L'absurde principe de précaution a fait école. Il immobilise la France mais, pire que cela, par contagion il vient donner son mauvais exemple à une République qui se sent mal portante avant d'être malade et affaiblie malgré sa robustesse. En pleine forme, elle s'alite.
Un exemple terrifiant de bêtise vient de nous être offert de cette dérive qui, si on n'y prend pas garde, va constituer notre pays comme un territoire étrange où les citoyens seront suivis, comme par leur ombre, par des infirmiers et où les actifs seront soutenus psychologiquement tout simplement parce que le travail sera considéré comme une épreuve à surmonter.
On devient fou. C'est moins la conséquence, pour être honnête, de la conception socialiste du pouvoir et de son rapport avec la communauté nationale que l'expression d'un lent mais implacable délitement que pas plus la droite que la gauche ne parviennent à ralentir parce que l'une et l'autre, au contraire, le favorisent en accompagnant, en validant un mouvement collectif de déshumanisation, de répudiation insensible mais pourtant nette des exigences de liberté et de responsabilité. Plus globalement d'honneur, même si ce terme est devenu à l'évidence aujourd'hui un gros mot, et ce n'est pas le quinquennat précédent qui, sous toutes ses latitudes, pourra me contredire pas plus que les vingt et un mois de social-démocratie grise et déjà fatiguée - les idées succédanés des chagrins, a écrit Marcel Proust - que François Hollande et son gouvernement nous ont fait vivre.
Un député de la 3ème circonscription de la Mayenne, vice-président de l'UDI - il faut le nommer car il ne mérite pas de rester dans l'ombre : Yannick Favennec - n'a rien trouvé de mieux, en une période où déjà les billevesées ne font pas défaut, que de proposer la création d'une cellule de soutien psychologique en faveur des jurés d'assises. Comme il s'agit d'une élucubration, la garde des Sceaux l'a examinée avec bienveillance mais «cette belle avancée», selon ce même député qui ne recule vraiment devant rien, sera soumise «à une étude d'impact» dont le résultat sera évidemment communiqué à ce parlementaire. Je pourrais me gausser de ce lien qui naît inévitablement entre une suggestion aberrante et la compréhension du ministre de la Justice, et de cette «étude d'impact» qui ressemble à cette habitude de Christiane Taubira de cultiver l'apparence scientifique - cela fait sérieux ! - et, à la fois, l'enlisement dans le futur. Ce qui signifie que le député Favennec n'aura probablement jamais sa réponse mais là n'est pas l'essentiel.
Cela, en tout cas, ne l'exonère pas de la faute qu'il a commise pour avoir laissé germer dans son esprit une telle foucade.
A-t-il su, avant de l'avoir proférée, ce qu'était un jury d'assises, la magie sombre et exaltante de la cour d'assises, le dépassement de chacun pour être à hauteur de l'idéal de justice et de la quête de vérité ? Pour inspirer du respect à l'accusé en train d'être écouté et jugé et à la victime souvent enfermée dans une souffrance que seuls les mots et le verdict viendront apaiser ? Sans doute a-t-il malencontreusement rencontré l'unique citoyen ou les rares jurés ayant, par fragilité intime et enfouissement craintif dans l'air du temps, manifesté le désir d'être «coocoonés», les débats terminés et l'arrêt ayant été rendu ?
L'immense majorité des citoyens appelés à être les juges, comme il est normal, des faits les plus graves dans notre hiérarchie pénale non seulement assume avec exemplarité cette épreuve judiciaire et démocratique mais considérerait, j'en suis persuadé, comme une honte d'être assistée et dorlotée après. Alors que ses forces, son intelligence, son écoute et sa sensibilité ont été, par elle seule, mobilisées pour servir la cause de la Justice qu'elle découvre et qu'elle quittera sans avoir plus jamais la certitude confortable que juger est simple, que condamner n'est pas nécessaire ou qu'acquitter est un scandale.
Faudrait-il aussi prévoir une cellule de soutien psychologique pour le président déstabilisé par un accusé qui oserait contester, pour son conseil attristé de n'avoir pas convaincu le jury, pour l'avocat général désespéré pour n'avoir pas été suivi dans ses réquisitions, pour le criminel à cause de son crime et la victime parce qu'elle l'a été ?
Etre juré d'assises est un honneur, un don démocratique, pas une maladie.
Si une telle absurdité était suivie d'effet, elle ne ferait que renforcer cette tendance qui, bien au-delà du judiciaire, nous constitue comme des handicapés de l'audace et des angoissés de l'action, nous fait craindre ce qui est susceptible de nous rehausser et n'a pour objectif que de nous éloigner en définitive de l'épopée familière et combative qu'est toute existence, même la plus réussie, pour nous engluer dans la peur avant le mouvement, dans la suspicion avant la connaissance, dans l'effroi avant les symptômes.
Je ne suis pas optimiste parce que je relève de plus en plus l'inquiétant unanimisme parlementaire, la démagogie entraînante face aux projets les plus dangereux et les plus imprudents pour l'état de droit et la Justice. La révision des condamnations pénales a été, malgré les risques de dérive qu'elle porte en elle, votée comme un seul député, avec un enthousiasme collectif qui est généralement le signe d'un défaut de lucidité, ce qui est le cas (mon billet: Réviser la révision !). Alors pourquoi pas, aux calendes pas forcément grecques, une Assemblée nationale subjuguée par l'aberration due à Yannick Favennec ?
Il est tristement paradoxal que ce déplorable ajout à la faiblesse d'aujourd'hui émane d'un parlementaire centriste alors qu'on aurait pu espérer autre chose de cette famille politique.
Le principe de précaution nous tue. La cellule de soutien psychologique nous fait mourir avant l'heure. La cellule de soutien pour celui qui aura dû endurer une cellule de soutien psychologique, c'est pour quand ?
Le ridicule ne tue plus, en effet, mais il nous étouffe. Avec, le comble, un unanimisme de bonne conscience et de ravissement.
Qui osera siffler la fin de la récréation et taper un grand coup de bon sens, de volonté et de rigueur sur la table de la République ?
Ce texte, légèrement remanié pour le blog, a déjà été publié le 27 février sur Figaro Vox.
@Xavier Nebout
Au début de mon post, je reprochais à Philippe Bilger le manque de « nuances » de son article.
A la lecture de votre réaction, je vois que le concept même de « nuance » vous est totalement étranger…
@Lucile
"Le travail psychologique sur soi doit venir d'une démarche personnelle, et les frais doivent rester à la charge de celui qui poursuit le processus, ce qui lui confère un statut de sujet, adulte, et non d'objet. C'est la condition pour que ça réussisse à "faire des vagues", rien que des vagues, comme dit Lacan"
Incontestablement, imposer ce soutien systématiquement serait parfaitement absurde voire contre-productif. Tout au moins pourrait-il être proposé et bien sûr gracieusement, tout le monde n’ayant pas forcément les moyens d’en assurer la charge. Il n’est question ici que de soutien et non pas de cure, durant laquelle il est effectivement indispensable qu’un analysé ait à supporter financièrement les frais de son travail…
« Rien » que des vagues… dites-vous.
Ancien surfeur et toujours navigateur j’ai encore, je vous l'avoue, beaucoup à apprendre de l’influence des vagues.
;-)
Avec toute ma sympathie.
Stéphane
Rédigé par : Merci Sigmund ! | 05 mars 2014 à 19:27
Les jurés vont côtoyer l'horreur absolue du vécu des victimes d'un Fourniret ou d'un Dutroux ou l'angoisse absolue de l'erreur judiciaire d'un Patrick Dils qui vont hanter leur existence au fil des réminiscences.
On exalte la vertu d'humanité d'un Badinter mais les affres des états d'âmes des jurés pourquoi s'en préoccuper, ils sont justes coupables d'être innocents !
Autrement dit inconscients du mal qu'on peut leur faire en les immergeant sans préparation aucune ni avertissement dans ce qu'ils n'ont jamais imaginé de pervers et de d'inhumain.
Faut-il être une mentalité rétrograde pour ne pas sentir l'inconfort psychologique intense, démesuré qui au fond du gouffre peut les faire verser dans un abîme !
Rédigé par : pibeste | 04 mars 2014 à 12:37
Robert,
Lorsqu'on tue un homme au nom de son Roi, c'est-à-dire pour l'honneur de son père, on ne culpabilise pas même s'il a tort.
Lorsqu'on le fait au nom d'une République - c'est-à-dire pour une raison d'Etat -, on ne s'en remet jamais même si c'est à raison.
Dans un cas comme dans l'autre le psy est inutile.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 04 mars 2014 à 11:23
"Merci Sigmund"
Nous voilà bien dans l'art de l'imposture psychanalytique de la supercherie tendant à créer un besoin qui n'existe pas pour démolir les gens et créer un besoin.
Autrement dit : comment se construit un système psychique si on l’assiste dans ses souffrances autrement qu’en le conduisant au besoin d’assistance ?
La psychanalyse produit des pseudo-libérés qui enfouissent encore plus profond leurs culpabilités et leurs traumatismes.
Du temps de la liberté d’expression, on vous aurait dit que la culpabilité et les offenses s'évacuent par la repentance, la méditation, la prière, la grâce et le pardon, pas avec un billet de x centaines d'euros selon la fortune du client, messieurs les escrocs congénitaux !
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 04 mars 2014 à 10:21
Parfaitement d'accord avec vous, Philippe Bilger.
A quand un numéro d'appel spécifique pour une "cellule psychologique d'urgence" activée au moindre événement susceptible d'affecter de quelque manière que ce soit notre décidément bien petite nature humaine ?
Montaigne ne se trompait finalement pas lorsqu'il affirmait déjà que l'homme était bien "la plus calamiteuse et la plus fragile de toutes les créatures".
Notre société veut construire pour l'homme un environnement lui assurant une protection toujours plus grande, plus rassurante, elle lui offre une multitude de formules d'assistanat, elle met à sa disposition des outils toujours plus performants au motif de lui faciliter son quotidien, d'évacuer l'effort. Et pour quel résultat, sinon celui de déshumaniser, de déresponsabiliser, d'avilir ce même homme qui se trouve alors confronté, comme disait Pascal, "à son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide".
Est-ce cela que l'on appelle progrès et qui devrait conduire au contraire à grandir l'homme ?
Rédigé par : Michel Deluré | 04 mars 2014 à 10:16
L'honneur peut-il faire un englobant qui entourerait tout à la fois "bons sens, volonté, rigueur" ?
En tout cas les exclus de la rigueur, de la volonté et du bon sens, ceux-là ne peuvent atteindre aux honneurs.
Du côté d'Icare autant que du côté de Prométhée, ne manque pas la volonté.
Pour Icare manquerait le bon sens, éventuellement la rigueur, mais cela n'est pas certain.
Pour Prométhée, ne manquerait que le bon sens, sauf si la rigueur était un caractère réservé, pratiquement conclu d'avance.
L'un comme l'autre racontent, pour moi au moins, assez bien ce qui s'entretient avec le principe de précaution...
Partant, je ne suis pas sûr qu'Icare ou Prométhée n'aient pas reçu, avec le mythe, dans sa constitution, quelques honneurs avec la mythologie.
Ces deux-là approchaient les domaines des Dieux, alors peut-être manquaient-ils évidemment de bon sens...
La faculté offerte au juré de juger est sûrement un honneur.
Ici, nous ne jugeons toutefois pas avec la Bible.
Le principe de précaution pourrait-il se dissoudre avec la simple Bible ?
Je crois que je ne pourrai, ne saurai, pas encore être juré d'assises, non pas que l'honneur ferait repoussoir, mais plutôt parce qu'avec Prométhée l'ouverture pour moi avec un honneur minimal ne serait pas suffisante, parce que, avec Prométhée je ne voudrais ni principe de précaution, ni dieux qui permettent de l'évacuer.
Du côté de l'expression de la "Vérité", il y a bien une distance nombreuse suivant que l'on arrive bardé avec des Sciences, avec un Dieu, avec du Droit, et même avec toutes connaissances et convictions faites a priori autant que pèsent les attachements.
Il n'y a pourtant pas entre ces Domaines, a priori, de dissolution avec ce qui peut se comprendre comme faisant partie "dans" l'Honneur...
Le Droit fait l'Histoire des détachements, et c'est sans précautions, en finalité.
Rédigé par : zenblabla | 03 mars 2014 à 21:10
Pour prendre un peu de recul et comprendre ce que ressentent les jurés, voici un lien vers un documentaire de 2012 ("Le jour où j’ai été juré d’assises") dont j’ai vu la rediffusion ce matin sur LCP.
http://www.youtube.com/watch?v=sAQFIekrRnI
Rédigé par : moncreiffe | 03 mars 2014 à 18:50
Je conçois aisément que des personnes qui ont frôlé la mort dans des circonstances particulièrement difficiles aient effectivement besoin d'un psychologue, voire d'un psychiatre : par exemple les militaires, policiers gendarmes, voire médecins d'urgence... qui se sont trouvés dans des situations particulièrement critiques ou dures.
Pour les autres, c'est simplement la capacité personnelle à surmonter des difficultés passagères de la vie, dont celles liées aux fonctions de juré d'assises. Vouloir leur imposer une cellule psycho relève de l'infantilisation systématique. Il est vrai que l'homme est ainsi fait qu'il lui faut nécessairement des couches en bas âge, et parfois dans le troisième, voire quatrième âge. Mais de là à l'imposer dans la vie adulte... il y a un pas qu'il convient de s'abstenir de franchir !
Rédigé par : Robert | 03 mars 2014 à 18:19
"...les vingt et un mois de social-démocratie grise et déjà fatiguée... que François Hollande et son gouvernement nous ont fait vivre."
Je propose une cellule d'aide psychologique pour Philippe Bilger et les 39 marches (euh !... "mois") qui lui restent à gravir (euh !... "à somatiser").
Rédigé par : sbriglia | 03 mars 2014 à 15:53
Il est des articles que je relis plusieurs fois, par plaisir, pour comprendre, et là, je pense que celui-ci en est UN, d'article. Merci M. Philippe, toutes mes salutations à vous. Merci de nouveau...
Rédigé par : jcé | 03 mars 2014 à 14:55
Le soutien est peut-être nécessaire à quelques-uns.
Procès en appel du "gang des barbares" : un juré s'évanouit devant l'horreur du crime
"Des photos de l'examen médico-légal ont été diffusées dans la salle d'audience ce mardi. Les jurés ont été particulièrement surpris et bouleversés par les clichés présentant les plaies et les brûlures constatées sur le défunt. L'audience a même dû être suspendue, après que l'un d'eux, sous le choc, s'est évanoui. C'est le médecin légiste qui l'a pris en charge sur-le-champ. Il est remplacé par l'un des jurés suppléant."
http://elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/11/16/proces-en-appel-du-gang-des-barbares-la-decouverte-du-corps.html
Rédigé par : choubidou | 03 mars 2014 à 14:17
@choubidou
Merci du lien. À le lire, il s'agirait d'assister les jurés pendant le procès lui-même et non seulement après le procès ! C'est effarant. L'idée du jury populaire c'est justement de ne pas laisser la décision aux spécialistes, mais au citoyen moyen.
Une parente à moi psy me signale que les psychologues sont souvent récusés par les victimes et leurs défenseurs au moment de la constitution du jury, justement parce qu'ils sont psychologues et donc supposés biaisés dans leur appréciation de la culpabilité d'un accusé. On me dit aussi que de toutes façons, en France, les jurés ne délibèrent pas sans la présence de magistrats - le président en personne, et ses deux conseillers - qui assez souvent les orientent dans leur décision.
Bref, le citoyen moyen, ce pauvre type ignorant, fragile, dépourvu d'autonomie de jugement, doit être encadré d'experts, aux frais du contribuable, c'est-à-dire de lui-même. Tocqueville doit se retourner dans sa tombe.
Sigmund,
D'après votre homonyme Viennois, le travail psychologique sur soi doit venir d'une démarche personnelle, et les frais doivent rester à la charge de celui qui poursuit le processus, ce qui lui confère un statut de sujet, adulte, et non d'objet. C'est la condition pour que ça réussisse à "faire des vagues", rien que des vagues, comme dit Lacan. On en est loin me semble-t-il avec ce projet de loi.
Rédigé par : Lucile | 03 mars 2014 à 14:05
Rédigé par Dame Catherine A le 02 mars 2014 à 17:51
"...les supprimer et en finir avec ce faux-semblant de démocratie. Mais qui osera ?"
Tout a fait mon point de vue.
D'autre part, qu'est-ce qui justifie d'etre expose a l'horreur gratuitement ? Non sans compter les risques encourus pour sa famille et sa personne alors que l'on ne demandait rien et qu'aucune reelle protection ne sera apportee.
Cela ne rendra pas la vie a la victime trucidee... ni ne la reparera en rien si elle a ete "seulement salement estropiee".
De toutes facons, rien n'est fait aujourd'hui pour decourager les vocations criminelles les plus ancrees alors... ce sera sans moi !!
Quant aux "cellules psychologiques", elles permettent, probablement, de "placer" tous les etudiants en "psycho" que la France produit et de contribuer a ce que les personnes en souffrance mettent un couvercle sur leur ressenti... de la meme facon que l'on suggere a quelqu'un de s'exprimer pour surtout de ne pas en tenir compte (dans le meilleur des cas) ou le plus souvent pour lui nuire. Ainsi va la vie...
Tout le monde n'a pas le meme degre d'insertion dans la societe et puis on est toujours pret a prendre des risques... m'enfin pour les autres !! "Faut pas pousser" non plus !!
Rédigé par : Valerie | 03 mars 2014 à 13:58
On sait maintenant pourquoi ils ont supprimé la peine de mort. La sentence était trop barbare... pour les jurés.
Mon dieu, mais comment font les jurés américains pour survivre à cette épreuve !...
Bientôt, le séjour en maison de repos pour jurés d'assises remboursé par la sécu.
Rédigé par : Wil | 03 mars 2014 à 13:03
Poutine n'a rien à craindre.
Ils encombrent les urgences, les parcs d'attraction, les cabinets des psychologues ou de sophrologie, les temples bouddhistes, les musées d'Art moderne et les centres d’aquagym :
http://www.youtube.com/watch?v=GK7kLqy5NC0
La note aussi va être salée.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 mars 2014 à 12:20
J'avais lu votre chronique dans le FigaroVox et j'avais découvert cette nouvelle proposition utopique qui m'avait largement agacée.
Après l'assistanat financier, l'assistanat psychologique, tout porte à croire que notre société est à bout de souffle, en plein déclin. Une déresponsabilisation de l'être humain.
Mais on le voit dans d'autres domaines, nos nouvelles élites veillent sur tout, qu'il s'agisse des mots que nous devons utiliser, des idées que nous devons véhiculer, de l'éducation à donner à nos enfants et bien d'autres choses. Une société aseptisée et feutrée, la société du bonheur malgré soi. Une société de plus en plus virtuelle aussi.
On finit par se demander pourquoi il reste encore tant de gens qui "pètent les plombs", qui se suicident, qui sortent des sentiers battus par des gestes extrêmes. Les soutiens psychologiques ne sont sans doute pas mis au bon endroit.
Nos politiciens devraient bien nous lâcher un peu et surtout réapprendre ce qu'est le respect, l'honneur, l'amour-propre, des valeurs de plus en plus oubliées et pourtant nécessaire au vivre ensemble.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 03 mars 2014 à 11:00
Bravo pour ce remarquable billet ! Tout est dit. Le stade ultime de l'Etat Pampers !
Nos braves républicains et démocrates de tout poil ont chassé les crucifix et les soutanes, mais le nouveau clergé des psys de tout poil s'est engouffré dans la brèche. Las, il est loin de combler ce vide abyssal dans l'ère duquel nous sommes entrés...
Rédigé par : Jean MORLAND | 03 mars 2014 à 11:00
Bonjour M. Bilger
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale il est question de faire évoluer les consciences, même si l'on peut se poser la question de l'exactitude de la démarche qui parfois frise le grotesque ou la manipulation comme dans l'histoire du petit chat qui a donné lieu à sa réplique britannique où un ex-militaire a été condamné à 18 semaines de prison ferme pour avoir achevé un chat en train d'agoniser à 5h du matin après avoir été renversé par une voiture sans que le conducteur soit interpellé puisque l'assurance est en quelque sorte un "permis de tuer". Trouvez l'incongruité !
Maintenant si l'on ressasse à un tribunal d'assises, avec moult précisions, les heures d'angoisse abjecte qu'a pu vivre par exemple, un ado séquestré pendant une semaine, avant d'être démembré me semble justifier pour le moins, dans une telle société de la sensiblerie exacerbée, la possibilité d'évacuer la vision d'horreur qui s'impose et qu'on ne peut souhaiter voir engendrer une névrose.
Maintenant qu'un expert de l'horreur ne se formalise plus devant l'innommable se comprend aussi. Il doit y avoir une aptitude à la résilience qui apparaît chez les professionnels de la criminalité et c'est normal.
Mais de grâce n'ayez le coeur trop endurci, Dieu en aura plus tôt pitié pour vous !
Rédigé par : pibeste | 03 mars 2014 à 10:34
Apparemment M. Yannick Favennec récidive après avoir déjà été épinglé en 2008 par Authueil
Une nounou appelée Favennec
http://authueil.org/?2008/05/22/851-une-nounou-appelee-favennec
Rédigé par : Choubidou | 03 mars 2014 à 10:16
@ Achille
Un gendarme, un policier, un avocat, un juge, un médecin légiste sont des professionnels qui sont régulièrement confrontés à des scènes de crime, mais je pense qu’un juré qui n’appartient pas à ces corps de métier peut être choqué par les images, le récit des faits et la détresse des parents de la victime.
Certes les jurés ne sont pas préparés à entendre des détails sordides, dans les affaires sur lesquelles ils devront se prononcer. Certes ils sont soumis à une forte pression tout au long du procès, car ils doivent prendre finalement une décision lourde de conséquences. C’est une expérience difficile, pénible, dérangeante et marquante, mais pas forcément traumatisante.
Croyez-vous vraiment que les professionnels, spécialement ceux qui sont en première ligne, ne sont pas eux aussi choqués ? Croyez-vous qu’ils finissent par s’endurcir au point de devenir insensibles ?
J’ai été officier de police à Winnipeg durant onze ans. Je suis intervenu sur toutes sortes d’affaires, des accidents de la route, des violences conjugales, des rixes entre ivrognes, des vols avec violence. J’ai vu des hommes et des femmes grièvement blessés, parfois mutilés ou défigurés. J’en ai vu d’autres mourir sous mes yeux. Je vous épargne les détails. Je peux vous dire qu’on ne s’y habitue jamais. Mais si on ne sait pas garder son sang-froid et agir avec professionnalisme, alors on n’a rien à faire dans la police.
L’équivalent canadien des cellules d’aide psychologique ce sont les programmes de gestion du stress à la suite d'un incident critique (GSIC), initialement développés pour aider ceux qui sont en première ligne (policiers, gendarmes, pompiers, secouristes, urgentistes), sans jamais avoir démontré la moindre efficacité. J’insiste sur ce dernier point.
Rédigé par : moncreiffe | 03 mars 2014 à 09:59
"L'immense majorité des citoyens appelés à être les juges, comme il est normal, des faits les plus graves dans notre hiérarchie pénale non seulement assume avec exemplarité cette épreuve judiciaire et démocratique mais considérerait, j'en suis persuadé, comme une honte d'être assistée et dorlotée après."
Pas seulement comme une honte, mais bien comme la traduction du préjugé, dans l'esprit de ce parlementaire, selon lequel la société réelle à laquelle appartiennent les jurés, et qu'ils représentent, était de toute façon ignorante et préservée de toute notion de tragédie, de malheur, de destin fracassé, sans conscience du mal dont sont capables les êtres humains.
Cette proposition de loi folle en dit surtout très long sur le réel fantasmé des élites.
Que ces parlementaires cessent de confondre leur monde et ses orientations si quelconques, banales, pétries d'irresponsabilité et d'inconséquence, avec la société réelle laquelle, quand les circonstances l'imposent, ne fuit pas ses devoirs et ses responsabilités.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 mars 2014 à 08:47
La maladie de l'époque porte un nom (Taguieff) : le bougisme. Il faut changer pour changer et faire parler de soi... Avec les fameux "réseaux sociaux" ça ne fait que commencer...
Rédigé par : Guzet | 03 mars 2014 à 08:33
Certains crimes particulièrement horribles (mais ne le sont-ils pas tous ?) peuvent durablement impressionner, pas uniquement des âmes sensibles, mais simplement tout un chacun.
Si le sort me désignait comme jurée dans le procès d'un meurtrier ayant violé, puis tué, puis brûlé une jeune fille, il me semble qu'après le verdict quelques conversations avec une psychologue ou une psychiatre ne seraient pas inutiles. Pas pour me faire "cocooner, ou dorloter, ou assister", mais pour clarifier des ressentis, les remettre dans une juste perspective, faire une sorte de tour d'horizon et de debriefing pour mettre des mots sur l'innommable.
Il ne me semblerait pas abusif dans ce cas de souhaiter la gratuité de ces consultations. De là à demander la mise en place systématique de cellules psychologiques pour tous les jurés, c'est un pas que je me garderais bien de franchir.
C'est une idée d'autant plus aberrante que les moyens de sa mise en œuvre n'existent même pas, la France étant déjà très en retard sur ses voisins européens en services d’accompagnement de la personne souffrant de troubles psychiques dans sa vie quotidienne.
Rédigé par : Camille | 03 mars 2014 à 01:04
Un billet que j’avais déjà apprécié, à la lecture du FigaroVox.
Les hasards de l’actualité lui donnent un poids encore plus fort.
La mièvrerie des comportements qui se répandent dans notre société se mesure à l’aune des événements qui se déroulent en Crimée, et pas seulement, mais aussi en Syrie, au Mali, etc.
Il se fait que nous partageons avec la Crimée un passé, glorieux pour certains, sanglant pour tous, comme en témoignent certaines plaques de rues.
Le caractère dérisoire des cellules de soutien psychologique, pour aider les personnes soumises aux charges de la vie quotidienne, en dit long sur l’état de décadence dans lequel nous nous enfonçons avec l’inconscience des drogués à la facilité.
Une addiction au moindre effort, au minimum de responsabilité, qui est la marque de notre société.
Une remarque mineure mais révélatrice. Quel est l’enseignant qui dit encore à l’enfant qu’il a devant lui, quand il l’interroge : « Tiens-toi droit ».
On n’apprend plus à se tenir droit, au sens propre et au sens figuré.
Le reste coule de source !!
Rédigé par : Tipaza | 02 mars 2014 à 21:58
J'aime assez, Monsieur Bilger, votre suggestion d'une cellule de soutien à ceux qui seront passés par une cellule de soutien...
Elle est très curieuse cette importance donnée désormais à ces cellules de soutien psychologique. Que signifie-t-elle ? Quelle croyance superstitieuse se cache derrière la confiance qui leur est accordée, derrière les bénéfices, pour ne pas dire les miracles, qu'on attend d'elles ?
Quelle idée nous faisons-nous de notre psyché pour croire indispensable de lui rendre ces hommages, de lui faire ces offrandes ?
Il y a là à mes yeux une sorte de mystère.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 02 mars 2014 à 21:21
Vous avez mille fois raison, Philippe, de stigmatiser dans ce billet cette dérive dangereuse du refus de tout danger, ce recours pavlovien au "soutien psychologique" et cette frilosité érigée en vertu.
Vous en montrez les méfaits dans le monde judiciaire, mais vous n'omettez pas de dire qu'elle touche à d'autres domaines de notre vie sociale : là encore je vous approuve pleinement.
En quatre décennies de professorat j'ai pu observer, impuissant, la montée inexorable de cette inondation qui progressivement est venue imbiber tout l'édifice de notre Ecole, le fragilisant et commençant à le ruiner.
Au nom de la prudence et du respect entendu comme un refus systématique de toute contrainte, de tout effort réel et de toute sanction, on a vu tour à tour déferler l'absurde notation par lettres ; la destruction des mathématiques et de la grammaire rigoureuses ; le mépris de la chronologie assimilée à une odieuse vision bourgeoise de l'Histoire ou de la Littérature ; l'intrusion de matières superflues dont l'intérêt principal est de noyer le poisson et de confondre les savoirs en un magma si flou que les bons et les mauvais élèves n'y sont plus décelables ; la multiplication des avertissements, des mises en garde et des blâmes avant que les conseils de discipline ne décident une punition ; la suppression des récompenses honorifiques ; l'ouverture des conseils de classe à des personnes non tenues au secret professionnel dans le même moment où l'on abolissait les conseils de professeurs ; l'absurde droit à "l'appel" contre les décisions du conseil de classe ; la dictature de cette pseudo-technique appelée la docimologie, instrument roi de l'Inspection pour faire rentrer dans le rang tous les professeurs - quel que soit le niveau des cohortes d'élèves dont ils ont à s'occuper - et pour les contraindre à situer leur notation "dans la moyenne" ; l'obligation, lorsqu'ils s'en écartent, de s'en justifier sous peine de rétorsion administrative ; la multiplication asymptotique des paperasses pour organiser la moindre sortie scolaire, dont le résultat est que de moins en moins de collègues veulent prendre ce "risque" ; et, d'une façon générale, l'établissement d'un climat hostile au mérite individuel, à l'audace intellectuelle et au courage républicain.
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 mars 2014 à 20:52
Bonjour Philippe Bilger,
« Faut-il soigner les jurés d'assises ? »
J’ai un collègue qui a été désigné pour être juré d’assises. Il s’agissait de juger un crime particulièrement sordide d’un enfant qui avait été martyrisé. Il n’a pas voulu m’en dire davantage car il était tenu à un devoir de réserve, mais j’ai bien senti qu’il avait été fortement éprouvé par cette expérience.
Un gendarme, un policier, un avocat, un juge, un médecin légiste sont des professionnels qui sont régulièrement confrontés à des scènes de crime, mais je pense qu’un juré qui n’appartient pas à ces corps de métier peut être choqué par les images, le récit des faits et la détresse des parents de la victime.
Rappelez-vous de l’affaire Fofana particulièrement sordide et dans laquelle vous avez été l’avocat général. Je pense que les jurés d’assises ont certainement été ébranlés par les détails qui leur ont été soumis afin de donner leur jugement.
Je crains que votre œil de professionnel ne vous permette pas d’avoir une vision objective de l’impact psychologique sur les jurés.
Rédigé par : Achille | 02 mars 2014 à 20:41
Cher Philippe,
Il me semblait que les jurés n'avaient pas le droit de s'exprimer sur le secret des délibérés.
Le psychologue serait-il soumis au secret du délibéré sans avoir juré ? Tout bon psychologue est lui-même participant dans des groupes de contrôle pour évacuer ses tensions émotionnelles.
Cette loi ressemble donc à un tam-tam, un écho démesuré sur ce qui était supposé soumis au secret. C'est l'absurde même.
Ne faudrait-il pas prévoir des psychologues pour les téléspectateurs, les lecteurs de journaux, parce que les actualités sont souvent traumatisantes ?
Ce qu'il faudrait aux jurés ce sont des cours d'arts martiaux, des gilets pare-balles, des scooters et des casques pour ne pas être suivis après avoir été menacés d'égorgement, ce qui arrive assez souvent, des protections pour la famille. Pourquoi pas l'autorisation de port d'arme, ce qui est un droit autorisé aux juges.
Le principe de précaution peut être illimité et si des psychologues sont demandés en nombre dans le système judiciaire c'est pour aider les victimes, les familles de victimes, les détenus en détresse.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 02 mars 2014 à 20:37
Un député de la 3ème circonscription de la Mayenne, vice-président de l'UDI - il faut le nommer car il ne mérite pas de rester dans l'ombre : Yannick Favennec - n'a rien trouvé de mieux, en une période où déjà les billevesées ne font pas défaut, que de proposer la création d'une cellule de soutien psychologique en faveur des jurés d'assises.
En généralisant, ne touchons-nous pas là du doigt une grave dérive de notre système parlementaire législatif ?
En effet comment occuper 577 députés - excusez du peu - alors que l'essentiel des lois est désormais du ressort de « Bruxelles » ?
Réponse : à faire des cocottes en papier avec des textes de loi.
Les sujets réellement importants (immigration de masse, protection des frontières, désindustrialisation etc.) sortant des prérogatives de « nos » représentants (théoriques), ils ne leur reste plus que les sujets loufoques ou à scandale comme le simulacre de mariage.
Nous croulons sous les lois et textes réglementaires, qui s'empilent sans être actualisées depuis 1792.
J'ai déjà cité ici ce scandale : le décret du 1er octobre 1793 donnant l'ordre d’extermination de la population de Vendée (en clair un génocide !) n'est toujours pas abrogé dans le pays qui se permet de donner des leçons de « droits de l'homme » à la terre entière !
D'autres lois plus banales finissent par constituer un véritable maquis juridique impénétrable aux juristes eux-mêmes.
Comment un investisseur étranger ne peut-il pas être dissuadé de s'implanter dans un pays où le Code du Travail fait plus de 3000 pages, alors que chez lui il en fait moins de cent voire zéro ?
Au lieu de tenter de justifier leurs gras émoluments en faisant n'importe quoi, ces parlementaires ne feraient-ils pas mieux de faire le ménage dans tout ce corpus de textes illisibles ?
Les gens qui ont connu les années 60 et ayant vécu dans un environnement bridé par moins de lois que maintenant, avaient-ils l'impression de vivre dans l'anarchie ?
Non, ils se sentaient libres de leurs mouvements et plus en sécurité que maintenant.
Et au fait, et si nous supprimions le Parlement, nous en porterions-nous plus mal ?
Rédigé par : Parigoth | 02 mars 2014 à 20:13
Si les séances de balnéothérapie et les entrées gratuites dans un parc d’attraction ne suffisent pas, on pourrait proposer aux jurés d’assises d’autres formes de soutien : la phytothérapie (ou comment réduire le stress par les plantes), une visite du jardin d’acclimatation (merci Isidore Geoffroy Saint-Hilaire) ou encore une randonnée à dos d’âne dans les Cévennes (sur les traces de Robert Louis Stevenson). Je vais transmettre ces suggestions au ministère de la Justice. Je ne doute pas qu’elles feront l’objet d’une étude d’impact.
Rédigé par : moncreiffe | 02 mars 2014 à 19:58
Un juré d'assises qui regarde plus de trois heures par jour la télévision devrait être exempté d'office. D'Antoine de Caunes à Ariane Massenet, d'Audrey Pulvar à Roselyne Bachelot, de Claude Askolovitch à Rokhaya Diallo, il y a de quoi être persuadé que la terre est carrée et que les femmes ne mentent jamais.
On pense au regretté poète George Fourest "Ah qu'il est joli garçon l'assassin de papa !"...
Rédigé par : Savonarole | 02 mars 2014 à 19:34
Une cellule de soutien psychologique pour les jurés d’assises ? Et pourquoi pas des séances de balnéothérapie pour les aider à se détendre ? Ou des entrées gratuites dans un parc d’attraction pour surmonter la dure épreuve d’avoir rempli leur devoir de citoyens. Comme s’ils n’étaient pas assez grands pour consulter d’eux-mêmes un psychologue en cas de besoin. On voudrait infantiliser encore plus les adultes qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Rédigé par : moncreiffe | 02 mars 2014 à 19:24
Quelques passions m'entraînent soudainement sur votre blog, il faut m'excuser entre lecteurs, car c'est trop irrésistible avec peut-être trop d'interventions de mon côté,
comme à la suite de vos articles récents se voit le déroulement des actualités.
Tant pis tant mieux disait ma grand-mère...
L'article met en perspective, sur ce coup, comme un fait rendu au pied du mur, avec l'initiative du député, autant de significations en cours que si elles ne devaient pas à un moment ou à un autre rendre aux domaines considérables (au moins...) de l'imaginaire en politique pour la Justice, alors autant de significations qui paraissent anecdotiques, et même paressent.
Comme nulle paresse là, c'est plutôt heureux.
L'infantilisation, à coup sûr... c'est dans les tuyaux et ce n'est pas valable !
Oui, l'infantilisation est le signe dramatique de l'incompréhension manifeste que relaient les institutions politiques s'il leur suffisait de trier et de reconnaître l'infime partie qui fera complice par bizarrerie d'élection avec la "majorité" exprimée, et fera pour le reste enfants de complices qu'il convient de veiller voire de guérir, même si la coercition n'est pas le moindre des médicaments.
C'est vrai, je me le rappelle, à moins que je ne m'en souvienne, j'ai assisté il y a une dizaine d'années à une "rencontre" élus-citoyens, quand l'élu demandait au citoyen :
"Quel est votre projet de vie ?"
Stupeur ! Cette connaissance réservée allait-elle permettre de conforter l'action politique par l'existence démocratique ?
Comme la proposition venait de la gauche (socialiste pour préciser), je me suis mis immédiatement en perspective de méfiance !
Comment l'engeance politique allait-elle permettre de recouvrir toutes les ambitions que par essence, comme avec la vie j'ignorais, confronté aux plus petites forces détectables des grandes choses de la vie, voyant bien que les ambitions que proposent la vie dépassent largement celles que recollent la politique ?
Alors un parti politique allait-il pouvoir faire de ma maturité un retour dans l'enfance ?
Comme s'écrivant les lois avec les politiques, la question de la Justice n'est pas autant dedans la sphère des politiques qu'observe la philosophie, et même par la grâce de la philosophie la tripartition des pouvoirs met en examen le politique qui fait des Lois.
Oui aussi, "on" aura beaucoup de mal à mettre en cause quelconque institution judiciaire à tel point qu'il soit prouvé que cette institution ne s'affranchisse, avec l'Idée de Justice, de l'Histoire.
Faudrait-il à nouveau interroger l'idée générale de Justice, et comment faire ?
Je pourrais à cette occasion rendre grâce à ma propre mère, celle qui savait bien qu'il s'agissait de m'éloigner avec autant d'émancipation que d'autonomie construite (instinctivement mais objectivement par elle) possibles, sans qu'avoir à recourir aux cellules de soutien psychologique puisse aider à la manœuvre.
Il me faut rassurer les psychologues, pour mon père il n'y avait même pas de questionnement, il savait bien ce qu'à ma mère il pouvait reconnaître de talents !
Voyez-vous, le procès de l'infantilisation, c'est cela en témoignage.
Bon, ce n'est peut-être pas le cas pour tous ?
Rédigé par : zenblabla | 02 mars 2014 à 19:14
Une hypothèse :
Ce député a décidé de se mobiliser pour participer au désengorgement de la filière "psy" extrêmement saturée.
Rédigé par : Mirella | 02 mars 2014 à 18:47
...les supprimer et en finir avec ce faux-semblant de démocratie. Mais qui osera ?
Rédigé par : catherine A non, juste... | 02 mars 2014 à 17:51
Je lis avec beaucoup d’intérêt vos différents billets et partage assez souvent votre opinion.
Toutefois, cette fois-ci je suis non seulement en désaccord avec vous mais aussi extrêmement surpris du peu de nuances que comporte votre article.
Il me semble que vous avez une vision assez parcellaire de ce que peut être un travail psychologique. Effectivement, point besoin d’être « malade » pour avoir besoin d’un soutien psychologique.
La « fragilité intime » dont vous parlez est présente chez chacun d’entre nous plus ou moins consciemment. Chacun la gère comme il le peut en fonction de sa sensibilité et de son parcours existentiel. Il me semble avoir compris que votre personnalité vous a amené à faire le choix confortable de savoir ne plus douter quand vous avez pris une décision.
Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Loin de moi l’idée de dire que vous ne laissez pas de place au doute ni que vous pourriez ne pas avoir d’empathie pour les gens que vous côtoyez ou que vous avez eu à juger. Ceci me paraît impossible pour un avocat, mais que vous arriviez à mettre de côté le poids de l’incertitude d’avoir agi au mieux pour servir la justice, la victime ou le prévenu une fois le jugement rendu.
D’autres n’ont pas cette possibilité et c’est cette différence de sensibilité, que je n’accepte pas d’être qualifiée comme une faiblesse, nous ne sommes pas dans ce registre, qui fait que certaines personnes peuvent avoir besoin de se faire assister après une expérience traumatisante.
Etre juré aux assises est très probablement une expérience traumatisante et je ne partage pas votre description martiale de la cour d’assises qui tient un peu trop de la langue de bois idéologique.
Mon métier m’a amené à être en relation avec de « simples citoyens » ayant été jurés d’assises et si certains l’ont très bien vécu d’autres ont découvert à la fois un monde violent et un système pas toujours impartial qu’ils ne soupçonnaient pas et n’en sont pas sortis indemnes.
Peut-être seriez-vous surpris de connaître le nombre de vos pairs qui font eux-mêmes un travail psychanalytique ou psychologique. Cela ne peut aller que dans le bon sens dans la compréhension de soi-même mais aussi des autres et ne peut donc être préjudiciable dans les prises de décisions juridiques.
Le travail psychologique n’est nullement synonyme d’immobilisme mais au contraire d’avancée…
Pas forcément dans la même direction que la vôtre.
Cordialement.
Rédigé par : Merci Sigmund ! | 02 mars 2014 à 17:15
On ne soigne plus les causes, on soigne les effets. On n'enraye pas la violence, on dorlote les citoyens lambda, en leur faisant croire qu'ils sont psychologiquement fragiles et qu'ils ont besoin que l'Etat veille sur leur équilibre psychique comme une bonne nounou. Les rôles sont renversés, la confusion des genres prospère. Ou ce député est cynique et se moque du monde ou il n'est pas à sa place.
Messieurs les élus, les enfantillages, ça suffit, nous ne sommes pas des bébés, nous n'avons pas besoin de votre pédagogie ni de votre prévenance étouffante et mal placée, nous avons besoin que vous gériez les vrais problèmes. Et vous avez des comptes à nous rendre, car vous êtes nos délégués.
Rédigé par : Lucile | 02 mars 2014 à 17:04
Peut-être même que ce député "humaniste" a prévu pour faciliter la mise en oeuvre de sa proposition et comme moyens d'accompagnement, la mise à disposition de paires de béquilles et de bouteilles d'oxygène dans la salle des pas perdus afin de soutenir sur le siège d'éventuels jurés défaillants qui manqueraient d'air avant de satisfaire aux obligations des délibérés en vase clos. Et dans le cas d'une souffrance insurmontable, pourquoi ne pas envisager non plus le versement de dommages et intérêts à titre du bouleversement des conditions de vie future.
Enfin, pour ceux qui pensent être par trop déstabilisés, il suffit d'aller voir son médecin généraliste et lui demander un certificat médical pour inaptitude à la mission et se faire porter pâle.
Rédigé par : Jabiru | 02 mars 2014 à 16:38
"Contenu privé.
Nous sommes désolés, nous ne pouvons afficher ce contenu, son auteur l'a rendu privé."
http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/14/mieux-les-victoires-musique-intime-conviction-cluedo-20-249919
Je me suis étonné ce vendredi, notre Hôte, que vous ne nous ayez pas éclairés sur l'histoire d'une série interactive proposée par Arte, interdite de diffusion par le coupable présenté s'il devait trop s'apparenter au cas jugé pour audience, voire pédagogie :
"INTIME CONVICTION"
Même "rue89" a supprimé de son site l'article introductif qui présentait l'interdiction de cette émission !
Comment penser, entre l'interdiction faite à toutes représentations pour conforter la part secrète autant que respectable de la décision judiciaire, et la tension "psychologique" indiquée depuis le même secret ?
Où va la précaution, et comment ?
Il semble que la bataille ne fasse que s'engager.
A priori, je penche plutôt suivant comme sont vos arguments, du côté d'une intime responsabilité allouée quoi qu'il advienne pour juger.
Toutefois, l'interdiction de l'émission ne me semble pas reléguer, par précaution peut-être, vers le détachement suffisant qui exonère des tensions psychologiques comme le document d'Arte aurait proposé.
Le mystère reste entier.
Rédigé par : zenblabla | 02 mars 2014 à 15:58
@Marc Ghinsberg
la démocratie n'est pas un régime réservé aux héros
La démocratie exige des hommes qu'ils soient vertueux, comme l'a dit un certain philosophe.
C'est probablement pour cela que la France actuelle n'est plus une démocratie, si elle l'a jamais été...
Rédigé par : Parigoth | 02 mars 2014 à 15:00
..."de répudiation insensible mais pourtant nette des exigences de liberté et de responsabilité"
Deviendriez-vous libéral ?
Cordialement.
Rédigé par : daniel sachet | 02 mars 2014 à 14:54
La cellule de soutien psychologique nous fait mourir avant l'heure. La cellule de soutien pour celui qui aura dû endurer une cellule de soutien psychologique, c'est pour quand ?
Ces « cellules de soutien psychologique » ne seraient que grotesques si le contexte dans lequel elles sont mises en place n'était pas le plus souvent tragique : attentats dans le RER, lycéens tués par un « camarade » (je vous en conjure, gardez-vous et dites à vos enfants de se garder des « camarades » !), etc.
Mais en fait, à la base, ces « cellules » qui interviennent trop tard et après coup sur un sinistre qui en d'autres temps ne se serait jamais produit (agressions violentes dans les écoles par exemple), ne correspondent-elles pas à un dérivatif anesthésiant visant à détourner la colère populaire des véritables responsables, en premier lieu l’État qui ne fait pas son travail de protection du droit constitutionnel de sûreté des « citoyens » (ou assimilés) et en second lieu les criminels eux-mêmes, souvent protégés de fait par le susdit État ?
A une autre époque, nos aïeux seraient sortis de chez eux avec des fourches là où nos enfants immatures organisent des « marches blanches » et lisent des « poèmes »...
N'est-ce point aussi cela, la décadence ?
Rédigé par : Parigoth | 02 mars 2014 à 14:53
Cela me rappelle l'anecdote d'un collègue dont l'avion entre Paris et Londres a eu un sérieux problème: le train d’atterrissage ne sortait pas.
L'avion est allé lâcher du carburant au-dessus de la mer et, après avoir tourné en rond un moment, s'est posé en catastrophe sur le flanc à Londres. L'avion a été bien esquinté, les gens un peu secoués, un début d'incendie s'est déclaré mais finalement rien de très grave.
Mon collègue devait aller faire amende honorable devant un client déjà très remonté. Il en était à deux heures de retard. Là, une cellule psychologique commence à ne pas lui lâcher les basques. Il dit qu'il est pressé, qu'il veut partir, mais les voilà qui insistent, expliquant que le traumatisme pourrait se révéler à froid.
Il leur a proposé comme une boutade d'attendre son retour de la réunion avec le client, parce que là il aurait réellement besoin d'un soutien psychologique.
Le lendemain il racontait ça aux collègues. Ça a fait rire tout le monde. Même si je décidai à ce moment-là de privilégier l'Eurostar...
À chaque fois que j'entends parler de cellule psychologique je repense à ce collègue, désolé par avance si j'ai déjà raconté l'anecdote ici-même.
Rédigé par : Alex paulista | 02 mars 2014 à 14:23
Monsieur Bilger, vous dites que les jurés n’ont pas besoin d’être dorlotés. Dont acte ! Cependant, une autre catégorie de Français nécessite un cocooning personnalisé. Il s’agit des maires, adjoints et autres députés européens du PS. La preuve, à chaque fois que j'achète ma baguette devant la permanence de ce parti, je ne vois que banquets arrosés et autres libations propres à noyer le chagrin inéluctable... Poussé par un sentiment altruiste, j’ai détourné une chanson à boire, afin qu’ils en fassent leur profit.
http://www.youtube.com/watch?v=aLUKfU2AOBY
Gaudeamus igitur,
Divites dum su-u-mus (bis)
Post gallicam juventutem,
Helveticam senectutem,
Fiscalis paradi-i-sus ! (bis)
Ubi sunt, qui ante nos,
In Solferino fuere (bis).
Transeas ad Carltonum,
Transeas ad Laurentum,
Hos si vis vide-e-re (bis).
Mandatum breve est,
Brevi finietur (bis).
Venit lex velociter,
Rapit nos dura carcer,
Nemini-i parceretur, (bis)
Vivat secretarius,
Vivant depu-u-tati ! (bis)
Vivat baro quilibet,
Vivat Sego quaelibet,
Semper sint in fio-o-re,
Semper sint in fio-o-re !
Vivant omnes virgines,
Graciles, formosae (bis),
Vivant et mulieres,
Per DSK dociles,
Vivat et res publica,
Quae Pluti est amica.
Vivat nostrum imperium
Socialistum negotium
Quod nos hic protegunt !(bis).
Rédigé par : Boris | 02 mars 2014 à 13:22
Mon maître en droit, Georges Vedel, disait la démocratie n'est pas un régime réservé aux héros ! Et si on demandait simplement à ceux qui ont l'expérience d'avoir été juré ce qu'ils en pensent ?
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 02 mars 2014 à 12:20