Le 31 octobre au matin, j'aurais parié sur l'acquittement, le soir, de l'accusé Jean-Louis Muller jugé par la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle pour le meurtre en 1999 de son épouse, qu'il aurait maquillé en suicide.
En 2008 et 2010, il a été condamné par deux cours d'assises différentes à vingt années de réclusion criminelle.
Mais dans la soirée du 31, son acquittement a été prononcé et on a pu le voir en larmes embrasser ses enfants au côté de Me Eric Dupond-Moretti (EDM), son avocat à nouveau victorieux à la suite d'un combat judiciaire.
Si je m'attache à cette affaire et à son dénouement, ce n'est pas que je souhaiterais me replonger dans une atmosphère que j'ai quittée et cultiver une nostalgie qui n'aurait d'ailleurs rien de honteux.
En réalité, ayant lu tous les comptes rendus des débats dans la presse écrite et sur Internet (Le Figaro, AFP, Le Parisien, Libération), je me suis aperçu que bien qu'éloigné de Nancy, je ressentais, devinais et percevais avec une lucidité aiguisée par la distance le comportement et la stratégie du redoutable conseil de l'accusé. Plus et mieux sans doute que si j'avais été face à lui, tout occupé à batailler. Chaque jour, des informations nous étaient communiquées qui certes ne rendaient pas inéluctable l'acquittement mais révélaient le processus par lequel Me Dupond-Moretti espérait le rendre nécessaire.
Il serait trop facile de faire preuve d'une clairvoyance rétrospective en considérant que le doute étant équitablement partagé entre le meurtre imputé et le suicide allégué, pour une tragédie datant en plus de quatorze ans, l'acquittement devait venir comme une évidence consacrer cette incertitude. On sait bien que cette dernière n'a pas toujours été considérée comme il convenait et, par ailleurs, le surgissement impérieux du doute, du suspens ne naît pas de rien mais de l'action intelligente et décisive de l'avocat.
La défense a également échappé au risque - mais limité, puisque les jurés savaient peu de chose du passé judiciaire de Muller et de ses attitudes antérieures - d'encourir le reproche d'une manipulation puisque, selon tous les médias, l'accusé s'était métamorphosé et que ce changement - de l'irascibilité au calme, du caractériel au maître de soi - ne pouvait avoir été inspiré que par EDM. On a constaté la conséquence bénéfique, pas la manoeuvre (RTL).
Je suis persuadé aussi que paradoxalement - et EDM a dû formidablement exploiter ce registre - le fait de deux condamnations antérieures par deux jurys populaires, loin de constituer une incitation à une troisième sanction, a pu, au contraire, représenter pour ce nouveau jury nancéien une tentation de transgression. On va se distinguer et on ne fera pas comme les précédents !
Selon toutes les remarques sur la présidence de cette cour d'assises, la femme qui l'assumait était fine et intelligente. Apparemment, elle faisait preuve de bienveillance à l'égard de ce conseil pour qui, souvent, "ça passe ou ça casse", et elle n'était pas insensible à ses propos et à son ironie.
Mais c'est oublier l'essentiel, la force capitale, la vigueur en action : Me Dupond-Moretti lui-même. Pas une victoire de la défense mais de la justice contre l'injustice, a-t-il déclaré. C'est beau mais faux. C'est lui seul qui a donné envie à la cour d'assises de lui donner raison.
Je n'avais aucun mal à l'imaginer, puissant, omniprésent, dominateur, épuisant pour les adversaires, en dépit sans doute des entraves que la procédure criminelle classiquement abordée et gérée oppose même aux talents les plus libres et les plus pugnaces.
Je l'entendais presque fermer la bouche du ministère public avant que celui-ci l'ait ouverte, je le voyais bousculer, rudoyer, répliquer, convaincre, détruire et construire, peu à peu, dans la tête des jurés, la possibilité, la plausibilité, la certitude d'une double erreur de jugement avant que la cour d'assises de Nancy soit saisie. La leur, la seule bonne, celle qui ne se trompera pas.
Je l'observais, si sûr de son pouvoir et de son influence surtout face à des jurés moins nombreux qu'à une certaine époque. Donc plus rassemblés sous son emprise. Lui tout à fait étranger au narcissisme et à la vanité, seulement tendu vers l'issue et concentré sur l'admission d'une innocence puisque son client, derrière lui, avait déclaré qu'il l'était. Cela suffisait pour qu'il mette tout son être et sa conviction programmée dans la balance.
Songeant à cet acquittement qui allait advenir, à cette inégalité des talents, à cette fabuleuse intelligence du procès et à cet art de la plaidoirie - velours et acier mêlés -, je comprenais comme je n'aurais pas été capable d'être un avocat sans hésitation, sans doute, sans incertitude, comme, tout en défendant la cause qui m'avait été confiée, j'aurais, dans mon for intérieur, laissé venir le poison de la culpabilité alors que l'innocence était à plaider, je me serais laissé envahir par des ombres dangereuses, des suspicions abusives qui m'auraient détourné de l'accusé pour me faire glisser subtilement de l'autre côté. La complexité de la vie, l'ambiguïté des choses et des êtres ne m'auraient pas déserté au prétexte qu'un camp m'avait choisi et qu'il convenait que je simplifie, j'épure en répudiant les nuances, les détours et les contradictions de la vérité.
Probablement, parce que j'étais sujet à la même inaptitude au sommaire et au schématisme, aux assises de Paris j'ai facilité des acquittements, que je n'avais pas requis, parce qu'à partir du moment où l'esprit et le coeur se donnent le droit et la liberté de s'aventurer hors des sentiers battus, on a déjà un peu perdu, on a déjà payé une dîme légère au contradicteur.
L'acquittement de Jean-Louis Muller n'a pas été une surprise mais il m'a convaincu d'une adhésion et d'une réserve.
J'admire les très grands avocats pénalistes mais je ne les envie pas.
Hors l'affaire dont il est question ici dans ce billet :
L'etablissement de l'exactitude des faits en matiere criminelle martyrisee
D'un cote, une enquete gendarmerie et/ou police realisee par des fonctionnaires souvent deconsideres du grand public.
Ressources alloues... faibles.
Risques non negligeables.
Des temoins benevoles souvent issus de milieux modestes ignorants de leurs droits, peu eduques (du moins en matiere judiciaire) qui, de nos jours, doivent sans doute craindre pour leur securite/leur vie ainsi que celles de leur famille et de plus facilement impressionnables/manipulables.
Ressources nulles ou quasi nulles... Risque encouru maximum.
Idem pour les jures taillables et corveables a merci.
Et enfin, un jugement (et dans le cas qui occupe ce billet, jusqu'a trois !!) prononce par des fonctionnaires de categories bien superieures et donc consideres socialement neanmoins decries secretement (parce que la Justice est crainte et qu'elle est toujours en mesure de rattraper le quidam moyen) et mediatiquement parce que les medias font largement le poids.
De l'autre, des avocats penalistes reputes, consideres et... grassement remuneres qui ont encore de beaux jours devant eux dans une societe chaque jour de plus en plus liberale. Une jolie et permanente collusion avec les medias de toutes sortes... et l'affaire est dans le sac ! Elle est pas belle la vie ?!
Rédigé par : Valerie | 04 novembre 2013 à 16:10
Voilà ce qui arrive quand un procureur ou un juge d'instruction se refuse à retenir (voire même à entendre) un témoignage capital sous prétexte qu'il remettrait en cause tout un dossier (manifestement mal ficelé et vicié à la base par des allégations mensongères et des expertises douteuses). Même remarque quand il annule d'un trait de plume un rigoureux travail d'enquête policière.
Ce qui s'est produit dans une affaire concernant l'un de mes proches, que j'ai suivie de bout en bout et qui s'est terminée
- primo par la mort suspecte, un 4 novembre, à quelques semaines des assises, du principal accusé (qui n'était en fait qu'un deuxième couteau) et avait menacé de faire d'importantes révélations lors du procès.
- et secundo par un non lieu providentiel pour son complice, en réalité cerveau et instigateur sournois et pervers de toute l'affaire.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 04 novembre 2013 à 15:20
"...qui s'interrogeaient comme moi sur ces prétendus faits inconnus du jury et qui auraient été propres à confirmer les deux verdicts précédents."
Je ne pense pas, cher Frank Thomas, que dans l'esprit de Philippe, les faits relatés dans l'article des DNA auraient été propres à confirmer les deux verdicts précédents.
Comme avocat général dans ce procès, si je suis bien convaincue qu'il aurait mobilisé une grande part de son énergie à résister à l'emprise de E. Dupond-Moretti, au moment du réquisitoire, il aurait exprimé son incertitude.
Et je pense également que quels que soient la forme et le fond donnés à son réquisitoire, Philippe, à la différence de l'avocat général de ce troisième procès, n'aurait pas exhorté les jurés à lire les résultats des expertises :
"sans la prudence des experts, mais de manière énergique. C'est votre travail d'interpréter." (Le Nouvel Observateur).
Philippe aurait-il ainsi eu le sentiment
"qu'à partir du moment où l'esprit et le cœur se donnent le droit et la liberté de s'aventurer hors des sentiers battus, on a déjà un peu perdu, on a déjà payé une dîme légère au contradicteur."
Autrement dit, Philippe aurait-il eu le sentiment qu'il cédait face à Dupond-Moretti ?
Je ne le pense pas.
Je crois, au bout du compte, qu'il n'aurait pas voulu, qu'il n'aurait pas choisi de valider et de prêter main-forte à une accusation dont l'argumentation était aussi incertaine et médiocre.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 novembre 2013 à 04:56
Merci à Véronique Raffeneau d'avoir éclairé ma lanterne et celle des semtob qui s'interrogeaient comme moi sur ces prétendus faits inconnus du jury et qui auraient été propres à confirmer les deux verdicts précédents.
J'aurais évidemment préféré que ces explications fussent venues de Philippe, qui avait mis en avant cet argument.
Rédigé par : Frank THOMAS | 03 novembre 2013 à 12:15
@ semtob et Frank Thomas
Vous vous interrogez au sujet de cette phrase de Philippe :
"La défense a également échappé au risque - mais limité, puisque les jurés savaient peu de chose du passé judiciaire de Muller et de ses attitudes antérieures..."
Des faits antérieurs ont été évoqués au cours des audiences de ce troisième procès :
"Les deux associés, qui ne s’entendent plus, se séparent fin 1997. « Un jour, au cabinet, il est entré dans mon bureau avec un fusil. Il m’a insultée et menacée : “je vais te tuer !” ». La présidente fait remarquer que la plainte fait seulement état de « menaces de mort par parole » et que la déposition a été signée. « Oui, mais les gendarmes, vous savez comment ils sont, hein ? À Bouxwiller, ils étaient pour lui ! »" (Dernières Nouvelles d'Alsace - Eric Nicolas - 25-10-2013)
Philippe pense que les jurés savaient (trop) peu du passé judiciaire du Dr Muller.
Si les faits auxquels Philippe fait référence sont ceux évoqués dans l'article des DNA, les jurés en ont eu connaissance.
Par ailleurs, semtob, je ne vois pas bien pourquoi ces faits auraient dû être tus à l'audience.
Si, indéniablement, leur évocation apportait un éclairage sur la personnalité, les attitudes et les comportements antérieurs du Dr Muller, il reste, comme l'a répliqué EDM, que ces faits ne démontrent pas que le Dr Muller a assassiné son épouse.
PS : Pardon, Philippe, d'intervenir beaucoup sous ce billet ; je le trouve passionnant.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 novembre 2013 à 05:34
Cher Philippe,
Il nous semblait que lors d'un procès, seuls les faits concernant l'affaire pouvaient être pris en compte.
Nous ne comprenons donc pas votre allusion au risque de l'évocation de faits antérieurs, puisque si tel avait été le cas, le jugement aurait été entaché d'irrégularité.
Il en est de même si un procès ultérieur doit avoir lieu. Pas plus les magistrats que les avocats n'ont le droit d'évoquer d'autres affaires supposées en cours.
Vous pensez bien que Maître Dupond-Moretti n'aurait jamais laissé passer une telle entorse au droit au procès équitable. Mais ce genre d'allusion ou de sous-entendu dans la bouche de procureurs se voit fréquemment bien que cela soit totalement illégal. Les avocats ne sont pas toujours vigilants sur ce point et c'est pourtant un élément de défense très opérant à mettre en place qui pourrait renforcer le secret de l'instruction qui a tendance à s'étaler dans la presse.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 03 novembre 2013 à 00:42
Eh bien, chère Catherine A, pendant que vous y êtes, ajoutez donc à votre jury professionnel idéal des psychologues, des psychiatres, des experts de toutes sortes et là ce sera complet, je peux vous assurer que la justice ne sera pas prête d'entrer dans un tribunal.
Ce sera solidarités de vues à tous les étages.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 02 novembre 2013 à 19:39
"D'ailleurs, à un journaliste, étant donné sa réputation d'"Acquittator", qui lui posait la question : "Est-ce que cet acquittement a une valeur particulière pour vous ?", EDM a répondu :
"Cet acquittement a une valeur particulière parce que j'ai la certitude, la certitude, vous m'entendez, que Jean-Louis Muller est innocent..."
"La certitude, soit ; mais les preuves ?" (Jocelyne)
Ce n'était pas à E. Dupond-Moretti d'apporter les preuves de l'innocence de son client, c'était à l'accusation que revenait l’obligation de démontrer la culpabilité.
Peu importe que EDM ait la certitude ou non de l'innocence de son client, son travail est d'exiger de l'accusation qu'elle prouve ce qu'elle avance.
Dans cette affaire, elle n'a rien démontré.
Ce qui n'est pas démontré n'existe pas (phrase d'EDM).
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 02 novembre 2013 à 19:01
Je ne connais rien au monde de la justice, mais vu de l'extérieur il me semble que D-M fait bien son travail, et je ne vois pas en quoi cela peut poser problème. Je n'imagine pas qu'on puisse priver un accusé de défense, et je n'imagine pas que le rôle de l'avocat puisse être autre chose que de convaincre un jury ne ne pas condamner son client. Si D-M était si narcissique que cela, il se préoccuperait moins de son client et davantage de son image.
Si j'avais besoin d'être défendue, je m'en remettrais plus volontiers à lui, même s'il a trop d'ego, comme on dit, qu'à une belle âme dépourvue d'ego, à supposer que cela existe.
Par ailleurs, la règle de justice selon laquelle le doute doit profiter à l'accusé me paraît plus humaine que celle qui dirait le contraire. Pour conclure je trouve étonnant et plus encore un tantinet inquiétant qu'il faille un ténor du barreau pour la faire prévaloir.
Rédigé par : Lucile | 02 novembre 2013 à 18:29
S'il faut trois procès pour que la justice sorte d'un tribunal c'est tout simplement effarant. Effrayant. Pour avoir professionnellement suivi pas mal de procès d'assises j'ai assez vite eu la conviction qu'il fallait en finir avec les jurys populaires. Pas assez au courant, trop timides, trop influençables. C'est de l'avocat général et des défenseurs, à qui l'emportera. Et pour ça les arguments rationnels et la vérité d'un dossier sont tout à fait secondaires.
PS : certains défenseurs dans l'affaire DSK ne s'y trompent pas qui demandent les assises plutôt que la correctionnelle.
Rédigé par : catherine A effarant | 02 novembre 2013 à 17:07
Monsieur Philippe Bilger,
Quand vous écrivez "Ce n'est pas une victoire de la justice ; c'est lui seul (EDM) qui a donné envie à la cour d'assises de lui donner raison", je suis tout à fait d'accord avec vous.
Cet acquittement n'est sûrement pas une victoire de la justice, et on pouvait parier sur l'acquittement de J.L Muller.
Cette issue est le fait d'un avocat, EDM, autoritaire et matamore, extrêmement habile à convaincre, d'autant qu'il est excellent comédien.
En revanche, quand vous écrivez à son sujet : "Lui tout à fait étranger au narcissisme et à la vanité, seulement tendu vers l'issue...", je crains de devoir vous contredire ; ne voyez-vous pas l'hypertrophie du moi ? C'est son orgueil qui le porte à la démesure et l'amène à prendre des risques, voire à négliger certaines règles ; on est à la limite de l'amoralisme.
Avec cet acquittement, ce n'est pas la victoire de la justice contre l'injustice.
D'ailleurs, à un journaliste, étant donné sa réputation d'"Acquittator", qui lui posait la question : "Est-ce que cet acquittement a une valeur particulière pour vous ?", EDM a répondu :
"Cet acquittement a une valeur particulière parce que j'ai la certitude, la certitude, vous m'entendez, que Jean-Louis Muller est innocent..."
La certitude, soit ; mais les preuves ?
Est-ce à dire qu'il n'avait pas cette même certitude dans la centaine d'acquittements à son actif et qui lui vaut cette réputation d'"Acquittator" ?
Inquiétant tout cela. Mascarade.
Rédigé par : Jocelyne | 02 novembre 2013 à 15:34
Le terme qu'employa d'AFP : "la justice contre l'injustice", aurait très bien pu être sentencieusement déclamé par Platon ou un de ses amis du temps des Lois ou de la République.
C'est peut-être un des dieux de l'Olympe qui a été clément avec AFP.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 02 novembre 2013 à 15:15
Bonjour,
Pour un simple citoyen, comment ne pas être étonné et déçu du fonctionnement de la justice !
Il est impensable que les deux premiers procès condamnent, pourquoi ? Les jurés populaires sont-ils fiables ? J'en doute... C'est vraiment du grand n'importe quoi !
Et cet avocat (EDM), heureux de son succès mais surtout de son chèque, quant à la vérité...
Rédigé par : Henri | 02 novembre 2013 à 12:59
"La défense a également échappé au risque - mais limité, puisque les jurés savaient peu de chose du passé judiciaire de Muller et de ses attitudes antérieures - d'encourir le reproche d'une manipulation"
Vous piquez notre curiosité. Q'y a-t-il dans ce "passé judiciaire" qui aurait été de nature, si les jurés avaient été mis au courant, à modifier leur verdict ?
Un autre soupçon de meurtre ? Des escroqueries ? Des faits de violence ?
Vous n'avez pas pour habitude, Philippe, de répondre aux commentaires.
En l'occurrence cependant, il serait juste de le faire : vous en avez trop dit ou pas assez.
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 novembre 2013 à 11:25
Cette mésaventure va peut-être lui apprendre les bonnes manières, quand on est innocent on ne la ramène pas.
Rédigé par : Savonarole | 02 novembre 2013 à 09:42
"L'acquittement de Jean-Louis Muller n'a pas été une surprise mais il m'a convaincu d'une adhésion et d'une réserve.
J'admire les très grands avocats pénalistes mais je ne les envie pas."
Ceci étant, malgré cet acquittement de l'ultime recours : carrière fichue, X années de vie fichues et toutes autres choses irrécupérables.
Il semblerait que six mille personnes choisissent de disparaître chaque année qui ne font pas automatiquement six mille meurtres et/ou enlèvements, séquestrations.
En tout état de cause, je suis contente pour les enfants.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 novembre 2013 à 09:04
« Que penseriez-vous d'un grand économiste d'Etat, à Bercy par exemple, qui convoquerait une assemblée populaire, prise au hasard dans la population, pour juger au final du bien-fondé de ses décisions ? »
Rédigé par : dan Alberti | 01 novembre 2013 à 21:49
Si le tirage est vraiment fait de façon aléatoire, la proportion de socialistes dans l’assemblée sera minoritaire et donc l’évaluation sera juste et pertinente.
Plus sérieusement (quoique, j’ai été sérieux, plus haut), savez-vous que le hasard, c’est-à-dire le tirage aléatoire de nombres, est un outil mathématique important dans la résolution numérique de problèmes qui étaient insolubles auparavant ?
Cette technique de résolution a été mise en œuvre avec succès pour la première fois pour les calculs théoriques de la bombe atomique aux USA, dans le cadre du projet Manhattan. Le projet étant secret, il a fallu donner un nom de code à cette méthode de calcul. C’est le grand mathématicien Von Neumann qui l’ayant rendue opérationnelle lui a donné le nom de « Méthode de Monte-Carlo ». On comprend pourquoi.
Ce nom lui est resté et la méthode continue d’être appliquée pour la résolution de grands problèmes civils et militaires.
Elle présente l’inconvénient de demander des temps de calcul longs, et malgré la puissance des ordinateurs actuels, on essaie d’utiliser d’autres méthodes tout aussi performantes et plus rapides, quand c’est possible.
Rédigé par : Tipaza | 02 novembre 2013 à 07:55
Avant et pendant le procès, je doutais de la culpabilité du docteur Muller. A la fin du procès j’ai entendu Eric Dupond-Moretti fortement souligner que son client était innocent, qu’il n’y avait plus aucun doute sur la culpabilité de ce dernier, et je n’avais plus de doute.
Là, je viens de lire votre billet et les doutes me reprennent ! Heureusement qu’il est définitivement acquitté ! Et mon nouveau doute, que vais-je en faire ?
Rédigé par : Alain | 02 novembre 2013 à 02:38
@ Christian C | 01 novembre 2013 à 19:17
Qui vous parle de pureté ? Qui vous parle de mérite ?
http://www.egaliteetreconciliation.fr/La-genealogie-un-outil-de-contre-propagande-21048.html
A propos d'ADN et de pureté je vais vous raconter une anecdote concernant ma famille : un de mes ancêtres pas très lointain avait, comme l'on disait, "engrossé" une jeune femme. Le père de celle-ci n'avait bien sûr aucun moyen de lui faire avouer sa paternité.
Alors il fit don à la commune d'un imposant crucifix sur son socle en marbre à la condition expresse qu'il trône devant le porche de l'église.
Ce qui fut fait.
Mon ancêtre quittant sa propriété devait obligatoirement passer devant la croix, qu'il aille à l'église ou qu'il vaque à ses occupations et devait donc soit se décoiffer soit se signer.
Sur le socle était gravé le nom et le prénom de cette jeune femme.
Lors du Plan local d'urbanisme (PLU), des architectes paysagistes sans doute d'une grande piété ont voulu déplacer ce monument au cimetière pour le mettre, comme ils dirent, "à sa place parmi les morts".
Il est toujours là dressé, et je passe devant.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 02 novembre 2013 à 00:01
Bonsoir Monsieur Bilger,
J'ai été juré d'assises durant quinze jours dans la seconde affaire de la bande du Macama, les assassins de la députée Yann Piat, puis encore quinze jours pour d'autres affaires.
Une fois de plus, votre billet sur cette affaire, et cette affaire elle-même, me confortent dans ma position pour la suppression du jury populaire et des réquisitions orales des avocats généraux dans les cours d'assises. Oui je sais, c'est énorme comme position. Mais je pense que la justice et le peuple y trouveraient leur compte.
Citez-moi le pourcentage de réquisitoires dans les affaires où l'acquittement a été prononcé par le jury et où l'avocat général avait lui aussi demandé l'acquittement de l'accusé dans son réquisitoire ?
Sur les jurys populaires :
La justice est une science humaine je vous l'accorde. Mais elle est de plus en plus technique et scientifique, comme l'économie ou la sociologie.
Que penseriez-vous d'un grand économiste d'Etat, à Bercy par exemple, qui convoquerait une assemblée populaire, prise au hasard dans la population, pour juger au final du bien-fondé de ses décisions ?
Encore qu'en l'espèce, on pourrait se demander si le hasard et l'ignorance populaire, vu les résultats des prévisions de nos grands économistes et la crise où nous sommes, n'eussent pas été d'un plus grand secours.
Rédigé par : dan Alberti | 01 novembre 2013 à 21:49
Je m'interroge souvent sur le fait de savoir pourquoi tel ou tel juge d'instruction refuse une reconstitution de la scène de la mort, conforté dans cette décision par sa hiérarchie, et pourquoi d'autres au contraire accepte de s'y confronter, car beaucoup d'erreurs judiciaires découlent de l'absence de reconstitution. Lorsqu'il y a suspicion de crime la reconstitution des faits devrait être la règle, ne serait-ce que pour que le magistrat instructeur constate de lui-même le lieu, l'environnement, parfois le malaise de l'accusé, et se forge ainsi une opinion avant de recevoir celle des incontournables et divers experts.
C'est la raison pour laquelle je tire mon chapeau à cet avocat, certes médiatique (grâce à qui ?) et qui sait se servir de cet atout, qui a eu le culot de reconstituer la scène de la mort dans le prétoire, pour que tout le monde ait "le nez" (si j'ose dire) sur les faits, les faits et rien que les faits.
Maintenant si l'avocat de la défense a mouillé sa chemise pour défendre son client, médiatique ou pas, gros honoraires ou pas, je ne peux que le féliciter de bien faire son boulot !
Je ne sais si M. Muller est coupable de la mort de sa femme ou pas, mais je n'ose croire que les jurés l'ait acquitté au motif que "on va se distinguer et on ne fera pas comme les précédents !" Là ce serait gravissime quand même que la justice soit réduite à cette alternative pour acquitter ou, pire, condamner quelqu'un.
Des fois M. Bilger vous me faites un peu peur...
Rédigé par : breizmabro | 01 novembre 2013 à 21:09
Le talent c'est une chose, encore faut-il que des faits précis et indéniables puissent étayer le fond d'une plaidoirie. Dans cette affaire que je ne connais pas, quels sont les éléments nouveaux qui ont conduit les jurés à une appréciation inverse de celle de leurs prédécesseurs ? Peut-on imaginer deux audiences "bâclées" avant celle-ci et bâclées par qui ?
Rédigé par : Jabiru | 01 novembre 2013 à 20:45
M'enfin... quelle etrange idee que d'epouser un homme, sans doute, passionne par la viande froide au point d'en faire sa profession ?!
C'est vendredi... tout est permis ;-)
Je relirai cet excellent billet a tete reposee.
Rédigé par : Valerie | 01 novembre 2013 à 19:24
@hameau dans les nuages
Très sincères félicitations ! Vous voilà donc précédé de 38 générations de Français "de souche".
Juste deux questions :
- quel mérite serait le vôtre dans cette conjecture ?
- les test ADN n'existant de manière fiable que depuis quelques années, quel est votre degré de certitude sur un éventuel racisme - ou non - d'une de vos ascendantes née au cours des 1.300 ans vous séparant des racines de votre arbre généalogique si pur ?
Rédigé par : Christian C | 01 novembre 2013 à 19:17
@ Ibrah | 01 novembre 2013 à 14:15
Je ne suis ni videur ni portier du blog de monsieur Bilger.
Mais la moindre des choses est de s'essuyer les pieds avant de rentrer chez son hôte et de ne pas insulter les autres invités.
Je vous laisse deviner la suite des événements si je m'étais permis de tels propos à l'encontre de vos coreligionnaires assez susceptibles en la matière.
Je suis de la 39ème génération certifiée "intra muros" ce qui est pas mal pour un peuple de castrés et avons su utiliser le sang de retrempe avec bonheur.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 01 novembre 2013 à 18:33
Cher Philippe Bilger,
« lui tout à fait étranger au narcissisme et à la vanité, seulement tendu vers l'issue et concentré sur l'admission d'une innocence puisque son client, derrière lui, lui avait déclaré qu'il l'était. »
Pour ce qui est du narcissisme, sans doute avez-vous raison. Quant à la vanité et à la sincérité… je doute, cher Philippe Bilger, je doute.
Si cela ne m’empêche pas de rejoindre vos conclusions sur l’affaire Muller, parce que je connais mal l’affaire et que je n’ai pas suivi le procès, je partage également vos interrogations pour le moins, au pire vos réticences quant à l'exercice de la profession d’avocat.
Ma réserve quant aux qualités de Maître Dupond-Moretti vient de ses apparitions médiatiques répétées et virulentes, au fort parfum d’opérations soigneusement préparées par une armada d’attachés de presse, sur les plateaux télé et radio où il était venu défendre l’honneur et la réputation du grand businessman que le stock exchange nous envie depuis trente-cinq années, j’ai nommé l’insurpassable Bernard Tapie dont il venait d’endosser avec courage la panoplie de supporter en contrepartie de ses honoraires, ce qui est bien naturel.
Sa posture d’intimidation face à des interlocuteurs, il est vrai affaiblis par leur nullité en matière judiciaire autant que juridique, m’avait choqué, ainsi que son comportement arrogant, son ton impérieux et ses sourcils froncés sous l’effet d’un courroux très théâtralisé.
Autant la réponse aux questions des chroniqueurs judiciaires, au sortir du prétoire, me paraît un exercice indispensable à l’information du béotien moyen que je suis, même si la verve de l’avocat est sublimée par la présence des projecteurs, autant l’assaut prémédité des médias, qu’il soit pratiqué par Hervé Temime (oh ! les belles lunettes d’écaille toutes neuves), Clément Weill-Raynal ou Eric Dupond-Moretti éveille chez moi un réflexe immédiat de défiance.
Rédigé par : Christian C | 01 novembre 2013 à 18:29
@Ibrah
"Je fais partie de ceux qui croient que l'erreur judiciaire, surtout dans le système français qui a aussi cours dans mon pays, est extrêmement rare", dites-vous.
Quel beau pays que le vôtre, parce que chez nous, il vaut mieux ne pas chercher à savoir combien nous avons de Patrick Dils en prison.
L'erreur judiciaire, elle a même lieu dans 80% des cas en matière de droit du travail !
Vous me direz que ça n'a rien à voir ; mais si, parce que lorsque des magistrats mettent sciemment des innocents en prison pour couvrir leurs collègues comme dans l'affaire d'Outreau, il s'agit tout simplement là aussi de canailles.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 01 novembre 2013 à 18:28
Jean-Louis Muller, condamné à Strasbourg, condamné à Colmar, acquitté à Nancy, tout un chacun, vous, moi, aurait-il pu bénéficier d'un tel barnum judiciaire ? Un pauvre hère aurait-il pu s'offrir les talents de Dupond-Moretti ? Ce médecin n'a-t-il pas bénéficié aussi du renom dû à sa profession ?
Rédigé par : bruno | 01 novembre 2013 à 14:18
M. Bilger,
C'est mon ami "hameau dans les nuages" qui va pas être content de revoir l'"intrus" s'occuper de ce qui ne le regarde pas. Mais je trouve heureux qu'il se soit rendu compte que les deux mots pas gentils à mon égard méritaient d'être retirés par la modératrice.
Par rapport à votre billet d'aujourd'hui, bien qu'il faille convenir du talent de l'avocat, qui est incontestable au regard du nombre impressionnant d'acquittements obtenus, je ne crois pas que l'issue d'un procès dépende de "l'inégalité des talents" en présence. Je fais partie de ceux qui croient que l'erreur judiciaire, surtout dans le système français qui a aussi cours dans mon pays, est extrêmement rare. Comment autant d'intervenants dans une procédure criminelle, qui apprécient les faits à charge et à décharge, peuvent-ils tous se tromper ? Le talent d'un avocat aussi immense soit-il ne peut avoir raison de la solidité d'un dossier. Je peux comprendre la difficulté du ministère public dans certains procès, lorsqu'il y a revirement de parties civiles ou témoins, à pouvoir soutenir l'accusation comme prévu. Mais, dans ce cas ou lorsqu'il n'a pas suffisamment de preuves, la règle voudrait qu'il requière l'acquittement même au bénéfice du doute. En revanche, je trouve regrettable qu'un procureur fasse des réquisitions sans conviction (si j'ai bien compris votre allusion à la fin de votre billet) pour donner un grand boulevard à l'avocat de la défense qui ne va pas se gêner pour le démolir, et auquel reviendra toujours le mérite de l'acquittement. Requérir à décharge n'est pas à mon sens un acte de courage pour un magistrat du ministère public, c'est plutôt respecter son serment puisqu'il n'y a pas suffisamment d'éléments pour demander la culpabilité en se référant au droit ou aux faits. De ce point de vue le magistrat du ministère public doit se lever pour le dire haut et fort sans aucun complexe, car il serait aussi méritant que Me EDM.
Rédigé par : Ibrah | 01 novembre 2013 à 14:15
Je n'aimerais pas être avocat de la défense après Philippe Bilger... Mais je n'aimerais pas non plus être avocat général avant Dupond-Moretti... J'ai lu son dernier bouquin, il a l'air d'avoir la ténacité de Floriot et la verve de Moro-Giafferri.
Tenez, en parlant d'avant et d'après, une colle pas trop dure : dans quel grand procès d'assises l'avocat général a-t-il repris la parole après les plaidoiries de la défense ?
Rédigé par : Boris | 01 novembre 2013 à 13:53
"je le voyais bousculer, rudoyer, répliquer, convaincre, détruire et construire, peu à peu, dans la tête des jurés, la possibilité, la plausibilité, la certitude d'une double erreur de jugement avant que la cour d'assises de Nancy soit saisie. La leur, la seule bonne, celle qui ne se trompera pas."
Je ne connais rien à la procédure mais cette phrase me met mal à l'aise. En effet, elle suppose que la cour d'assises de Nancy aurait dû se déterminer en fonction des deux décisions précédentes.
Alors que la logique voudrait, quand on va en appel, de tout réexaminer depuis le début sans se baser sur la décision précédente, ni dans un sens ni dans l'autre.
Et PB écrit cela juste après avoir dénoncé le mécanisme dans l'autre sens ("On va se distinguer et on ne fera pas comme les précédents !").
En somme, malgré ce que vous dites, cher PB, vous pourriez très bien être avocat de la défense: vous utilisez les mêmes arnaques, mais dans l'autre sens.
Rédigé par : Alex paulista | 01 novembre 2013 à 13:49
@ Véronique Raffeneau
« Car enfin, côté accusation, compter et parier, entre autres, sur les témoignages surprises des deux gendarmes a été une vraie machine à fabriquer du doute. »
Il est vrai que parfois la mémoire est capricieuse.
Etonnant tout de même ces témoignages surprises qui surgissent comme des flashes 14 ans après les faits et deux procès en assises.
Finalement Hitchcock n’a rien inventé. Gageons que d’ici peu un réalisateur va se pencher sur ce fait divers hors du commun pour nous faire un film à succès. L'histoire le vaut bien.
Rédigé par : Achille | 01 novembre 2013 à 13:01
M. Nebout
J'ai contesté la phrase de Philippe :
"C'est lui seul (Dupond-Moretti) qui a donné envie à la cour d'assises de lui donner raison"
Enfin quoi !
Vous avez une accusation qui depuis 14 ans structure son argumentation sur la maîtrise supposée - machiavélique - dans le domaine de la médecine légale du Dr Muller, auteur d'une thèse sur les armes à feu, et vous avez la même accusation qui toujours pendant 14 ans (7 ans d'instruction + deux procès) va ignorer l'observation des gendarmes selon laquelle le Dr Muller se serait douché avant d'appeler la gendarmerie.
J'essaie seulement de dire que les deux témoins gendarmes surprises ont été des acteurs majeurs et de premier plan dans l'acquittement du Dr Muller.
J'ai également extrait du billet cette citation :
"Je comprenais comme je n'aurais pas été capable d'être un avocat sans hésitation, sans doute, sans incertitude..."
Qu'on soit juré, magistrat ou avocat de la défense il arrive un moment où le doute, principalement quand il porte sur la crédibilité des enquêtes et des expertises, devient de façon évidente tout-puissant.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 01 novembre 2013 à 12:47
Après la lecture du superbe billet, et des premiers commentaires, que dire, moi qui ne connais rien de rien au droit et à la procédure ?
Me vient en tête une formule, brève, mais qui me semble résumer ce que je viens de lire : après la glorieuse incertitude du sport, voici la glorieuse incertitude de la justice… humaine.
Pour la divine, nous la verrons le plus tard possible, même si certains prétendent la faire sur terre.
Incertitude de la justice humaine, la formule n’est pas nécessairement péjorative.
Elle montre tout simplement que le droit et les textes de loi, ne sont pas toute la Vie, ce qui est heureux. Il manque à ces impératifs la chaleur humaine, et l’application rigide de la loi conduit à une déshumanisation de la justice.
Et quelle chaleur, quelle énergie, quel « Mana » se dégagent de Maître Dupond-Moretti !
Il faut être très fort, ou de "grande mauvaise foi" pour lui résister, car à l’évidence il a raison, sans raison, parce que c’est lui !!
Je me demande s’il y a eu un jour une confrontation entre lui et Robert Badinter.
Le feu et la glace, du moins tels que je les perçois !
Rédigé par : Tipaza | 01 novembre 2013 à 12:21
Ayant assisté à une demi-journée du procès, j'ai été impressionné par Me Dupond-Moretti. Ce n'est pas une sinécure de se trouver en face de lui. Il rudoie, il tance, il accable, il déstabilise. Parfois, le langage est peu châtié. Mais quel talent, quelle force !
Effectivement, on peut penser que l’accusé Muller avait reçu des consignes de bonne conduite. Voire même de silence. Comme si on lui avait dit : taisez-vous, laissez-moi faire.
Et on a bien fait s’il l’on en juge par le verdict rendu.
Rédigé par : jack | 01 novembre 2013 à 11:16
"Le poison de la culpabilité" : cela me fait penser à Thérèse Raquin d'Emile Zola.
Heu... je ne connais pas du tout cette affaire ; j'attendrai le prochain billet.
Ce qui est bien c'est qu'ils se suivent à un rythme soutenu dans la qualité, mais contrairement au dicton, ne se ressemblent pas tous.
Rédigé par : Carl+Larmonier | 01 novembre 2013 à 11:11
@Véronique Raffeneau
"Mais non, Philippe. J'ai peu lu sur ce procès, mais tout de même"
Certes, même si Philippe a tout lu, vous êtes tellement plus qualifiée que lui pour en juger, qu'il vous a suffi de ce peu pour le confondre dans son impertinence.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 01 novembre 2013 à 11:04
Du grand Philippe Bilger dont nous pouvons être honoré d’occuper le blog.
Il nous dit, en suffisamment de mots pour ne pas se résumer aux évidences, d’une part que devant les hommes, le sort des accusés dépend parfois davantage du talent des plaideurs que de la vérité, et d’autre part qu’il y a lieu de se faire du souci pour le salut de l’âme de la plupart des avocats.
Quel plaidoyer pour le retour à la justice ecclésiastique où le procès a lieu devant Dieu et la décision rendue au nom de Dieu, ou en termes archaïques, devant le chaman, et par le chef de tribu éclairé par ce dernier, au nom du grand Esprit !
Sans se lancer dans un exposé complexe de ce que fut la justice au cours des temps, nous devons relever que notre justice privée des moyens religieux de connaître la vérité, en est rendue au pire : au talent des plaideurs et sans que la notion de scrupule puisse frôler leur conscience - c'est-à-dire sans conscience.
Or, le moyen religieux de connaître la vérité est bien simple, il s’agit de voir les auras : on pourrait ainsi recourir à des jurys de moines se consacrant à la prière cinq heures par jour et devant se retenir de les voir plutôt que chercher à les voir, mais on pourrait aussi recourir à bon nombre de « guérisseurs » qui les voient tout aussi bien mais en cherchant à les voir.
Les franc-maçons qui dans le cabinet de réception, reçoivent le candidat devant un tissu gris pour en principe voir son aura (alors que la plupart d’entre eux pour ne pas dire leur quasi-totalité ne savent même pas pourquoi il y a un tissus gris dans ce rituel), infestent pourtant la magistrature !
Alors, vision des auras, ou tout au moins, longs moments de prière des juges et avocats avant les audiences pour laisser envahir leur esprit comme Philippe Bilger nous avoue aujourd’hui s’y être ouvert, voilà ce qui peut faire comprendre pourquoi on a bien longtemps admiré et recherché avec confiance la justice ecclésiastique, et pourquoi les imposteurs en ont pris les habits.
Sans retourner à la recherche de la cité céleste, nous pourrions tout simplement utiliser des psychotropes pour empêcher les accusés de retenir ce qu’ils savent (scopolamine, penthotal), ou encore l’hypnose maintenant installée officiellement, et là, les objections ne relèvent que de la protection des criminels.
Et si on tient tant à protéger les criminels, c’est parce que le pouvoir républicain en est depuis toujours infesté. Tout le monde sait bien que si on devait mettre tous les petits et grands Guérini en prison, on devrait voir très grand pour leur aménager un camp, et que le corps des élus en serait sérieusement déplumé…
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 01 novembre 2013 à 10:43
"Affaire qui permet de mesurer à sa juste valeur, ainsi que vous le soulignez, l’inégalité de traitement d’un accusé selon qu’il est défendu par un avocat brillant et célèbre ou par un avocat peu expérimenté et totalement inconnu."
Achille, je pense que vous faites une erreur d'appréciation.
J'ai beaucoup d'admiration pour E. Dupond-Moretti.
Mais là, je crois qu'un avocat, même peu expérimenté, même inconnu, même mauvais, pouvait remonter et inverser le cours des choses.
Car enfin, côté accusation, compter et parier, entre autres, sur les témoignages surprises des deux gendarmes a été une vraie machine à fabriquer du doute.
Et puis, cher Achille, la présidente a prêté, à juste raison, main-forte à la défense.
Même dans l'hypothèse d'un avocat plus que moyen, voire nul, la défense, dans ce procès, particulièrement dans l'épisode des deux témoins, aurait été assurée... par la présidente.
Vous ne pensez pas ?
PS : Juste une nuance. Bon, c'est vrai que seul un Dupond-Moretti peut avoir l'aplomb de dire dans sa plaidorie que le réquisitoire est de la ratatouille !
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 01 novembre 2013 à 09:49
Tendu vers son objectif, telle est la caractéristique des hommes d'action, des "opérationnels". La circonspection dans le jugement est plutôt celle des penseurs, des sages. Deux mondes si différents qui se côtoient, qui se complètent. Chacun est admiratif des qualités de l'autre, qu'il ne possède pas. Et le soir venu, chacun se réconcilie avec sa nature. Rien de neuf sous notre soleil.
Rédigé par : racine15 | 01 novembre 2013 à 09:00
"C'est lui seul qui a donné envie à la cour d'assises de lui donner raison"
Mais non, Philippe.
J'ai peu lu sur ce procès, mais tout de même :
les dépositions des deux témoins surprise de la 45ème heure ont très largement contribué à cet acquittement. La présidente également.
"Comment vous avez pu ne pas vous rendre compte pendant 14 ans que cette information était capitale ?" a demandé la présidente, Marie-Cécile Thouzeau, au premier gendarme, sans recueillir de réponse. "Pourquoi ne pas en avoir référé au supérieur hiérarchique ?" a-t-elle demandé au second. "Non, je n'en ai pas parlé. Je pense que tout le monde avait les yeux ouverts", a-t-il répondu." (Le Point)
"Je comprenais comme je n'aurais pas été capable d'être un avocat sans hésitation, sans doute, sans incertitude..."
Il doit bien y avoir un moment où, présence d'un avocat de la défense brillant ou pas, face à une telle ineptie, le doute prend toute la place quant à la fiabilité et à la crédibilité des enquêtes et des rapports d'expertise.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 01 novembre 2013 à 08:35
Bonjour Philippe Bilger,
« Songeant à cet acquittement qui allait advenir, à cette inégalité des talents, à cette fabuleuse intelligence du procès et à cet art de la plaidoirie - velours et acier mêlés -, je comprenais comme je n'aurais pas été capable d'être un avocat sans hésitation, sans doute, sans incertitude, comme, tout en défendant la cause qui m'avait été confiée, j'aurais, dans mon for intérieur, laissé venir le poison de la culpabilité alors que l'innocence était à plaider, je me serais laissé envahir par des ombres dangereuses, des suspicions abusives qui m'auraient détourné de l'accusé pour me faire glisser subtilement de l'autre côté. La complexité de la vie, l'ambiguïté des choses et des êtres ne m'auraient pas déserté au prétexte qu'un camp m'avait choisi et qu'il convenait que je simplifie, j'épure en répudiant les nuances, les détours et les contradictions de la vérité. »
C’est ce qui fait toute la différence entre un magistrat qui représente la Justice et, à ce titre, se doit à une totale impartialité et l’avocat qui lui, défend un client et donc se focalise sur les arguments de sa défense. L’objectif pour lui étant de réduire sa peine au maximum, voire d'obtenir l’acquittement comme c’est le cas pour cette affaire.
Affaire qui permet de mesurer à sa juste valeur, ainsi que vous le soulignez, l’inégalité de traitement d’un accusé selon qu’il est défendu par un avocat brillant et célèbre ou par un avocat peu expérimenté et totalement inconnu.
On ne manquera pas de s’étonner également du verdict des deux procès précédents qui avaient débouché sur une condamnation à vingt ans de réclusion.
Douze années de tergiversation et de polémiques qui montrent que l’enquête semble avoir été menée avec un professionnalisme discutable puisqu’elle n’a pas empêché de laisser planer le doute. Doute qui selon le premier principe de justice doit bénéficier à l’accusé.
Le Dr Muller a été acquitté par la justice des Hommes. Il lui reste maintenant à être en règle sa conscience car il est le seul à connaître la vérité.
Rédigé par : Achille | 01 novembre 2013 à 08:32