Daniel Cohn-Bendit (DCB) est venu nous dire qu'il s'en va.
Vingt ans au Parlement européen, quatre mandats. Il ne se présente pas aux élections européennes du 25 mai. "Champion d'Europe", comme est titré le magnifique et profond portrait que lui a consacré Marion Van Renterghem, il résume son histoire à Bruxelles en se félicitant d'avoir rendu "défendable" l'identité européenne "puisqu'on ne peut pas être simplement défini par l'identité nationale".
Aucun article n'est de trop sur cette personnalité atypique. DCB ne s'est jamais réfugié dans la solitude qui est le risque de toute singularité mais au contraire n'a cessé de se plonger dans la fournaise de la vie collective, quand il ne l'a pas alimentée.
J'ai envie, au moment où amis et adversaires le regrettent surtout à cause de l'Europe, où sa voix unique et convaincante manquera pour persuader ceux qui sont sur le fil du doute et du pessimisme d'embrasser, avec lucidité et enthousiasme, l'avenir européen contre les frilosités de la France repliée sur soi, de le maintenir dans notre pays, au moins le temps de ce billet.
DCB est aussi, en effet, un exemple pour la France qui se souvient de "Dany le rouge" en 1968 mais ne prend pas toute la mesure de ce qu'il a apporté dans notre débat politique et intellectuel. Il a éveillé les esprits, réveillé les assoupis et bousculé, avec une saine provocation, les conformismes de la fausse audace ou, pire, de l'apparent bon sens.
Il représente d'abord l'incarnation de ce que je cherche à enseigner avec mon Institut de la parole. Il est l'exemple même de ce que la liberté et la spontanéité inventent, pour le meilleur, dans un monde où le tiède et le conventionnel dominent pour le pire.
C'est injuste pour tous les autres qui en rêvent mais lui, il a du talent. Michel Barnier admet "n'avoir jamais entendu un tribun pareil au Parlement européen". Pour ceux qui pourraient s'étonner d'une telle appréciation, il leur aurait suffi de regarder récemment, lors du journal de TF1, DCB "exploser", avec une empathie allègre et une argumentation exaltante, Gilles Bouleau questionnant classiquement cet invité extra-ordinaire sur les élections européennes.
On ne saurait mieux décrire la technique de DCB qu'en reprenant Marion Van Renterghem : "...surdoué de l'oralité qui construit sa pensée au fur et à mesure en débattant avec ses contradicteurs". C'est le point capital qui explique la fascination qu'a exercé cet orateur d'improvisation et d'instinct sur des auditeurs stupéfiés, tétanisés par une spontanéité et une conviction intensément exprimées, sur des députés européens, toutes tendances confondues, plus habitués à peser leurs mots qu'à les faire surgir d'eux comme des bombes stimulantes.
Si, pour le profane, les interventions de DCB semblent aller de soi tant son oralité paraît consubstantielle à son personnage et accordée à son tempérament d'humeurs, de réactivité, de dialogue et de dispute, même s'il n'y a pas de recettes apprises pour expliquer cette aptitude à la parole, on peut tenter d'analyser. Elle a cette grande force de ne jamais s'écouter contrairement à l'éloquence par exemple d'une Christiane Taubira qui citant un poète dans chaque phrase s'abrite plus qu'elle ne se libère.
La force, la vigueur de l'intelligence. La capacité d'appréhender toutes les problématiques et de savoir penser contre soi par souci d'honnêteté ou pour mieux répliquer.
Le goût des idées et la certitude sans cesse éprouvée qu'elles n'ont de sens que confrontées, laminées ou sauvées, débattues, enrichies par l'autre ou améliorées par l'obligation de se les préciser à soi-même, de les éclairer pour soi-même.
L'intuition qu'un discours n'est pas une corvée ou une convention mais une formidable opportunité de se montrer dans sa vérité et sa liberté. Non pas un pensum ou le comble de la mémoire ou l'habileté d'une lecture vaguement détachée de l'écrit. Mais une coulée de vie, un flux d'existence, une affirmation de soi pour mieux transmettre son message, la puissance d'un propos parce qu'émanant d'un être tout entier possédé par la superbe ambition de le communiquer. Pas d'autre solution pour plaire, persuader et émouvoir que d'être ce qu'on dit, de dire ce qu'on est.
Si DCB a su susciter le respect de beaucoup et l'adhésion de presque tous, à l'exception de quelques grincheux, c'est d'abord parce qu'il a pris la parole au sérieux en n'oubliant pas que ce qui compte par-dessus tout est d'être écouté, d'interdire à autrui la distraction, la désinvolture, la fuite, de constituer le discours comme l'un des moments clés d'une humanité cherchant à justifier sa place, son rôle, son utilité et sa pensée.
L'ironie, la moquerie, le sarcasme aussi, non pas comme une dégradation, une vulgarité mais au contraire tels une poussée, une excitation ou une respiration.
Mais je néglige l'essentiel qui enferme tout ce que je viens de décrire, de disséquer.
Pour DCB, la passion n'a pas été, n'est pas et ne sera jamais une faute de goût. Mais une chance, un moteur. Une richesse.
La parole passionnelle devrait être perçue, par tous ceux qui se piquent de savoir s'exprimer et de maîtriser l'oralité, comme un pléonasme.
Pour définir la vie et l'œuvre de Cohn-Bendit, j'ai besoin d'un mot du patois new-yorkais : chutzpah, ce culot arrogant, bruyant et méprisant, grâce auquel on obtient des millions de dollars ou de voix aux dépens des braves gens.
Quand je pense que pendant des années notre champion a laissé croire et dire que oui, peut-être, il devrait, il pourrait, se présenter à la présidence de la République.
Seul hic, c'était impossible, il n'a jamais été Français.
Rédigé par : Yves | 27 mai 2014 à 19:11
Cette vision de DCB m'a fait penser à la fable du corbeau et du renard. Bien entendu, le renard étant CB.
Ne vous y trompez pas, cette aisance de la parole dont CB est affublé par nature, ne représente en rien une France libre, mais a largement contribué à une France dépravée ; et la dépravation n'est en rien une liberté mais un enchaînement à ses propres démons !
Et puis vraiment quoi ? qu'est-ce que cet homme a réalisé ou vécu d'exceptionnel ? Formaté, protégé, soutenu, mis en place, et à la clef bon salaire et privilèges.
Quant à la manière dont Mme Taubira s'exprime et à ses mentions de tel ou tel poète ou écrivain, je pense qu'il faudrait chercher, sûrement, dans la façon dont la langue française est enseignée, depuis des lustres, sur les îles. Méthode bien plus appliquée et un tantinet pleine de courbettes que dans nos classes en France. Les colons ont pensé à tout, il fallait civiliser ces sauvageons et leur apprendre un bon français pour correspondre à la norme coloniale du "bon serviteur" même si celui-ci en est, quelquefois, désuet.
Rédigé par : zomia | 26 mai 2014 à 21:18
Cohn-Bendit et Tapie ont à mes yeux deux points communs :
1- Beaucoup de bagout, un certain talent pour tenir le crachoir, qui peuvent être plaisants à écouter cinq minutes.
2- Je ne leur confierais pas mon chien, même cinq minutes.
Rédigé par : Florence | 26 mai 2014 à 16:24
L'éloge d'un sophiste à qui "l'oralité" permettait d'être toujours dans l'air chic du temps.
Rédigé par : Aristote | 26 mai 2014 à 15:46
Un rouge qui a fini par virer (tardivement) au vert, puis au "vert-de-gris". Ce qui n'est pas sans rappeler de très mauvais souvenirs à ceux qui connaissent, voire même ont vécu l'histoire récente de notre pays, comme par exemple l'une de mes tantes institutrice arrêtée par les nazis (à 22 ans) pour avoir employé ce terme péjoratif.
Et comme on comprend Bela le fils de DCB, dingue de foot, qui en a archimarre de toutes ces casseroles traînées par son papa, autoproclamé révolutionnaire au long cours, mais qui en fait ne fut jamais qu'un modeste trublion prisonnier de sa légende soixante-huitarde, entretenue par des élucubrations et des fantasmes de tous ordres, soigneusement mis en scène par des médias toujours prompts à sacrifier en matière d'information l'essentiel à l'accessoire.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 26 mai 2014 à 14:59
DCB c'est le "joueur de flûte de Hamelin", célèbre légende allemande.
Sauf qu'au lieu de faire fuir les rats de la ville il aura réussi à faire envahir la France par une bande de racailles dont même le PS a été obligé de se séparer et de les mettre à la porte du gouvernement. Sa progéniture, les Duflot, les Placé, les Éva Joly et même le véliplanchiste de Saint-Malo, Nicolas Hulot, sont devenus inaudibles, c'est une ruine de la faconde jobarde qu'il nous lègue.
- "L'esprit Canal+", c'est lui,
- la "catastrophe du rire" (expression de Finkielkraut), c'est lui ,
- la poilade débraillée, braguette ouverte, c'est lui,
- la démagogie antichinoise face à un Sarkozy médusé alors qu'aujourd'hui Peugeot est à moitié chinois, c'est lui.
- son cœur qui saignait pour le Tibet, c'est lui (tiens au fait, c'est où le Tibet aujourd'hui ? Ça a changé de place ou quoi ? Ils ont déménagé ?)...
Il nous aura joué de la flûte pendant trente ans et nombre de sourds ou d'oreilles encombrées de cérumen ont pris cette musique pour un art oratoire sublissime.
Flûte et pipeau, faut pas confondre.
Rédigé par : Savonarole | 26 mai 2014 à 13:08
@Tipaza | 26 mai 2014 à 09:02
Que voulez-vous qu'ils disent ? La réalité est contraire à leurs convictions.
"Un jour j'irai vivre en Théorie, car là-bas tout se passe bien"
Le problème est qu'ils s'accrochent... Un certain temps j'ai parlé ici sur ce blog des marées d'équinoxe à venir. Là ils sont nus, sur la plage à marée basse après le reflux.
Des corps morts pour des cormorans.
Monsieur Emmanuelli dans le département des Landes contemplant le désastre du haut de la dune du Pyla : "le FN n'est pas un parti comme les autres".
C'est peut-être pour ça ce résultat... allez savoir...
Mon geste quotidien du matin : la pichenette sur le baromètre.
Cela ne mange pas de pain ni de pin et me donne la tendance.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 26 mai 2014 à 11:07
« Il représente d'abord l'incarnation de ce que je cherche à enseigner avec mon Institut de la parole »
Après la faconde des inutiles, caractérisée par DCB, nous avons eu droit à la logorrhée des impuissants hier soir.
Extrait du discours de Manuel Valls :
« Il faut s'engager vers la baisse de la fiscalité. Il faut de nouvelles baisses d'impôts »
Vous pourriez l’inviter dans votre Institut et lui expliquer que lorsqu’on a le pouvoir, on ne dit pas « Il faut » mais « JE ferai… ce soir, demain, après-demain »…
Quant à Cambadélis, l’incipit de son discours était hilarant.
Je cite :
« Mesdames, Messieurs, Françaises, Français… » (sic)
Il aurait pu continuer, grands, petits, gros, maigres, droitiers, gauchers...
Ah non pas droitiers, gauchers, les gauchers sont minoritaires.
Pas de souci, le chômage ne vous guette pas, il y a tant et tant à faire pour la parole, et je ne parle pas de la gestuelle.
Là aussi un modèle… de ce qu’il ne faut pas faire.
Rédigé par : Tipaza | 26 mai 2014 à 09:02
Encore un septuagénaire, décidément on n'en sort pas...
Pour les obsèques d'Alain Krivine vous devriez commencer déjà à affûter vos Caran d'Ache.
Je comprends bien que nous vivons une "génération gap", mais de là à nous resservir de vieux croûtons tous les quinze jours, ça devient déprimant.
Que la France est vieille !
Rédigé par : Savonarole | 25 mai 2014 à 23:41
M. DCB était très impliqué dans le mouvement étudiant de 1968, il était très talentueux pour haranguer et lancer les mouvements ; mais quand la bagarre devenait chaude et méchante au bout de la nuit, quand les blessés civils et militaires étaient emmenés par des brancardiers, je ne pense pas qu'il était présent.
M. DCB a son immunité parlementaire, il a tous les droits et cela fait vingt ans que cela dure. Il a dit "Ta gueule" au président du groupe socialiste du Parlement européen, il n'a pas été inquiété, tout juste légèrement réprimandé. M. DCB a écrit ses expériences sexuelles avec des enfants, il parvient à faire croire qu'il s'agit de manoeuvres politiques de ses ennemis de droite. M. DCB donne des leçons aux Français, Suisses et Irlandais au motif que ces électeurs n'auraient pas voté comme ils auraient dû, il ne se rend pas compte qu'il est déconnecté de la réalité, qu'il s'agit d'un déni de démocratie.
M. DCB a disserté pendant quarante ans sur les thèmes inépuisables de la révolution permanente. Après avoir fustigé le système, il est temps pour lui de prendre une retraite aux émoluments somptueux payés par les contribuables européens. Je ne le regretterai pas et surtout, j'espère qu'il ne reviendra pas dans quelques mois, d'une manière ou d'une autre.
Rédigé par : vamonos | 25 mai 2014 à 21:31
@ Claggart 25 mai 2014 à 19:43
Le droit je ne sais pas mais la raison c'est sûr ;-)*
Rédigé par : breizmabro | 25 mai 2014 à 20:53
@breizmabro
Gwir eo genoc'h
Rédigé par : Claggart | 25 mai 2014 à 19:43
Curieusement lorsque j'étais une étudiante voulant étudier (en 68) DCD (oups DCB) était, déjà, un olibrius.
J'ai (presque) son âge aujourd'hui, j'ai suivi sa "carrière" et il est resté l'olibrius qu'il était en 68. Point.
Maintenant si vous voulez que ce soit les olibrius qui représentent les Européens ne vous étonnez pas que ceux-ci s'abstiennent.
En même temps quand j'étais étudiante qu'est-ce qu'il nous a fait rire "Connn-belle-bite" comme on disait (sans savoir en vrai:-)) C'est mon seul bon souvenir de "Dany-ma-gueule".
Souvenirs, souvenirs...
Rédigé par : breizmabro | 25 mai 2014 à 16:23
Allons allons Monsieur Bilger, Daniel Cohn-Bendit, Alain Geismar, Jacques Sauvageot dont j'écoutais les discours en Mai 68, n'ont jamais été que des révolutionnaires d'opérette. Certes l'époque était pesante surtout pour les femmes, mais de là à les laisser (les femmes) prendre la tête d'un mouvement, vous n'y pensez pas ! Liberté sexuelle oui, mais pas plus. Le repos du guerrier dans toute sa splendeur. Les ouvriers de l'époque les avaient très vite jugés, pas du même monde et pas pour les mêmes revendications. C'était et ils sont restés des enfants gâtés qui secouaient le joug du Père. Non pas qu'ils aient eu tort mais de là à entonner des dithyrambes, ce sera sans moi.
D.Cohn-Bendit a été et est resté un opportuniste très doué de paroles ronflantes mais sans plus. Et je partage la désagréable impression de Tortuga d'une sexualité pédophile dérangeante.
Rédigé par : Joséphyne | 25 mai 2014 à 15:39
"...le respect de beaucoup et l'adhésion de presque tous, à l'exception de quelques grincheux"
Après une majorité de commentateurs, je fais partie de l'infime minorité des "quelques grincheux" qui n'approuvent en rien ni la verve ni le bagout de ce "champion de l'Europe".
Que cet antisystème constant et déclaré ait fait une aussi belle carrière au sein du système, au cœur-même du système, en dit long sur la décrépitude dudit système...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 25 mai 2014 à 13:54
"DCB a su susciter le respect de beaucoup et l'adhésion de presque tous, à l'exception de quelques grincheux"
Faisant partie de ces grincheux, je ne m'associe pas à ce panégyrique qui retient plus la qualité de la forme que l'analyse du fond réel des idées. Le lyrisme, souvent agréable à l'oreille, n'en rend pas son corpus idéologique plus acceptable pour autant. Et je rejoins les avis de moncreiffe, genau ou Tipaza, ce qui m'évitera de les paraphraser.
Je crains seulement, Monsieur Bilger, que vous donniez une importance excessive à la forme sans aller au détail de l'analyse sur le fond. La parole n'est pas l'essentiel à mon sens, elle reste seconde. C'est bien elle qui a fait d'un Hitler ce qu'il est devenu en subjuguant les foules. Bien loin de moi un quelconque rapprochement avec Dany le Rouge. Mais ce n'est pas parce C-B renvoie une image souriante et faite de rondeur et de bonhomie qu'il faut se laisser séduire par le charme incontestable de l'orateur et du tribun.
Rédigé par : Robert | 25 mai 2014 à 11:46
Avec DCB on privilégie la forme sur le fond. J'ai noté, pour l'avoir entendu à la radio et à l'IFRI sur la Chine, qu'il tenait des propos conformes aux attentes de son auditoire. Exemple, n'ayez pas peur de la Chine, leurs salaires se rapprocheront des nôtres. Les quelques extraits proposés sur ce blog donnent à réfléchir, pour combattre les partis de droite il propose des mesures de rétorsion dignes des périodes noires du communisme.
On l'écoute avec amusement comme on écoutait Georges Marchais, ou comme on attend Mélenchon, c'est-à-dire des gens intelligents capables de tenir des propos absurdes et à la limite de la vraisemblance, permettant ainsi à tout féru de graphe de comprendre les évolutions possibles de tout système de fonctions. Le seul problème c'est que ces gens-là touchent aux fondamentaux de l'économie et de fait à la vie et à la mort de gens qui leur déplaisent.
Rédigé par : Perplexe-gb | 25 mai 2014 à 10:46
Si P. Bilger souhaitait nous écoeurer du Parlement européen il ne s'y prendrait pas autrement avec l'exemple de DCB qui a vécu grassement de sa reconduction sur son siège de député. J'ai toujours considéré cet individu nuisible et dangereux, c'est un libertin décomplexé qui encense l'éveil de la sexualité dès la maternelle, qui glorifie la GPA tout en menant une lutte acharnée contre les OGM. DCB ou l'intérêt supérieur d'une pomme.
Rédigé par : SR | 25 mai 2014 à 10:16
Daniel Cohn-Bendit est un tribun. Un très bon tribun. Cette qualité lui a permis d'intégrer sans vergogne le système combattu quand il était étudiant. On a de l'ambition ou pas !
Il n'est pas le seul ; Barroso commença maoïste avant de devenir l'agent des Etats-Unis en Europe !
Aucun des deux ne laissera grand-chose dans l'Histoire.
Rédigé par : Catoneo | 25 mai 2014 à 09:56
Cohn-Bendit est connu pour son manque de discernement lors de la révolution sexuelle à la fin des années 60, début des années 70.
N'importe qui, aujourd'hui, qui lirait/écouterait ce que disait le Cohn-Bendit de l'époque serait choqué et outré, notamment en ce qui concerne la sexualité entre enfants et adultes.
Un grand homme, c'est un visionnaire, pas quelqu'un d'aveuglé par l'instant qui change d'opinion comme de chemise (sans compter que Cohn-Bendit a toujours refusé qu'on lui rappelle ses idées passées sur le sujet, n'hésitant pas à insulter ceux qui faisaient ressortir ces vérités dérangeantes).
Rédigé par : Tortuga | 25 mai 2014 à 07:49
Il va nous manquer.
C’est une personnalité qui nous fait aimer l’Europe. Il en parle avec fougue, avec conviction.
A contrario, le labyrinthe des institutions ne retient pas l’attention du citoyen : qui s’intéresse au Conseil européen, au Conseil de l’Union européenne, à la Commission européenne, au Parlement européen, à la Banque Centrale Européenne, à la Cour des comptes européenne, au Comité économique et social européen, au Comité des Régions, à la Cour de Justice, au Médiateur… et pourtant, Bruxelles ce n’est pas le bout du monde.
Par ailleurs Dany est beaucoup plus audible par les citoyens que Barroso, Van Rompuy, Ashton, Draghi…
Il faudrait demander à Draghi d’adopter le style Dany. Alors nous pourrions avoir des comptes rendus de la Banque Centrale un peu moins soporifiques.
Rédigé par : jack | 24 mai 2014 à 20:52
@Achille
D C-B va laisser un grand vide au Parlement européen, vide d’autant plus grand que nombre de députés européens ne brillent pas par leur assiduité à participer aux débats qui se tiennent dans cet immense hémicycle.
En ce qui me concerne, je ne vois pas beaucoup d'inconvénients à ce que « nos » députés ne soient pas assidus à des séances telles que celles discutant - à défaut du sexe des anges - du volume d'eau contenu par les cuvettes de W.C ou de la courbure des bananes.
En revanche, il serait inadmissible qu'ils ne soient pas présents pour évoquer des questions dont les enjeux sont lourds de conséquences (Schengen, Frontex, Turquie, Tafta etc.).
Rédigé par : Parigoth | 24 mai 2014 à 20:06
Daniel Cohn-Bendit recourt facilement à l’insulte quand on n’est pas d’accord avec lui.
Oskar Freysinger s’est ainsi vu qualifié de « débile ». Au passage, les lecteurs du Figaro seront heureux d’apprendre qu’ils sont pour les deux tiers d’entre eux des électeurs du Front national. Dixit Dany.
https://www.youtube.com/watch?v=dZoF__ZpR3g
Bruno Gollnisch, qui se souvient l’avoir connu autrefois à la faculté de Nanterre, s’est vu qualifié, avec d’autres, de « crétin fini ».
https://www.youtube.com/watch?v=iCaQj0e3mO8
Quant à Viktor Orbàn, il est tout simplement accusé de faire le jeu du totalitarisme et de l’antisémitisme.
https://www.youtube.com/watch?v=Vxyp2rHWZTA
Rédigé par : moncreiffe | 24 mai 2014 à 20:01
L’éloge d’un bon orateur à un beau parleur.
L’hommage :
Du verbe institutionnel au verbe rebelle.
Du défenseur du droit et de l’ordre établi au trublion professionnel.
Du gardien du Temple au vandale insolent.
De l’ordre qui se veut pérenne au désordre quasi messianique.
À travers les frontières et les choix politiques la parole légale admire la parole bavarde.
Un billet amusant, amusant au sens intellectuel, qui oblige à se poser des questions.
DCB est un beau parleur, hum, je dirais plutôt un beau baratineur. Il a passé sa vie à vendre ses rêves d’adolescent, comme un camelot des foires de villages.
Alors pour qui est sensible au verbiage inutile et parfois nuisible, le personnage peut faire illusion.
DCB cause et cause bien.
On a le droit d’aimer ce genre de personnage. Il m’arrive d’être indulgent pour ceux qui privilégient la forme au fond, même de la part de ceux qui ont vocation à privilégier le fond à la forme.
Par contre je trouve la charge contre C.Taubira sévère et même injuste. Dieu sait que je n’aime pas cette femme, mais il faut lui reconnaître une qualité que n’a jamais eue DCB.
Il faut lui reconnaître le courage d’agir et de se mettre en danger intellectuel dans son action.
Candidate à l’élection présidentielle, ministre de la Justice, elle n’a pas peur d’affronter ses opposants.
Alors lorsqu’elle cite un poète, est-ce qu’elle s’abrite et se protège ou est-ce qu’elle défend et protège son action ? Probablement les deux, mais elle a un bilan à présenter et à défendre.
Une ambiguïté que l’on ne trouvera pas chez DCB, qui n’a rien fait dans sa vie.
Se souvenant qu’il était Allemand quand il fallait faire son service militaire en France, et qu’il était Français quand il s’est agi de se faire élire.
N’ayant jamais eu de vraies responsabilités et même les fuyant, il a trouvé au Parlement européen une chilienne (*) sur laquelle il s’est reposé avec de grandes envolées lyriques parfaitement inutiles.
Je me demande si son adhésion à l’Union européenne ne traduit pas plus la volonté de détruire des États que de construire une Europe. Il n’a existé que dans l’opposition au système quel qu’il soit.
Je vais jouer un rôle que j’aime bien, celui d’un psy à quatre sous. Les vrais sont plus chers.
Je me demande si l’admiration de Philippe Bilger pour DCB n’est pas l’expression de l’admiration qu’il porte en lui pour l’adolescent qu’il aurait aimé être.
À l’heure des bilans, ce ne sont pas les échecs que l’on regrette, ce sont les audaces refoulées.
Enfin ce que j’en dis.
(*) En parlant de chilienne, je parlais d’une chaise longue, évidemment.
Rédigé par : Tipaza | 24 mai 2014 à 19:25
Eh bien, tout cela nous fait une belle jambe.
Au fait, là, entre nous, à part brûler les planches (au figuré, monsieur le juge, au figuré, quoique...), qu'a fait M. Cohn-Bendit ?
Si je ne m'abuse c'est d'une part faire des moulinets et d'autre part feinter de quarte pour attaquer en tierce. Un jeu, en quelque sorte.
Rédigé par : genau | 24 mai 2014 à 18:58
Bonjour Philippe Bilger,
« Il représente d'abord l'incarnation de ce que je cherche à enseigner avec mon Institut de la parole. Il est l'exemple même de ce que la liberté et la spontanéité inventent, pour le meilleur, dans un monde où le tiède et le conventionnel dominent pour le pire. »
On peut contester les idées de D C-B, mais il les présente avec une telle conviction, mêlée souvent d’un lyrisme un brin grandiloquent qu’on ne peut s’empêcher d’apprécier l’orateur.
Cette faconde, cette improvisation souvent acrobatique est le privilège de ceux qui savent tenir un auditoire même si celui-ci n’est pas tout acquis à sa cause.
Cela nous change des discours fastidieux de certains députés européens qui lisent laborieusement leur texte que la plupart du temps ils n’ont même pas écrit eux-mêmes.
D C-B va laisser un grand vide au Parlement européen, vide d’autant plus grand que nombre de députés européens ne brillent pas par leur assiduité à participer aux débats qui se tiennent dans cet immense hémicycle.
S’il en est un qui pouvait encore convaincre du rôle des élus européens c’était bien lui. Bien souvent on ne s’aperçoit de l’importance d’une personnalité politique que lorsqu’elle tire sa révérence.
Salut Dany, on n'était pas souvent d'accord, mais je t'aimais bien.
Rédigé par : Achille | 24 mai 2014 à 17:41
@Surcouf
il incarne assez cette vision qui refuse par principe le monde qu'on nous impose, qui choisit la liberté au dogme.
Êtes-vous sûr qu'il ne choisit pas, comme tant de faux rebelles, la liberté des gardiens du mirador et qu'il ne s'aligne pas sur leur dogme, qui est grosso modo celui de la « bien-pensance » selon les idées à la mode ?
Rédigé par : Parigoth | 24 mai 2014 à 17:17
Donc Daniel Cohn-Bendit parle avec fougue et passion, son éloquence spontanée entraîne et auprès de lui, les hommes politiques font pâle figure. Soit, si vous y tenez.
Mais qu'est-il sorti de positif de tous ces discours, de toutes ces controverses enflammées et de toutes ces théâtrales tirades ?
Ah ! certes, si vous considérez que le fonctionnement actuel de l'Europe est satisfaisant, si à vos yeux le fait de ne pas vouloir que la France se dissolve dans le grand marché atlantique dont on nous menace est "une frilosité", reprenant ainsi à votre compte une serinette dont nul ne se donne la peine de démontrer clairement la vérité, alors on conçoit votre éclatante admiration pour l'ancien meneur de Mai 68.
Mais permettez tout de même, sans en venir à traiter quiconque du nom de "grincheux", qu'on soit un peu plus circonspect et qu'avant de donner dans cet enthousiasme que rien, vraiment dans la situation actuelle de notre pays et du continent ne justifie, on puisse exprimer librement quelques doutes sur la sincérité et sur l'utilité de l'homme que vous encensez.
J'y vois quant à moi un excellent acteur, si plein de son rôle et si ébloui par les feux de la rampe qu'il finit par croire à ce qu'il dit, mais changeant, ondoyant, peu fiable et somme toute, assez inutile.
Que son éloquence de bateleur un brin surjouée vous séduise au point de vous faire oublier tout le reste est un effet de la médiocrité accablante du personnel politique au sein duquel, c'est vrai, Cohn-Bendit parvient sans grand mérite à se faire remarquer.
Rédigé par : Frank THOMAS | 24 mai 2014 à 17:08
Moi je l'aime assez, DCB.
Non pas que j'adhère à l'ensemble de ses idées mais le côté libertaire me semble être quelque chose de nécessaire pour nous tous et il incarne assez cette vision qui refuse par principe le monde qu'on nous impose, qui choisit la liberté au dogme.
C'est assez égoïste mais le plus important c'est l'individu et non la société dans laquelle il évolue. Le côté poil à gratter que représente DCB est assez vivifiant.
Rédigé par : Surcouf | 24 mai 2014 à 15:34
Papy Dany étant dorénavant à la retraite, il pourra peut-être s'assagir pour ne pas revenir à ses démons, j'allais dire ses obsessions, à moins qu'il veuille faire de la résistance.
Le derviche tourneur fait surtout mal à la tête. "Que de la gueule" on dirait ici. Pour ne parler que de la figure.
Extrait de Wikipédia :
"Les étudiants de ce qui allait devenir le Mouvement du 22-Mars passent une année à diffuser leurs idées sur la liberté sexuelle et sur les "névroses" qu'induit le manque de liberté dans ce domaine et dans d'autres. En janvier 68, Cohn-Bendit interpelle François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports, qui inaugure la nouvelle piscine de Nanterre, sur son Livre blanc sur la jeunesse : "Monsieur le ministre, j’ai lu votre Livre blanc sur la jeunesse. En trois cents pages, il n’y a pas un seul mot sur les problèmes sexuels des jeunes". A quoi le ministre répond : "Avec la tête que vous avez, vous connaissez sûrement des problèmes de cet ordre. Je ne saurais trop vous conseiller de plonger dans la piscine". "Voilà une réponse digne des Jeunesses hitlériennes" répond Cohn-Bendit.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 24 mai 2014 à 14:10
@moncreiffe
Vous faites un usage indiscriminé du mot "libéral". Si Cohn-Bendit est libéral (ultra, comme de bien entendu), je suis évêque.
Rédigé par : Franck Boizard | 24 mai 2014 à 12:43
J’admets volontiers que le terme « libéral » est trop vague. Pour je ne sais quelle raison technique, mon commentaire avait été amputé de sa deuxième partie.
En voici quelques exemples gratinés :
http://www.ladecroissance.net/?chemin=textes/daniel-cohn-bendit
Tartuffe quitte enfin la vie politique ? Tant mieux. Bon débarras.
Pour être précis, j’entends le terme « libéral » appliqué à Daniel Cohn-Bendit en deux sens : libertaire (je fais ce que je veux, quand je veux, où je veux et avec qui je veux, sans me soucier des autres !) et surtout néo-libéral (autrement dit adepte de la vieille théorie néo-classique de l’économie, celle qui est aujourd’hui encore enseignée telle un credo indépassable dans les universités et les grandes écoles).
Daniel Cohn-Bendit (alias Tartuffe) s’est prononcé plus d’une fois en faveur de la privatisation de certains services publics (notamment La Poste), du travail le dimanche (alors qu’il n’a jamais travaillé un seul jour de sa vie) et de la délocalisation de l’industrie automobile, entre autres exemples.
Rédigé par : moncreiffe | 24 mai 2014 à 13:24
"Christiane Taubira, unique objet de mon ressentiment."
d'après Corneille, Horace, acte IV, scène 5
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 24 mai 2014 à 12:54
Vous vous doutez de ma réaction : je ne supporte pas Cohn-Bendit. Il représente tout ce qui déraille en France, cette adolescence attardée après 60 ans.
Le personnage, certes, mais ses idées ? Tout ce que j'abhorre.
@moncreiffe
Vous faites un usage indiscriminé du mot "libéral". Si Cohn-Bendit est libéral (ultra, comme de bien entendu), je suis évêque.
Rédigé par : Franck Boizard | 24 mai 2014 à 12:43
Monsieur Bilger,
Je peux comprendre que vous soyez sensible aux qualités d’orateur passionné de Daniel Cohn-Bendit. Mais vous passez à côté de l’essentiel : ses convictions (ultra) libérales.
En voici quelques exemples gratinés :
http://www.ladecroissance.net/?chemin=textes/daniel-cohn-bendit
Tartuffe quitte enfin la vie politique ? Tant mieux. Bon débarras.
Rédigé par : moncreiffe | 24 mai 2014 à 11:57
L'ironie, la moquerie, le sarcasme aussi, non pas comme une dégradation, une vulgarité mais au contraire tels une poussée, une excitation ou une respiration.
Philippe Bilger reconnaîtrait-il les mêmes qualités au discours de Jean-Marie Le Pen, qui lui aussi aime bien sortir des discours convenus pour réveiller l'opinion ?
Rédigé par : Parigoth | 24 mai 2014 à 11:38