce qu’il a renoncé à faire.
4.- C’est Tapie qui a imposé au Crédit Lyonnais les conditions de la revente d’Adidas dans un délai exceptionnellement court, et à un prix très bas fixé par lui, compte tenu de l’urgence.
5.- Tapie lui-même a organisé la publicité sur le prix de la vente, empêchant toute négociation éventuelle.
Pour la suite de l’histoire, je vous renvoie à l’article très complet dans Médiapart.
Le Crédit Lyonnais a pris dans cette affaire (comme dans d’autres, pour d’autres raisons) des risques inconsidérés sur ordre du pouvoir en place (de l’époque).
Tapie est un pur opportuniste parfaitement cynique, très séducteur, et qui ose tout. Avec une grande capacité de nuisance que nous sommes en train de découvrir.
Rédigé par : Claude L | 01 juillet 2013 à 14:38
@ amfortas
« rédigée par de vrais juristes, un peu sur mesure pour le général de Gaulle »
C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. Une Constitution rédigée par des experts au profit du pouvoir, et on parle de démocratie ?
Là est le péché originel, source de tous nos maux depuis longtemps, mais en cette période de grande crise, où les choses apparaissent plus nettement, le seuil de tolérance a chuté.
Rédigé par : Claude L | 01 juillet 2013 à 09:46
Dans ce cas :
http://m.20minutes.fr/societe/1180571-20130626-systeme-dassault-serait-il-train-imploser
ce n'est pas la fièvre du vendredi qui l'attend, mais la fièvre du mercredi. On saura mercredi 3 juillet si l'immunité parlementaire de Serge Dassault est enfin levée.
Je rappelle que les élections municipales ont été annulées deux fois à Corbeil-Essonnes, pour fraude électorale et dons d'argent, et que M. Dassault a été condamné à un an d'inéligibilité. Des personnes ont été blessées lors de règlements de compte dans les rues de la ville.
Ce sont des accusations graves, même si certains sur ce blog admirent M. Dassault, toujours sénateur à son âge.
L'urbanisme à Corbeil-Essonnes est une arme de destruction massive, tous les anciens bâtiments patrimoine de la ville et les belles maisons patrimoniales ont été détruits. Une petite colline dernier espace vert de la ville éventrée pour faire place à des immeubles et à une route.
Les zones pavillonnaires ont été dévastées, les petits propriétaires de pavillons, souvent des familles modestes, expropriés, entraînant des drames humains peu médiatisés.
Et il y longtemps que le préfet de l'Essonne s'est couché devant le soi-disant représentant de la Défense Nationale. Ceux qui ont essayé de dénoncer une ombre de soupçon de comptes insincères sur le budget de la ville ont été mutés.
Rédigé par : anne-marie marson | 01 juillet 2013 à 09:18
Monsieur Bilger vous avez des appréciations pour le moins élastiques. On sent le professionnel coutumier du discours à charge. Que le Gentil de Bordeaux ait bricolé une expertise psychiatrique avec des copines pour trancher en une heure le cas d’une vieille dame réveillée à huit heures du matin pour la circonstance ne vous émeut pas beaucoup. Et ce serait Guaino le fautif ? Il a eu évidemment raison de hurler contre de telles inepties.
Quant à l’escroquerie en bande organisée, une telle qualification ne vous émeut pas davantage. Et vos hypothèses font dire à @Frank THOMAS que vous seriez un bon romancier, avis que je partage. Qu’une banque d’Etat conclue avec un client qu’elle avait déjà trouvé (Louis-Dreyfus), au travers de sociétés off-shore, au double du prix payé à Tapie ne vous émeut toujours pas ! La dernière de la clique emmenée par la morgue de Peyrelevade est que le montage était destiné à protéger Tapie ! Que les trois JI qui ont décidé de cette merveilleuse qualification soient du Syndicat de la Magistrature ne vous émeut pas non plus. Ont-ils écrit sur le mur des cons ? Un simple détail devrait vous alerter : s’il y avait le moindre fait avéré dans le cirque monté par les Bayrou’s boys, ce serait déjà dans le public. Et qu’un professaillon autoproclamé spécialiste de l’arbitrage ait couiné sur tous les media des énormités, comme l’impossibilité de l’arbitrage entre privé et Etat, ne vous émeut pas plus. L’intérêt du bouquin de Tapie est qu’il cite des passages de décisions ou d’arrêts accablants pour le CL.
Les faits monsieur Bilger, rien que les faits. La réalité est que notre belle institution judiciaire est totalement en ruine.
La trajectoire de Cahuzac est autrement plus inquiétante.
Rédigé par : Jean-Louis | 01 juillet 2013 à 07:45
@ Claude L
Votre point de vue est intéressant, mais je ne le crois pas pertinent. La Constitution est de bonne facture, rédigée par de vrais juristes, un peu sur mesure pour le général de Gaulle mais elle permet au moins de ne pas s'empêtrer dans les querelles de parlementaires en conférant des pouvoirs étendus au chef de l'Etat et en prévoyant une sortie des situations de crise.
Ce sont les hommes qui en ont fait un "machin" dont ils ne veulent plus se servir car ils n'ont pas la carrure pour ça. Oui, on a volé au peuple sa souveraineté, mais ce sont des politiciens qui voulaient arriver à leur fin, on ne sait trop laquelle, qui en ont détourné la valeur et la portée.
De plus, cette Constitution hexagonale est mal en phase avec l'Europe et les nains qui nous gouvernent n'ont pas la volonté de la modifier pour se mettre à l'unisson de l'Europe, si tant est que cela soit souhaitable.
Changer de Constitution ? Pour aller vers quel texte ? Les lois sont de plus en plus mal rédigées, imprécises, bourrées d'erreurs de tactique, faites à la va-vite par des courtisans intellectuels mais pervers. Notre diarrhée législative témoigne de la perte de valeur de notre régime et de l'affolement permanent de nos ministres et de leurs féaux.
Méprisant la nation, les gouvernants font les importants pour prévoir, prédire, envisager, promettre etc. mais ce faisant ils ruinent l'esprit des lois.
Je crois que c'est ce mélange de roublardise suffisante et de perversité intellectuelle qui fait des dirigeants des animaux politiques, mais seulement politiques, leur agitation brownienne n'engendre rien.
Rédigé par : amfortas | 30 juin 2013 à 23:18
Monsieur Bilger, vous mettez Tapie à l'honneur, mais vous n’avez eu, depuis près d'une semaine, aucune pensée charitable pour le pauvre Cahu. C'est triste ! Sachez donc qu’il en est du Dahu comme du Cahu : bien des gens rêvent de les chasser des pentes glissantes... Et c’est navrant, car ces deux mammifères coriaces ne réclament qu’un peu de gentillesse et de compassion. Le second est toutefois moins furtif que le premier ; il n’est point méchant, mais si on lui fait peine, il se défend en ouvrant tout grand ses dossiers.
A vrai dire, j’ignore tout du Dahu : il s’agirait d’un plantigrade assez bête. Mais le Cahu, lui, est un vrai bipède, bien bâti, un peu trop dextrogyre à mon goût, mais notoirement intelligent. Il connaît la comptabilité et sait qu’il y a un temps pour se taire et un temps pour pleurnicher. Il a aussi une moralité de bon père de famille : le Cahu ne ment pas s’il a juré sur la tête de ses enfants, ou si le destinataire du mensonge est domicilié rue de Bercy. Hélas, il est aussi plus facile à attraper que son cousin des alpages !
En tout état de cause, le Cahu est à plaindre. Il faut sauver le soldat Cahu ! J’imagine que tous les commentateurs seront d’accord avec moi pour se dévouer à cette grande cause nationale. Je vous propose donc de composer et d’interpréter « UNE CHANSON POUR LE CAHU », dont les bénéfices seront versés au Trésor public, afin de pouvoir être défalqués des amendes futures. L’intermédiaire sera la CFDC (Caisse fiscale de défense du Cahu).
Je suis ouvert à toutes les suggestions, mais j'avais pensé à un classique, du genre :
« Loin du cœur et loin des yeux
De nos villes, de nos banlieues
Le Cahu meurt peu à peu
Peu à peu »…
Ou bien, dans le style « buvette de l’Assemblée » :
« Aujourd’hui, je crois pas qu’on puisse
Ouvrir un petit compte en Suisse.
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi ! »
Mais c’est du réchauffé… Il faut garder l’idée de la chorale et changer les paroles ; par exemple, Xavier Nebout et moi pourrions entamer la strophe suivante :
« Dieu de Chirac
O Dieu Vainqueur
Sauvez le Cahuzac
Au nom du Sacré-Cœur (bis) ».
Entre les couplets, on trouverait un spécialiste pour interpréter en mode rap des passages choisis de la dernière audition du Cahu. Comme la phrase : « J’ai pu mettre dans mes dénégations une force de conviction qui a dû en convaincre certains, je le crains ». Vous verrez, avec un peu de bonne volonté, ça fera très bien au Petit Journal !
Pendant ce temps, le reste des blogueurs, sous la direction de Philippe Bilger, se constituerait en orchestre symphonique et exécuterait « L’Internationale Alleluia », le dernier opus de Jean Yanne dans Les Chinois à Paris.
Rien à ajouter, si ce n’est que c’est un bonheur de vivre dans un pays où les seuls malheurs publics sont subis par Cahuzac, Tapie et Takieddine.
Rédigé par : Boris | 30 juin 2013 à 18:02
Cher Philippe,
Non, ce n'est pas la fièvre du soir.
Ce sont des images dures.
C'est un couteau qui frappe dans le dos d'une femme magistrate à Marseille.
C'est la carotide d'une avocate qui se vide à Marseille.
C'est la langue d'un avocat qui est arrachée en Corse.
C'est un avocat retrouvé suicidé au large d'une île.
Ce sont des prisonniers pendus.
C'est le constat d'une justice abandonnée.
Peut-on nommer d'urgence un nouveau garde des Sceaux car depuis l'assassinat du juge Michel, un tel désastre ne peut plus être admis.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 30 juin 2013 à 17:33
@ amfortas
« L'origine de cette affaire réside dans la malhonnêteté des gens de la clique Mitterrand, elle se poursuit sous l'arrogance de l'ère sarkozienne et s'achève dans la bouillie de l'ère hollandiste. »
Pour largement partagé qu’il soit, votre constat me semble quand même injuste dans la mesure où vous semblez ne vous en prendre qu’aux individus.
Le fait que sur de si longues périodes nous avons le sentiment, au-delà de la forme, qui varie selon leur personnalité, que nos représentants, que nous élisons, ne donnent pas satisfaction, sont empêtrés dans des collusions, des conflits d’intérêts, semblent défendre des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général et finissent par être soupçonnés d’incompétence, voire de malhonnêteté, est pour moi la preuve qu’au-delà des individus, c’est le système qui est malsain.
Et le cœur du système, c’est la Constitution. Dans un Etat dit démocratique, c’est elle qui doit organiser le pouvoir du peuple, en réduisant et contrôlant tous les autres pouvoirs. C’est elle qui doit empêcher les dérives oligarchiques, qui doit faire en sorte que nos représentants soient nos serviteurs et non nos maîtres. Nous sommes loin du compte.
Notre Constitution actuelle permet toutes les dérives.
Elle a permis l’organisation du pouvoir en réseaux puissants liant pouvoir politique et pouvoir de la finance, fonctionnant, malgré les alternances, en circuit fermé, prioritairement au profit d’intérêts privés, et parfois même, contre l’avis exprimé du peuple (voir le traité constitutionnel). Les contre-pouvoirs ont été tellement réduits qu’ils sont devenus inopérants.
Le système lui-même offre aux individus au pouvoir de trop nombreuses tentations.
Aucun individu ne pourra sortir indemne de ce système, et sera condamné d’avance à la malhonnêteté, à l’arrogance, à l’incompétence, au mieux, au manque de courage.
Le constat est unanimement fait. Tirons-en les conséquences.
Exigeons une nouvelle Constitution.
Rédigé par : Claude L | 30 juin 2013 à 13:57
@André SION
L'expérience nous prouve qu'à tout prendre, il vaudrait encore mieux une justice clairement soumise à un pouvoir élu, qu'indépendante de tout pouvoir élu.
La première peut avoir à rendre des comptes, alors que la seconde n'aspire qu'à ne jamais en rendre.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 30 juin 2013 à 11:08
Les juges confondent souvent leur fonction avec celle de justicier.
L'action du juge ne se justifie pas par une condamnation morale qui appartient au législateur, mais par l'application de la loi.
C'est pourquoi il porte le deuil du Christ comme signe de l'effacement de sa conscience devant la loi.
Il est malheureusement peu probable que cette notion essentiale soit assimilée par la majorité des magistrats.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 30 juin 2013 à 10:55
Il est des questions simples auxquelles un citoyen devrait savoir répondre :
"Que doit-on faire d'un juge qui met un ancien président de la République en examen sans aucune charge contre lui, et donc uniquement pour laisser sa trace dans l'histoire ?"
Moi, je lui collerais dix ans de ballon pour préserver la société de ce genre d'olibrius.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 30 juin 2013 à 10:41
@Alex paulista
Finalement, un remake de L'huître et les plaideurs !
Les "baveux" s'en pourlèchent déjà les babines. Faut bien que tout le monde vive !
Rédigé par : Jabiru | 30 juin 2013 à 09:29
Quand je lis tout ça, je pense à tout le PIB qui va aller dans les poches de ces avocats !
Des millions !
Rédigé par : Alex paulista | 30 juin 2013 à 03:36
Décidément, le changement de majorité ne se fait pas sous la bannière de l'apaisement, comme le prétend la nouvelle équipe au pouvoir. Les intransigeants pourraient se satisfaire de l'attitude des juges, et de leur apparente équité s'il n'était pas aussi possible que ces poursuites ne fussent sous-tendues par des hargnes politiques. On ne me fera jamais comprendre comment deux hommes éminents comme Mazeaud et Bredin ont pu se fourvoyer dans ce maquis arbitral. Je ne comprendrai jamais comment des gens réputés intelligents ont pu penser que l'octroi à une baderne comme Tapie d'une telle somme à titre de dédommagement pourrait ne pas éveiller les envies de revanche d'une partie de la sphère politique et des haut-le-coeur de la part des ouvriers de toutes les entreprises qu'il a liquidées. Au moment de tremper leur plume dans l'encrier, comme le disait Maurras, comment ont-ils fait pour poursuivre ? Si la décision est justifiée, malgré les inévitables maladresses que commettent tous les virtuoses de la fonction judiciaire, le retour politique sera d'une violence rare car sera alors démontrée l'ignominie des valets mitterrandiens et de la classe énarchique. Si le délit est démontré, il ne restera plus à Tapie qu'à se porter candidat à la présidence de la défunte République.
L'origine de cette affaire réside dans la malhonnêteté des gens de la clique Mitterrand, elle se poursuit sous l'arrogance de l'ère sarkozienne et s'achève dans la bouillie de l'ère hollandiste.
Le résultat c'est peut-être Jean Lassalle qui le connaît quand, de retour d'une tournée dans sa région, il a constaté avec effroi la haine que les populations portaient aux politiques. De cela, le château n'est pas conscient, on clabaude entre ministres, pendant que le peuple, hélas, se demande s'il ne faudra pas pendre le dernier député avec les boyaux du dernier sénateur.
Rédigé par : amfortas | 29 juin 2013 à 17:18
Bonjour,
Je n'ai pas encore entendu, ni lu dans la presse, que Adidas avait été revendu par le CDR à Robert Louis-Dreyfus, tout comme l'OM de Bernard Tapie a été revendu à ce même RLD.
Un voleur volé, on n'a jamais vu ça.
Je profite de ce billet pour demander à Philippe Bilger de faire un billet demandant à ce bon Claude Bartolone de remonter sur son perchoir.
A lui seul, on l'a davantage vu et entendu que tous ses prédécesseurs depuis Louis Mermaz.
Si notre précédent président (NS) a dévalué la fonction présidentielle, Bartolone n'est pas en reste concernant le perchoir.
Si FH n'intervient pas face à ce snipper, sorte de Premier ministre dissident, nul doute que ses derniers soutiens ne vont pas tarder à le lâcher.
La cinquième vitesse, c'est pour quand ?
Rédigé par : stéphane | 29 juin 2013 à 15:17
@André SION
Pourquoi "les juges courageux et maladroits" ne seraient-ils pas également sectaires et incompétents ?
Rédigé par : bruno | 29 juin 2013 à 15:10
On ne s'indigne pas des mêmes choses. Le "mur des cons" est autrement plus grave que toutes ces affaires montées en épingle. Les juges qui voient en moi un "con" peuvent m'envoyer en taule, le jeune étudiant actuellement en prison et qui n'a pas pu passer ses examens en est la meilleure preuve.
La France vient d'ailleurs de se faire tancer pour la gestion policière et judiciaire de la manif pour tous. Les libertés sont bien atteintes.
Pour en revenir à l'arbitrage ils étaient trois. On est étrangement indulgent pour M. Bredin. En ce moment tout et son contraire peut être dit sur bien des sujets. J'ai l'impression de vivre dans un monde parallèle où les mêmes faits ne relèvent pas du tout des mêmes échelles de valeur. Je ne comprends pas le point de vue de bien des gens alors que mon cheminement intellectuel me pousse à me mettre à la place des autres pour comprendre une situation.
Rédigé par : Perplexe-gb | 29 juin 2013 à 14:34
"le citoyen a le droit de formuler des HYPOTHESES...
Une bande organisée certes, mais PEUT-ETRE divisée... ? Que de CHEMINS, que de PISTES !"
Quel romancier vous faites ! Que vous êtes honnête de rappeler qu'il faut "rappeler la présomption d'innocence " ! Comme tout cela est crédible !
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 juin 2013 à 14:29
"Il paraît que Nicolas Sarkozy aurait dit qu'il..."
On dirait un sketch de Coluche.
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 juin 2013 à 14:20
"Thierry Herzog reste dans son rôle classique, qui ne prête guère à l'invention, en soulignant que "la vérité finit toujours par triompher". Si c'était vrai, comme le monde serait rassurant !"
Allons, Philippe, un petit effort ! Soyez beau joueur !
Et ne venez pas nous dire que si la mise en examen des personnalités en question est jugée sans fondement - ce qui sautait aux yeux depuis le début - c'est sans doute que la justice, parfois, se trompe ou est manipulée.
Cela contredit ce que vous essayez péniblement d'établir ici contre toute évidence, à savoir que depuis mai 2012, la justice est enfin libre.
Il faudrait savoir.
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 juin 2013 à 14:15
Mathieu (mais pourquoi pas Mat, ou Matou, ou Matiounet pendant qu'on y est, puisqu'on "cause" comme ça en Hollandie politiquement correcte), un assassin sans nom, fait appel.
Hollande... Tulle... Moi-Président-Anaphoireux... Mais c'est bien sûr !
Est-il vraiment indépendant de la Justice cet homme ?
Tapie aurait dû être plutôt inculpé d'escroquerie en bande désorganisée si je comprends bien.
Sarkozy n'a qu'un court répit, les médiacrates vous le répètent à l'envi qui militèrent dans la seconde pour que le gentil juge persistât et signât et anéantît le honni Caligula au petit pied.
Je suis Jean Naymar de la Comédie Socialiste Française.
Sous Jean Naymar, la révolte réprimée.
Jean Naymar ne bougera pas le petit doigt pour un socialiste, quoi qu'il se passera.
En attendant patiemment la chaleur, vive les vacances et le Tour de France !
Rédigé par : bernard | 29 juin 2013 à 14:14
Il se passe toujours quelque chose dans notre merveilleux pays de Cocagne ! La météo judiciaire est à l'image du temps. Il pleut des cordes de mises en examen en rafales et des parapluies s'ouvrent pour éviter les gouttes. Ca chauffe dans les médias, tout le monde est sur le pont, les juges instruisent, les parquetiers sont à la manœuvre, les prétoires sont assiégés et les couloirs des Palais bruissent des luttes internes à fleurets mouchetés entre les pro de l'ancien régime et ceux du nouveau régime. Vont-elles maigrir pour autant ?
Et pendant ce temps-là, les présumés acteurs d'une certaine bande organisée commencent à se soucier du régime qui va leur être prescrit par les docteurs de la loi. Et si j'ai bien entendu ce matin sur les ondes, Nanard serait prêt à sacrifier son trésor de guerre en signe de bonne volonté et d'une franche collaboration avec la justice de notre pays dans laquelle il place toute sa confiance.
M'est avis que ce qu'il redoute par dessus tout est un éventuel nouveau séjour à l'ombre au motif qu'il a, paraît-il, conservé un très mauvais souvenir de celui qu'il a effectué quand il était plus jeune de quelques années. Heureusement l'été pointe enfin son nez, tout le monde ou presque va partir à la plage afin de reprendre des forces pour attaquer bille en tête l'automne venu. Quel suspense d'ici là !
Le programme des futurs concerts est assez riche, Adidas, Karachi, Bettencourt.
Il y aura probablement beaucoup de dièses et de bémols et il est conseillé de réserver dès maintenant du fait du grand intérêt porté à la mise en musique de ce répertoire d'exception que l'on ne doit manquer sous aucun prétexte.
La fièvre du vendredi est actuellement sous médicaments, un thermomètre sera de rigueur à la rentrée.
Rédigé par : Jabiru | 29 juin 2013 à 13:43
Le pouvoir défait avec une application névrotique tout ce qu’avait fait l’ancien pouvoir.
Hollande en Pénélope new look, une Pénélope socialiste défaisant le travail des autres, ce qui est moins anxiogène que de défaire celui que l’on a fait. Encore faut-il avoir fait quelque chose.
La volonté d’effacer l’« Autre » était déjà apparue lors de la campagne électorale, Hollande refusant obstinément de prononcer le nom de son adversaire. Ne pas nommer, c’est nier l’existence de l’« Autre ».
Et sa volonté d’effacement se poursuit dans le domaine de la politique étrangère, y compris dans celui de la politique européenne.
Après avoir cassé la relation particulière avec l‘Allemagne, F. Hollande a échoué dans son ambition d’être le leader des pays du Sud. J’ai trouvé amusante cette ambition d’être le chef d’une confrérie de mendiants, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Une sorte de Roi de la Cour des Miracles, décrite par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris.
Et à présent cette querelle entre Barroso et le PS suivi ou précédé par Hollande.
Il y a une expression que l’on utilisait autrefois pour qualifier les querelles stériles et stupides. On disait « une querelle d’Allemands ».
En situation non ??? Hum…
Rédigé par : Tipaza | 29 juin 2013 à 12:18
Bonjour Philippe Bilger,
« Rachida Dati, en usant d'une méthode discutable, d'abord consensuelle puis brutale, était tout de même parvenue à réaliser un petit exploit politique. Ce que tous les partis avaient toujours évoqué dans leur programme, elle l'avait réalisé tant bien que mal et une nouvelle France judiciaire avait été configurée contre les corporatismes et les conforts. »
On n’a pas vraiment le sentiment que la réforme entreprise par l’ancienne garde des Sceaux ait donné des résultats significatifs, que ce soit au niveau du traitement des dossiers dans les tribunaux, ces derniers étant toujours autant engorgés, mais aussi au niveau carcéral, les conditions de vie des détenus étant toujours aussi désastreuses. Au point même qu’un juge a demandé dernièrement la libération d’un détenu pour conditions de détention indignes.
Voir article suivant :
http://lci.tf1.fr/france/justice/un-detenu-prochainement-libere-au-vu-de-ses-conditions-de-detention-8064414.html
Par ailleurs, il semble bien, en effet, au vu des affaires en cours (Bettencourt, Tapie et les autres) qu’une "guerre des bandes" (organisées ou pas) se poursuive dans les alcôves des tribunaux sur fond de règlement de comptes et d'arrangements à l’amiable.
Cela a au moins le mérite de donner à nos ténors du barreau l'occasion de mettre en valeur leur immense talent. Mais une chose est sûre en tout cas, l’indépendance de la Justice n’est manifestement pas pour tout de suite.
Rédigé par : Achille | 29 juin 2013 à 11:52
Excellent billet. Synthèse parfaite d'une période où le "pouvoir judiciaire", profitant des turpitudes de l'exécutif et du législatif, impose son rythme à la vie politique.
Hélas, comme vous le dites si bien, M. Bilger, "pour le trafic d'influence reproché à Eric Woerth et Patrice de Maistre, on se souvient que le procureur général de Bordeaux a imposé des réquisitions de non-lieu alors qu'un projet initial avait renvoyé les mis en examen devant le tribunal correctionnel. Il est clair qu'à Bordeaux l'ancien et le nouveau régime se combattent."
C'est là que le bât blesse.La Justice devenue partisane n'échappe plus au risque de devoir choisir son camp pour chaque affaire. Il y a désormais, en France, la Justice de l'ancien régime et celle du nouveau régime...
C'est là qu'à son tour, l'autorité judiciaire encourt le risque de perdre son crédit et la confiance des républicains sincères.
Rédigé par : berdepas | 29 juin 2013 à 11:49
Escroquerie en bande organisée, des mises en examen, donc un vendredi qui a le mérite d'appeler les choses par leur nom, en attendant la suite et les éclaircissements nécessaires. En bonus, comment Tapie a-t-il dépensé les millions d'euros que le contribuable lui a versés à la suite de cet arbitrage ? D'une façon absolument consternante.
Rédigé par : Camille | 29 juin 2013 à 11:49
« Tipaza aborde sous forme de boutade le sujet de la peine corporelle. »
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 29 juin 2013 à 08:36
J’essaie de me donner pour règle d’être léger sur les questions sérieuses et sérieux sur les questions légères.
J’adhère tout à fait à votre conclusion, le mépris à l’égard des Français qui permet de lever les obstacles inconscients au passage à l’acte.
Rédigé par : Tipaza | 29 juin 2013 à 11:13
Vous écrivez qu'à Bordeaux "ancien" et "nouveau" régime se combattent ! Que doit-on comprendre : qu'une justice sarkozyste s'oppose à une justice de gauche ?
J'y vois, en ce qui me concerne, un combat des nostalgiques d'une certaine forme de justice au service d'un clan, face à des juges courageux mais parfois maladroits, qui ont dû faire face à une campagne de déstabilisation à la limite de l'odieux.
Rédigé par : André SION | 29 juin 2013 à 10:50