Le 24 juin, les 17 juges de l'assemblée du contentieux du Conseil d'Etat rendront leur décision sur le maintien en vie ou la mort de Vincent Lambert.
Le rapporteur public Rémi Keller, pour cette affaire hors du commun selon ses propres termes, a préconisé dans ses conclusions un arrêt des traitements et donc la mort de Vincent Lambert, contre le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui avait ordonné, au contraire, leur maintien.
J'entends bien que le rapporteur public a souligné que "le traitement dont il bénéficie n'a pas d'autre effet que de le maintenir artificiellement en vie, emmuré dans sa nuit de solitude et d'inconscience" (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro).
Pour ce tétraplégique de 39 ans en état végétatif chronique, il conviendrait donc de mettre fin à ce qui, selon le sens commun et la majorité des avis médicaux, ne serait plus une vie digne de ce nom.
On comprend bien pourquoi, au-delà de l'analyse technique et juridique, Rémi Keller s'est attaché à décharger les juges de toute mauvaise conscience dans le cas où ils valideraient et suivraient son point de vue et à exprimer aux parents de Vincent Lambert sa compréhension et sa compassion dans la mesure même où il s'est opposé à leur désir de voir sauvegardée, même dans ces conditions, l'existence de leur fils.
Cette gêne, ce malaise perceptible du rapporteur public ne sont-ils pas ceux du citoyen ayant appris que d'une certaine manière certes honorable et légitime et à des fins admissibles, cet éminent représentant de la justice administrative avait tout de même "requis" la peine de mort de Vincent Lambert ?
Les subtilités, pour tenter de dissimuler la nudité brutale de cette conclusion sous une apparence faisant de l'arrêt des traitements une mesure de salubrité humanitaire et médicale, comme s'il s'agissait d'un simple débranchement technique, ne sont pas très convaincantes et révèlent que, quoi qu'on en ait, il est dérangeant devant un souffle de vie prolongé, même réduit à sa plus simple expression, de souhaiter sa fin. On met son intelligence et son savoir au service de l'adieu quand tout, au contraire, les prédispose à la lumière.
Sans tomber dans le grandiloquent, au-delà de la problématique qui passionne et excite les spécialistes de la fin de vie, j'éprouve comme un effroi devant ce qu'avec la meilleure volonté du monde, le droit et la pitié mêlés pourraient avoir comme conséquences négatives. Si, par exemple la porte de cette affaire Lambert ouverte, on ne savait plus la refermer et si on abusait d'une forme de compassion qui trouverait toujours de quoi se justifier sur le plan médical, et trop prompte à l'irréversible ?
Surtout j'avoue que, face à un aussi tragique dilemme que celui mettant aux prises les parents de Vincent avec son épouse, son neveu et une partie de ses frères et soeurs, il me semble que précisément la solution serait de trancher non pas en faveur de l'abolition mais, aussi terriblement limitée qu'elle soit, pour la vie. Sur les plateaux de la balance, ne serait-il pas prudent, dès lors qu'une contestation profonde oppose la famille et les proches de l'être dont le sort est en suspens, de privilégier l'attentisme sur l'un au détriment de l'irrémédiable sur l'autre au nom de ce double constat : la dispute est le signe éclatant de l'interrogation et de la difficulté d'y répondre et, s'il le faut, comment opter pour la cause qui, au moins superficiellement, est la moins conforme à nos principes, la plus transgressive ?
Impossible de réagir autrement que sur la pointe de l'esprit et du coeur en n'étant sûr de rien et en n'enviant pas les juges qui dans très peu de temps devront donner raison à ceux qui veulent maintenir coûte que coûte Vincent Lambert parmi nous - végétatif peut-être mais présent, insensible mais source chaude, encore, d'émotion et de tendresse - ou à ceux qui ne supportent plus de le voir, de le savoir ainsi.
Sans mauvaise foi d'un côté ou de l'autre, les uns pensent à eux d'abord, les autres à lui essentiellement.
Le 24 juin, s'il y a un arrêt de mort miséricordieux, la joie ne sera nulle part.
Un juge a trouvé lumineux de contraindre Marine Le Pen à une expertise psychiatrique, on se demande pourquoi la mère du malheureux Lambert n’est pas mise sous camisole de force. Il y a urgence.
Les « catholiques zombies » (Emmanuel Todd)...
Rédigé par : Savonarole | 04 juillet 2019 à 11:59
En disant "les uns pensent à eux d'abord, les autres à lui essentiellement", vous portez indirectement un jugement sur l'attitude des deux parties de la famille, semblant désapprouver l'une d'elle dans la mesure où elle serait égoïste ("les uns pensent d'abord à eux"), mais laquelle?
Il est possible que la partie qui souhaite le maintien en vie soit mue par l'égoïsme, préférant un enfant en vie à la douleur de vivre la perte d'un enfant, et il est possible que la partie qui souhaite la fin de l'alimentation soit mue par la volonté d'épargner à Vincent Lambert la douleur qui pourrait être la sienne de vivre en simple spectateur de la vie. On peut concevoir qu'une personne souffre dramatiquement de ne vivre la vie qu'avec les yeux. Je souscris en revanche à l'idée selon laquelle dans le doute il vaut mieux s'abstenir, on ne donne pas la mort à la légère, et j'ai été très mal à l'aise lors de l'annonce de la décision du Conseil d'Etat ; j'ai bien conscience qu'il faille une personne pour trancher ce douloureux contentieux mais je me demande si cette décision revient à l'Etat et à la Justice, ayant ressenti avec gêne qu'une "peine" de mort venait d'être prononcée. Je me demande du coup s'il n'y aurait pas des contentieux si intimes et douloureux que l'intervention de l'Etat perd sa légitimité, devant s'effacer face aux personnes directement concernées.
Rédigé par : kalanchoe | 26 juin 2014 à 23:20
Mais le médecin n'est pas obligatoirement bon et intelligent, il peut être méchant, vicieux, incompétent, sectaire, etc.
Vous touchez là du doigt un point essentiel.
Les formations dispensées de nos jours dans divers domaines sanctionnent par des « diplômes » des compétences techniques, en faisant l'impasse sur les qualités personnelles et morales indissociables de l'exercice de certaines professions.
C'est bien entendu le cas pour les médecins, mais ça l'est aussi pour les magistrats, les fonctionnaires de police, les enseignants et même les journalistes, etc.
Et dans certains cas nous pouvons nous retrouver sous la coupe de crapules diplômées qui peuvent pratiquer l'abus d'autorité avec cynisme.
Comment faire pour que notre société puisse remédier à ce travers ?
Rédigé par : Parigoth@Franck Boizard | 26 juin 2014 à 12:18
Affaire Vincent Lambert et Conseil d'Etat.
J'ignorais que le Conseil d'Etat, haute juridiction administrative, était compétent en matière de justice "sociétale" ou de choix de la fin de vie (qui n'est pas la "condamnation à mort" comme l'écrivent certains "médiateux") par les parents ou l'épouse du malade, ou par les médecins.
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Je suggère que l'on institue une Commission civile juridictionnelle régionale pour décider de l'application du droit de mourir dans la dignité, qui serait saisie par le corps médical et/ou la famille, à l'initiative des membres de l'un ou de l'autre.
Rédigé par : Arobase du Ban | 26 juin 2014 à 00:39
@Franck Boizard
L'humour noir permet de supporter mieux l'horreur.
Une dernière réflexion sur les médecins : comment peuvent-ils savoir que Vincent Lambert, une fois cessé l'acharnement thérapeutique qui consiste selon eux à... le nourrir, mettra de trois à cinq jours à mourir ? On l'a déjà débranché pendant un mois, et il a survécu. On sait très bien qu'on peut survivre plusieurs semaines sans nourriture. Cela veut dire pour moi qu'ils voulaient dans la sédation inclure une potion pour accélérer le tout. Euthanasie et non loi Leonetti.
Rédigé par : Sandrine | 25 juin 2014 à 22:10
@ Sandrine
Le fait de considérer la nutrition comme un acharnement thérapeutique a permis un peu d'humour noir sur Twitter du genre "Chérie, où as-tu mis la carte Vitale ? Je vais chez le boucher."
Rédigé par : Franck Boizard | 25 juin 2014 à 18:44
@Valérie
Désolée, votre dernier commentaire est trop énigmatique pour être compris.
Laissons les mères de côté, il s'agit de Vincent Lambert. Je note que la parole de Vincent Lambert au sujet de l'acharnement thérapeutique n'a rien de sûr, juste les affirmations de ceux des membres de sa famille que ça arrangerait, c'est un peu court. Je note aussi que l'alimentation est mise au rang de produit pouvant maintenir la vie artificielle et cela me semble gravissime.
On pourra donc à l'avenir dire qu'un tel ou un tel a dit que... et de ce fait le priver de nourriture.
Je note enfin que ce cas fera jurisprudence malgré les affirmations des juges.
Tout cela est très inquiétant.
Rédigé par : Sandrine | 25 juin 2014 à 15:48
Il faudrait un jour que nous ayons un débat sur la place des médecins dans la société.
J'ai quelquefois l'impression qu'ils tiennent la place des prêtres disparus.
Je rappelle que le médecin n'est qu'un homme, qu'il y a toujours des médecins complices des pires horreurs. Mengele et compagnie...
"Le médecin le dit", certes. Mais le médecin n'est pas obligatoirement bon et intelligent, il peut être méchant, vicieux, incompétent, sectaire, etc.
Il n'y a pas de surhomme, même après dix ans d'études.
Rédigé par : Franck Boizard | 25 juin 2014 à 13:14
Rédigé par Dame Sandrine le 24 juin 2014 à 18:29
"...C'est pourtant une réalité, qui vous permet d'être en vie aujourd'hui, même si vous la vilipendez. Sans votre mère vous ne seriez pas là..."
Pour conclure cet echange hors-sujet... nul doute que les petites Fiona, Marina et Typhaine (et autres victimes anonymes et/ou non repertoriees), eussent-elles eu la benediction d'atteindre l'age adulte, auraient approuve votre affirmation.
Quant a l'adage "Mer*e un jour, mer*e toujours"... la neuvieme lettre de l'alphabet (sens inverse) peut, en certaines circonstances, y etre inseree.
Voila, je retourne me plonger dans ma lecture et dans la torpeur estivale ambiante... Bel ete a toutes et tous !!
Rédigé par : Valerie | 25 juin 2014 à 13:00
@ RF
Deux remarques pour alimenter la réflexion :
1) Les médecins ne sont que des hommes, avec leurs faiblesses. Cette affaire Vincent Lambert a été l'occasion de faire sortir dans la presse des articles sur les relations entre la médecine, l'éthique, la morale et la technique.
Certains médecins pensent par exemple que cesser d'alimenter Vincent Lambert, c'est trahir le serment d'Hippocrate.
2) Le fait que la décision soit collégiale ne me rassure pas, elle m'inquiète. La collégialité favorise la dilution de la responsabilité et les effets de groupe. Je sais bien que c'est la procédure des jurys d'assises, mais cela ne signifie pas qu'elle est sans défaut.
C'est en fonction de ces réflexions que je préfère la situation antérieure : donner la mort à un malade est un crime qui doit être jugé.
Ainsi, dans l'esprit du médecin, les arguments émotionnels sont contrebalancés par la peur du procès.
Mon système n'est pas parfait, c'est en partie hypocrite, mais l'hypocrisie est un ingrédient indispensable de la civilisation.
C'est dans les interstices de l'hypocrisie, dans les ombres du clair-obscur, que peuvent s'exprimer toutes les nuances, les complexités des relations humaines et la liberté.
A mes yeux, le prurit législatif du monde moderne est un des nombreux symptômes de décivilisation.
Il n'y a que des barbares pour croire qu'il faut tout codifier.
Rédigé par : Franck Boizard | 25 juin 2014 à 10:58
@ RF
"Je crois qu'il serait indécent de soupçonner les médecins de vouloir éliminer un être gênant, un être encombrant, un être qui leur complique l'existence parce qu'il les met en échec."
Vous me prêtez des arrière-pensées que je réfute ici. Les médecins se sont penchés sur le cas de Vincent Lambert en accord avec l'épouse et certains membres de la famille, et se sont prononcés en toute bonne foi. Leur rigueur scientifique les conduit à considérer qu'un être dans l'état de Lambert ne doit pas survivre.
C'est leur opinion, médicale, mais dépourvue d'humanité. Sans compter que les connaissances scientifiques au sujet du coma ne sont pas suffisamment avancées pour que le doute ne profite pas à Lambert.
Que le Conseil d'Etat prononce un arrêt de mort me choque, et je comprends la réaction des parents.
Rédigé par : Camille @ RF | 25 juin 2014 à 10:22
"La Cour européenne des droits de l'homme a demandé en urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, contre l'avis rendu par le Conseil d'Etat. Une décision humaniste, contre celle, barbare, du Conseil d'Etat, dont la vocation première ne devrait pas consister à céder aux blouses blanches. Qui ne sont jamais omniscientes, quoi qu'elles en disent", dites-vous à la hâte.
Première remarque : la Cour a demandé au gouvernement français de faire suspendre l'exécution de l'arrêt pour la durée de la procédure devant la Cour.
En effet, quoi de plus normal que de demander dans l'urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, le temps que la Cour examine le dossier et rende sa décision ?
Vous ne voudriez tout de même pas que Vincent meure avant que la Cour se soit prononcée sur son avenir ?
Deuxième remarque : les blouses blanches en savent infiniment plus que nous tous ici sur le corps humain et sur son fonctionnement. J'observe que certains commentateurs se défoulent assez facilement sur le corps médical. Serait-ce parce que les médecins n'ont pas encore trouvé le moyen d'être Dieu à la place de Dieu ? Moi, je préfère me convaincre que les médecins font tout ce qu'ils peuvent pour sauver les vies.
Troisième remarque : ce n'est pas UN médecin, NI DEUX médecins, qui ont donné leur appréciation de la situation, mais DIX médecins ! Un collège de sept médecins à Reims il y a quelques mois plus un autre collège de trois médecins neurologues, formé plus récemment pour éclairer le Conseil d'Etat. Je crois qu'il serait indécent de soupçonner les médecins de vouloir éliminer un être gênant, un être encombrant, un être qui leur complique l'existence parce qu'il les met en échec.
Rédigé par : RF @ Camille | 24 juin 2014 à 23:35 | 25 juin 2014 à 03:13
La Cour européenne des droits de l'homme a demandé en urgence le maintien en vie de Vincent Lambert, contre l'avis rendu par le Conseil d'Etat.
Une décision humaniste, contre celle, barbare, du Conseil d'Etat, dont la vocation première ne devrait pas consister à céder aux blouses blanches. Qui ne sont jamais omniscientes, quoi qu'elles en disent.
Rédigé par : Camille | 24 juin 2014 à 23:35
"On va débrancher tout le monde..."
@ Sandrine | 24 juin 2014 à 18:29
Vous avez réussi à me mettre France Gall dans la tête...
Rédigé par : Alex paulista | 24 juin 2014 à 22:30
@ Valérie
"je n'en peux plus de ce verbiage sur l'amour maternel..."
C'est pourtant une réalité, qui vous permet d'être en vie aujourd'hui, même si vous la vilipendez. Sans votre mère vous ne seriez pas là.
@catherine A
IVG, GPA, PMA et euthanasie ont un dénominateur commun : le désir qui se fourvoie et qui devient premier, aux dépens de la raison. En l'occurrence, ne croyez-vous pas que ce sont les gens de votre camp qui essaient d'imposer leurs vues aux autres ?... Et qui y réussissent.
@RF
Pourquoi voulez-vous légiférer ?... La prochaine affaire de ce type est déjà solutionnée. On va débrancher tout le monde allègrement, les prématurés, les grands handicapés, les accidentés de la route, les vieux, ceux qui toussent trop, ceux qui ne toussent pas assez, ceux qui déplaisent... c'est pratique pour une civilisation qui cultive la honte de soi, la négation de ses valeurs, la culpabilisation, et cherche à se saborder.
Alea jacta est.
Rédigé par : Sandrine | 24 juin 2014 à 18:29
Je ne suis pas surpris de la décision du Conseil d'Etat : elle valide mon opinion sur notre société et son évolution.
J'en profite pour signaler quelques lectures intéressantes :
> l'entretien de Philippe Pozzo di Borgo à Ouest-France.
> l'article d'Anne-Laure Bloch dans Le Figaro sur les dérives technicistes de la médecine.
> Le scaphandre et le papillon, de Jean-Dominique Bauby. Bauby, entièrement paralysé sauf une paupière, a dicté son livre par des clignements d'oeil. Il était conscient, mais il a fallu du temps pour qu'on s'en aperçoive.
Rédigé par : Franck Boizard | 24 juin 2014 à 17:31
Voilà, c'est fait.
Le crime d’État a été légalisé.
Au suivant.
Rédigé par : Parigoth | 24 juin 2014 à 16:53
Sandrine les mots ont un sens. Pour qui veut faire une démonstration, j'aurais tendance à penser que les utiliser à bon escient est un devoir. Comme il est un devoir d'être honnête et de ne pas mélanger IVG et GPA.
Vous avez le droit de penser ce que vous voulez mais le devoir de ne pas imposer aux autres vos choix de vie. Ou de mort. L'euthanasie est souvent, comme l'a écrit François de Closets dans un essai passionnant, l'ultime liberté.
Rédigé par : Catherine A. Sandrine, un droit n'est pas un devoir. | 24 juin 2014 à 14:18
En saisissant en urgence la Cour européenne, les parents de Vincent Lambert rendent-ils service à leur pauvre fils ?
Son calvaire doit-il continuer ?
Rédigé par : Jabiru | 24 juin 2014 à 13:20
Sandrine,
Voyez vous-même les conséquences de cette sinistre affaire : une famille déchirée, un procès qui n'en finit pas, des médecins désabusés. Ce qui arrive à Vincent Lambert et à sa famille nous oblige à avancer sur le terrain législatif et judiciaire, qu'on le veuille ou non, et toutes les idées sont les bienvenues. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et fermer les yeux en attendant la prochaine affaire de ce type. Car il y en aura d'autres, des affaires comme celle-ci, soyez-en certaine. La volonté du patient me paraît donc primordiale pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Il faudrait prévoir effectivement que la personne puisse changer d'avis au cours de son existence. Rien ne doit être immuable et il faudrait envisager de prendre en compte la dernière volonté du patient.
Rédigé par : RF | 24 juin 2014 à 12:17
La femme est propriétaire de son corps mais pas de l'enfant à naître conçu par ses deux parents. Il est donc aberrant que le père de l'enfant à naître n'ait pas un pouvoir de décision égal à celui de la mère, qu'il soit marié ou vive maritalement, d'autant plus si dans ce dernier cas il a fait une reconnaissance anticipée.
Cette atteinte au droit à la paternité est donc non seulement choquante et barbare mais profondément injuste.
Quant aux droits de l'enfant (avant comme après sa naissance) certains devraient bien relire la charte universelle s'y rapportant avant de poursuivre sur leur idée fixe d'un prétendu "droit à l'avortement" qu'ils confondent allégrement avec le "droit de l'avortement".
Rédigé par : Mary Preud'homme | 24 juin 2014 à 12:16
Rédigé par Dame Sandrine le 24 juin 2014 à 10:34
"...il faut, à l'avance, crier "casse-cou" ..."
Ouille...
J'en peux plus de ce verbiage sur l'amour maternel : "...De plus un enfant non désiré est parfois par la suite le plus aimé..."
Besoin de prendre l'air...
Rédigé par : Valerie | 24 juin 2014 à 12:11
Monsieur Bilger,
En ce moment les juges sont peut-être en train d'examiner les arguments qui seront pertinents pour décider si Vincent Lambert a le droit ou non de continuer à vivre.
En lisant, en plus de votre blog, tous les commentaires qu'il a suscités, je suis frappée de l'intensité de chacun d'entre eux, comme si chacun des participants se sentait personnellement concerné.
La Vie, la Mort, l'Eternel au chapitre 3 de la Genèse, verset 24, place des chérubins à l'épée de feu pour garder l'arbre de Vie qui les symbolise.
Ce questionnement ne date pas d'aujourd'hui.
Rédigé par : marie dumont | 24 juin 2014 à 11:56
Apres une lecture attentive, mis a part les commentaires de cette nuit et de ce jour, personne n'a (semble-t-il) note l'analogie de ce cas... avec celui ayant defraye la chronique il y a plus d'une dizaine d'annees.
Notons que la personne mentionnee porte le meme prenom et la consonance du patronyme est tres similaire.
Effroyable traquenard me(r)diatique dans lequel se trouve, involontairement, piege ce patient qui devrait avoir droit, avant toute chose, a la confidentialite de son traitement.
"Famille, je vous aime" comme l'actualite vient encore nous le rappeler...
Rédigé par : Valerie | 24 juin 2014 à 11:45
@Garry Gaspary
Mais le problème avec vous c'est que vous ne m'apprenez rien !...
Les membres de l'Eglise qui ont condamné l'avortement de la petite Brésilienne auraient mieux fait de garder le silence a posteriori et se sont discrédités par leur manque de charité et d'empathie. Rien à voir avec le Christ qui dit à la femme adultère "va et ne pèche plus".
Mais quand on voit le laxisme sexuel ambiant il faut, à l'avance, crier "casse-cou" et essayer de responsabiliser les gens. L'acte sexuel engage notre responsabilité, que cela nous plaise ou non.
Oui la dignité de l'homme existe dès lors que celui-ci est vivant, c'est une évidence et vous n'avez pas à faire de discrimination entre les vivants. Ils ont tous droit à notre considération. Mais si vous ne savez pas distinguer l'homme du rat ou pire d'une mécanique, on ne peut rien pour vous.
NB : l'expérience de la majorité des femmes est qu'elles sont attachées à leur enfant dès qu'elles se savent enceintes et que leur premier réflexe est de le protéger, même quand elles n'avaient pas prévu cette grossesse. L'avortement n'est donc pas dans la norme, il n'est pas naturel, et c'est bien ce que disait Simone Veil en 1975 dans sa loi, qui devait rester une exception et non devenir une effrayante banalité. Plutôt que d'encourager l'avortement, et d'en faire un droit (!) la société ferait mieux de soutenir les femmes enceintes, surtout à notre époque de dénatalité !
De plus un enfant non désiré est parfois par la suite le plus aimé. Le désir ne devrait pas être considéré comme source de légitimité (ça aboutit aux dérives que sont l'IVG, la PMA, la GPA...).
Rédigé par : Sandrine | 24 juin 2014 à 10:34
@ Parigoth
Bon, si vous voulez, mais cela procède d'un refus d'hypothèse. Je ne fais qu'interroger ; "les chaumières" est aussi un rabaissement de vocabulaire pour déclasser une éventualité qui, comme une autre, mérite qu'on l'évoque.
Comme je n'ai pris aucune position sur le sujet de fond, rien ne permet de critiquer l'exploration du sujet.
Quant aux juges et le recours, c'est une vérité objective. Les juges administratifs n'ont jamais guillotiné personne et ils sont bien les seuls à avoir enfoncé dans les flancs du pouvoir politique le sens profond de la légalité (Arrêt Robin, Canal, Godot) dont M. Bilger se souvient nécessairement, en annulant une sentence judiciaire.
@anne-marie marson
Enfin, sur la disparition de l'espèce humaine, c'est une évidence, exclusion faite de son acharnement à créer les conditions de celle-ci, avec la conscience qu'on pourrait faire autrement. C'est une autre histoire qu'il n'est pas pertinent de rattacher au cas Lambert, simple incise.
Puisqu'il faut prendre position, eh bien, je ne sais pas ce qu'il faut faire dans le cas présent, sauf peut-être revoir Rollerball.
Rédigé par : genau | 24 juin 2014 à 10:01
Merci pour cette analyse...
Marie de Hennezel avait déjà souligné l'hypothèse que vous soulevez :
"Sans mauvaise foi d'un côté ou de l'autre, les uns pensent à eux d'abord, les autres à lui essentiellement."
Ce que j'ai déjà pu vérifier de près...
Rédigé par : Francis | 24 juin 2014 à 09:58
@ Sandrine
Je suis ravi d'apprendre que vous avez des enfants tous désirés et tout aussi ravi de vous apprendre que les femmes qui avortent ne désirent généralement pas l'enfant qu'elles portent, que la contraception n'est jamais sûre à 100 %, et que personne de toutes façons ne la conseillerait raisonnablement à, pour l'exemple, la petite Brésilienne de neuf ans qui a défrayé assez récemment la chronique en se retrouvant enceinte après avoir été violée par son beau-père et à qui l'Eglise demandait la même "responsabilité d'assumer sa grossesse" que vous évoquiez, alors même que cette grossesse mettait sa vie en danger.
Et si la dignité de l'homme se situe dans le simple fait d'être vivant, ou d'avoir, pour reprendre les mots d'Anne Lys, un organisme qui fonctionne parfaitement, alors un rat est aussi digne qu'un homme, et je me demande même si ma voiture neuve n'est pas plus digne que certains organismes humains cancéreux. N'étant pas assez matérialiste pour être cynique, je préfère pour ma part rechercher la dignité de l'homme dans ce qui le différencie du rat ou d'un simple mécanisme fonctionnant parfaitement, plutôt que dans ce qui l'en rapproche.
Enfin, pour répondre aux quelques fanatiques présents ici à jamais friands de fantasmes apocalyptiques et qui nous parlent d'Hitler ou d'eugénisme, je dirais que de la même façon que son droit à avorter n'a pas empêché Sandrine d'avoir des enfants ou qu'il respecte la liberté de conscience des médecins, son droit à mourir dans la dignité n'empêcherait personne de la maintenir en vie si telle est sa volonté.
Rédigé par : Garry Gaspary | 24 juin 2014 à 09:37
Il y a manifestement une lacune dans nos institutions. De même que chaque citoyen est tenu d'avoir une carte d'identité il devrait être tenu d'avoir une mention de ses volontés dans l'éventualité d'une situation semblable à celle-ci.
Il est vrai que sans ces volontés nous sommes dans l'impasse. Et comme presque toujours nous en prenons conscience lorsqu'il est trop tard pour avoir une solution satisfaisante.
Rédigé par : lucterius | 24 juin 2014 à 09:31
@ anne-marie marson
Je voudrais ajouter que le débat intime du juge n'est pas celui du médecin.
La ligne d'horizon du médecin est son patient, tout se joue dans cette relation on ne peut plus singulière (le colloque singulier), d'homme à homme ; la ligne d'horizon du juge est l'application de la loi, la référence sociale et collective, notre bien commun.
Le rapporteur public, s'adossant à la loi Leonetti, a estimé que poursuivre l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert relève de l'obstination déraisonnable.
C'est à ce questionnement que doit répondre le juge et transcendant son interrogation, sa réflexion et sa décision portent les conséquences pour la société tout entière.
Oui, Madame Marson, comme vous, j'approuve chaque mot, chaque phrase du billet.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 24 juin 2014 à 08:37
J'ai attentivement lu votre billet (mais pas les commentaires aussi fournis que nombreux, demain sans doute).
D'accord avec vous, je regrette cependant que vous n'ayez pas noté la coïncidence avec le procès Bonnemaison. D'un coté le dépressif tout-puissant, dont les médias n'omettent pas de mettre en avant sa charmante épouse ("cocue magnifique" pour rappel, ce qui en dit long sur l'exemplarité morale de l'individu...), de l'autre un homme dont la souffrance, potentielle mais fort probable comme vous le dites, restera ignorée.
En bref, d'un côté la mort assurée d'une victime sans défense propre et de l'autre probablement quelques mois avec sursis pour un individu qui aura non seulement trahi son serment mais un encouragement, presque une légitimité, aux partisans de la "mort bureaucratique".
Encore beaucoup à dire sur ce que tout cela traduit de notre monde, mais il est tard et j'ai déjà été trop long
Merci de votre blog, et tout spécialement ici, de votre combat pour une vraie défense de l'humain. Hélas...
Rédigé par : DC | 24 juin 2014 à 02:45
Votre commentaire fait du bien Sandrine.
Tout ceci me rappelle ce qui est arrivé à Cécile de Cherisey à la suite d’un grave accident en 1983 suivi d'un coma de 7 mois. Durant tout ce temps et la lente rééducation à laquelle personne ne croyait au tout début, sinon sa mère et quelques proches, notamment son frère Laurent, il a bien fallu que ces derniers résistent à tous les oiseaux de mauvais augure, à tous les raisonnements pessimistes et mortifères. Tenir la vie de Cécile à bout de bras, se faire passeurs d’espoir, convaincre, susciter l'adhésion et remuer ciel et terre afin de créer un environnement stimulant pour Cécile, l’aider à retrouver goût à la vie, à se mouvoir même maladroitement, à parler, chanter etc. avec l’aide de dizaines de bénévoles se relayant chaque jour. Quelle somme de courage et d’amour il a fallu pour constituer cette magnifique chaîne de l’espoir qui est devenue aujourd’hui une association d'handicapés et de valides qui se retrouvent dans un partage d'activités où chacun a l’impression de recevoir bien plus qu’il ne donne.
Rédigé par : Mary Preud'homme @ Sandrine | 24 juin 2014 à 02:38
@RF
Il y a un autre inconvénient au dépôt de la volonté chez le notaire : on peut changer d'avis ! Supposez quelqu'un qui réclame sa propre mort. Il change d'avis mais n'a pas le temps de rectifier le document. On le mettra à mort alors qu'ayant changé il réclame la vie ?...
Non vraiment il y a trop de possibilités de dérives pour qu'on les favorise ainsi. De plus à une époque où on a enfin à peu près découvert comment lutter contre la douleur ! Car c'est la douleur le problème.
Je suis persuadée que nous souffrons plus de la mort des autres que de notre propre mort. C'est d'ailleurs cette impossibilité de supporter la mort de son mari qui anime l'épouse de Vincent Lambert.
La vie ne se solde pas par la mort, du moins pas pour ceux qui depuis Socrate et même depuis plus longtemps encore, croient qu'il y a une vie après la mort. La mort n'est qu'un passage. Il faut se consoler de notre propre mort.
Vous n'aimeriez pas être à la place des juges, moi non plus mais ce n'est pas un argument, ou plutôt cela prouve bien qu'on a tort de mettre ce problème sur le dos des juges : laissons donc faire la nature.
Mais je ne suis pas non plus pour l'acharnement thérapeutique. Ce n'est d'ailleurs pas le problème puisque Vincent Lambert ne reçoit pas de soin ! Assimiler la nourriture à un soin est un abus. La nourriture est ce qu'on doit à tout être humain, même aux portes de la mort.
Rédigé par : Sandrine | 24 juin 2014 à 01:55
Cher Philippe,
Nous aimerions qu'avant de prendre une décision, car de cette décision qui devrait être suspendue personne ne sait mesurer les conséquences, les futurs assassins ou les futurs sages entendent les discours de grands brûlés, de personnes dialysées ou encore de victimes de guerre.
Si l'Etat prend une décision de non assistance à personne en danger autant qu'il le fasse en toute connaissance de réalité.
Que les parlementaires aillent faire des séances de rythme avec de jeunes enfants hydrocéphales et voir si ceux que des intellectuels nomment légume ou plante verte n'ont pas malgré leur incapacité à verbaliser et à voir ce qui les entoure des émotions et des rires, des pleurs qui ont toute la dignité et la chaleur des hommes.
Ce que nous disons n'est pas l'histoire de la Belle au bois dormant, mais nous soulignons que cet homme pourrait sans doute beaucoup apprendre à tous les scientifiques.
Des nourrissons savent se laisser mourir et si ce jeune homme garde espoir de vie, nous devons l'entendre.
L'Etat doit se comporter comme une mère attentive aux émotions, aux pulsions de vie qui sont à l'oeuvre dans ce que l'on peut entendre.
Nous pensons que l'âme existe avant le corps matériel et qu'elle accompagne le corps dans la vitalité comme dans le handicap. La nature l'aide à vivre. Son âme aussi. Les prières de ses proches et de nombreuses personnes autour de lui le soutiennent.
Il existe de nombreuses communications possibles qui ne sont pas du domaine de l'Etat.
Ce que j'essaye de dire et de faire comprendre c'est que :
Si je ressens la douleur, alors je ressens aussi, la caresse du vent, la chaleur des rayons du soleil, les baisers de mes proches. Je peux quelquefois entendre sans pour autant avoir la possibilité de répondre et considérer les paroles qui m'entourent comme un bain de sécurité.
Je peux aussi avoir un enfant ou plusieurs et c'est le cas de nombreux militaires.
Je peux entendre la musique, de l'opéra au rap, suivre les vibrations qui m'entourent, retrouver les miens dans l'espace de rêve, faire du sport, retrouver des sensations de conduite. Eh oui, la peau a une mémoire, l'os également. Ceux qui pensent que le cerveau ne se trouve que dans la boite crânienne n'ont pas lu le moi-peau, le monde personnel du nourrisson.
Ceux qui n'ont jamais exploré le monde intérieur de la relaxation ne peuvent pas envisager la richesse de ce domaine. Et pourquoi ce domaine serait-il moins digne que des démonstrations de puissance de mouvement ? Le monde émotionnel est encore à découvrir dans sa presque totalité.
Vivre d'une autre façon peut revêtir d'autres joies, d'autres peines.
Vivre, survivre encore, c'est un droit.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 24 juin 2014 à 01:17
Bonjour M. Bilger,
La mission du Défenseur des Droits, en France, est sans doute plus décorative que la mission de la Defensoria del Pueblo en Amérique Latine.
Mais la société humaine est aussi faite de symboles.
D'accord, les arguments qui circulent contre la nomination de M. Toubon sont souvent tronqués.
A commencer par ceux que mettent en avant les auteurs de la pétition à son encontre.
Sur les deux premiers arguments mis en avant (opposé à la loi d'abolition de la peine de mort de Robert Badinter, et opposé à la dépénalisation de l'homosexualité), je les commente en première partie de cet article.
Sur les deux autres arguments, j'ajouterai les commentaires suivants :
- opposé à la création du délit de révisionnisme ?
La PPL de M. Gayssot et coll tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, qui introduisait notamment dans la loi du 29 juillet 1881 un article 24 bis réprimant le révisionnisme, avait donné lieu en 1990 à l'Assemblée, entre gauche et droite, à des échanges virulents, des invectives, et autres interruptions. C'est l'Assemblée qui la vota seule finalement, le Sénat ayant à trois reprises annulé sa délibération par la même "question préalable". La gauche vota pour comme un seul homme, et la droite (dont M. Toubon) vota contre comme un seul homme. La même PPL eût été présentée par des députés RPR que bien entendu les votes eussent été inversés, ainsi va la politique…
Beaucoup font aujourd'hui référence à la "loi Gayssot" comme à un texte sacré, mais non seulement son adoption n'alla donc pas de soi, mais encore de nombreux historiens (voir par exemple l'association Liberté Pour l'Histoire) restent résolument opposés aux "lois mémorielles", ces lois visant à définir une fois pour toute l'histoire. Et j’avoue que c’est également ma position.
- montré favorable aux commandos anti-IVG ?
Les commandos anti-IVG faisaient partie du projet de loi d'amnistie présenté à l'Assemblée par M. Toubon en tant que garde des Sceaux le 27 juin 1995, suite à l'élection de M Chirac.
Cette inclusion était probablement due à la pression des lobbies anti-IVG, très actifs cette année 1995, mais M. Toubon accepta sans réticence l'amendement socialiste qui les excluait de l'amnistie.
Rappelons par ailleurs que le même Toubon, dès le 5 juillet demanda au parquet de Paris de faire appel de la relaxe par le tribunal correctionnel de Paris des neuf membres d'un commando anti-IVG.
En revanche, lorsque vous balayez d'un revers de main "sa conception minimaliste de l'indépendance du parquet", là, je trouve que vous allez un peu vite, M. Bilger.
Je m'étends un peu sur cet aspect dans la deuxième partie de mon article.
Si je ne m'abuse, vous étiez avocat général à la cour d'assises de Paris durant le ministère de M. Toubon.
Même si vous n'avez pas eu à traiter personnellement d'affaires impliquant la famille RPR, n'auriez-vous jamais entendu de commentaires sur les façons de faire de Jacques Toubon, d'Alexandre Benmakhlouf ou de Gabriel Bestard ?
Allez, vous n'êtes plus lié par de devoir de réserve, M. Bilger…
Rédigé par : Jean-Paul Richier | 24 juin 2014 à 00:52
Sandrine,
L'épreuve de Vincent Lambert n'est pas seulement son épreuve à lui. C'est une épreuve pour nous tous parce qu'elle interroge notre conception personnelle de la vie et de la mort. Une épreuve aussi et surtout pour ses proches qui se déchirent au-dessus de son chevet, et pour les professionnels qui sont amenés à se prononcer sur son avenir. Je n'aimerais pas être à la place des experts et des juges qui sont en charge de cette affaire, parce que j'en sortirais avec un énorme poids sur la conscience, quelle qu'en soit l'issue. C'est pourquoi il faudrait parvenir à prendre en compte la volonté du patient lorsque celui-ci était lucide, en pleine possession de ses moyens, et en état d'exprimer librement sa volonté par rapport à un futur hypothétique de vie végétative.
J'ai pensé, comme vous, aux inconvénients d'un dépôt chez le notaire.
Certes, anticiper sa propre déchéance future présente des risques et des dangers. Mais la vie elle-même n'est-elle pas, en définitive, un danger de mort, puisque la vie se solde de toute façon par la mort ?
Un régime totalitaire repose sur l'arbitraire et sur le principe élémentaire du "qui veut noyer son chien l'accuse de la rage". Il faut partir du principe que nul n'est à l'abri dans un régime totalitaire. D'ailleurs, on n'est pas plus à l'abri d'une personne mal intentionnée qui veut vous faire la peau pour toucher votre héritage.
Rédigé par : RF | 24 juin 2014 à 00:22
Les juges doivent se déclarer incompétents.
Il n'y a ni infraction ni délit.
Rédigé par : duval uzan | 23 juin 2014 à 22:44
Petite précision : mon post d'aujourd'hui à 18:19 s'adressait à Sandrine.
Sandrine, je vous prie de m'excuser pour mon manque de précision quant à la destination de mon message.
Rédigé par : RF | 23 juin 2014 à 22:27
@Garry Gaspary
Vous avez pris la peine de distinguer vie humaine et existence humaine "pour souligner que la dignité chez l'homme ne se situe pas dans le fait d'être simplement vivant..." ??
Vous avez tort. C'est une ânerie. Car la dignité de l'homme se situe dans le fait même d'être simplement vivant. Nous n'avons pas à juger de quelle manière il vit. Demandez aux organisations humanitaires ce qu'elles en pensent, au Darfour ou ailleurs. Demandez aux boat people qui arrivent à Lampedusa s'ils ne sont pas contents d'être "simplement vivants".
Un nourrisson a autant de dignité humaine que n'importe quel savant ou prix Nobel.
L'humain ne se sent obligé que lorsqu'il est libre ? C'est vrai. La femme n'est pas un objet de reproduction sociale, exact aussi.
Une offense de vouloir des gens responsables ? Vous y allez fort. Et vous avez tort de croire que c'est pour obéir à un dogme, oh là là ! Nulle trace d'idée religieuse en moi sur ce sujet, détrompez-vous. Juste une évidence qui s'impose. J'ai passé l'âge de l'obéissance aveugle à une religion ou à un dogme, figurez-vous. D'ailleurs chez les cathos on ne demande pas une obéissance aveugle mais l'usage de la raison.
"Mais j'estime que votre critique ne vaut pas grand-chose tant qu'elle n'est pas éclairée par celle de la dogmatique absurde qui vous a persuadée d'une façon totalement irrationnelle que l'avortement était un mal..."
Dogmatique absurde ? totalement irrationnel ?...cékoissa ? Vous êtes sûr que ce n'est pas ce que vous écrivez, qui est un charabia irrationnel ?
Et de mieux en mieux : "Je ne serais pas aussi "charitable" que vous l'avez été avec RF en m'abstenant de vous souhaiter le rendez-vous d'une leçon de vie qui vous serait pourtant bien utile à mieux saisir le problème de la responsabilité à assumer une grossesse."
Sachez que le problème de responsabilité à assumer une grossesse, je connais, je suis mère de famille nombreuse, d'enfants tous désirés. Un peu tard pour le RDV de vie que vous me souhaitez !... Et je le maintiens : l'homme et la femme doivent assumer ensemble ce qu'ils font, et qui n'est pas anodin. Une grossesse ne s'attrape pas comme la grippe et ne passe pas avec un doliprane. Si on ne veut pas d'enfant, il faut prévoir. La contraception n'est pas faite pour les imbéciles. A se demander si vous en avez jamais entendu parler. Dès lors, votre fameux "droit à l'avortement" (???) n'est qu'un faux problème. Un scandale, en fait. A l'époque de l'abolition de la peine de mort, on avorte, et on abrège des vies en faisant mourir de faim des malades : on est tombé sur la tête.
@RF
Je crois que j'avais compris, mais vos propos m'ont ouvert ce sinistre horizon-là, pourquoi en effet n'en arriverait-on pas à de telles extrémités de pauci-relationnels voués aux dons pour greffes, puisqu'on est déjà fortement dans l'absurde orwellien ?... Vos interrogations sur les réactions de Vincent sont intéressantes. Sourit-il ou est-ce un réflexe ? Eh bien je répondrais, dans le doute, abstenons-nous de l'euthanasier. Passons à la suite, vous préconisez la possibilité de déposer un texte chez un notaire. Mais je vois tout de suite l'un des problèmes : supposez qu'il y ait une guerre civile et que des gens cherchent à vous faire disparaître parce que vous les gênez, étant dans le mauvais camp. Des esprits malintentionnés pourraient fabriquer de toutes pièces un document signé RF et demandant la mort. Certains milliardaires craindront jour et nuit que leurs proches imitent leur signature... Et vous voyez le risque dans un Etat totalitaire ? Et on pourrait aussi bien décider qu'à partir de tel ou tel âge les gens coûtent trop cher et qu'il faut les éliminer. J'avais lu une nouvelle à ce sujet. Une femme en excellente santé devait passer devant une sorte de tribunal pour une prolongation de vie. Et elle savait que cette fois elle ne l'obtiendrait pas. Cette nouvelle était peut-être prémonitoire de certaines dérives que nous allons connaître... Il ne faut pas trop jouer aux apprentis sorciers.
Rédigé par : Sandrine | 23 juin 2014 à 22:23
"Affaire hors du commun" certes, mais très médiatisée, il faut dire qu'il s'agit d'une question de société et ceci explique certainement cela.
Mais alors pourquoi certains faits de société sont-ils traités avec le mépris du silence, tandis que d'autres font l'actualité ?
J'en conclus, peut-être à tort et avec une grande naïveté, que l'affaire Lambert ne gêne pas tant que ça...
Car enfin quel média, radio ou télévision, a consacré ne serait-ce que quelques minutes au verdict prononcé par le tribunal correctionnel de Mulhouse à l'encontre de Monsieur André Bamberski ?
Il faut dire que la profession journalistique a été épargnée (relaxe de la journaliste autrichienne) et finalement c'est peut-être ainsi que l'on achète le silence en démocratie.
N'y aurait-il pourtant pas là matière à développements et interrogations - un notable psychopathe étrangement épargné par la justice de son pays et une justice française peu encline, semble t-il, à faire le nécessaire - voire à une légitime indignation à l'encontre d'une justice qui ne cesse de proclamer sa volonté d’indépendance à en devenir grossièrement susceptible et méprisante à l’égard de quiconque oserait la mettre devant ses responsabilités, ou pire encore, qui oserait mettre en lumière son absence de responsabilité ?
Car enfin pourquoi ce silence, sinon la marque d’une volonté partagée de ne pas mettre le doigt là où ça fait mal : corporations soudées, émergences de nouvelles aristocraties et recul de nos démocraties ?
D’aucuns diront qu’il s’agit là d’un simple fait divers comme il y en a beaucoup d’autres. Peut-être. Mais alors, il s’agit d’un fait divers bigrement révélateur de notre époque.
Rédigé par : Raphael | 23 juin 2014 à 22:04
Monsieur,
J’ai lu votre article sur Boulevard Voltaire, mais comme il m’est impossible de vous répondre sur ce site puisqu’il faut obligatoirement passer par facebook, j’ai cherché et trouvé votre blog et me permets donc de vous répondre sur celui-ci.
Je partage entièrement votre opinion : il y a peut-être peu de personnes qui pensent vraiment que Vincent Lambert est une personne, qu’il est peut-être plus ou moins conscient de ce qui se discute autour de lui et que, même s’il ne l’est pas, mieux vaut, dans l’incertitude, choisir d’attendre plutôt qu’une condamnation à mort, évidemment irrémédiable.
On peut comprendre que sa jeune épouse, qui depuis des années est liée par le mariage à un homme qui ne peut lui rendre de façon sensible son amour, ait fini par se persuader qu’il vaudrait mieux "pour lui" (mais son inconscient n’oublie pas que ce serait surtout "pour elle" ; je dis son inconscient, parce que je ne pense pas qu’elle fasse quelque vilain calcul que ce soit). On comprend moins que le médecin ait décidé de sa mort bien avant d’avoir même les éléments plus ou moins incertains dont le Conseil d’État dispose aujourd’hui. Il est encore plus difficile de comprendre qu’il ait pris cette décision de façon si ferme qu’il a cru pouvoir se passer des dispositions légales en pareil cas, qu’il n’a cessé de faire appel des décisions de justice contredisant sa volonté de mort et qu’il a toujours refusé le transfert de Vincent dans un établissement plus adapté à sa situation, situation où il avait une place et où on l’attendait. Ne serait-il pas plus le médecin de l’épouse dont il veut soulager les souffrances, que celui de Vincent qu’il estime inconscient ?
J’ai connu un médecin qui a souffert d’une assez longue période de coma apparemment profond dont il a fini par se réveiller quand l’obstination des chirurgiens qui le suivaient après la chute qui avait entraîné ce coma a porté ses fruits et qu’il s’est réveillé : il a affirmé (je le tiens de lui-même) que tout au long de cette période de coma, sauf quand il dormait, il était totalement conscient de ce qui se passait autour de lui et en particulier, qu’il avait diagnostiqué la cause exacte de son coma et s’étonnait que ses confrères ne l’entendent pas le leur crier. Cet exemple suffit pour me convaincre qu’il n’est pas impossible que Vincent soit conscient et qu’il puisse redouter qu’on mette fin à sa vie.
Je pense donc qu’il est plus important de se soucier de Vincent que de la très réelle souffrance morale qu’éprouvent certains de ses proches en le voyant dans une situation où il se pourrait, comme le dit le rapporteur public, qu’il soit emmuré dans son propre corps, dans une terrible solitude. Ce qui n’est qu’une hypothèse entre beaucoup d’autres et ne me paraît pas, pas plus que la prétendue "indignité" de sa vie actuelle, de nature à justifier sa mise à mort. Car, pas plus que vous, je ne suis prête à estimer que la dignité de la vie humaine tient à la santé ou à la maladie, à l’âge ou à toute autre caractéristique. Sinon, il faudrait se dire qu’un Goering pétant de santé avait plus de dignité que les déportés cachectiques et mourants…
J’ai aussi le souci de toutes les autres personnes (il y en a, paraît-il, environ quinze cents en France) qui sont dans cet état qui n’est pas le coma profond, mais un état "pauci-relationnel", où il semble que la personne éprouve divers sentiments, mais ne soit pas en mesure de communiquer, si bien que l’on ignore si leurs larmes signifient peur ou chagrin, le sourire satisfaction, ou tout autre chose…
Car si le Conseil d’État suit l’avis de M. Keller, il ne faut pas se faire d’illusions : le coût des soins à apporter à ces personnes qui, comme Vincent, ne sont ni malades, ni en fin de vie, mais seulement très gravement handicapées, est si élevé que leur condamnation à mort devrait suivre à brève échéance…
Je n’arrive pas à oublier que Vincent et ceux qui sont dans le même état ont un organisme qui fonctionne normalement, qu’ils ne sont pas asservis à des machines qui leur permettraient de respirer et qui feraient battre leur cœur, qu’il ne s’agit donc pas de les "débrancher" d’instruments de survie artificielle, mais bien de les faire mourir de faim et de soif[*], même si on leur concède, pour leur éviter l’abominable souffrance que cela comporte (et qu’il semble que le docteur Kariger n’avait pas prise en compte quand, pendant 18 jours, jusqu’à l’intervention des parents, il l’a privé de nourriture et d’une partie de l’hydratation nécessaire), une sédation profonde. Il ne s’agit pas de "laisser mourir", mais de "faire mourir". Allons-nous avoir une IVV (Interruption volontaire de vie), laissée au libre arbitre du médecin ?
[*] Si Vincent Lambert est nourri et hydraté artificiellement, ce n’est pas parce qu’il serait incapable de déglutir ou que sa digestion serait perturbée, c’est seulement par crainte qu’il fasse une "fausse route" et s’étouffe. On veut donc le mettre à mort volontairement en le privant d’un moyen qui a été choisi pour éviter qu’il ne meure accidentellement !
Rédigé par : Anne Lys | 23 juin 2014 à 21:01
@genau
Je ne comprends pas le sens de votre interpellation : parce que j'ose penser à celle qui est vivante, je préconise le débranchement de celui qui en est l'origine ?
Disons, pour simplifier, que le fait de diverger du cas de Vincent Lambert (ou équivalent) sur sa famille pour faire pleurer dans les chaumières introduit une confusion reposant plus sur l'émotion que sur la raison et fausse la logique de la réflexion.
Un médecin soigne avant tout un homme particulier atteint d'une maladie, pas sa famille, même si bien entendu il veillera à la ménager avec tact.
Si les membres de la famille éprouvent des troubles, le soin porté à ces derniers sera dissocié de ceux qui sont consacrés au patient principal, et traités de façon individuelle.
Quant à mon vocabulaire « réducteur », il se borne à décrire la réalité des choses, loin des circonlocutions inspirées de la langue de bois employées dans notre monde employant le mensonge pour masquer des réalités inflexibles.
Par exemple, ce n'est pas en appelant un aveugle un « non voyant » qu'on lui rendra service.
Et puis si par exemple j'emploie à dessein le verbe « tuer », c'est pour rappeler la dure réalité correspondant à certains euphémismes aussi trompeurs que des slogans publicitaires.
Ainsi, le prétendu « mourir dans la dignité » correspond en pratique à un meurtre, ce n'est pas la peine de se cacher derrière son petit doigt.
Tous ces amphigouris ne sont là que pour nous leurrer et pour nous faire commettre le pire avec bonne conscience.
Enfin la question de faire trancher le problème par des juges administratifs ou judiciaires n'est absolument pas pertinente, c'est un peu comme si on vous demandait si vous préférez qu'on vous coupe le cou avec une guillotine en chêne ou bien avec une guillotine en acajou.
La réponse est : ce n'est pas du ressort des juges, ni de quiconque d'autre d'ailleurs.
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Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique : J'ai assisté avec une sourde appréhension à un débat sur le « droit à mourir dignement », comme si au menu de la vie on pouvait choisir la mort, être euthanasié quand la vie n'est plus une vie, quand le mal incurable ne vous laisse plus rien espérer de l'existence. Est-ce vraiment une liberté nouvelle que de disposer d'une vie qui aurait perdu les attributs de la dignité ? L'homme, après s'être rendu maître de la nature, se rendrait maître de la mort ; après l'abolition de la peine de mort, serait-ce l'abolition de la peine de vie ? (...) Redonnons un peu de fraîcheur au mot de dignité, ne réduisons pas la dignité à la dignité d'apparence. Notre vivre-ensemble est fait de liberté entendue comme responsabilité, d'égalité devant la considération, de fraternité à l'égard des plus faibles et de solidarité dans l'épreuve. La dignité est le respect dû à la personne : ne touchez pas l'Intouchable ! http://www.ouest-france.fr/node/2645785
Rédigé par : Parigoth | 23 juin 2014 à 20:21
Un des textes qui m'a le plus marqué ces dernières années est celui-ci :
Hitler a gagné
Jacques Ellul y explique qu'Hitler a gagné la guerre politique. Il a perdu la guerre militaire mais il a gagné la guerre politique car ses idées se sont imposées.
Je me rappelle que les nazis appelaient la mise à mort des handicapés la «mort compatissante» (est-ce si loin de la «mort dans la dignité» ?) et que le programme d'euthanasie des anormaux a été lancé à l'occasion de la demande d'une mère qui voulait abréger les souffrances de son fils gravement handicapé.
Comprenez-moi bien : je ne cherche pas à gagner un point Godwin facile. Je ne cherche pas à disqualifier mes contradicteurs par un amalgame inapproprié.
Je pense réellement que les partisans de l'euthanasie, qui sont aussi, peut-être sans en avoir pleinement conscience, des partisans de l'eugénisme (car l'avortement est une forme d'eugénisme) donnent raison à Hitler. Par certains côtés, ils partagent la même obsession de la race, mais inversée : là où Hitler exaltait la race pure, ils exaltent le métissage, comme on a bien vu en pleine crise d'obamania, où le métissage devenait une qualité en soi.
Cela ne signifie pas, bien entendu, que je traite les partisans de l'euthanasie d'hitlériens conscients et assumés. Mais il faut avoir à l'esprit cette parenté des idées lors de ce débat, surtout venant de gens qui portent à la moindre occasion l'antifascisme en bandoulière. Elle ouvre un gouffre sous nos pieds.
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J'ai lu à propos du débat qui nous occupe une phrase de Bernanos : "L'homme moderne a la tripe sensible et le coeur dur." Avec l'à-propos du génie, Bernanos a résumé en ces quelques mots mon sentiment. Comme on ne supporte pas de voir les souffrances (la tripe sensible), on est prêt à tuer sans barguigner un homme (le coeur dur).
Rédigé par : Franck Boizard | 23 juin 2014 à 20:20
"Si ça continue ainsi sur ce blog, on va virer en seconde controverse de Valladolid entre Sandrine et les sœurs Semtob, arbitrées par le grand inquisiteur Nebout...
Heureusement que Savo fait passer du protoxyde d’azote dans les tuyaux."
Rédigé par : sbriglia | 23 juin 2014 à 17:47
Bon, pour détendre un peu l'atmosphère, je propose qu'on se passe une toile : "Johnny got his gun".
Mais n'oubliez pas le protoxyde d'azote.
Rédigé par : Clafoutis | 23 juin 2014 à 19:39
@Véronique Raffeneau
Je suis d’accord. J’approuve aussi chaque mot de ce billet.
@genau
...mais notre espèce n'a pas toujours existé, un jour elle disparaîtra.
Méchante remarque, s'agissant du cas particulier de Vincent Lambert.
Il ne s'agit pas d'une disparition, il s'agit d'une condamnation.
@Achille et aux autres qui voudraient que Vincent Lambert meure dans la dignité
Je comprends ce que vous voulez dire par "mourir dans la dignité". Il faudrait que le coeur et les poumons de Vincent Lambert se décident enfin à s'arrêter tout seuls. Le problème est que le coeur et les poumons de Vincent Lambert en ont décidé autrement et qu'ils continuent à battre. Il faudra donc les arrêter.
Et la mort n'est pas la vie : la vie est fragile et la mort dure longtemps. Il n’y a rien de miséricordieux dans l’euthanasie.
Rédigé par : anne-marie marson | 23 juin 2014 à 18:53
@ Sandrine
J'avais pris la peine de bien distinguer vie humaine et existence humaine pour souligner que la dignité chez l'homme ne se situe pas dans le fait d'être simplement vivant...
Sinon, vous parlez de responsabilité dans la dignité, pour moi, cette responsabilité ne peut s'affranchir de la volonté individuelle. L'humain ne se sent obligé que lorsqu'il est libre.
La femme, puisque c'est plus particulièrement d'elle que nous parlons ici, n'est pas un objet sexuel, c'est pour cela que le viol est un crime. Mais elle n'est pas non plus un objet de reproduction sociale, c'est pour cela que parler d'une irresponsabilité dans le fait d'avorter me semble être une terrible offense que vous faites à la condition féminine.
Et quand on sait (ou on se doute fortement) que vous vous permettez cette offense suite à un catéchisme que je qualifierais d'ubuesque, on est en droit de se demander si le terme de responsabilité humaine vous touche d'une façon aussi absolue que vous tentez de le laisser paraître. Je veux bien qu'on critique le droit à l'avortement, mais j'estime que votre critique ne vaut pas grand-chose tant qu'elle n'est pas éclairée par celle de la dogmatique absurde qui vous a persuadée d'une façon totalement irrationnelle que l'avortement était un mal...
Il existe effectivement de grands handicapés qui communiquent à peine mais assez pour exprimer leur volonté de vivre, et il est clair que si c'était le cas de Vincent Lambert, son éventuelle mise à mort ne ferait pas débat. Mais il existe aussi des femmes qui se retrouvent enceintes suite à un viol.
Je ne serais pas aussi "charitable" que vous l'avez été avec RF en m'abstenant de vous souhaiter le rendez-vous d'une leçon de vie qui vous serait pourtant bien utile à mieux saisir le problème de la responsabilité à assumer une grossesse.
Rédigé par : Garry Gaspary | 23 juin 2014 à 18:51
@sandrine
Oh là, tout doux.
Vous m'avez mal compris ou je me suis mal exprimé.
Je ne suis pas dans l'affirmation, je suis dans le questionnement.
Je ne préconise pas de cultiver des organes dans un corps chaud anesthésié pour ensuite dépecer ce corps au gré des besoins médicaux. Loin de moi cette perspective effrayante. Ce que je veux dire, c'est que dans la mesure où toutes les sensations du corps sont définitivement abolies, dans la mesure où le cerveau est mort, ce qui voudrait dire que l'âme a quitté le corps, je crois que dans ce cas-là il est insensé et contre-nature de lutter contre la mort corporelle.
Et je pose cette question : à quoi sert-il de maintenir en vie un corps si son âme ne l'habite plus ? D'où mon interrogation sur la jouissance de l'Homme supplantant la nature, puis ma question sur les greffes d'organes provenant d'un corps inanimé mais vivant.
Enfin, vous dites que Vincent Lambert sourit et pleure. Ces manifestations émotionnelles, dans son cas, sont-elles commandées par son cerveau (donc volontaires) ou naissent-elles de décharges électriques produites par le système nerveux périphérique (donc involontaires) ? Si ses pleurs sont conscients et voulus, pourquoi pleure-t-il ? Se rend-il compte de son état ? Pleure-t-il par empathie et par compassion pour sa femme et ses proches ? Pleure-t-il de les voir souffrir à cause de son état ? Pleure-t-il à cause de leurs pleurs actuels et futurs ? Pleure-t-il par peur de sa propre mort ? Pleure-t-il parce qu'il voudrait nous dire qu'il ne supporte pas son état et qu'il veut qu'on abrège son existence ? Pleure-t-il par amour pour Dieu, pleure-t-il de joie à l'idée de Le rejoindre prochainement ?
Si son sourire est conscient, pourquoi sourit-il ? S'accroche-t-il à la vie au point d'espérer une rémission prochaine ? Aime-t-il la vie au point d'aimer même une existence végétative ? Sourit-il, ironiquement, de la vacuité de l'existence et de la précarité de sa condition humaine ?
L'Homme se fait une haute idée de lui-même.
Le cas de Vincent Lambert a le mérite de nous remettre à notre place de simples mortels en proie à des doutes existentiels.
Nous ne sommes pas immortels et il faut accepter l'idée de notre propre mort. Je crois que si on veut avancer sur ce sujet-là et dédouaner à la fois les médecins, la justice et les proches, il faudrait faire évoluer la loi dans le sens où on puisse déposer chez un notaire ou chez un huissier une attestation qui anticiperait ce genre de situation et qui ferait autorité devant un tribunal. On pourrait imaginer que l'attestation soit scellée et déposée chez l'officier judiciaire en toute confidentialité, et décachetée seulement lorsque l'intéressé serait plongé dans une situation végétative jugée irréversible par les médecins. On pourrait imaginer un texte un peu comme ceci : "Moi, M. Tartempion, je déclare m'exprimer librement, sans contrainte et être en pleine possession de mes facultés mentales et cognitives à l'heure où j'écris ces lignes, comme l'atteste le certificat médical récent, joint à la présente, qui prouve mon niveau de conscience actuelle.
Si, par malheur, je suis plongé un jour prochain dans un état végétatif irréversible (dont le caractère d'irréversibilité sera établi par un collège d'experts médicaux et vérifié par une contre-expertise médicale), et que mon corps ne pourra plus fonctionner autrement que par une assistance médicalisée, je refuserai alors toute assistance et réclame, par anticipation, ma mort par suppression de soins. J'écris la présente pour faire valoir ce que de droit, le moment venu."
De cette manière, la société n'aura pas à décider de l'issue fatale, en lieu et place de l'intéressé.
Rédigé par : RF | 23 juin 2014 à 18:19
"Peut-on croire que son âme siège encore dans son corps ?" RF
« Oui bien sûr, puisqu'il lui arrive de sourire ou de pleurer !... Aucun doute », assène Sandrine qui nous réinvente l’anatomo-physiologie.
Si ça continue ainsi sur ce blog, on va virer en seconde controverse de Valladolid entre Sandrine et les sœurs Semtob, arbitrées par le grand inquisiteur Nebout...
Heureusement que Savo fait passer du protoxyde d’azote dans les tuyaux.
Rédigé par : sbriglia | 23 juin 2014 à 17:47
@Parigoth
Je ne comprends pas le sens de votre interpellation : parce que j'ose penser à celle qui est vivante, je préconise le débranchement de celui qui en est l'origine ? Vous ne m'avez pas lu, j'imagine.
D'habitude, j'aime assez vos positions, mais là, c'est ce que Popper aurait appelé une falsification de l'hypothèse.
Par ailleurs, en utilisant un vocabulaire volontairement réducteur, vous ne donnez pas aux interrogations de chacun la valeur qui s'y attache.
Se trouve ainsi démontrée la nécessité d'avoir recours à des juges pour ne pas laisser le débat s'enfoncer. Des juges administratifs, autant que possible, car les juges judiciaires n'ont, à mon humble avis, pas la culture pour aborder ce sujet, marqués qu'ils sont par le droit pénal, les situations civiles triviales et surtout leur entraînement à tout traiter en phrases sèches et denses. Le style administratif me paraît préférable, ou le style européen, mais qui a l'inconvénient, par le rapport des opinions dissidentes, d'emprunter des parcours sinueux. Or, il faudra être clair, compréhensible, comme le souhaitait Pierre Drai, même par son concierge.
Rédigé par : genau | 23 juin 2014 à 16:45
Vincent Lambert respire seul, il a juste une sonde gastrique pour le nourrir. Je ne vois pas où se situerait l'acharnement thérapeutique. Vincent Lambert se trouve aujourd'hui dans un coma dit « pauci-relationnel », plus précisément en état dit de « conscience minimale plus ». Il bouge les yeux, ressent la douleur, sans qu'il soit possible de savoir s'il comprend ce qu'on lui dit.
J'ai regardé des photos de Vincent Lambert sur Google Images. Indécence ? Non, besoin de comprendre. En aucun cas Vincent Lambert ne ressemble à ces cancéreux incurables dans une fin de vie faite de souffrances atroces. Maintenant, il y a les apparences, et sa réalité, que nous ignorons. Faudrait-il pour autant le condamner à mort, sur décision des médecins, et de son épouse ?
Le refus d'un acharnement thérapeutique signifié par quelqu'un en très bonne santé n'a que peu de valeur en situation, certains changent d'avis quand l'heure est grave.
Sur les photos, sa mère se trouve à son chevet. En qualité de mère, à aucun prix je ne voudrais que soit décidée une sédation qui emporterait mon fils dans la mort, même s'il devait rester des années dans un état végétatif tranquille.
Une vie est une vie.
L'ancien footballeur Jean-Pierre Adams vit depuis trente ans dans le coma, veillé avec amour par sa femme Bernadette.
Rédigé par : Camille | 23 juin 2014 à 16:10