Alain Finkielkraut est à l'Académie française et il a été élu au premier tour.
La bêtise n'étant pas son fort, il a triomphé d'elle.
Personnalité exceptionnelle et heureusement discutée, sa victoire a réjoui bien au-delà de ses amis et alliés habituels.
Il est unique et nécessaire.
Parce qu'on peut être en désaccord avec lui, comme je l'ai été sur les affaires Fofana et El Shennawy et au sujet de Dieudonné, sans cesser de l'estimer, de l'admirer.
Parce que sa surabondance médiatique ne nous gêne pas puisqu'elle ne sera jamais vide de sens.
Parce qu'il a su être courageux intellectuellement en défendant Renaud Camus contre tous les médiocres et procureurs expéditifs.
Parce qu'il parle magnifiquement la langue française, retient avec passion et intelligence, contre le cours mécanique du temps, tout ce qui structure, unit, rassemble, élève, irrigue et enseigne. Tout ce qui nous a constitués d'âge en âge, avec la mémoire, l'Histoire, la culture et l'éthique exigeante d'un Péguy ou d'un Camus.
Parce qu'il n'a pas peur de dénoncer ce qui risque de mortellement nous atteindre, parce qu'il se bat pour qu'on ne laisse pas aller à vau-l'eau une société, une civilisation dignes d'un plus beau sort, d'un destin plus éclatant. Parce qu'elles sont des chefs-d'oeuvre en péril et que ce n'est pas être décliniste que d'être lucide et, aussi, vaillant sur ce front.
Parce qu'il énonce des évidences comme, parfois, Français de souche.
Parce que là où il passe, où il parle, une certaine qualité, une profondeur, une grâce, une conviction douloureuse et fière se manifestent et qu'on est heureux de faire partie de son monde.
Parce que je l'ai questionné durant quarante minutes et que j'en garde un souvenir étincelant, ébloui.
Parce qu'en faisant son éloge, on sait qu'on aura à ses basques une bande de ricaneurs et d'aigres personnages qui ne lui arrivent pas à l'esprit.
Parce que, comme l'a très bien dit Ivan Rioufol, il est "un Alceste qui aime être aimé" et qu'en chacun de nous sans doute, il y a un peu d'Alceste, et, dans chacune de nos sensibilités, une envie folle, aussi, d'être aimé (Figaro Magazine, Valeurs actuelles).
Parce que, dans la cabale qui prétendait lui faire barrage, il y avait Danièle Sallenave, que je n'imaginais pas dans ce triste rôle, et Michel Serres, que j'imaginais bien dans cette perfidie, tant les penseurs courtisés, doucereux et médiatiques sont capables du pire.
Parce que, parmi ses soutiens, il y avait Jean d'Ormesson que j'ai apprécié absolument pour une fois et ce miracle de la classe et de la finesse françaises qu'est Michel Déon.
Parce qu'il a réveillé une institution qui a accueilli un Dabadie et prétendait refuser un Finkielkraut.
Parce qu'il va continuer à pourfendre le vulgaire et la dérision et qu'il portera haut l'honneur d'être homme, français, de droite ou de gauche je ne sais, mais obsédé par la vérité et hostile aux dérives subtiles ou ostensibles présentées comme des progrès.
Parce qu'il n'y a pas tant de personnalités, dans notre France déchirée, qui méritent le respect et suscitent une adhésion à proportion même de leur force de caractère et de leur vigueur intellectuelle et morale.
Parce qu'il peut être agaçant et que c'est bien.
Parce que l'Académie ne le tuera pas mais qu'il la fera renaître, la belle endormie quiète.
Parce que tout simplement sa gloire est un peu la nôtre et qu'on ne m'arrachera pas de l'idée que ses idées, ses sentiments, ses détestations, ses nostalgies et ses espoirs représentent une sorte de fonds commun à beaucoup de citoyens.
Parce qu'il est Alain Finkielkraut et qu'il a cette modestie orgueilleuse des timides et des remarquables.
Parce que l'Académie française ne m'a pas démenti.
Puisqu'il y a longtemps qu'il se trouve au premier rang dans mon Académie.
Oh !
Et puis non, non !
Je vous relis notre hôte.
Le talent avec la langue française, alors oui, oui !
Ce qu'A.F. raconte, non, non !
A.F., il exagère, il prolonge si loin la faconde de la subversion, il tente tellement autant que la subversion alimente l'auto-séduction tandis qu'il n'est pas un nain en subversion, qu'il professe en un domaine bien trop réservé, un domaine comme serait celui d'un collectionneur, tandis qu'il déclame en média et que la considération de la collection en média n'engage que les potentiels collectionneurs et pour autant dégage tout les autres.
C'est pénible comme avec lui l'idée que la valeur n'irait qu'entre collectionneurs qui prouveraient par leur collection, tandis que la plupart ne savent même pas l'idée de collection, et tandis que cela entraînant l'idée de l'élimination, pour autant cela déplace de la littérature depuis l'Académie des motifs par avance insanes puisqu'ils seraient politiques.
L'idée des éliminations est sûrement très juste en Académie, mais elle est sûrement très bancale en dehors de ses chaises !
A.F. professe minutieusement et suivant ses convictions le motif des éliminations...
Puisse cela demeurer en l'instance académique, et le combler.
C'est vraiment là une place pour lui...
Rédigé par : zenblabla | 07 mai 2014 à 02:47
Bouh !
A.F., c'est quand même deux subjectivités qui s'affrontent dans l'objectivité qu'A.F. présente...
Ainsi, si l'admiration va par moi, je me le rappelle, à moins que je ne m'en souvienne, une fois il a parlé de son fils, un peu à côté "d'au sujet" des fils.
Il m'est apparu alors meilleur qu'un endossant du costume...
Notre hôte, vous n'avez pas obtenu lors de votre rencontre en média avec lui autant de vérités qu'en intime confession par lui délivrée en média qui évoquait son fils.
Entre-temps, il a revêtu le costume, et tellement cela lui pouvait être seyant, je me suis dit, à l'avance, sachant qu'un fauteuil étant libre, A.F. étant tellement désirant en subconscient, alors A.F. allait occuper la place autant que mon intuition pouvait raconter.
Et c'est en vérité une place parfaite !
Nous avons perdu en représentation d'objectivité parmi deux subjectivités, au moins une subjectivité pleine et entière !
L'honorable subjectivité suffit en Académie, et c'est heureux.
Cela fait des années et des années qu'A.F. m'ennuie mais démontre comment subjuguer en proposant à tous propos, munis de ses notes toujours obscures, de nous déplacer avec des problèmes qu'il s'esquinte à déplacer chez moi qui ne le connais même pas, comme si les problèmes qu'il évoque pouvait déplacer en réalités des nostalgies qui ne me regardent pas plus que par parties.
Comme si les parties suffisaient à démontrer un tout suffisant mais pratiquement absent, comme si par séduction un tout était présent.
A.F., c'est l'apologie de l'exclusion ni faite ni à faire (comme disait mon grand-père) entre des touts mais des parties qui ne peuvent pas se déclarer autant que cela est souhaité, alors ce n'est même pas de la littérature, c'est l'art de l'intention mise en littérature alors c'est tant mieux ainsi, même si en littérature ne sont qu’aiguës descriptions, attachantes d'abord, détachantes ensuite.
Toutefois, si l'art de déplacer des nostalgies n'est sûrement pas l'art d'un artiste mineur, je goûte l'art d'A.F.
Que cet art ne soit pas à l'échelle et ne suive pas l'ampleur des transformations manifestement contemporaines que nous vivons, c'est pourquoi il tente de démêler le mot "réactionnaire", prenant renfort avec la "mé-contemporanéité".
Ainsi, mais c'est très personnel, A.F., hélas, ne me détache de rien tandis que le détachement inspire son œuvre.
Curieusement, il devient pour moi attachant, alors peut-être avec moi.
A.F. est parfaitement à l'échelle de la Comédie-Française en média, et de l'Académie pour le meilleur.
Son histoire n'est sûrement pas la mienne, et autant puisse-t-il magnifier son histoire à travers ses notes et tout ce qui le subjugue, pour autant doit-il ne pas oublier l'histoire des autres.
Avec lui, l'idéalité de balayer, comme doivent tous et chacun le faire devant leur porte, c'est un art du balai quand même lourdement navrant, car il n'est pas léger.
On balaye devant l'école, devant la banlieue, devant l’État d'Israël, devant les médias, devant l'ignorance de quelques textes... devant des guerres ethniques par un bord... alors on fait du curling en terres sablonneuses autant que chaleureuses, mais on n'est jamais en terres glaciales où le krill se réalise.
C'est bisounours mais pas blanc !
J'aimerais, étant plaisant tout ce qui est navrant, comme cela s'opère lorsque se subjugue la culpabilité culturellement par l'Histoire ainsi qu'en France, comme cela est convoquée toujours par A.F.... oui, oui !... j'aimerais qu'avec lui cela marche pour moi !
C'est avec lui comme un enchantement, mais réservé...
Jamais avec lui un mot sur les puissances en œuvre, l'argent, la science et l'expertise pour la dénonciation de ratages inévitables... alors la nostalgie à quelques comptes en odeurs de subjectivités qui comptent, mais l'entretien de leurs connaissances réservées, et la triste Académie qui pointe avec l'art du lavis !
"On" attend le coming out !
Désormais, il doit penser à une Académie qui ne fasse pas oubliettes.
Il en a sans doute le talent.
Avec lui sûrement, au moins pour moi, l'idée de l'importance des "attachements", un mot qu'il emploie par tiers, comme souvent il emploie par tiers...
Cela doit être cela la modernité avec lui, la différenciation des tiers nécessaires comme s'ils pouvaient ne pas s'évanouir !!
Mais cela fait quand même des années et des années qu'une manière à la A.F. me navre, englobant d'une main et éjectant de l'autre, tellement l'indignité du préjugé peut séduire mais ne pas délivrer s'il existait une culpabilité préalable.
Je peux "encenser" si c'est odeur d'Académie, mais j'espère encore ne pas avoir devoir de participer et pas plus d'assister à la messe.
Pourtant, je ne vois pas d'inconvénient à cette nomination... c'est dire !
Rédigé par : zenblabla | 07 mai 2014 à 02:03
Cher Philippe,
Michel Serres me semble bien moins courtisé que M. Finkielkraut, alors que bien plus intéressant à mon sens.
Vous ne m'avez pas non plus habitué à disqualifier par avance ceux qui ne partagent pas vos vues sur cet autoproclamé philosophe.
C'est un tacle dont je ne peux m'empêcher, pour utiliser la métaphore footballistique ; à chaque fois que vous "thuriférez" le Guy des Cars de la philosophie, me vient l'envie de rappeler la commune médiocrité de ses analyses, masquée par une culture certaine.
Rédigé par : Jérôme | 24 avril 2014 à 08:23
Excellent billet si on aime A.F. que j'aime aussi mais pas aveuglément. Certes, A.F. est de ces intellectuels dont la pensée enrichit très souvent notre société. Respect !
Au-delà, comme nombre d’intellectuels, il en est de ses positions plus politiques qui mériteraient d’être débattues avec des contradicteurs avertis, capables d'éclairer des positionnements demeurant (peut-être) discutables, si ce n'est critiquables.
Rédigé par : fugace | 23 avril 2014 à 12:16
J’avais découvert Finkielkraut seulement en l’an 2000, en lisant l'un de ses écrits ; pas le plus connu d’ailleurs. Il m’avait tant subjuguée que j’en avais commandé une cinquantaine à ma libraire, que j'avais envoyé à mes amis et connaissances en leur demandant de suivre mon exemple et de diffuser ses écrits.
Alors je suis comblée.
On dit qu’il n’y a pas de pensée sans langage, Finkielkraut nous démontre le contraire, puisqu’en le lisant nous lisons en nous, qu’il met justement des mots à notre pensée là où nous ne pouvions pas le faire.
J’ai suivi ses émissions sur France Culture mais aussi celle qu’il faisait sur RCJ qui s’intitulait « Qui vive » : « Alain Finkielkraut livre son regard sur l’actualité. »
C’était une émission extraordinaire. A cause de cela il avait été taxé de communautarisme.
Comme si nous ne faisions pas tous partie d’une communauté, d'un groupe quelque part.
Le sujets qu’il abordait dans cette émission étaient très divers et n’avaient rien de communautaristes si ce n’est que c’était une radio juive qui avait découvert son don et lui avait donné la parole. Je l'en remercie.
Quand j’ai découvert le blog de Monsieur Philippe Bilger je m’étais dit c’était du Finkielkraut par écrit. Je le pense toujours.
Qu’ils vivent donc et continuent à faire vivre notre pensée.
Rédigé par : Duval Uzan | 21 avril 2014 à 00:15
L'Académie française est par nature ringarde et « vieux-con » (je pense que « vieux-con » employé comme adjectif est invariable).
Son existence même est un bras d'honneur à tous les progressistes, à tous les néolâtres et à tous les festivistes (comme l'illustrent bien certains commentaires vengeurs). Quand on voit la rage de qui elle excite, on se dit qu'elle ne peut être entièrement mauvaise.
Mon respect et mon affection lui sont donc acquis.
Rédigé par : Franck Boizard | 20 avril 2014 à 21:58
J’adhère en tous points à cet éloge.
A. Finkielkraut avoue glisser des lumières au romantisme.
Il met beaucoup de temps à comprendre, mais dans cette voie, son honnêteté intellectuelle devrait le conduire au scandale de ne pas se trouver si mal dans le fauteuil de son prédécesseur. Il pourrait finir conspué et exclu de l'Académie pour sa plus grande gloire.
Longue vie à cet immortel !
Et puis, vous ne devriez pas tarder à le rejoindre, n'est-ce pas, M. Bilger ?
Je vous verrais bien dans le fauteuil du Maréchal...
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Pâques est la plus grande fête chrétienne, mais ici, elle n’existe pas.
Parce qu’elle demande un effort intellectuel inavouable par la raison pour y adhérer, elle est délaissée au profit de Noël, la fête des enfants.
Les chrétiens hésitent entre la réalité et la symbolique pour ne pas croire parce qu’ils se trompent sur le sens du mot réalité et méconnaissent l’essence du symbole.
Un homme serait mort crucifié, qu’en a-t-on à faire ? C’est déjà assez pesant que nos parents y aient vu là un mystère sujet de contemplation, n’est-ce pas ?
Au carbone 14, le linceul de Turin daterait du Moyen Age, mais on ne s’explique pas la formation de l’image. Par contre si on le neutronise, il date de la mort du Christ, et si son corps s’était transformé en neutrons avant de le traverser, alors, tout s’explique.
Or, que reste-t-il d’un atome si on accélère la rotation de ses particules de telle manière que leurs moments d’apparition dans le temps tendent à zéro ?
Les croyants disent que cela pourrait provoquer une transfiguration. Mais croire n’est pas savoir.
Si un jour, Alain Finkielkraut découvre que le christianisme lui a été caché sous des balivernes, il piquera une belle colère.
Le retour du christianisme pourrait dépendre de quelques hommes de sa trempe.
Je vais rejoindre mes petites-filles en train de trouver des oeufs, symbole de la naissance de la vie.
Bonne fête à tous, même si c'est seulement en votre for intérieur.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 20 avril 2014 à 11:30
Je partage presque totalement votre éloge : le "presque" concerne Jean-Loup Dabadie. En effet, ce dernier a toute sa place à l'Académie, car orfèvre ès dialogues ("Un éléphant...), comme aurait pu le prétendre aussi Michel Audiard, remarquable en tant que parolier (Julien Clerc, Reggiani...), et enfin et surtout humaniste dans ce monde de brutes ! Continuez, M. Bilger, dans vos propos iconoclastes et anti-conformistes, qui nous font un bien fou !
Rédigé par : GABUZO | 20 avril 2014 à 09:29
Alain Finkielkraut est dans votre Académie, M. Bilger.
C'est bien. Mais il y a mieux. Pour moi, l'auteur de "La défaite de la pensée" est dans le meilleur de la France (pas dans ma France, car je la prends toute entière - parler de "ma France à moi" comme les "solfériroses" est une absurdité d'orgueil).
Il est dans le meilleur de l'esprit français.
Et loin devant le philosophe raspoutinien de Saint-Germain-des-Prés allumé aux droits de l'homme à coups de bombes.
Je le prends aussi dans la France, que j'aime pour ce qu'elle est, et par ce qu'elle est (Histoire, langue, génie propre).
Et pour me consoler je relis "La défaite de la pensée".
Rédigé par : Arobase du Ban | 19 avril 2014 à 23:13
@Savonarole
Imaginez qu'en voyage vous découvriez que le lit dans lequel vous vous apprêtez à coucher a été occupé par DSK. Vous demandez à changer de chambre, d’hôtel ? Beuuurrk
Rédigé par : adamastor | 19 avril 2014 à 20:13
Naguère il y avait polémique lorsqu'un candidat à l'Académie sortait trop des sentiers battus. Aujourd'hui c'est l'inverse, il y a polémique parce que Finkielkraut est trop conservateur.
Ce combat à front renversé est une bonne illustration des errements de la pensée contemporaine. Le conformisme est désormais dans l'anticonformisme, autrement dit les mots n'ont plus de sens et il devient donc difficile de penser.
Cogito ergo sum : que reste-t-il de nous si nous ne savons plus penser ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 19 avril 2014 à 17:05
Aymeric Caron est probablement furieux. On ne lui a pas demandé son avis !
Une chose est sûre : Aymeric Caron n'entrera jamais à l'Académie. Il peut rester chez Ruquier à jouer les vierges effarouchées, intolérantes et incultes.
Rédigé par : jack | 19 avril 2014 à 16:36
Comme toujours M. Bilger vous savez faire la part des choses. Votre hommage parfait décrit la complexe nature de cet esprit brillant quoique torturé. Alain Finkielkraut est le seul à porter la notion d'identité nationale à un niveau de réflexion qui survole la bassesse des réflexes sectaires de la bien-pensance. Il a la classe des grands auteurs de la tradition française et qu'il fasse partie de l'Académie française était une nécessité.
Rédigé par : Pierre-Alain Touge | 19 avril 2014 à 15:47
Poser ses fesses sur le fauteuil de Félicien Marceau condamné en 1946 à quinze ans de taule pour collaboration et antisémitisme, voilà qui ne manque pas de sel dans l'élection de Finkie.
Ce détail marque bien les limites de ce que l'on peut attendre de cette vénérable institution : on se fiche de leurs opinions, ils nous barbent et dès que je vois un brassard "de l'Académie française" sur la couverture d'un livre je sors mon revolver. Il vous a épaté d'Ormesson ? Ses fulgurances chez Drucker vous ont ébahi ? Mis à part Marc Fumaroli on se pince pour en citer plus de dix... C'est comme le Panthéon, on en connaît trois ou quatre, pour le reste des catafalques faut sortir un Larousse de poche.
Le problème de cette élection c'est qu'il est déjà naphtalinisé, embaumé vivant, dès qu'il va l'ouvrir et qu'on le présentera "de l'Académie française", les gens zapperont.
Par pitié, pensez à vos enfants, cessez donc de nous bassiner avec ces septuagénaires enturbanés de lauriers, on en crève, nos enfants en crèvent. Place ! Place !
Rédigé par : Savonarole | 19 avril 2014 à 15:47
Je dois avouer que je ne connais guère Alain Finkielkraut que par le bon sens et le courage de certaines de ses interventions, et au vu de son parcours il me donne l'impression de ressembler à ces grands vins qui ne font que se bonifier en vieillissant.
Et puis, pour une fois, comment ne pas enfin être enchanté de voir qu'un homme d'ascendance étrangère considère la France non pas uniquement comme un distributeur automatique de droits mais aussi et surtout comme un pays exigeant - du moins normalement - en matière de devoirs, sans lesquels les droits réels ou fantasmés ne pèsent rien.
Effectivement, Alain Finkielkraut est devenu, en défendant la culture et la civilisation françaises, plus français que certains aborigènes de souche, il a montré qu'il n'aimait pas la France comme les rats aiment le fromage mais qu'il l'aimait avec son cœur.
L'Académie a fait le bon choix.
Rédigé par : Parigoth | 19 avril 2014 à 15:13
"Finkielkraut est le digne porte-parole du livre de Tillinac".
Rédigé par : Breizmabro | 19 avril 2014 à 11:12
S'il pouvait en être le porte-plume le livre n'en serait que meilleur...
J'aime bien Finkie et suis content pour lui. Si ça peut le sortir un peu de sa contraction communautaire c'est positif. C'est quoi la référence à Français de souche ? Le site ?
Qu'est-ce qu'ils ont sorti comme scoop ? Je n'étais pas au courant de ce nouveau Mediapart... Faut dire que rien que le titre est bidon.
Rédigé par : Alex paulista | 19 avril 2014 à 14:50
Qui vient de passer quelques quarts d'heure à écouter les commentaires de la libération des journalistes otages en Syrie ne peut qu'être frappé par des silences qu'Alain Finkielkraut n'approuverait probablement pas.
Les otages ont donc été "capturés en Syrie", mais par qui ?
Par ce tyran d'Assad ou par de valeureuses forces d'opposition ? islamistes peut-être ?
Rédigé par : Yves | 19 avril 2014 à 13:27
Parce qu'il a inspiré Anders Breivik.
Rédigé par : Nordine | 19 avril 2014 à 12:58
Finkielkraut est le digne porte-parole du livre de Tillinac.
Rédigé par : Breizmabro | 19 avril 2014 à 11:12
Quelles que soient les réserves que l'on puisse faire sur telle ou telle de ses analyses, le talent et la culture de Finkielkraut sont sans commune mesure avec les nullités inconnues que l'Académie a accueillies au cours des dernières années, d'où d'ailleurs la cabale interne qui a été montée contre lui pour éviter les comparaisons. Ce n'est pas l'Académie qui rehausse le prestige de Finkielkraut en l'accueillant mais c'est la candidature de Finkielkraut qui redonne un peu de prestige à une institution déclinante dont beaucoup de membres sont d'illustres inconnus...
Rédigé par : Guzet | 19 avril 2014 à 09:25
« Parce qu'il énonce des évidences comme, parfois, Français de souche »
Et avec un nom pareil, il a du mérite !
Alain Finkielkraut le bel exemple d’oxymore politique.
Immigré de seconde génération (à la troisième on ne devrait plus l’être), fils d’un juif polonais et défendant la Tradition dans ce qu’elle a de meilleur et dans tout ce qui a fait la France.
Il pourrait être le penseur d’un conservatisme à la française comme il y a un conservatisme à l’anglaise, s’il y avait à droite le minimum d’intelligence et de courage pour s’affirmer conservateur.
Conservateur au sens noble c’est-à-dire propagateur de ce qui a le mérite d’être conservé, sans être congelé.
Il n’est pas le seul dans ce cas, on peut citer également Max Gallo, lui aussi immigré de seconde génération qui après s’être fourvoyé à gauche et avoir erré dans les couloirs de l’Élysée, découvrant la réalité d’un pouvoir de gauche, est revenu « plein d’usage et raison » à droite, méritant lui aussi le noble titre de conservateur et de propagandiste de ce que fut la grandeur de la France.
Alors ne désespérons pas, Manolito au regard noir, lui aussi immigré de seconde génération, rencontrera peut-être la vérité de la France éternelle sur son chemin de Damas, celui que Hollande va lui faire parcourir.
Il s’en approche, mais il n’y est pas encore, pas du tout même.
« Patience, patience dans l’azur » comme disait l’Autre (*) , que je paraphraserai en patience dans le bleu marine pour exciter les sots.
Un jour peut-être la Tradition aura droit de cité sous le regard bienveillant d’un juif polonais, d’un Italien et la protection d’un Espagnol.
Après tout Mazarin était italien, mais il est vrai qu’il n’a jamais chanté l’Internationale dans un congrès PS.
(*) l’« Autre » : c’est Paul Valéry qui a écrit ces vers admirables :
Patience, patience,
Patience dans l'azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr !
« Patience dans l’azur » dont Hubert Reeves a fait le titre d’un remarquable petit livre de vulgarisation, que je recommande à tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’être ou mieux de naître scientifique.
Il essaie de répondre au comment et au pourquoi de l’Univers.
Pour le comment il y répond en scientifique chevronné.
Pour le pourquoi, ses remarques sur ce que dit objectivement la science sont déjà des tentatives de réponses partielles sur le sens de l’Univers.
Ce n’est pas le sujet, me direz-vous !
Si, quand même un peu, la révélation pascale est une forme de réponse à la question du sens de la Vie et de l’Univers.
PS : Excellent billet que vous nous avez offert Monsieur Bilger.
Je suis suffisamment sévère parfois pour pouvoir complimenter.
Sans la liberté de blâmer… etc.
Rédigé par : Tipaza | 19 avril 2014 à 09:07
Suite à la lecture du commentaire d'Achille et après visionnage du dernier "soumis à la question", quelques réflexions rapides.
O. Besancenot a grand besoin de A. Finkielkrault pour refaire la santé de vocables comme prolétariat ou partage des richesses.
La vieille scie de W. Buffet qui aurait gagné la lutte des classes ne tient pas.
Je maintiens, comme pour les villes-cimetière, les partis ou mouvements PFG (pompes funèbres générales) qui s'estiment propriétaires de meubles cirés, re-cirés et/
ou reloukés (du nouveau français relou : louche) auxquels on attribue une fonction précise en les ouvrant rituellement, l'erreur consistant à toujours ratiociner !
Que voulait le prolétariat du XIXe ? Celui du XXe ? Vivre décemment, accéder aux facilités des davantage munis ? encore qu'à ces époques de l'Histoire existaient les patrons cad les initiatives à héritage familial qui localement amélioraient (pour certains) le journalier de leurs co-actionnaires (leurs employés participant conjointement à la marche de l'entreprise familiale). C'est fait. La laïque avec somme d'autres découvertes ont permis l'amélioration des conditions de vie pour nombre de personnes. Jusques au moment précis où, pris de panique, les fonctionnaires de la politique et autres branleurs de piécettes sonnantes et trébuchantes estimèrent que cela ne ressemblait pas à ce qu'ils imaginaient comme pouvoir de classe (Voir en
Buffet) et inventent la compassion-émotionnelle-sociétale venant gruger les droits élémentaires de tout être humain.
A. Finkielkraut peut s'oublier pour plancher sur ces nécessités de santé des vocables.
Pour O. Besancenot qui n'a pas encore terminé sa démarche intérieure de découverte de la complexité du monde, accepter d'aérer le meuble va lui être nécessaire.
Rédigé par : calamity jane | 19 avril 2014 à 08:57
Que l’Académie française ait élu Finkielkraut, ma foi, grand bien lui fasse.
Que Philippe Bilger ait trouvé en Finkie son Dieu vivant, ma foi, peu me chaut.
Un semblant de lucidité et de mesure serait quand même bienvenu :
« Parce qu'il énonce des évidences comme, parfois, Français de souche. » Kesako ?
« Parce que, comme l'a très bien dit Ivan Rioufol, il est "un Alceste qui aime être aimé" ». Références, références...
« …et Michel Serres, que j'imaginais bien dans cette perfidie, tant les penseurs courtisés, doucereux et médiatiques sont capables du pire. » Vous avez oublié dans votre description toute en nuances la bien-pensance, la pensée unique, et la suite.
« Parce que tout simplement sa gloire est un peu la nôtre et qu'on ne m'arrachera pas de l'idée que ses idées, ses sentiments, ses détestations, ses nostalgies et ses espoirs représentent une sorte de fonds commun à beaucoup de citoyens. »
Probablement avez-vous raison sur ce seul point, et c’est bien ce qui me désespère.
Rédigé par : Christian C | 19 avril 2014 à 08:28
"Parce que là où il passe, où il parle, une certaine qualité, une profondeur, une grâce, une conviction douloureuse et fière se manifestent et qu'on est heureux de faire partie de son monde."
Oui, c'est exactement cela.
Comme j'ai aimé le bonheur et la fierté au bord des larmes d'A. Finkielkraut élu à l'Académie française !
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 19 avril 2014 à 06:46
Qu'est-ce qu'il m'agace, mais qu'est-ce qu'il m'agace ! Et qu'est-ce que j'aime le lire et l'entendre ! Son dernier bouquin est truffé d'erreurs de jugement mais qu'elles sont intelligentes ses erreurs ! Et j'aime sa gueule aussi, ce visage capable de rire en ayant l'air de pleurer. Il me plaît au plus haut point et m'énerve tout autant.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 19 avril 2014 à 01:05
Cher monsieur Bilger,
J'aimerais bien lire votre analyse après la réélection du Président Bouteflika.
Je suis certain que votre lecture de la politique internationale est très intéressante. Personnellement je pense que c'est un pacificateur qui a remis sur pied l'Algérie et j'estime que ceux qui invoquent le déficit "démocratique" veulent mettre en place un projet de déstabilisation de l'Algérie via les services secrets et leurs ONG de façade pour que l'Algérie devienne une marionnette entre les mains du camp atlantiste comme ce fut le cas dans d'autres pays arabes. Le projet du grand Moyen-Orient cher aux néo-conservateurs américains.
Certains veulent faire de l'Algérie une Libye bis et ça sera un Maghreb plongé dans le terrorisme. Donc je crois que seuls Bouteflika et l'appareil d'Etat algérien peuvent garantir la stabilité dans cette région si stratégique.
Rédigé par : Chedly | 19 avril 2014 à 00:26
Bonjour Philippe Bilger,
« Alain Finkielkraut dans mon Académie »
Faire un billet élogieux sur Alain Finkielkraut et le même jour un entretien avec Olivier Besancenot, il n’y a guère que vous Philippe Bilger qui pouviez le faire.
Deux hommes que tout sépare idéologiquement. Qui a raison qui a tort ? peu importe. Peut-être même ont-ils tort tous les deux. Mais ils ont le mérite de nous présenter une vision de la société différente de la doxa que nous servent les médias "officiels" et qui est passablement ennuyeuse.
Notre cerveau aussi a besoin d'un peu d'air frais de temps en temps.
Rédigé par : Achille | 18 avril 2014 à 23:37
Ribus a déjà écrit ce que je voulais exprimer. Son idée d'entrer en résistance m'a rappelé un remarquable entretien d'Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde diplomatique. Je ne résiste pas à l'idée de mettre en ligne le lien :
http://www.polemixetlavoixoff.com/comment-sortir-du-putsch-europeen/
Certes, on pourra estimer que la relation avec l'évocation d'Alain Finkielkraut peut être ténue ; mais en fait la liaison se fait naturellement avec ce passage de votre billet :
"Parce qu'il n'a pas peur de dénoncer ce qui risque de mortellement nous atteindre, parce qu'il se bat pour qu'on ne laisse pas aller à vau-l'eau une société, une civilisation dignes d'un plus beau sort, d'un destin plus éclatant. Parce qu'elles sont des chefs-d'oeuvre en péril et que ce n'est pas être décliniste que d'être lucide et, aussi, vaillant sur ce front.
Parce qu'il énonce des évidences comme, parfois, Français de souche".
On ne peut que vous souhaiter, à l'instar de virgile, que vous y accédiez un jour. Pourquoi pas ?
Rédigé par : Robert | 18 avril 2014 à 22:38
Comme je vous suis dans votre hommage à Alain Finkielkraut !
Personnage brillant, touchant et tellement nécessaire à notre temps.
Si fragile et pourtant si puissant.
L'écouter, c'est déguster une pâtisserie rare, boire un vin précieux.
Nous ne pouvons que le remercier d'exister.
Rédigé par : Lana | 18 avril 2014 à 22:25
Ne nous expliquiez-vous pas il y a peu qu'il avait mieux à faire ?
AO
Rédigé par : oursivi | 18 avril 2014 à 22:10
J'ai l'impression que Philippe Bilger commence sa campagne académique.
Rédigé par : Merville | 18 avril 2014 à 21:54
Vous maintenez ce que vous avez écrit il y a quelques semaines ?
https://twitter.com/bilgerphilippe/status/444405719983751168
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 18 avril 2014 à 21:43
Ce que vous avez écrit, Philippe, n'est pas de la prose mais de la poésie.
Vous m'avez étonné car il y a un souffle lyrique et épique dans votre texte ; pour tout dire, je trouve votre hommage à Finkielkraut grandiose.
Dans les temps troublés où nous vivons, il me semble que vous avez choisi de rentrer en résistance avec tous ceux que vous citez.
La puissance de votre verbe sera fort utile.
Merci à vous
Rédigé par : Ribus | 18 avril 2014 à 21:19
Parce que si "il est un Alceste qui aime être aimé", il s'aime moins que la vérité, et ça n'est pas commun.
Rédigé par : MS | 18 avril 2014 à 21:10
Très bel hommage, magnifique même. J'y adhère.
Vous-même n’y démériteriez pas. Vous maniez la langue comme personne. Qui sait !
Encore un livre ou deux et alors pourquoi pas !
Rédigé par : virgile | 18 avril 2014 à 20:56