Pourquoi, lors de son match contre Gilles Simon pourtant vaillant et talentueux jusqu'au bout, Roger Federer a-t-il été plus soutenu que le Français par une large partie du public (France 2, l'Equipe) ?
Pourquoi Jo-Wilfried Tsonga, dominateur en trois sets, a-t-il bénéficié, tout au long, d'un enthousiasme collectif faisant pâlir l'étoile du même Federer ?
Sans méconnaître le plan sportif, la victoire de Tsonga et la défaite de Simon, je suis persuadé que des ressorts plus subtils, impalpables et diffus entrent en jeu pour susciter une sympathie immédiate ou, au contraire, créer une légère distance, comme un retrait.
Au-delà de ces trois joueurs de tennis dont l'un, je l'espère, se retrouvera peut-être en finale à Roland Garros, il me semble que la relation humaine est passionnante qui, sans qu'on sache pourquoi la plupart du temps parce qu'on se contente de vivre l'évidence de l'instant, positive ou négative, vous rend d'emblée proche d'autrui, d'un visage, d'une personnalité, d'une attitude ou, à rebours, rétif face à l'intrusion de cet être là précisément dans votre espace vital.
Pourquoi cette certitude instantanée que ce sera lui parce que c'est moi, ce déplaisir net que ce ne sera pas lui parce que c'est moi aussi ?
Pour Federer et Tsonga, je devine bien ce qui, chez le spectateur, inspire un mouvement en leur faveur. Leur apparence physique, leur manière d'être, l'aisance avec laquelle ils s'inscrivent dans le monde qui les entoure ne donnent jamais à leur personnalité un tour abrupt, sombre, déplaisant. Ce n'est pas toujours le cas de Simon qui mène souvent une lutte difficile contre lui-même et, de ce fait, est susceptible d'offrir à ceux qui le regardent une face tourmentée, mécontente. D'un côté deux personnes qui paraissent avoir un lien naturel avec le bonheur. De l'autre un être qui, pour intelligent et gentil qu'il soit, est assez volontiers râleur, frondeur et met sans doute mal à l'aise parce qu'il l'est sur le court, pas seulement quand il perd.
Comme il existait des cours d'amour, il y a le court d'amour.
Que chacun songe à sa propre expérience d'autrui. Avant même le premier mot, dès la vision de la totalité qu'est une personne, dans la manière silencieuse mais chaleureuse, mobile, en élan qu'elle a de vous accueillir, on sent la victoire proche. On sera accordé à elle. Ce n'est pas l'apparence physique qui est déterminante ni l'habillement. C'est le regard, c'est, en une seconde, un message silencieux qui vous est transmis et signifie que cet homme, cette femme ne se croient pas supérieurs à ce que vous êtes - pas l'ombre d'un sentiment de supériorité dans ce contact fugace où une amitié se décide alors qu'une hostilité peut naître sur-le-champ parce qu'il n'est pas nécessaire d'entendre une parole pour fuir le langage implicite d'une vanité, d'une arrogance ou d'un hautain désir de solitude.
Cette analyse est trop sommaire. Déterminer pourquoi cette rencontre a ouvert des portes et telle autre fermé des issues exigerait beaucoup plus.
Ensuite, évidemment, tout devient plus commode, plus limpide. Les idées s'échangent, les sentiments se manifestent, nous entrons de plain-pied dans l'existence de l'autre.
Mais le déclic, quand le hasard vous confronte à l'inconnu et que sur un mode fulgurant tout s'écrit et que c'est doux ou amer, est ce qui ne cesse pas de m'agiter. Nos amitiés tiennent donc à si peu qu'elles sont d'abord dépendantes de nos subjectivités fragiles et de l'arbitraire de notre regard.
Je comprends Gilles Simon qui s'est plaint d'avoir été moins encouragé et applaudi que Federer.
Sport à l'état pur ? "Ne me parlez pas de "sport à l'état pur" devant les sommes énormes qui sont en jeu, SVP" disiez-vous précédemment.
Tout d'abord, précisons que j'ai aussi longtemps pratiqué un (deux en fait) sport(s).
Je voulais simplement parler de l'exploit sportif, de la performance physique, psychologique, endurance, etc.
Le sport reste le sport... même professionnel. Il faudrait se séparer de cette vision moralisatrice et "petit côté de la lorgnette" (sauf votre respect).
Certes, il faudrait dissocier sport non professionnel
et "pro" (je le pensais mais ne l’exprimais pas ici).
Les professionnels du sport ont choisi ce "métier". Ils ont bossé dur, fait des sacrifices pour atteindre ce niveau. Les "sommes énormes" en jeu dites-vous ?? Ne faites pas la fine bouche ! Je serais bien content de les gagner… pas vous ?
Quant au "patriotisme fiscal"… et exilés fiscaux, dépassons ces cocoricos d’opérette et moralisateurs. Laissez la liberté aux gens de faire ce qu’ils veulent de leur argent. L’Etat, l’impôt dû par les nationaux est ici un argument trop moralisateur. Retournons l’argument du : "L’Etat ne peut pas tout ! "… La fiscalité française va bientôt dépasser les 50% !! Stop… ou encore ?
Rédigé par : Nath@benjamin borghesio | 13 juin 2013 à 18:39
@ Nath
Ne me parlez pas de "sport à l'état pur" devant les sommes énormes qui sont en jeu, SVP, que ce soit à RG, sur le Tour (pourtant, je suis fan de vélo) ou au PSG. Le sport à l'état pur, c'est un peu ce que je fais quand je monte sur mon vélo pour rouler à 25km-h, et que j'apprends à le faire à des gamins. Comme des millions d'amateurs.
Pour le reste, si Tsonga doit devenir un "immense champion", je n'en serai aucunement chagriné, loin de là. Disons que ce n'est pas mon pronostic, et c'est tout. Et disons que les exilés fiscaux qui doivent leurs qualités autant à leur mérite personnel (que je ne conteste pas) qu'au pays qui les a formés et leur a permis d'être ce qu'ils sont me défrisent toujours un peu plus que ceux qui, dans leur domaine d'activité, se sont vraiment faits tout seul. Federer pourrait se poser en Russie, à Singapour, peut-être même à Monaco. Ca ne lui vient pas à l'esprit.
Rédigé par : benjamin borghésio | 09 juin 2013 à 19:02
"Federer-Tsonga, c'est Suisse contre Suisse. Quant à choisir, autant soutenir l'immense champion que le bon joueur..."
Rédigé par : benjamin borghésio | 07 juin 2013 à 21:00
Certes, mais que viennent faire les nationalités dans le sport à l'état pur ? Et qui dit que Tsonga ne sera pas "un immense champion" comme vous dites. Patientez encore quelques mois...
Rédigé par : Nath | 08 juin 2013 à 22:15
Quelle est l'attente de Simon ? plaire par sa personnalité ? son paraître ? peut-être que ce n'est pas son souci et qu'il se focalise simplement sur le résultat sportif et qu'il s'en contente.
Rédigé par : jack | 07 juin 2013 à 23:16
amfortas | 07 juin 2013 à 11:28
Réflexions intéressantes ; cependant un peu élitistes pour moi. Je n’écarte pas les "qualités" qui peuvent émaner des katas divers, d’arts martiaux, d’escrime ou de l’équitation. L'un des seuls sports "individuels" que j’apprécie est l’athlétisme dans toutes les disciplines. Et que dire des courses de relais, palpitantes souvent. Et là, on rentre dans le collectif. Les sports dits individuels sont antinomiques des sports et du jeu collectif, du groupe, peut-être même de la vie en commun. Cela laisse une impression d’individualisme, d’une certaine aristocratie. Voir la caste des kshatryas (soldats hindi de l’Antiquité) ou des samouraï.
Mais la conclusion qui évoque le maître d’ikebana (art du bouquet japonais) félicitant le jeune collègue pour sa retenue est tout en respect et finesse. Du grand art.
Rédigé par : Nath | 07 juin 2013 à 21:02
Federer-Tsonga, c'est Suisse contre Suisse. Quant à choisir, autant soutenir l'immense champion que le bon joueur...
Rédigé par : benjamin borghésio | 07 juin 2013 à 21:00
Kinder Bueno (Tsonga selon certains) n'a pas mangé Ferrer Haut. Il en est resté chocolat ?
Rédigé par : Nath | 07 juin 2013 à 20:39
Oui, billet très intéressant. La distance entre ce que peut être M.Federer, au-delà du sportif, nous est inconnue. On peut cependant mesurer la dénaturation de ces gens à la mesure de leur popularité. Ils doivent correspondre à un type, qui n'a pas de forme prédéfinie, exaltante ou réductrice, qu'on peut résumer dans le succès de R.Poulidor. Avoir de la sympathie pour un sportif c'est suivre Montherlant dans les Olympiades, la célébration de Koroïbos franchissant le premier la corde d'arrivée de la course de vitesse. Aussi l'idolâtrie des foules pour certains gladiateurs, dames en prime, et mort au bout.
Je ne résiste pas à dix minutes de tennis, ni à trois tours de Formule 1 et ignore si le football se joue sur gazon ou sur glace, mais la fascination du sport, haïssable entre tous, comme le voulaient Churchill et l'auteur de "être acteur" ne se tarit pas, puisqu'on peut, comme le fait M.Bilger, décalquer le sujet sur les méandres de l'empathie.
Il n'y a là aucun signe de dégénérescence ni d'abêtissement des populations, peut-être tout de même un phénomène d'identification à la gloire, au succès que le tennis figure assez bien, mais c'est un truisme. Je me souviens de tournois, suivis par un public silencieux, à l'applaudissement chaleureux mais policé, remplacé aujourd'hui par des hurlements, démocratisation oblige, mais avec encore de la retenue, sauf quelques ouistitis immatures. Le tennis engendre cette attitude. En revanche, que dire du football où on a vu récemment un match d'unijambistes annulé en raison d'une bagarre généralisée et cruelle des joueurs ? On pourrait théoriser à l'infini, opposer la violence inhérente au rugby et la camaraderie qu'il engendre entre les centaures, il n'y aurait sans doute pas de leçon à en tirer si ce n'est que le sport fédère temporairement les expressions les plus inattendues, jusqu'aux sottises des jeunes Algériens de France, mêlant politique raciste et jeu amical, pour le plus grand déshonneur de leurs compatriotes.
Fervent adepte des arts martiaux, depuis plus de cinquante ans, sabreur impénitent et archer assidu, je mesure aujourd'hui la vertu du sport dépassée au profit de l'art qu'il recèle. Dans la solitude d'un kata matinal, sur une plage, dans l'évocation furtive du crissement des tapis et le souffle perceptible des assistants, la tension du combat, ivresse suprême, objets qui entourent encore l'âme et la soutiennent pour les derniers combats solitaires, contre soi-même, contre la dégradation, dans la recherche liminaire de la beauté du geste.
Un officier supérieur entraîna un jeune collègue chez un maître d'ikebana, réputé art martial, lui recommandant d'essayer de le toucher lors de la confection du bouquet qu'il envisageait. Le jeune homme, guerrier aux aguets, ne trouva jamais d'ouverture. Lorsque le maître acheva son arrangement, pour parler comme McNeill Whistler, il sourit à l'officier et lui demanda de féliciter son jeune collègue pour... sa retenue.
Rédigé par : amfortas | 07 juin 2013 à 11:28
Je crois que, tout comme les chansons à la radio, certains visages deviennent plaisants à force de matraquage, surtout s'ils sont plutôt lisses. Bien sûr le talent compte aussi.
Federer a un jeu très fluide, et s'exprime en français. En plus il a du mal avec la terre battue et il a dû lutter pour gagner à Paris. C'est normal que le public le soutienne.
Tsonga n'est plus un inconnu, fait de la publicité et a un visage poupon. Les gens s'attachent.
Simon, personne ne le reconnaît dans la rue. Mais s'il arrive un jour en 1/2 finale ou finale, les gens le soutiendront.
Sinon, je suis d'accord avec vous sur la première impression, mais j'ai appris à m'en méfier car bien souvent mes meilleurs amis d'aujourd'hui sont des gens avec qui le courant n'est pas passé du premier coup.
Je crois plus au temps qu'à la première impression. La différence entre un ami et un copain, c'est que plusieurs années après et dans un autre contexte on a encore quelque chose à dire au premier.
Avec le second qu'on se soit quittés en bons termes ou non c'est comme avec La Colombe
http://www.youtube.com/watch?v=lTlCfdcQdaU
Rédigé par : Alex paulista | 06 juin 2013 à 22:43
Cher Philippe,
"Elle court, elle court, la maladie" du court "dans les coeurs des enfants" et dans les billets doux.
En attendant la chanson de Tsonga qui ne peut nous faire oublier les tempêtes solaires de Turquie, de Syrie, du Mali, de la terre entière nous vous adressons
"La carte du tendre" interprétée par Georges Moustaki :
"Le long du fleuve qui remonte
Par les rives de la rencontre
Aux sources d'émerveillement
On voit dans le jour qui se lève
S'ouvrir tout un pays de rêve
Le tendre pays des amants
On part avec le coeur qui tremble
Du bonheur de partir ensemble
Sans savoir ce qui nous attend
Ainsi commence le voyage
Semé d'écueils et de mirages
De l'amour et de ses tourments
Quelques torrents de médisance
Viennent déchirer le silence
Essayant de tout emporter
Et puis on risque le naufrage
Lorsque le vent vous mène au large
Des îles d'infidélité
Plus loin le courant vous emporte
Vers les rochers de la discorde
Et du mal à se supporter
Enfin la terre se dénude
C'est le désert de l'habitude
L'ennui y a tout dévasté
Quand la route paraît trop longue
Il y a l'escale du mensonge
L'auberge de la jalousie
On y déjeune de rancune
Et l'on s'enivre d'amertume
L'orgueil vous y tient compagnie
Mais quand tout semble à la dérive
Le fleuve roule son eau vive
Et l'on repart à l'infini
Où l'on découvre au bord du Tendre
Le jardin où l'on peut s'étendre
La terre promise de l'oubli."
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 06 juin 2013 à 18:41
«Que chacun songe à sa propre expérience d'autrui. Avant même le premier mot, dès la vision de la totalité qu'est une personne, dans la manière silencieuse mais chaleureuse, mobile, en élan qu'elle a de vous accueillir, on sent la victoire proche. On sera accordé à elle. Ce n'est pas l'apparence physique qui est déterminante ni l'habillement. C'est le regard, c'est, en une seconde, un message silencieux qui vous est transmis et signifie que cet homme, cette femme ne se croient pas supérieurs à ce que vous êtes - pas l'ombre d'un sentiment de supériorité dans ce contact fugace où une amitié se décide alors qu'une hostilité peut naître sur-le-champ parce qu'il n'est pas nécessaire d'entendre une parole pour fuir le langage implicite d'une vanité, d'une arrogance ou d'un hautain désir de solitude. »
La première image/souvenir qui me vient à l'esprit à la lecture de ce paragraphe, c'est celle d'un vieil auteur, ancien ministre désormais décédé, silencieusement offert au contact avec le public devant une pile d'ouvrages à dédicacer à l'occasion de cet évènement qu'est ici «L'été du livre». Il me tournait à demi le dos et ne me regardait pas, sans doute ne me voyait-il pas non plus mais, j'ai eu l'intuition qu'il signifiait quelque chose comme: «Va-t-en, il ne faut pas rester là.».
Étrange n'est-ce pas, en de pareilles circonstances. Je me suis donc éloignée, bien que sans hâte.
«L'intuition», sans autre marque de questionnement, était le sujet de la première composition d'une durée de sept heures, lors de la session 2012 du concours externe de l'agrégation, section philosophie.
Le sujet a suscité six copies blanches. La moyenne des notes a été de 6,81/20. Sur 455 candidats ayant composé 78 ont obtenu une note égale ou supérieure à dix, le gros du troupeau se situant entre 10 et 12, et seulement quatre candidats ont obtenu une note égale ou supérieur à 15.
Dans son rapport le jury insiste sur le fait qu'il s'agissait là d'une notion tout ce qu'il y a de plus classique en philosophie et ne devait donc rien comporter de déroutant. Il convenait juste de la construire et non pas de la considérer comme une donnée allant de soi. Pour autant, « toutes les voies argumentatives étaient ouvertes et recevables, ou, pour le dire autrement, le jury n’attendait rien. Rien, sinon la probité d’un travail philosophique de construction soignée des concepts mobilisés, tout d’abord, puis, ensuite, la probité et le sérieux d’une argumentation serrée, cohérente et recevable en raison, conduite à partir de ces concepts. »
Lisant, cela, je me suis demandé comment de telles exigences auraient conduit le jury de cette session 2012 à apprécier la série de neuf conférences à laquelle j'ai récemment assisté dans le cadre de la fête de la philo sous l'intitulé «A l'Est d'Athènes.» Mais, passons.
«Le problème posé par le sujet devait donc, pour parler comme Bergson, être suscité et non pas accueilli passivement, en mode doxographique (dogmatique?). Il devait même être inventé, au sens où le suggère encore ce même Bergson, mais aussi bien au sens où un archéologue peut être considéré par ses pairs comme l’inventeur de telle ruine. Cela signifie, non seulement qu’il l’a désenfouie (???), et le plus souvent découverte au sens littéral, mais aussi qu’il l’a instituée dans sa signification propre, qu’il lui a donné son sens, lequel n’était nullement contenu en elle comme une propriété. Il en va exactement de même en philosophie, au point qu’on pourrait aller jusqu’à dire que l’intitulé d’un sujet est comme une ruine de la pensée : il faut l’inventer dans sa 'problématicité' ( capacité à naître de la glaise en tant que concept, sous la plume/tour du philosophe-potier??) la plus vive à partir d’une approche personnelle fine et documentée de la philosophie et de son histoire. C’est cela, au bout du compte, problématiser. On voit que ce n’est jamais répertorier les différentes significations, plus ou moins canoniques, qu’une notion a reçues au fil de l’histoire des idées philosophiques.»
Comment désincarcérer l'intuition du cœur des doctrines qui l'ont ensevelie comme les décombres et les ruines enterrés résultant d'accumulations successives de plusieurs millénaires d'occupation humaine ont progressivement recouvert «le lieu de la forteresse» présumé être celle de l'antique Troie ou encore Ilion, pour, par délicats balayages successifs, lui faire revoir le soleil et, texte après texte, confronter la découverte à sa légende en «un dialogue en profondeur avec la tradition»?
Sans doute pas en cent quarante signes...et pas en un post de longueur raisonnable non plus, mais aussi bien ne sommes nous pas ici en train de composer aux fins de réinventer une notion à travers les moult travestissements dont la tradition l'a parée, mais simplement de tenter d'approcher un peu ce qui cherche à se dire ici par «vision de la totalité» dans la mesure où tout premier regard, quelque totalité qui s’étende sous lui, est tel une sortie de la caverne, à la fois aveugle et pénétrant.
Il y a dans «in_tuition», le verbe latin «tueor», avec doublet ancien «tuor», dont le sens ancien de «voir, regarder» n'est conservé que par la poésie, tandis que la prose ne l'emploie qu'avec le sens de «garder, protéger».
Quel lien de sens entre les deux si ce n'est que dans «re_garder», il y a de même garder».
Mais qu'y a-t-il à garder, si ce n'est la trace ou l'empreinte d'où dans l'impensé naîtra comme une vision?
Une «vision de la totalité» suppose donc quelque part que l'être qui se tient devant vous, sous votre regard, rendu semblable à Ilion croulant sous les décombres, soit à instituer dans une forme de vérité où vous vous re_trouverez vous-même, et que, lorsque vous vous attachez à le re_garder, vous développez une sorte de puissance, au sens avéré par le sanskrit à partir du même mot racine fantôme, ombre et trace lui-même, mémoire millénaire du mouvement que vous tendez à opérer sans le chercher tout à fait et qui s'appelle aussi rapport de «défense et protection» susceptible de fonctionner ou non, dans les deux sens, ou non.
D'où sans doute, un pas en avant, ou... en arrière s'opère-t-il spontanément dès lors que vous n'attendez...rien, que rien n'est pré_formé ou pré_formaté ou encore pré_jugé...!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 juin 2013 à 17:12
Lors donc, Tsonga c'est Kinder Bueno ? Je ne le savais pas. Il affrontera, ferrera contre Ferrer haut (Ferrero !) Fallait la trouver, celle-là !
Rédigé par : Nath | 06 juin 2013 à 16:10
Sur le court de tennis :
Pour l’un, c’est simple : il fait tout pour passer le cap des huitièmes d’un grand tournoi… sans y parvenir… et ça laisse des traces. Il semblerait que Simon ait atteint son maximum. Federer, longtemps superbe dominateur, semble maintenant en fin de parcours. Et c’est normal. Place aux jeunes. Pour l’autre, c’est la progression constante depuis des années, et donc la joie, la décontraction… Tsonga devra néanmoins confirmer qu’il est capable de progresser davantage. Tout est là et voilà pour le sport, l’adrénaline, le combat contre soi-même ou son adversaire du moment !
Maintenant, pour la vraie vie, loin des courts et ou parfois les balles, virtuelles ou réelles ne sont pas des Dunlop : « la relation humaine », le « ce sera lui parce que c’est moi… ou pas lui parce que c’est moi aussi…, le court d’amour » ? Parfois c’est évident dès le premier regard, réflexion, langage du corps, etc. Mais parfois, malgré le seul aspect physique de l’autre, le "feedback ressenti" par les yeux, ou l'intellect, on est parfois agréablement surpris par... notre erreur de jugement, parce que l’autre n’est pas celui que l’on a cru, à tort, déceler, percevoir. Pour faire court, et sans raquettes , on peut se tromper sur autrui... en ne le connaissant pas vraiment.
Nous avons tous des masques (volontaires ou involontaires), béquilles censées aider à marcher dans cette comédie humaine qu’est la vie en société, souvent… anonyme et rugueuse…
Rédigé par : Nath | 06 juin 2013 à 15:56
Je n'ai jamais vu jouer Simon et pour être sincère je ne le reconnaîtrais pas s'il s'asseyait en face de moi dans le métro. Mais pour avoir assisté plusieurs fois à Roland Garros j'ai vu le public être retourné par un joueur qui donnait le meilleur de lui-même, qui était fair-play ou drôle, je l'ai vu s'emballer, être déçu, dépité ; parfois sans raisons logiques. C'est une étrange alchimie qui se crée entre ces deux hommes et les spectateurs (cela dit, qu'un public quel qu'il soit ne soutienne pas forcément le représentant de son pays me plaît plutôt).
Cette même indéfinissable alchimie se crée
entre deux êtres qui se voient pour la première fois. Cette première rencontre ne peut être que physique ; de l'autre on ne voit que sa silhouette, son visage, son regard, on entend sa voix. On reçoit aussi de nombreuses infos sur son milieu social à travers son look, son vocabulaire... Et on aime ou on n'aime pas. Ceux qui prétendent le contraire ne sont, me semble-t-il, que des faux-culs. Les rencontres suivantes, s'il y en a, permettent parfois de rectifier cette image. Comme le dit Julos Beaucarne dans une de ses chansons, là où on pensait avoir entrevu "une âme" peut-être ne découvrira-t-on qu'un regard. Pour ne pas dire deux yeux. Parfois au contraire, la découverte d'un caractère fort, drôle, généreux permettra-t-elle de passer outre une première impression plutôt négative.
Dans la vie professionnelle il en est de même. L'Observatoire des discriminations a beau s'en faire l'écho régulièrement, au cours d'un entretien, souvent très court, ce que nous paraissons l'emporte sur ce que nous sommes. C'est terriblement injuste mais c'est comme ça. Comme le dit je crois un proverbe "la première impression est la bonne". Ou la mauvaise.
Rédigé par : Catherine A. être et paraître | 06 juin 2013 à 14:31
Simon, Federer, Tsonga, qui c'est ?
Ah ! oui, Tsonga ! Kinderbueno !
Rédigé par : Frank Thomas | 06 juin 2013 à 13:57
Noah, personnalité préférée des Français, laissez-moi rire !
C'est une escroquerie du JDD qui arrive à nous faire croire ça.
Ce journal s'est attribué ce palmarès, établi sur des critères douteux.
Sinon, bonne chance à Tsonga (alias Kinder Bueno) né de parents franco-congolais, face à Federer né de père Suisse et de mère Sud-Africaine. Comme quoi, le métissage peut donner des résultats.
Le plus cocasse, c'est que Federer étant Suisse n'a pas droit au forfait fiscal réservé en Suisse aux étrangers. Federer paie donc beaucoup plus d’impôts que Tsonga, à revenu égal.
Rédigé par : Polochon | 06 juin 2013 à 13:57
Un très beau billet, en effet.
Yannick Noah n'a pas besoin de gagner dix fois Roland Garros pour signifier ce qu'il faut sacrifier pour y parvenir !
Les machines à gagner ne m'intéressent pas et nous avons pu constater ce qu'il en coûtait à certain sextuple champion du Tour, par exemple.
Je préfère un J.-W Tsonga qui gagne parce qu'il est arrivé à la maîtrise de ses talents qu'un majorquin qui même respec-
tueux, soi-disant, des autres m'enjoint de ne pas regarder un match pour l'insupportable expression des tocs qui précèdent chaque balle.
Rédigé par : calamity jane | 06 juin 2013 à 13:30
@Michelle D-Leroy
Permettez que je me fasse l'avocat du diable. Avez-vous lu les chroniques de Noah sur Roland-Garros 1983 dans Le Monde ? Elles sont étonnamment plaisantes, voire amusantes. En outre, il a donné une interview dont le mérite est au moins celui de la franchise, pour autant qu'on puisse en juger de notre fauteuil, évidemment (http://www.lemonde.fr/roland-garros/article/2013/05/23/yannick-noah-on-a-tue-l-ame-du-jeu_3416389_1616946.html ).
Rédigé par : Archibald | 06 juin 2013 à 12:53
Yannick Noah n'a gagné qu'une seule fois, il chante des chansons aussi insipides que beaucoup de chanteurs cloués au pilori par les intello... et pourtant il reste le personnage préféré des Français.
Donneur de leçons permanent, parti pris politique, il m'exaspère. J.W.Tsonga m'apparaît comme très sympa : c'est un ressenti personnel et c'est ainsi pour beaucoup de gens.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 06 juin 2013 à 11:12
Le fait que Simon réside en... Suisse et qu'il trouve normal l'écart de rémunération entre joueurs et joueuses de tennis ne serait-il pas une explication ?
Rédigé par : Sophie Fendt | 06 juin 2013 à 11:01
C'est bien ce qu'a dit Jésus. Aime ton prochain et aime ton ennemi. Ne reste pas à la surface. Dans tout être humain il y a une étincelle divine qui le rend digne de respect.
Rédigé par : Michel | 06 juin 2013 à 10:35
Un bien beau billet, d’une extrême sensibilité.
Le regard, c‘est le premier élément de relation entre les individus, mais il faut qu’il soit suivi par un "quelque chose" d’autre.
Je me permets de poursuivre votre réflexion par ces quelques vers d’un grand poète, Eugenio de Andrade :
Je crois que ce fut le sourire,
Le sourire, lui, qui ouvrit la porte.
C’était un sourire avec beaucoup de lumière
À l’intérieur, il me plaisait
D’y entrer, de me dévêtir, de rester
Nu à l’intérieur de ce sourire.
Courir, naviguer, mourir dans ce sourire.
Rédigé par : Tipaza | 06 juin 2013 à 08:59
Bonjour Philippe Bilger,
« Pourquoi cette certitude instantanée que ce sera lui parce que c'est moi, ce déplaisir net que ce ne sera pas lui parce que c'est moi aussi ? »
La sympathie que l’on éprouve envers un sportif, un comédien, voire même un homme ou une femme politique est bien souvent totalement subjective, même si son talent, son charisme, son aisance à parler devant les médias ont, bien sûr, un rôle déterminant.
A croire qu’il y a un peu du culte de la personnalité qui sommeille en nous et que l’on ne peut totalement oublier.
J’aime bien Roger Federer. C’est un immense champion qui a déjà tout gagné et a un des plus beaux palmarès du tennis international (peut-être même le plus beau). Il a toujours été apprécié du public de Roland Garros car il est certes « beau gosse », mais aussi sympathique et surtout a un excellent esprit sportif. Rien à voir avec les sales gosses du tennis que furent McEnroe ou Connors.
Son seul défaut en fait est de n’être pas Français, mais Suisse. Ceci étant la plupart de nos joueurs de tennis, pour ne pas dire tous, Tsonga y compris, éprouvent une certaine sympathie pour la Suisse.
Alors, certes, trente ans après Noah, on aimerait bien que ce soit un Français qui emporte enfin Roland Garros, mais un Suisse, qui parle le français et sait se faire aimer du public c’est bien aussi.
Espérons que Roger Federer soit présent au plus haut niveau sur les courts de tennis. Et bonne chance à Tsonga !
Rédigé par : Achille | 06 juin 2013 à 08:43