Merci à tous ceux qui ont fait de cette journée d'anniversaire, contre le fil du temps, un moment de joie et de partage.
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Merci à tous ceux qui ont fait de cette journée d'anniversaire, contre le fil du temps, un moment de joie et de partage.
Rédigé le 31 août 2013 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (39) | TrackBack (0)
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Il aurait fallu faire l'inventaire du quinquennat précédent dès la défaite consommée mais ce n'est pas une raison pour faire la fine bouche aujourd'hui alors que plus personne à l'UMP ne conteste véritablement son utilité et qu'une sorte d'apaisement est survenue précisément à la suite, sur le tard, du ralliement de Jean-François Copé à cette démarche salubre. Tout ce dont la droite honorable devra s'abstenir lorsqu'elle reviendra au pouvoir, elle en prendra connaissance en portant un regard critique sur le bilan de Nicolas Sarkozy, les méthodes et la pratique présidentielle de celui-ci.
Ceux qui doutaient de François Fillon en sont pour leurs frais. J'ai toujours considéré qu'il ne convenait pas de confondre le comportement d'une personnalité politique soumise peu ou prou à l'autorité d'un autre avec celui dont elle pourrait faire preuve au plus haut niveau de l'Etat. Je suis persuadé, d'ailleurs, que nous n'avons pas le choix. François Bayrou a pris une décision cohérente et courageuse en 2012 en votant pour François Hollande - pas d'autre choix possible avec un Nicolas Sarkozy rejeté et une droite plombée alors par son inconditionnalité et son aveuglement - mais lui, comme d'autres, n'aspirent qu'à regagner leur terre, leur famille de prédilection à partir du moment où seront respectés et assurés la morale publique, l'état de droit, la radicalité intelligente du projet, la continuité et la maîtrise de l'action et, plus globalement,le redressement de la France sur le plan de ses valeurs, de son autorité et de son prestige.
Vaste programme mais François Fillon me paraît s'inscrire dans ces perspectives si j'en juge par la remarquable interview donnée à Paris Match et inspirée par les questions pertinentes d'Elisabeth Chavelet. Ce que l'ancien Premier ministre transmet avec ses réponses qui n'éludent rien, et notamment pas le reproche absurde d'indécision qui lui est trop souvent fait, représente une vision claire, précise, détaillée de ce que notre pays devra engager pour sa sauvegarde et un meilleur destin si François Hollande, en 2017, était amoindri par une absence de résultats et vaincu par une droite respectable à l'issue d'une campagne digne.
Si je suis attentif à l'état de droit et à la justice, c'est à cause du fait que nous sommes particulièrement, les uns et les autres, orientés par nos préoccupations et nos compétences et que les miennes m'entraînent vers l'incarnation d'une République irréprochable, un leurre en 2007 mais, je l'espère, une réalité en 2017. Je regrette - cette grave lacune sera comblée - que François Fillon, dans ses interventions médiatiques, évoque trop peu la Justice alors qu'elle constitue un enjeu fondamental pour notre démocratie. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy l'a démontré avec ses errements et celui commençant de François Hollande le valide avec une incontestable avancée sur le plan de la gestion des affaires signalées et de l'indépendance des parquets.
François Fillon doit d'autant plus consacrer à la réflexion judiciaire le temps et l'intérêt qu'elle mérite - et non pas cette approche superficielle, presque à la limite de la condescendance - qu'elle lui permettra peut-être de réaliser cette inconcevable synthèse jusqu'à aujourd'hui entre le coeur et l'esprit, la fermeté et l'humanité, la police et la magistrature, l'utilité et la sauvegarde sociales d'un côté et la dignité des personnes de l'autre. Cette entreprise de haute volée est plus que jamais nécessaire car elle a sa place entre le laxisme auquel Christiane Taubira donne ses lettres de noblesse et l'empirisme erratique du quinquennat précédent.
Quel catastrophique signal vient d'être donné par Jean-Marc Ayrault - et quel encouragement diffus pour la délinquance et la criminalité - avec la suppression des peines plancher et l'instauration superfétatoire et donc dangereuse à tous points de vue de la peine de probation !
Il serait dramatique pour la droite responsable - François Fillon a raison de vouloir substituer à la précaution stérilisante la responsabilité créatrice - d'abandonner le terrain de la justice à une gauche demeurée toujours aussi naïve et à un conservatisme englué dans un matraquage judiciaire, comme, sur un autre registre, le matraquage fiscal de maintenant.
Un humanisme mais rigoureux, une démocratie sachant se défendre sans se renier, un pays ne tendant pas l'autre joue mais mesuré et lucide dans ses ripostes.
Il y a de quoi faire, espérer, rassembler, gagner.
Rédigé le 30 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (29) | TrackBack (0)
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Non, ce gouvernement n'est pas lâche, sur aucun plan.
Le président de la République, devant nos ambassadeurs réunis, a, dans un discours lucide et responsable consacré notamment à la tragédie syrienne, mis l'accent sur l'alternative, qu'il n'a cessé de développer, entre agir ou ne pas agir, laisser faire ou intervenir, demeurer témoin des massacres ou s'y opposer militairement, le courage ou l'abstention, la France tranquille ou la France solidaire. A ces interrogations si légitimes, une réponse sera donnée à très bref délai (Libération, Le Monde, Le Figaro, Dauphiné Libéré) avec un débat parlementaire sans vote le 4 septembre (BFM TV).
J'ai peur.
"La France est prête à punir ceux qui ont gazé des innocents" et à ne pas laisser impunie l'attaque chimique du 21 août. Elle envisage d'apporter son concours aux Britanniques et aux Américains, fer de lance de cette coalition de l'humanisme international. Elle ne serait pas en première ligne mais après la Libye, avec les résultats désastreux qu'on sait, et le Mali, elle s'engagerait à nouveau dans une aventure en s'assignant une mission morale sûrement mais imprudente peut-être.
J'ai peur.
On s'en prendra à l'ignoble Bachar Al-Assad mais on apportera notre soutien au front de ses adversaires - coalition nationale syrienne et groupes rebelles autonomes - dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'inspire pas plus confiance que le dictateur sanguinaire. Pour sanctionner l'un en nous mêlant, si tardivement, des affaires horribles de ce magnifique pays, ne va-t-on pas abusivement et dangereusement conforter les autres ?
J'ai peur.
Est-il possible d'entraver un processus inouï de terreur et de sauvagerie d'Etat en venant y ajouter l'irruption d'un autre désordre, aussi nécessaire qu'il puisse apparaître pour la fierté éthique de la patrie des droits de l'Homme ?
J'ai peur.
L'Irak, aux quelques-uns qui ont soutenu l'intervention américaine si bien préparée en amont mais si catastrophique en aval, a servi de leçon. Je ne veux plus m'abandonner à ce réflexe de justifier toute action guerrière au prétexte qu'un tyran en sera victime. La Syrie ne serait-elle pas une tentation périlleuse, et sur le même registre que l'irakien, pour tous les jusqu'aux boutistes prêts à faire de la France un gendarme universel au petit pied quand tout appelle notre pays à se créer d'abord puissance et force à l'intérieur de lui-même ?
J'ai peur.
Garder l'arme au pied ne serait pas lâche. Manifester une autorité de feu et de sang en Syrie ne serait pas forcément une absurdité, un cocorico inutile et destructeur. Quand il y a tant de doutes et d'obligatoires hésitations, quand une partie de notre classe politique, à droite et à gauche, s'inquiète ou s'oppose, le message n'est-il pas clairement de remiser l'orgueil national et avec audace de s'abstenir ?
J'ai peur.
Si le président de la République tranche en faveur d'une France dans la coalition, il songera aux risques, aux souffrances, aux tragédies là-bas mais aussi dans nos rangs. Ce n'est pas parce qu'une armée ne craint jamais la guerre et qu'elle est par principe et par vocation courageuse qu'il faut l'exposer à tous les mauvais vents de l'Histoire.
J'ai peur.
Les justiciers créent du danger partout.
Rédigé le 28 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (139) | TrackBack (0)
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Le président de la République, certes, ne fait pas honte à ceux qui l'ont élu à cause de son comportement personnel et de sa pratique du pouvoir. Le fond de sa politique, c'est autre chose !
Le Premier ministre ne cesse de rappeler, tant l'inverse est éclatant, que la seule ligne du gouvernement est de vouloir instaurer une justice à la fois ferme et efficace (France 2).
Mais, quand on a pris acte de cette dignité présidentielle et de cet affichage de rigueur, il y a le reste. Tout le reste.
Ce rapprochement ne regarde que moi mais je n'ai pu m'empêcher de relier ces derniers jours les reniements à répétition faussement habiles de Manuel Valls, le délire des jeunes socialistes éperdus devant Christiane Taubira, le triomphe de celle-ci à La Rochelle, l'annonce de la peine de probation et la mort héroïque, à 61 ans, de Jacques Blondel à la suite d'un vol à main armée à Marignane, dans un bar-tabac, par deux jeunes malfaiteurs dont l'un a tué celui qui avait eu le courage d'intervenir (Le JDD, Le Parisien, Le Figaro).
Une indécence déchirante et scandaleuse entre la réalité d'une société et ses tragédies au quotidien d'une part et de l'autre les jeux politiciens, le laxisme auquel l'idéologie de Christiane Taubira prétend donner ses lettres de noblesse et les applaudissements frénétiques de militants aveuglés.
Il est évident que le garde des Sceaux n'est pas coupable de chaque transgression délictuelle et /ou criminelle. Elle n'est pas embusquée derrière chaque acte odieux, chaque sauvagerie, chaque dysfonctionnement judiciaire mais le climat qu'elle crée par sa politique ou plutôt son absence oralement somptueuse de politique - attendons le 30 août - ne manque pas d'avoir une incidence sur l'inventivité sombre de notre société et de certains de ses membres, tant la faiblesse proclamée, théorisée et approuvée au plus haut niveau facilite la libération des pulsions délétères de citoyens qui s'accommodent fort bien d'une France qui se laisse aller, qui laisse aller.
Comment en effet ne pas s'émouvoir de l'unique préoccupation de la ministre qui est de réduire la surpopulation carcérale au risque, démontré chaque jour, d'amplifier l'insécurité ? Comment les transgresseurs d'aujourd'hui ou de demain, qui ne sont pas tous obtus et engendrés par la désinsertion sociale, seraient-ils retenus d'accomplir le pire quand seule la prison est dénoncée, et ses conséquences néfastes réelles ou fantasmées, mais jamais son utilité et sa triste nécessité affirmées ?
Le problème crucial, en ces temps où, quoi qu'on pense des statistiques, la délinquance et la criminalité ne baissent pas impose non pas d'éviter coûte que coûte l'enfermement à ceux qui le méritent mais au contraire de mettre fin à la scandaleuse inexécution d'au moins 100 000 peines. Si on tient à s'apitoyer avec efficacité, il s'agit au moins en même temps de composer avec cette surpopulation - qui est une donnée incontestable - en tentant par diverses modalités d'y remédier, tout en assurant la sauvegarde des personnes et des biens. La surpopulation ne démontre pas qu'il y a trop de condamnés mais qu'il n'y a pas assez de prisons. Et qu'on me fasse la grâce de ne pas prendre une telle pensée pour une sévérité maladive mais pour un constat lucide.
Ce qui me semble vicier fondamentalement la mansuétude doctrinaire de la garde des Sceaux est le soupçon absurde, implicitement ou explicitement exprimé, qu'une pluralité de possibles, en face des infractions de toutes sortes, est à la disposition des magistrats qui pourraient choisir à tout coup les solutions non carcérales sans offenser l'intérêt social ni sous-estimer la dangerosité de certains parcours de rupture et de violence.
Cette approche si peu fondée est d'autant plus aberrante que notre système judiciaire, gauche et droite confondues, a poussé jusqu'à ses extrêmes limites, voire ses limites insupportables, l'exigence de la répression, notamment avec le recours carcéral, et sa négation immédiate avec les aménagements. Christiane Taubira n'est pas l'initiatrice de cette contradiction entre la fermeté de la décision pénale et, sans attendre, l'indulgence de son exécution. Rachida Dati, le 28 juillet 2008, avait déjà évoqué la prison hors les murs avant de faire voter la loi pénitentiaire, par certains côtés burlesque, du 24 novembre 2009 qui permettait de désavouer sur-le-champ les jugements des tribunaux correctionnels.
La différence considérable entre l'une et l'autre de ces gardes des Sceaux est que la première agissait avec un empirisme dévastateur et sans souci de logique tandis que la seconde se pique de doctrine, de philosophie et de dogmatisme. Dati improvisait avec désinvolture tandis que Taubira prend sans cesse l'air important pour faire illusion. Le flou désordonné puis le flou pédant maintenant.
Maintenant - quelle gloire d'annoncer cela à La Rochelle devant des militants en manque de vraie gauche compassionnelle, abstraite et absolument pas opératoire ! -, Christiane Taubira sort de l'imagination de ses services influencés et de sa Commission du consensus gouvernée, la peine de probation ou "contrainte pénale". Comme si elle faisait un cadeau à la société.
Pour les infractions punies par 5 ans d'emprisonnement au maximum, le tribunal correctionnel pourra ajouter à sa panoplie la peine de probation excluant la prison et prévoyant un encadrement et un soutien pour le prévenu laissé en liberté parmi nous.
Cette sanction, outre qu'elle va encombrer une palette répressive déjà fournie et largement suffisante pour des juges capables d'appréhender la complexité des situations et des mis en cause, la nature de leur profil judiciaire - notamment le sursis avec mise à l'épreuve du même registre -, va obérer encore davantage, sur le plan des moyens humains et matériels, la pénurie des services de l'application des peines.
Celle de probation doit être vraiment inadaptée et impraticable puisque la gauche judiciaire, représentée médiatiquement par Le Monde, en dépit de son inconditionnalité pour la ministre et de son hostilité pour son collègue de l'Intérieur, n'a pas hésité à l'apprécier déjà négativement. C'est dire !
Pour finir, penchons-nous sur le jeune destin - 18 ans - de l'un des deux malfaiteurs, l'autre étant toujours recherché, impliqué dans le vol à main armée et directement ou indirectement dans le meurtre de Jacques Blondel. On a appris qu'il avait été condamné pour une douzaine de délits, notamment pour des vols avec dégradation ou effraction, et à trois reprises par des juges pour enfants. Lors de la perpétration du "braquage", il exécutait une sanction de quatre mois avec sursis probatoire (quasiment la peine de probation !) et avait répondu à la plupart des convocations. Ce contrôle et cette surveillance avaient été aisément compatibles, pour lui, avec l'acte criminel commis avec un jeune inconnu dans l'intervalle de son apparente normalité (nouvelobs.com).
La peine de probation, si elle est adoptée, aura-t-elle cet effet nul et lamentable sur la sécurité de tous et la sauvegarde des commerces ? A force de vouloir éviter la prison même quand elle est nécessaire, va-t-on laisser les citoyens à la discrétion de la seule bonne volonté de tel ou tel, penchant du bon côté ou acharné à récidiver gravement ?
Je ne veux pas voir se multiplier les victimes, les héros comme Jacques Blondel. Dans une démocratie exemplaire, les caractères d'élite et de courage, les civismes admirables renforcent l'action persévérante et efficace de l'Etat.
Ils ne s'y substituent pas.
Rédigé le 26 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (61) | TrackBack (0)
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Les vacances sont un moment magique pour s'abandonner à ce vice recommandable qu'est la lecture.
On n'en abuse jamais et, pour ma part, j'avoue m'être plongé avec délice dans cette surabondance où la vie fictive des autres vous détourne de la réalité triste ou joyeuse de la vôtre. Surtout avec la découverte, grâce à mon épouse, de la tablette Kindle qui rend encore plus aisé et naturel l'exercice. Je croyais avoir besoin des pages qu'on tourne et des livres qu'on tient mais je me suis découvert sur le tard, à mon grand étonnement, une aptitude relative au changement.
J'ai profité des mois de juillet et d'août pour lire plusieurs livres de Françoise Bourdin, une romancière dont j'avais entendu parler grâce à un portrait d'elle dans Libération il y a un ou deux ans.
Elle a commencé à écrire très jeune à l'âge de seize ans puis elle a été jockey. Elle a attendu d'avoir élevé ses enfants pour reprendre son activité de raconteuse d'histoires, pour laquelle elle est si évidemment faite et douée. Après Marc Lévy, Guillaume Musso et Katherine Pancol, elle est, en France, la plus importante vendeuse et il est incontestable qu'elle les dépasse de très loin par le talent, la psychologie et la finesse de l'analyse. Et l'humanité complexe et chaleureuse.
Une légère hésitation m'a saisi devant l'aveu de ce plaisir et de cette appétence, tant Françoise Bourdin demeure une inconnue dont la réussite doit apparaître scandaleuse au cénacle intellectuel et littéraire qui dans la presse écrite et l'audiovisuel fabrique nos goûts et nos dégoûts.
D'abord elle est lue. Et beaucoup lue. J'ai conscience que l'importance de ce succès qui après tout pour un roman ne devrait pas être une tare, la dessert pourtant. Cela est suspect, forcément suspect. Le gros mot est lâché : populaire !
Ensuite, un comble, quand on a commencé ses livres, on ne peut plus les abandonner, ils ne vous tombent pas des mains. La limpidité de son style et la maîtrise de sa technique, la compréhension manifeste qu'elle éprouve pour l'être humain et les ressorts sombres ou lumineux qui l'animent et l'absence totale de vulgarité de ses récits lient le lecteur à ce qu'il a appréhendé du bout de l'esprit avant d'être empoigné et d'accepter sans remords l'enchantement simple, accessible et plus profond qu'il n'y paraît de ses oeuvres.
Certes on devine ses "trucs", ses recettes, notamment avec la clarté de chaque exposition qui met en place et en évidence les éléments sur lesquels le récit va suivre son cours et proposer un dénouement assez facilement prévisible d'emblée. Mais peu importe. Quel romancier n'a pas ses obsessions et sa manière de mettre dans l'écrin de son imagination les éléments que son expérience lui a prodigués ?
Pourquoi ce mépris, en tout cas cette dérision sarcastique à l'égard de cette littérature et de cet écrivain noblement populaire ?
Sans doute parce qu'elles ne confrontent pas le lecteur à des mystères inutiles, qu'elles fuient les obscurités artificielles et qu'elles se servent du langage non pas comme objet d'étude mais comme moyen privilégié de communication et d'expression. Elles ne se haussent pas du col et ne prétendent pas être Marcel Proust contrairement à certains qui ne sont pas loin de croire qu'ils l'imitent en le dépassant. Parce qu'elles acceptent de s'offrir avec une modestie non feinte et sont heureuses de la joie qu'elles procurent. Elles préfèrent un lecteur ravi à un lecteur exsangue, épuisé.
Les auteurs qui vendent plus qu'elle ont cette touche de modernité vulgaire, de collusion médiocre avec l'air du temps et de singularité, de provocation narrative qui attirent le chaland plus intrigué par le clinquant et la médiatisation injuste que par la retenue sobre et raffinée.
Jamais Le Monde des livres ne consacrera un article à un roman de Françoise Bourdin. Ce serait déchoir. Jean Birnbaum s'étoufferait à l'idée de devoir traiter d'un auteur aussi stupidement lu et célébré. Libération n'ira jamais au-delà du portrait. Même si Françoise Bourdin s'efforçait d'instiller de l'hermétisme et de glorifier l'homosexualité, cela, je le crains, ne suffirait pas. Télérama, pour sa part, lui reprocherait un manque d'ennui distingué et de n'avoir pas su porter sur ses épaules le monde déshérité et douloureux d'aujourd'hui.
Le drame central, pour elle, est qu'elle soit évidemment trop lue. Elle n'y peut rien. Dur de devenir un écrivain maudit. Elle devrait perdre ses qualités de romancière et s'inventer des défauts sulfureux et un tantinet nauséabonds.
Un jour peut-être, je l'espère pour sa réputation médiatique, Françoise Bourdin connaîtra l'insuccès.
Rédigé le 24 août 2013 dans Actualité, Livres, Société | Lien permanent | Commentaires (25) | TrackBack (0)
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Manuel Valls est à la fois remarquable et décevant.
Bien avant la primaire socialiste pour l'élection présidentielle, on n'ignorait pas que grâce à lui on aurait l'avantage d'un socialisme de la vérité plutôt que de la vérité d'un socialisme avec tout ce qu'elle impliquerait d'idéalisme et de dogmatisme mêlés. Il y avait déjà, latente, invisible, l'opposition à venir entre lui et une Christiane Taubira.
Omniprésent et rigoureux lors de la campagne victorieuse de François Hollande, il était attendu, espéré comme ministre de l'Intérieur et, pour ma part, je continue à penser que, dans ses actions et ses propos, non seulement il n'a pas déçu mais qu'il est parvenu à porter haut et clair l'affirmation d'un réalisme non cynique et et d'un pragmatisme tentant au mieux de concilier efficacité et humanisme, le coeur et les mains si j'ose dire.
Le reproche qui lui a été souvent fait de "faire" du sarkozysme est absurde. D'une part le bilan de Nicolas Sarkozy comme ministre de l'Intérieur à deux reprises n'a pas été à ce point brillant qu'il puisse servir de modèle et constituer un terreau à partir duquel il aurait fallu forcément concevoir ses entreprises. D'autre part, la structure même du ministère de la Place Beauvau conduit son titulaire à multiplier les interventions, les déplacements et les prises de position.
L'essentiel n'est pas dans la forme de l'action mais dans le fond, dans le contenu de l'action elle-même et dans la substance des discours et des explications qui l'accompagnent, dans le climat qui l'entoure. Sur ce plan, rien à voir entre entre l'exacerbation agitée de Sarkozy et le volontarisme pugnace mais maîtrisé de Valls.
Puis-je soutenir que je suis rassuré quand j'entends ou je lis les contradictions que les adversaires de Manuel Valls prétendent lui opposer ?
Pour Razzy Hammadi, "Manuel Valls ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie" (Libération). Alors que c'est exactement l'inverse. C'est en les faisant entrer dans le débat socialiste, grâce à sa force d'argumentation et au nom de convictions déjà anciennes, que le ministre console ceux qui en ont assez du seul ciel idéal des principes pour compenser la dureté de situations sociales et transgressives, et pas seulement à Marseille. Manuel Valls oblige à un retour au réel pour mieux le transformer une fois qu'il est connu et analysé sans fard. Dur pour les éthérés de rejoindre la terre.
Cécile Duflot et les écologistes se vantent, par ailleurs, d'être très hostiles aux conceptions et à la politique de sécurité et de justice de Manuel Valls. Mais j'ai beau apprécier la première, je ne suis pas étonné que son ignorance de ces problèmes et son rousseauisme superficiel lui fassent prendre parti en faveur de Christiane Taubira. Les poncifs pénitentiaires qu'elle égrène quand elle se pique de se mêler de de ce qui n'est pas son champ de compétence sont navrants (Libération).
Je sais bien aussi qu'on dit le président de la République agacé par l'éclat médiatique et la surabondance ostensible de ce ministre. Mais François Hollande est trop fin pour ne pas vite recouvrer son calme. Il ne peut pas se permettre de perdre à nouveau un ministre brillant alors qu'il a déjà dû se séparer heureusement de Jérôme Cahuzac, malhonnête homme mais professionnel redoutable et avisé.
Le président de la République aurait d'autant moins de justification de s'en prendre, fût-ce du bout de son ironie ou de sa causticité, à Manuel Valls que ce dernier - c'est ce que je lui reproche fondamentalement - ne sort pas d'une Valls hésitation à la longue épuisante pour ceux qui rêvaient de lui voir non seulement une compétence et une excellence ministérielles - elles ont été démontrées - mais un caractère et un courage politiques - on les attend. Tout recadrage présidentiel est inutile puisque Manuel Valls anticipe et se replie.
On va taxer d'immature mon grief en me traitant de naïf ignorant des subtilités de la solidarité gouvernementale, des aléas de la politique politicienne et de la construction d'un destin présidentiel, le moment venu, qui impose des silences, des abstentions, des lâchetés et des rétractations.
Mais tout de même !
Alors qu'il a marqué au fer rouge l'antagonisme fondamental - une vraie fracture au sein de la gauche - entre Christiane Taubira et lui-même en prenant la peine de le formaliser dans un courrier au président de la République, à peine l'orage levé, au lieu de l'exploiter et d'en tirer profit pour son avenir et son identité, il rebrousse chemin, affiche une réconciliation ostensible avec le garde des Sceaux et rentre dans le rang avec une flatterie tactique à l'égard du gouvernement et du président qui trancheront. Je regrette que Manuel Valls propose des avancées, formule des provocations et proclame sa singularité puis qu'il nous contraigne à les tenir pour rien puisque chaque lendemain détruit les fulgurances nécessaires de la veille.
Il a jeté, paraît-il, "un froid polaire" lors du séminaire gouvernemental consacré à cet avenir consolant arrêté en 2025 en évoquant nettement et sans complaisance les risques futurs de l'islam, de l'immigration, si on laissait faire, et les limites du regroupement familial (Le Parisien). Quel bonheur de lire cela pour tous les adeptes, dans notre démocratie, d'une gauche plausible et opératoire, ne se cachant pas derrière ses valeurs qui ne s'usent jamais car trop rarement confrontées à la vie collective et à l'inventivité sociale avec ses effets déplorables.
Mais, à peine l'information dévoilée, Manuel Valls l'a occultée, en a amoindri les conséquences roboratives en déclarant n'avoir jamais parlé du regroupement familial lors de cette réunion gouvernementale. Son intelligence et son intégrité l'incitent à la vérité mais son sens politique, croit-il, lui impose le devoir de la dissimuler ou de l'atténuer. Ses avancées de lucidité sont altérées par ses reculs de manoeuvrier.
Pire que tout, les interventions de Manuel Valls, notamment devant les socialistes réunis pour juger de sa conformité à la ligne, ont viré au désastre parce que Christiane Taubira, infiniment plus fine que lui, a obtenu un accueil de star, délirant d'enthousiasme, en flattant les jeunes socialistes dans le sens du poil idéologique et irresponsable et en recueillant une embrassade de son amie Martine Aubry présente et silencieuse à la fois (JDD).
Ne cédant rien au ministre de l'Intérieur, elle a rétrospectivement rendu dérisoires et décalées les protestations de socialisme de ce dernier, son affirmation enflammée sur son appartenance à la gauche et quasiment sa rétractation sur ses propos lucides sur l'islam et l'immigration tenus quelques jours auparavant. Il poussait même le masochisme lors de cette séance de repentance jusqu'à rendre hommage au garde des Sceaux qui elle-même se gardait bien de lui rendre la pareille.
Christiane Taubira a peut-être commis une seule erreur résultant directement de sa certitude de se trouver en terrain conquis à La Rochelle, victorieuse sans avoir été obligée de livrer bataille, son adversaire apparent ayant jeté l'éponge par cette étrange manie, chez lui, de manquer d'audace et de ne jamais oser franchir à temps la ligne d'avantage.Trop préoccupé par la ligne socialiste. La ministre a annoncé ses projets comme si l'arbitrage prévu le 30 août avait déjà été rendu et qu'elle était assurée de l'avoir remporté. Certes, le Premier ministre a rectifié cette arrogance prématurée mais j'espère qu'il n'oubliera pas cette désinvolture si persuadée de son triomphe à venir.
Si Manuel Valls continue sur ce registre, il est clair qu'on ne pourra plus jamais compter sur lui pour opposer la réalité à sa collègue éprise d'elle-même et de ses fantasmes. Mon seul espoir réside en André Vallini qui, pour être à l'extérieur du gouvernement, développe librement une vision de la sécurité et de la justice dont notre garde des Sceaux aurait dû s'inspirer.
Je serais désolé si cette Valls hésitation, ces contritions systématiques, en définitive le réduisaient sur les deux plans, celui du socialisme de la vérité et celui de Manuel Valls espoir pour une autre gauche.
Demain.
Rédigé le 22 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (64) | TrackBack (0)
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Ceux qui se sont moqué du séminaire gouvernemental réuni pour débattre de la France en 2025, après remise des devoirs de vacances, sont pardonnables.
Difficile, en effet, de ne pas imaginer que ce futur sur lequel les ministres avaient été conviés à réfléchir avait pour principale utilité de sortir l'action politique du champ étroit d'aujourd'hui, avec ses limites et ses impuissances, et de lui offrir les grands espaces improbables de demain (Le Monde, Le Figaro).
On a pu lire les copies et, si elles n'ont pas été éblouissantes, cela tenait d'abord au fait que l'exercice en lui-même était absurde pour des responsables englués dans le présent. De surcroît il était extrêmement compliqué à réaliser sur un plan technique car confronté à la seule alternative de la platitude pauvre en esprit ou du paradisiaque.
Cette seconde branche a naturellement été davantage adoptée que l'autre, tant le vagabondage de l'invention, avec l'obligation de voir tout en rose, procurait à l'évidence un vif bonheur aux soutiers de la politique au quotidien.
Pour Christiane Taubira, il a été clair que "les idées ont été les succédanés des chagrins", selon la belle formule de Marcel Proust, et que l'idyllique de 2025 a servi à occulter le médiocre de 2013.
Ce n'était pourtant pas fatal et on aurait pu concevoir une alliance, dans la démarche intellectuelle de chaque ministre, d'un réalisme prospectif avec un volontarisme optimiste. On pouvait sortir de la rudesse des comptes sans tomber dans le conte de fées.
Un événement dramatique à Marseille - un infirmier agressé par un trio venu à l'hôpital pour faire soigner l'un de ses membres blessé - me semble constituer le signe éclatant, et à ma connaissance inédit, d'un délitement, d'un délabrement social et de dérives personnelles qui, venant s'ajouter aux mille aléas que la vie urbaine et la dégradation de l'éthique ne cessent de secréter chaque jour en France, dessinent de notre pays une image plus que préoccupante : quasi sauvage, en tout cas suffisamment équivoque pour qu'on soit contraint de se dire qu'il y a "quelque chose de pourri" dans notre savoir-vivre collectif (France 2).
Le pire est qu'on va sans doute, comme il est de règle, diligenter une enquête, elle a d'ailleurs déjà permis d'interpeller un jeune homme qui a refusé de donner l'identité de ses camarades (France 2) puis un deuxième. S'ils sont convaincus d'avoir frappé, ils seront condamnés ; mais la répression de chacune des transgressions qui manifestent globalement la descente aux enfers de notre pays et l'irrésistible poussée des actes imprévisibles, violents et offensant les zones et les services qu'on pensait intouchables - pompiers, médecins, infirmiers... - n'aura aucun effet pour rompre le cycle de cette malfaisance qui accorde le discrédit des valeurs, l'absence de respect, le culte de la force et l'urgence narcissique - n'ayant plus, la plupart du temps, à affronter des autorités institutionnelles qui ont failli ou baissé pavillon.
Alors on réclame des fonctionnaires de police dans chaque sanctuaire devenu une foire d'empoigne, dans chaque service dégradé en menace permanente.
On ne sait pas quoi faire avec ce gouffre qui s'élargit dans notre société et risque de la briser net, tant ses repères brisés et ses codes bafoués la font mourir à petit feu.
Quelle politique, quelle République, quels courages, quelle lucidité sauront exister pour que cette évolution terrible qui constitue nos lieux familiers en lieux de combat soit freinée, mieux, pour qu'elle soit remplacée par une démocratie de l'éducation, de la proximité et de l'urbanité ?
Parce que ce présent angoissant est insoluble, on embrasse un avenir rêvé.
J'aurais plus d'admiration pour les héros capables d'empoigner le premier que pour les illusionnistes se berçant avec le second.
Rédigé le 20 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (71) | TrackBack (0)
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Il en a fallu du temps !
Pourquoi, d'ailleurs, avoir dû attendre le 16 août, soit quinze mois après la défaite de Nicolas Sarkozy, pour que Jean-François Copé juge nécessaire, avant la mi-octobre, "un débat sérieux et objectif" sur le quinquennat écoulé ?
Le paradoxe était en effet que cet échec grave, malgré une fin de campagne plus que racoleuse, n'ait pas entraîné tout de suite une analyse, un bilan, un droit d'inventaire ? Quand on perd et qu'on reçoit un héritage grevé, on constate, on examine, on exclut.
Pourtant, au fil des mois, des voix se sont élevées dont il faut considérer qu'à cause de l'ambiance caporaliste diffusée par Sarkozy et validée par Copé, elles étaient courageuses et lucides. Elles méritent d'être toutes citées parce qu'un jour, elles seront l'avant garde, l'honneur d'une droite rénovée.
Jean-Pierre Raffarin, Luc Chatel, Xavier Bertrand, Hervé Mariton, François Fillon, Eric Ciotti, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Gérald Darmanin, Patrick Devedjian, à un degré moindre Pierre Lellouche et Philippe Marini, sur un mode plus discutable mais la première, Roselyne Bachelot. Dans le désordre.
Si Jean-François Copé a tant tardé à admettre l'inéluctable tient au fait que sa complicité intéressée avec Sarkozy fondée sur une répartition des rôles dans le futur l'a conduit à bloquer, à verrouiller un dispositif en espérant qu'il tiendrait tant bien que mal jusqu'à la primaire de l'UMP en 2016. Aucune autre tête virtuellement menaçante ne devait émerger.
Pour ce faire, contre tout bon sens, Copé, pour complaire à son maître - à force d'être qualifié de clone de Sarko, il a fini par y croire !- a d'abord prétendu que le vaincu avait un droit naturel à se représenter et qu'il ne devait être soumis à aucune joute interne. Puis, sous des pressions diverses dont celle essentielle de François Fillon, Copé a consenti à l'instauration du système de la primaire. Et le 16 août, il a formulé la proposition d'un débat "sérieux et objectif" (Le Monde, Le Figaro).
L'accouchement a été lent.
Pourtant, s'il n'y avait pas eu l'emprise délétère de Nicolas Sarkozy encore sur l'UMP grâce à lui, ce n'est pas la qualité des opposants au droit d'inventaire qui pouvait le retenir d'adopter cette démarche naturelle.
En effet, parmi les adversaires, il y a les inconditionnels de Sarkozy qui ont eu cette facilité, ce confort de ne rien apprendre et de tout oublier. Les duettistes Geoffroy Didier et Guillaume Peltier créateurs de la Droite forte (plutôt bête!), Brice Hortefeux jamais en retard d'un poncif, Nadine Morano tellement appréciée pour sa mesure! et le sénateur Karoutchi écoutant Copé pour savoir ce qu'il peut dire : le débat sérieux et objectif mais pas de droit d'inventaire ! C'est tout et ce n'est pas brillant (20 minutes).
Il est évident que derrière le refus si longtemps affiché de ce bilan critique, il y bien davantage que la volonté de ne pas se regarder "le nombril" ou de ne pas tomber dans "l'auto flagellation" ou de fuir "les procès personnels". Il y a la certitude qu'il sera très difficile, une fois la machine lancée, de l'arrêter. Une parole collective qu'on libère sur un passé proche, des intelligences longtemps murées qu'on invite à analyser, à dénoncer et à proposer, nul ne peut prévoir si l'une et les autres ne dépasseront pas les limites permises - celles du débat sérieux et objectif - pour s'engager dans les territoires sombres et dangereux du droit d'inventaire. Certes, on aura toute licence pour vanter les acquis et les réussites du quinquennat et il y a eu des lumières évidemment. Mais attention à ne pas surestimer les ombres et les déceptions. Il faudra raison garder et inconditionnalité conserver (JDD).
"Le débat sérieux et objectif" enfin accepté par Copé - il est exclu qu'il l'ait évoqué sans en référer - va constituer une tentative désespérée pour éviter que la bonde lâche et que le quinquennat soit disséqué au scalpel.
Car le risque est là. Comment s'arrêter à une politique, à ses méthodes, à ses avancées mais aussi à ses défaillances et ne pas mettre en cause aussi la pratique présidentielle de Sarkozy et, plus profondément, sa personne elle-même ? Car il n'est personne qui ignore - mêmes les plus obtus à l'UMP - que la défaite de Sarkozy, si elle a eu des causes classiques - les impuissances, les reniements et les compromis - relatives à la gestion de notre pays et à son rôle international, a surtout été causée par une désaffection radicale à l'égard de ce président et de son comportement public et privé.
Les Français ont bien plus quitté un homme qu'une politique. Ils ont bien plus choisi un autre président qu'adopté le socialisme.
Si, pour jouer les belles âmes ou par sauvegarde, on se prive des "procès personnels", on se prive de tout. En tout cas d'un débat digne de ce nom. Le sérieux et l'objectif du débat ne seront pour Sarkozy et ses séides qu'une fermeture dissimulée derrière une concession. Pourtant, il ne s'agira pas non plus de se plonger dans les 20 ans d'affaires de l'ère Sarkozy, de 1993 à 2013 (Mediapart). Mais de brasser ensemble les actions, les abstentions, les provocations, les aberrations et les transgressions, le politique et le président, l'officiel et l'intime qui y a été souvent trop lié.
Jean-François Copé contraint et forcé a cru tout de même bien jouer en impliquant François Fillon dans la cause puisqu'il a affirmé "son intention de veiller à ce que le débat ne vire pas au procès contre Nicolas Sarkozy et François Fillon". Avec cette subtilité trop adroite, il s'imagine pouvoir ligoter ce dernier et ses partisans en leur faisant craindre un naufrage collectif plus qu'un désastre exclusivement sarkozyste.
C'est oublier que François Fillon va se présenter à la primaire de 2016 et qu'on ne saurait imputer à l'ancien Premier ministre une quelconque responsabilité dans les choix fondamentaux du quinquennat, ses foucades et ses aveuglements. L'omniprésence agitée et souvent erratique de Nicolas Sarkozy sur tout et pour tout rendrait injuste un droit d'inventaire s'exerçant à l'encontre des deux alors que l'un a eu le pouvoir et l'autre l'exécution et l'obéissance.
Celui qui a le mieux défini ce que devra être ce débat élargi ou ce droit d'inventaire est - ce n'est pas surprenant - Patrick Devedjian qui a prôné, plus que le sérieux et l'objectivité, la vérité. Il est quasiment le seul à avoir eu le courage, dans le camp de la majorité d'alors, à faire valoir ses réserves et ses oppositions. Donc il devrait être plus écouté que les autres.
J'aime qu'il propose, pour cette entreprise à la fois de satisfaction ici et de dénonciation là, un débat extérieur à l'UMP, même avec des personnalités de gauche (RTL, France 2).
Je ne vois pas en effet au nom de quoi, à droite, seuls ceux qui ont validé et légitimé les errements du quinquennat seraient fondés à s'exprimer. En tout cas, on ne pourra faire l'impasse sur les enthousiastes du candidat de 2007 et qui n'ont cessé d'alerter durant cinq ans. J'en suis. S'ils ont dû voter François Hollande, ce n'est pas grâce à lui mais à cause d'une droite qui avait été défigurée par son prédécesseur avec notamment un état de droit en miettes et une justice aux ordres. Si, à ce forum d'avant la mi-octobre, tous sont conviés qui auront à critiquer pour hier et à espérer pour demain, ce droit d'inventaire tiendra ses promesses. Sinon, sérieux et objectif pour ne pas dire indolore, incolore et sans saveur, il ressemblera trop à un droit de se taire.
Du côté de l'UMP, on s'est précisément tu trop longtemps. Avec elle, les conseillers, même les plus républicains, le Premier ministre et les ministres.
Et, conséquence, le socialisme, avec François Hollande, sera là au moins jusqu'en 2017.
Rédigé le 18 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (36) | TrackBack (0)
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Je n'étais pas de vos amis proches - en aviez-vous d'intimes ? - mais à chaque rencontre professionnelle ou festive, vous avez toujours fait preuve à mon égard d'une sympathie à la fois affectueuse et ironique comme si mon enthousiasme et mes questions vous amusaient mais que mon admiration non convenue vous touchait.
Hier, à 88 ans, vous nous avez quittés (Le Monde).
Est-il malséant d'imaginer votre sourire de vieux sage devant les démonstrations, hommages et tristesses, qui vont accompagner votre disparition, tant la finitude de notre condition humaine, sans le secours, pour vous, d'aucune consolation, vous était sensible mais ne vous désespérait pas ? Le courage était d'accepter l'inéluctable la tête haute et l'esprit lucide. Etre homme, c'était d'abord damer le pion au destin en feignant de choisir ce à quoi il nous soumettait.
Mes interrogations, parce que votre personnalité et ses mystères me passionnaient, vous les écoutiez avec beaucoup d'attention mais votre politesse exquise et votre intelligence exceptionnelle les éludaient de sorte que, loin de dissiper les ombres, les échanges avec vous les amplifiaient et que nous sortions heureux des moments où nous avions trouvé votre être clos comme on se heurte à une porte close.
Vous avez su si bien endosser tant de rôles et, au risque d'offenser votre mémoire, je suis persuadé, malgré les apparences, que votre préféré n'était pas celui de l'avocat. Ce n'est pas dire que vous n'avez pas somptueusement réussi dans l'exercice de cette mission de sauvegarde qui vous a contraint à affronter, il y a longtemps, l'angoisse et la peur face aux peines de mort requises et, par la suite, tant de douleurs, de tragédies et de causes équivoques. Vous êtes l'inventeur de la défense de rupture qui consiste à dénier à une juridiction le droit de vous juger et, plus banalement, à sombrer avec les honneurs.
Vous avez si bien représenté l'avocat dans son essence pour beaucoup de jeunes gens que, comme pour Libération plébiscité par les apprentis journalistes malgré ses défauts, vous étiez, et de loin, la figure la plus vantée et un modèle incontestable. Gare à qui aurait osé émettre le moindre bémol sur ce plan !
Je me souviens qu'au cours de votre période de gloire judiciaire, quand Jacques Vergès occupait toutes les têtes, celles qui le récusaient comme celles qui ne juraient que par lui, il suffisait que les médias annoncent que vous aviez été choisi par tel ou tel client pour qu'immédiatement naisse, comme par enchantement, le sentiment que le procès était gagné. Votre nom, et les portes de la vérité et de la justice s'ouvraient. Je ne suis pas sûr que vous n'ayez pas gardé, de cette époque éblouissante, la certitude réconfortante que vous étiez irremplaçable.
Vous avez, avec une intuition géniale, perçu aussi que les causes désespérées étaient évidemment les plus belles, non seulement parce qu'elles plaçaient l'avocat au centre d'un univers qui faisait de lui le seul recours, l'humain dont un autre humain accusé avait absolument besoin, mais surtout en raison du fait qu'ingagnables, elles n'apposaient jamais sur la défense le sceau d'un décret négatif. Désespérées, on ne pouvait que succomber à leur emprise. Grâce à elles et à leur caractère inéluctable, vous n'étiez jamais jugé. Votre présence à elle seule était déjà un exploit. En ce sens, et en bonne logique, pour ces joutes emblématiques où la peine n'attendait que d'être prononcée, vous avez plus promis que tenu. Vous ne pouviez faire autrement.
Surtout, en dépit de vos propos et de vos pages magnifiques sur le rituel et l'esthétique du procès, il m'est souvent apparu que l'essentiel consistait, en certaines circonstances, à faire l'impasse sur la séquence judiciaire pour exploiter - avec quel talent et quelle manipulation - les médias tout enivrés à l'idée de se voir proposer un faux procès à la place du vrai. Vous avez perçu, sans vous retenir, que le judiciaire d'aujourd'hui, le spectacle total dont vous rêviez, était indissociable de ses représentations et polémiques spectaculaires, des paradoxes, révélations prétendues, scandales et outrances qui reléguaient le débat de fond au profit d'une histoire de rechange imprégnée d'imaginaire mais contée par un maître.
On vous décrit comme un homme de passion. Pourquoi pas ? On vous qualifie de provocateur ? Sans doute. Même si, à la longue, votre souci de l'être aurait paradoxalement pu faire de vous une sorte de conformiste de la transgression et de l'audace. Rien, à l'évidence, ne vous aurait plus déplu que de n'être plus seul avec une aura sulfureuse mais de vous trouver englué dans une multitude d'atypiques. Il me semble qu'avec une infinie finesse vous vous êtes tenu sur ce fil séparant la bêtise univoque de la pensée intempestive et vulgaire. Vous étiez trop délicat pour ressembler à tous les Vergès du pauvre qui vous ont si médiocrement imité.
S'il fallait vous définir - quelle horreur que cet enfermement même causé par l'empathie pour la liberté faite homme ! -, je vous aurais qualifié à coup sûr d'esthète mais surtout de joueur.
Dans le jeu qui vous concerne, il y a tout, la vie, la justice, la sensualité de l'existence, la culture, les livres, les dialogues, l'amour, l'agilité et le choc des idées, le goût de l'affrontement et le culte des dissidents d'où qu'ils soient, d'où qu'ils viennent - vous étiez le meilleur ami de l'incomparable et anticonformiste avocat Bernard Prévost -, le tragique jamais trop pris au sérieux, l'apologie jamais lassée de la violence et du terrorisme, le futile sublimé, la gastronomie célébrée, le refus de la lourdeur, de la pesanteur, la haine de ceux qui se prenaient pour des institutions, les importants, les corsetés et les décorés, les maniaques de l'idéologie, les contempteurs du relativisme, les entêtés, les trop convaincus.
Le jeu, c'était la légèreté incomparable de celui qui n'a jamais rien à perdre. Et qui jour après jour décline le "dur métier de vivre" à sa manière souriante et pleine d'allure. Jacques Vergès, avec noblesse, vous ne teniez rien tant qu'à vous-même. Vous en avez profité. Et joué de toutes les palettes que vos dons et votre destinée avaient mis à votre disposition.
Jacques Vergès, vous êtes mort comme cela. Nettement. Dans un arrêt royal du coeur.
Vous avez été bien plus.
Bien plus qu'un avocat. Un mythe politique, judiciaire, médiatique. Un homme de théâtre. Une vedette. Beaucoup de lumière mais des mystères pour faire sens. Mettre de la dignité là où l'éclat aurait été trop vif.
Mon cher Jacques, quel diable d'avocat vous fûtes !
Rédigé le 16 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (95) | TrackBack (0)
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Petit appendice à une querelle de fond qui n'était pas médiocre et qu'on s'acharne à banaliser au lieu de l'affronter et d'en tirer les conséquences.
Serait-ce typique du comportement présidentiel de François Hollande ?
En tout cas, le Premier ministre a bien appris de son maître avec sa réaction face à l'antagonisme sérieux entre Christiane Taubira et Manuel Valls.
Ce dernier conscient du fait qu'on ne lui demande surtout pas de révéler les problèmes - plus aucune excuse, alors, pour ne pas tenter de les résoudre ! - a usé, déjà, de l'argument classique sur la richesse du débat qui sera tranché en définitive par le Président et le Premier ministre. C'est un peu pauvre après le courrier si vivement pertinent adressé par le ministre au président de la République. A l'insu du garde des Sceaux.
François Hollande est, paraît-il, furieux d'avoir vu sa mobilité ostensible de la période estivale dégradée par ce couac entre deux ministres qui voudraient l'obliger à choisir l'un ou l'autre alors qu'il passe son temps à tenter des synthèses impossibles entre l'eau et le feu (Le Canard enchaîné).
Mais que dire de Jean-Marc Ayrault qui croit avoir apaisé un conflit alors qu'il n'a fait qu'ajouter à l'ambiguïté ?
En effet, il déclare à la fois qu'il n'y a qu'une ligne au gouvernement - alors que tout démontre, pour la sécurité et la Justice, qu'il y en a au moins deux - et qu'une "justice ferme et efficace" est en chantier (20 minutes).
Ou il n'a pas lu le projet de loi concocté par la ministre et ses services ou, à sa manière, il prend ouvertement parti pour Manuel Valls.
Tant la fermeté et l'efficacité d'une politique pénale - avec l'improbable peine de probation (Le Monde) - ne constituent pas la préoccupation fondamentale de Christiane Taubira.
Faut-il plus tristement conclure, au grand dam des citoyens de gauche comme de droite, que la seule ligne tangible et indiscutable de ce Pouvoir est la ligne de fuite ?
Rédigé le 15 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (33) | TrackBack (0)
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L'antagonisme entre Christiane Taubira et Manuel Valls n'est pas né aujourd'hui.
S'il s'est révélé de manière éclatante avec le courrier adressé par le ministre de l'Intérieur au président de la République pour exposer leurs divergences, il a frappé d'autant plus certains esprits que ces deux personnalités ont tenté longtemps, derrière une solidarité et une cordialité apparentes, de dissimuler le conflit qui les opposait et qui tenait à l'évidence autant à leur être qu'à leur vision de la politique, de la sécurité et de la Justice (Le Monde).
Ce n'est pas le commentaire lénifiant du Premier ministre cherchant à banaliser ce qui ne l'était pas et à minimiser la portée d'une querelle de fond essentielle qui va apaiser l'effervescence. Une polémique qui va bien au-delà des disputes dont le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et lui-même ont été accablés au moins durant les premiers mois (France 2). Manuel Valls lui-même aura du mal, par la référence usée au débat nécessaire, à atténuer l'ampleur des désaccords (20 minutes).
Elle manifeste, en effet, qu'une faute grave a été commise initialement dans le choix des ministres et qu'il était absurde, au nom d'une conception intégriste de la parité, de nommer Christiane Taubira garde des Sceaux, avec ce qu'on savait d'elle, son intelligence mais aussi son idéologie même fleurie par les citations des poètes, aux côtés d'un Manuel Valls qui s'obstinait avec succès à enseigner à ses camarades socialistes que le réel existait. Alors que le président de la République, impardonnable, ne pouvait pas se défausser en prétendant ignorer l'homme qu'il fallait à ce poste puisqu'il l'avait sous l'esprit et la fidélité et qu'il s'agissait d'André Vallini.
Dès l'origine, a été ainsi mis en place un dispositif lourd de menaces pour la cohérence gouvernementale et la philosophie pénale avec un ministre épris d'action et un obsédée par le verbe, avec l'un plus soucieux d'innover, de construire et de se projeter, de l'avenir que du passé, et l'autre acharnée à défaire, à théoriser, à donner des leçons, à déplorer. Avec Manuel Valls lassé des comparaisons avec Nicolas Sarkozy et inventant au jour le jour une autre manière d'être ministre de l'Intérieur et Christiane Taubira toute de mansuétude doctrinaire et vindicative, ayant érigé son rôle en gardienne de la parole et en consolatrice du socialisme contraint de perdre, plume après plume, ses illusions.
Valls plonge les socialistes dans la vérité et Taubira continue à leur promettre du rêve. De sorte que le premier a déjà un bilan quand la seconde a pour seul capital un lot de déceptions. Elles tiennent au fait que son verbe peut faire beaucoup mais n'est pas susceptible de créer ni de peser sur la matérialité et que la ministre s'est aliénée la droite et la gauche judiciaires alors que les deux, lors de l'élection de François Hollande, dans un registre différent, espéraient du nouveau pouvoir.
L'étonnant est que ce désappointement n'a pas été suscité par une politique pénale mais par une absence de politique qui apparemment peut séduire un président de la République.
A ce que j'ai cru comprendre, Manuel Valls, en s'adressant au président de la République, a évoqué le problème des peines plancher - qu'il faut absolument conserver alors que sa collègue traîne mais affiche sa volonté de les supprimer - et le projet de loi de la Chancellerie résultant de cette risible Commission de consensus pour prévenir la récidive, qui s'est bien gardée du pluralisme. Etat des prisons, surpopulation, constructions à décider, récidive qui ne naît pas de l'enfermement, angélisme en chambre, exécution des peines laxiste ; autant de questions qui interpellent les bonnes âmes (nouvelobs.com).
Il me semble que j'ai fait preuve de beaucoup d'indulgence à l'égard du ministre de la Justice en lui faisant l'honneur d'un antagonisme entre sa vision et celle du ministre de l'Intérieur. Pour elle, je vois une ligne - un humanisme doctrinaire - sans le moindre effet concret sur la réalité des prisons, des juridictions et de l'exécution des peines et pour Manuel Valls, il est facile de mesurer l'ampleur et l'intensité de ses entreprises. Et c'est parce que Christiane Taubira n'accomplit pas sa mission que Valls déborde en quelque sorte de la sienne.
J'en veux beaucoup au président de la République. Sur le fond, il y a longtemps qu'il a quitté les territoires enchantés de la naïveté. Il sait évidemment que Manuel Valls voit et agit juste, même s'il est certainement agacé par l'omniprésence de celui-ci. Il n'a pas l'ombre d'un doute sur la vacuité ministérielle de Christiane Taubira mais il a été ravi de la voir auréolée par le débat parlementaire sur le mariage pour tous, se réjouit de sa pugnacité face à la droite et la félicite d'avoir réduit ses vacances. Il est clair que le président de la République a soutenu Taubira jusqu'à aujourd'hui pour des motifs extrinsèques à la substance de sa mission ministérielle. Elle lui fait de l'effet même si elle ne fait rien.
Manuel Valls a appréhendé cette complicité intellectuelle et politique avec le président de la République. Il perçoit qu'il y a là un soutien, une approbation qui lui sont acquis non pas par opportunisme ou esprit partisan mais à cause de la similitude de leur point de vue sur la sécurité et la Justice.
Taubira, en sa qualité de ministre à proprement parler, ne lui crée que des ennuis, des incommodités, des équivoques. Elle brouille comme à plaisir le message. A mesurer le nombre de controverses qui l'impliquent, on penserait presque qu'elle a en charge le ministère de la Justice ! Il serait peut-être opportun, elle qui n'en souhaite pas, de lui prouver qu'il y a un patron !
Il faut choisir, monsieur le Président. Deux fers au feu, certes, mais si l'un est opératoire et l'autre médiocre ? Sortez de votre habileté, sachez hiérarchiser, ne confondez pas les joutes sectaires avec une véritable politique, réparez votre erreur initiale, Valls et Taubira étant incompatibles, votre pouvoir risquant d'en pâtir, la société assurée d'en souffrir, l'insatisfaction globale vous alertant, n'attendez pas des années pour remplacer Christiane Taubira. Vous avez, en ces temps difficiles, davantage besoin d'une compétence incontestable que d'un éclat superficiel, d'actes que de mots. Avec le renvoi de Delphine Batho, vous avez déjà mis à mal la parité. Continuez !
Un agresseur, à deux reprises, à une heure d'intervalle, a violé, fait souffrir. Il se trouvait en semi-liberté. L'alternative est simple : une justice qu'on désarme et une démocratie qui se laisse faire ou un humanisme efficace et de sauvegarde ?
Monsieur le président, vous aimez les petits calculs même si c'est au détriment des grandes causes. Mais là, il y a de votre honneur et de votre crédibilité.
Il faut clairement choisir entre Manuel Valls et Christiane Taubira.
Rédigé le 14 août 2013 dans Actualité, Justice, Musique, Société | Lien permanent | Commentaires (50) | TrackBack (0)
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Antoine Compagnon a écrit "Un été avec Montaigne" et ce petit livre d'un grand esprit a connu un incroyable succès.
L'étonnant est qu'on s'en étonne.
Montaigne fait partie de ces génies miraculeux qui défient le temps, rocs immenses au milieu de la mobilité, repères au sein des contingences et des fluctuations, éternités dans le fil contrasté des siècles. Comme, par exemple, Molière, Montaigne propose "une éthique de vie qui n'a pas pris une ride" et surtout, avec légèreté, sans appuyer ni enseigner, presque sans y penser, offre des réflexions, des fulgurances, des paradoxes éclairants et des banalités passées au gril de son esprit qui éclaboussent par leur modernité et leur actualité ceux qui les lisent et s'en imprègnent (Le Figaro).
Voir jouer L'école des femmes ou Le Misanthrope, ce n'est pas s'émerveiller rétrospectivement mais se projeter tant l'avenir, avec ce sentiment qu'aucune dimension de l'humanité et de la vérité n'a échappé à Molière, ne représentera jamais une menace mais toujours, au contraire, une confirmation.
Les Essais sont composés de pages qui, datant pourtant du 16ème siècle, appellent une approbation sans réserve aujourd'hui, comme celles de Marcel Proust au 20ème, parce que, tout simplement, les unes et les autres nous obligent à nous considérer et à admettre que nous sommes au coeur de ces oeuvres. Leur matière, leur substance, leur sujet.
J'aimerais faire un sort à une profondeur de Montaigne à laquelle je suis doublement sensible : "la parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l'écoute".
Si j'ai toujours mesuré le poids de la parole et l'emprise qu'elle permettait dans le cercle privé ou l'univers professionnel, longtemps j'ai sous-estimé le silence, l'écoute et cette attention vigilante sans laquelle il ne peut pas y avoir véritablement de propos construit, convaincant. Grâce à mon épouse qui, passionnée pourtant par le langage et l'oralité, a su me faire prendre conscience, parce qu'elle maîtrisait au plus haut point cet art et cette disponibilité, de l'importance de l'accueil par l'autre des mots de l'un, de la richesse d'un regard, d'une attitude et d'une intelligence obstinément altruistes au point qu'il serait honnête de les créditer, pour moitié au moins, de la valeur de l'expression qu'ils attiraient, comme l'aimant la limaille.
Depuis, sans tomber dans une caricature où on serait contraint de ne jamais interrompre inepties ou radotages, je ne supporte plus ces faux dialogues, ces mêlées confuses où on ne se parle pas mais où on crie ensemble, cette anticipation permanente qui fait qu'on devance l'autre dans ce qu'il va dire et qu'on est déjà repassé à soi, cette inaptitude grave au quotidien à ne pas savoir s'effacer une seconde pour laisser la place à autrui, cette destruction du bonheur de la conversation qui impose écoute et répliques alors que, le plus souvent, on n'a plus que monologues ou conférences.
Dans l'Institut de la parole que j'ai créé, j'ai évidemment formalisé - j'aurais pu mettre en exergue cette intuition sans âge de Montaigne, tant elle résume à elle seule tout ce qu'il faut savoir de la parole, de sa technique et de sa force - ce rôle capital de l'auditeur, de l'interlocuteur, de la salle, de l'assemblée, de ces yeux multiples, lumières, balises, donnant l'impression, comme les oreilles et avec autant intensité qu'elles, de percevoir, de ne rien manquer, d'inspirer. La parole est une co-création.
Comme je suis saisi par une émotion rare devant cette manifestation d'un génie ayant découvert avec une justesse inouïe ce qui probablement est encore discuté, contesté par certains aujourd'hui !
Etre à l'écoute de Montaigne vaut bien une parole tout entière.
Rédigé le 12 août 2013 dans Actualité, Livres, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (21) | TrackBack (0)
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Une avocate parisienne, Me Yaël Mellul, spécialisée dans les violences conjugales, veut faire poursuivre Bertrand Cantat pour avoir causé le suicide de son épouse Krisztina Rady le 3 janvier 2010, deux ans après que lui-même soit sorti de prison après sa condamnation pour son implication criminelle dans la mort de Marie Trintignant.
Il serait injurieux de penser que Me Mellul est motivée par un désir de publicité, une envie de se faire connaître en cette période creuse pour beaucoup de cabinets d'avocats.
Elle admet elle-même que sa seule préoccupation en l'occurrence est celle d'une militante qui ne cache pas qu'elle n'est mandatée par personne. Ni par une association de défense des droits des femmes ni par les parents de Krisztina Rady.
Sa volonté d'alerter le procureur de Bordeaux sur le seul fondement d'un livre : L'amour à mort, est pour le moins sujette à caution, de même d'ailleurs que son interprétation de certains de ses extraits qui décrivent une Krisztina Rady abattue, face à un Bertrand Cantat violent, voire "fou", et désireuse de s'enfuir. Me Mellul en déduit "qu'à l'examen très attentif de ce message, on voit que pour elle la seule issue, c'est le suicide" (20 minutes).
Sans aller plus loin, quelle présomption que de prétendre établir un tel constat alors que d'une part tout suicide est un mystère qui ouvre des perspectives vertigineuses sur l'être qui a résolu de s'effacer et sur ceux qui restent et qui l'entouraient et que d'autre part évoquer un "suicide forcé" par des violences psychologiques est téméraire.
Persiste, dans n'importe quel contexte, même le plus oppressant, l'infinie liberté qui demeure pour celui ou celle qui souffre ou subit un quotidien difficile, voire douloureux. Il est absurde - et indélicat - de faire passer le suicide pour une implacable solution scientifique à un problème de vie et d'humanité infiniment complexe et sans doute nuancé, voire contrasté.
Ces coups et blessures volontaires qui auraient entraîné la mort de Krisztina Rady, Bertrand Cantat se voyant reprocher les premiers sans avoir voulu la seconde, représenteraient une qualification pénale choquante, plus fondée sur une idéologie que sur la nécessaire alliance de la plausibilité du droit et de la vérité de la vie.
Me Mellul semble tenir pour acquis le lien entre les violences psychologiques, si elles sont établies, et l'acte suicidaire de la victime. En raisonnant de la sorte, elle frappe à coups de marteau sur le velours tragique et chaotique du destin d'un couple déchiré. Elle présuppose ce qu'elle serait bien en peine de pouvoir démontrer parce que Krisztina Rady a emporté avec elle les secrets qui ont justifié son existence jusqu'au 2 janvier 2010 puis sa décision fatale du 3.
Au-delà de l'obsession d'une nouvelle mise en cause de Bertrand Cantat, j'ose souligner que la démarche de Me Mellul fait trop vite bon marché, pour plus d'unions qu'on ne le dit ou qui l'avouent, non pas des bienfaits de psychologies tourmentées même dans les couples les plus complices et les plus heureux mais de l'engrais positif et créateur des tensions, des contradictions et des affrontements qui ne détruisent pas la félicité ni la passion mais leur permettent au contraire de durer avec intensité.
A force de prétendre raboter tout ce qui de près ou de loin risque de porter atteinte à une harmonie et à une concorde irréalistes plus dangereuses que l'apport maîtrisé des conflits, on va tendre à nous fabriquer un monde qui certes sera idéal mais n'aura plus de tête, d'humeur, de sang, de corps et de mains pour paraphraser Sartre dans sa réplique à Camus.
Je continue à ne pas imputer à Me Mellul la vulgarité d'une promotion personnelle mais il y a dans le métier d'avocat une sorte d'envie permanente de faire justice de tout bois et de pousser à la roue pour que toutes les controverses, tous les aléas de la vie trouvent leur traduction judiciaire.
On ne sait pas si Bertrand Cantat doit être puni pour avoir fait véritablement du mal ou seulement, parce que cette avocate militante, devant n'importe quelle violence conjugale réelle ou prétendue, psychologique ou non, se l'approprie et est prête à se battre jusqu'au dernier Cantat pour manifester hautement ce en quoi elle croit. Au risque de torturer ou d'oublier le droit et l'équité.
Bertrand Cantat sera le seul coupable à perpétuité.
Rédigé le 10 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (62) | TrackBack (0)
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On me pardonnera de mêler le titre d'une chanson de Pierre Bachelet à ce modeste tribut à Simone Weil mais il me semble qu'il exprime le mieux ce que j'ai ressenti à la lecture d'un superbe texte sur elle, dans Marianne, par Bruno Deniel-Laurent.
Simone Weil, qui a été de ce monde comme nous, est pourtant d'ailleurs, tant sa destinée physique, politique, sociale et métaphysique la place à des années lumière de son prochain qu'elle a aimé de toutes ses forces, surtout quand il était faible, fragile et démuni.
Et qu'il appartenait à cette catégorie exploitée de "ceux dont la machine dispose" contre les privilégiés "disposant de la machine - capitalistes ou bureaucratie soviétique".
J'aime les quotidiens et les hebdomadaires des vacances, à la fois vides et passionnants. On y raconte des vies exceptionnelles, on relate des morts bouleversantes, on évoque quelques amours singulières et certains couples mythiques. C'est l'extraordinaire qui prend la relève des banalités dont nous nous nourrissons dix mois sur douze et qui nous sont offertes par la plupart des médias comme si elles constituaient un trésor.
C'est à cause de cette atonie estivale que Simone Weil surgit en pleine lumière, sans pesanteur mais par la grâce d'un journaliste inspiré qui vient jeter dans notre monde tiède la fulgurance d'une pensée, d'un sacrifice et d'un héroïsme hors du commun. Une flamme qui ne peut pas nous réchauffer mais seulement nous brûler.
J'ose à peine l'écrire mais cette Simone Weil qui est d'ailleurs, si elle est admirable par certains côtés, ne m'est pas sympathique.
Trop lointaine, trop intense, trop exemplaire, trop accordée avec une esthétique de la souffrance et une obsession de la solidarité, trop dure avec elle-même, héroïne ascétique et combattante dans une représentation où, sans vanité, elle se donnait le beau rôle - c'est-à-dire le mauvais, celui de l'intellectuelle acharnée à se faire oublier, aspirant à une compassion active et presque indécente à force de mimétisme à l'égard de la condition ouvrière et du salariat -, elle n'a jamais permis cette familiarité de l'esprit, du coeur et du corps qui suscite le lien et rend plausibles le modèle et l'envie de lui ressembler.
Mais je n'aurais pas l'impudence de traiter avec une subjectivité aussi désinvolte cette femme morte à 34 ans d'une défaillance cardiaque après une existence faite d'épreuves qu'elle s'est imposées, "marxiste, puis catholique et mystique, ouvrière à la chaîne et engagée dans la guerre d'Espagne".
Simone Weil qui, paraît-il, s'était imprégnée de l'éthique de Chesterton : "Toute pensée qui ne devient parole est une mauvaise pensée, toute parole qui ne devient acte est une mauvaise parole, tout acte qui ne devient fruit est une mauvaise action.
Surtout, si Simone Weil est bien résumée, pour cet article profond, par cet en-tête : "Se battre toujours. Même contre soi", comment ne pas percevoir qu'outre la lutte elle-même, la leçon qu'elle donne enseigne l'absolue nécessité du combat contre soi-même, cet affrontement que par paresse ou par vanité on refuse ou on diffère ? Avec une grande immodestie, je retrouve là l'un des fondements de la parole authentique que j'essaie de transmettre et qui tient à l'obligation, à un certain moment, de savoir penser contre soi.
Cette lutte contre soi, comme dans le monde politique, judiciaire et culturel, dans l'univers médiatique on l'estime inutile, superfétatoire, négligeable, une perte de temps et d'énergie ! A vrai dire, on n'y songe même pas, engoncé qu'on est dans ses certitudes, au chaud dans ses convictions et préférant la routine de dialogues sans surprise au dialogue dangereux et inventif avec soi qui pourrait faire surgir, qui sait?, une pensée neuve, un étonnement créateur ou une révision déchirante. La où trop souvent nous nous contentons d'une guerre de positions, nous mettrions le feu et le mouvement en nous choisissant comme meilleur ennemi.
Simone Weil est d'ailleurs, mais brassé par des mains humaines, son parcours d'étoile souffrante et engagée nous parle, nous murmure quelque chose.
Gardez-moi dans vos songes, moi et ce que je fus.
Rédigé le 09 août 2013 dans Justice, Livres, Médias, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (22) | TrackBack (0)
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Il faudrait ne jamais rencontrer les gens.
Si on ne les apprécie pas, une fois qu'on les a vus, qu'on a parlé avec eux, on ne peut plus les critiquer. La chaleur de la rencontre rend secondaires l'antagonisme des idées, l'envie de la joute et le besoin de sincérité. La réciprocité des regards est plus forte que tout.
Si on les respecte, si on les estime, on est pris dans une nasse effroyable quand le hasard de l'actualité, les aléas de la vie publique et l'agitation des affaires les mettent au premier plan et vous font découvrir des facettes étonnantes, décevantes, troubles de leurs personnalités. En tout cas contradictoires avec le surgissement spontané et initial de la sympathie.
Comment n'aurais-je pas pensé à ces étrangetés du coeur et de l'esprit face à l'arbitrage ayant alloué à Bernard Tapie 403 millions d'euros, dont 45 millions de préjudice moral ?
On ne doute plus du rôle prédominant de Pierre Estoup au sein de ce tribunal arbitral présidé par Pierre Mazeaud et avec Jean-Denis Bredin comme troisième arbitre.
Je n'ai jamais rencontré le premier mais les deux autres ne m'étaient pas étrangers. Leur caractère, leur rigueur et leur intelligence m'étaient apparus éclatants à chaque fois que le sort m'avait offert l'opportunité d'une proximité.
Depuis qu'il est clair que Pierre Estoup a pris la main sur eux et que celui-ci a eu de multiples contacts avec Me Lantourne et, à un degré moindre, avec Tapie, je suis confronté à des interrogations qui s'ajustent mal avec ce que je connais de l'avocat et de l'ancien président du Conseil constitutionnel.
Que ces deux personnalités aient accepté l'emprise d'un Estoup demeure un mystère.
Que Jean-Denis Bredin ait rédigé la partie de la sentence octroyant le scandaleux préjudice moral de 45 millions d'euros, sans frémir ni se révolter, me laisse désemparé.
Que Pierre Mazeaud ait délibéré avec les deux autres, sans qu'à aucun moment la grossière manipulation n'ait saisi l'honnête homme et le parfait juriste qu'il était, reste une énigme.
Il est évident que ce ne sont pas les 330 000 euros octroyés à chacun des arbitres qui ont suscité l'adhésion et l'abandon de JD Bredin et P. Mazeaud à cette entreprise éminemment discutable. En un sens, ce serait rassurant car cet appétit au moins serait compréhensible.
Je ne sais pas. Il y a trop de malhonnêteté de la part d'Estoup et trop d'intégrité théorique chez ses deux partenaires pour que la configuration soit aisée à appréhender.
Comment Pierre Mazeaud peut-il encore affirmer aujourd'hui sans craindre de tomber dans le ridicule ou dans l'indécent : "Tout ce que nous avons fait a été conforme à la loi, à nos consciences respectives et à l'instruction devant les juridictions de droit commun. Les discussions entre Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde et Claude Guéant, ce n'est pas mon affaire." (le point.fr).
Une volonté forcenée d'arbitrage en amont et un arbitrage propre en aval ?
Un compte de fée !
Je n'aurais jamais dû rencontrer Jean-Denis Bredin et Pierre Mazeaud.
Je ne serais pas là à me ronger les sangs à leur sujet.
Rédigé le 07 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (46) | TrackBack (0)
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A nouveau, les ministres Taubira et Valls qui, paraît-il, s'entendent si bien jouent une partition dissonante. A propos de la remise en liberté de trois délinquants qui auraient dû être placés sous écrou à Chartres pour exécution de leur peine.
Le ministre de l'Intérieur s'est ému, "se déclarant très surpris de cette décision et inquiet de ses conséquences". La garde des Sceaux, elle, enquête (Le Figaro, 20 minutes).
Un remarquable Directeur de l'Administration pénitentiaire, Henri Masse, que Christiane Taubira avait eu la sagesse de maintenir à son poste, vient de partir à la retraite. Il a été remplacé par une femme, Isabelle Gorce, qui semble parfaitement accordée à la ligne de mansuétude dogmatique prônée par la ministre et dont le titre de gloire essentiel tient au fait que Michèle Alliot-Marie l'a sanctionnée.
Un commandant de police, numéro deux du commissariat de Dreux, avait adressé à sa hiérarchie, le 1er août, un rapport protestant contre l'élargissement de ces trois condamnés au prétexte que la maison d'arrêt de Chartres était pleine et que, selon le substitut de permanence, "il ne fallait plus mettre en exécution le moindre écrou jusqu'au moins au 1er septembre".
Il ne s'agissait pas seulement de différer l'exécution des sanctions mais de les "remettre tout simplement dehors". Vraiment désolé, la prison est occupée !
Manuel Valls a appelé personnellement cet officier tandis que sa collègue, empruntant la voie la plus lente et la plus lourde, demandait au parquet général de Versailles ce qu'il en était alors qu'on aurait gagné un temps précieux en prenant langue directement avec le procureur de Chartres ou le magistrat faisant fonction.
Certes, il y a actuellement dans les prisons françaises 68 500 détenus pour 57 300 places. Mais cette surpopulation ne saurait justifier, alors que 100 000 peines de prison ferme sont non exécutées, qu'on relâche purement et simplement dans la nature des personnes qui ont été difficiles à retrouver et à interpeller et qui s'empresseront peut-être, à leur manière, de bénéficier de cette aubaine.
Comment ne pas approuver Patrice Ribeiro, Secrétaire Général de Synergie-Officiers, qui dénonce "ces décisions de justice dévastatrices localement" ?
Ce n'est pas parce que le pouvoir d'hier n'a pas brillé en matière d'exécution des peines - la déplorable loi Dati permettant d'aménager immédiatement toute sanction inférieure ou égale à deux ans, ce qui réduisait à rien la portée du jugement correctionnel ! - que l'opposition n'a pas le droit aujourd'hui de s'en prendre à cette aberration de Dreux et de craindre qu'il y en ait d'autres.
Ainsi, le Secrétaire National de l'UMP chargé de la sécurité, Bruno Beschizza, qui certes n'a jamais abusé de la nuance, est tout de même digne d'intérêt quand il fait référence aux policiers "qui confirment ce que nous dénonçons depuis des mois : l'impunité institutionnellement instaurée". Christian Estrosi, député maire UMP de Nice, pas davantage porté à la modération, s'est affirmé "indigné et révolté" et a écrit au garde des Sceaux "pour lui demander des explications".
Ce couac que j'ose à peine qualifier de pénitentiaire suscite d'autant plus d'interrogation que le parquet de Chartres n'a pas adopté une démarche de numerus clausus, du type de celle que le Syndicat de la magistrature réclame : un sortant de prison, un entrant ! En effet, les condamnés en comparution immédiate n'ont pas bénéficié du même laxisme.
Il faut donc admettre que l'application de la circulaire de politique pénale du 19 septembre 2012, avec ses vives recommandations pour l'aménagement des sanctions - "une priorité à décliner lors de l'audience, après le prononcé de la condamnation et lors de sa mise à exécution" - est responsable de ce grave incident qui manifeste à quel point les parquets ne savent plus comment se gouverner entre les devoirs de leur mission et les orientations peu structurantes et fiables qu'on leur enjoint d'observer.
Le député UMP Eric Ciotti peut conclure que "cette affaire n'est pas un fait isolé mais la conséquence inévitable de la politique pénale de Mme Taubira depuis maintenant plus d'un an".
A considérer la réalité d'aujourd'hui, on ne peut manquer d'être frappé par, d'une part, l'idéologie molle et exclusivement compassionnelle qui nourrit les concepts et, d'autre part, les impuissances concrètes qui, laissant les choses en l'état, n'améliorent pas la condition pénitentiaire, ne luttent pas contre la surpopulation et n'osent pas la construction nécessaire de nouvelles prisons.
Le paradoxe est qu'on rêve d'une politique sans enfermement quand un enfermement digne et maîtrisé reste plus que jamais un outil fondamental que seuls des utopistes ou des naïfs mettent en cause.
Cette bévue signifiante de Dreux et de Chartres fait osciller entre le ridicule et la colère.
Qu'attend donc le président de la République pour, face à ce duo Valls-Taubira, choisir la fermeté républicaine, le discours cohérent, l'action efficace et, parlons net, pour promouvoir, en matière de sécurité et de justice, le premier et "remanier" la seconde ?
Rédigé le 06 août 2013 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (46) | TrackBack (0)
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Il y a des rapprochements qui s'imposent, aussi incongrus qu'ils puissent apparaître au premier abord.
Je traînais depuis quelques jours à l'idée d'écrire un billet sur Silvio Berlusconi, le désespoir de la démocratie, quand, comme chaque année, le Journal du Dimanche a publié sa liste - élaborée par ses soins - des personnalités préférées des Français et que Jean-Jacques Goldman a été classé premier, honneur à la suite duquel il a déclaré que "sa gratitude était infinie".
Dans ce clin d'oeil du destin, avec cette actualité qui confrontait l'un avec, pour la première fois, une condamnation définitive par la justice italienne et un séisme dans le monde politique de son pays, et l'autre, avec l'aura incontestable d'une reconnaissance populaire et médiatique, je n'ai pu m'empêcher de percevoir les ombres et les lumières de la démocratie si on veut bien accepter de comparer celle du suffrage universel et de l'élection avec celle informelle, officieuse, quotidienne de l'assentiment ou du rejet par des sondages discutables mais éclairants (Le Monde, Libération).
Silvio Berlusconi, excessif, vulgaire, vieux beau, richissime, cynique, intelligent, prêt à tous les arrangements, aux compromissions les plus troubles et aux pressions les plus ostensibles, plaisant à beaucoup de ses concitoyens par ses défauts même, Berlusconi jamais vraiment coulé mais resurgissant toujours, comme renforcé par les péripéties choquantes de son existence privée et publique, Berlusconi défiant les sarcasmes et se moquant longtemps de magistrats contre lesquels il se fabriquait le secours de lois sur mesure, Berlusconi défait mais repartant à l'assaut avec l'argent, le bagout et l'enflure d'un comportement jamais à court de promesses et d'illusions, Berlusconi ou le désespoir de la démocratie.
Celle-ci, "le pire des régimes après tous les autres", a les yeux bandés face à certaines personnalités. Elle les promeut, les maintient quand elle devrait les abattre, elle les sauve du désastre alors qu'elle devrait les engloutir, elle leur donne sans cesse une ultime chance contre les évidences de la médiocrité et de l'indécence. La démocratie est trop bonne fille pour ses mauvais garçons.
Jean-Jacques Goldman, j'ai trop souvent manifesté mon admiration pour le chanteur, le compositeur et mon estime pour l'homme, je l'ai trop dit et trop écrit pour qu'il soit nécessaire d'insister sur l'absolue différence entre l'histrion politique italien et ses ressources contrastées et l'artiste français tellement discret et réservé que ce doit être une surprise, pour quelques-uns, d'avoir une preuve aussi éclatante de son existence et de son influence.
Jean-Jacques Goldman qui compose pour les autres, qui se dévoue sans compter pour les Restos du coeur, Goldman vivant loin de Paris et si plausible dans son effacement constant que même les médias les moins honorables le laissent à peu près tranquille, Goldman, son épouse qui continue à travailler, ses enfants dont il s'occupe, l'exemple d'une carrière et d'un destin qui ont su demeurer fidèles aux promesses du jeune homme et aux engagements de l'homme mûr, Goldman amplifiant sa réputation par son absence même avec le génie involontaire de ces caractères tellement marquants et durablement inscrits dans l'espace public et médiatique qu'ils résistent à tout et d'abord à l'anonymat total qu'ils souhaiteraient, Goldman comme une preuve de la délicatesse de cette démocratie artisanale, la justification de la croyance en la vertu, la lucidité du nombre, Goldman ou la démonstration que le clinquant n'est pas la voie, la voix obligatoires et qu'il y a des miracles que la modernité même la plus sotte n'est jamais parvenue à séduire, à convaincre, à dégrader.
L'espoir Goldman, le désespoir Berlusconi.
Qu'on me pardonne ces égarements hors des sentiers battus pour trouver un peu d'air.
Rédigé le 05 août 2013 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (47) | TrackBack (0)
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Ce n'est pas irrespect de ma part mais le problème des vacances du gouvernement est devenu à ce point lancinant et ridicule depuis des semaines qu'on est invinciblement porté à faire référence à Jacques Tati et aux vacances de Monsieur Hulot.
On a bien compris que l'an dernier, le président de la République en avait trop pris au mois d'août, et à Brégançon, un lieu où il se sentait autant enfermé qu'à l'Elysée. Il se l'était beaucoup reproché et avait expliqué sa chute rapide dans les sondages par cette estivale maladresse alors qu'elle était liée plutôt aux cafouillages politiques et parlementaires qui précédaient.
Il a donc décidé, cette année, de réduire ses vacances et celles du gouvernement malgré les objurgations du Premier ministre et de quelques ministres. Elles dureront du 2 août au 19 août.
Est-il normal que ce sujet ait autant occupé les esprits politiquement et médiatiquement ? N'y avait-il rien de mieux à faire pour la France d'aujourd'hui que de débattre du repos de nos gouvernants, de sa durée et de ses modalités ? Il y a quelque chose d'indécent dans l'hiatus entre ces soucis et l'immensité des difficultés auxquelles le Pouvoir doit s'affronter et qui n'interdisent pas une pause, mais au moins qu'on ne constitue pas ce thème en enjeu dominant.
Un ministre a vu juste qui persifle : "Ne pas prendre de vacances, c'est un truc de losers" (Libération). Cette appréciation pertinente révèle surtout le malaise de notre président de la République à trouver le ton adéquat, à définir le rythme cohérent et à choisir la bonne démarche. Hier, c'était trop et aujourd'hui, c'est trop ostensiblement une ascèse qui ne trompera personne et ne fera pas gagner un pouce au gouvernement dans l'estime de l'esprit public. François Hollande ne parvient pas à mettre en oeuvre avec naturel l'équilibre des droits et des devoirs, obsédé qu'il est par l'envie de ne pas suivre les traces de Nicolas Sarkozy tout en s'inspirant à l'évidence de l'exemple atypique de celui-ci pour la forme de sa présidence. Le beau concept de normalité, qui aurait pu être opératoire s'il avait été incarné avec simplicité, est, dans la réalité, totalement altéré parce que le chef de l'Etat s'interroge en permanence pour déterminer quelle normalité est acceptable et quelle autre insupportable.
Ce flou suscite paradoxalement une focalisation sur ce qui devrait être largement au second plan pour un Pouvoir responsable et en pleine action. Celui-ci, dans la presse et l'urgence, aurait toutes les raisons du monde pour se tenir à mille lieues de ces préoccupations d'intendance personnelle quand la gestion de la France elle-même pose d'infinis problèmes d'intendance, et de quelle ampleur !
Des critiques, alors, sont formulées qui partisanes ou profondes tirent des conclusions de ces approximations liées à l'organisation politique des vacances.
Un Dominique Bussereau se laisse aller à un jeu de mots facile "On ne reproche pas au Pouvoir ses vacances mais sa vacance".
François Baroin renchérit et il n'a pas tort : "Il est surréaliste et navrant de voir les ministres se plaindre de fatigue alors qu'ils sont en poste depuis un an".
Olivier Dartigolles, pour le PCF, cingle plus rudement quand il affirme que "cette communication sur l'été sacrifié des ministres laisse un goût amer quand on pense aux millions de vrais oubliés des vacances".
S'il y a de remarquables communicants, j'en suis persuadé, dans l'environnement amical de François Hollande, je ne suis pas convaincu, en revanche, par la qualité et l'efficacité de ceux, ministres, conseillers, professionnels, qui gèrent la communication du Pouvoir au quotidien.
Car reconnaissons tout de même l'étrange tour de force négatif d'avoir réussi à faire naître et durer des polémiques non pas sur la politique et les mesures du Gouvernement mais sur ses siestes.
Rédigé le 04 août 2013 dans Actualité, Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (44) | TrackBack (0)
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Cela fait longtemps que j'ai envie de dresser une petite nomenclature personnelle de quelques tics de langage chics, de ces expressions qui font de l'effet mais ne signifient rien, de ces formulations pompeuses et ridicules et, pour résumer, de ces moments où l'intelligence, la parole et l'écriture tournent à vide.
Qu'on ne croie pas une seconde que, les dénonçant, je m'en juge exempt. Au contraire. C'est parce que je les crains chez moi que je prends la précaution de m'en moquer.
Il y a, évidemment, tous les "jubilatoire" qui, en matière culturelle, surtout pour le cinéma, parfument mécaniquement beaucoup de critiques sans éclairer véritablement.
Les "incontournable" qui s'installent bêtement dans des phrases qui mériteraient mieux.
Les "quelque part" dont on abuse et qui manifestent qu'on remplace une pensée précise qu'on ne trouve pas par une approximation qui laisse dans le flou.
Les "je me suis mis en danger" d'acteurs qui pourtant n'évoquent pas des scènes à la James Bond mais tout simplement l'exercice normal de leur métier.
L'habituel hommage après chaque nouveau roman : "C'est le meilleur qu'il a écrit", de sorte qu'on n'a qu'à attendre le suivant pour avoir droit à la même hyperbole.
Les ineptes "je ne juge pas" ou "il ne faut pas juger" au moment même où l'autre est évalué et où surtout la vie elle-même, la proximité qu'elle induit, les comparaisons qu'elle suscite, les hiérarchies qu'elle fait naître imposent sans cesse, implicitement ou clairement, les jugements inévitables de la quotidienneté.
Je pourrais continuer ainsi longtemps. Chacun a sa grille négative, chacun pourra utilement compléter la mienne.
Mais c'est déjà ça.
Rédigé le 03 août 2013 dans Cinéma, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (48) | TrackBack (0)
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On a de petites joies. Les vacances, avec ce magnifique soleil, réduisent nos prétentions et nous nous contentons de peu.
Quoique !
La comparaison qui m'est venue à l'esprit, qui se rapporte à la natation et au football est-elle si dérisoire que cela ? Il y a des pépites dans le sport et parfois des champions, à leur insu ou volontairement, nous ouvrent des pistes qui nous entraînent bien au-delà des compétitions, vers la société et ses stimulantes et riches problématiques.
Franck Ribéry, pour le Bayern de Munich, entre sur le terrain, tenant la main d'un enfant qu'il juge trop grand par rapport à lui. Il demande à son coéquipier Thomas Muller de l'échanger avec le sien, ce qui est accepté avec toute l'ironie qu'on devine.
Je n'attendais pas de Ribéry, qui est un formidable joueur, des trésors de réflexion mais je n'imaginais pas chez lui un tel niveau de susceptibilité qui aurait pu le conduire, pour ne pas faire remarquer sa taille moyenne, à écarter de lui un tout jeune rival. Il y a du Sarkozy dans cette attitude ridicule. Celui-ci veillait à planifier la taille de ses auditeurs proches dans les meetings et Ribéry, sans doute stimulé par cet exemple illustre, s'est senti une envie de changement.
Laissons cela : on sait bien que notre Ribéry national pense avec ses pieds. On espère que ses développements seront des démarrages et des passes décisives et ses conclusions des buts.
A Barcelone, alors qu'il était loin d'être le favori du 200 mètres nage libre, Yannick Agnel remporte brillamment la finale dans un temps à peine supérieur à son record et il offre à sa sortie de piscine, au vibrionnesque et polyglotte Nelson Montfort qui ne parle plus seulement mais embrasse à tout va, un propos d'une qualité infiniment rare, pas seulement dans une enceinte sportive mais dans l'espace public. Un sourire éclatant, une langue parfaite, une délicatesse de coeur, rien de vulgaire, aucune faute de français venant écorcher les oreilles et même, plus tard, une élégance de grand seigneur victorieux félicitant, pour les remercier de son triomphe, son ancien entraîneur français pourtant mesquin auparavant avec lui et son actuel "coach" américain.
Miracle, les commentateurs se sont tus.
Ce jeune homme, s'il ne devient pas pourri par les médias, ne le sera jamais par lui-même.
Agnel nous console de Ribéry.
Je n'oublie pas que ce dernier a surgi avec son talent d'une enfance dure et d'épreuves douloureuses et qu'Agnel ne tient pas sa classe de rien ni de personne.
Mais il n'empêche.
Ribéry nous fait craindre notre société. Agnel nous rassure sur elle et devrait jouer au foot.
Rédigé le 01 août 2013 dans Actualité, Jeux, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (25) | TrackBack (0)
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Il aurait fait beau voir que le procureur de Lille, en dépit de ses réquisitions de non-lieu en faveur de DSK, interjetât appel de l'ordonnance des juges d'instruction renvoyant celui-ci devant le tribunal correctionnel pour proxénétisme aggravé en réunion. Le parquet ne pouvait pas risquer une telle surenchère au moins dans l'apparence de la mansuétude.
Me Dupond-Moretti, conseil de David Roquet dans cette même affaire, nous a offert une de ces formules dont il a le secret, qu'il réserve aux médias et qui est aussi éloignée d'une véritable argumentation que tel avocat abusivement vanté - il y en a trop ! - l'est de sa force et de son talent. En gros, il s'agissait de rien moins que de la défaite de l'état de droit et de la victoire du puritanisme. On a envie de s'écrier affectueusement : sacré Eric !
Je n'ai plus envie, même s'il m'a semblé que je suis toujours demeuré convenable à son égard, de rajouter même la flèche la plus bénigne sur ses plaies multiples. Il a eu son compte d'offenses et d'humiliations même s'il a tout fait pour qu'un jour elles l'accablent publiquement, politiquement.
Si j'osais sourire, je m'amuserais du contraste entre l'air infiniment sérieux et grave de DSK sur la plupart de ses photographies et ce que ses escapades intimes révélaient au contraire de son tempérament débridé et léger.
Il n'était pas concevable en effet, même si la lucidité rétrospective est commode, que dans cet arbitrage sans cesse périlleux entre d'une part ses tâches et sa mission et de l'autre ses obsessions et ses plaisirs, un jour le destin ne lui joue pas un tour funeste.
Ce qui s'est déroulé à New York et a été purgé financièrement, ce qui est toujours en cours à Lille et attend son issue ont constitué, en définitive, des coups bénéfiques du sort qui ont contraint DSK à tirer des conclusions que, malgré son intelligence, il répugnait à dégager spontanément.
DSK a annoncé qu'il avait décidé d'abandonner la politique même si sans ironie on pourrait prétendre que la politique avait pris les devants. "La politique, c'est du passé", a-t-il déclaré.
Je crois qu'il a bien fait en choisissant de se consacrer à des activités et à des consultations qui ne subiront pas, ou très peu, l'impact négatif de ses dérives qui, cette fois, relèveront véritablement de l'intimité de sa vie privée puisque n'aspirant plus à se présenter au suffrage de ses concitoyens, DSK sera évidemment libre de tous ses mouvements personnels.
Quoi qu'on pense de DSK, quelle que soit l'incompréhension ou l'hostilité qu'il a suscitées, la survenue du scandale Cahuzac, les mensonges réitérés de ce dernier et l'arrogance faussement contrite qu'il n'a cessé de manifester depuis sa déconfiture morale et politique permettent de réévaluer à la hausse d'une forme d'estime la tenue du premier depuis le désastre américain.
Ses apparitions publiques avec sa nouvelle compagne, ses interventions au Sénat ou ailleurs, sa relative discrétion médiatique et la manière dont il a surmonté le nauséabond épisode livresque dû à Marcela Iacub ne donnent pas une image trop déplaisante de son humanité alors que durant plusieurs mois il a pâti du comble de la détestation et d'apologies infiniment maladroites.
Ce serait se tromper sur lui que de prendre pour de la provocation la tranquille et superficielle assurance avec laquelle il se meut dorénavant dans l'espace public. Sans fierté évidemment mais sans honte non plus. Il ne faut pas ignorer sur quels tréfonds douloureux et honteux s'édifie parfois une apparente reconstruction.
DSK a pris congé de la politique.
Peut-être aussi d'une part de lui-même.
Rédigé le 01 août 2013 dans Actualité, Justice, Société | Lien permanent | Commentaires (24) | TrackBack (0)
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