La rue montre les limites de la politique.
Après la déroute des élections municipales pour la gauche, pendant les tractations et calculs liés à la composition du nouveau gouvernement - il vient d'être annoncé -, une fois passée la victoire d'Anne Hidalgo contre celle que j'appelais de mes voeux, flamboyante mais pas assez prosaïque, on en revient à une quotidienneté de plus en plus présente, à la fois terrifiante et parfois ridicule.
Les scènes de la pauvreté parisienne.
Elle augmente, elle déborde de partout, elle est installée dans les couloirs des immeubles, à l'entrée des parkings, sur les trottoirs, devant les commerces, près des distributeurs automatiques, elle circule et s'exprime dans le métro, elle apparaît dans notre paysage comme une familiarité devant laquelle on passe, en tout cas moi, parce qu'on n'y peut rien, parce que la ville de Paris, parce que les services sociaux, parce que la solidarité, parce que l'Etat...
Dans le métro, il n'est quasiment plus une rame où un clochard, un sans domicile fixe, un misérable au sens hugolien ne vienne pas proférer les mêmes propos réclamant "une petite pièce ou un ticket restaurant" avec des tremblements ou de l'énergie dans la voix rendue souvent inaudible par le bruit et les soubresauts du déplacement, ce qui crée un climat surréaliste : la pauvreté parlant dans le vide et doublement victime parce qu'on ne lui donne rien et qu'on ne l'entend pas.
Sur un boulevard, un homme âgé assis, qu'il fasse beau, qu'il vente ou pleuve, aimable, saluant les passants d'un bonjour, toujours fidèle à son emplacement. Un jour, on s'arrête et on lui fait don d'une pièce et le reste du temps, on marche, on progresse, sans le regarder souvent, à cause d'un mélange de mauvaise conscience et du sentiment que pourtant on n'a rien à se reprocher. Cette étrange impression que cette personne, dans le dénuement de tout, nous perturbe plus dans les tréfonds que notre apparence insérée ne suscite son envie.
Dans une station de métro, toujours la même, toujours à la même place, un jour sur deux, un homme observe les voyageurs descendant de la rame et tente d'interpeller l'un ou l'autre avec une douceur et une politesse déchirantes mais à la longue répétitives et, pour notre plus grande honte, lassantes. Il est là, il est pauvre, on n'y peut rien !
Ces opportunistes sans le sou installés près de vous quand vous retirez des billets et qui espèrent ainsi que la vision de leur solitude privée de l'essentiel, à côté de votre aisance conjoncturelle, vous troublera et vous conduira à la générosité.
Ces pauvres hères devant lesquels on cache ce qu'on vient d'acheter ici ou là en s'abstenant de manger parce qu'on juge que ce serait de la provocation.
Cette masse, parfois, de clochards couchés sur un trottoir pour profiter de la chaleur d'un soupirail, de la fraternité d'un groupe buvant et criant ensemble. Qu'on est contraint d'enjamber parce qu'elle bouche la circulation comme un objet qui incommode.
Les réactions qu'on éprouve, tantôt de silencieuse exaspération - ils ne pourraient pas aller ailleurs, tenter de vivre plus dignement, chercher un petit boulot ! -, tantôt de vraie et inutile commisération.
Le déplorable constat qu'on devient de plus en plus sec face à cette pauvreté qui se montre, ostensiblement nous parle à sa manière mais n'est pas loin, à force, de se dégrader en invisibilité tant notre environnement en est pétri.
Ces dignités qui pourraient faire pleurer tant le bord des larmes est proche face à des apparences à peine sorties de la vraie vie, encore emplies du bonheur et de la normalité d'hier, à l'évidence offensées par un coup du sort, un destin malencontreux, et qui mettent un remords infini en nous parce qu'on les néglige, on les fuit : elles étaient comme nous peut-être, auparavant !
Ces scènes de la pauvreté parisienne, dans la chaleur ou le froid, dans l'alcool, la violence ou le harcèlement, dans la détresse muette comme dans les sollicitations agressives, elles jugent notre société. Elles nous jugent.
Ceux qui les endurent sont des frères et notre indifférence les qualifie d'étrangers. Nous sommes coupables mais on s'en arrange. Ce n'est pas à nous d'assumer toute la misère de Paris.
Puisque nous déplorons et que ce billet révèle que je suis une belle âme qui écrit mais ne fait rien !
Pour une fois, je reviens de Paris...
Ce que vous décrivez, c'est la misère cachée.
Je vous assure que la misère était bien mieux visible il y a dix ou quinze ans dans Paris.
La misère, il ne faut pas la voir, c'est désormais au rang de la redondance la misère visible...
Non, non, non,
Paris fait cache-misère, Paris cache l'étendue de la misère, puisque la misère s'étend hors ses murs pourvu qu'elle ne s'y distingue aussi nettement qu'en autres villes.
Les Parisiens sortaient un peu et voyaient !
La semaine dernière, j'étais à Paris, et je n'ai pour une fois jamais autant peu vu de misères à Paris, qu'à Paris la misère s'y réserve à l'avenant qui s'actualise.
Paris, un camps de réfugiés pour l'observance de la misère ?
Rédigé par : zenblabla | 18 avril 2014 à 00:10
Très bon billet.
Quant aux commentaires qui conseillent d'aller donner, donner, donner...
Que de foutaises, quelle médiocrité en France où on a l'éducation, l'économie et les politiques que l'on mérite.
Rédigé par : Olivier | 08 avril 2014 à 01:16
"Mon cousin a laissé un SDF utiliser son box de garage pendant plus d'un an. Même s'il a eu quelques difficultés à le faire partir, j'aimerais avoir la même insouciance".
Rédigé par : Alex paulista | 06 avril 2014 à 04:10
Côté box, ce n'est plus du SFR c'est du laisser-faire, ce box FREE.
Et nous savons ce que les box sont.
Ce que vous dites est pertinent mais cela ne change rien à votre sévérité envers notre défie l'aplomb.
Relisant l'affaire Agnelet, on est quand même troublé par le rôle de certaines loges.
Le diable se loge dans les détails.
Se loge...
Tiens donc ?
AO
Rédigé par : oursivi | 06 avril 2014 à 18:24
@ oursivi
Je ne raille pas ! Me suis même pas moqué de sa religion des triangles...
C'est compliqué. En prenant un peu de bouteille j'ai l'impression d'avoir plus d'empathie envers toutes sortes de gens, de les juger de moins en moins, mais dans les faits j'aidais plus les autres quand j'étais plus jeune. Aujourd'hui je donne plutôt parce que j'ai la phobie des piécettes ou parce que je déteste boire tout seul.
Je crois que lorsqu'on commence à avoir des enfants et à penser à des impératifs de sécurité, on s'éloigne de certaines situations. Par exemple je prenais beaucoup de gens en stop et j'ai presque cessé. C'est dommage.
Mon cousin a laissé un SDF utiliser son box de garage pendant plus d'un an. Même s'il a eu quelques difficultés à le faire partir, j'aimerais avoir la même insouciance.
Rédigé par : Alex paulista | 06 avril 2014 à 04:10
Franchement, soit vous jouez à qui raille le plus loin, soit vous êtes un peu sottement vaches avec JDR.
Ce qu'il a écrit et fait n'a rien d'infamant.
Rien de particulièrement bobo là-dedans.
M'en a presque été sympathique, le gent Dominique.
Cette manie qu'ils ont parfois de chasser en meute, pire que l'addiction télévisuelle de notre hôte...
Version ôte-toi de là, y a une caméra.
Je n'arriverai jamais à refaire leur éducation.
AO
Rédigé par : [email protected]_Marygaret_sbriglia | 05 avril 2014 à 23:46
Sbriglia | 05 avril 2014 à 20:07
Le gag de la semaine !
Rédigé par : Mary Preud'homme (sans blague !) | 05 avril 2014 à 23:25
L'irrésistible envie de saluer l'homme de gauche, probe, humain, si humain, qu'est JDR...
Rédigé par : Sbriglia | 05 avril 2014 à 20:07
Un peu facile Philippe !
Rédigé par : Luce Caggini | 05 avril 2014 à 19:56
...Comment sommes-nous faits, qu'est-ce qui pourrait bien faire évoluer les mentalités, quand le fait d'apprendre au détour d'un article de presse que 85 individus les plus riches possèdent (ce qui ne leur sert pas en fin de compte à grand-chose dans l'absolu...) autant que 3,5 milliards d'individus les plus pauvres, ou que 1% possèdent 50% des richesses mondiales, n'interpelle pas grand-monde ? :-(
Rédigé par : Pierric Le Neveu | 05 avril 2014 à 11:19
Deux tueurs en série sur place et on arrête un innocent. Ca en dit long sur la qualité de l'enquête policière.
Rédigé par : Nordine | 05 avril 2014 à 04:40
Alex, marché de dupes, c'est possible. Je ne me pose pas cette question car je puis être également très cynique face à une pauvreté qui se manifeste dans l'indignité : les ivrognes ou les timbrés qui circulent quasi nus sous une couverture ou encore de jeunes hommes qui pourraient se bouger les fesses.
Je ne m'abaisse ni ne me rehausse dans mon esprit et je reste parfaitement moi-même en passant un peu de temps avec tel ou tel miséreux de la rue. Je ne m'adresse qu'à celles ou ceux qui se tiennent dignes, je néglige les autres. Cette femme n'attend pas après moi pour manger, je l'ai dit, d'autres gens du quartier lui apportent des plats chauds, le vendeur de kebab distribue chaque jour trois ou quatre repas complets à ceux qui sont dans son voisinage. C'est donc juste un moment passé ensemble, avec le prétexte d'un sandwich.
Je ne fais mystère d'aucun de mes paradoxes. Les Roms me dérangent. Mais ils sont là et je ne me vois pas, de surcroît, leur cracher à la figure comme certains ici. Quelle que soit l'antipathie qu'ils dégagent parfois, la vérité est qu'ils sont misérables, la pauvreté n'en fait pas des saints. Mais il y a aussi de très braves gens, qui ont des rêves, des espoirs. Je me souviens d'un Rom dans le métro qui jouait admirablement de l'accordéon diatonique, un virtuose qui ne se fichait pas du monde, il dérange la tranquillité mais de belle façon, je ne vais pas faire semblant de ne pas être épaté parce qu'il est pauvre.
Cette femme habillée de multiples couches de vêtements me montre qu'ils sont tous propres, elle me raconte qu'elle consacre son temps à la lessive dans son camp, elle se refuse à la crasse. Un jour, je lui ai ramené une eau de toilette, pas à manger, pas une pièce, pas le strict nécessaire du pauvre, non, un parfum de femme inutile à sa survie immédiate mais déterminant pour l'image qu'elle a d'elle-même. Elle en a été heureuse. A-t-elle, dans son quotidien de misère auquel je ne puis rien changer, beaucoup d'occasion d'être fière d'elle ? Elle m'apporte plus que je ne lui apporte car j'apprends.
Un marché de dupes, c'est toujours un marché et c'est déjà ça de gagné.
Rédigé par : Jean-Dominique @ Alex | 05 avril 2014 à 01:48
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 avril 2014 à 20:37
Protégez-moi de mes amis, mes ennemis, j'en fais mon affaire...
Antienne connue, chère Véronique.
AO
Rédigé par : oursivi | 04 avril 2014 à 23:34
Et aussi, Sylvain, quand j'ai lu dans les commentaires du billet à la fois sévère et attristé de FJ consacré au livre de Philippe, oui, quand j'ai vu apparaître Sylvain, j'ai pensé Pauvre Philippe, il ne manquait plus que Sylvain pour que ce soit complet, c'est sûr ça ne va pas l'aider ! Eh bien, pas loupé.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 avril 2014 à 20:37
"Ce blog infesté de gauchistes veut me faire interner du fait que je soutiens Philippe..."
En même temps, Sylvain, à vous lire dans le blog de Franck Johannès, il y a des soutiens qui sont franchement des handicaps et gravement...
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 avril 2014 à 20:19
"déjeuner d'un sandwich avec la vieille Rom qui est assise contre son marronnier, ça lui donne le sentiment d'être quelqu'un"
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 avril 2014 à 00:43
En somme, dans l'espoir qu'elle ait l'impression d'être quelqu'un vous n'êtes pas vous-même. Qui sait si dans l'espoir d'avoir un sandwich elle ne pense pas vous donner l'impression d'être humain...
C'est un marché de dupes votre truc.
Je vais prier pour vous.
Une prière à la Sainte Trinité.
Rédigé par : Alex paulista | 04 avril 2014 à 15:53
1er bravo pour cet extrait - réponse de Parigoth tellement vraie :
"Je me sens solidaire et fière d'appartenir à une collectivité, la nôtre, qui dans son esprit profond, choisit de ne laisser personne accidenté sur le bord de la route." (VR)
"Eh bien, vous devriez commencer par vous poser des question car il n'y a vraiment pas de quoi être fière au vu des accidentés laissés sur le bord de la route, parfois avec cynisme parce qu'ils ont le tort de ne pas appartenir à la bonne catégorie de Français." (Parigoth)
..........................................................;
2ème bravo à hameau dans les nuages :
"Il y a maintenant un traitement social de la misère. Les Roms et autres communautés ne s'y sont pas trompés d'autant plus que se rajoute notre culpabilisation fabriquée de "petit blanc profiteur". Nous sommes devenus des écorchés vifs alors que par le biais des impôts les Français contribuent largement à pouvoir la diminuer.
Maintenant ils viennent comme s'ils allaient au marché. Au marché d'esclaves, blancs de préférence.
Avec papiers et avoirs si entente."
..............................................................
Si vous venez tous ici faire du sylvain maintenant, notre hôte va se faire traiter de facho réac, y avez-vous pensé ?? Sur le blog de Johannès je me suis plié de rire avec l'article qui "collardise" M. Bilger ! Ce blog infesté de gauchistes veut me faire interner du fait que je soutiens Philippe ; pourtant ils ont déjà censuré la moitié de mes messages qui les gênent car "non-conformes-à-la-charte" LOL !
Rédigé par : sylvain à Parigoth et hameau etc. | 04 avril 2014 à 15:18
sylvain @ JD Reffait | 04 avril 2014 à 09:34
Je vous rejoins sur ce point.
Je me souviens de la véritable misère, du temps où il n'existait aucune aide sociale à part la soupe populaire. Je me souviens des clochards alignés comme des saucisses sur un barbecue, couchés sur des cartons sur la grille d'aération du métro en face du café Procope rue de l'Ancienne comédie.
Le matin dans le froid vif j'attendais avec ma mère le "58".
Il y a maintenant un traitement social de la misère. Les Roms et autres communautés ne s'y sont pas trompés d'autant plus que se rajoute notre culpabilisation fabriquée de "petit blanc profiteur". Nous sommes devenus des écorchés vifs alors que par le biais des impôts les Français contribuent largement à pouvoir la diminuer.
Maintenant ils viennent comme s'ils allaient au marché. Au marché d'esclaves, blancs de préférence.
Avec papiers et avoirs si entente.
http://www.dailymotion.com/video/x1l4mmd_un-homme-noir-recherche-une-femme-blanche-car-le-fn-vient-au-pouvoir_news?start=44
Rédigé par : hameau dans les nuages | 04 avril 2014 à 11:41
@Véronique Raffeneau
L'obligation que vous dénoncez est aussi cette promesse que si un jour vous ou un de vos proches traversez de très graves difficultés de ressources et/ou de santé, la solidarité - oui, la solidarité - de tous, vous protégera et les protégera.
Promesse ? Croyez-vous encore aux promesses d'un régime qui a toujours menti comme un arracheur de dents ?
Croyez-vous aussi au Père Noël, peut-être ?
Eh bien non, figurez-vous, ces « promesses » ne valent pas tripette.
Veuillez vous renseigner auprès de certains SDF, ou bien de mal logés, ou bien auprès de certaines familles d'aborigènes en difficulté, vous apprendrez souvent qu'ils ne sont pas « prioritaires » par rapport à d'autres catégories récentes de la population : comment créer l'injustice sociale au nom d'une « égalité » dévoyée.
Je ne vous souhaite pas de trop croire à ces « promesses », vous pourriez déchanter le jour où vous vous retrouveriez dans la difficulté.
Quant à la prétendue « solidarité », elle se traduit en clair par le fait qu'une minorité soit forcée de subvenir aux besoins parfois indus d'autres personnes et sans espoir de retour dans le cas où elles seraient elles-mêmes confrontées à des difficultés après avoir pallié celles de la terre entière.
je me sens solidaire et fière d'appartenir à une collectivité, la nôtre, qui dans son esprit profond, choisit de ne laisser personne accidenté sur le bord de la route.
Eh bien, vous devriez commencer par vous poser des question car il n'y a vraiment pas de quoi être fière au vu des accidentés laissés sur le bord de la route, parfois avec cynisme parce qu'ils ont le tort de ne pas appartenir à la bonne catégorie de Français.
Enfin, le fait que ce système de « solidarité » soit quasi-fonctionnarisé et non bénévole (donc RTT, 35 heures, grèves, congés maladies extensibles, primes etc.) implique qu'une « perte en ligne » considérable est induite entre la somme extorquée au « solidaire » et celle « redistribuée » au bénéficiaire.
@Jean Dominique Reffait
"Pendant ce temps Bill Gates consacre sa fortune à sa fondation admirable suivi par Zuckerberg ou Warren Buffet tandis que nos richissimes patrons du CAC40 ne font rien"
Nous pourrions en parler de cette « fondation admirable » qui préconise dans les pays en voie de développement la stérilisation des gens et l'avortement. Eliminer les 9/10 de la population mondiale, Bill Gates n’a pas inventé grand-chose. Il ne fait que refléter un large consensus dans l’élite mondialisée selon lequel les hommes se porteraient mieux si la population était réduite à un demi-milliard. C’est le chiffre que donnent généralement des personnalités comme David Rockefeller, Mikhaïl Gorbatchev, Ted Turner, Jacques Cousteau etc[2]. http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Bille-Gates-aime-l-humanite-mais-veut-en-supprimer-une-partie C'est l'application de la théorie du génocide doux préconisée par Henry Kissinger. En avez-vous d'autres à nous citer, de telles belles consciences ?
Rédigé par : Parigoth | 04 avril 2014 à 10:48
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 avril 2014 à 00:43
"En attendant, je continuerai à aller parfois déjeuner d'un sandwich avec la vieille Rom qui est assise contre son marronnier, ça lui donne le sentiment d'être quelqu'un et ça me coûte un sandwich. Cinquante mètres plus loin, il y en a un autre que je néglige, c'est comme ça."
.........................................................................
Bravo M. Reffait mais peut mieux faire : pourquoi ne l'hébergez-vous pas chez vous, dans votre jardin ? ça demande quoi un Rom hein ? Ben juste une bâche entre deux arbres, un poulailler bien garni et un trou au fond du jardin pour les commodités ; vous verrez, le sourire de bonheur de ces gens-là sera votre meilleure récompense ; mais pas trop loin du métro s'il vous plaît, leurs gamins oeuvrent beaucoup là-dedans et il ne faudrait pas les priver de cette manne "humanitaire" qui rapporte plus que de les inscrire à l'école. Par contre là où le bât blesse, c'est que vous "négligez" l'autre Rom, c'est scandaleux ! Serait-ce de la discrimination ? Allons allons, encore un petit effort, qu'est-ce que 50 mètres à parcourir ?
Ah oui les sandwichs sont déductibles des impôts, renseignez-vous !
Rédigé par : sylvain @ JD Reffait | 04 avril 2014 à 09:34
@ Parigoth
"Or la « solidarité » étatique, aussi trompeuse que le « social », repose sur une obligation..."
L'obligation que vous dénoncez est aussi cette promesse que si un jour vous ou un de vos proches traversez de très graves difficultés de ressources et/ou de santé, la solidarité - oui, la solidarité - de tous, vous protégera et les protégera.
Je ne souhaite pas m'engager dans une discussion de fond autour du modèle social français. Presque tout est à repenser. Oui, une de ses conséquences est la disparition de la compassion que je décrirais faute de mieux spontanée.
Ce que je veux seulement vous dire est que je me sens solidaire et fière d'appartenir à une collectivité, la nôtre, qui dans son esprit profond, choisit de ne laisser personne accidenté sur le bord de la route.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 04 avril 2014 à 08:03
"Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver."
http://fr.wikisource.org/wiki/D%C3%A9truire_la_mis%C3%A8re,_Discours_%C3%A0_l'Assembl%C3%A9e_nationale_l%C3%A9gislative_9_juillet_1849
Bien souvent nous pouvons avoir le sentiment de l'impuissance de notre condition humaine à faire reculer le produit de notre ignorance associée à notre orgueil d'êtres humains : la misère ; Victor Hugo dit aussi dans ce même discours : "Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère." Il n'est que temps de changer de culture : que celles et ceux qui se battent au quotidien contre la misère soient mis à l'honneur et que les autres, qui profitent du système, non par mérite mais par hasard et habileté, ne soient plus les héros de notre temps...
Rédigé par : contreoedipequipréféracreversesyeux | 04 avril 2014 à 07:08
L'horreur de la misère, c'est à coup sûr une horreur des plus facile à ressentir, voire à concevoir...
Ensuite,
cela diverge dans tous les cantonnements possibles, comment exposer et s'extraire avec la misère.
Il faut bien extraire l'idée même de la misère, alors au moins par avance s'en extraire, déjà pour soi-même.
Ensuite,
une fois étant extrait, il faut bien penser au fait qu'elle reste présente, que cela gêne, qu'il faut ne plus la voir, "pouvoir" l'ignorer par la grâce plus ou moins véritable de toutes les façons déléguées en actions politiques, à moins de tellement allouer ses propres forces aux tentatives d’éradication de la misère on fasse choix personnel comme quasi religieux et à investir (là où braconnerait l'Islam et serait en chasse gardée la Croix-Rouge, mais beaucoup d'associations qui viennent en terres de misère) ou choix révélé à moins que décalé de s'y consacrer, et par cette sorte de foi d'y perdre entièrement d'autres allocations tellement désirées avec nos propres attachements, tant est profond l'insondable gouffre de la misère au bord duquel il faut se tenir...
Ensuite,
si inventèrent les religions la Charité et maintenant les solidarités par chapelles, l’État convint ensuite pour faire Providence... étant concurrencé par des organisations autant criminelles que para-publiques tandis que tout cela s'épuise autant que cela se cache, et pourquoi ?...
Maintenant !
Chacun, n'étant pas encore frappé de misère directement révélée, est le plus souvent, et sauf exception de la mise hors misère par les bienheureux marchés qui prouveraient par l’exemplarité entraînante dont nous avons été rabattus des oreilles depuis au moins trois décennies, chacun étant tellement endetté par la grâce de l'entraînement desdits marchés et ne sachant pas très bien qui est son débiteur...,
chacun parmi la plupart ne conçoit pas d'évidence comment participer à l'éradication de misère..., celle qu'il voit toujours plus et pour le compte de laquelle chacun est toujours plus impliqué sauf son endettement vaguement putatif.
Alors,
pour moi, la réduction de la misère, cette engeance qui a été depuis l'avant-guerre d'ici en propos général actif pour l'histoire, dans cette Histoire désormais avide de tri comme elle paraît dénier les États, mais plus tôt déniait les aristocraties, les églises et les armes, cette engeance faite à la considération de la misère, pour soi-même et pour autrui, elle court toujours, comme c'est inexorable.
La misère est si variée, si nombreuse, et aujourd'hui partagée à un point tellement inouï en regard d'endettements qui suffiraient à la sceller définitivement en Justice comme si cela était "par dessus le marché (!)", qu'elle est majoritaire en tous les cas, et, faute de guides qui ne la vivrait pas et ne la concevrait pas plus loin qu'en simplement estimant que la jeunesse relèvera les défis de cette sorte miséreuse à dire héritée d'un modèle économique mis en désuétude par ses serviteurs, sauf étant la reconsidération des héritages, se provoquera avec les miséreux la violence ou la simple évidence du remaniement des héritages.
Les non héritiers vont, par la force des nombres, nous proposer et malheureusement nous imposer la proposition de nos détachements, tandis que nous n'aurons jamais su assez comment conforter quelques attachements suffisants qui veuille les préserver, qui les mettre en leurs âmes et pour nos yeux en dehors de la misère que nous ne voulons surtout pas voir.
Dénoncer l'oisiveté des miséreux alors que l'économie qui court ne nécessite pas plus de 15% des populations en production et distribution, 5% en représentations richissimes ou "pauvrissimes" qui fassent la divinité, 20% de subventionnés en politiques, gestions et comptabilités diverses, 40% de vendeurs et revendeurs qui s'obligent étant parmi eux la plupart des journalistes, 20% de soignants en services publics et professions libérales depuis l'éducation, jusqu'à la santé et la justice...,
et que c'est là-dedans que sont les miséreux!
Et le temps qui passe avec ses tâches idiotes, les piscines remplies où ne nagera personne pour cause de feuilles mortes... cette bêtise entière pour faire cache-misère... ces cafés imbuvables comme si la place Saint-Marc était en nos cuisines, toute cette misère absolument véritable et qui se cache !
Voyez-vous,
je crois que vous parlez de la misère, si étant presque sur la frontière, en étant du côté de celui qui raconte les attachements, tandis que du côté de la misère, cela fait lurette que les attachements ne tiennent plus autant qu'ils seraient audibles, et que seulement se proposent et s'examinent les détachements du côté de cette misère comme elle se dévoile toujours plus...
La misère, c'est le détachement radical, c'est le genre de détachement dont nous sommes, entre tous parmi chacun non pas politiquement, mais entre chacun parmi tous non pas religieusement, simples évaluateurs, comme si nos attachements se suffisaient indicibles s'ils provoquaient du détachement chez les autres.
La somme des attachements indicibles fabrique des détachements, qui remisent en misère trop souvent, d'autres attachés et les presque détachés pour qui se rajoute une couche.
Il y a une misère dans les têtes qui ne se voit pas sur les habits !
Si seulement la Justice avec sa Loi lisible s'occupait des moindres attachements, de toutes leurs formes !
Éradiquer la misère, et qu'on ne la voie plus, et qu'elle ne gêne au moins pas ?
Comment avec la simple Loi ?
Financer des asiles pour miséreux... et basta ?
On ne peut pas accueillir toute la misère du monde "disait un ancien", et si elle s'invite misérablement, en tout cas il est un génocide en place, celui de l'élimination de la misère faute de capacité avec l'émancipation.
"L'émancipation", c'est vieux tout ça, c'était du temps de "l'école émancipée", que me racontait mon grand-père, et comme était grande avec lui l'idée du service public, confondant alors, il pensait sans confondre mais pour balancer en politique que c'était l'école qui était encore à émanciper.
En misère, ça court toujours un siècle plus tard !
Rédigé par : zenblabla | 04 avril 2014 à 01:09
M. Bilger, vous pouvez faire beaucoup si vous le voulez vraiment. Peut-être en commençant à donner tous les jours 1 euro à un des pauvres (cela ne fera jamais que 365 euros au bout de l'année).
Rédigé par : BrunoK | 04 avril 2014 à 00:57
Très beau billet.
Je ne parviens pas à être indifférent à la misère mais je n'ai pas toujours le courage de l'affronter. J'établis une hiérarchie : je ne supporte pas les clochards avinés, cette indignité ne m'apparaît pas consubstantielle à la pauvreté. Il y a les autres, plus nombreux, des miséreux pour lesquels je ne puis m'empêcher de ressentir de l'empathie. Alors, quand je n'ai pas de monnaie en poche, je fais un détour, pour ne pas les croiser car certains sont habitués à me voir, à recevoir quelque chose de moi. J'ai mes pauvres, ce sont les plus discrets qui ne pleurnichent pas, qui ne surjouent pas leur misère. Alors quand je donne, c'est un billet et je m'assieds près d'eux, je cause, j'apprends, je n'ai rien à leur proposer, ils sont trop loin de tout, je ne puis que leur accorder de la considération. Une forme d'amitié qui se manifeste cinq minutes, pas plus, pas le temps. Je ne suis pas le seul, les retraités du quartier discutent aussi avec eux, leur apportent des plats chauds.
Dans le métro, c'est le plus souvent une punition. Le même air de musette joué lamentablement sur un accordéon crevé avant qu'un vieux gobelet en carton me passe sous le nez. Il faut récompenser l'effort, parfois l'un d'eux se donne du mal, une vraie musique ou, comme ce soir, un jeune couple rom qui chantait gaiement et justement. Ils dérangent mais le font avec conscience : on donne.
Pendant ce temps Bill Gates consacre sa fortune à sa fondation admirable suivi par Zuckerberg ou Warren Buffet tandis que nos richissimes patrons du CAC40 ne font rien.
Des initiatives sont prises, en Bretagne par exemple, de construire des villages de pauvres avec des organisations particulières capables de générer une économie de pauvres et de scolariser les enfants. Mais ils manquent de moyens, parce que l'argent grassement gagné par quelques-uns est étroitement consacré à acheter des tableaux ou une vingtième résidence luxueuse dont ils usent dix jours par an. Notre société ne manque pas d'argent pour redistribuer et donner une chance mais cet argent est capté par un système financier qui ne veut pas en perdre une piécette.
Dans un pays plutôt riche où il y a tant de pauvres, il faut une politique de la pauvreté qui se situe au-delà des règles habituelles de la solidarité ordinaire. Comme nous ne voulons pas admettre cette pauvreté, nous refusons de mettre en oeuvre une politique spécifique de la pauvreté. Il faut resocialiser des gens en partant de ce qu'ils sont : à quoi bon imaginer dépenser des millions pour loger des gens dans des appartements avec accès à internet et ascenseurs. Des mobil-home suffisent, ils sont moins chers, ils permettent de créer une vie sociale, une responsabilité encadrée. Emmaüs sait très bien le faire. Il faut de l'argent. A votre bon coeur MM. Bolloré, Arnault et consorts !
En attendant, je continuerai à aller parfois déjeuner d'un sandwich avec la vieille Rom qui est assise contre son marronnier, ça lui donne le sentiment d'être quelqu'un et ça me coûte un sandwich. Cinquante mètres plus loin, il y en a un autre que je néglige, c'est comme ça.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 avril 2014 à 00:43
@pibeste alias Trois Corbeilles | 03 avril 2014 à 21:22
"Rien de plus saint que la misère"
Vous donnez raison à Balzac qui disait (in La Maison du chat qui pelote) "dans les grandes crises, l'âme se brise ou se bronze" et Dieu sait que la misère s'accommode des grandes crises, surtout celles qui sont de société !
Il ne reste donc aux miséreux que les richesses d'en haut, celles qui ne risquent pas les crises et ne nécessitent aucun investissement, si ce n'est celle de leur âme !
Cordialement
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 avril 2014 à 23:27
Ce n'est pas la fin, mais le début :
"Tout proche,
Et difficile à saisir, le dieu !
Mais aux lieux du péril croît
Aussi ce qui sauve.
Dans la ténèbre
nichent les aigles et sans frémir
Les fils des Alpes sur des ponts légers
Passent l'abîme.
Ainsi, puisqu'autour de nous s'amoncellent, dressées,
Les montagnes du Temps,
Et que les bien-aimés vivent là tout proches, languissant
de solitude sur les cimes séparées,
Ouvre nous l'étendue des eaux vierges,
Ah ! fais-nous don des ailes, que nous passions là-bas,
coeur
Fidèles, et fassions ici retour!"
(Patmos, Hölderlin)
Rédigé par : Aliocha | 03 avril 2014 à 23:18
Et pour conclure
Ce qu'il y a d'imparable avec les paroles du Christ c'est leur inanité aussi longtemps que l'individu ne réalise pas les conditions qu'elles exigent. Et comment pourrait-on dès lors les infirmer ?
Car que vaut une âme que donnerait un homme pour sauver son âme ?
Ainsi, un jeune homme riche qui voulait obtenir le royaume de Dieu demanda ce qu'il lui fallait faire et le Christ de répondre "Va, vends tout ce que tu as, donne l'argent aux pauvres et suis-moi !" Le jeune homme riche s'en retourna bien triste car cela il ne pouvait pas le faire.
Quel espoir reste-t-il aux nantis ?
Rendre la misère détestable et réservoir de toutes les souffrances ! Alors qu'elle n'est que l'opportunité offerte à une âme qui peut la supporter de se rendre parfaite et de s'émanciper une bonne fois pour toutes des attractions délétères des sens !
Car en se créant un trésor spirituel, là où sera le trésor là ira le coeur !
Mais qui croit encore à l'existence immatérielle, en notre civilisation du stupre ecclésiastique ?
Qui offre de pouvoir blasphémer contre l'Esprit Saint ?
Car en rendant impossible son apparition, on en annule jusqu'à la possibilité ! En la rendant détestable on la ridiculise.
Mais rien de plus saint que la misère !
Rédigé par : pibeste alias Trois Corbeilles | 03 avril 2014 à 21:22
Un billet sur Paris, ses pauvres et l'empathie, ce sujet grave ne laisse pas indifférent. On y retrouve les mêmes élans de générosité et de charité qui figurent dans le livre dédié à l'infortune de Robert Brasillach "20 minutes pour la mort" avec cette sensation de vouloir faire quelque chose et surtout de ne pas tomber dans l'indifférence cruelle, arrogante, trop facile.
Les années se suivent. Les pauvres sont là, comme d'autres avant eux. La fin de la "trêve hivernale" marque le début des expulsions de ceux qui ne peuvent plus payer des loyers devenus prohibitifs quand les revenus sont inférieurs à 2000 euros par mois. Les locataires en faillite vont laisser la place à d'autres candidats qui tiendront quelques années… ou pas. On n'est jamais à l'abri d'un succès ou d'un échec.
Que faire pour tous ces malheureux qui s'accrochent sur un bout de trottoir, dans une rame de métro, sur un banc dans un square ? Faire quelque chose ne signifie pas faire n'importe quoi. L'industrie de la pauvreté est là avec ses plans publicitaires, ses quêtes, ses actions. Je ne les citerai pas tous, la liste est trop longue et j'en oublierais certainement. Mais je n'ai pas oublié une action publicitaire de l'association "Action contre la Faim". Il y a environ une dizaine d'années, une partie du budget publicitaire de l'association a été utilisée pour organiser et réaliser un banquet de la faim. Une partie de la pelouse du Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel fut recouvert de nappes et d'assiettes vides. Pour ma part, j'ai trouvé cela choquant, j'ai ressenti une gabegie, un désastre, un gaspillage.
On est toujours le pauvre de quelqu'un. Il m'arrive de donner des piécettes à des mendiants en faisant attention qu'un complice n'en profite pas pour me faire les poches. Et puis quand la sonnerie du métro retentit, je sais qu'un voyou peut arracher un téléphone des mains et partir un courant tandis que les portes se referment sur la victime imprudente.
Ne sachant que faire, supportant l'horreur des bus de nuit, je songe au départ, quelque part, quand je serai à la retraite. Encore quelques années et je pourrai cesser de travailler, quitter cette ambiance, la misère qui tombe sur Paris.
Rédigé par : vamonos | 03 avril 2014 à 19:16
@ Parigoth | 03 avril 2014 à 12:24
Pas faux ce que vous dites.
La redistribution étatique, si elle part d'un sentiment de justice et évite aux gens dans le besoin de se trouver dans la situation humiliante de quémander, supprime les rapports humains.
On a jeté le bébé avec l'eau du bain.
Pour ceux qui passent vers la Butte aux Cailles, je recommande d'aller voir ce que fait La Mie de Pain.
http://www.miedepain.asso.fr/
Rédigé par : Alex paulista | 03 avril 2014 à 19:02
Le socialiste Pascal Lamy vient de donner une solution, partielle, à la misère : supprimer le smic et ainsi permettre à beaucoup de sans-travail de trouver au moins un petit boulot. L'argument n'est pas entièrement faux et puis, avec du travail moins cher, la compétitivité sera meilleure, les entreprises plus prospères et, par "ruissellement" (quelle horreur !), tout le monde en profitera.
Il y a quand même comme un défaut dans le raisonnement, c'est son principe de base, c'est-à-dire les bienfaits de la compétition. En sport, c'est vrai, la compétition a toutes sortes de mérites. Mais en sport il y a un terrain délimité, des règles, une durée définie, un arbitre... En économie, rien de tout cela ; la compétition économique, c'est la guerre, sous un autre nom certes mais c'est la guerre, et la guerre ça fait des victimes, celles que la misère frappe.
Et encore nous sommes les privilégiés du monde...
Eh oui, pourtant, comme le rappelle un précédent commentateur, il est écrit "fraternité" sur tous nos bâtiments publics...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 03 avril 2014 à 19:00
Et que pouvons-nous faire, belle âme ou pas ?
Essayer de soulager un peu de misère, de ci de là, tant bien que mal... oui peut-être, sans doute même, c'est chrétien.
Seulement de la misère il y en aura de plus en plus, nous faisons tout ce qu'il faut pour cela. Nous importons tous les jours des centaines de pauvres dont nous assurons la survie à coups de prélèvement fiscaux et sociaux et en même temps nous réduisons en permanence le champ de la création de richesse.
La solidarité obligatoire a zigouillé la charité et l'irresponsabilité règne à tous les niveaux de notre société. Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue avec ceux qui nous ont mis dans cet état ?
Rédigé par : NOURATIN | 03 avril 2014 à 18:56
A propos de Paris Plages cité par C.Jacob, je voudrais dire que cette manifestation, en raison des tonnes de sable prélevés dans l'océan, devrait être interdite.
On sait que le sable devient un matériau rare, dont le prélèvement intempestif génère des désastres écologiques sur les plages, et dont le prix va bientôt atteindre le prix du diamant.
Si S.Royal est une vraie écolo, elle devra faire interdire Paris Plages au nom de l'Ecologie.
En ce qui concerne la misère citée dans le billet, la misère du clochard parisien a toujours existé, mais il y a une autre forme de misère qui est en train de s'installer, c'est la misère consécutive aux hordes de pillards venus de Roumanie et de Bulgarie, la misère violente.
On a vu tous vu des reportages où les agriculteurs retrouvent leurs champs dévastés et volés. Le bétail aussi est volé, de même que le matériel agricole.
La gauche étant tolérante avec les voyous, il a fallu que certains paysans s'arment et que la situation s'envenime pour que les autorités arrêtent finalement les voleurs.
Mais ce sont des opérations bien organisées, par des cerveaux super-intelligents qui connaissent toutes les ficelles, et on se demande qui sont les cerveaux qui dirigent ces hordes de petites mains.
Il faudrait dans certains cas fermer les frontières et arrêter la mondialisation.
Rédigé par : anne-marie marson | 03 avril 2014 à 17:36
@Lucile
Nos "élites" sont-elles aveugles et sourdes, ou préfèrent-elles s'accrocher au pouvoir coûte que coûte, quitte à laisser le pays s'enfoncer dans le marasme et la révolte ?
C'est un système qui fonctionne en circuit fermé, entre « copains » et initiés autistes, pour ne pas oublier les coquins éventuels.
Et le peuple dans tout ça ?
Ah le peuple ! Quel gêneur pour nous autres vertueux démocrates antipopulistes !
Remplaçons ce peuple qui s'entête à si mal voter !
Quant à Madame Taubira, dont les lois délirantes ont fait l'objet de contestations massives historiques quoique minimisées par tous les zélateurs du Régime, son maintien relève de la provocation pure et simple.
Certes, nous pouvons à la rigueur admettre qu'un gouvernement se soit efforcé - lui qui se mettait à plat ventre devant une poignée de casseurs des quartiers sensibles - de se donner une vague apparence de fermeté en ne l'ayant pas renvoyée ainsi que ses projets délétères sur le moment, mais la reconduire maintenant alors que c'était l'occasion rêvée ne fût-ce que pour faire un geste symbolique, c'est vraiment se moquer du monde.
Ces gens-là - et cela vaut aussi pour la crèmerie d'en face - sont persuadés qu'ils pourront continuer de tirer éternellement sur la corde, mais ils n'ont pas l'air de comprendre qu'elle pourra un jour ou l'autre leur claquer entre les mains.
Rédigé par : Parigoth | 03 avril 2014 à 15:44
Mon commentaire du 03 avril 2014 à 10:19
Erreur de ma part rectifiée par mon épouse qui a la mémoire des dates, c'était l'hiver 86...
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 avril 2014 à 15:08
Duvent a écrit :
"Chacun peut changer non pas le tout mais la part qui lui revient."
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Très juste.
Parce que le monde commence à notre porte... Le pire c'est l'indifférence, ne pas vouloir "se mêler" de ce qui se passe juste à côté. Belle hypocrisie !
Le reste n'est que phraséologie creuse, un prétexte pour parler de soi en exhibant la misère des autres. Avec en point d'orgue la charité spectacle servant à apaiser les bonnes consciences et à les éloigner du réel.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 03 avril 2014 à 14:12
Mais qui déclarait avec conviction, en 2006 : "Je veux si je suis élu président de la République que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid". "Le droit à l'hébergement, c'est une obligation humaine. Si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a plus un toit lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société (…) qui s'en trouvera remis en cause" ?
Rédigé par : Juan DeGranada | 03 avril 2014 à 14:03
Oui je sais, je sais, je sais… on est dans un état laïc ! Oui je sais… ça fait ringard, rétrograde, diplodocus, iconoclaste et surtout anachronique (quoique…) mais je ne peux résister au plaisir de citer ces paroles de Jésus-Christ dans l’évangile de (st.) Matthieu ch. 25 v.31à46
http://www.biblestudytools.com/ost/matthieu/passage.aspx?q=matthieu+25:31-46
Quand il demandera lors de son retour en Gloire :
"Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi.(...) Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.
(...) Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle."
Oui je sais, on peut être d'un tout autre avis et avoir une toute autre vision de la société dite moderne.
J'adhère au constat qu'écrit hameau dans les nuages "ça resserra les liens de la communauté villageoise."
Mais ça c'était avant, avant qu'on mette Dieu au banc de la société dites "moderne" et qu'elle écrive au fronton de ses églises laïques "liberté, égalité et surtout fraternité".
Oui, ça c'était avant !
Cordialement
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 avril 2014 à 13:21
Si on veut moins de pauvres, parce que c'est ça le but, il va falloir faire quelque chose, et vite. On n'en prend pas le chemin en politique. Les chaînes d'information transforment complaisamment les personnalités politiques en people à qui mieux mieux, à moins qu'ils ne participent déjà à la future campagne présidentielle de Ségolène Royal et de Manuel Valls ; nos élites s'applaudissent et se congratulent mutuellement lors des passations de pouvoir, les vieux routiers de la politique politicienne plastronnent, tout est mis en place pour que les petits calculs électoraux et l'immobilisme qui s'ensuit triomphent. Nos "élites" sont-elles aveugles et sourdes, ou préfèrent-elles s'accrocher au pouvoir coûte que coûte, quitte à laisser le pays s'enfoncer dans le marasme et la révolte ? Mme Taubira à la justice, c'est encore un bon coup de pouce au FN, c'est un bras d'honneur à ceux qui voudraient réformer sans faire de casse. C'est à se taper la tête contre les murs.
Rédigé par : Lucile | 03 avril 2014 à 12:41
@Véronique Raffeneau
Un argent considérable est dépensé dans notre pays en matière de solidarité. Le gros souci est qu'il est très mal dépensé.
Le terme solidarité est un de ces mots complètement dévoyés à force d'avoir été galvaudés au point de ne plus vouloir dire grand-chose.
A l'origine, la solidarité impliquait une notion de réciprocité : nous aidions un membre du groupe dont nous étions solidaires (donc liés) qui pouvait en retour nous rendre la pareille un jour ou l'autre.
De plus, la vraie solidarité repose sur la liberté.
Or la « solidarité » étatique, aussi trompeuse que le « social », repose sur une obligation : par le biais de prélèvements fiscaux, des « aides » sont distribuées en dehors de tout contrôle personnel à des étrangers (parfois dans tous les sens du terme), avec qui nous ne possédons aucun lien naturel et qui souvent n'ont absolument pas l'intention de nous rendre la pareille ni même de nous dire merci mais qui considèrent qu'il s'agit d'un dû.
Rédigé par : Parigoth | 03 avril 2014 à 12:24
Pour savoir de quoi on parle :
http://www.inegalites.fr/spip.php?article270&id_groupe=9&id_mot=76
N'hésitez pas à regarder... la pauvreté est moins culpabilisante quand elle est réduite à un simple graphique.
Cordialement
Rédigé par : Pierre-Antoine | 03 avril 2014 à 12:02
Pour ceux qui ont connu le banc, le plus dur c'est de ne pas avoir le courage de mourir... Pour ceux qui regardent, apparemment, c'est la culpabilité, pas si grande que ça ! Parce que l'homme est un loup pour l'homme et que ça lui convient parfaitement. Il n'est d'aucune utilité celui qui se plaint de la difficulté de voir sans regarder, d'entendre sans écouter, d'aimer sans étreindre, de penser sans réfléchir, et enfin de n'être qu'un homme. Chacun peut changer non pas le tout mais la part qui lui revient. Mais dans ce cas c'est possible, et donc sans intérêt... Je cherche le courage dans l'autre, comme certains cherchent l'amour ou la fortune, et quelquefois je le trouve ICI, seulement quelquefois... Et ce n'est déjà pas si mal !
Rédigé par : duvent | 03 avril 2014 à 10:24
Hiver 1986.
La glace recouvrait l'intérieur des vitres de notre petite maison de l'époque. Nous dormions habillés, nos deux enfants blottis contre nous et la toilette était celle d'un chat.
Avant de partir traire les vaches j'absorbais un petit verre de rhum sucré et une demi-tablette de chocolat. Dans le hangar "moderne", un véritable frigo, la traite devenait une véritable corvée. Les tuyaux de la machine à traire raidis par le froid gelaient les premiers jets de lait avant qu'ils arrivent dans les bidons. Le fumier prenait en glace derrière les vaches.
Les IPN de la toiture commençaient à fléchir sous le poids de la neige. Il fallait donc que j'y monte absolument pour la dégager en me faisant un chemin avec des planches pour éviter de passer à travers les plaques ondulées devenues fragiles comme du verre.
Seul notre tracteur soviétique d'occasion resta vaillant. "Russtique" à souhait, refroidi par air, il démarra tous les jours grâce à son levier de décompression. Il fallait seulement emmailloter la batterie comme pour un nouveau-né.
Cela dura trois semaines et resserra les liens de la communauté villageoise.
Mais ça c'était avant.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 avril 2014 à 10:19
J'aime ce texte du préambule de la Constitution suisse qui, à mon sens, indique les principes fondamentaux qui encadrent la loi, fondent le juridique et en conséquence devraient inspirer l'élévation du politique à l'ordre poétique de la charité :
"Au nom de Dieu Tout-Puissant !
Le peuple et les cantons suisses,
conscients de leur responsabilité envers la Création,
résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l'indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d'ouverture au monde,
déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l'autre et l'équité,
conscients des acquis communs et de leur devoir d'assumer leurs responsabilités envers les générations futures,
sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres,
arrêtent la Constitution que voici..."
Eh oui, nos lois existent, et le bien-être du plus faible est l'exacte mesure de la santé de nos sociétés : elles sont gravement malades.
Rédigé par : Aliocha | 03 avril 2014 à 09:07
"....en tout cas moi, parce qu'on n'y peut rien, parce que la ville de Paris, parce que les services sociaux, parce que la solidarité, parce que l'Etat..."
Votre impuissance, la mienne, sont en partie liées au fait que nous avons une confiance aveugle dans les dix mille structures éparses chargées de venir en aide à la pauvreté et à l’exclusion.
Un argent considérable est dépensé dans notre pays en matière de solidarité. Le gros souci est qu'il est très mal dépensé.
L'idéal de 1945 qui s'attachait à vouloir préserver la dignité a été noyé notamment dans une juxtaposition de structures, d’administrations et d’organismes invraisemblables qui blessent le sens commun et qui créent de l'humiliation à la chaîne.
J'aime beaucoup ce billet qui ne se contente pas de décrire l'enfer de la pauvreté de la rue, mais soi face à cette pauvreté.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 03 avril 2014 à 08:43
Bonjour Philippe Bilger,
« Ces scènes de la pauvreté parisienne, dans la chaleur ou le froid, dans l'alcool, la violence ou le harcèlement, dans la détresse muette comme dans les sollicitations agressives, elles jugent notre société. Elles nous jugent. »
Les scènes de la pauvreté parisienne nous les connaissons déjà par les médias qui nous ont fait part des déboires de Marthe Mercadier et de Georgette Lemaire qui risquent de se faire expulser de leur logement. On peut regretter qu’ils attachent beaucoup moins d’importance à la misère anonyme, celle que tout le monde peut voir dans la rue, ainsi que vous le faites Philippe Bilger. Mais cela n’attire sans doute pas le chaland il est vrai.
Il n’est pas rare que je donne une petite pièce à un mendiant dans la rue, le métro, à côté du distributeur de tickets de parking. Mon obole me semble dérisoire au regard de la détresse de ces miséreux. Mais ceux-ci me remercient avec une politesse que l’on retrouve rarement chez les gens « respectables ».
Je pense que tout homme, toute femme dans la galère, souvent suite à un malheur qui les a poussés dans la rue, devrait pouvoir disposer d’un endroit où dormir, manger et pouvoir se tenir propre afin de garder un peu de dignité.
Nombre de politiques de gauche mais aussi de droite (souvenons-nous de Nicolas Sarkozy qui affirmait « plus de SDF dans la rue ») promettent à chaque élection présidentielle de régler ce problème de la misère humaine qui ne fait que grossir dans nos grandes villes. Mais finalement ce genre de promesse finit inexorablement sur les étagères des dossiers en attente.
Des ONG font ce qu’elles peuvent, mais sont de plus en plus débordées. Je mets à part les Restos du cœur dont le spectacle au demeurant très réussi est l’objet de sévères critiques depuis quelque temps. Il est vrai qu’une fois payés les décors, les costumes, la location de la salle, les « bénévoles », les colifichets divers, sans oublier bien sûr les personnalités people qui assurent la spectacle, l’essentiel de la recette a été dépensée, la portion congrue revenant à ceux à qui elle était destinée.
La misère peut revêtir deux formes, la première est la mendicité, qui heurte notre bonne conscience mais ne nous concerne pas directement. Il suffit de détourner les yeux pour ne pas la voir.
La seconde est le vol souvent accompagné d’une agression physique. Seule cette dernière forme semble vraiment retenir l’attention. La sécurité figure en bonne place parmi les préoccupations des Français. Chacun pour soi et Dieu pour tous, en somme.
Rédigé par : Achille | 03 avril 2014 à 07:53
On a eu un hiver sans grand froid. Une bonne chose pour ceux qui vivent dans la rue. Malheureusement, il faut des drames pour qu'on s'y intéresse. Et là, tout le monde s'en fiche.
Ecrire ce billet maintenant, quand toutes les attentions s'excitent sur cette médiocre comédie du pouvoir, c'est agir.
Voici un clip que j'ai coréalisé qui traite d'une autre manière de ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=vDRdVoRH5k4
Rédigé par : Nordine | 03 avril 2014 à 06:29
"...et lorsque nous donnions à l'un, c'était la bagarre entre eux pour récupérer chacun quelque chose puis une nouvelle nuée qui arrivait encore"
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 02 avril 2014 à 17:27
On m'a raconté que c'était pareil au Brésil pendant la dictature, en 68. En général, un ami brésilien vous expliquait que donner est contre-productif: cela retarde la révolution.
"Nous étions le 27 décembre 1996 et depuis une semaine, une vague de froid..."
Rédigé par : pibeste alias Trois Corbeilles | 02 avril 2014 à 19:33
En effet. Je me souviens que les tempêtes de novembre et décembre 96 m'avaient beaucoup remué au milieu du Golfe de Gascogne, avec des vagues de dix mètres.
J'ai pris en photo l'île de Sein toute blanche de neige, fait rarissime pour qui connaît l'Iroise l'hiver.
Et sur la même pellicule j'ai retrouvé une photo prise d'une fenêtre le 1er janvier 1997 au matin, avec le même jetable. Dans la banlieue de Lyon, plus de cinquante centimètres de neige étaient tombés pendant la nuit, ce qui avait empêché tous les invités de repartir... on était retournés sous les couettes après un bon café et une bataille de boules de neige.
Gros temps cette année-là.
Vivre sous une tente devait être assez terrible.
Rédigé par : Alex paulista | 03 avril 2014 à 01:00
La pauvreté, elle est proche de nous. En assemblée générale de mon immeuble, je suis très seul quand j'explique que la concierge a besoin de faire des heures de ménage ou de repassage, car son seul salaire dans un petit immeuble est insuffisant pour vivre.
Je me rappelle de ma grand-mère me quittant dans la rue pour donner de l'argent à un inconnu et revenant me dire c'est un homme en détresse qui n'ose pas encore mendier.
Nous sommes devenus plus indifférents car harcelés par les ONG et les discours moralisateurs, nous pensons que des structures s'occupent de la misère. Il m'arrive de revenir sur mes pas, plus pour marquer que j'ai vu cette personne que pour donner une pièce car je pense que le pire est de se retrouver à mendier et souffrir du passant aveugle.
Rédigé par : Perplexe-gb | 02 avril 2014 à 23:25
Ne nos leurrons pas : il y a toujours eu et il y aura toujours des pauvres, ceux, quels qu'ils soient, qui prétendent disposer d'une martingale politique ou idéologique pour éradiquer la pauvreté ne sont que des escrocs.
Car qu'est-ce que la pauvreté sinon une exception, à cause d'un historique de vie différent de celui de la « majorité » des gens vivant à une époque et à un endroit donné ?
Même notre époque qui numérote chaque personne comme un robot, qui cherche à faire rentrer chacun dans le même moule doit le reconnaître : en dépit des efforts de normalisation déployés par des gouvernements disposant de pouvoirs quasi-totalitaires il se trouvera toujours quelqu'un qui ne pourra pas correspondre à une « grille » prédéfinie par des kilogrammes de textes pondus par des apparatchiks.
Mais ce monde inhumain gouverné par des humanistes satisfaits d'eux-mêmes fabrique la pauvreté alors qu'il prétend la faire reculer.
Un exemple concret est le stupide Smic, qui empêche un employeur de recruter quelqu'un qu'il n'est pas sûr de pouvoir payer au même prix d'ici quelques mois, le condamnant au chômage, ce qui contribue à alourdir un peu plus le coût de l'ardoise « sociale » collective et donc la santé de notre économie.
De quel droit faudrait-il interdire aux gens de survivre grâce à de « petits boulots » ?
Et alors que nous avons déjà beaucoup de mal à nous occuper de nos pauvres, n'est-ce pas marcher sur la tête que de continuer à en importer d'autres par centaines de milliers, que nous serons obligés de loger et de nourrir en laissant les gens de chez nous sur le bord du chemin ?
Rédigé par : Parigoth | 02 avril 2014 à 21:55
Par contre je vais porter à votre connaissance puisque j'ai l'insigne honneur de croire que nous nous apprécions, cette tranche de ma vie de traîne-misère qui vous interpellera malgré son caractère d'insignifiance car il est fait état de fonctionnaires de police.
Depuis bien longtemps les Ancêtres m'avaient adopté comme un fils et la joie était ma soeur.
Mon accablement s'était mué en une sorte d'onction et le grand élixir d'or liquide était dans ma bouche.
Nous étions le 27 décembre 1996 et depuis une semaine, une vague de froid m'avait immobilisé en contrebas d'une voie ferrée au bord d'un plan d'eau et à 150 mètres de la première habitation.
Aucune restriction à mon bivouac.
Les températures étaient bloquées autour de -20 à -17°C au lever du jour.
Ma tente igloo recouverte d'une épaisse couche de neige m'assurait une moindre déperdition de chaleur malgré l'échancrure de cette isolation naturelle au niveau de l'ouverture de la tente.
Les oiseaux téméraires venaient sur la barre faîtière chercher un peu de chaleur et je gonflais mon duvet de l'air chaud de ma respiration que je dirigeais sans cesse sur les zones de mon corps qui se réfrigéraient au fur et à mesure.
Chaque nuit dès 19h le Samu Social venait s'inquiéter de mon sort et plusieurs fois par nuit je leur répondais invariablement que je n'avais besoin de rien et que j'étais tout à fait aguerri à ce genre d'épreuve.
N'empêche, ils insistaient et ils venaient même avec FR3 pour filmer le SDF planqué, heureux comme Baptiste au fond d'un jardin public.
La ville entière était pendue au sort de cet anonyme qu'on voyait le jour déambuler en pantacourt dans une ville givrée comme dans le Docteur Jivago.
C'est ce soir-là qu'ils sont arrivés, le 27 décembre à 19h. Ils étaient quatre, ils avaient parcouru les 150 mètres qui me séparaient de la dernière maison à laquelle le Samu Social m'avait dit que je pouvais aller sonner jour et nuit en cas d'urgence.
Alors ils m'ont demandé mes papiers "Plan Vigipirate, vos papiers" et j'ai tout de suite compris qu'ils étaient ronds comme des queues de pelle et le froid était déjà si vif qu'il était incompatible avec les mouvements nécessaires pour s'extraire du duvet dans lequel j'étais en slip.
Je leur ai bien expliqué que je ne pouvais que difficilement accéder à leur demande.
Rien n'y a fait. Deux ont fait le tour de ma tente, l'un demandant à l'autre ce qu'était ce bol au pied d'un des arceaux et l'autre de lui répondre que c'étaient des graines pour les oiseaux (!!), pour me cerner des deux ouvertures et ils se sont mis en tête de pénétrer dans ma tente par effraction, en lui enlevant sa couche de neige.
Ils m'ont extrait de mon duvet et m'ont planté pieds nus dans la neige en slip Là, je leur dis ma façon de penser alors ils m'ont gazé. J'ai aussitôt pris toute la neige que je pouvais pour me rincer les yeux et je les maîtrisais par la parole.
Et ils sont partis sans même connaître mon identité, laissant ma tente éventrée et moi gazé et nu dans la neige.
Pliés en quatre, ils étaient ; "Ah celui-là", voilà leur réflexion, dont je me souviens.
Je me suis rendu à la maison et en y parvenant le Samu Social arrivait lui aussi. Ils m'ont amené aux Urgences puis dans un foyer d'hébergement dans lequel je ne suis resté que cette nuit.
La présidente de ce centre d'hébergement était une avocate qui m'a enjoint de porter plainte.
J'ai porté plainte et la Justice a répondu que "je devais me satisfaire des contrôles de police qui visaient à ma sécurité !"
Voilà ce que c'est la vie de banni de la société, mais on apprend beaucoup sur la nature humaine ! La vraie, celle qui s'exprime sans retenue, celle qui fait pleurer les anges et vous font prendre sous leurs ailes !
Rédigé par : pibeste alias Trois Corbeilles | 02 avril 2014 à 19:33