A la moindre tentation, je repique.
Un très beau reportage de Pauline Delassus dans Paris Match sur le "héros si discret" qu'est Jean-Jacques Goldman, et ça y est, c'est reparti, j'ai envie de dire tout le bien que je pense de ce chanteur, de ce compositeur, de cet homme qu'on ne se sent pas ridicule d'estimer, d'admirer.
Notre époque, dans tous ses registres, est trop pauvre en personnalités d'élite pour qu'on puisse négliger la sienne. Ce n'est pas pour rien qu'elle se retrouve en tête du classement du JDD - pour ce qui le concerne, il y a au moins une clairvoyance populaire - et que depuis des années, nostalgie et curiosité se conjuguent pour le maintenir au pinacle public.
Le plus remarquable, et qui est exemplaire et séduit, tient au fait que cette existence simple, confortable mais non somptuaire, conjugale, familiale, inscrite dans la quotidienneté de Marseille et emplie d'activités sportives, apparaît authentique à tous. Pas un instant ne vient l'idée qu'il pourrait s'agir d'un simulacre. Jean-Jacques Goldman est ce qu'il montre.
Quel saisissant contraste, dans ce même hebdomadaire, entre ce qu'on nous dit de lui et les photographies qui le représentent en compagnie et, par ailleurs, les pages narcissiques sur BHL et Arielle Dombasle, avec le luxe et l'ostentation délibérément jetés à la tête du lecteur et, de surcroît un texte grotesque d'hommage écrit par Frédéric Mitterrand !
Comment un homme aussi fin et intelligent que BHL ne ressent-il pas ce qu'il y a de choquant, d'indécent dans cette exhibition qui ne dégrade pas l'essayiste et l'écrivain brillants mais les fait tomber paradoxalement dans le cours ordinaire des vanités et des superficialités ? On aurait tellement aimé qu'il y échappât !
Mais j'en ai assez, en forçant le trait pour rire, de cet exil de Goldman. A force de le sanctifier, on finit par oublier qu'il est des nôtres et on se satisfait d'être privé de lui. Alors que j'aurais adoré le voir revenir une seconde dans le monde.
Précisément parce qu'un tel choix d'existence, aussi fermement tenu, assumé, un tel talent dorénavant mis seulement au service des autres, une telle aura d'autant plus vive qu'elle se nourrit d'une discrétion recherchée et goûtée avec constance et cohérence imposent des obligations.
Certes il s'appartient mais peut-être devrait-il accepter l'évidence que toutes les sollicitations ne sont pas vulgaires, tous les questionnements impudiques et toutes les réponses inutiles ?
Sans doute devrait-on pouvoir le convaincre qu'on aspire véritablement à un très grand entretien avec lui qui, faisant le tour de son être sous ses facettes diverses, nous comblerait ? Est-il inconcevable de lui faire percevoir que son exigence noble de modestie, trop poussée, pourrait ressembler à une ascèse susceptible de faire douter de son bonheur ? Serait-il impudent de tenter de lui démontrer que l'entraîner sur d'autres chemins que ceux de la musique ne serait pas le faire déchoir, le mettre en péril ou l'entraîner dans des territoires où sa légitimité ferait défaut, mais le conduire là où beaucoup l'attendraient ? Pas pour le mythifier, qu'il se rassure, mais au contraire pour le faire encore plus homme parmi les hommes.
A cause de lui, grâce à lui, j'aurai toujours un manque.
Jean-Jacques Goldman a un grave défaut formidable : il est trop bien !
@Achille et calamity jane
Dans le cas de Daniel Pearl, vu la façon dont il a été exécuté, j'espérais une réponse claire de la part de BHL, qui fait croire qu'il sait tout sur ce genre de sujet.
Rédigé par : anne-marie marson | 01 novembre 2013 à 23:25
@ Achille
"Ce qui est amusant sur ce blog, c’est cette tendance chez certains à afficher leur goût pour les talents méconnus. On se croirait devant un étal de bouquinistes des quais de Seine, à la découverte de livres rares."
Figurez-vous qu'il m'arrive de consulter en bibliothèque et parfois même d'acheter des livres rares pour progresser dans mes recherches généalogiques. Je me suis aussi constitué au fil des ans une belle collection de disques, dont quelques vinyles aujourd'hui difficiles à trouver. J'aurais pu citer des musiciens encore plus discrets et encore moins connus (Bill Frisell, Michael Manring, Leo Kottke, Sam Bush). Nulle pédanterie, nul élitisme, nulle démonstration de ma culture musicale dans mes propos. Ne vous en déplaise.
Rédigé par : moncreiffe | 01 novembre 2013 à 17:39
@Catherine A,
"Normal n'est-ce pas, je ne suis qu'une journaliste blonde"
Alors, vous n'allez pas plaire à Mélenchon, il peut pas voir les blondes aux yeux bleus... qu'il a dit !
Rédigé par : Marie | 01 novembre 2013 à 17:31
J'avais manqué votre coup de gueule monsieur Bilger. Voyez comme ils sont vos lecteurs ! Mais qu'est-ce que cela aurait été si vous aviez parlé du décolleté BHL ?
Rédigé par : Marie | 01 novembre 2013 à 17:28
BHL, BHL...
Cela va vous faire plaisir monsieur Bilger, pourtant nous ne sommes pas le 1er avril, mais quand même "BHL le plus grand intellectuel français" !
http://www.france-amerique.com/articles/2012/03/20/le_vertige_americain_de_bhl.html
Personnellement, j'aime beaucoup le portrait qui est fait de lui et que l'on peut écouter sur la chaîne de la Voix de la Russie !
"histoire d'un vampire des carpettes qui aimerait bien que le sang coule en Syrie"
http://www.prorussia.tv/Journal-hebdomadaire-de-Voix-de-la-Russie-2-septembre-2013_v514.html
Rédigé par : Marie | 01 novembre 2013 à 17:14
@Achille, anne-marie marson
Vous ne regardez pas assez les politiques ou certains journalistes à la télémoche car eux savent exposer un problème puis poser la question "pourquoi" et y répondre !
Un monde d'autistes souffrant dans sa propre bulle... -:(
Rédigé par : calamity jane | 01 novembre 2013 à 14:03
@ anne-marie marson
C’est un peu le mode opératoire de certains philosophes (dont BHL) que de proposer des réflexions, voire même de poser des questions ouvertes sans y apporter de réponses.
Cela permet, sans doute, à chacun d’y apporter la propre réponse qui nous convient le mieux. Allez savoir ! :-)
Rédigé par : Achille | 01 novembre 2013 à 09:14
@ moncreiffe
« Parmi les bons musiciens qui aiment la discrétion, on pourrait citer Gérard Manset, Pierre Rapsat, Russ Ballard, Alan Parsons, Mark Knopfler, John Fogerty et Dan Fogelberg. Sans oublier Mike Campbell, le guitariste de Tom Petty… »
Pour ne rien vous cacher je ne connais aucun de ces musiciens. Ce qui donne une idée de leur discrétion. Et, sans doute aggravé-je mon cas en avouant, le rouge au front, que je n’écoute jamais NRJ.
Ce qui est amusant sur ce blog, c’est cette tendance chez certains à afficher leur goût pour les talents méconnus. On se croirait devant un étal de bouquinistes des quais de Seine, à la découverte de livres rares.
Philippe Bilger, en évoquant la discrétion de J-J Goldman que certains ici considèrent avec une bienveillance condescendante, passe un peu pour le candide de service. En effet qui ne connaît pas cet artiste populaire ? C'est d'un commun !
Pour vraiment faire la démonstration de sa culture et épater les copains il convient d’aller rechercher des noms parfaitement inconnus du « grand public » car ainsi que le souligne fort justement un commentateur de ce blog, je cite, « le beau, le goût et l'art ne sont pas démocratiques ».
Ces valeurs sont réservées à une certaine élite qui sait défendre comme il convient son pré carré.
Rédigé par : Achille | 01 novembre 2013 à 06:40
@Achille
J'ai acheté le livre de BHL "Qui a tué Daniel Pearl ?". Je n'ai pas eu non plus la réponse dans son livre.
Rédigé par : anne-marie marson | 31 octobre 2013 à 23:33
@ oursivi et autres amateurs de guitare
Vous avez oublié Lee Ranaldo, pour qui j'ai un faible depuis que je suis tombé sur lui par hasard dans une petite salle de la Croix-Rousse, à Lyon.
Il passait par là, en a profité pour faire un show improvisé et gratuit.
Il était monstrueux.
Rédigé par : Alex paulista | 31 octobre 2013 à 22:22
Boris@mon ours
De gustis et coloribus non est disputandum (bis, allegro). Enfin, c'est ma devise, même quand je discute avec l'admirable Nebout. Alors avec vous, n'en parlons même pas...
Rédigé par : Boris | 31 octobre 2013 à 20:29
On peut trouver les autres ouvrages de ce Ivo Andric aux éditions L'Âge d'Homme, mais s'il prenait l'envie à BHL de s'y rendre d'une façon impromptue, je pense qu'il serait accueilli avec allégresse, au seuil, par une tarte à la crème.
Rédigé par : Carl+Larmonier@Boris | 31 octobre 2013 à 20:27
"Sbriglia viendra sans doute étaler sa morale de pépère, mais le beau, le goût et l'art ne sont pas démocratiques"
Dans mes bras Archi ! C'est exactement ce que je pense !
@Mary
Vous êtes trop fine pour nous jouer les chaisières offensées ! Un peu d'humour, que diantre !
NB : oursivi est son vrai nom : l'anonyme de service... c'est moi !
Rédigé par : sbriglia@Archi et Mary | 31 octobre 2013 à 19:55
Boris,
"j’adore aussi la musique sérielle"
Vous vous passez passez JJ* en boucle en boucle ?
moncreiffe,
Oui.
Je dirais même plus, à si bien ouïr, moncreiffe a quatre feuilles ? (deux choux)
Avez lu les écrits du Gérard sur Bashung ? Pas gigantesques mais quelques jolies choses. Il est meilleur quand s'offre tous les degrés de liberté de la chanson.
Sa chanson sur H. de Monfreid est digne de son inspirateur, ce n'est pas rien...
Quant à Knopfler que citez, connaissez-vous la partie de guitare qui l'aurait le plus traumatisé ? La légende veut que ce farceur de Donald (Fagen) et son alter ego génial de Walter lui aient imposé 63 prises successives avant de lui faire cracher cet extravagant solo audible dans "Time out of mind" dont une des successives est ici
http://www.youtube.com/watch?v=Y62CWNw9HY0
et la finale et miraculeuse là
http://www.youtube.com/watch?v=34RWWy61zlg avec Mark K en ses ailleurs intersidérants passé 2'15".
AO
* préfère les deux cale (à fond) le J et le JJ qui a sottement ravalé son extrait de naissance cet été... ils sont d'un pénible à mourir sans autorisation.
Rédigé par : oursivi@mon_Bo | 31 octobre 2013 à 19:36
@ oursivi
Parmi les bons musiciens qui aiment la discrétion, on pourrait citer Gérard Manset, Pierre Rapsat, Russ Ballard, Alan Parsons, Mark Knopfler, John Fogerty et Dan Fogelberg. Sans oublier Mike Campbell, le guitariste de Tom Petty, dont on peut apprécier le talent et la délicatesse dans cette video : http://youtu.be/6aogOR8c8Q4
Rédigé par : moncreiffe | 31 octobre 2013 à 18:12
Cher Philippe Bilger,
Votre consternation est compréhensible.
Rédigé par : Christian C | 31 octobre 2013 à 17:52
@ Carl+Larmonier
Oui, la Chronique est un bien beau roman, et le héros un diplomate français juste assez désabusé, le genre égaré sur le rivage des Syrtes. "Le pont sur la Drina" n’est pas mal non plus, il vient d’être retraduit en français. Il y a tout un monde là-dedans ! J’ai aussi adoré "La Demoiselle", très fin, très balzacien. Ce qui est frappant, c’est que toutes les communautés ex-yougoslaves essayent de récupérer Andric. Même Kusturica s’y est mis. Il n'y a que BHL pour ignorer son existence... De la jalousie, peut-être ?
@ oursivi
De gustis et coloribus non est disputandum.
Pour vous rassurer, j’adore aussi la musique sérielle, mais seulement lorsqu’elle composée par le docteur Faustus. Et en ce moment, compagno cittadino, j’écoute ça, qui passe rarement sur NRJ...
http://www.youtube.com/watch?v=5JLso6Esgfo
Rédigé par : Boris | 31 octobre 2013 à 17:27
Les textes de Bertrand Cantat surpassent la soupe mielleuse des chansonnettes de JJG et ne tombent pas dans leur mièvrerie sucrée ni dans leur pauvreté poétique. Ne pas le reconnaître, c'est encenser Clayderman quand on peut jouir de Richter. Sbriglia viendra sans doute étaler sa morale de pépère, mais le beau, le goût et l'art ne sont pas démocratiques. JJG est un gentil, il est à la chanson ce que Hollande est à la politique. Et ce n'est pas sa popularité qui donne raison à ceux qui l'adulent : les produits McDonald's n'ont pas meilleur goût à mesure que les points de vente sont multipliés.
Rédigé par : Archibald | 31 octobre 2013 à 17:16
@Philippe Bilger
"Une admiration pour l'intellectuel"
C'est un qualificatif controversé : http://next.liberation.fr/musique/2013/06/21/faut-il-reviser-jean-jacques-goldman-pour-avoir-son-bac_912758
Vous noterez qu'on n'étudie Goldman qu'en bac pro ou en CAP de coiffure. On réserve semble-t-il Giono, Steinbeck, Paul Valéry ou Michel Tournier aux filières classiques. Ca n'a pas empêché le coiffeur le plus célèbre du théâtre français de faire renaître La Fontaine et Céline dans un spectacle génial.
Rédigé par : Archibald | 31 octobre 2013 à 17:02
Ces derniers temps, nous avons aussi entendu parler de Verdi.
Mais qu'est-ce que Verdi à côté de Goldman ?
Si vous voulez bien tolérer une incise dans ce grand débat, je voudrais signaler que nous avons sur Boulevard Voltaire un bel exemple de magistrat pas piqué des vers : un juge nommé R. Lévy faisant un scandale lors d'une audience parce qu'il allait rater son train - le meilleur moyen de ne pas finir après l'heure étant d'avoir tous les soirs son train à prendre - s'est vu publiquement menacé de conseil disciplinaire par le président.
Attendez avant de vous marrer, parce que le nommé Lévy lui a alors répondu qu'il allait se prendre un arrêt maladie, et s'est effectivement pris quinze jours pour "dépression réactionnelle".
Attendez encore avant de vous poiler, car outre que ça devrait valoir une révocation pour escroquerie à la Sécurité sociale, vous devez savoir que les dépressions réactionnelles guettent tout employeur qui fait une remontrance à un salarié - et je parle en connaissance de cause.
Il y a un gaucho dans la salle ?
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 31 octobre 2013 à 16:34
Puisqu'il est fait mention de BHL je vais faire un lien avec un somptueux roman que je lis sur la Bosnie qui est représentée comme un jeu de dominos ; jeu de dominos qui ne demande qu'à s'écrouler et qui le fait promptement dans les années 1800. Entre chrétiens, Turcs, Serbes, Russes ; avec tout ce petit monde c'est loin d'être le grand amour.
J'ai bien dit 1800, non pas 2013.
Un proverbe dit les temps changent, cela dépend desquels.
Je me remets un petit coup de Jean-Jacques Goldman.
Le livre en question est "La Chronique de Travnik" d'Ivo Andric et c'est mon coup de cœur de bibliothèque prioritairement en pole position des derniers mois. Par moment en plus cela fait penser à du Nicolas Gogol dans les moments les moins cyniques.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 31 octobre 2013 à 15:49
"Et cela n’a rien à voir avec sa musique, qui berce mes journées depuis une trentaine d’années…"
Boris
Même vous...!?
Philippe, JDR, Boris, tous des amateurs de NRJ et de son vaisseau amiral...
Mais il n'en est pas un qui écoute autre chose que du hit-parade dans ce clapier à sourds* ?
Frank Zappa, Miles, Trane, Dolphy, Dutilleux, Wonder, Messiaen, Gaye, Prince, les Stones, Weather Report, Mark-Almond...
http://www.youtube.com/watch?v=YFDYKvUlu78
tous ceux qui doivent être très probablement les aliments et les rêves honteux de votre sympathoche Jean-Jacques, savez-vous qu'ils existent au moins ?
C'est un peu comme si nous parliez du sympathoche P. Dard plutôt que de Céline,
d'Yves Simon plutôt que de G. Perec...
Ils sont désespérants.
AO
* à part Savonarole qui adule Steely Dan et sbriglia fin connaisseur de Schubert
Rédigé par : oursivi@Boremifastoche | 31 octobre 2013 à 15:44
C'est vrai, JJ. Goldman est trop bien. C'est lui qui a "fait" Céline Dion, en lui demandant de moins hurler, d'être plus "sensuelle" quand elle chantait les textes qu'il lui avait écrit.
Rien que cela mérite notre admiration.
Rédigé par : anne-marie marson | 31 octobre 2013 à 15:22
Rien compris à votre phrase dont je pressens l'humour mais à un degré totalement inaccessible pour moi. Normal n'est-ce pas, je ne suis qu'une journaliste blonde, et mince qui plus est donc conne forcément et désagréable de surcroît comme me l'a appris un précédent billet de notre hôte.
Certains sont donc plus imparfaits que d'autres ; moi je cumule.
Rédigé par : Catherine A.@MS : rien compris | 31 octobre 2013 à 15:01
"Parce qu'il est hors du commun."
Eh bien, c'est très précisément en raison de sa discrétion et de sa délicatesse que JJ Goldman est hors du commun médiatique.
Je ne vois pas bien l'utilité ou l'intérêt de le banaliser dans les médias.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 octobre 2013 à 13:59
"Quoi qu'il en soit, votre persistance à exiger d'un artiste autre chose que l'exercice de son art me laisse toujours perplexe."
Rédigé par : Catherine A. ni Dieu ni maître | 31 octobre 2013 à 11:06
Il apparaît heureux qu'on n'en exige pas autant d'une journaliste.
Rédigé par : MS | 31 octobre 2013 à 13:52
"Il manque à l'univers artistique français mais sans doute a-t-il l'âme trop délicate pour revenir plonger sa personnalité dans les remugles télévisuels. C'est une existence ordinaire, dira-t-on, il n'y a pas de quoi s'extasier. Je trouve que si. C'est tellement dur de savoir résister à la pente mécanique de la célébrité, à la descente qui mène du talent à sa marchandisation, de la gloire méritée à l'idolâtrie fabriquée.
"A chaque fois qu'on m'a posé une question sur la personne que je voudrais rencontrer, j'ai répondu Jean-Jacques Goldman.
"Il suffira d'un signe, Jean-Jacques."
(Philippe Bilger, 22 septembre 2007)
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A relire ce que vous écriviez dans votre blog sur JJG en 2007, davantage que du 2ème ou 3ème degré l'on retrouve chez vous aujourd'hui une fidélité à des valeurs qui vous honorent. Quand bien même l'on ne partagerait pas votre goût ou vos aversions étant de ce fait parfois agacé ou troublé par certaines de vos prises de position un peu tranchées, voire provocatrices.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Philippe Bilger | 31 octobre 2013 à 12:50
"Notre époque, dans tous ses registres, est trop pauvre en personnalités d'élite..."
Ah ! certes, si l'on cherche les élites à la télévision et dans les magazines, Jean-Jacques Goldman, on veut bien vous croire, en fait sans doute partie, humainement et même - ce qui est un peu plus dur à admettre - musicalement.
Si en revanche on se donne la peine d'aller voir dans les laboratoires, les universités, les associations, et parmi les artistes qui n'ont pas sur eux les sunlights, sa place serait assurément plus modeste.
Mais après tout, chacun est libre d'avoir l'échelle de valeurs et les admirations qui lui conviennent.
Rédigé par : Frank THOMAS | 31 octobre 2013 à 12:23
@Philippe Bilger
Etonnant que devoir faire une explication de texte à certains !
Surtout ne vous reconvertissez pas... que ces lecteurs apprennent à lire, plutôt.
Rédigé par : adamastor | 31 octobre 2013 à 12:06
"Ou c'est à désespérer de mes lecteurs ou je dois me reconvertir !"
Rédigé par : Philippe Bilger | 31 octobre 2013 à 10:37
Saint François d'Assise (*) préférait parfois parler aux animaux et aux poissons.
Ne désespérez pas, prêcher sur le Net est encore plus difficile que de prêcher dans le désert.
(*) pourquoi je cite ce saint... serait-ce du second degré ??
Rédigé par : Tipaza | 31 octobre 2013 à 11:31
On m’a dit naguère que si Jean-Jacques Goldman n’accordait jamais d’interview, c’était pour une raison d’ordre familial. Si c’est vrai, c’est bien compréhensible. Et cela n’a rien à voir avec sa musique, qui berce mes journées depuis une trentaine d’années…
A côté, BHL est le trop-plein, l’embouteillage, le métro à six heures du soir. Mon intérêt pour sa personne date de l’affaire bosniaque, où, à force de se mêler de ce qui ne le regardait pas, il était parvenu à avoir raison pendant quelques mois. Mais si BHL avait défendu la Pasionaria, Gide serait allé prendre du service chez Franco... De ce point de vue, le Lys et la Cendre est comparable à ces nanars improbables qui ne sortent que sur DVD ; c’est aussi boursouflé que du Malraux sous cortisone, et lorsqu’on les a vus, on éprouve le sentiment, bref et délectable, d’être une intelligence. BHL parachuté sur Dubrovnik par d’Ormesson, avec Jean-François Deniau comme copilote. BHL trouvant à Mitterrand l’air d’un représentant de commerce, et à Chevènement celui d’un valet. BHL s'imaginant dans la ligne de mire d’un sniper. BHL comptant ses voyages à Sarajevo comme d’autres comptent les stations du Christ. Etc.
Voici donc quelques morceaux choisis, à consommer avec modération. Autrement, vous allez commencer toutes vos phrases par « je » - il y en a autant que de points d’exclamation dans Un château l’autre ! -, vous ruiner en chemises et inviter Leonarda à déjeuner à l’Elysée.
http://books.google.fr/books?id=Qs_VZa743s0C&printsec=frontcover&dq=bernard+henri+l%C3%A9vy+lys&hl=fr&sa=X&ei=OC1yUpyTNeTW0QWqwYHQCg&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=bernard%20henri%20l%C3%A9vy%20lys&f=false
Rédigé par : Boris | 31 octobre 2013 à 11:25
mode SMS top 50 :
Changez rien monsieur Bilger, vous êtes trop bien! <3 <3 !
Et je vous prie de bien vouloir présenter mes hommages à Madame votre épouse.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 31 octobre 2013 à 11:09
Pour une fois qu'il intervient en personne dans les commentaires, M.Bilger, on ne peut pas le laisser en plan.
Au deuxième degré ? Cela veut dire qu'il pourrait y en avoir un troisième ou un quatrième. Le second suffit à notre désappointement. Eh bien, je ne l'ai pas senti, parce que vous parlez depuis quelques billets de gens du monde, de célébrités, alors que le fond manque de bras. Et c'est ainsi que la pensée se prend en glace, nappe le raisonnement de références séculières, alors, un éloge qui récupère pour extrader vers le monde des vilains, ça passe, on y croit. C'est comme la querelle de l'opprobre, masculin pour Robert, féminin pour Larousse.
Ne changez rien, il faut bien, à un moment, que nous soyons tout quinauds, c'est tellement drôle.
L'essentiel est qu'on ait sauvé le soldat Goldman.
Rédigé par : amfortas | 31 octobre 2013 à 11:07
...ni idole Philippe !
Cela dit JJG doit aimer être une idole lui qui a épousé une fan qui le suivait depuis des années. Mais c'est son problème même si je trouve aventureux d'émettre un jugement sur la vie privée de quelqu'un, le bon père, bon mari évoque cette anecdote que je ne résiste pas à vous raconter. Toute jeune journaliste à la plume impatiente, fougueuse et parfois délurée, j'amusais je crois le propriétaire du quotidien qui m'employait et lui rappelais sa fille avec qui je partageais le même prénom. Du coup il testait parfois mes réactions. Ainsi un jour m'annonça-t-il son choix pour le futur patron de la rédaction ; je ne pus réprimer une grimace qui ne lui échappa pas tant les qualités intellectuelles de l'impétrant me paraissaient limitées : "mais enfin Catherine je ne veux pas quelqu'un de très intelligent, le patron c'est moi, j'ai juste besoin d'un homme sans problème, équilibré ; celui-ci est sportif (évidemment c'était un ancien prof de gym) bon père et bon mari". Là j'avais souri évitant de lui expliquer que ce dernier essayait de sauter sur tout ce qui portait jupon ou pas.
Quelque temps après je fus convoquée par un patron consterné : "j'ai compris votre sourire mais trop tard ; j'ai appelé X chez lui hier, son épouse m'a dit qu'il était parti avec la secrétaire".
Quoi qu'il en soit, votre persistance à exiger d'un artiste autre chose que l'exercice de son art me laisse toujours perplexe.
Rédigé par : Catherine A. ni Dieu ni maître | 31 octobre 2013 à 11:06
@ Philippe Bilger
Rassurez-vous, Philippe, votre billet n’est absolument pas glaçant. Il est au contraire chaleureux et totalement en adéquation avec votre nature qui peut être enthousiaste avec les uns et impitoyable avec d’autres.
Votre précédent billet qui « assassinait » Ameyric Caron en est la meilleure démonstration.
Surtout ne changez rien. C'est comme cela qu'on vous apprécie.
Rédigé par : Achille | 31 octobre 2013 à 10:55
Mais enfin, ce billet est à prendre au second degré.
Il y a l'expression d'une double admiration.
Explicite puis plus contournée.
Une admiration pour le chanteur, le compositeur, l'homme dans sa simplicité, pour le père, l'époux, etc.
Une admiration pour l'intellectuel et l'idole exemplaire tellement désirés parce que remarquables, qu'on pourrait souhaiter une seconde voir Goldman s'offrir à tous. Parce qu'il est hors du commun.
Je sais évidemment qu'il ne sortira pas de cette existence et je lui rends hommage pour sa discrétion et cette constance.
Mais c'est un éloge que d'exprimer, dans un post, un regret chaleureux et vain à ce sujet.
Ce billet serait glaçant.
Ou c'est à désespérer de mes lecteurs ou je dois me reconvertir !
Rédigé par : Philippe Bilger | 31 octobre 2013 à 10:37
« Sans doute devrait-on pouvoir le convaincre qu'on aspire véritablement à un très grand entretien avec lui qui, faisant le tour de son être sous ses facettes diverses, nous comblerait ? »
J’espère bien qu’il ne se laissera jamais convaincre de s’ouvrir aussi naïvement.
Le créateur, le vrai et il en est un, se doit de se préserver de la masse, synonyme de médiocrité, par un rideau de fer ( un rideau de faire !?).
Ne jamais dévoiler ses profondeurs à ceux qui n’ayant rien à dire, parce qu’ils sont vides, ont soif de jouer les éponges psychiques et les prédateurs intellectuels, telle est la règle que doit respecter le créateur, pour préserver le feu sacré de sa créativité.
Le créateur a pour mission d’offrir sa créativité au plus grand nombre, mission impérative, mais pas de s’offrir en sacrifice à la masse. Ce serait sa mort artistique et d’ailleurs ce sacrifice resterait incompris de la masse.
Au contraire le créateur doit protéger son être profond, et s’il ne le peut, il doit le dissimuler sous un masque. Celui de la dérision est souvent utilisé, Salvador Dali en fut un maître. Picasso lui, a préféré s’éloigner dans un village du Sud.
Souhaitons au créateur de suivre le conseil de Schopenhauer :
« La solitude offre à l'homme intellectuellement haut placé un double avantage : le premier, d'être avec soi-même, et le second de n'être pas avec les autres. »
Rédigé par : Tipaza | 31 octobre 2013 à 09:52
Des célébrités comme lui, on en redemande car il est RE-PO-SANT.
On est tellement submergé par les étalages médiatiques de la vie privée de certains acteurs ou people et même par leurs prises de positions intempestives ou mal venues d'un JJ Goldman qui n'expose que son talent, cela est rafraîchissant.
Toutefois, je ne citerai pas de noms mais il y en a beaucoup des célébrités comme lui. Finalement on parle toujours des mêmes donneurs de leçons qui se comportent n'importe comment par ailleurs. Là aussi les temps changent et les Français préoccupés par leur vie perso difficile ne font plus attention à toute cette gent bien-pensante.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 31 octobre 2013 à 09:41
« Comment un homme aussi fin et intelligent que BHL ne ressent-il pas ce qu'il y a de choquant, d'indécent dans cette exhibition qui ne dégrade pas l'essayiste et l'écrivain brillants mais les fait tomber paradoxalement dans le cours ordinaire des vanités et des superficialités ? On aurait tellement aimé qu'il y échappât ! »
Fin et intelligent sans doute mais pas de quoi en faire un phare de la pensée universelle quand même. N’oublions pas la pathétique affaire de La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant. Le titre était suffisamment évocateur pour deviner qu’il s’agissait d’un canular sans être pour cela agrégé de philosophie. Et pourtant le « brillant » BHL l'a pris au premier degré, vantant les mérites de Jean-Baptiste Botul philosophe d’autant plus inspiré qu’il n’a jamais existé que dans le cerveau fertile d’un journaliste du Canard Enchaîné.
J’ai lu un livre de BHL, un seul, dont le titre est « Ce grand cadavre à la renverse ». C’était après la défaite de mai 2007. Le titre m’avait séduit et après la déconvenue de Lionel Jospin en 2002, puis celle de Ségolène Royal dans la foulée je m’étais dit que je pourrais peut-être y trouver des éléments de réflexion expliquant les raisons pour lesquelles la gauche a tant de mal à s’imposer dès qu’il s’agit d’une élection présidentielle.
N’oublions pas qu’en 2006 les instituts de sondage, experts de tout poil et politologues toutes tendances confondues prédisaient que la présidentielle était imperdable pour le candidat de gauche.
Après avoir lu son livre j’ai regretté mes 20€, vu que les questions que je me posais étaient restées sans réponse. Ce livre n’était qu’un pur exercice intellectuel comme aiment en faire les philosophes qui s’écoutent parler sur les plateaux télé.
En fait, même si je ne partage pas ses idées, je préfère encore un Alain Finkielkraut avec ses gesticulations à la Malraux qui véritablement aborde les grands thèmes sociétaux en profondeur que ce genre de dandy mondain fier d’afficher ses amitiés avec les grands de ce monde.
Mais mon philosophe favori est sans conteste le libertaire, ainsi qu’il se qualifie lui-même, Michel Onfray, véritable « poil à gratter » de la bien-pensance germanopratine qui n’hésite pas à saborder les idées reçues sur Jean-Paul Sartre et à déboulonner de son piédestal le grand Freud lui-même. Ses livres ne m’ont jamais déçu. Et puis quelqu’un qui aime à ce point Albert Camus ne saurait être mauvais.
Rédigé par : Achille | 31 octobre 2013 à 07:09
Ebbé oui ! Y a un moment où l'on montre ce qui nous préoccupe le plus.
Entre celles qui voudraient nous faire penser que leur monde est meilleur que le nôtre et ceux qui s'imaginent qu'ils ont leur trente ans en bandoulière...
Du reste s'agissant d'Arielle Dombasle, elle si préoccupée par le respect de la nature, ne mangeant pas la faune à yeux, comment peut-elle accepter de nous polluer avec des
photos sans dévoiler vraiment sa personnalité ?
Tout un monde.
Rédigé par : calamity jane | 31 octobre 2013 à 07:04
"Est-il inconcevable de lui faire percevoir que son exigence noble de modestie, trop poussée, pourrait ressembler à une ascèse susceptible de faire douter de son bonheur ?"
Terrible aveu !
De la subtile corruption des élites les mieux armées par le nombrilisme de masse.
Rédigé par : sbriglia | 31 octobre 2013 à 06:51
"Alors que j'aurais adoré une seconde le voir revenir dans le monde."
Quel monde ?
Mais enfin, Philippe, le label médiatique sans lequel vous semblez perdu n'est pas le monde.
Depuis quand le monde des palabres inutiles, aussitôt dites, aussitôt retournées dans le néant, les points de vue - les réactions ! - des célébrités sur tout, sur rien, oui, depuis quand ce bruit de fond incessant exprime-t-il ne serait-ce que le début d'un commencement du monde commun ?
JJ Goldman a l'intelligence de la retenue ; sa douceur est celle de la sobriété. Il a choisi le pays réel. Il ne se sépare pas du nous.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 octobre 2013 à 06:07
Cher Philippe,
Si vous pensez qu'un artiste doit livrer tous ses petits secrets pour rester dans le coeur d'une ou de plusieurs générations, peut-être avez-vous raison.
Il se peut aussi que sa grandeur existe par sa discrétion, sa recherche intérieure, son respect du public, sa profondeur.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 31 octobre 2013 à 01:36
Il compose encore ou bien a-t-il pris sa retraite ?
Rédigé par : Alex paulista | 30 octobre 2013 à 23:28
Goldman, Cabrel. De grands talents. Ils ont choisi la discrétion, le recul. Ils ont leurs raisons. Le tapage médiatique ne les intéresse pas. Plus de profondeur que de surface et sûrement une grandeur d'âme.
Rédigé par : jack | 30 octobre 2013 à 23:07
Rédigé par Monsieur amfortas le 30 octobre 2013 à 19:49
"Votre billet est glaçant."
D'accord avec l'ensemble de votre commentaire. Je redoute, et le mot est faible, que bientot ce soit "Camarade, choisis ton camp !"
Bonne soiree a toutes et tous.
Rédigé par : Valerie | 30 octobre 2013 à 22:17
Bonjour Philippe Bilger
« Un très beau reportage de Pauline Delassus dans Paris Match sur le "héros si discret" qu'est Jean-Jacques Goldman, et ça y est, c'est reparti, j'ai envie de dire tout le bien que je pense de ce chanteur, de ce compositeur, de cet homme qu'on ne se sent pas ridicule d'estimer, d'admirer. »
Tout comme vous j’apprécie beaucoup J-J Goldman tant pour ses qualités artistiques que pour sa personnalité. En prenant la direction des Restos du Cœur suite au décès du regretté Coluche, il a démontré que pour lui, l’humanisme n’est pas une posture contrairement à bien des hommes politiques qui revendiquent ce concept, mais une valeur à laquelle il est attaché.
Compte tenu de la discrétion qui le caractérise, il est même plutôt surprenant que J-J Goldman ait accepté un article dans l’hebdomadaire Paris Match qui a toujours tendance à faire dans le « too much ».
Par contre rien de surprenant d’y trouver BHL et Arielle Dombasle en train de faire leur petit numéro de stars. Cela leur a donné l'occasion de donner toute la mesure de leur ego surdimensionné, même si maintenant, avec le temps, ils ressemblent de plus en plus à deux vieux « has been » qui refusent de vieillir.
Rédigé par : Achille | 30 octobre 2013 à 21:12
Votre billet est glaçant.
Je ne connais pas personnellement M.Goldman, mais je lui souhaite de ne jamais céder aux appels venant du fond de la barathre. Faudrait-il qu'il se frottât aux politiques, à la corruption ? Pour faire voir qu'il est authentique ?
Aux cercles littéraires ?
Pour briguer des honneurs et les légions qui vont avec ?
Dans le monde ? Pour voir qu'il ne l'est qu'à demi ?
Laissez donc quelqu'un de bien rester quelqu'un de bien, comme il l'entend. Sa vie ne vous appartient pas.
Rédigé par : amfortas | 30 octobre 2013 à 19:49
Jean-Jacques Goldman n'est pas encore parti en Russie ni sur la planète Pluton. Quant à mon chanteur français préféré, c'est depuis longtemps qu'il est multiculturel ; à savoir son dernier train d'atterrissage - New York. CharlElie Couture pour le nommer. Mais ce n'est pas encore son dernier tour de piste, comme on peut l'espérer pour Goldman.
CharlElie a une chanson qui se nomme "Je suis dans mes poches". Jean-Jacques Goldman a encore de quoi fouiller dans les siennes.
Il ne faudrait pas qu'à la suite de nos matières grises, suivent les meilleures de nos cordes vocales d'Or.
J'aime beaucoup la prose de BHL. Je trouve que sa biographie sur Charles Baudelaire est un sommet ; mais je dois admettre que je ne compte par ses revers de match sur Paris Match.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 30 octobre 2013 à 19:05
Philippe...
Rha...
Finkielkraut (>>) Goldman, vous allez nous détraquer Szpiner.
AO
Rédigé par : oursivi | 30 octobre 2013 à 18:54