Patrick Cohen n'aurait jamais invité sur France Inter Dieudonné, contre la démarche prônée par Frédéric Taddéï pour son émission de débat, parce que l'humoriste est raciste et antisémite. Dieudonné a tenu et répété des propos antisémites à l'encontre de Patrick Cohen parce que ce dernier l'avait, selon lui, ostracisé.
On s'arrête quand ?
Bien au-delà du processus infernal que l'interdiction a mis en branle pour, à terme, une confusion et un désordre dont on n'avait pas besoin, quelle que soit l'issue des autres décisions administratives et des recours, la problématique posée par les représentations et la parole de Dieudonné nous confronte à un certain nombre d'interrogations et de difficultés qu'il n'est pas malséant, je l'espère, de formuler.
Je prends cette précaution parce que la liberté d'expression, pour être un thème et un principe qui me passionnent et sur lesquels donc je reviens inlassablement, est loin de favoriser des échanges consensuels, par exemple l'argumentation de gauche convenue d'un Laurent Joffrin et plus fine d'un Gérard Courtois, tous deux pour l'interdiction, en contradiction avec celle d'une rectitude indivisible et à mon sens bienvenue d'un Edwy Plenel.
Par exemple aussi, la honteuse couverture du Nouvel Observateur osant, sous ce titre choc : La haine, placer Eric Zemmour aux côtés de Dieudonné et Alain Soral. Comme s'ils avaient quoi que ce soit à voir entre eux sauf à faire passer l'intelligence critique de l'un pour les éructations racistes et antisémites intermittentes des autres.
Ce qui rend l'analyse aujourd'hui plus nourrie qu'hier tient au fait que nous disposons, pour appréhender les motivations et les convictions du public de Dieudonné, de deux remarquables articles où pour une fois les journalistes - deux à Libération, une au Monde - n'ont pas cherché à nous imposer leurs préjugés en les déguisant en enquête.
Ces spectateurs dans des salles pleines à des tarifs élevés - "jeunes, souvent de gauche, se défendant de tout antisémitisme et revendiquant de pouvoir rire de tout" - proposent, pour justifier leur engouement et expliquer, pour beaucoup, leur inconditionnalité, un certain nombre de pistes qui ne sont pas toutes dérisoires ou sans intérêt. En dehors de l'inévitable mauvaise foi qui doit conduire certains à dissimuler qu'obscurément, derrière la dénonciation du sionisme, ils sont heureux de voir "casser" du juif, les motivations avouées n'ont rien de déshonorant à partir du moment où d'une part les fans de Dieudonné ont une conception très élargie, voire absolue de la liberté d'expression et où d'autre part ils ne récusent pas obligatoirement l'action de la justice si celle-ci se doit d'intervenir.
Cet inventaire est riche d'enseignement qui met en exergue très banalement le fait que Dieudonné les fait rire - et pas seulement pour ses saillies de nature politique et confessionnelle - et qu'ils le considèrent comme le plus grand humoriste. A regarder et écouter un sketch comme par exemple "Le cancer", sans l'ombre d'une allusion douteuse, cette appréciation n'est pas infondée.
A bien les entendre, il y a aussi une forme de lassitude, de saturation. "La Shoah, on en a mangé jusqu'à la terminale. Le génocide rwandais, je n'en ai pas entendu parler". D'une certaine manière, l'évocation sarcastique, voire cynique de sujets qui sont protégés la plupart du temps par une bienséance totale - et donc la Shoah, pour un Dieudonné, représente évidemment le comble de la transgression - répond au désir de faire disparaître par la moquerie et la dérision une tragédie que depuis tant d'années on rappelle sur tous les registres et dans tous les supports avec une tonalité dont la plénitude tragique, depuis 70 ans, nous est sans trêve rappelée. Comme si nous pouvions l'ignorer alors qu'au contraire le ressassement peut aboutir à la désinvolture forcée de l'occultation ou de l'indifférence.
Autre chemin capital que les admirateurs de Dieudonné parcourent volontiers et qui est celui "de la hiérarchisation de la souffrance des peuples et l'échelle mémorielle, et c'est sur ça qu'il dégueule". Pourquoi si peu d'indignation pour les caricatures de Mahomet - j'ai moi-même soutenu Charlie Hebdo - et tant pour des propos sur la Shoah immédiatement taxés de scandaleux et d'indignes ?
Ce sentiment pour telle ou telle communauté de se sentir moins à l'abri est révélateur d'un double danger : en même temps que pour d'aucuns on en parle trop, on ne parle pas assez des autres ! Surabondance et inégalité mémorielles faciles à comprendre sinon à justifier.
La Shoah, génocide exceptionnel, unique, est là, en permanence, si longtemps après pourtant, comme l'affreuse incarnation de ce qui a été et comme l'angoisse jamais apaisée de ce qui pourrait être à nouveau. C'est ce que croit en tout cas une part importante de la communauté juive. A chaque fois donc qu'un propos critique est tenu qui dépasse la dénonciation de l'Etat religieux d'Israël ou qu'un humoriste s'autorise à aborder les souffrances et les morts de l'Holocauste, resurgit le spectre lancinant d'un avenir qui serait forcément conforme à ce passé si éloigné. Ce qui signifie que, au sujet de la communauté juive et pour ceux qui s'y risqueraient, entre le silence et l'infraction, il y a très peu d'espace pour la parole ou l'écrit, même les plus honorables. L'alternative se trouve être, le plus souvent, entre la prudence ou la provocation.
Il me semble cependant qu'il y a des attitudes possibles, qui ne seraient pas indécentes et qui ne nieraient pas le caractère monstrueusement unique de l'Holocauste - extermination industrielle de Juifs à cause de leur qualité d'humains - mais en acceptant que dans l'immense vivier du monde depuis des siècles, il y ait des épreuves et des monstruosités sur lesquelles on ait aussi le droit de compatir sans être blâmés.
Il y a enfin de la banalité chez Dieudonné dans le sens où il pousse au paroxysme les échappées délétères d'une société verrouillée - il y a probablement alors, chez quelques-uns de ses auditeurs, l'impression qu'ils sont eux-mêmes des aventuriers de l'audace et des "petits entrepreneurs" non pas de la haine mais de l'interdit et donc de l'inédit. Je suis sûr qu'on va aussi voir Dieudonné, profondément, pour soi.
Il représente le faîte d'un univers de comédie et de dérision cultivé par un certain nombre d'humoristes qui ne traitent, eux, que de sujets sans danger. La différence entre eux et lui, ce n'est pas la grossièreté et la vulgarité - qu'on écoute un Bigard ou un Baffie - mais l'envie d'appréhender, avec Dieudonné, justement autre chose. "Il ne fait pas des sketchs sur ce que tu as mangé, il le fait sur les communautés, sur les banlieues, et il incarne toujours des gros cons, des abrutis. C'est une manière de rire des crétins, il grossit le trait là où ça fait mal". Qu'on le déplore ou non, l'aura ravageuse de Dieudonné est la conséquence inéluctable de la médiocrité du rire artistique et médiatique français.
Le tribunal administratif de Nantes a suspendu l'arrêté d'interdiction en adoptant une argumentation de bon sens juridiquement adaptée mais le Conseil d'Etat saisi d'urgence pour appel par le ministre de l'Intérieur l'a maintenu selon des modalités expéditives ne permettant même pas à l'avocat de Dieudonné d'être présent à Paris. L'axe central du raisonnement suivi par le juge des référés Bernard Stirn, en rupture par rapport à la jurisprudence classique, est extrêmement préoccupant pour les libertés publiques et les spectacles de toutes sortes puisque s'attachant au contenu présumé de la représentation, il valide ainsi, pour ce qu'il qualifie ici ou là d'atteintes à la dignité humaine, l'interdiction administrative en s'opposant frontalement à l'état de droit qui relève, qualifie et poursuit après. Régression "lourde de conséquences pour la liberté d'expression" selon la LDH. Soumission.
C'est un pouvoir de gauche qui, par son hystérie, a réussi à imposer ce triste revirement qui fait que demain, des pièces ou des spectacles contestés mais défendus au nom de la liberté d'expression pourront être interdits de la même manière pour peu qu'un gouvernement continue à se préoccuper de ce qui est récréatif ou non, public averti ou non, décence ou indignité, humour véritable ou haine à supprimer.
On ne m'enlèvera pas de l'idée que le pouvoir ne pouvait pas se permettre un Waterloo le 9 janvier, mais qu'il ne se réjouisse pas trop vite : son Austerlitz a un goût de défaite et de reniement (20 minutes). La République aurait gagné. Qui oserait dire qu'elle a été présente, telle une exigence, tous ces jours derniers ?
Je me trompe ou le président avait dit durant sa campagne qu'il voulait rassembler les Français ?
Seul bienfait : sous Dieudonné, la liberté et ses questions.
Bonjour M. Bilger
J'entends dire "Le mal, c'est le socialisme".
À mon sens, pas plus que tuer un chat ne mérite la comparution immédiate... c'est un autre exemple de manipulation.
Par exemple, il suffit de regarder "la Bête Noire" pour le rabbin orthodoxe qui s'y exprime à partir de la 25ème minute.
https://www.youtube.com/watch?v=k5QgGI6cZJc&feature=youtube_gdata_player
N'importe quel individu sensé après avoir entendu ce rabbin déclare : "JE SUIS JUIF".
Par contre, après avoir déclaré mon appartenance à la "juiverie" (sans connotation péjorative car je déclare être juif à l'audition de ce que dit ce rabbin.... qui doit savoir ce que c'est que d'être juif puisqu'il est rabbin ; comme je pourrais dire "papiste" si j'étais un fervent catholique, ou "parpaillot" si j'étais protestant c'est-à-dire me nommer ainsi pour le plaisir que cela me procure).
Par contre j'en viens à me poser la question de savoir si d'autres le sont vraiment : tous ceux qui se déclarent l'être et qui nous conditionnent mais qui pourtant s'opposent dans leurs actes, dans leurs pensées, dans le fait même de se déclarer juif avec la définition inspirée (par l'esprit qui est en lui) qu'en donne ce rabbin !
Mon Dieu ! m'exclamerai-je, ou plutôt Elie ! Serions-nous à ce point manipulés par les médias !
Et en serait-il de même avec les Chinois ?
Ce peuple effrayant... travailleur... docile... et toujours respectueux de ses racines.
Ce peuple qui n'a jamais envahi personne...
Mais là je vous laisse le soin d'introduire le sujet...
Rédigé par : pibeste | 09 février 2014 à 13:55
@Alain Meyet
Personnellement, j'ai apprécié le premier article et j'attends la suite.
L'affaire Dieudonné, comme l'ont dit certains sur ce blog, ne fait que commencer, comme on le voit avec l'actualité.
Donc à bientôt.
Rédigé par : anne-marie marson | 30 janvier 2014 à 22:39
Par un commentaire enregistré le 24 janvier, je me suis livré (dans une optique de vulgarisation juridique) à un début d'analyse de l'affaire Dieudonné. J'annonçais que d'autres développements suivraient, concernant divers aspects de ce sujet.
Je constate que cette partie du site semble ne plus être lue, une actualité chassant sans doute l'autre ; en tout cas, mon texte n'a suscité aucune réaction écrite. Dans ces conditions, je me dispenserai de continuer cette étude, devenue inutile. Toutefois, si certains me demandent de poursuivre (il n'est pas encore interdit de rêver !), j'acquiescerai volontiers et me remettrai aussitôt au travail...
Je pense finalement que je serais plus à l'aise, et surtout plus utile, sur un blog qui me serait personnel. N'étant pas doué pour l'informatique, je suis preneur si quelqu'un accepte de m'ouvrir (et de maintenir) un tel site à mon nom.
Alain Meyet (Paris)
Rédigé par : Alain Meyet | 30 janvier 2014 à 21:37
Savonarole | 24 janvier 2014 à 16:49
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Manifestement vous n'avez jamais entendu parler de la DCI (Direction de la coopération internationale de la Police nationale), en particulier de son rôle en matière de lutte contre le terrorisme hors de nos frontières etc.
On ne voit donc pas à quel titre le ministre de la Défense française serait venu s'exprimer en lieu et place des responsables de la police italienne ou française.
Idem pour l'affaire du djihad.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 24 janvier 2014 à 20:21
Mais ou est donc passé le ministre de la Défense ?
Monsieur Le Drian est un homme tout à fait remarquable, cela arrive chez les socialistes.
Or, par deux fois, Monsieur Valls a cru bon s'exprimer sur des sujets qui n'étaient pas de sa compétence, mais des services de renseignements rattachés à la Défense :
- Concernant de jeunes français partis pour le Djihâd, ce n'était pas à Valls de s'exprimer.
-Concernant une bombe dans une église à Rome à l'arrivée de notre Président, il a encore trouvé le moyen de l'ouvrir depuis la Place Bauveau ...
Valls risque de devenir très rapidement un petit rigolo.
Rédigé par : Savonarole | 24 janvier 2014 à 16:49
OBSERVATIONS SUR L’AFFAIRE DIEUDONNÉ (première partie)
L’« affaire Dieudonné », qui s’est soldée par l’interdiction du spectacle "Le Mur", a récemment défrayé la chronique politique et judiciaire. J’estime nécessaire d’apporter un éclairage personnel au traitement dont a fait l’objet ce sujet, m’autorisant, en toute immodestie, à évoquer certains aspects qui ont été omis ou qui me paraissent avoir été négligés.
(Étant plutôt ignare en informatique, j’ai eu les plus grandes difficultés techniques pour réussir enfin à transmettre mon texte ; je prie les lecteurs assidus de ce blog de me pardonner cette tardiveté. Pour des raisons pratiques, je fractionnerai mes propos en plusieurs messages successifs, répartis sur une ou deux semaines.)
1° Le Gouvernement a-t-il choisi la voie la meilleure pour s’opposer utilement aux excès de langage de M. Dieudonné M’Bala M’Bala ?
Par une circulaire du 6 janvier 2014, le ministre de l’Intérieur a prescrit aux préfets d’intervenir auprès des maires concernés, en les incitant à interdire systématiquement, par arrêté, les spectacles de la tournée de Dieudonné. Il lui était certainement loisible de procéder ainsi, et le Conseil d’État a implicitement validé ce choix.
Néanmoins, plutôt que de s’en remettre aux autorités locales (Code général des collectivités territoriales, articles L. 2212-1 et -2 pour les maires, L. 2215-1 pour les préfets), le Gouvernement, dès lors qu’il estimait que ces réunions contestées constituaient en elles-mêmes, où qu’elles aient lieu, un trouble grave à l’ordre public (nous aurons l’occasion d’y revenir), aurait été mieux avisé, me semble-t-il, de prendre une mesure générale d’interdiction des spectacles incriminés, au niveau national : la compétence en incombait au Premier ministre, agissant par décret, en vertu des pouvoirs de police administrative propres qui sont reconnus au chef de l’exécutif, depuis l’arrêt de principe du Conseil d’État "Labonne", du 8 août 1919. Une telle initiative est assurément possible lorsque, comme en l’espèce, la légalité des mesures de police ne saurait dépendre des « circonstances locales particulières ».
2° Y a-t-il eu, dans cette affaire, connivence au niveau des pouvoirs publics, voire entre le Gouvernement et le Conseil d’État ?
a) Sans doute la célérité extrême, réellement sans précédent (quatre heures en tout), avec laquelle la Haute juridiction, saisie aussitôt en appel par le ministre de l’Intérieur, a instruit et jugé le recours a-t-elle de quoi surprendre. Mais les circonstances « hors normes » justifiaient pleinement ce « traitement de faveur », qui n’a rien à voir avec une justice expéditive. Le référé-liberté est une procédure particulière, d’extrême urgence (le délai prévu est de quarante-huit heures), et statuer sur l’appel du ministre après la tenue du spectacle (je ne pense pas, pour ma part, qu’un non-lieu eût été prononcé dans ce cas) n’aurait présenté qu’un intérêt théorique et doctrinal. Il n’est pas anormal que le Gouvernement ait, sinon la maîtrise, du moins un certain droit de regard sur le calendrier des séances du Conseil d’État – tant que cela ne préjuge en rien de la décision qui sera rendue. Quant à soutenir que les droits de la défense auraient été malmenés, les faits le démentent : M. Dieudonné M’Bala M’Bala et sa société de production étaient représentés par deux avocats aux Conseils.
La détermination de M. le ministre de l’Intérieur s’explique vraisemblablement par le fait que les hauts fonctionnaires publicistes qu’il avait consultés officieusement estimaient que leur raisonnement était à coup sûr fondé en droit. Mais ayons l’honnêteté de l’admettre : le Conseil d’État est une juridiction souveraine indépendante, et il n’y a rien que de très normal qu’il ait confirmé l’analyse du ministre exprimée dans la circulaire (jamais nommée toutefois, car juridiquement « transparente »), laquelle était inspirée par sa propre jurisprudence (voire soufflée par quelque conseiller d’État honoraire ?...).
La position du tribunal administratif de Nantes, d’un classicisme rigoureux, était sans doute une issue envisageable, mais l’analyse du Conseil d’État, opérant la synthèse avec une jurisprudence innovante et récente (je m’attarderai sur ce point ultérieurement), est tout autant, sinon davantage, justifiée en droit. L’une des missions du Conseil d’État consiste à accompagner l’État et l’Administration dans leur gestion des affaires publiques ; aussi faut-il de sérieuses raisons pour ne pas approuver leur action lorsque deux solutions équivalentes paraissent possibles – quitte à s’aventurer sur le terrain de l’opportunité, qui (au contentieux) n’est pas le sien. (Cette analyse trouve un écho dans la présomption de légalité dont bénéficient les décisions de l’Administration.) Prendre alors position à l’encontre des pouvoirs publics me paraît constitutif d’un réel manquement (de ce point de vue, le célèbre arrêt "Canal", du 19 octobre 1962, est une anomalie, qui provoqua d’ailleurs la fureur du général de Gaulle).
J’ajouterai deux considérations. La procédure d’urgence du référé-liberté ayant pour objet (et pour raison d’être) d’assurer la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une autorité administrative porte gravement atteinte (cf. article L. 521-2 du Code de justice administrative, issu d’une loi du 30 juin 2000), du moment que le juge des référés du tribunal administratif avait suspendu les effets de l’arrêté préfectoral attaqué et que la procédure avait rempli son office, le ministre n’a-t-il pas mésusé de celle-ci en formant aussitôt un appel destiné uniquement à sauvegarder, à faire triompher une mesure de police administrative, quelque justifiée fût-elle ? Il est permis de s’interroger également sur la promptitude dont aurait fait preuve le Conseil d’État si l’appel du 9 janvier 2014 avait émané (en cas d’ordonnance de rejet) de Dieudonné lui-même (que l’instruction ait été conduite aussi rapidement pour ses appels formés les 10 et 11 janvier ne préjuge en rien de ce qu’aurait alors été l’attitude du juge des référés).
b) Il apparaît en revanche incontestable que M. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a manœuvré et a réussi à faire en sorte d’occuper pleinement le devant de la scène (et pas seulement grâce à sa circulaire). Cette optique imposait que l’interdiction du premier spectacle de la tournée, en banlieue nantaise (celui sur lequel tout allait se jouer), émanât du préfet de la Loire-Atlantique, représentant de l’État, plutôt que du maire de Saint-Herblain ; ainsi, en cas de nécessité de faire appel d’une ordonnance de référé qui serait favorable à l’humoriste, c’est au ministre de l’Intérieur lui-même qu’il reviendrait d’agir (et non pas au maire, forcément moins réactif et moins bien armé).
Or (hasard providentiel ?), le maire de Saint-Herblain est censé avoir refusé de prendre les mesures de police administrative qui s’imposaient, amenant le préfet du département, autorité de tutelle, à faire usage de son pouvoir de substitution d’action. Pourquoi ne pas le croire, a priori ? Sauf que c’est juridiquement à tort que M. le préfet a déclaré à la presse que la carence du maire avait été dictée par le souci de cet édile de préserver les finances communales, en cas de censure de son arrêté. Raisonnement farfelu : en effet, en se substituant au maire, le préfet agit néanmoins au nom et pour le compte de la commune (et c’est bien elle qui supportera, le cas échéant, la responsabilité financière des mesures qui auront été adoptées). Arrangement entre amis, donc, indéniablement, mais fait de bonne guerre, et pour la bonne cause ; stratégie permettant à M. Valls, et à lui seul, d’avoir la mainmise sur cette affaire politico-judiciaire très médiatisée…
(À suivre prochainement !)
Alain Meyet (Paris)
Rédigé par : Alain Meyet | 24 janvier 2014 à 00:26
N'arrivant pas à vous adresser le texte que j'ai rédigé à propos de l'affaire Dieudonné (refus de transmission du service, au moment du "clic" final sur la case "envoi"), je teste la fiabilité technique du blog de Monsieur Bilger par le présent message (dénué de tout intérêt doctrinal !).
Rédigé par : Alain Meyet | 22 janvier 2014 à 18:42
J'ai lu récemment un petit livre : "Les théories de la reconnaissance" de Haud Guéguen et Guillaume Malochet. Ces auteurs citent Axel Honneth, l'héritier de l'école de Francfort, qui place le besoin de reconnaissance comme le phénomène majeur dans nos sociétés ou bien encore Judith Butler, théoricienne du "genre" dans la lignée de la pensée post-moderne. Quand on adopte la grille de lecture de ces auteurs pour réfléchir au mode de communication de Dieudonné, certaines choses prennent un autre sens que ce qu'en disent tout un chacun, Valls ou les médias. Dieudonné a la peau noire, comme certains de nos compatriotes obligé d'anonymiser leur nom sur leur CV et de cacher leur photo pour trouver un job. Son registre de communication est la provocation, le mode de communication de ceux qui doivent l'ouvrir en grand pour se faire entendre. Dieudonné utilise l'audience donnée par son talent comique pour interroger notre société et le système politico-médiatique qu'il juge inauthentique. Une réponse doit bien lui être fournie sur le fond parce que si les minorités se reconnaissent en Dieudonné et viennent à ses spectacles, peut-être verrons-nous un peu moins d'expressions par la violence dans notre société, contrairement à ce que l'on pourrait d'abord penser.
Rédigé par : Antoine Lacroix | 22 janvier 2014 à 13:48
Monsieur Bilger, avez-vous lu le papier de Michel Wieviorka du 27/03/2012 dans Libération : "Sarkozy, la République et les juifs" ? La question d'un "mono-communautarisme" est posée. Pierre Nora avait évoqué sur les ondes de France Inter la dérive de notre République chérie qui ne connaît que des citoyens tous égaux vers une démocratie identitaire à l'anglo-saxonne. Ce sont ces problèmes jamais évoqués qui sont le terreaux du ressentiment. Mitterrand et Chirac ne sont jamais allés au dîner du Crif, la dérive, elle commence là.
Rédigé par : tonija | 21 janvier 2014 à 09:04
Dans ces phrases à rallonge dois-je voir plutôt l'idée ou plutôt le Philippus Réthoricus.
Rédigé par : Antoine Lacroix | 20 janvier 2014 à 10:03
@ Mary
C'est votre penchant naturel pour l'autorité qui parle.
Méfiez-vous des ânes catalans, surtout avec deux Ls au derche.
Hi han !
Rédigé par : Alex paulista | 18 janvier 2014 à 03:54
Cent pour cent d'accord avec Manuel Valls, digne fils de sa Catalogne natale dont il a su garder la fermeté légendaire, "Catalanes de firmeza", ainsi que l'écrivait un poète célèbre dans "Vientos del pueblo me llevan".
Je suis d'autant plus à l'aise pour reconnaître les mérites de MV, seul contre tous, que je ne me suis jamais gênée pour le critiquer en tant que maire d'Evry.
Rien à voir avec le culbuto girouette qui fait aujourd'hui office de président et auquel on fait trop d'honneur en s'intéressant à ses minables histoires de Q et à ses favorites successives d'occasion, mises sur le même plan que nos précédentes premières dames, elles toutes dûment mariées et sans autre ambition que de faire honneur à la haute fonction de leur mari.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 17 janvier 2014 à 18:54
J'observe que, sur cet article rédigé le 10 janvier 2014, les commentaires d'internautes les plus récents datent de près de quarante-huit heures. Faut-il en conclure que, une actualité chassant l'autre, ce sujet n'est plus de mise ? Ou la possibilité de s'exprimer est-elle désormais close ?
Monsieur Philippe Bilger peut-il m'éclairer sur cette question, car je souhaiterais, durant ce week-end, ajouter à l'analyse qu'il a faite sur l'"affaire Dieudonné"... et j'ai évidemment quelque scrupule à rédiger un texte qui ne serait pas lu ! Il est possible, par commodité, de me répondre directement sur mon e-mail personnel.
Avec mes remerciements.
Rédigé par : Alain Meyet | 17 janvier 2014 à 00:36
@wil 13.1.2014 à 20:23
"Raisonnement contestable. Le recul grave pour la société et la dignité humaine, c’est de tolérer le négationnisme et l’antisémitisme sous le couvert de la liberté d’expression. Ce serait même une certaine forme de lâcheté. Car personne n’est dupe de la toxicité des propos prononcés depuis des années par Dieudonné. Et il les répétait à l’envi à chacun de ses meetings-spectacles et notamment dans le dernier, Le Mur. On en connaît précisément le contenu puisqu’il a été joué chaque jour ou presque depuis des mois. Il ne s’agit donc plus de prévention mais de sanction. Il n’y a pas de censure a priori, mais protection de la société." Jean-Marie Colombani.
Rédigé par : Camille | 15 janvier 2014 à 05:56
@Véronique Raffeneau
Je vous prie de m'excuser, j'ai confondu éditeur et destinataire.
Quoi qu'il en soit, il me semble (?) que nous exprimons la même idée : nous avons besoin que les élus relèvent du droit normal, sinon bientôt, en France, la démocratie ne sera plus qu'un rêve.
Je vous renouvelle mes excuses.
Rédigé par : kirios | 14 janvier 2014 à 21:05
Dieudonné annonce un nouveau spectacle et hop, une heure après, le préfet l’interdit.
Euh, attendez, il l’interdit au nom de quoi ?
Risques de troubles à l’ordre public ?
Jusqu’à présent, les seuls troubles à l’ordre public susceptibles de se produire venaient des appels à la manif de Klarsfeld.
Risques d’atteinte à la dignité humaine ?
Comment peut-on dire qu’il y aura certainement atteinte à la dignité humaine dans un spectacle dont on ne sait rien. Là, on ne peut pas dire : ”Oui, mais on connaît le contenu du spectacle puisqu’il le joue depuis des mois !”.
Non, on ne peut pas.
N’ayant eu aucun trouble à l’ordre public à part ceux provoqués par Valls et Klarsfeld et ne connaissant pas le contenu de ce nouveau spectacle, cette dernière interdiction montre que faire taire Dieudonné n’est plus une question d’ordre public ou de démocratie qui serait supposée être en danger ou d’antisémitisme, c’est devenu personnel pour Valls. Il veut montrer qu’il est actif au moment où ses résultats sur la délinquance sont mauvais. Dans son délire mégalomaniaque à la Sarkozy, il ne supporte pas que quelqu’un lui tienne tête. Il doit faire rendre gorge à Dieudonné, le détruire coûte que coûte. Même si la liberté d’expression, fondement de la démocratie, doit y passer pour cela.
Si ce délire autocratique était le fait d’un seul homme fût-il ministre, il n’y aurait pas trop à s’inquiéter, un homme seul quel qu’il soit ne peut bouleverser les fondements de la démocratie, des garde-fous sont supposés être là. Le problème est que ce Napoléon des bacs à sable court-circuite la justice pour arriver à ses fins et est aveuglément suivi par une grande partie du système médiatico-politique dans son délire.
La campagne de désinformation, de sophismes successifs sur les thèmes : ”Dieudonné est un antisémite, donc le faire taire n’attaque pas la liberté d’expression au contraire, ça la renforce” est proprement hallucinante. Surtout quand on considère qu’il aurait suffi de faire exécuter les lois en vigueur.
Le plus hallucinant dans cette affaire est que la plupart de ceux qui criaient il y a un an pour les caricatures de Mahomet des choses comme ”La censure ne passera pas, la liberté d’expression est un fondement démocratique et n’est pas réductible, etc.” sont les mêmes qui cette fois-ci pour un comique douteux se transforment en inquisiteurs pour des motifs d’antisémitisme.
Ils sont aussi subtils que ces révolutionnaires qui veulent inculquer l’idée de liberté au peuple, même s’ils doivent l’exterminer pour cela.
Ce changement d’avis est pour le moins douteux ou en tout cas contre-productif. Il ne manque pas d’alimenter le deux poids deux mesures que tous les fans de Dieudonné ne manquent pas de rappeler à chaque fois qu’on leur demande leur sentiment et donc, renforce ce contre quoi tous ces “bien-pensants” se battent.
Je le répète il y a des lois pour condamner cette forme de racisme. On ne devrait pas avoir à s’attaquer à la liberté d’expression pour les faire respecter.
Ce matin encore, on a eu droit sur i-Télé à un raisonnement intellectuel qui laisse songeur de la part de cette “bien-pensance”.
Claude Askolovitch a conclu son édito à peu près de cette manière. Puisqu’Eric Zemmour peut dire dans les médias que nous sommes envahis par les étrangers, la liberté d’expression se porte bien dans notre pays. Sous-entendu, on peut interdire Dieudonné. Raisonnement effectivement imparable… pour un sophiste.
Hier, c’était Philippe Tesson sur LCI qui disait qu’il fallait supprimer Dieudonné, que les lois, ”on s’en fout”, que “c’est du formalisme”, que “nous sommes en guerre !”
Comment peut-on un jour crier non à la censure et vouloir celle-ci un an après, cela reste pour moi un mystère. Surtout quand il y a des moyens légaux.
Comment peut-on justifier la censure chez soi, parce que cette dernière interdiction en est un exemple criant, et venir donner des leçons de démocratie à la terre entière ?
Si on choisit de censurer l’antisémitisme, je dit censurer, pas condamner. La censure, ça veut dire on interdit a priori. Il va falloir censurer toute forme d’atteinte à la dignité humaine. Et qui d’autres que ceux qui se sentent offensés peuvent dire qu’ils sont atteints dans leur dignité humaine ?
Il faudra bien sûr prendre en compte toutes les revendications religieuses, toutes les offenses à tous les autres génocides, toutes les plaisanteries sur l’esclavage, tous les esclavages, pas seulement celui des blancs contre les noirs, celui aussi des arabes sur les noirs et celui des noirs sur les noirs, etc, etc. sous peine de deux poids deux mesures et division de la société. C’est la porte ouverte à une société complètement censurée.
Tous les jours, des gens meurent pour la liberté d’expression que nous avons la chance de connaître.
Quand on commence à vouloir censurer quelqu’un qui n’a pas les mêmes idées que soi, on continue généralement par censurer ceux qui ont les mêmes idées mais qu’on n'aime pas et on finit par enfermer ceux qu’on aime et qui ne sont pas d’accord.
Rédigé par : wil | 13 janvier 2014 à 21:23
Deux lectures à faire sur le sujet :
- d'abord la réponse de Monsieur Bilger à J-F Copé:
http://www.causeur.fr/nous-risquons-tous,25787
- et l'analyse du vice-président du Conseil d’État qui se doit d'être analysée :
http://www.causeur.fr/conseil,25796
Rédigé par : Robert | 13 janvier 2014 à 21:15
@ Marie | 13 janvier 2014 à 16:07
Le 10 janvier, sur LCI, dans une émission intitulée "Choisissez votre camp", M. Tesson, une bave de haine à la bouche a dit "je regrette qu'on ne puisse remettre la peine de mort pour ce triste individu" en parlant de Dieudonné. Après les Oooooh offusqués de ses confrères, il ajoutera "c'est vrai que ce n'est plus la mode" (Dieudonné en a dit moins en réplique à un petit chroniqueur de France Inter qui l'avait traité de cerveau malade).
Si j'ai bien compris Tesson a récidivé ?
Mais que fait M. Valls ! Lui si prompt à réprimer les incitations à la haine ! Faut dire que Tesson (dit le fossile) fait parti des "culs et chemises" du Fouquet's (tiens ?), en plus il n'est même pas noir. Résultat ? il ne risque rien.
Définition de l'apartheid : on punit le nègre qui a insulté la religion de la femme blanche du ministre, et on rigole entre nous des excès de langage d'un pseudo intello. Blanc. Parisien.
Tesson a raison, il faut remettre au goût du jour la peine de mort par pendaison ! :-D
Rédigé par : breizmabro | 13 janvier 2014 à 21:09
@ Jean MORLAND
Je vous approuve totalement. C'est un triste spectacle auquel s'est livré le vice-président du Conseil d'Etat après l'ordonnance rendue par M. Bernard Stirn, président de la section du contentieux.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/11/affaire-dieudonne-le-conseil-d-etat-replique-aux-critiques_4346462_823448.html
Par délicatesse et par scrupule, ce magistrat aurait dû se récuser. Mais c'était sans doute trop exiger de lui. Je pense en écrivant cela à Paul Morand. S'il vivait encore il aurait étrillé le zèle des plus empressés de ce M. Stirn. Comme disait "l'homme pressé" avec sa cruelle lucidité et à propos de gens qu'il n'aimait guère: "Les P.D. c'est comme les juifs. Quand on en connaît un on les connaît tous..."
Rédigé par : Jean MORLAND | 13 janvier 2014 à 11:02
"...Sur le fond, l'endogamie entre une juridiction et l'administration, que le Conseil d'Etat incarne depuis Napoléon est-elle encore de mise dans une société démocratique moderne ? Faut-il s'en remettre à la Cour européenne des droits de l'Homme de la protection de nos libertés ? Ce serait désolant..."
Rédigé par : Jean-Jacques Bernardini | 13 janvier 2014 à 21:06
"Si la liberté d’expression ne servait qu’à protéger les propos consensuels et de bon goût, on n’aurait pas eu besoin de la garantir dans la Constitution.
Et si l’on a un peu confiance en la raison humaine, sauf propos visant à déclencher la violence, la censure n’est pas la solution.
C’est en fait un pitoyable aveu de faiblesse démocratique."
Yves Boisvert
Rédigé par : Marie | 13 janvier 2014 à 18:20
Je ne vois aucun inconvénient à ce que le marché de l’antiracisme soit partagé avec Dieudonné (lui qui en a été un militant) et qui grignote à belle dents ce pilier majeur du PS qui Valls avec l’UMP pour en faire de l’oseille (Gauche, Droite, Gauche, Droite… ça ne vous rappelle rien ?). Qu’un nègre malin et têtu pique le marché de la LICRA ça la coupe également. C’est la crise après tout ; tout se récupère, tout se vend. Il était urgent de le faire taire pour au moins ces deux raisons, la démystification et le discrédit qu’il "apportait" au système politico-médiatique.
Dieudonné a perdu son meilleur partenaire ; Valls ne fait plus rire personne.
Quel gâchis.
On avait des têtes de nègre ; il n’y aura plus que des têtes de c...
C’est la promesse 2014 du gouvernement.
On n'aura désormais droit qu’à des "lâchers de salopes" dans les "meeting politiques".
Ca vous fait rire ?
C’est le combat entre la haine de soi et la haine de l’autre ; va falloir se détendre et calmer les coupables. Une grande thérapie s’annonce.
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Enfin,
Moi, si j’étais Valls je m’interrogerais…
Je crois bien que je refuserais les impôts et amendes de Dieudonné.
En effet, toucher de l’argent de la part de quelqu’un qui véhicule la Haine, fait l’Apologie de Crime Contre l’Humanité, compare Pétain à Brassens, met des journalistes télévisuels dans des Camps d’Extermination et sodomise les victimes de la Shoah, je trouverais ça, personnellement, "indigne des valeurs de la République".
Enfin, pour un Conseil d’Etat qui trouve pour seul chef d’inculpation que Dieudonné "porte atteinte à la cohésion nationale" sur la base d’une obscure jurisprudence liée à un "Lancer de nain" (consentant et rétribué qui n’y voyait aucun inconvénient), j’admets aisément que le terme de Cohésion Nationale, pour un socialiste, normalement ça devrait faire peur...
Jesse Owens courait plus vite ; Dieudonné ira plus profond.
Rédigé par : Pierre | 13 janvier 2014 à 17:41
Je ne connais pas les spectacles de Dieudonné mais selon Eric Zemmour, lorsque Dieudonné a voulu réaliser un film sur l’esclavage, toutes les portes se sont fermées et on lui aurait ri au nez ! Alors que pour un autre dont le film dura 9 heures, celui-ci avait obtenu toutes les aides nécessaires ! Il en avait déduit qu'il y avait bien deux poids, deux mesures !
Cette affaire mérite t-elle les propos de Philippe Tesson ??
« La mort de Dieudonné par un peloton d’exécution me réjouirait profondément. C’est pour moi une bête immonde, donc on le supprime ! » aurait-il déclaré sur Radio Classique !
Ce qui est quand même grave !
Rédigé par : Marie | 13 janvier 2014 à 16:07
Monsieur Bilger, comme d’habitude, une vraie réflexion sur la liberté d’expression. Cela fait du bien de vous lire ou vous entendre à « C dans l’air », malheureusement bien seul, tant l’unanimisme médiatico-politique de ces derniers jours fait mal à l’intelligence, à l’honnêteté intellectuelle et a en définitive, pour conséquence, par l’absurde, de donner raison… à Dieudonné.
Rédigé par : Charlie | 13 janvier 2014 à 13:02
Le vice-président du Conseil d'Etat réduit à donner un entretien au Monde pour justifier la décision... C'est un aveu de faiblesse, et le démenti ne peut que renforcer le soupçon, fût-il infondé.
Aucune de nos institutions n'échappe à la méfiance, pour ne pas dire au discrédit, signe inquiétant de la crise profonde de l'Etat français.
Sur le fond, l'endogamie entre une juridiction et l'administration, que le Conseil d'Etat incarne depuis Napoléon est-elle encore de mise dans une société démocratique moderne ? Faut-il s'en remettre à la Cour européenne des droits de l'Homme de la protection de nos libertés ? Ce serait désolant.
Jean-Marie Colombani reprend l'argumentaire du vice-président du Conseil d'Etat dans Slate. Endogamie de la justice et du pouvoir. Endogamie de la presse avec le même. Voilà encore de quoi alimenter le moulin anti-système de monsieur M'Bala M'Bala.
Tout ça pour ça ! (qui pourrait être le commentaire sur les frasques sentimentales de notre Président)
Comme disait le Général, en des circonstances plus tragiques, je sortais de chez le chef de l'Etat en regrettant qu'il n'y ait plus de chef, et qu'il n'y eût plus d'Etat.
Rédigé par : Jean MORLAND | 13 janvier 2014 à 11:02
Philippe, vous oubliez de dire qu'à l'origine du propos incriminé de Dieudonné à propos de Patrick Cohen, celui-ci avait d'abord parlé de Dieudonné comme d'un "cerveau malade". Quelque chose qui, pris au pied de la lettre, vous conduit en hôpital psychiatrique. Alors quoi, sa réponse est simplement lourde. Sinon, faites plus court dans vos propos : dites que nous sommes dirigés par des enc... et l'essentiel aura été dit.
Rédigé par : Gerrand | 13 janvier 2014 à 08:02
Si Philippe Bilger lit les commentaires de ce billet, il doit être rassuré, les amis de Dieudonné sont là pour le soutenir.
Rédigé par : jg | 13 janvier 2014 à 07:00
Excellent article de M. Bilger. Mais, et je ne parle pas seulement des commentaires de ce blog, on peut se demander si le ramdam des défenseurs de Dieudonné aurait été aussi nombreux et ardent si l'humoriste au lieu d'être Dieudonné s'était appelé Dupont, ou Leblanc.
Justice ! justice ! ployables à tous vents d'idéologie, et de... communauté !
Rédigé par : Elkadom | 13 janvier 2014 à 03:18
Enfin quelqu'un qui sait de quoi il parle. Peu importe si l'on est pour ou contre, l'essentiel dans un vrai débat c'est d'avoir analysé un maximum d'éléments afin de pouvoir échanger idées et points de vue.
Rédigé par : stephane taurel | 13 janvier 2014 à 01:46
Ce qui est du plus haut comique, c'est de savoir que la majorité écrasante des commentateurs (éditorialistes, historiens, journalistes) nous jurent la main sur le coeur qu'ils ont toujours été contre la loi Gayssot... Mais parmi eux combien ont le courage de lutter contre ? Pleutrerie tout à fait remarquable.
"Que rien ne change, comme ça nous resterons bien au chaud"...
Voilà en fait la principale "conviction" des membres de l'Establishment (médiatique inclus) qu'il soit de gauche ou de droite.
Rédigé par : V. Lopez | 12 janvier 2014 à 23:57
Yves,
Quand on s’attaque aux juifs, je pense à l’un de mes amis que j’ai perdu, donc ça me touche. Quand dans la pièce « Sur le concept du visage du fils de Dieu » on piétine la foi des catholiques j’ai de la peine pour ma meilleure amie qui chaque dimanche assiste à la messe, alors je me sens attaqué. Quand « Charlie Hebdo » publie les caricatures du prophète Mohamed, je pense à mon père qui porte le même prénom et ça pique.
Si j’avais du pouvoir et si je voulais contenter mes proches, il ne resterait plus grand-chose de la liberté d’expression.
On ne peut pas demander aux uns de serrer les dents et donner satisfaction aux autres parce qu’ils ont davantage de pouvoir d’influence quitte à bafouer les principes élémentaires de l’état de droit.
Rédigé par : Nordine | 12 janvier 2014 à 20:34
Le fou du roi français est métis et il vient de se faire taper sévèrement sur les doigts : Dieudonné. Le ministre de l'Intérieur d'ascendance catalane donne dans le franquisme de boulevard par son interdiction baroque. Aurait-il découpé en tranches ce provocateur de Dali si celui-ci avait été son contemporain ?
Cette République passe dans le camp des pisse-froid, comme si les chiffres glaciaux des stats économiques et de popularité agissaient par capillarité. Je reviens sur le blog, une meilleure liaison internet me permettant de vous relire avec plaisir, collègues. Longueurs et pointes.
Très en retard, bon vent arrière à toutes et tous en ce nouvel an 2014, sans oublier bien sûr Philippe et Pascale. J'ai entendu ce dernier sur RMC vendredi, piiiou quelle flamme, celle olympique de Sotchi ressemble à une simple bougie à côté.
Rédigé par : scoubab00 | 12 janvier 2014 à 20:12
Arno Klarsfeld est sorti de sa réserve !
Et que penser d'un individu qui appelle sa chatte lorsqu'elle sort les griffes "palestinienne" !
Cet article qui a été publié dans Marianne est assez révélateur de la personnalité du personnage !
http://www.panamza.com/10012014-arno-klarsfeld
Rédigé par : Marie | 12 janvier 2014 à 19:53
Je cite l'auteur de ce texte : "Je suis sûr qu'on va aussi voir Dieudonné, profondément, pour soi".
Voilà, vous avez compris !
Il y a beaucoup de cela en effet mais pas seulement, on aime Dieudo parce qu'il nous fait rire, tellement rire, de ce qui ne va pas, rire pour ne pas agir contrairement à ce qui se dit par certains. Dieudonné c'était la soupape de sécurité, en quelque sorte c'était pour beaucoup un espace de libre-pensée, mais ce n'était sûrement pas une incitation à la haine, sûrement pas ! Contrairement aux sites antimusulmans permis sur le web. Maintenant les débordements de Dieudonné sur des thèmes qui heurtent certains ont été limites c'est vrai, mais était-ce une raison pour couper le courant et nous laisser dans le noir alors qu'il y avait la justice pour punir ?
L'histoire en jugera et jugera les censeurs le jour où ce sera trop tard.
Rédigé par : Lilia | 12 janvier 2014 à 19:10
Ouais ouais !!
Trop de gens passent trop de temps à se queneller...
Heureusement, il y a la Justice !
Dieudonné usera-t-il toujours longtemps de ce trop répandu privilège ?
Ainsi va le sens en suspens !!
Rédigé par : zenblabla | 12 janvier 2014 à 19:09
En un lapsus absolument terrifiant Arno Klarsfeld vient de tout foutre par terre : Valls, Hollande et l'arrière-petit-fils du Capitaine Dreyfus !
Il y a déjà eu près de 70.000 visiteurs sur YouTube.
Il s'agit de son passage sur BFMTV, Dieudonné doit bien rigoler et le silence de Taubira laisse perplexe.
On se souviendra de cette phrase assassine de Madame Fressoz sur Manuel Valls, dans un éditorial du Monde : "du haut de sa licence en Histoire, il se voit Président..."
Rédigé par : Savonarole | 12 janvier 2014 à 17:25
Bof rien de nouveau, Dieudo antisémite et Valls est dans son rôle même s'il a exagéré…
Ariel Sharon était un grand humaniste, BHL est un grand penseur de notre temps et Max Boublil me fait rire.
Mais si je dis : Ariel Sharon était un assassin à visée génocidaire, BHL est un minable escroc intellectuel et Max Boublil n'a aucun talent, suis-je antisémite ?
Si oui je suis prêt à me soigner (pour ne pas aller en taule, eh oui faut aussi penser au gamin), quels médocs prendre ?
Rédigé par : gargamel | 12 janvier 2014 à 16:57
@Robert
En quoi les lointains descendants des esclaves victimes de la traite négrière ou des habitants des ex-colonies françaises, dès lors qu'ils sont Français par naissance ou par naturalisation, peuvent-ils réclamer des droits particuliers, contraires aux dispositions de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Car alors où placer le curseur historique ?
Rappelons que les premiers négriers furent les Africains eux-mêmes, du moins ceux qui vendaient aux trafiquants européens les prisonniers qu'ils ont pu faire sur les tribus adverses.
Dans certains cas, ceux qui ont ainsi été transformés en esclaves ont échappé à une mise à mort immédiate...
Bien entendu, ce n'est pas pour autant une justification de l'esclavage, pratique qui fut celle de quasiment tous les peuples de la terre depuis les origines de l'humanité, notre civilisation ayant été la première à l'avoir remise en cause.
Rédigé par : Parigoth | 12 janvier 2014 à 15:57
"...Ladite ordonnance mentionne dans les visas huit textes différents, dont la Constitution et certaines décisions du Conseil d’Etat – au passage il cite par erreur comme décision contentieuse ce qui n’est qu’un avis. Puis le juge unique construit un raisonnement articulé qu’il expose en trois pages pleines. Quel homme, rapide comme l’éclair et imparable comme la foudre ! On s’étonne des délais exorbitants que connaît le contentieux ordinaire. A moins que… à moins que la décision n’ait déjà été préparée, parce qu’en toute hypothèse l’appel était certain et la conviction préétablie. Ne faisons pas de procès d’intention, mais c’est tout de même à craindre. Auquel cas, à quoi a pu servir l’audience, simple formalité de procédure sans capacité d’influence ?..."
Serge Sur
Professeur émérite de droit public à l'Université Panthéon-Assas
http://libertescheries.blogspot.fr/
Rédigé par : Marie | 12 janvier 2014 à 14:52
Kirios,
Vous m'attribuez une phrase écrite par Aliocha, phrase au demeurant que je trouve juste et bien vue.
Néanmoins, je veux bien essayer de répondre à votre post.
"La contamination de ses comportements limites a mis en lumière, a révélé l'incapacité des démocrates à savoir l'arrêter sans devenir eux-mêmes totalitaires..."
Si on considère les condamnations pénales dont a fait l'objet Dieudonné et qui n'ont pas été exécutées - l'exécution des peines étant à mon sens la seule traduction démocratique crédible d'une volonté politique à "arrêter" Dieudonné -, incapacité : clairement oui.
Des démocrates comme Manuel Valls qui exerce des responsabilités gouvernementales ou Alain Juppé qui a exercé des responsabilités gouvernementales, à ma connaissance, n'ont même jamais dénoncé, par exemple, dans le débat public - jusqu'à il y a quelques jours seulement - le scandale de la non exécution des condamnations pénales prononcées.
Et comme le souligne Aliocha, ce n'est qu'en malmenant et en tordant à toute allure l'Etat de droit par la mise en oeuvre d'une procédure administrative d'interdiction, d'exception et expéditive, que les démocrates que j'ai cités ont aujourd'hui le sentiment d'avoir "arrêté" Dieudonné.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 janvier 2014 à 14:13
Aliocha :
"La contamination de ses comportements limites a mis en lumière, a révélé l'incapacité des démocrates à savoir l'arrêter sans devenir eux-mêmes totalitaires..."
Mais il ne s'agit nullement des démocrates !
La démocratie n'est pas la vertu des derniers pouvoirs français.
Il s'agit seulement d'un pouvoir qui a entrepris une démarche qui Dieu seul sait où elle nous mènera.
Mon point de vue est que dans cette affaire il y a une cible : Dieudonné (que j'avais oublié, j'ai dû aller sur YouTube pour voir une partie de l'un de ses spectacles et franchement il ne m'a pas plus enchanté que ceux que nous impose la télévision) mais cette cible n'intéresse qu'une petite partie de la population et que je sache aucun groupe extrémiste ou violent ne s'en réclame.
- Il y a l'argument "l'antisémitisme" - je mets ce mot entre guillemets car (est-ce par ignorance ?) je le rejette ; je considère qu'il y a le mot racisme qui s'applique à tous. Le racisme existe, il a toujours existé et en démocratie, il appartient aux tribunaux de le combattre.
- Il y a celui que j'appellerai l'initiateur. L'initiateur c'est le pouvoir et lorsque le pouvoir initie une telle entreprise, c'est qu'il y a anguille sous roche car personne ne me convaincra que cette opération bien réfléchie, organisée et lancée par le ministre de l'Intérieur, a été faite pour abattre un homme.
Et c'est là qu'à mon humble avis il y a un gros problème pour notre démocratie.
Rédigé par : kirios | 12 janvier 2014 à 12:53
Nordine 11 janvier 17.27
Il en faut des siècles de civilisation, d'apprentissage de l'amour des autres et de la tolérance, pour juger en fonction d'un intérêt collectif qui dépasse la défense jalouse et tatillonne des particularismes de l'entourage immédiat !
Voyez-vous, il se trouve que mes quatre grands-parents étaient des Français nés en France de parents français, tous de tradition catholique.
Et je suis aussi douloureux et humilié qu'un juif quand des trublions les maltraitent ou profèrent de grossières accusations antisémites.
Pourquoi ? parce que ces attaques infondées s'adressent à des groupe de personnes avec qui je vis en bonne intelligence depuis des décennies, et réciproquement, et qui rendent les meilleurs services au pays.
Regardons les classements de concours des grandes écoles, les résultats de la recherche scientifique, l'identité des dirigeants d'entreprises qui marchent, les meilleurs artistes...Que la surreprésentation des juifs ne nous attriste pas; explorons plutôt les voies et moyens du progrès de tous, même s'il y faut plusieurs générations !
Cessons de penser que chaque fois qu'un juif adopte une conduite, on ne peut la comprendre si on oublie qu'il est juif ; cessons de penser qu'on ne peut attendre d'un musulman qu'une opinion identique "corporatiste" sur telle ou telle question.
Rédigé par : Yves | 12 janvier 2014 à 12:37
"Dans mes codes personnels, on ne frappe pas un homme à terre", écrit Catherine Jacob.
J'entends encore en frémissant cet affreux cri de ralliement : "tous contre Untel", que j'entendais parfois dans la cour de mon école d'Hydra, près d'Alger. Souvent "Untel" était un petit arabe.
Comme vous, Madame, ce rejet panurgique me donne envie de voler au secours de celui qu'on accable.
Il me semble qu'il n'y a pas solution de continuité entre les tricoteuses de la place de la Révolution, les cris de haine contre Dreyfus, les rigolades atroces devant les femmes rasées, les lettres anonymes de l'Occupation et ce qui est en train de se passer. Le personnage à terre n'est pas en cause. C'est l'acharnement des lâches qui fait dresser les cheveux sur la tête.
Rédigé par : Frank THOMAS | 12 janvier 2014 à 12:34
Trekker
Il conviendrait d’apporter précisions et nuances à l’antisémitisme que vous prêtez aux catholiques traditionalistes.
Dire qu’on doit prier pour la conversion des juifs n’est pas un message de haine ou de mépris. Selon Saint Paul, le mal est le judaïsme, pas les juifs. Le problème est que la conversion au nom du Père qui est aux cieux, se heurte au reniement du père terrestre de celui que l’on veut convertir, c’est en ce sens que Saint Luc aura dit que les juifs sont irrécupérables.
C’est pourquoi le message de conversion doit être intime pour ne pas apporter le discrédit sur les chefs de famille. Il convient d’attirer et non d’imposer.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 janvier 2014 à 10:54
@Louis Calvero | 12 janvier 2014 à 01:40
«C'est étonnant mais à aucun moment vous ne semblez imaginer que le dessein de Dieudonné soit politique.»
A quoi pensez-vous ? Au mur de Sharon ? Mais, même si c'était le cas, la France n'a pas besoin qu'on lui inflige l'importation de ces problèmes. Des murs de la honte, il y en a eu et il y en aura encore, mais ce n'est pas une façon utile de les combattre que d'attaquer ainsi les peuples. En ce qui concerne le mur israélien, son concepteur venant de décéder, paix à ses cendres.
Ceci dit, ce n'est pas parce qu'on se pose en combattant de la vulgarité qu'on peut se permettre d'être inélégant. Dans mes codes personnels, on ne frappe pas un homme à terre. Or, Dieudonné s'étant couché, je pense que la merguez de Nicolas Bedos était largement superflue, sans compter qu'on pouvait la comprendre comme prenant le relais de la quenelle à l'inverse. Le concombre de Ruquier étant hors sujet et ne témoignant de rien d'autre que d'un ego surdimensionné ; à la limite un knacki...
Maintenant, chose curieuse, m'étant assoupie un cours instant pendant l'émission de celui-ci, Nicolas Bedos est apparu dans mon rêve. Comme si cela ne suffisait pas du plateau télé. Bizarrement, il était assis dans un coin et il tentait de retenir des larmes.
Me réveillant, l'image du rêve encore prégnante, j'ai pensé à Dieudonné et je me suis demandé si derrière les bouffonneries déplacées que le rôle de soupape sociale qui leur est aussi dévolu d'une façon générale ne justifie cependant en rien, il n'en allait pas de même quelque part pour cet humoriste.
Du coup, je pense que la façon dont le Conseil d'Etat a exercé sa fonction et qui représente un danger pour tout le monde - d'où la nécessité de réagir vivement également, et fort heureusement on a Philippe Bilger dans le rôle de gardien de nos libertés fondamentales, ce dont on ne le remerciera jamais assez -, et qui plus est sans autre réelle efficacité que celle toute provisoire du bâton et/ou de la matraque, et c'est très regrettable car on ne sort pas du coup du jeu débile et tellement machiste, de qui a la plus grosse ou pisse le plus loin, débilité qui ne peut que ternir l'image de notre pays à l'international, autrement dit sur une scène où il deviendra encore plus difficile de donner des leçons à Poutine ou encore à Xi Jinping, prince rouge nouveau maître de la Chine depuis mars 2013. Un petit entre quatre yeux entre un ministre faisant preuve davantage d'intelligence politique et de vraie compassion pour la Shoah qui lui eût inspiré les mots qui eussent permis à l'humoriste de réaliser que blesser la mémoire n'était pas une façon de combattre, que de matraquage juridictionnel, eût sans doute été préférable.
Rédigé par : Catherine JACOB@Louis Calvero | 12 janvier 2014 à 10:41
Quand Eric Zemmour met le doigt sur le fait que Dieudonné est un pur produit du système multiculturaliste dont le PS veut la victoire définitive dans la société française (merci Ribus), le bouffon noir lui répond par anticipation depuis le théâtre de la Main d'Or en se déclarant n'être que "le nègre marron échappé de la plantation".
En fait, disant cela, il répondait à Christiane Taubira qui l'invitait depuis la Guyane à rentrer dans le rang.
Le bouffon leur a échappé. Qu'en faisait-on au Moyen Age ? Les oubliettes peut-être ou le donner à manger aux chiens.
Aujourd'hui il y a un monde parallèle où survivre, voire croître et embellir, c'est Internet. Et M. Valls va se heurter au mur de verre du Web si Dieudonné s'y réfugie.
Rédigé par : Catoneo | 12 janvier 2014 à 10:19
Bonjour, bientôt l'hiver nous quittera, le printemps sera peut-être arabe et noir en France, attention humiliation, haine, horreur, enfin je ne l'espère pas.
Rédigé par : justin | 12 janvier 2014 à 09:16
Dans la mesure où Dieudonné tient ses engagements, et renonce réellement à ses débordements, sa victoire est complète. Comme le disait l'autre soir un autre "cerveau malade", Valls a l'autorité, mais Dieudonné a le pouvoir, après avoir fait trébucher la République vers des temps de censure pré-républicain. La contamination de ses comportements limites a mis en lumière, a révélé l'incapacité des démocrates à savoir l'arrêter sans devenir eux-mêmes totalitaires, certains prônant la méthode chinoise pour contrôler internet, incapables qu'ils furent de s'en remettre avec sérénité à la seule puissance de la loi, démontrant par là leur manque de foi en elle, trop habitués qu'ils sont à s'arranger avec les grands principes quand leurs intérêts sont en jeu.
Rédigé par : Aliocha | 12 janvier 2014 à 08:46
"Manuel Valls était parfaitement dans son rôle, qui consiste à veiller à l'exécution des lois, à assurer la protection des personnes et des biens, à prévenir les troubles à l'ordre public et la tranquillité publique ainsi que la délinquance."
Je ne suis pas d'accord avec vous, Camille.
Manuel Valls, selon moi, est allé au-delà des prérogatives que vous exposez.
Un ministre de l'Intérieur n'a pas pour mission, pour reprendre l'expression de Manuel Valls, de "pousser le débat", ni de se substituer au procureur de la République qui lui est en charge d'initier l'action et la puissance publiques.
Il n'a pas non plus pour mission de se substituer au magistrat chargé de juger et de sanctionner, ni à celui qui est en charge de l'exécution des peines.
Au passage, l'affaire Dieudonné sera terminée quand les peines prononcées depuis dix ans seront exécutées.
Enfin, un ministre de l'Intérieur n'a pas vocation à inscrire dans la loi, en 1h30, via le Conseil d'Etat, ni préventivement, ni de façon exceptionnelle et expéditive, ce qui relève de l’infraction, du délit ou du crime. C'est aux parlementaires que revient cette charge.
Quand ces prérogatives que je viens rapidement de lister sont confondues dans un seul ministère, qui plus est celui de l'Intérieur en charge, entre autres, du respect des libertés publiques, si je me fonde sur ce qui à mes yeux caractérise notre tradition de l'Etat de droit - un équilibre et un contrôle des pouvoirs entre eux : un pouvoir en modère un autre, sans cela c’est l’excès de pouvoir - cela s'appelle un naufrage républicain, une rupture dans la démocratie.
"La vraie menace pour notre société, ce sont ces dizaines de milliers de personnes, toutes communautés confondues, élevées à la haine raciale, et dont l'esprit fermente"
Comment voulez-vous, Camille, qu'une censure exercée à l'initiative du ministre de l'Intérieur vienne à bout des carences graves d'un Etat qui est incapable d'assurer à l'école une maîtrise minimum de l'écriture et de la lecture, pour ceux qui ont été enfermés et élevés en matière d'expression de soi dans le ricanement obligatoire au sujet de tout ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 12 janvier 2014 à 07:27
Je pense que dans cette affaire Dieudonné il y a deux aspects : l'aspect politique et l'aspect juridique.
Au plan politique, on a vu en direct l'élimination de quelqu'un qui commence à devenir gênant. Dieudonné est loin d'être un ennemi de la cause socialiste ; c'est un de leurs amis.
Eric Zemmour a bien mis le doigt sur le fait que Dieudonné est un pur produit du système multiculturaliste dont le PS veut la victoire définitive dans la société française.
Mais Dieudonné dérape ou plus exactement dit franchement ce qu'il pense. Comme il est ouvertement pro-palestinien et pro-arabe, il ne pense pas du bien des juifs, ce qui est assez logique sans être excusable.
Mais les socialistes aussi sont très nettement pro-palestiniens et pro-arabes...Pour ne pas être accusés de fermer les yeux sur les dires d'un des leurs, ils ont été obligés d'agir sur les injonctions du Crif ; tout cela en prenant le risque de fâcher leur électorat black-blanc-beur.
Ils ont donc non pas sanctionné Dieudonné, ils l'ont lâché. Au passage, cette opération a permis de faire aussi une opération de com' et de diversion pour faire oublier les résultats désastreux en matière de sécurité.
Sur le plan juridique, c'est également un désastre, en particulier pour le Conseil d'Etat qui vient de donner une très belle preuve de l'indépendance de la Justice dans notre pays.
Cerise sur le gâteau, on choisit un magistrat juif et franc-maçon pour faire le boulot. On verra bien si notre merveilleux conseil d'Etat enterre la liberté d'expression moribonde en confirmant l'ordonnance de M. Stirn.
Comme pour le voile islamique, on peut compter sur ces hauts magistrats pour nous concocter une décision bien confuse avec dedans tout et le contraire de tout.
Rédigé par : Ribus | 12 janvier 2014 à 06:56
Bonjour,
@genau (les casques ?)
Bien loin d’être un intellectuel, je vous lis souvent ici et avec grand intérêt, car comme avec notre hôte et nombre d’autres commentateurs bataillant avec leur plume, je viens tenter de me faire une opinion.
C dans l’air fut vendredi 10 une émission de débats largement supérieure à la moyenne, et je l’ai donc écoutée et entendue jusqu'à son terme. Par contre en effet, j’ai dû fuir des les premières minutes l’émission de F. Taddéï en soirée.
Voir ces gens encore et toujours s’empoigner pour dire leur vérité ou empêcher l’autre de s’exprimer, me désespère depuis des années. Je ne doute pas un instant que ce qui est regardé, peut-être vu, sans doute écouté, peut-être entendu dans la lucarne n’ait pas aussi une « immense » responsabilité sur l’état actuel de la société, des générations sacrifiées et de celles qui montent, quand on sait dans quel état (Etat) est aussi l’école depuis des décennies. Quel gâchis !
@ Saint-Loup
[….combien de chances Anne Frank, pour prendre un symbole, avait-elle d'être gazée, d'être exécutée par balle, d'être morte affamée ou battue à mort ? ]
J’aurais écrit : combien de « risques » !
Rédigé par : fugace | 12 janvier 2014 à 04:05