Un débat très passionnant a été organisé par l'Ecole de l'art oratoire sur le thème "le leadership par la parole, hasard ou nécessité ?"
Nous étions cinq, avec notamment Nathalie Rastoin, à devoir répondre aux interrogations très fines et stimulantes de Stéphane André qui a permis, en toute liberté, de faire apparaître nos contradictions sur ce sujet.
Pour ma part, brutalement dit, j'ai considéré qu'il n'y avait plus de leadership incontestable parce qu'il n'y avait plus, au sens où je l'entends, de véritable parole, de parole authentique.
Si l'éloquence est dans la parole, celle-ci la dépasse parce que, dans son principe exemplaire, elle fait appel aux ressources de l'être quand l'autre se contente trop souvent de recettes et de procédés.
On a beaucoup glosé sur la relation avec autrui, sur l'empathie, sur un certain nombre de considérations politiques, économiques, sociales voire sociologiques mais il me semble qu'on a eu du mal à sauvegarder la pure identité de la parole au milieu de cette accumulation d'observations que je juge périphériques.
Il y a en effet un royaume de la parole éclatante, décisive, admirée qui est irréductible à toute explication qui tenterait d'en favoriser une approche banale. Elle demeurera un mystère ou en tout cas mettra en évidence ce que notre société supporte difficilement : l'inégalité humaine quand la formation technique laisse croire que tout le monde se vaudra en fin de compte.
Mon expérience m'a toujours démontré, et de plus en plus au gré de mes écoutes politique, judiciaire et médiatique, que la parole dont je rêve n'est rien, ne convainc pas, n'enthousiasme pas si elle n'est pas la traduction orale d'un capital humain au lieu de s'accommoder de n'être qu'un livre de mots comme il y a des livres de cuisine, qui seraient vains si le talent et l'invention de chacun ne venaient pas leur donner vie et chaleur.
Si cette parole bouleversante au sens propre est devenue si rare aujourd'hui, c'est bien sûr d'abord - tant pis pour le déclinisme ! - parce que notre monde, même le plus urbain et le plus cultivé, dans son pragmatisme du verbe est gravement dépouillé de cette irrigation des humanités, de cette passion de la langue belle et juste, de cette histoire qui savait édifier en chacun un socle irremplaçable à partir duquel l'expression s'amplifiait, royale. Qu'on lise Jean Jaurès, les grands orateurs révolutionnaires, et on comprendra aisément ce que je signifie.
Mais il y a bien plus.
C'est surtout à cause de la disparition, dans leur plénitude, dans la parole publique sous toutes ses formes et dans tous les registres, de ces qualités fondamentales qui autorisent ce à partir de quoi un discours ressemble moins à un formalisme ennuyeux qu'à un flux d'existence, une coulée de vie qui projette l'identité et la vigueur personnelles de l'orateur dans les esprits de ceux qui l'écoutent et ne peuvent s'en distraire.
Liberté, courage, sincérité, l'intelligence comme un défi, le mot comme une invention, le refus de la pensée tiède et convenue si fréquente parce que dans l'arbitrage intime, la plupart choisissent la peur de tout dire plutôt que l'honneur d'être homme par l'intégrité et la qualité de ce qu'on dit. Il n'y a pas d'excuse pour cette faiblesse générale. Rien ne justifie, dans aucun champ, ni en politique ni dans l'entreprise ni dans les médias, que la dissimulation et le mensonge, la frilosité et la convention soient en quelque sorte aujourd'hui un passage obligé.
La parole meurt de n'être plus prise au sérieux. De devenir un ornement au lieu d'être consubstantielle à la dignité de l'humain.
C'est sans doute en raison de cette éprouvante difficulté morale et intellectuelle à compter authentiquement sur soi que la plupart des leaders s'illusionnent sur leur aptitude à diriger par la parole. Comme la plupart se sentent dépassés par ce qu'exigerait une parole vraie, forte et libre, ils prétendent la posséder en s'accommodant de la proférer banale, sans saveur ni vigueur.
J'ai aimé dans notre réflexion collective le consensus sur l'énorme importance de la parole pour les chefs d'entreprise, les grands patrons, tant pour leurs salariés, leurs actionnaires et leur clientèle qu'auprès des médias. Pourquoi la multitude de ces discours, pour se parer de gravité, sont-ils en même temps si profondément ennuyeux ? Parce qu'il est clair que pour ces élites du pouvoir et de l'argent il faut se laisser à la porte de sa parole et faire passer un discours pour remarquable précisément parce qu'il endort. La passion, pour elles, est une faute de goût. Alors qu'elle est le sang qui irrigue le verbe même si je ne méconnais pas dans l'immense vivier de l'oralité la diversité des genres et qu'on peut par exemple préférer le partage à l'emprise, guider doucement plus que soumettre rudement.
Il n'y a pas de fatalité à ce que cette formidable chance que constitue la parole ne soit pas offerte à ceux qui en auraient le plus besoin. J'ai été effaré, il y a quelques semaines, par la piètre prestation de Patrick Kron sur TF1. Tout était bien appris, distillé, présenté mais c'était mauvais : rien ne surgissait de lui. Les éléments de langage faisaient se dérouler une juxtaposition monotone d'éléments mais en aucun cas ne structuraient un langage. Pour cela, il convient non pas de répéter mais de se jeter à parole perdue pour emporter autrui dans son élan. On en était loin.
Il n'est personne qui ne croit savoir parler.
Pourtant, pour beaucoup de ces contents de soi, le silence permettrait aux autres, dans les univers multiples où le leadership a à s'exercer, au moins de s'imaginer qu'une parole entraînante, singulière est possible et donc de conserver leurs illusions.
Les commentateurs n'auront pas été bien prolixes sur le sujet. Il y avait pourtant tant de belles choses à dire.
Tout chef de quoi que ce soit a eu à donner suite lors d'un banquet, à "un discours", un discours, un discours...
Et bien souvent, on n'a rien préparé bien que ce soit prévisible. C'est toujours de l'inattendu parce qu'en fait, ces cris, "un discours", ce sont en fait des "parle-nous, on t'aime".
Alors, on se lance sur les deux mots qu'on a trouvés, et puis ça vient tout seul... enfin, mieux certaines fois que d'autres.
Et puis on peut songer aux grands discours de l'histoire. Celui d'Hitler en 1933. Le grand silence qui l'a précédé. Son discours était-il celui qui était écrit sur la feuille qu'il tenait fébrilement du bout des doigts ?
Etrange discours de celui qui se présentait comme un simple soldat aimant son pays. Le discours d'un amour fou entre un peuple et un homme. Il faut entendre "j'avais un camarade", pour comprendre l'âme allemande de l'époque.
La rhétorique était l'objet de longues et savantes études au regard desquelles ce billet pourrait faire figure de recherche d'épaisseur dans la superficialité. L'écho des cathédrales imposait une diction particulières. Bossuet...
Le texte du terrifiant discours de Saint-Just pour la mort du Roi ; quel talent ! Mais quel le voix l'a prononcé ? Etait-ce celle de Mussolini ? Probablement le talent oratoire indépassable ?
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 21 juillet 2014 à 08:28
@anne-marie marson | 19 juillet 2014 à 14:49"Je ne prévoyais pas de rapporter autant de bouteilles de vin de Californie"
Aaahh ahhh ! du vin de Californie !!
Qu'est-ce que vous comptez en faire ? Le donner à analyser ?
ça me fait penser aux Chinois qui achètent des propriétés viticoles dans le Bordelais puis qui utilisent ensuite les droits à l’appellation pour des vins produits en Chine !!
Rédigé par : Catherine JACOB@anne-marie marson | 20 juillet 2014 à 07:28
Je n'en crois pas mes yeux : j'ai lu dans l'article cité par un commentateur qu'un homme a dans sa vie refusé une prime de 4 millions. Voilà qui me réconcilie avec l'espèce H.
Rédigé par : l'argent n'achète pas tout | 20 juillet 2014 à 01:06
@Catherine JACOB
Je vous remercie pour les conseils concernant les valises à roulettes. J'en prends note.
Je ne prévoyais pas de rapporter autant de bouteilles de vin de Californie, ce qui a causé un surplus de bagages et ma perplexité devant la passerelle.
En ce qui concerne le bruit de fond quotidien de conversations au téléphone portable dont certaines durent pendant le trajet soit environ 50 mn, puis dans le bus, il m'est effectivement devenu insupportable.
Rédigé par : anne-marie marson | 19 juillet 2014 à 14:49
Je sors de consultation de chez mon psy préféré, suivant en cela les aimables recommandations du Maître de Céans.
Il semble que je sois inguérissable, et que je n’ai rien d’intéressant à dire, mais que suivant les conseils d’un autre maître, Raymond Devos, ce ne soit pas une raison pour se taire.
Donc je m’exprime sur le sujet du jour, la parole, qui si elle est d’argent ne vaut pas le silence qui est d’or.
http://www.youtube.com/watch?v=Td4pqnCCo0M
Je me demande si les patrons ne suivent pas sans le vouloir ce précepte :
Ce n’est pas parce qu’on n'a rien à dire qu’il faut se taire.
Rédigé par : Tipaza | 19 juillet 2014 à 09:54
@Parigoth
Je vous fiche mon billet "de train" qu'il ne songe aucunement à présenter sa démission car il y tient à son poste.
Et si Jésus s'exprimait par parabole, lui va s'exprimer par éléments de langages soigneusement peaufinés par ses réseaux "ferrés" et nous expliquera que c'est de la faute à pas de chance. La Présidence Gallois c'était une autre pointure !
Rédigé par : Jabiru | 19 juillet 2014 à 09:36
@anne-marie marson | 18 juillet 2014 à 23:12
"Si pour aller du RER à l'aéroport, on peut prendre un escalator, pour le retour, de l'aéroport au RER, il n'y a qu'une vilaine passerelle métallique, difficile à emprunter avec de lourds bagages."
Vous savez que la Samsonite Cubelite rolling tote à 384€ n'est pas le seul bagage sur roulettes et qu'il y en a à partir de 50€. Par ex. la Valise trolley cabine 55cm est à 49€50, en livraison gratuite chez Gsell.
Quant aux individus qui prennent les transports en commun pour une annexe de leur bureau ou de leur chambre à coucher, ce qui dans le cas de certains souffrant du complexe du bureau revient souvent au même, je suis tout à fait d'accord avec vous, c'est insupportable, mais ce n'est pas de la parole, c'est de la parlote, du blabla, des bruits de mouche (http://www.youtube.com/watch?v=nUxgRhTcFQI).
S'agissant de la SNCF et de ses problèmes de gabarit : quais trop hauts, quais trop courts, marchepieds capricieux qui s'emmêlent les pinceaux et récemment, rames trop larges qui vont la contraindre à raboter les quais trop hauts, les quais trop courts et les quais sans problèmes jusqu'ici, est-ce que quelque chose vous étonne encore ?
Rédigé par : Catherine JACOB@anne-marie marson | 19 juillet 2014 à 08:12
..."la traduction orale d'un capital humain au lieu de s'accommoder de n'être qu'un livre de mots comme il y a des livres de cuisine, qui seraient vains si le talent et l'invention de chacun ne venaient pas leur donner vie et chaleur."
Bientôt sur nos écrans : le Top des orateurs ! qui se terminera par le vote des téléspectateurs qui pourront choisir entre 1) pour le mot de Cambronne accompagné de son jumeau kon ; 2) p'tain et le mot de Cambronne y associé !
Quand j'entends "c'est comme dans la vraie vie" il est normal que le média télévisuel nous fasse montre, dans sa propension à l'ignorance crasse, de comment c'est.
..."le talent et l'invention de chacun"...
Rédigé par : calamity jane | 19 juillet 2014 à 07:28
J'attends la prestation du Président de la SNCF qui a le devoir de nous expliquer comment un TER a pu encadrer un TGV sur le réseau ferré le plus sécurisé du monde !
Justement c'est ce que je me disais récemment en revenant des USA où tout à l'air si facile, et en reprenant le RER à Roissy Charles de Gaulle.
Si pour aller du RER à l'aéroport, on peut prendre un escalator, pour le retour, de l'aéroport au RER, il n'y a qu'une vilaine passerelle métallique, difficile à emprunter avec de lourds bagages. Pas même un ascenseur.
De même sur le quai du RER, abaissé de 20 cm par rapport à la rame, il faut de nouveau soulever les bagages pour entrer dans le RER.
Je me suis dit ironiquement : "Encore un coup de Guillaume Pépy", qu'on a beaucoup entendu sur tous les médias quand il voulait se faire élire Président (de la SNCF).
Enfin, il a quand même déclaré que le réseau ferré de France était sûr et contrôlé.
Concernant le sujet du billet, je ne sais pas si les grands patrons savent parler, mais je pense que la parole est la chose la mieux distribuée qui soit, en particulier dans les transports en commun, où l'on doit subir la logorrhée interminable de certaines personnes racontant leur vie privée voire intime pendant tout un trajet.
Il s'agit dans beaucoup de cas d'un simple bla bla bla, sans émotion, sans intérêt, fait de phrases alignées les unes derrière les autres, où la personne qui les prononce ne se sent pas concernée par ce qu'elle dit, ni par les personnes qui l'écoutent autour d'elle. Curieux.
Rédigé par : anne-marie marson | 18 juillet 2014 à 23:12
"Les grands patrons savent-ils parler ?"
Certains aussi bien qu'un avocat général à qui on ne demande aucun compte.
"Quand certains, prenant la conséquence pour la cause, me reprochent de trop écrire sur Nicolas Sarkozy comme si j'avais inventé son existence et son omniprésence hier comme aujourd'hui, je pense à Lola"
A trop vouloir écouter les ragots des journalistes en mal de papier vous allez finir par y perdre votre âme.
La presse a fait un feuilleton de l'"affaire" de Lola-l'affabulatrice accusant des maghrébins d'un pseudo-viol à son encontre et, forcément, vous y avez cru.
La presse fait un feuilleton de (des) affaires Sarkozy, avec Plenel aux manettes (pour la petite histoire, Plenel a été condamné pour faux, usage de faux et présentation de faux documents, en première instance confirmée en appel, c'est dire le crédit !) et vous, comme pour Lola, vous gobez ses délires (parce que ça vous arrange :-D )
Ne vous méprenez pas je ne suis pas une "fan" de Sarkozy mais j'ai un peu peur des loups qui hurlent en meute.
Rédigé par : breizmabro | 18 juillet 2014 à 22:39
Non, Parigoth et Achille ! Trois fois non ! Ce n'est pas "Rentre ici, Jean Moulin...", mais "Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège !" qu'André Malraux a proclamé, dans son discours de transfert des cendres au Panthéon, le 19 décembre 1964 (à la 18ème minute ; document INA).
Malraux savait tout de même faire la différence entre les verbes "entrer" et "rentrer"...
En revanche, ce qui est surprenant dans un tel discours empreint de solennité, ce sont des "e caducs" qui sont éliminés : "Voici comment j'l'ai rencontré... En se t'nant sur la tombe... On sait c'que Jean Moulin pensait... S'il venait d'mander..." Le général de Gaulle faisait de même : "Je vous d'mande..."
Il y a ainsi un mélange étrange de langue soutenue et de registre courant. Si quelqu'un a des lumières à ce sujet...
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A toutes fins utiles, et pour information, je signale que la phrase politique culte d'Edouard Balladur, lors de l'élection présidentielle de 1995, "Je vous demande de vous arrêter !", prononcée sur un ton péremptoire à deux reprises, comporte le "e caduc" la première fois, mais il y a amuïssement lors de sa répétition. "Je vous demande de vous arrêter !... Je vous d'mande de vous arrêter..."
Alain Meyet (Paris)
Rédigé par : Alain Meyet | 18 juillet 2014 à 21:23
@Jabiru
J'attends la prestation du Président de la SNCF qui a le devoir de nous expliquer comment un TER a pu encadrer un TGV sur le réseau ferré le plus sécurisé du monde !
Allez, nous allons lui mâcher le travail, nous sommes trop bons :
Voici sa prochaine com :
« J'annonce que je présente ma démission ».
Rédigé par : Parigoth | 18 juillet 2014 à 20:57
Désolé d'intervenir à nouveau ; le billet de Mme Jacob m'interpelle par son érudition en publicité et aussi culinaire, mais ça, c'est un autre sujet. Décortiquer le pourquoi de la préférence a toujours un petit goût de provocation innocente et d'affirmation d'individualité.
Je dois être très sot car je ne garde aucun souvenir des publicités, peut-être parce que je ne regarde pas (assez) la télévision. De toutes façons, ce qui est mis dans la pub ne va pas dans le produit et je n'ai jamais vu un produit alimentaire de qualité vanté à la télévision. Comparez un foie gras de Labeyrie au mien, c'est la cabane et Versailles. Les fromages de la télé aux petits séchons de Madeleine, c'est vraiment l'air de Paris et le sommet de l'Eiger.
Une seule publicité m'avait vraiment accroché : la tête d'un bébé s'abattait gracieusement sur un sein dénudé. Commentaire "son premier airbag". C'est joli, tendre, souriant, mais je suis incapable de savoir ce que cette publicité faisait vendre, vraiment, aucun souvenir.
Sauf la parole qui faisait sens.
Rédigé par : genau | 18 juillet 2014 à 19:34
«Nous étions cinq, avec notamment Nathalie Rastoin, à devoir répondre aux interrogations très fines et stimulantes de Stéphane André qui a permis, en toute liberté, de faire apparaître nos contradictions sur ce sujet. »
Nathalie Rastoin, la directrice générale d'Ogilvy France (agence de publicité américaine) fait partie du Comité directeur de l'Institut Montaigne, ce "réservoir d'idées" français favorable à l’économie de marché.
Elle réunit ainsi deux paramètres essentiels de la parole que sont la parabole, récit allégorique souvent utilisé en économie et la comparaison, laquelle comme on sait n'est pas raison, mais qui consiste à rapprocher, faire se rencontrer deux choses pour en tirer une leçon ou une conclusion. Autrement dit d'une façon plus générale, donne à penser.
Est-ce que ce que vous appelez le leadership par la parole ne reviendrait pas en somme à poser la question du «Maître à penser.»
Dès lors que ce Maître à penser se présente sous les espèces tout à fait craquantes du petit Chef de la préparation du gâteau au chocolat Nestlé (cf. http://www.youtube.com/watch?v=JUYrjCzROiA), c'est juste que cela en dit beaucoup sur ce qui dans nos sociétés est susceptible de séduire l'écoute.
Autrement dit une façon de provoquer l'effet miroir (projection) dont cette pub pour la jeunesse qu'est censée apporter l'eau d'Evian joue avec une maestria incroyable (http://www.youtube.com/watch?v=Y6gHMwdD9T0). Personnellement, je craque aussi pour la Vieille enfant, comme on dirait de Lao Tseu, de la fin de la petite séquence.
Maintenant, allez savoir pourquoi, je ne bois pas d'eau d'Evian, mais j'alterne diverses autres eaux minérales de façon à équilibrer l'apport en minéraux et autre sodium, et je n'achète pas non plus de préparations au chocolat Nestlé, vu que je préfère le chocolat noir et amer que Nestlé ne fait pas et qui entrant en synergie avec mon café emporte avec lui le vilain cholestérol d'une façon plus intéressante qu'un substitut de beurre vu qu'il permet de ne pas se priver du bon goût de ce dernier ainsi que de tartiner les tartelettes aux fruits frais de crème fouettée à la louche.
Allez savoir pourquoi encore, j'ai tendance à préférer au petit Chef Nestlé, Thierry Marx, son crâne chauve, son embonpoint de bon aloi qui le fait ressembler à un petit Bouddha, ses baguettes japonaises et sa théière, sa scénarisation de l'ingrédient qui suggère des univers fantasmés et je me suis donc fait avoir avec Sushishop, mais bon.
La leçon a donc été de donner la préférence au «fait maison» même non étoilé.
Ceci étant, la parole par le biais des noms des plats, se déguste au moins autant que les mariages de saveurs, de couleurs et d'arômes et c'est cela aussi quelque part la leçon à tirer de la façon dont la pub nous présente... ses salades, ce qu'a bien compris aussi la politique en prenant conscience que le bon vendeur de salades, par ex. Montebourg, aura toujours la préférence dans notre société des apparences.
Maintenant si je m'abandonne avec délices en rêve à la promesse d'un «Homard 'Prince Vladimir'» ou des «Esprit d'une Forêt Noire en deux services», je sais me contenter et prendre plaisir à de simples œufs brouillés moelleux, dès lors qu'il y a quelqu'un de passionnant avec qui les partager, car finalement c'est ça le meilleur d'un plat, la parole qui en accompagne la dégustation et le bon vin qui la délie.
Le grand patron qui sait servir de tels œufs brouillés dans la vérité du produit, n'a je pense aucun souci à se faire sur l'écoute dont il pourra bénéficier.
Rédigé par : Catherine JACOB | 18 juillet 2014 à 18:33
N'est pas tribun qui veut !
On naît tribun, on ne le devient pas.
Trois qualités minimum pour mobiliser et captiver un auditoire : une solide culture, de l'empathie et une énorme force de conviction. De Gaulle avec ses bras d'atèle, Marchais avec sa gouaille, Le Pen avec ses tristes débordements, Mitterrand plein de finesse et bien d'autres qui concluaient les déjeuners républicains par des discours vibrants sans avoir un quelconque recours à un papier écrit par un sbire. Guère que Mélenchon aujourd'hui qui puisse en revendiquer le titre sur la forme. Le contenu on aime ou on n'aime pas. C'est comme au cinéma, il faut être une "gueule" pour percer. Et ces tribuns-là ils parlaient avec leurs tripes pas comme ces nouveaux communicants qui récitent du "prémâché" appris au cours de séances de coaching style écoles de commerce et qui ont beaucoup de peine à faire passer un message dans leurs entreprises et vers leurs clients, et que ce message soit retenu.
J'attends la prestation du Président de la SNCF qui a le devoir de nous expliquer comment un TER a pu encadrer un TGV sur le réseau ferré le plus sécurisé du monde !
Rédigé par : Jabiru | 18 juillet 2014 à 18:24
La parole meurt de n'être plus prise au sérieux. De devenir un ornement au lieu d'être consubstantielle à la dignité de l'humain.
Non, elle meurt de tourner à vide.
La parole n'est qu'un vecteur , par exemple analogue à un train chargé de transporter une marchandise d'un point A à un point B.
La fonction sera respectée si la marchandise arrive bien au point B, en temps et en heure et intacte.
Ou bien encore, c'est l'analogue d'un canal de transmission d'informations ou de données informatiques.
Mais si des données fausses sont transmises à distance de façon impeccable, quelle peut être leur utilité ?
Or de nos jours, que ce soit dans le domaine de la politique ou bien dans celui des idées, nous sommes trop souvent exposés à des intelligences brillantes - souvent confondues avec des gens qui causent bien - qui ne font que manipuler et transmettre des données reposant sur des concepts erronés à la base, quand d'un autre côté les données exactes ne sont pas purement et simplement occultées.
Rédigé par : Parigoth | 18 juillet 2014 à 17:44
@ Parigoth
« Reeeentrrre iciiii, Jean Moulin ! »
Je crois bien que ce jour-là André Malraux avait encore un peu trop forcé sur le narguilé. Mais chut, ne nous moquons pas, sinon sbriglia va encore se vexer… :-)
Rédigé par : Achille | 18 juillet 2014 à 14:17
La forme, l'inspiration, le but pourvsuivi sont des éléments que vous privilégiez. Soit, mais le contenu ?
Exemple : la planète est en surpopulation, malgré tous les efforts pour faire croire le contraire. L'augmentation de la population contraindra à des mesures de coercition donc à des révoltes et des affrontements insupportables. Pourtant, la bonne pensée comme la dynamique économique poussent à augmenter sans cesse nos besoins, et en même temps on parle sans arrêt de sauver des vies. Le pragmatisme consisterait à dire que, pour sauver une forme acceptable de vie, il faut réduire le nombre d'habitants et réduire la production, donc l'investissement, la recherche, le progrès, accepter de mourir.
Inacceptable. Propre à faire enfermer aux petites maisons, oui ? La parole est impossible, sauf si on oppose à ce constat une parole également inacceptable comprenant un accord sur le fait avec son acceptation morale et la préférence accordée à l'immédiat sur l'avenir.
Jaurès a eu des propos antisémites, il était juste de le rappeler, dans un climat consensuel d'antisémitisme larvé, aujourd'hui il est interdit d'en faire état ou d'avoir la même opinion que lui, sans qu'aucune parole autre qu'obligée, contrainte soit venue le corriger. Dans le climat d'appétit de jouissance, il n'est pas possible de tenir un discours d'austérité autre que fiscale, donc politique. La politique a eu, a et aura toujours le dernier mot, malgré Platon et Schrödinger.
Hegel pensait qu'on ne faisait rien de grand sans passion. Les politiques ne font plus rien de grand car ils ont tellement convenu leurs discours qu'il n'en transpire plus rien que de l'ennui et du mépris.
Rédigé par : genau | 18 juillet 2014 à 13:09
@Achille
Beau discours certes mais la solennité ostentatoire de Malraux est terriblement datée.
- Reeeentrrre iciiii, Jean Moulin !
Des témoins dignes de foi prétendent avoir entendu une voix dire : « ta g...., je ne suis pas pressé. »
@marie dumont
De belles phrases pleines d'émotion ont été prononcées, mais voilà, elles étaient sans objet. L'éloquence, c'est important, mais encore faut-il que la cause soit juste. Parce que vous croyez que la cause se dégonfle avec le mensonge de Lola ? Lola n'était qu'un archétype, un peu comme ces statues édifiées sur nos places publiques qui ne correspondent parfois qu'à des personnages aux actions surfaites voire mythiques. Il existe d'autres Lola, bien réelles, dont la cause est tout aussi juste. Donc les belles phrases pleines d'émotion et les analyses ou réflexions qui ont pu être conduites par les intervenants restent d'une actualité flagrante. Veuillez vous reporter aux chiffres des violences communiqués par le ministère de l'Intérieur : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/07/17/01016-20140717ARTFIG00260-violences-la-barre-du-demi-million-de-faits-par-an-est-franchie.php
Et encore, ce chiffre ne tient pas compte des violences n'ayant pas fait l'objet d'une plainte. « Lola » est toujours là, sous une autre forme.
Rédigé par : Parigoth | 18 juillet 2014 à 11:55
@ sbriglia
« Et c'est bien pour cette raison que le discours de Malraux pour l'entrée de Jean Moulin au Panthéon reste, à ce jour, à mes oreilles, insurpassable. »
Beau discours certes mais la solennité ostentatoire de Malraux est terriblement datée. On imagine mal un tel discours aujourd’hui sans risquer de sombrer dans le ridicule.
Rédigé par : Achille | 18 juillet 2014 à 08:42
@ marie dumont :17 juillet 2014 à 20:52
"Le texte que vous citez (il est prudent de ne pas le prendre à votre compte) vaudrait aujourd'hui combien de mois de prison à son auteur ?"
Si l'on considère qu'une insulte raciste vaut neuf mois de prison ferme, ce texte antisémite vaudrait, au moins, trois ans de prison ferme à son auteur Jean Jaurès mais aménageables selon les nouvelles dispositions de la loi Taubira.
Encore un socialiste qui y échapperait ! :-D
Rédigé par : breizmabro | 18 juillet 2014 à 08:29
Philippe Bilger,
Les "imbéciles" vous reprochant de trop écrire sur N. Sarkozy seront certainement surpris de savoir ce que cache votre attitude de "juriste impartial" et la pseudo justesse de vos jugements le concernant. Dans l'article ci-dessous diffusé dans Marianne
http://www.marianne.net/Hommage-a-Pierre-Bilger_a203679.html
On comprend la raison de votre animosité à son égard mais, de grâce, ne jouez pas à l'analyste objectif. Voilà un exemple type de ce que l'on reproche aux juges : régler parfois des comptes politiques ou personnels sous couvert d'une grande rigueur professionnelle.
Et vous récidivez avec Patrick Kron successeur de votre frère Pierre Bilger à la présidence d'Alstom.
Vous avancez vous aussi, dans ces cas-là, avec un faux nez et ce n'est pas très bien !
Rédigé par : JO | 18 juillet 2014 à 07:51
Les grands patrons n'ont pas besoin de savoir parler aux foules, ni d'être charismatiques.
Regardez le patron de LVMH, dont la plus grande qualité est d'organiser les intrigues entre ses DGs.
Il voit les dix mêmes personnes tout au long de l'année.
Et je parle de lui parce que c'est un des meilleurs, un malin qui embauche et crée des bénéfices en France.
Mais comme orateur, c'est un nullard. Regardez, récemment il a tenté une blague belge, mais a manqué la chute. Remarquez, ce n'en est que plus drôle...
Rédigé par : Alex paulista | 18 juillet 2014 à 02:57
Wouahou !!!
Depuis que le ministère public s'est reconverti et a investi dans la sphère privé de la parlotte et du prêchi-prêcha son cantor découvre que tout le monde productif ne sait pas parler et plus précisément ne peut pas parler comme lui, libre, impunément au gré de sa pensée et des réalités qui s'imposent ou qu'on lui impose.
Notre pays est un pays riche où tous les zélateurs, profiteurs, envahisseurs, veulent faire leur beurre et leur bonheur avec la complicité des serveurs de soupe du Parlement et de leurs réseaux.
S'ensuivent tous les blocages et interdits pénaux et financiers qui frappent au porte-monnaie.
La liberté a un prix.
Après le délit de sale gueule, le délit de vérité et surtout l'obligation de silence sauf pour certains.
Faut la faire fermer à ceux qui diraient quelques vérités décrétées dangereuses et trop visibles... alors silence.
Que notre Procureur Honoraire sache et s'imprègne bien du fait que le mot patron en France est une injure, un mal, une verrue.
Il est placé mieux que quiconque pour connaître l'arsenal législatif et judiciaire pour faire tomber et payer, ruiner et spolier ces anormaux qui pourtant nourrissent l'engeance étatique toute-puissante.
Allons faire un tour dans ces magnifiques palais de pure liberté, de pure justice des soviets, que sont les prud'hommes.
Les seuls endroits où la parole soit libre ce peuvent être le cabinet du juge d'instruction, le confessionnal, chez son avocat s'il n'est pas marron ou en mission, le divan de son psy s'il est cultivé et humain.
A mes yeux mais seulement à mes yeux tout le reste sur la parole et la liberté n'est que spéculation... mais c'est beau comme du Verlaine au fond de son tripot et ça peut faire plaisir.
Rédigé par : poil à gratter | 18 juillet 2014 à 02:17
Cher Philippe,
Un exposé lu endort. Ce qui habite l'orateur est quelque chose de bien singulier et il semblerait que les mots y soient pour peu de chose.
Quand un type a préparé une intervention télévisée et que le moment est d'une gravité intense, personne ne s'attend à entendre "Qu'est-ce qui c'est passé ?" sur un ton de dysharmonie totale. Parler pour mettre en valeur une imprécision, c'est triste.
Et l'on peut lire tous les écrits sur les neurones miroirs, cela ne changera rien.
La passion, la compassion cela ne s'apprend pas. La délicatesse, la finesse ne sont pas données à chacun. La sensibilité, la spiritualité ou la brutalité des mots n'appartiennent qu'à des instants en harmonie avec ce que l'autre a envie d'entendre. Le discours est enfermé dans un rôle dans lequel il n'existe que quelques petites fenêtres pour accéder à l'empathie.
Lorsque nous lisons vos billets, ce n'est pas une lecture silencieuse. Votre voix est présente, grave, pondérée. Nous voyons ce qui vous agace, ce qui est provocation ou jubilation, ce qui vous tient à cœur.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 18 juillet 2014 à 01:35
Ce que vous dites de la parole peut se transposer à mon avis, au chant. Là aussi les vraies grandes voix sont de plus en plus rares et les talents qui se révèlent dans cet art ne bénéficient aucunement du soutien des médias.
Même dans la variété il n'y a plus de voix et ce n'est pas l'émission "The voice" qui va inverser la tendance car les talents mis en lumière font rarement une longue carrière avec l'aide des producteurs.
On est dans le futile, l'éphémère et le n'importe quoi en tout et en permanence ; cela devient épuisant.
"La parole meurt de n'être plus prise au sérieux." Oui, Philippe, le sérieux voilà ce qu'il faut retrouver coûte que coûte.
Rédigé par : Ribus | 17 juillet 2014 à 23:04
On devrait instituer un jour national de silence total - interdiction de parler et d'écrire -, ça nous donnerait, peut-être, l'occasion de prendre conscience que l'on produit beaucoup de sons et d'écrits sans aucun sens et contenu. En somme que l'on est trop souvent sur le mode pulsionnel.
Rédigé par : zomia | 17 juillet 2014 à 23:01
C'est sans doute en raison de cette éprouvante difficulté morale et intellectuelle à compter authentiquement sur soi que la plupart des leaders s'illusionnent sur leur aptitude à diriger par la parole. Comme la plupart se sentent dépassés par ce qu'exigerait une parole vraie, forte et libre, ils prétendent la posséder en s'accommodant de la proférer banale, sans saveur ni vigueur.
Un chef d'entreprise digne de ce nom ne parle pas, il donne des coups de gueule...
Du moins dans les petites entreprises.
Expérience vécue.
Bien entendu, il y a des exceptions.
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"Qu'on lise Jean Jaurès, les grands orateurs révolutionnaires, et on comprendra aisément ce que je signifie."
J'ose espérer que Philippe Bilger s'en tienne à la forme de l'art oratoire tout en jetant un voile pudique sur le fond. Il y avait aussi à une époque de l'autre côté du Rhin quelqu'un qui savait soulever les foules et nous avons vu ce que cela a pu donner.
Rédigé par : Parigoth | 17 juillet 2014 à 21:34
"La parole meurt de n'être plus prise au sérieux. De devenir un ornement au lieu d'être consubstantielle à la dignité de l'humain."
Eh oui, c'est bien cela, la parole n'est plus prise au sérieux. Nous ne croyons plus en elle. Comme nous ne croyons plus en la vérité, qui sans elle disparaît.
La parole est utilisée comme un ornement, non, pire : comme une arme, comme un moyen de coercition. Il faut lire et relire 1984.
Quand on ne croit plus en la vérité, ni en son indispensable vecteur, la parole, comment se connaître, comment s'entendre, comment se comprendre ? Alors les désirs, les envies, les intérêts... ont libre cours. Et la raison du plus fort reste la meilleure.
Tout est dans la parole.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 17 juillet 2014 à 21:18
"Je pense à Lola", écriviez-vous il y a quelques jours; il faut penser maintenant à autre chose puisque son agression était imaginaire.
De belles phrases pleines d'émotion ont été prononcées, mais voilà, elles étaient sans objet.
L'éloquence, c'est important, mais encore faut-il que la cause soit juste.
Monsieur Savonarole,
Vous m'avez bien fait rire par votre citation de Jaurès.
Le texte que vous citez (il est prudent de ne pas le prendre à votre compte) vaudrait aujourd'hui combien de mois de prison à son auteur ?
Rédigé par : marie dumont | 17 juillet 2014 à 20:52
Bonjour Philippe Bilger,
« Pourtant, pour beaucoup de ces contents de soi, le silence permettrait aux autres, dans les univers multiples où le leadership a à s'exercer, au moins de s'imaginer qu'une parole entraînante, singulière est possible et donc de conserver leurs illusions. »
Le principal problème des professionnels de la parole, que ce soit les journalistes, les politiques et parfois aussi les avocats (mais plus rarement, c’est vrai) est souvent de s’écouter parler sans vraiment accorder de l’importance à la portée des mots qu’ils utilisent, voire même sans prendre le temps nécessaire pour formuler une phrase bien construite.
Il s’ensuit les lapsus tels que ceux que l’on a entendus encore récemment de la part de François Hollande et de Christiane Taubira et qui font le buzz sur Twitter. Ajoutons à cela les dérapages verbaux qui dépassent la pensée de leurs auteurs, les poussant ensuite à se perdre dans des explications oiseuses pour se justifier.
Il me semble que la première précaution qu’il convient de prendre avant de s’exprimer verbalement est de parfaitement maîtriser son sujet. Cela permet de faire face à toutes les questions pièges qui ne manqueront pas d’être posées et surtout de ne pas être soumis à un stress qui parfois peut conduire à la faute.
Pour le reste, l’expression orale, le timbre de la voix et la gestuelle qui permet de donner de l’effet à notre discours n'est qu'une question de mise au point.
Certes il est possible d’apprendre quelques petits trucs, mais ainsi que vous le faites remarquer, Philippe Bilger, il ne faut pas que ces « outils » donnent un effet trop ampoulé au discours, mais laissent l’orateur exprimer sa vraie nature.
Ce que je trouve insupportable, ce sont ces cabinets de communication qui se sont emparés du discours politique. L'avantage est certes de fabriquer des discours bien dans la ligne du parti et éviter les correctifs.
Phrases bien construites mais totalement impersonnelles, donc sans aucune portée.
Rédigé par : Achille | 17 juillet 2014 à 19:20
Ce qui manque à la plupart de ceux qui doivent prendre la parole en public (qu’ils soient responsables politiques ou grands patrons), c’est peut-être tout simplement la sincérité. Ils auront beau faire appel aux services de conseillers en communication, apprendre toutes sortes de techniques (vocales, gestuelles, corporelles), voire rédiger eux-mêmes leurs discours et s’efforcer de convaincre, s’ils ne croient pas à ce qu’ils disent, ils ne seront au mieux que de bons orateurs. L’éloquence sans la sincérité, n’est-ce pas ce qu’on nomme "langue de bois".
Franck Lepage montre brillamment comment on peut construire deux discours très différents, à partir de quelques mots creux, et faire illusion même quand on n’a rien dire. Voici un bref extrait d’une série de conférences humoristiques, intitulée "Inculture(s)".
https://www.youtube.com/watch?v=jKwW12IXaZ4
Rédigé par : moncreiffe | 17 juillet 2014 à 18:58
Hors sujet
Lola aurait menti. Hâtons-nous de n'en tirer des conclusions précipitées. Ce "coup de théâtre" mérite au moins que chacun se pose la question des réactions même pas anticipées, puisqu'elles se révèlent probablement sans objet.
Deuxième hors sujet.
Vous portiez ce matin, Philippe Bilger, la voix des bien-pensants sur Europe1 dans l'émission de Morandini, ce "journaliste" respectable puisqu'il fait de l'audience. On vous a entendu suspicieux de la procédure guyanaise qui a condamné cette représentante du FN pour propos racistes à l'encontre de Christiane Taubira.
Il serait judicieux, pour ceux qui vous considèrent comme un guide, qu'un peu de cohérence colore vos positions : quand la justice s'en prend à Sarkozy, vous fustigez les prises de position visant à remettre en cause l'indépendance de la justice. Mais quand cette même institution condamne à Cayenne Madame Leclère, vous "aimeriez" une transparence de la procédure pénale, mettant en cause assez clairement une potentielle main coupable de la garde des Sceaux.
A voile et à vapeur, Philippe Bilger ?
Rédigé par : Christian C | 17 juillet 2014 à 17:14
Bien vu Bilger.
Vous citez Jean Jaurès, que je relis à intervalles réguliers, notamment pour analyser son rapport au christianisme, dont on sait qu'il est au fondement de la pensée socialiste.
La parole de Jaurès faisait vibrer les voûtes et les esprits, parce qu'il était avant tout un homme de foi, même laïque.
Merci pour ce billet qui vole à belle hauteur.
"L'homme de foi ne communique pas. Il s'adresse aux autres".
Rédigé par : Arobase du Ban | 17 juillet 2014 à 17:01
"La passion... est le sang qui irrigue le verbe"
Et c'est bien pour cette raison que le discours de Malraux pour l'entrée de Jean Moulin au Panthéon reste, à ce jour, à mes oreilles, insurpassable.
Rédigé par : sbriglia | 17 juillet 2014 à 16:08
Quel orateur que ce Jean Jaurès, tenez, voyez cette flamboyance :
« Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre ».
Ah que c'est beau !
C'est de l'antique, ma parole !
Dieudonné où es-tu ?
Clemenceau a tout dit sur ce goinfre du cassoulet : "il est mort comme il a vécu, à sa table de travail"...
PS : Marc Ghinsberg, un peu de tenue s'il vous plaît...
Rédigé par : Savonarole | 17 juillet 2014 à 15:20
Brève de bistrot : la vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, beaucoup de gens paraissent brillants jusqu'à ce qu'ils ouvrent leur bouche...
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 17 juillet 2014 à 13:17