Eric de Montgolfier, qui vient de prendre sa retraite, est l’une de ces personnalités qui exaspèrent autant qu’elles peuvent séduire. J’en ai connu quelques-unes et, à vrai dire, leur atypisme, leur manière roide, parfois brutale d’imposer leur identité m’ont toujours paru plus estimables que les tiédeurs et les conformismes de tant d’autres.
Je n’en suis que plus à l’aise pour relever, dans le très aimable portrait que Libération lui a consacré sous la signature de Pascale Nivelle, une dénonciation provocatrice qui ne peut qu’enchanter les adversaires d’une magistrature classique sans être fondée pour autant.
En effet, l’ancien procureur général de la cour d’appel de Bourges, sur un registre qui lui est familier et dont certains médias raffolent, déclare, au sujet de ses collègues d’hier : « Beaucoup ont la tentation de la carrière, des médaillons, le problème du magistrat est de parvenir à l’insoumission ».
Outre que je trouve qu’il globalise abusivement et que lui-même n’a pas aussi été détaché qu’il l’affirme de l’ambition professionnelle, à en croire sa légère aigreur sur son passage tardif de Nice à Bourges, et pour si peu de temps dans ce dernier poste, je dénie que « le problème du magistrat est de parvenir à l’insoumission ».
Il y a dans cette revendication quelque chose d’extrême qui n’a plus rien à voir avec la quête de la justice et de la vérité. Le contraire de la soumission et de la dépendance, pour un juge ou un procureur, n’est pas l’insoumission qui vous a un parfum révolutionnaire et quasiment libertaire mais le courage, la mesure, l’équilibre et une indépendance conquise largement autant sur soi-même, ses préjugés et son arrogance que sur l’Etat, les pouvoirs et les mille obstacles qui empêchent les pratiques judiciaires d’être libres et exemplaires.
L’insoumission – je ne crois pas qu’Eric de Montgolfier, maîtrisant bien son langage, ait choisi ce terme sans le peser – inscrit abusivement le magistrat dans une posture confortable de contestation politique qui le constitue, comme si cela était sa vocation, en opposant systématique de l’autorité et des institutions. Cette démarche, qui sent le soufre et bénéficie comme telle de tous les soutiens progressistes, est confortable dans la mesure où elle se persuade trop vite de l’implication des privilégiés et déguise avec une totale bonne conscience le juge en idéologue et le procureur en justicier. Il a fallu du temps, par exemple, pour que l’affaire de viol reprochée à Johnny Hallyday gagne en vérité judiciaire et perde en charge partisane.
L’insoumission, en dépit de ce à quoi elle renvoie et qui tend à flatter celui qui s’en prévaut, n’est pas éloignée pourtant de ce que le Mur des cons a moins noblement exprimé et qui banalement représente l’emprise du politique sur une justice tentant d’être impartiale.
Je suis persuadé que pas un de ceux qui ont participé à cette déplorable entreprise n’est hostile à cette dissidence si bien vue aujourd’hui. Etre à la fois magistrat et insoumis, quel rêve, quelle réussite !
Eric de Montgolfier aura, j’en suis persuadé, une retraite en même temps paisible et bien remplie. Il ne se lancera pas dans la politique puisqu’Eric Halphen et Eva Joly s’y sont perdus.
Mais il tentera d’être toujours un homme libre. Bien plus dur, malgré les apparences, que de faire profession d’insoumission.
Si l'on considère l'administration de la Justice comme un pouvoir, ce que tendrait à dire le principe (non respecté en France et pas beaucoup plus ailleurs) de séparation des pouvoirs, la question est celle du mandatement des magistrats par le peuple souverain, seul souverain. Cela pose la double question de la définition du peuple et des modalités de l'expression de ses choix.
L'inamovibilité du Chancelier sous l'Ancien Régime ne garantissait nullement l'indépendance du pouvoir judiciaire, le Roi étant en France juge, l'unification juridique n'étant pas acquise en 1789 d'une part, le Roi pouvant nommer un garde des Sceaux exerçant la réalité des prérogatives de la charge d'autre part.
L'indépendance ou plutôt les garanties pour les justiciables comme l'habeas corpus en Angleterre ne pouvaient intéresser les intellectuels, magistrats ou pas, en France que parce que cela présupposait de solidarité de classe et de consensus politique chez les dirigeants du Royaume-Uni et chez ceux qui, en France, souhaitaient une évolution du régime politique vers ce "modèle" ; mais l'indépendance de la Justice ne s'exerce que dans les limites définies par la Loi, même si le Juge dispose d'une marge d'interprétation, elle-même plus ou moins conditionnée par sa nature d'être social, son idéologie, son carriérisme éventuel, etc.
Cette soumission à la Loi est également la règle pour le pouvoir exécutif et ses agents ; certaines affaires montrent cependant que ce qu'il faut bien appeler des manoeuvres dilatoires qui perturbent le déroulement de l'instruction et en allongent la durée, permet de douter de la rigueur et de l'universalité de la Loi et de son application.
Le magistrat appelé à juger intervient au bout d'un processus (qui n'est pas que procédure) tout social, qui rend compte de l'état de délabrement des principes de liberté, d'égalité et de fraternité bien plus que d'une quelconque séparation efficace des pouvoirs.
L'élection dans la sphère judiciaire qui existe dans divers pays, réputés Etats de droit, n'offre pas de garanties pour le citoyen appelé à voter : tous les travers d'une élection s'ajoutent à l'idée que chaque électeur peut se faire du fonctionnement même de la Justice et le poids de "l'opinion publique" peut être disproportionné ; l'exemple de la grâce royale accordée à un pédophile espagnol au Maroc puis reprise est un assez bon exemple de la contamination du fonctionnement d'institutions réputées pérennes par l'état momentané de l'opinion, plus ou moins manipulée.
Il ne reste que peu de garanties pour le citoyen quand les principes de la Loi ne sont pas universels et quand son application est aléatoire. Il ne reste que le fatalisme lucide du bon La Fontaine ou la capacité d'indignation et "d'insoumission". Aucune raison en tout cas d'être optimiste sur l'évolution du système...
Rédigé par : Beauquier | 09 août 2013 à 09:54
Intéressant point de vue de M. Bilger sur un procureur "hors norme", dont on apprécie la liberté de ton, l'indépendance d'esprit et surtout l'absence d'esprit courtisan.
Extrait d'une interview de M. de Montgolfier au Nouvel Observateur. Je cite :
"N'y a-t-il pas un risque d'instrumentalisation de la justice ?
- Toujours. Poursuivre vous expose. Ne pas poursuivre également. C'est un exercice politique. On est au cœur du pouvoir. A nous de dégager la pépite de la gangue. Je regrette que l'on ait mis fin aux instructions écrites du ministre dans les dossiers. Si le garde des Sceaux s'y était tenu, on n'aurait pas eu ces histoires de soupçons. Cela n'empêche pas le coup de téléphone. La justice est un instrument politique. Le mérite de Rachida Dati est de l'avoir démontré ouvertement." ( Fin de citation).
Plus loin. Je cite :
"Vous avez passé huit ans à la Chancellerie et connu pas mal de ministres...
- Les ministres n'aiment pas être contredits. On les encense, on les adule, on se gausse de leurs plaisanteries. Mais le garde des Sceaux reste un politique. Il dépend étroitement du président de la République. A partir du moment où la politique entre dans les rouages de la justice, on voit bien où est le risque." (Fin de citation)
M. de Montgolfier apporte de l'eau au moulin de ceux qui considèrent que la justice est un intrument de l'exercice du pouvoir et du combat politique, "par d'autres moyens"...
L'Indépendance de la Justice est un leurre.
Il y a certes des magistrats indépendants, mais ceux-là ont fait le choix de mépriser les honneurs, les médailles, et même parfois de sacrifier leur carrière.
Les autres...
Rédigé par : berdepas | 27 juillet 2013 à 10:31
"si t'aime pas les noirs, quitte ce pays !"
Rédigé par : hameau dans les nuages | 25 juillet 2013 à 23:09
Vous êtes meilleur pour l'impératif que pour l'indicatif.
Rédigé par : Alex paulista | 26 juillet 2013 à 22:27
La phraséologie d'insoumis qu'on ne veut plus entendre :
"Il y a une exigence de vérité sur la mort de Brahmi !" (Bertrand Delanoë)
Rédigé par : Savonarole | 26 juillet 2013 à 20:23
@ Tipaza
La justice n'est pas un point fixe mais un abcès de fixation.
Rédigé par : Alex paulista | 26 juillet 2013 à 16:17
Dans la ligne Laurel et Hardy, Aristote et Platon, Castor et Pollux et, osons-le... Homère et l'Odyssée, je verrais bien un tandem Bilger/Montgolfier.
La magistrature serait obligée de commencer sa mue et perdrait une bonne part de ses insuffisances et surtout de ses impunités si outrageantes pour le peuple et la justice.
Rédigé par : lafleur | 26 juillet 2013 à 15:54
"Eric de Montgolfier... ne se lancera pas dans la politique puisqu’Eric Halphen et Eva Joly s’y sont perdus."
Certes, facile à dire et deviner compte tenu de sa prudence et de la lenteur très mesurée et calibrée de sa verve au service d'une pensée douteuse mais rigide.
Et notre Hermine... soumis ou insoumis ?
La libido in preca n'est pas la même et tout le monde, surtout chez les procureurs, ne sait pas godiller vers un cap incertain, battant un coup de rame droite... un coup de rame gauche sur les requins et les crocodiles.
Un Philippe Bilger qui suscite et provoque autant de réflexions et de joutes philosophiques et de vérités non dites sur le troisième pouvoir, à une telle cadence, ça ne s'invente pas.
Une chose est sûre...
Ce n'est pas un procureur ordinaire ou normal.
Rédigé par : poil à gratter | 26 juillet 2013 à 15:40
« Beaucoup ont la tentation de la carrière, des médaillons, le problème du magistrat est de parvenir à l’insoumission » (E. de Montgolfier).
Pourquoi parler d'insoumission ou d'indépendance quand dans les carrières comme celles d'Eric de Montgolfier l'itinéraire, du début à la fin, est totalement balisé et surprotégé des aléas ou accidents professionnels.
Sur le plan matériel et quotidien aucune mauvaise surprise ne peut survenir, il y a une entière sérénité.
L'indépendance d'esprit n'est certainement pas une question de courage.
C'est juste le minimum du minimum quand, de toutes les façons, l'essentiel est assuré et sur-sécurisé.
A lire le portrait dans Libération, je n'aime pas cette façon de finir une carrière dans le luxe professionnel.
A la lecture de l'article, au fond, rien ne s'est passé à la cour d'appel de Bourges pendant les 14 mois de fin de carrière d'E. de Montgolfier.
Le malheur, les précarités, bref le quotidien ingrat et désespérant qui hante les tribunaux, en réalité, n'a très simplement pas concerné le procureur général.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 26 juillet 2013 à 14:23
Mon insoumis préféré en ce moment c'est Gilles Bourdouleix le député-maire de Cholet victime depuis des années d'une inquisition nauséabonde fomentée par la mafia merdiatico-politique au seul motif de ne pas se soumettre aux codes de la bienséance et bien-pensance seule autorisée dans la famille de toutes ces précieuses ridicules ventripotentes laxistes inertes culs plombés qui siègent dans toutes les villes communes régions de France. Là où tout le monde, police justice préfet démissionne dès qu'une difficulté se présente, ce maire monte toujours en première ligne au risque de recevoir des coups ; nomades gens du voyage roms délinquance, il fait face à des meutes violentes, sans faiblir, ce qui met en rage les bonnes consciences locales démagos couchées comme des lâches des pleutres des couards ; je tire mon chapeau à cet homme, voilà enfin quelqu'un qui pourrait se présenter à la présidentielle, la France avilie humiliée rabaissée par les socialistes a besoin d'un vrai battant d'un guerrier qui lui redonnerait de la fierté et du respect dans le monde.
Rédigé par : sylvain | 26 juillet 2013 à 13:54
"@hameau dans les nuages
Effectivement, c'est désopilant cette scène.
Le RER circule aussi chez vous ?
Non, je blaguais...! HiHiHi !"
Rédigé par : Nath | 26 juillet 2013 à 04:29
Non mais je connais la gare RER de Rueil, ma fille et son copain informaticien ont habité dans une résidence à côté de cette gare, rue Pereire.
Quartier pourtant calme et d'un certain standing, avec l'ile aux impressionnistes.
Je vous laisse imaginer le reste du RER.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 26 juillet 2013 à 12:31
@Nath
Merci pour votre réponse, aimable et conciliante. Nous en aurons bien besoin, si on en croit Attali dans "Une brève histoire de l'avenir". Le lire aujourd'hui fait réfléchir, l'homme n'est pas si creux qu'on le dit.
Rédigé par : amfortas | 26 juillet 2013 à 11:40
Mongolfier n'aura pas attendu longtemps pour mettre les gaz, le voici déjà dans Le Point de cette semaine. Il s'en prend à la commission de zèbres parlementaires qui traitent du pestilentiel cas Cahuzac (sans jeu de mot).
Rédigé par : Savonarole | 26 juillet 2013 à 11:29
Le juge, au sens large, bénéficie d'un pouvoir d'appréciation.
Cette disposition lui permet cette insoumission à toute éventuelle contrainte.
Rédigé par : Jabiru | 26 juillet 2013 à 09:03
@ Surcouf
Il y avait dans mes propos une part de caricature, que la dernière ligne soulignait.
Mais toute caricature a un fond de vérité.
Dans une société où le relativisme domine, où les propos et les actes sont analysés et jugés en fonction de qui les a prononcés et exécutés, il est indispensable d’avoir des points fixes, des points d’ancrage qui évitent le délitement complet auquel nous assistons.
Lorsque des Roms peuvent saccager les lieux qu’ils occupent indûment, lorsque des pillards, osons prononcer les mots, peuvent attaquer des bus au Trocadéro et des trains, lorsque des émeutiers, osons prononcer les mots, peuvent remettre en cause l’autorité de la police et de la loi dans leurs banlieues, en toute impunité, alors que le dixième de ces actions menées par d’autres catégories sont sanctionnées de façon disproportionnée, le temps n’est plus aux baïonnettes intelligentes, comme vous le suggérez.
À l’heure actuelle, si baïonnettes intelligentes il doit y avoir, alors ce sont celles qui remettent en cause un laxisme gouvernemental mortifère pour la Nation.
Je le répète, il faut, dans une société en dérive, des points fixes, la Justice devrait en être un.
Rédigé par : Tipaza | 26 juillet 2013 à 07:58
@hameau dans les nuages
Effectivement, c'est désopilant cette scène.
Le RER circule aussi chez vous ?
Non, je blaguais...! HiHiHi !
Rédigé par : Nath | 26 juillet 2013 à 04:29
Cher Philippe,
A la lecture de l'article de Monsieur Eric de Montgolfier dans Le Point, sur ce qu'il pense de la commission d'enquête de l'affaire Cahuzac, il ne faut pas avoir suivi les déclarations contradictoires de Moscovici et de Cahuzac pour comprendre que cette commission a fait la brillante démonstration d'un mensonge et de complicité d'Etat dans l'affaire Cahuzac.
Dans la majorité des pays, cela entraînerait l'obligation de démission de Hollande et de son gouvernement.
Si Monsieur de Montgolfier veut minimiser le rôle de recherche de vérité, c'est son choix, mais de là à effacer un mensonge d'Etat collectivement, cela ne sera pas possible.
La seule solution est la convocation des autres, et en particulier du Premier ministre qui se cache et se dérobe à moins qu'il ne soit frappé soudainement d'amnésie lui aussi.
L'UMP et tous les Français doivent exiger les aveux d'un scandale d'Etat et si cela ne se faisait pas, les historiens ont toutes les archives INA pour comprendre aisément que le mensonge de Monsieur Cahuzac a été aidé et couvert par Hollande et les autres.
Monsieur de Montgolfier en écrivant cet article fait terminer sa recherche de la vérité et sa volonté d'indépendance de la justice en queue de poisson.
Car de la contradiction, est née une vérité : celle d'un mensonge d'Etat organisé et avec preuves et d'une évidence flagrante.
Si Hollande cherche à se faire passer pour le chat de Schrodinger, à être présent à une réunion et à ne pas y être, il oublie qu'il n'est que le dindon de sa propre farce.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 26 juillet 2013 à 02:01
Eric de Montgolfier, merci pour les petits bonheurs que je vous dois.
Le traitement de l'affaire OM -VA, quel talent !
La haine de B.Tapie qui à la télévision, alors que vous étiez rendu à Nice, indiquait que vous écriviez vos réquisitions sur un coin de table dans un bar.
Mais le clou, c'est lorsque vous avez indiqué à propos d'une affaire "sensible" que vous alliez "affoler la meute".
Panique au gouvernement et convocation dare-dare chez le "ministricule" de la Justice dont j'ai oublié le nom mais pas la tronche de politicien apeuré.
Ou encore lors d'une émission de télé sur la justice, où vous étiez invité face à des politiciens au casier garni et face à des médiocrates qui espéraient bien vous mettre en accusation, lorsque vous leur avez indiqué, si la justice ne leur convenait pas "nous ne faisons qu'appliquer les lois. Vous pouvez les modifier" (sous-entendu
face au peuple qui vous regarde).
Oui, petits bonheurs qui sont devenus rares (de qualité).
Vous avez affolé la meute et vous êtes retrouvé à Bourges. Parfait, au coeur de la France, et pas au Fouquet's ou à Solférirose Bd.
Quant à l'insoumission, qui exprime le refus de l'obéissance aveugle à des ordres ineptes, elle peut être légitime : de Gaulle en 1940 par exemple.
Quant à vous M Bilger, votre bulletin est bon néanmoins.
Comme toujours.
Vous êtes aussi un homme des petits bonheurs...
Rédigé par : Arobase du Ban | 25 juillet 2013 à 23:56
"si t'aime pas les blancs, quitte ce pays"
Station RER de Rueil-Malmaison.
Enfin je crois avoir entendu ça, le coeur à parlé... propos ignobles rappelant les heures les plus sombres de l'esclavagisme. Madame Taubira va je pense réagir immédiatement.
Non je blague Nath ! en fait les propos sont les suivants :
"si t'aime pas les noirs, quitte ce pays !"
http://www.youtube.com/watch?v=3RiQ2jNR144
Ouf ! ça va mieux, ce n'est pas un dérapage.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 25 juillet 2013 à 23:09
Après avoir lu le fameux lien, "Ce n’est assurément pas n’importe qui que cet avocat et chargé de cours en droit – et surtout pas un homme à ignorer le sens des propos lâchés au vent, surtout quand l’on fait de la politique" (dans Breizhjournal wordpress 24/7/13)
Il aurait donc lâché au vent ses propos ?
Dont acte !
Rédigé par : Nath | 25 juillet 2013 à 19:53
Le sens du mot "insoumis" élargi par Philippe Bilger !
C'est vrai quoi, ces vocables qui ne servaient qu'un état de guerre ou d'appropriation maritime doivent être revus pour
leur emploi justifié dans de nombreuses figures de la vie sociale.
En lieu et place du préfixe "anti" cela vous conviendrait-il ?
Rédigé par : calamity jane | 25 juillet 2013 à 18:57
@Tipaza | 25 juillet 2013 à 17:55
"La hiérarchie représente pour le magistrat ce que les contraintes de la loi représentent pour le citoyen."
C'est quand même à mon sens du grand n'importe quoi.
Être insoumis ne veut pas dire refuser l'autorité ou la loi.
Cela veut dire avoir l'indépendance d'esprit, savoir refuser de suivre "les ordres" et garder la possibilité de juger par soi-même.
"C'est pas moi j'avais des ordres" : depuis des siècles on entend ou lit cette fausse excuse.
La nature a doté l'homme d'une intelligence et d'une capacité à réfléchir.
Ne pas s'en servir, c'est là le vrai crime.
Il est vrai que cela dérange les hiérarques de tout bord mais tant pis pour eux.
Cette discussion me rappelle le titre d'un spectacle de Robert Hossein : "Celui qui a dit non".
Le souvenir s'arrête à ce titre.
Non pas que je donne toujours raison à Eric de Montgolfier mais il assume sa liberté première, celle de penser.
Plus près de nous je pense au policier et son carnet à souche.
Il a la liberté de relever ou non une infraction et de juger de sa gravité réelle et de l'opportunité de verbaliser.
Même la loi prévoit la liberté de jugement des dépositaires de l'autorité et il faudrait obéir aux ordres car ils viendraient d'un supérieur hiérarchique ?
Vous me faites peur vraiment.
Rédigé par : Surcouf parfois insoumis | 25 juillet 2013 à 18:50
Catherine JACOB | 25 juillet 2013 à 13:39
Vos papiers sont toujours fort intéressants… Celui-ci fait écho à celui que j’avais posté il y a peu. Donc, ânonner Annonay en japonais et en français… revient au même…pour la linguistique ! Voilà un scoop !
Annonay, La Tour du Pin, etc. sont connus pour le vélin. D’ailleurs Régine chantait : "Laissez venir les p’tits papiers, de Chine ou d’Arménie..."
Merci pour ce rappel historique, vu de Montgol fier.
Rédigé par : Nath | 25 juillet 2013 à 18:37
@amfortas
Soyons clairs ! J’ai visionné cette vidéo sur cette "musulmane" proférant ces énormités. J’étais comme vous stupéfait ! Si vous voulez que je les condamne, je le fais ILLICO. Ils sont tout aussi condamnables et méprisables que ceux de ce maire (excédé, et qui semble avoir été dépassé).
Cette affaire du maire n’est d’ailleurs pas claire. Sur la bande audio, on se demande qui parle ! Vous voyez, j’essaie d’être objectif. Et même, j’ajouterai : une bande audio est-elle une pièce à conviction utilisable en justice, tant les bidouillages techniques sont possibles ? Il semblerait d’ailleurs qu’on les utilise maintenant (affaires récentes du majordome).
Quant à la soviétisation des esprits : même si vous avez vécu en DDR, n'en faites pas un cas général.
Rédigé par : Nath | 25 juillet 2013 à 18:25
@ Nath
Pardon de récidiver mais allez donc sur cette adresse et vous pourrez voir comment votre sincérité est utilisée par des politiques encore plus sales qu'on ne le pense. Quand la pensée devient trop partagée sous la menace c'est qu'elle est perverse. De grâce, consultez le lien, c'est vraiment ignoble.
http://breizhjournal.wordpress.com/2013/07/24/les-vraies-raisons-de-lexecution-politique-de-gilles-bourdouleix/
Rédigé par : amfortas | 25 juillet 2013 à 18:03
« Etre à la fois magistrat et insoumis, quel rêve, quelle réussite ! »
Insoumission, le romantisme en action, la liberté d’être soi, fidèle à ses idéaux, et de refuser les compromis de la société et de la hiérarchie !
Ah que c’est beau… sauf quand c’est mis en œuvre par un magistrat.
Car enfin un magistrat est là pour faire respecter « la Loi et l’Ordre », établis par un gouvernement démocratiquement élu. Que ce gouvernement légal soit légitime est un autre débat. S’il n’est pas légitime, alors ce n’est pas d‘insoumission qu’il faut parler mais de rébellion.
La hiérarchie représente pour le magistrat ce que les contraintes de la loi représentent pour le citoyen.
Au nom de quoi un magistrat insoumis à sa hiérarchie pourrait-il demander à un citoyen de respecter la loi, puisque lui-même ne la respecte pas dans ses fondements.
Il y a chez le magistrat insoumis l’illusion qu’il est au service d’une morale qui dépasse le droit.
Le drame c’est que cette morale est une morale reposant sur une idéologie, et que toute idéologie est contestable. Le droit aussi, mais la contestation du droit relève en démocratie de la volonté populaire, alors que la morale idéologique est considérée par ses partisans comme intangible.
Il n’y a aucune transcendance chez un magistrat, qui l’autorise à s’exempter des contraintes sociales et à les imposer aux autres, et un magistrat insoumis est par nature même un mauvais magistrat.
Il faudra bien un jour remettre en cause l’intouchabilité des magistrats.
Et si par exemple, on les faisait évaluer régulièrement par ceux qu’ils ont jugés et condamnés, entre autres !!
Utopie ? Certes tout ce qui n’est pas encore réalisé est utopie, mais on appelle bien les élèves à évaluer leurs professeurs, voilà une utopie qui a fini par se réaliser.
Alors pourquoi pas une évaluation des magistrats par ceux qui les supportent, par les peines qu’ils subissent et par les impôts qu’ils payent, un jour ou l’autre.
Bon, c'était une réflexion estivale... quoique.
Rédigé par : Tipaza | 25 juillet 2013 à 17:55
@ Nath
Votre billet est compréhensible, mais vous dites une chose terrible : "l'âme a parlé", c'est que vous admettez que l'intime, l'in imo pectore devient condamnable dans la seule mesure où il va dans le sens que vous réprouvez. Quand la musulmane a dit "on peut attaquer un chrétien, pas un musulman", vous ne vous êtes pas rebellé. En revanche, vous condamnez une réaction de colère, incongrue, je l'ai dit, mais provoquée, organisée sous l'étendard de la réprobation universelle. Les gens qui ont poussé cet homme à bout sont des voyous, Roms ou pas, ils occupent, saccagent et utilisent de façon répugnante un symbole qui est notre pierre de touche et un journaliste s'empresse de crier au scandale, utilisant à des fins sans doute politiques ce qui n'est à l'évidence qu'une exaspération. Il me semble que ce maire pourrait déposer une plainte pour insulte par le geste et assimilation abusive à une idéologie condamnée, autrement dit, diffamation.
Mais condamner par avance un accès de rage devant la destruction du bien public et l'insulte inconsidérée, ça s'appelle du soviétisme. Je crains que vous n'y soyiez prêt.
Je suis navré d'être un peu vif, mais j'ai connu la DDR j'y ai vécu et je vois la France prendre le même chemin par anéantissement des esprits sous une doctrine quasi religieuse.
Rédigé par : amfortas | 25 juillet 2013 à 16:24
Bonjour à tous,
Comme l'ont sans doute remarqué ceux qui ne jouent pas systématiquement de la molette à la lecture de mes commentaires sur ce blog, je m'intéresse souvent à l'anecdotique au détriment de ce qui peut paraître, à première vue, essentiel.
J'ai donc opéré une recherche images Google et j'ai vu que les clichés publiés sur le net de cet avocat général à la Cour de cassation ne l'avantageaient pas précisément qui lui prêtent un air extrêmement hautain. Je me suis demandé ce qui pouvait le justifier et j'ai vu que si sa particule datait d'avant la Révolution, elle n'était pas, ma foi, si ancienne que cela.
En revanche, on prête à cette famille deux grandes qualités. L'une se retrouve dans son blason, c'est la mongolfière qu'inventèrent deux des frères Montgolfier fils du papetier anobli en 1783. L'autre c'est que cette famille est créditée de l'importation dans la France du XIIe siècle des secrets de fabrication du papier. Son «ancêtre fondateur» en quelque sorte, les auraient dérobés aux Sarrasins alors que, prisonnier réduit en esclavage, il avait été affecté à la fabrication de ce précieux matériau, lesquels Sarrasins le tenaient eux-mêmes des Chinois fait prisonniers lors de la bataille dite «de la rivière Talas» intervenue au VIIIe siècle entre les troupes abbassides du calife Abû al-`Abbâs As-Saffah venues au secours des Ouzbeks dont le roi qui, refusant de payer tribut à l'empire chinois avait été décapité lors d'une expédition militaire chinoise sous la conduite du général d'origine coréenne Gao Xianzhi. Le papier se diffuse ensuite avec l'expansion de l'islam. Il se propage en Occident : en Sicile en 1102 notamment, plusieurs décennies donc avant la 2ème croisade à l'occasion de laquelle, originaire de Rhénanie-Palatinat, cet «ancêtre fondateur», légendaire, aurait été fait prisonnier puis aurait donc rapporté en Europe les fameux secrets que ses descendants exploitèrent ensuite dans le Vivarais.
Les précieux secrets arrivent cependant assez tard dans le nord de la France et, a fortiori en Lorraine, où des documents notariés intéressant notre famille à nous, notamment, sont encore rédigés sur vélin au siècle de Louis XV.
C'est intéressant cette histoire de l'invention de ce papier pour lequel il n'y a pas de graphie chinoise très ancienne, laquelle (紙 = zhǐ, à clé «fil», encore sous forme 帋 = zhǐ, à clé «tissu») est un idéo-phonogramme dont la prononciation, donc le mot chinois oral pour «papier» préexiste toutefois son inventeur réputé, l'eunuque Cài Lún (蔡倫), puis s'appela 'Feuille du seigneur Cài', était considéré comme très précieux, le matériau de base en étant toutefois différent et de récupération (filets de pêche, écorce ligneuse, xanthium sibérien) mais qui l'a sans doute amélioré tout comme la famille Mongolfier a ensuite elle aussi innové à partir des secrets de fabrication de base en cette ville d'Annonay dont le nom sonne comme le japonais pour «Euh, ben, euh» ce qui donne peut-être l'impression à ceux qui y ont acheté Gerblé dont les produits sont ensuite importés au Japon où la fabrication par papier par des artisans dont le savoir-faire en fait des «patrimoines vivants», est un art très prisé, et via un service qualité impressionnant, d'être un peu chez eux, en somme.
«Eric de Montgolfier aura, j’en suis persuadé, une retraite en même temps paisible et bien remplie. Il ne se lancera pas dans la politique puisqu’Eric Halphen et Eva Joly s’y sont perdus. »
Or donc, Eric de Montgolfier, tout comme vous «patrimoine vivant» de la Justice, ce serait certainement beaucoup plus honorable en effet que de faire vulgairement de la politique.
PS : L'expression « trésor national vivant » (idem «patrimoine vivant») est une désignation informelle pour une personne que le gouvernement a choisie comme exemple de la tradition japonaise.
Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%A9sor_national_vivant_du_Japon
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 juillet 2013 à 13:39
L'insoumission est une nécessité absolue pour tout détenteur d'une autorité.
Le poids ou la pression permanente auxquels sont soumis ces personnes rendent cette posture incontournable si elles veulent pourvoir garder leur indépendance intellectuelle vis-à-vis du monde tant professionnel que politique ou même sociétal qui les entoure.
Sans cette insoumission nulle liberté, nulle vie.
Il faut savoir dire non et aller si possible au bout de ses convictions.
C'est comme cela que l'on gagne de petites et grandes batailles.
C'est comme cela que l'on s'assume. Certes il y a un côté égocentrique à tout cela, parfois un peu paranoïaque mais tellement stimulant.
Rédigé par : Surcouf | 25 juillet 2013 à 07:52
"Un maire qui a été insulté, son attitude défigurée par des voyous et qui a laissé échapper un marmonnement incongru de colère contre le ravage de sa commune"
amfortas | 24 juillet 2013 à 17:18
Vous semblez ignorer que ses propos tombaient sous le coup de la loi ! Que pèsent les soi-disant insultes de "ces voyous" face aux paroles terribles de ce maire ? Une pacotille, sans doute, un marmonnement… assourdissant... qui en dit long. Le "cœur" a parlé !
Inadmissible!
Rédigé par : Nath | 25 juillet 2013 à 07:30
D'après Proudhon, la justice est "le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti de la dignité humaine, en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise, et à quelque risque que nous expose sa défense". Une belle définition, qui autorise encore un certain nombre de réformes judiciaires...
On peut en déduire que le juge, comme Alain ou comme Pascal, doit respecter ce qu'il doit respecter, sans soumission, sans que la machine ploie vers la terreur... ou vers l'ambition. A part Philippe Bilger, je connais un autre magistrat qui répond à ce critère. Mais il n'est pas très connu...
Rédigé par : Boris | 24 juillet 2013 à 23:42
Insoumission : je soupçonne Philippe de faire une fixette d'ordre politique. La politique, toujours la politique... le magistrat de Montgolfier faisait peut-être allusion à des pressions d'ordre économique ? Le littoral azuréen a ses propres règles et une chute malencontreuse sur les galets peut faire très mal.
Ou simplement à des soucis avec son administration de tutelle ? Puisque son affectation-minute à Bourges l'aurait notamment contrarié. Philippe, l'excès de politique peut nuire autant que la pratique régulière de la confiture de marrons à la chantilly. A vrai dire, je connais la seconde, pas le premier.
Eric de Montgolfier me paraît comme ça assez arachnéen. Adorant cueillir le faux pas de sa victime dans sa toile avant de l'emmailloter avec délectation voire une pointe de sadisme. Je n'ai pas davantage pratiqué cet homme, c'est l'image qui m'en restera je crois.
Rédigé par : scoubab00 | 24 juillet 2013 à 23:03
Bonjour Philippe Bilger,
« L’insoumission – je ne crois pas qu’Eric de Montgolfier, maîtrisant bien son langage, ait choisi ce terme sans le peser – inscrit abusivement le magistrat dans une posture confortable de contestation politique qui le constitue, comme si cela était sa vocation, en opposant systématique de l’autorité et des institutions. »
Je pense, pour ma part, qu’Eric de Montgolfier voulait marquer sa différence avec un autre procureur, celui de Nanterre, qui, lui, s’était plutôt distingué par une allégeance affichée auprès du pouvoir en place.
En fait tous les magistrats, quels que soient leur compétence et leur talent, ne se ressemblent pas. C’est simplement une question de nature.
Certains n’abusent pas de l’indépendance que leur accorde leur fonction, allant même parfois jusqu'à aller systématiquement dans le sens indiqué par le pouvoir en place.
D’autres, au contraire, pensent qu’ils sont les garants de l’indépendance de la Justice et sont prêts, s’il le faut, à prendre le risque d’être convoqué par leur ministre de tutelle.
Je crois, malgré tout, que le mot « insoumission », surtout venant de la part d’un magistrat de haut rang, doit être pris avec beaucoup de précaution.
Les actes d’insoumission peuvent se justifier, notamment lorsque le pouvoir en place fait fausse route, au point de menacer les intérêts de la France et de la République.
En cela, le plus grand des insoumis français du siècle dernier fut, sans aucun doute, le général de Gaulle avec son appel du 18 juin 1940.
Depuis beaucoup ont essayé de l’imiter mais aucun n'est parvenu à l'égaler. Il est vrai que le contexte historique ne s'y prêtait pas vraiment.
Ce sont souvent les graves événements qui font émerger les grands hommes. En temps de paix il est plus que probable qu'ils seraient restés inconnus. Allez savoir !
Rédigé par : Achille | 24 juillet 2013 à 18:47
Chaque fois que LA politique s'est invitée au prétoire, le résultat a été désastreux. Elle n'en continue pas moins d'y rôder. Chaque fois que LE politique les fréquente, la justice s'embourbe, de Fonteius à Pasqua ; les infractions sont trop vieilles, les passions éteintes, l'argent envolé, les délinquants réélus.
Il y a des magistrats qui réussissent en politique, cher M.Bilger, et à des niveaux prestigieux, mais ils ont de la branche ou ressortissent à des catégories intransigeantes.
Or, M. de Montgolfier est de ceux-là. Je n'aurais pas aimé être son substitut, mais peut-être me trompé-je car ceux que j'ai entendus dire pis que pendre de lui étaient de vrais inutiles. L'insoumission qu'il revendique c'est la faculté de dire non. Rien de plus. Ne la placez pas dans l'exercice du quotidien ou de l'administration des greffes ou même dans les réquisitions. L'insoumission consiste, face à un mur d'influence, comme la magistrature en connaît, à ne pas baisser la garde, à suivre son chemin de vérité quand autour de vous, tout conspire à la frelater.
Entendre un procureur décider d'ouvrir une enquête contre un maire qui a été insulté, son attitude défigurée par des voyous et qui a laissé échapper un marmonnement incongru de colère contre le ravage de sa commune, c'est aller dans le sens d'un préfet, échine souple et main sur le coeur. Un préfet, c'est fait pour obéir, menacer un curé de lui flanquer des baffes, c'est LE politique.
Le procureur, le juge, les magistrats sont bien au-dessus de ça, du moins on le croyait, de Montgolfier parti on regrettera qu'il n'en fût plus ainsi.
On commence à s'étonner de l'indulgence irénique des tribunaux envers les criminels, et de la sévérité façon Valls en colère contre les mères de famille et les hommes de silence.
Je souhaite à M.de Montgolfier de très bonnes lectures, quelques conférences, quand même, le peuple a besoin de savoir et la paix intérieure.
Rédigé par : amfortas | 24 juillet 2013 à 17:18
Un Mongolfier vaut mieux que cette vessie de Jean-Louis Nadal, qui devait "sauver l'honneur de la Justice" à peine huit jours avant de prendre sa retraite et que vous nous aviez présenté comme une lanterne. Au fait où est-il aujourd'hui ce sauveur ?
Rédigé par : Savonarole | 24 juillet 2013 à 17:15
Nul doute que beaucoup loueront le portrait d’Eric de Montgolfier – presque un autoportrait tant les déclarations rapportées par l’article, sur la justice en général, sur les comportements discutables de ceux qui gravitent autour et sur l’idéal inaccessible à atteindre (mais je le crois capable de le définir !), semblent, en creux, destinées à faire un portrait de lui-même. La fierté est là, omniprésente.
Dès lors, celui que la justice agace, et qui aura oublié que le propre de la justice est de ne pas satisfaire tout le monde, trouvera matière à alimenter une défiance peut-être un petit peu paresseuse.
Cependant il y a matière, dans le constat de son métier, des dérives récentes du politique et de la morale judiciaire elle-même - et des prises de conscience qu’elle implique -, à soutenir qu’à la fin de sa carrière, même s’il n’aime pas ce mot, Eric de Montgolfier est surprenant de ressort et de fraîcheur.
De la dénonciation, certes, mais pas de cynisme « véritable », et c’est heureux.
Le seul regret de ce type de magistrat « hors norme », par la connaissance qu’il a de la portée de ses analyses et de leur retentissement médiatique, certain qu'elles auront l'assentiment de la majorité, est que leur portrait sacralise une exception bienvenue, noyée dans une généralité qui a le tort d’être méconnue et anonyme, forcément médiocre.
Beaucoup reconnaîtront donc la qualité d’un magistrat, mais surtout la rareté. L’acuité de la pensée d’Eric de Montgolfier aurait dû sans doute, en préalable, rappeler qu’elle ne pouvait être exhaustive et que la sagesse, voire la délicatesse, devait reconnaître aussi chez l’autre les qualités que l’on avait chez soi.
Par opposition, alors que sa vision de l’âme humaine paraît humble, ses critiques sur le corps judiciaire semblent plus hardies.
Il reste qu’il est l’un des rares magistrats à nous faire partager son regard, plus tranché que la moyenne, sur l’institution judiciaire : nécessaire et vivifiant.
Rédigé par : Olivier Ezquerra | 24 juillet 2013 à 15:14
"Eric de Montgolfier aura, j’en suis persuadé, une retraite en même temps paisible et bien remplie. Il ne se lancera pas dans la politique"
Il deviendra avocat, s'essaiera à l'insolence et à l'insoumission, ces deux drogues de l'homme révolté, se heurtera à des magistrats qui pourraient être ses petits-enfants et qui le regarderont comme un fossile, à des avocats qui n'auront de cesse de l'humilier en audience.
Il croira jouer les Don Quichotte face à des moulins endormis qu'il ne parviendra pas à réveiller par ses bons mots, il passera plus de temps à la buvette du Palais que dans son cabinet, retraite aidant, et finira comme Nicolas Jacquot, cherchant à happer les jeunes stagiaires pour leur raconter un temps qu'ils n'ont pas connu.
C'était un homme debout, solitaire, fragile, menacé, aimant trop les défis, les refus, mais sans cesse debout.
Il terminera aigri, tassé sur ce banc en face de la porte du vestiaire, ce banc où tant de robes se sont affaissées.
...ou il tiendra un blog...
"Une retraite paisible et bien remplie" !
Bienheureux Philippe qui voudrait concilier la mort (paisible) et la vie (bien remplie).
Rédigé par : sbriglia | 24 juillet 2013 à 14:03
Et pourquoi pas Philippe ? Vous semblez bien y être arrivé...
Rédigé par : Serge | 24 juillet 2013 à 13:57
Je suis d'accord avec vous.
L’insoumission systématique est une facilité et devient alors pur conformisme.
Rédigé par : Polochon | 24 juillet 2013 à 13:09