Il n'y a pas eu de miracle à la cour d'assises de la Guyane, à Cayenne. L'accusé Daniel Paresseux a été condamné à la peine de 15 ans de réclusion criminelle pour des viols et des agressions sexuelles, l'avocat général Roger Arata ayant requis 17 années.
Pour ces crimes et ces délits commis notamment courant 2004 mais connus seulement et dénoncés en 2006, il avait déjà été sanctionné, en premier ressort, en 2010, par une peine identique puis, en appel en 2011, à 17 années de réclusion mais l'arrêt avait été cassé.
Un nouveau pourvoi en cassation a été formé et, s'il était admis, je suppute, sans trop de risque, que l'issue ne serait pas plus favorable à Paresseux que lors des instances précédentes.
Ce qui m'importe est moins de me pencher sur ces aléas judiciaires, à mon sens prévisibles, que de parler de Cayenne, de la juridiction d'assises, des magistrats et des avocats que j'ai pu rencontrer et parfois entendre lors des débats du mardi 21 au vendredi 24, le procès s'étant terminé tard dans la nuit du 27 au 28.
On m'a affirmé que venir et découvrir Cayenne suscitait une réaction contradictoire. On était pris sous le charme ou on détestait. Pour ma part, c'est l'enchantement, la chaleur, l'empathie qui m'ont saisi dans cette ville multiple, composite mais harmonieuse, travailleuse et aimable, faite de France avec le parfum et le souffle des Caraïbes. Il est vrai que j'y étais allé, convié par un trio d'avocats de grande valeur, sous l'égide d'un humaniste très intelligent, passionné et lyrique, Me Emile Tshefu.
Dans mon rôle de consultant judiciaire, une liberté totale m'a été laissée de sorte que j'ai pu me camper à la fois comme observateur très intéressé et, je l'espère, lucide et comme conseiller technique d'une défense enthousiaste, pugnace, parfois maladroite à force d'élans et d'excès, mais solidaire avec trois tempéraments contrastés mais en définitive, dans le débat, complémentaires.
Les audiences commençaient à 8 heures et se terminaient tard le soir. Du rythme, de la tension, de l'attention, de l'écoute, des jurés accordés, à l'exception d'une ou deux femmes jurées supplémentaires, à la gravité de l'affaire et à ses conséquences probablement dramatiques.
Trois avocates pour les parties civiles. J'ai été particulièrement impressionné par la qualité et la densité du questionnement formulé par Me Rose-Lyne Robeiri.
Une cour d'assises est "condamnée" à la médiocrité si le président n'est pas plus que bon : remarquable et si les parties ne sont pas dans l'excellence. Pour celles-ci, elles ont été à la hauteur de l'enjeu.
J'ai été, non pas avec étonnement - pourquoi Cayenne ne serait-il pas au même niveau sur le plan judiciaire, voire meilleur que Paris ? - mais avec estime, voire admiration conquis par la manière de présider du Conseiller Brigitte Delpech. Du grand art. Urbanité, maîtrise constante de soi, élocution parfaite, langage châtié, connaissance irréprochable du dossier, objectivité autant qu'elle est possible.
Pour ne pas tomber dans l'hagiographie, je lui ferais cependant deux reproches.
D'une part, son exemplaire appréhension du dossier l'a conduite parfois, à mon sens, à des questionnements trop longs débordant l'essentiel qui faisaient apparaître comme insupportables, à leur suite, les interrogations multiples mais légitimes des défenseurs, d'autant plus que la présidente n'hésitait à revenir dans le cours de ce qui pourtant avait été dévolu aux parties. Mêlant à tout moment sa démarche à celle des autres, elle amplifiait démesurément la sienne et altérait l'efficacité possible de l'autre.
D'autre part, je regrette qu'ayant un arbitrage à faire entre le lundi mais avec une défense réduite à deux avocats et le samedi avec les trois avocats présents, elle se soit laissée imposer par les jurés la date du 27 parce que, selon elle, épuisés ils ne voulaient pas terminer les débats et délibérer le 25. Il ne faut pas exagérer. Ce n'est pas au jury d'imposer sa loi surtout quand à l'évidence Cayenne et sa cour d'assises n'ont pas été le bagne.
Mais ces griefs sont de ceux qu'on peut, qu'on doit adresser à une présidence exceptionnelle de qualité.
Je bénis le bonheur d'avoir découvert Cayenne et rencontré Me Emile Tshefu et ses confrères.
J'aurais bien aimé requérir devant la présidente Delpech.
Bonheur, joie et enthousiasme de lire un billet qui reconnaît enfin qu'à Cayenne on peut merveilleusement rencontrer et connaître de belles personnes. Stagiaire au cabinet de Maître Tshefu en 2013 j'ai été bercé et choyé par l'enrobé de l'avenue de la Liberté dans une atmosphère si riche que rentrer en métropole m'a été difficile. Oui, Maître Tshefu est à part, ne reculant devant aucune tirade de Maurice Cusson, Victor Hugo, Pascal ou encore Bentham à chacune de ses interventions (au point de souvent susciter jouissance d'écoute chez foule d'escortes de gendarmerie mais aussi de ses confrères). Cayenne connaît une pression migratoire importante et les cabinets de la place doivent jouir d'aisance avec la langue shakespearienne mais aussi celle de Rio et le hollandais du Surinam sans oublier celle des conquistadors. Ce qui offre un panel en terme de clientèle complètement hétérogène et approfondit la richesse, tant en empathie avec les différents auteurs d'actes infractionnels qu'en notoriété pour les pays voisins si riches de culture.
Je me souviens avoir feuilleté ce dossier et je m'étais interrogé sur la difficulté d'obtenir "quelque chose" comme vous aimiez à me dire, d'autant plus et je le découvre, avec le représentant du ministère public qu'est Roger Arata.
J'ai eu la chance d'être aux côtés de M.Tshefu qui révise chaque jour les processus permettant de trouver la clé humaine dans celles et ceux qui ont à connaître des affres de la détention et les méandres de leur présomption d'innocence bafouée, quels que soient les faits qui leur sont reprochés et je tiens de vous ma soif d'avenir à rechercher l'homme, ses travers, car fondamentalement c'est ça qui est intéressant pour tout pénaliste.
Je vous ai lu un jour, à vos côtés en correctionnelle, reprenant Bentham me semble-t-il qui avait dit "si le mal de la peine excédait le mal du délit, le législateur aurait produit plus de souffrances qu'il n'en aurait prévenu".
Rédigé par : N. SAKALA-TATI | 15 avril 2014 à 23:32
Bonjour M. Bilger
Je ne sais pas comment un ancien procureur accuse d'être plagié et ce que l'on risque à le faire, mais bon puisque le plagiat se limite juste au titre je m'en tiendrais à un simple rappel... à l'article (ma foi fort intéressant).
http://fr.novopress.info/128640/le-business-familial-de-christiane-taubira-cayenne-cest-pas-le-bagne/
Rédigé par : pibeste | 05 février 2014 à 10:09
"Son association "Egalité et Réconciliation", sous l'égide de "Gauche du travail et Droite des valeurs" est entrée dans mon espace."
L'association "Egalité et réconciliation" était arrivée dans mon espace de surf sur internet. J'étais venu, j'avais vu et je n'avais pas vaincu mes réticences, veni, vidi, non vici.
Dès le début, l'égide manichéenne ne me plaît pas. Le travail n'est pas l'apanage de la Gauche et les valeurs ne caractérisent pas la Droite. Cette caricature en appelle une autre, "La Gauche des assistés et la Droite des imposés du Trésor Public et des valeurs communistes". Un partout et la balle au centre, moi aussi, je sais être provocateur, à contre-courant. J'ai ma voie, mon courant solitaire. Je ne regarde pas les émissions du service public, et je ne vais pas sur les sites de M. Soral ou de M. M'Bala M'Bala.
Au sujet de l'antisémitisme et de M. Soral, beaucoup de choses ont été écrites sur ce blog. Je ne rentrerai pas dans ce débat cette fois-ci.
M. Soral est un homme, il a ses idées, ses qualités, ses défauts. En ce moment, personne ne l'invite sur les plateaux de télévision ou sur les ondes. Pour la majorité des Français, il personnifie le "Diable", celui qu'il faut éviter, auquel on se réfère pour symboliser l'horreur ultime. Dans notre société de journalistes qui se revendiquent athées, je suis frappé de constater que les réflexes religieux et mystiques ressurgissent d'une manière ou d'une autre. Les journalistes récusent Dieu et Lucifer, son Ange déchu ; mais ils mettent en lumière un personnage diabolique.
Il reste à M. Soral l'espace internet pour s'exprimer ; mais pour combien de temps encore ?
Rédigé par : vamonos | 31 janvier 2014 à 08:00
@ Frank THOMAS | 30 janvier 2014 à 12:41
Je réagissais juste à l'évocation de statistiques pour penser que Cayenne ne pouvait pas être "aimable". L'expérience que je donne est plus relative au Brésil que je connais bien.
Sur la Guyane en particulier, une proche amie brésilienne mariée à un policier français vient d'y passer trois ans avec ses enfants. Elle passait parfois nous voir à São Paulo. Lui expliquait que la criminalité en Guyane était comparable à celle de l'État brésilien voisin, qualitativement et quantitativement.
Pas de sécurité renforcée, pas d'escorte pour faire ses courses. Vous me direz, son mari est marseillais et donc peut-être moins impressionnable.
Par "rester simple", je ne pensais pas aux manteaux d'astrakan mais plus aux marques, aux téléphones, aux montres et bijoux...
Rédigé par : Alex paulista | 30 janvier 2014 à 17:41
@Tipaza
À voir la photo de la magistrate, l’Ange du Mal, chargé de lui faire prendre contact avec la réalité, n’avait peur de rien.
Il est tout de même inquiétant de savoir qu'il existe dans la nature de tels desperados prêts à tout.
Rédigé par : Parigoth | 30 janvier 2014 à 14:26
@ Alex paulista
Eh non ! Il ne suffit pas de suivre vos conseils pour être à l'abri des malfrats en Guyane : s'habiller "simplement" et ne pas s'intéresser à la drogue.
Vous dites aussi que c'est pire au Brésil ; admettons. Et alors ?
Apparemment vous ne connaissez pas la Guyane : la chaleur permanente et le taux très élevé d'hygrométrie empêchent absolument d'y être habillé autrement que de façon "simple".
Vous disposez de connaissances particulières et précises pour affirmer que seuls sont victimes d'agressions sanglantes les consommateurs ou les dealers ?
Faites nous-en profiter, s'il vous plaît !
Rédigé par : Frank THOMAS | 30 janvier 2014 à 12:41
@hameau dans les nuages
J'aurais voulu être une petite souris lors de l'accueil de Madame Martres au commissariat !
- « Chef, chef, c'est pas la dame qui préside le syndicat qui nous caricaturait en cochon dans "Police, vos papiers !" ? »
- « Si Cruchot, dites-lui donc d'aller se lamenter au pied du mur des cons !... »
Rédigé par : sbriglia | 30 janvier 2014 à 10:06
@ hameau dans les nuages 21:32
Il y a une justice tout de même.
Je parle de la justice immanente évidemment.
À voir la photo de la magistrate, l’Ange du Mal, chargé de lui faire prendre contact avec la réalité, n’avait peur de rien.
Enfin, elle est des nôtres, elle a subi son larcin comme les autres !
Rédigé par : Tipaza | 30 janvier 2014 à 07:30
@Parigoth
Je vous remercie pour votre soutien, nous ne sommes pas toujours d'accord en effet, cependant j'ai une réelle estime pour vous.
Au-delà des divergences d'opinion, vous êtes toujours courtois avec vos contradicteurs et vous savez débattre sans acrimonie.
Bien à vous.
Rédigé par : [email protected] | 30 janvier 2014 à 00:54
@ Ludovic, sbriglia, Frank THOMAS
Ça va, faut relativiser les statistiques.
Elles sont encore pire ici au Brésil. Mais si vous ne touchez pas à la drogue et restez habillé simplement, vous pouvez diviser les statistiques par dix et le risque ne mérite pas plus d'attention que lorsqu'on traverse la rue.
Après il y a les faux riches qui roulent en Porsche Cayenne payée en "suaves prestações" et équipée d'un moteur Volkswagen...
Rédigé par : Alex paulista | 29 janvier 2014 à 22:05
@Ludovic
Voilà une nouvelle qui ne manque pas de piment.
http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-la-presidente-d-un-syndicat-de-magistrats-se-fait-voler-ses-papiers-29-01-2014-3539785.php
Revenant dans le Lot et-Garonne, elle pourra conter son aventure et l'insécurité au niveau de son ressenti.
Le respect se perd.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 29 janvier 2014 à 21:32
Pas de bagne à Cayenne, à rebours d'une croyance pourtant fort répandue ! Il était sur les Îles du Salut à une heure de bateau de Kourou et à Saint-Laurent du Maroni...
Cher M. Bilger, dans une vie antérieure j'ai été envoyé en mission en Guyane et votre récit remue plein de souvenirs : l'atterrissage à ras de la cime des arbres, à Rochambeau, l'impression de sauna en sortant de l'avion, Cayenne et la place des Palmistes et mon cher hôtel Amazonia où descendaient les "métros" et où j'avais mes habitudes, le côté "planche de BD" de l'image quelque peu déglinguée de l'arrivée à Cayenne, le village de Cacao et les Hmongs chrétiens, exilés du Laos, et tant d'autres choses !
Mais le soir venu, Cayenne n'était pas très sûre : il valait mieux ne pas se risquer dans certains quartiers (ou bien être armé).
Mais je vous rejoins pour dire que les fonctionnaires civils et militaires de souche guyanaise étaient d'excellents agents de l'Etat, n'ayant rien à envier à leurs collègues métropolitains, en termes de compétence ou de conscience professionnelle.
A l'époque de ma dernière mission (avril 1999) il n'y avait à Cayenne qu'une chambre (délocalisée) de la cour d'appel de Fort-de-France.
Il y a si longtemps !
Rédigé par : Bernardini | 29 janvier 2014 à 21:16
La littérature, le cinéma, un gentil procès.
Un peu de repos avant de reparler de politique en devant en venir à la métaphysique du passage de nul à moins que rien ?
Le poivre de Cayenne est peut-être bon pour se manger un chapeau d'avocat général.
Mmm... avec un peu d'hermine bien revenue, un régal.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 29 janvier 2014 à 18:38
Merci à Ludovic de me faire confiance, mais il a tort : ma main a tapé un zéro de trop.
Avec 10 meurtres par tranche de 100.000 habitants, ratio guyanais, il y aurait 6600 (et non pas 66.000) assassinats en France métropolitaine au lieu des 655 réellement comptabilisés.
Ainsi la Guyane connaît un taux de meurtres 10 fois supérieur à la Métropole. C'est suffisant, il me semble.
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 janvier 2014 à 18:33
Monsieur Bilger, si vous me permettez une remarque, je ne pense pas que madame la présidente se soit laissé imposer la date du 27, mais qu'elle aura plutôt considéré en son âme et conscience que cette date était plus appropriée que l'autre.
J'ai le souvenir de jeunes élèves en de lointaines contrées, qui renâclaient à monter les trois étages d'un bâtiment pour accéder à leur salle de cours. Renseignements pris, il s'avère qu'ils passaient des nuits difficiles dans une chaleur étouffante, sans climatisation et dans un environnement bruyant, qu'ils se levaient tous les jours à 5h30 du matin pour des cours débutant à 7h, et qu'ils arrivaient souvent le ventre vide. D'avoir trouvé une salle libre au premier étage leur a facilité la vie.
A Cayenne, bien évidemment, les conditions de vie ne sont pas du tout les mêmes, mais il faut tenir compte de la vie locale, surtout lorsqu'on arrive de métropole pour quelques jours, frais et dispos, et tout feu tout flamme.
Rédigé par : Camille | 29 janvier 2014 à 18:31
@Ludovic
J'ai déjà été victime d'une agression et roué de coups en pleine nuit par trois individus en 2012 alors que j'étais déjà fragilisé par des problèmes de santé que vous connaissez, et je n'ose même plus m'aventurer en ville au-delà de 21h, alors que Nancy ne passe pas pour autant comme une ville à la criminalité exceptionnelle.
Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais croyez que je compatis sincèrement à ce que vous avez subi, d'une part pour le traumatisme physique que vous avez enduré mais aussi pour le traumatisme psychologique allant de pair, peut-être plus grave, obligeant à remettre en cause un certain nombre de notions élémentaires sur lesquelles chacun croyait pouvoir s'appuyer, comme par exemple la liberté d'aller et venir partout en sécurité sans avoir à prendre de précautions extraordinaires, ou simplement le fait de ne pas se méfier a priori d'autrui.
Le pire à vivre est probablement le mépris et le déni de la réalité affichés par les politiques et les « sociologues » mettant cela sur le compte du sentiment d'insécurité, pour ne pas parler de la quasi-impunité pratique donc jouissent et abusent les délinquants avec délectation.
Il se passe actuellement des choses graves et inquiétantes en France, y compris dans des campagnes reculées. jusqu'ici préservées mais envahies depuis quelque temps par des « Grandes Compagnies » venant parfois terroriser ou tuer les gens à leur domicile comme à l'époque du Directoire avec les « Chauffeurs ».
Est-ce un signe annonciateur de la décadence que nous subissons ?
Rédigé par : Parigoth | 29 janvier 2014 à 18:05
Bonjour M. Bilger,
Difficile de commenter votre billet, le procès d'assises que vous relatez n'occupe que quelques lignes dans la presse métropolitaine, et on ne trouve pratiquement rien sur internet à ce sujet. Quant à Me Emile Tshefu, je n'ai pas trouvé d'articles le concernant.
Je ne sais pas si la justice est très bien rendue en Guyane, mais une chose est sûre c'est qu'elle ne manque pas de travail, de moyens c'est déjà moins évident, il a tout de même fallu attendre 2011 pour qu'une cour d'appel soit créée à Cayenne.
Sans reprendre les chiffres avancés par Frank THOMAS (que je ne conteste nullement) ou les citations de Parigoth tirées de L'Express, il me semble que votre vision enchanteresse de Cayenne soit bien éloignée de la réalité que ses habitants vivent ou subissent au quotidien.
La criminalité en Guyane comme en Guadeloupe excède de loin celle de la Corse ou de Marseille, c'est dire.
Je n'ai aucune intention de me rendre, dans un avenir proche ou lointain dans ce département qui m'effraie plutôt que m'attirer.
J'ai déjà été victime d'une agression et roué de coups en pleine nuit par trois individus en 2012 alors que j'étais déjà fragilisé par des problèmes de santé que vous connaissez, et je n'ose même plus m'aventurer en ville au-delà de 21h, alors que Nancy ne passe pas pour autant comme une ville à la criminalité exceptionnelle.
Vous-même fûtes victime d'une agression dans le métro il y a quelques années et je ne sais si vous utilisez encore ce moyen de transport aujourd'hui. Sans doute êtes-vous plus résistant que moi au traumatisme subi.
Alors Cayenne, non merci, ce n'est pas pour moi.
Rédigé par : Ludovic | 29 janvier 2014 à 16:45
"...C'est l'enchantement, la chaleur, l'empathie qui m'ont saisi dans cette ville multiple, composite mais harmonieuse, travailleuse et aimable, faite de France avec le parfum et le souffle des Caraïbes"
Bon, c'est pas certain qu'on demande à Philippe de rédiger le Guide du routard sur Cayenne, si j'en crois les commentaires de Frank Thomas et de caroff...
"Bienheureux celui qui porte des lunettes colorées car je l'accueillerai au royaume de la pub."
Rédigé par : sbriglia | 29 janvier 2014 à 15:44
@ Parigoth
La France a peur... tous les soirs à 20h.
https://www.youtube.com/watch?v=eeZpwcVRfwE
Rédigé par : Alex paulista | 29 janvier 2014 à 14:35
Franchement, la bonne ambiance qui semble régner selon vous, Philippe, dans la cour d'assises de Cayenne est un élément un peu anecdotique.
Je connais assez bien ce département - ce pays, devrait-on plutôt dire - et à chaque fois que j'y ai séjourné, tant à Cayenne qu'à Sinnamary et Saint-Laurent, il m'a captivé par sa nature éblouissante, sa richesse humaine et les potentialités qu'on y perçoit.
Votre billet, cependant, gagnerait à signaler que ce fonctionnement apparemment satisfaisant de la justice dans ce département ne doit pas cacher qu'après la Seine-Saint-Denis, il est le plus touché par toutes les formes de délinquance et de criminalité.
Les chiffres ont d'ailleurs explosé en 2013, marquant une progression de 27%.
Pour ne parler que de ce qui relève des assises, la criminalité sexuelle a bondi de 27%, les meurtres et tentatives de meurtres de 26%.
On a compté l'an dernier en Guyane 10 homicides pour 100.000 habitants ce qui, rapporté à la France métropolitaine ferait 6600 meurtres. Or il n'y en a eu "que" 655, soit tout de même 100 fois moins !
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 janvier 2014 à 13:45
Cayenne autour de la place des Palmistes où se trouvent la préfecture, le tribunal et l'Hôtel de police a tout d'une ville aimable. Un peu plus loin, la chaleur des tropiques rend peut-être la misère plus acceptable, celle que l'on côtoie à sa périphérie. Bidonvilles insalubres accueillant des milliers de clandestins (Brésiliens, Haïtiens, Surinamais, Guyaniens) parfois très violents, urbanisme approximatif en général : c'est aussi la Guyane. Mais la vraie, l'incontournable Guyane, c'est celle des Amérindiens le long du Maroni et de l'Oyapock. Dans ces villages, pas d'eau courante, pas d'assainissement, pas de téléphone et pas... de tribunal !
Rédigé par : caroff | 29 janvier 2014 à 12:58
@Alex paulista
C'est bien triste.
Allez expliquer à ceux qui se sont fait agresser ou dépouiller et aux familles de ceux qui se sont fait trucider que la joie et le bonheur y règnent.
Disons pour résumer que c'est rigolo et « sympa » pour les malfrats et triste pour les victimes.
Mais de nos jours les victimes ont toujours le mauvais rôle.
Rédigé par : Parigoth | 29 janvier 2014 à 12:21
Bonjour Philippe Bilger,
« J'ai été, non pas avec étonnement - pourquoi Cayenne ne serait-il pas au même niveau sur le plan judiciaire, voire meilleur que Paris ? »
Il faut croire que Cayenne, sur le plan judiciaire, est d’un niveau qui peut souffrir la comparaison avec Paris puisque l’actuelle ministre de la Justice est native de cette ville. Et je suis sûr qu’en lisant votre billet, car je pense qu’elle le lit régulièrement, Christiane Taubira sera sensible à la description plutôt flatteuse que vous faites de la Guyane qui lui est si chère.
J’espère que vous avez profité de votre petit séjour sur sa terre natale pour lui envoyer une petit carte postale. Cela aurait au moins le mérite d'apaiser la petite dissension qui règne entre vous sur sa réforme pénale.
Rédigé par : Achille | 29 janvier 2014 à 06:23
"J'ai l'impression que s'il devait séjourner un jour ou deux à Villeurbanne ou à Marseille-quartiers nord Philippe Bilger en reviendrait en-chan-té..."
Rédigé par : Parigoth | 28 janvier 2014 à 20:17
Je connais Villeurbanne qui est très "aimable".
Et vous, que pensez-vous de Rio, São Paulo, Moscou, Saint-Pétersbourg, Budapest, Sofia, du Mexique, du Pérou ?
Aucun de ces endroits n'est aimable à vos yeux ?
C'est bien triste.
Relativisez un peu les reportages à sensation sur ces lieux : des millions de gens y vivent très bien en attendant leur cancer, tout comme à Paris.
Rédigé par : Alex paulista | 29 janvier 2014 à 03:34
@Alex paulista
Exact, vous avez raison.
Rédigé par : Savonarole | 28 janvier 2014 à 21:50
Exquise urbanité et compétence reconnue. J'aurais adoré vous entendre requérir contre le regretté (du moins par moi) Me Jacques Vergès. Je ne suis pas "de la partie" mais un procès d'assises reste un champ clos terrible où la conviction et le talent permettent de faire passer la mise en abyme.
Rédigé par : osteo13 | 28 janvier 2014 à 21:21
Ouf ! J'ai cru que Christiane vous avait invité en villégiature dans sa propriété !
Rédigé par : Margot | 28 janvier 2014 à 20:45
cette ville multiple, composite mais harmonieuse, travailleuse et aimable (...)
Aimable...
Il y a des jours où je me demande si Philippe Bilger voit bien les choses telles qu'elles sont, qu'il s'agisse de la Tunisie ou de Cayenne :
Cayenne, chef-lieu de la Guyane et ville natale de la ministre de la Justice Christiane Taubira, arrive en tête au classement des violences contre les personnes (coups et blessures, vols avec violences, braquages, agressions sexuelles, homicides...) recensées en France en 2012. Cette situation qui fait écho à celle des Antilles a d'ailleurs justifié l'inscription de la quasi-totalité de la ville en "zone de sécurité prioritaire" (ZSP).
(…)
"Voyez l'épaisseur de nos trousseaux de clefs, fait observer l'avocat René Kerhousse. Les gens de ma génération vous parleront avec nostalgie de l'époque où on laissait ouverte la porte de son domicile, où l'herbe couvrait les trottoirs." Depuis, les caméras de vidéosurveillance ont poussé aux lampadaires et les barbelés aux murs. "L'île de Cayenne" s'est barricadée.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/insecurite-cayenne-ville-de-tous-les-records_1301045.html#U4cRc9MhLR5X38Gd.99
Pour l'anecdote, je puis citer ici un témoignage recueilli il y a une quinzaine d'années auprès d'une épouse d'un militaire de la base de Kourou qui racontait que les femmes des techniciens devant faire leurs courses à Cayenne devaient le faire en empruntant un « minibus » encadré d'une escorte de gendarmerie...
J'ai l'impression que s'il devait séjourner un jour ou deux à Villeurbanne ou à Marseille-quartiers nord Philippe Bilger en reviendrait en-chan-té...
Rédigé par : Parigoth | 28 janvier 2014 à 20:17
@ Savonarole | 28 janvier 2014 à 17:45
Sonnex aurait dû être en prison au moment du double meurtre mais avait été libéré à cause d'une erreur administrative.
Rien n'est donc parfait, même chez nos voisins.
Rédigé par : Alex paulista | 28 janvier 2014 à 19:26
Oh purée, c'est du lourd ! J'ai rien compris.
Ainsi donc un Paresseux (y a que là-bas qu'on trouve des patronymes pareils, vite un psy !), condamné en 2004 se voit confirmé en 2014 !
Ah la belle affaire !
Et il faut envoyer des observateurs de l'ONU pour vérifier si la justice fonctionne là-bas ?
"New Cross Double Murder" sur Wikipédia : deux jeunes français, étudiants brillants, sont assassinés à Londres de plus de 250 coups de couteau, moins d'un an après, la justice anglaise a résolu le cas et condamné à perpétuité les coupables. Je vous en recommande la lecture.
Je suis très rétif au "tout ici n'est que luxe calme et volupté" de Baudelaire...
Rédigé par : Savonarole | 28 janvier 2014 à 17:45
"La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement"
Blaise Pascal
Rédigé par : Emile TSHEFU | 28 janvier 2014 à 17:31
"Par quel chemin passe la vérité ?" écrit Emile Tshefu lequel ne peut être mauvais puisque son cabinet est sis avenue de la Liberté, ce qui, à Cayenne, ne manque pas de poivre...
Lao Tseu aurait dit : "Nue, par le puits, sans qu'il soit nécessaire de se voiler la face..."
...ni de la couvrir.
Rédigé par : sbriglia, nostalgique | 28 janvier 2014 à 15:53
La parole des enfants et sa sacralisation ont été au coeur de ce procès.
Le fait d'avoir comme consultant un ancien avocat général qui avoue qu'il aurait voulu requérir dans ce dossier, constitue à mes yeux toute la difficulté pour tout homme de valeur de se positionner dans l'arène judiciaire avec toutes ses incertitudes.
La seule question que je me pose en cet instant est celle-ci :
Par quel chemin passe la vérité ?
Est-il vrai que ce chemin est plus parsemé d'embûches que celui qu'emprunte l'erreur ?
Rédigé par : Emile TSHEFU | 28 janvier 2014 à 14:47
Bonjour M.Bilger
C'est par la sincérité que l'on peut répondre au monde extérieur en s'émouvant de ses implications et en intégrant ses sollicitations.
C'est parce qu'on ressent de l'intérieur en toute simplicité sans stratégie que la sincérité peut s'exercer en toute franchise.
Celui qui voudrait faire usage de son habileté perdrait sa sensibilité naturelle issue du subconscient car la sincérité correspond à la simplicité mais une fois qu'on est sincère avec simplicité on peut atteindre la sincérité au coeur des êtres.
C'est bien ce que vous nous dites que vous êtes allé faire en apportant vos lumières aux confins du ciel et de la terre M. Bilger !
Rédigé par : pibeste | 28 janvier 2014 à 13:55