C'est une grande mode, durant les vacances, de traiter de sujets que l'année responsable et sérieuse jugerait inutiles, dérisoires ou frivoles.
Mais il y a aussi, pendant cette parenthèse de loisir et de repos, la volonté de certains médias d'offrir à leurs lecteurs une échappée, une suspension, une halte, comme une autre respiration.
Ainsi Le Figaro a choisi de nous intéresser à une série sur "l'écriture, une histoire de famille" qui n'est pas à tout coup passionnante mais qui surtout est sans danger pour le quotidien lui-même.
Ce qui n'est pas le cas du défi que Le Monde s'est lancé à lui-même. En effet, ce journal qui ne nous a jamais donné l'habitude d'une introspection, d'une remise en cause, voire d'une repentance va, avec "Le jour où...", décliner son histoire autour de quelques séquences fondamentales, de portraits de certaines de ses personnalités emblématiques, de moments forts ou dévastateurs ayant marqué le cours de cette publication.
Aussi irremplaçable qu'elle est parfois contestable.
Aussi nécessaire au quotidien, comme un ami agaçant, une familiarité désirée mais à chaque lecture menacée, qu'elle vous fait regretter souvent d'être une drogue, de constituer une addiction dont on ne peut se défaire. De vous enfermer dans une dépendance ici délicieuse, là insupportable.
Pour ma part je vis mal quand je n'ai pas eu de quoi me nourrir, m'énerver l'esprit en tenant entre mes mains ces pages qui suscitent, c'est selon, colère, indignation, adhésion, estime, admiration, qui nourrissent la contradiction ou appellent l'approbation, qui sont imprégnées de snobisme sociétal ou culturel ou pétries d'intelligence et de lucidité politique.
Il me semble que cet effort sur soi qu'accomplit, soudain cet été, Le Monde sur lui-même n'est pas mince et mérite d'être salué comme il convient.
Ces noms, Hubert Beuve-Méry, Pierre Viansson-Ponté, Raymond Barrillon, entre autres, qui renvoient à la jeunesse, qui constituent une douce et ferme sollicitation pour se replonger dans un temps où l'information avait du prix et du sens, où la déontologie était sacrée et l'intégrité indispensable. Où ce quotidien, contre vents et marées, était respecté même par ceux qui en récusaient l'esprit et les partis pris.
J'avoue mon saisissement quand, au milieu des épisodes narrés par les plumes talentueuses d'Ariane Chemin et de Raphaëlle Bacqué, j'ai vu ressurgir le scandale de la tragédie cambodgienne, l'aval initial concédé aux Khmers rouges et la triste dérive idéologique de Patrice de Beer.
Sans doute la part la plus sombre, la plus honteuse de cette épopée médiatique faite du meilleur et du pire, qui a façonné nos pensées en même temps qu'elle les a contraintes, en permanence, à une suspicion critique.
Même s'il était inconcevable qu'on exclût ce désastre d'une telle série, il fallait tout de même avoir du courage, de l'honnêteté et de la mémoire pour relater ainsi ce qui est demeuré, dans la tête de beaucoup de lecteurs, comme une intolérable offense à la vérité, à l'humanité.
Je ne sais quand "Le jour où..." se terminera mais si j'avais un voeu à formuler, ce serait celui-ci.
Que Le Monde n'attende pas des années pour déplorer ses dérives ou ses bonheurs d'aujourd'hui, pour dénoncer l'élitisme pompeux et hermétique du Monde des livres ou son obsession de paraître toujours accordé au fil du temps, pour réfléchir sur sa pratique, questionner ses préjugés et se demander pourquoi, pour certains, il est devenu de moins en moins irremplaçable, de plus en plus contestable.
Tous les médias devraient se contraindre à cet examen de conscience, ce qui reviendrait aussi à octroyer aux réactions des lecteurs une place bien plus considérable que celle qui leur est dévolue aujourd'hui.
Cette vigilance de tous les instants ne serait pas de trop pour les sortir de cette facilité qui, les faisant mépriser des prétendus moutons noirs comme Closer, les persuade trop aisément de leur perfection et de leur honorabilité.
Soudain, cet été...
Un miracle à reproduire, à généraliser.
"Que Le Monde n'attende pas des années pour déplorer ses dérives ou ses bonheurs d'aujourd'hui..." dites-vous, M. Bilger.
La réputation de sérieux et d’impartialité du Monde n’est heureusement plus, aujourd’hui, ce qu’elle était il y a quinze ou vingt ans.
De nombreuses publications, dont le livre de révélations de Pierre Péan et Philippe Cohen, "La Face cachée du Monde" ont sérieusement contribué à ternir son prestige.
Mais le "quotidien du Grand Soir" jouit encore, en France comme à l’étranger, d’un prestige et d’une influence considérables.
Le prêt-à-penser qu’il distille à longueur de colonnes sur le ton faussement mesuré qu’on lui connaît, fait en effet du Monde la référence incontournable à laquelle la classe politico-médiatique française, les bobo-gauchos et les bien-pensants de tout poil s’abreuvent quotidiennement.
Or, à l’heure où s’ouvre le procès du quarteron de criminels qui inspiraient ou dirigeaient les Khmers Rouges, au Cambodge, on ne saurait oublier que, derrière une objectivité de façade, Le Monde s’est constamment employé, de sa fondation en 1944 à la chute du mur de Berlin en 1989, à justifier, minimiser et parfois nier les crimes et les méfaits du communisme. On ne peut pudiquement passer sous silence l’aveuglement et la complaisance dont il fit preuve à l’égard de l’Union soviétique, de la Chine maoïste, du Vietnam "libéré" ou du Cambodge sous Pol Pot.
Qui peut en effet oublier - pour ceux qui, comme moi, étaient en âge de lire quotidiennement Le Monde à cette époque - que l’un des journalistes vedettes du "quotidien de révérence", Jacques Decornoy, s’évertuait à convertir ses lecteurs dans la foi aux lendemains qui chantent lorsqu’il décrivait en ces termes le programme du FUNK (Khmers Rouges) dans Le Monde du 16 avril 1975 : "Une société nouvelle sera créée ; elle sera débarrassée de toutes les tares qui empêchent un rapide épanouissement : suppression des moeurs dépravantes, de la corruption, des trafics de toutes sortes, des contrebandes, des moyens d’exploitation inhumaine du peuple (…). Le Cambodge sera démocratique, toutes les libertés seront respectées, le bouddhisme restera religion d’Etat, l’économie sera indépendante, l’usage de la langue nationale sera généralisé dans les services publics"…
On connaît la suite…
Car pour avoir contribué à endormir l’opinion publique, en France comme à l’étranger, en prédisant la victoire "inéluctable" du communisme en Asie du sud-est, Le Monde porte, qu’on le veuille ou non, sa part de responsabilité dans les atrocités qui devaient s’ensuivre… y compris le génocide perpétré par les Khmers Rouges au Cambodge, qu’il a bien tardé à dénoncer dans ses colonnes.
Une longue recherche sur internet m’a conduit sur la trace de certains articles parus à cette époque dans ce journal, dont la tonalité non équivoque exprime la sympathie et le soutien de leurs auteurs à cette sinistre entreprise destinée, une fois de plus, à exterminer tous ceux qui, dans le délire de leurs bourreaux, pouvaient entraver la naissance de "l’Homme Nouveau"…
Rédigé par : berdepas | 07 août 2014 à 12:28
Je me rappelle cet éditorial du Monde qui, au lendemain d’un attentat à Bagdad ayant coûté la vie à un haut représentant de l’ONU, reprochait à Chirac de n’avoir pas répondu à l’appel des USA invitant la France à envahir l’Irak : après le Cambodge, encore une énorme ânerie « de référence ». Le Monde est aujourd’hui devenu le porte-parole des néocons et du State Dept. Il n’y a pas lieu de payer de sa poche pour subir la propagande US (le contribuable doit y contribuer, malgré lui). En revanche, ceux qui affectionnent la propagande socialiste peuvent s’abonner : le masochisme est une affection délicieuse pour ceux qui en souffrent, et elle n’est pas poursuivie par la loi.
Rédigé par : Ulysse | 04 août 2014 à 11:48
Lu dans Le Monde du 21 juin 2014 : "La petite phrase qui valait 3,8 milliards d'euros". Il s'agit de la phrase de S. Royal : "J'efface la hausse de 5%" (des tarifs de l'électricité). EDF étant cotée en bourse, cette phrase a coûté 5,9 milliards au groupe, en une journée, compensés par la rectification de Matignon, ce qui n'a finalement coûté que 3,8 milliards d'euros en une journée !
Lire Le Monde réchauffé est instructif.
Rédigé par : anne-marie marson | 02 août 2014 à 16:46
Abonné au Monde de la fin des années 1960 au début des années 1980, son évolution m'a conduit à l'abandonner. Sa lecture quotidienne, depuis, ne m'est plus apparue indispensable et je m'en passe avec une grande aisance.
En revanche, je reste un fidèle lecteur (depuis 1973) du Monde diplomatique qui, si certains partis pris peuvent y être critiqués, conserve une analyse toujours d'excellente facture et surtout une qualité de rédaction française rare, celle que le Monde quotidien a perdue.
Rédigé par : Robert | 01 août 2014 à 19:07
Soudain, cet été... 27 juillet 2014 : huitième centenaire de la bataille de Bouvines.
Les pouvoirs publics, tout comme les médias, auront complètement omis de commémorer les 800 ans de la victoire de Bouvines, le 27 juillet 1214. Et pourtant, cet événement majeur, qui a acquis une valeur de symbole, a contribué à façonner l'histoire de la France.
Cette bataille décisive s'inscrit dans le conflit ayant opposé la France et l'Angleterre, né de la rivalité entre Capétiens et Plantagenêts : étant maîtres d'une partie importante de l'Ouest français, les rois anglais, tel Richard Coeur de Lion, menaçaient par leur puissance la monarchie capétienne. En réponse à la confiscation de ses fiefs français, en 1202, Jean sans Terre suscita une coalition, que Philippe Auguste démantela en battant l'empereur germanique Otton IV, allié au comte de Flandre Ferrand, à Bouvines, près de Lille, en 1214.
Face à une armée forte, semble-t-il, de 80 000 hommes, Philippe II Auguste ne disposait que de 25 000 combattants, dont 1 200 chevaliers, qu'il exhorta en ces termes : "Seigneurs, vous êtes mes hommes et je suis votre sire !" (cf. Georges Duby, "le Dimanche de Bouvines").
La victoire de Bouvines souligna le triomphe des Capétiens sur leurs rivaux et établit la suprématie de leur dynastie sur les grands vassaux. Consacrant l'union du roi et du peuple, elle est considérée comme marquant l'éclosion d'un sentiment national chez les Français, face à une coalition étrangère. Offrant l'image, nouvelle, du souverain rassembleur, Philippe Auguste, après avoir renforcé son pouvoir monarchique et accru le domaine royal, fut, le premier, reconnu comme "roi de France" (et non plus "des Francs"). Ce coup d'éclat lui valut de connaître une fin de règne glorieuse, le dispensant ainsi de faire sacrer son fils de son vivant.
Bouvines a créé un nouvel équilibre européen, aux dépens du Saint Empire et de l'Angleterre, l'échec de Jean sans Terre ayant contribué à la révolte des barons anglais. Elle a posé les fondements de la puissance que deviendra au XIIIe siècle le royaume de France. Toutefois, au siècle suivant, une série de conflits opposant à nouveau la France et l'Angleterre aura pour effet de fragiliser considérablement la monarchie française.
Voilà ce que doit signifier, à mon sens, la bataille de Bouvines pour tout Français. Belle occasion manquée d'une vraie démarche mémorielle ! Je suis atterré du mutisme auquel on a assisté, le "politiquement correct" ambiant conduisant à occulter radicalement les faits historiques glorieux, facteurs de fierté nationale, pour désormais ressasser des événements douloureux plus récents, voire se complaire à se replier dans une repentance nationale, suivant une démarche compassionnelle. Les Britanniques, l'an prochain, faisant preuve de moins de frilosité, n'auront certainement aucun scrupule à célébrer avec éclat les deuxième et sixième centenaires de leurs victoires de Waterloo et d'Azincourt... Il est vrai que le Premier ministre avait été pressenti pour se rendre à Bouvines, mais il a préféré, au dernier moment, se montrer sur la dernière étape du Tour de France.
Même si bon nombre d'intellectuels français sont devenus hostiles à l'idée même de nation, au profit d'une histoire multiculturelle, il ne faut pas craindre de réhabiliter le "roman national" qui s'est écrit au fil des siècles, les références au passé étant propres à nous aider à tisser aujourd'hui l'appartenance commune à la nation française. Ce n'est pas sous un ciel assombri d'une angoisse culpabilisante, mais à la lumière d'un patriotisme bien compris, que pourront être réalisées la cohésion sociale et le "vivre ensemble", qui sont devenus nécessaires, au risque de graves déconvenues. Oui, laissons le nom de Bouvines gravé dans le marbre de l'histoire de France !
Alain Meyet (Paris)
Rédigé par : Alain Meyet | 31 juillet 2014 à 21:02
Mon LOL du jour :
"Mais je ne comprenais pas qu'une jolie fille put être de droite"
Sacré JDR !
........................................
On n'a pas les mêmes valeurs ni le même ophtalmo ; quand une meuf me dit qu'elle est de gauche, terminé, je zappe ces intellos de carnaval qui parlent en pinçant les voyelles et tortillant du popotin ; les femmes de droite sont plus classe, moins arrogantes et ont du charisme, c'est là que je puise !
Rédigé par : sylvain | 31 juillet 2014 à 12:03
Eh ben ! dites-moi ?
Il faut passer par K. La Marchande de mariages dans l'herbette fleurie pour les titres "pompé" ? Ou j'aurais pas compris ! Une provinciale dont les parents auraient été angoissés de la savoir prendre le métro !
Quel talent et quelle aventurière dans les affres du métropolitain de la capitale qui l'air de rien lui procuraient la liberté de la conquête... Retenez-moi, je sens le malaise arriver ! Pas de panique nous sommes sur une vraie bonne nouvelle pour les gencives sensibles et les dents saines et remplies de blanchitude...
Arrêtons les délires. Les vraies aventurières de la vie ne sont pas celles qui le racontent en oubliant le piment d'espelette... Triple lol ! et vive les vacances.
Rédigé par : calamity jane | 31 juillet 2014 à 10:28
@ Parigoth
"Mais ne nous leurrons pas, si cet exemple de désinformation sur le Cambodge..."
A la lecture du mémoire d'Alix Morel, le lecteur prend conscience qu'en réalité il ne s'agit pas de désinformation, mais bien d'absence d'information pourtant validée par les directions des journaux : les journalistes ne sont pas présents à l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh ; ils "informent" en reprenant des dépêches, par exemple celles d'une agence de presse de Bangkok.
Néanmoins, l'article du Monde d'aujourd'hui, auquel fait référence le billet, persiste à écrire que la rédaction parisienne de l'époque, en bonne pratique journalistique - comprendre celle qui va de soi - croisait les sources...
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 juillet 2014 à 08:08
"Mais je ne comprenais pas qu'une jolie fille put être de droite"
Sacré JDR !
Il est vrai que dans les années de ma jeunesse les filles de gauche étaient "plus faciles" à nos yeux (enfin, quand je dis nos yeux c'est une image...)
Vous terminerez à droite... on sent déjà l'évolution... L'enfance est un territoire dont on n'est jamais sorti !
Rédigé par : sbriglia | 30 juillet 2014 à 16:02
"Un miracle à reproduire, à généraliser."
La télé se regarde déjà le nombril.
Maintenant on a la presse écrite qui se regarde la (l)une montrée quarante ans avant.
Un support papier qui fait du vieux réchauffé pour les plus de soixante ans.
C'est "segmentant", comme on dit.
Je ne suis pas sûr que ce genre d'initiative sauve la presse écrite.
Vous me direz, c'est l'été...
Rédigé par : Alex paulista | 30 juillet 2014 à 15:20
En dépit d'une lecture attentive des commentaires, personne pour relever le titre "pompé" de l'hebdomadaire sur papier glacé...
http://www.parismatch.com/People/Television/Karine-Le-Marchand-Quand-j-ai-debarque-a-Paris-527065
Quelle séance de brainstorming épuisante pour le grand quotidien intellectuel... je reste sans voix !!
Rédigé par : Valerie | 30 juillet 2014 à 14:57
@ Jean-Dominique Reffait | 30 juillet 2014 à 00:44
Bis repetita.
Avec l'Ukraine nous avons actuellement à nouveau l'archétype du bourrage de crâne médiatique.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 30 juillet 2014 à 14:12
@ Véronique
Je comprends bien ce que vous écrivez.
Je n'ai jamais accusé notre hôte de mauvaises intentions mais de mauvaises analyses.
L'intérêt de la France aujourd'hui, c'est de sauver ce qui peut l'être : les frontières, la souveraineté, la langue, le mode de vie, la culture, et ce n'est pas en appelant à voter pour ceux qui ont pour but explicite de faire table rase du passé qu'on va y arriver.
Rédigé par : Franck Boizard | 30 juillet 2014 à 11:54
@Véronique Raffeneau
"Les massacres de masse perpétrés par les Khmers Rouges entre 1975 et 1979 et leur couverture médiatique en France"
Pour avoir été proche d'une association qui en 1975 accueillait des réfugiés cambodgiens, il se trouve que j'ai vécu en direct le hiatus ayant existé entre la réalité et la vision que les médias français en ont donnée.
Je me souviens aussi de la réaction d'un collègue de travail à qui j'expliquais ce qui se passait au Cambodge et qui refusait de me croire sous le prétexte qu'il ne voyait pas d'images à ce sujet à la télévision...
Un effet du sinistre « Vu à la télé » (ou pas vu).
Mais ne nous leurrons pas, si cet exemple de désinformation sur le Cambodge est emblématique des pratiques employées par les médias français, sur bien d'autres thèmes ils continuent de persister dans l'erreur en nous désinformant sur certains sujets sensibles (comme l’immigration de masse) par idéologie, par conformisme ou simplement par bêtise.
Rédigé par : Parigoth | 30 juillet 2014 à 11:43
Le Monde, irremplaçable ? Il ne faudrait peut-être pas pousser pépère dans les orties.
Je constate, vu la chute constante de son lectorat, que beaucoup arrivent très bien à remplacer cette propagande socialiste hypocrite.
@ Véronique
Je comprends bien ce que vous écrivez. Je n'ai jamais accusé notre hôte de mauvaises intentions mais de mauvaises analyses. L'intérêt de la France aujourd'hui, c'est de sauver ce qui peut l'être : les frontières, la souveraineté, la langue, le mode de vie, la culture, et ce n'est pas en appelant à voter pour ceux qui ont pour but explicite de faire table rase du passé qu'on va y arriver.
Rédigé par : Franck Boizard | 30 juillet 2014 à 11:25
@Franck Boizard
Je suis bien convaincue que si vous posiez à notre hôte cette question :
Avoir voté Hollande, était-ce défendre l'intérêt général et celui de la France ?
Sa réponse, sans hésitation, serait oui.
Je pense que l'erreur centrale de Philippe Bilger, comme de l'ensemble des médias, est de commenter la vie politique française comme on construit une fiction en créditant les personnages d'une importance à mes yeux démesurée. Sans les arrière-plans.
Avec comme nœud de l'intrigue :
Sarkozy ira-t-il en prison ?
Lors de l'épisode garde à vue de Nicolas Sarkozy, le lecteur a frôlé le dénouement.
Mais bon, c'était juste l'épisode du fourgon, où NS n'a été que déféré.
Dans son blog, Philippe écrit son roman national.
Cependant, c'est une banalité de l'écrire, notre République - le cadre romanesque – a été taillée à l'échelle d'un Général...
.../...
A propos de la tragédie cambodgienne.
Il est utile de prendre connaissance du mémoire d'Alix Morel, étudiante en 4ème année à Sciences Po Lyon, publié en 2011 et accessible en ligne :
"Les Massacres de masse perpétrés par les Khmers Rouges entre 1975 et 1979 et leur couverture médiatique en France."
Fabrice à Waterloo, ainsi se décrit aujourd'hui Patrice de Beer, l'envoyé spécial de l'époque au Monde, en guise de conclusion à l'introspection publiée dans Le Monde...
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 30 juillet 2014 à 06:32
Cher Philippe,
Soudain, cet été, une poignée de journalistes de gauche a condamné les Français qui recherchent une information neutre et de qualité.
L'année anniversaire des vingt ans de la chaîne d'information continue LCI.
Une belle vacherie !
Nous ne regardons presque pas les chaînes publiques qui sont une sorte de propagande du parti socialiste, avec de petits reportages publicitaires pour des marques de grosses distributions, un travail amateur, infantilisant et non respectueux des journalistes eux-mêmes et des publics.
L'information internationale est atrophiée sur ces chaînes publiques qui se traînent à un niveau primaire et qui sous-estiment le niveau des téléspectateurs.
Nous chercherons l'information sur le net, sur CNN ou la BBC qui sont des équivalents actuels de la chaîne d'information LCI.
Nous remercions les journalistes professionnels de LCI de leur travail précis, documenté, faisant appel à des experts internationaux de qualité dans tous les domaines.
Quand LCI ne pourra plus travailler nous déposerons notre poste de télé sur le trottoir en signe de solidarité parce que nous ne sommes pas assez musclées pour le déposer devant le CSA qui ne nous respecte pas, qui se contente d'une sous-qualité, d'un brossage de pompe continuel de Hollande et de la Dame du Poitou.
Nous n'avons aucune considération pour les autorités administratives indépendantes qui bafouent la liberté de la presse audiovisuelle.
Les journalistes de la presse publique pourraient faire des stages professionnalisants sur les chaînes privées. Certains en ont faits et nous nous passons des questions et des explications de faux économistes de cruches gauche caviar et des potiches que l’on ne peut plus voir en peinture.
Le sabordage d’une chaîne par un clan au service d’un parti, ce n’est pas à l’honneur d’un pays.
Nous leur laisserons leur information muselée. Ce sera notre réponse.
L’information des chaînes publiques accuse un grand retard qui ne peut satisfaire personne. Pourquoi faire disparaître la qualité ?
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 30 juillet 2014 à 01:08
On a beau dire, on a beau faire, on a beau dégoiser sur Le Monde, il demeure le journal par lequel on peut comprendre la complexité du monde et qui ne rechigne pas à l'aridité d'une explication étayée quand cela s'avère indispensable. L'actualité internationale y est traitée comme nulle part ailleurs dans la presse nationale. Il est irremplaçable.
Je ne lisais pas Le Monde lors de l'avènement des Khmers rouges, un peu trop jeune pour cela (13 ans au début, 17 à la fin), mais je me souviens de l'ambiance. Une société clivée à outrance où le mal était à droite, où avoir un ami de droite (ou réciproquement un ami de gauche pour quelqu'un de droite) était une trahison. C'était l'époque de la chanson de Ferrat sur d'Ormesson à propos du Vietnam. Je n'étais alors pas très à l'aise avec cette ambiance car, vivant dans la bourgeoisie de droite, mes amis étaient issus de familles de droite. J'étais une curiosité à l'heure du thé, un gentil garçon, bien élevé, de bonne famille et... de gauche. Mais je ne comprenais pas qu'une jolie fille put être de droite, cela me paraissait incongru, la douceur et la beauté ne pouvaient qu'être de gauche !
C'était l'époque où l'on était capable de trouver des vertus à Baader et sa bande et où l'on criait victoire quand les Khmers Rouges s'emparaient du Cambodge. Je me souviens avoir suivi ce mouvement et c'est une erreur de jugement qui me revient souvent en tête. C'était une erreur folle car bon nombre de gens qui se réjouissaient de cette prise de pouvoir n'étaient pas pour autant communistes. Mais il y avait une mythologie anti-impérialiste persuadée que les peuples ne pouvaient accéder à la libération que par le rejet du capitalisme et de ses affidés pro-américains.
Séquelle surprenante de cette époque de réflexes idéologiques : je considère souvent avec sévérité les lecteurs du Figaro dans le métro, alors que moi-même je le lis maintenant ! Quelle bêtise que les idéologies politiques !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 30 juillet 2014 à 00:44
Le livre de Péan et Cohen est une charge violente contre la période sombre Minc, Colombani, Plenel.
Il n'y a pas grand-chose sur les périodes précédentes et particulièrement la période Fauvet.
Rédigé par : Merville | 29 juillet 2014 à 20:04
@caroff
J'entends votre argumentation.
Sur le fond, qu'elle s'inquiète des conséquences écologiques et budgétaires est tout à fait recevable. Par contre qu'elle oppose un veto formel au lancement d'un appel d'offres est tout à fait inadmissible et antidémocratique. Ce genre de décision doit être le fruit d'une concertation entre partenaires (élus, associations, etc.) et certainement pas la conséquence d'une décision unilatérale émanant d'une ministre qui n'est pas mandatée pour décider seule du sort d'un tel projet qui concerne toute une population régionale. De quel droit pourrait-elle décider seule ? Une demande d'arbitrage devrait être présentée au Premier ministre, aux uns et aux autres de présenter leurs arguments afin d'engager un débat démocratique. Le diktat du veto aujourd'hui est totalement inapproprié.
Rédigé par : Jabiru | 29 juillet 2014 à 17:47
La presse, dont vous êtes friand, est capable de faire son mea culpa. Admettons, si ça fait vendre...
Et la justice ? Est-elle capable, elle aussi, de faire son mea culpa sur toutes les condamnations iniques ?
Certes pas. La justice SAIT, elle.
La "justice" peut, elle, condamner des gens à des années de prison sur le bottage en touche qu'elle délègue à "l'intime conviction" des jurés.
Disons que c'est le parallèle du "selon nos sources" si cher à la presse de votre cœur qui, visiblement, se trompe AUSSI.
La justice et la presse disent, dans un même élan, pour se défausser : c'est pas nous c'est eux... Ponce Pilate en somme.
Tant que la "justice" condamnera à des années de prison des hommes ou des femmes, sans preuve, sur les seules "intimes convictions" de jurés confinés dans la même salle que des magistrats siégeant à la même audience, je ne la croirais pas plus que votre quotidien ancestral intello et bourgeois (l'un n'allant pas sans l'autre ;-))
Comme dirait Dame Justice : c'est mon sentiment et je le partage !
Rédigé par : breizmabro | 29 juillet 2014 à 15:33
"Le Monde", c'est effectivement mieux quand c'est réchauffé.
Rédigé par : anne-marie marson | 29 juillet 2014 à 15:03
@Merville
Une véritable histoire de ce quotidien irremplaçable doit être écrite.
Je crois me souvenir que plusieurs ouvrages ont été consacrés à ce sujet.
Par exemple : « La face cachée du Monde, du contre-pouvoir aux abus de pouvoir », par Pierre Péan et Philippe Cohen. (Ed. Mille et Une Nuits)
Rédigé par : Parigoth | 29 juillet 2014 à 13:48
Cher Philippe, j'ai toujours considéré qu'un quotidien s'auto-proclamant "journal de référence" atteignait le sommet du ridicule. Ses procédés restent identiques jusqu'à aujourd'hui comme par exemple sa charge assez ignoble contre le bâtonnier de Paris sur laquelle j'aurais souhaité avoir votre opinion. Mais je continue à le consulter car il reste le journal de référence... pour les médias. Et en conséquence, le cœur du pouvoir "intellectuel".
Rédigé par : Charlie | 29 juillet 2014 à 12:50
La presse de tous bords reste dans l'horizontalité quelle que soit la hauteur des vagues.
Un exemple : face aux djihadistes n'ayant pas peur de mourir dans leur combat, quand lirez-vous une ligne sur l'effectivité d'aller au paradis après s'être fait exploser dans un attentat ?
Le combat spirituel et théologique serait le plus sûr moyen de faire la paix dans le monde, mais là, il n'y a plus personne.
La certitude d'être les plus intelligents est le propre de l’intelligentsia, et le plus sûr moyen d'être des crétins.
Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, et nous avons la presse et les médias des rois que mérite et paie la démocratie.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 29 juillet 2014 à 12:18
@ Véronique Raffeneau
Je pensais que la citation de Mongénéral par Peyrefitte était claire.
Que dit de Gaulle ? Que les idées que la bourgeoisie promeut sont contraires à l'intérêt du pays.
Je ne vois aucune raison de réviser ce jugement.
S'agissant de notre hôte, quelqu'un qui appelle, par exemple, à voter Hollande est peut-être motivé par tout un tas d'excellentes idées mais certainement pas l'intérêt de la France.
Rédigé par : Franck Boizard | 29 juillet 2014 à 12:15
@Jabiru
Il faut pouvoir démontrer l'intérêt général du projet et l'absence de solutions alternatives pour construire l'A831. N'oublions pas que cette infrastructure dont on parle depuis plus de vingt ans, traverse des zones Natura 2000 protégées an plan européen. Tous travaux s'y déroulant doivent faire l'objet de mesures compensatoires et de justifications sérieuses évoquées plus haut. Le ministre des Transports a confirmé en 2013 l’absence de participation financière de l'État avec, pour conséquence une dépense pour les collectivités territoriales qui passerait de 221 Millions d'€ à 400 Millions d'€. et a demandé : "une insertion environnementale exemplaire" qui, à coup sûr, renchérira la facture.
Il n'est pas illogique que S.Royal s'inquiète des conséquences écologiques et budgétaires d'un tel projet...
Rédigé par : caroff | 29 juillet 2014 à 12:14
Soudain cet été... La Madone du Poitou refuse de lancer la procédure d'appel d'offre concernant le projet d'autoroute A831, provoquant une bronca estivale d'élus locaux. Son veto mais de quel droit ?
Pour qui se prend-elle pour défier élus et chefs d'entreprises, la Région ne lui appartient pas à ce que je sache !
Un véritable déni démocratique de la part d'une élue connue pour son mépris du peuple et ses piètres résultats à la tête de la Région dont elle a été la Présidente.
Il est à espérer que le Premier ministre tranchera et remettra la dame à sa place.
Il me semble qu'en 1789 le peuple a sorti les escopettes pour lutter notamment contre ce genre de diktat.
Rédigé par : Jabiru | 29 juillet 2014 à 11:45
@Claggart
Forces Françaises en Allemagne (FFA)
Les Allemands, qui ont aussi le sens de l'humour disaient qu'ils étaient occupés par les Forces Franco-Algériennes...
Rédigé par : Parigoth | 29 juillet 2014 à 09:53
Ces articles sont effectivement intéressants et courageux, comme celui qui raconte le rôle auprès de Jacques Fauvet de Philippe Boucher, ce "révolutionnaire" qui a fini sa carrière dans les sinécures républicaines du Conseil d'Etat. Intéressants aussi le récit de la chute de Laurens pour crime de lèse-Mitterrand par Claude Sarraute et l'évocation de l'ahurissant sectarisme de J. Fauvet (qui vaut bien celui, actuel, de Jean Birnbaum...) considérant J.F Revel comme un "fasciste" !
Rédigé par : Guzet | 29 juillet 2014 à 08:37
J'ai sursauté quand, à propos de l'introspection du Monde d'aujourd'hui, vous parliez de courage journalistique, que Denis Monod-Broca - en temps normal, dans votre blog, plus et mieux inspiré - reprend à son compte dans son commentaire.
Le Cambodge et ses deux millions de morts.
Vous savez, cette foule en liesse - ces cortèges de condamnés en réalité paniqués - acclamant ses libérateurs khmers que Le Monde et Libération de l'époque, au comble du ravissement intellectuel et idéologique, fantasmaient comme jamais.
Alors que dans les faits, aucun journaliste n'était présent à Phnom Penh quand selon, la description de ces Tintin au pays du crime contre l’humanité, le drapeau de la liberté et de la pureté flottait sur la ville.
"Sept jours de fête pour une libération" titrait alors Libération.
Introspection empreinte de courage intellectuel quarante après cette tragédie, écrivez-vous ?
Pour qui s'intéresse à la presse et à l'histoire récente des médias, ce déshonneur journalistique absolu est depuis longtemps une balise, et son souvenir brûlant agit comme une mise en garde permanente.
Personne, depuis, ne croit un journaliste et un média - quel qu'il soit - sur parole.
@ Franck Boizard
"Bien entendu, cher Philippe, je vous place dans les 5% de bourgeoisie intellectuelle qui trahit..."
On peut reprocher à Philippe Bilger ce qu'on veut, certainement pas la trahison dont vous parlez. Dans son blog, ses excès, parfois, ne le sont que par excès de fidélité à lui-même. Et c'est bien parce que la sincérité de ses billets - l'excès de soi - l'emporte sur tout que la lecture régulière de son blog est au fond une école de la liberté de soi. Je peux tenter de contester ses positions. Je ne supporte pas qu'on dénigre l'homme et sa parole.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 29 juillet 2014 à 05:55
Bonjour,
« Le Monde » est en tête !!?? En tête des subventions versées par l'Etat qui en puise une grande partie dans nos impôts.
Ainsi, la Cour des comptes nous informait-elle récemment des montants versés en millions d'euros :
Le Monde 18,40 M€ suivi du Figaro 17,20 M€.
Considérant que tel journal ou telle presse vend des "torchons", comment ne pas se révolter de participer automatiquement et contre son gré à sa diffusion quelle que soit la qualité voire le niveau du contenu de telle ou telle édition.
Le summum de la contrariété étant atteint quand on apprend qu'il existe une aide au transport des journaux par la SNCF ; cette aide représentant 4,5 millions d’euros dans le budget 2013. Selon le même rapport de la Cour des comptes, Le Monde est le principal bénéficiaire, avec 3,9 millions d’euros d’aide par an en moyenne.
P.S. : La Cour des comptes aussi a un classement selon la subvention ramenée à l’exemplaire imprimé (vendu ?). Selon ce critère, le journal le plus subventionné est L’Humanité (48 centimes d’euros par exemplaire).
Question : si Le Monde n'était pas subventionné, vous le procureriez-vous à son prix réel ?
Rédigé par : fugace | 29 juillet 2014 à 01:08
Philippe Bilger exprime admirablement ce que j'ai ressenti en lisant ces articles passionnants. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour cette introspection nécessaire et douloureuse ?
Aujourd'hui nous apprenons que François Mitterrand avait obtenu le limogeage d'André Laurens parce qu'un article spirituel de Claude Sarraute l'avait courroucé. Cela n'avait jamais été dit.
L'influence ambiguë de Philippe Boucher sur Jacques Fauvet était chuchotée dans les dîners parisiens.
L'aveuglement de toute la rédaction lors du drame cambodgien n'a été reconnue que près de vingt ans après.
Une véritable histoire de ce quotidien irremplaçable doit être écrite.
Nous en avons aujourd'hui un avant-goût.
Rédigé par : Merville | 28 juillet 2014 à 23:42
Printemps 1967
Un reportage du chroniqueur militaire du "Monde" sur la vie des appelés des Forces Françaises en Allemagne (FFA) a scandalisé les popotes par son parti pris et ses inexactitudes criantes.
Dieu merci le tir était rectifié quelques semaines plus tard par un reportage de l'admirable Brigitte Friang, avec qui j'ai eu l'honneur de discuter du sujet lors d'une rencontre à Baden.
Quel abîme entre cette héroïne et le plumitif du "Monde" !
Rédigé par : Claggart | 28 juillet 2014 à 21:02
Hélas, ce retour en arrière concerne TOUS les journaux français nés en 1945 : en décapitant tous les organes de presse indépendants, on a fait naître une presse d'opinion. C'est de cela que la France est malade.
Rédigé par : HT | 28 juillet 2014 à 20:36
1968 plus ou moins un an.
Ce directeur français d'une entreprise française en Algérie entend un jour un chauffeur algérien de l'entreprise vitupérer contre son gouvernement :
- Bravo ! "Ils" ont nationalisé les cimenteries. Les expatriés sont partis. Les usines ne marchent plus. Il n'y a plus de ciment. J'ai eu absolument besoin d'un sac et j'ai dû le payer 1500 francs (1) au marché noir, au lieu de 500.
C'était le premier tableau de la narration.
Le deuxième est une contribution ponctuelle à l'histoire du journal Le Monde.
Quelques jours après l'épisode du sac de ciment, le quotidien attire l'œil du lecteur, surtout sous ces latitudes.
En gros caractères, en première page, quelque chose comme :
ALGÉRIE AN VI
Ce que notre envoyé spécial a découvert au long d'un séjour est si riche d'enseignements que nous avons décidé de présenter son reportage sur X jours.
Et maintenant, toujours approximativement, la première phrase, annonciatrice d'autres puissantes considérations de la même farine, de notre Albert Londres des temps modernes:
"On dit couramment que lorsque le bâtiment va, tout va. Dans l'Algérie de l'an VI, il y a un tel boom de la construction, un tel développement des travaux publics, que le ciment vient à manquer."
Une rapide enquête auprès de l'ambassade de France dévoile que le journaliste a refusé de rencontrer le moindre Français de peur de polluer son jugement et qu'il a été cornaqué de bout en bout pendant deux ou trois semaines par un représentant du ministère algérien de l'information.
C'était ça aussi, Le Monde.
(1) la population avait alors du mal à se familiariser avec le dinar et même le nouveau franc.
Rédigé par : Yves | 28 juillet 2014 à 19:04
Ah Le Monde !!
Moi aussi j'ai été sous l'empire de cette forme de drogue douce que l'on allait quérir au kiosque du coin vers 15h à Paris dans les années 1960-70. En mai 1968 justement, je croise le critique de cinéma Georges Charensol que je ne connaissais qu'à travers la radio ou la télévision. Comme j'ai sous le bras son quotidien favori, il me demande, sur un ton d'extrême surexcitation, où j'ai réussi à acheter ce journal. Devant son air de drogué en état de manque, je le lui ai donné sans que cela me coûte beaucoup car mes parents l'obtenaient facilement de leur côté.
Comme toutes les drogues consommées régulièrement, la lecture du Monde déclenche des effets secondaires que Philippe Bilger décrit fort bien : "ces pages qui suscitent, c'est selon, colère, indignation, adhésion, estime, admiration, qui nourrissent la contradiction ou appellent l'approbation, qui sont imprégnées de snobisme sociétal ou culturel ou pétries d'intelligence et de lucidité politique".
Et puis, il y a eu en effet les infâmes élucubrations de Lacouture, de Beer et consorts !
Certes, les grands noms du Monde et leur déontologie m'empêchèrent de divorcer d'avec sa consultation quotidienne mais une page était néanmoins tournée qui signait une sorte de défiance.
Dans les années récentes, le parti pris gauchiste libéral à la Cohn-Bendit-Pigasse-Niel m'a dégoûté au point que je ne lis plus la Pravda du soir, le "prêt-à-penser" des "élites" parisiennes.
Le décrochage s'est fait en douceur : je n'ai pas réussi à le trouver à New York où j'ai séjourné l'année dernière !!
Rédigé par : caroff | 28 juillet 2014 à 18:49
« Peyrefitte, je vous supplie de ne pas traiter les journalistes avec trop de considération. Quand une difficulté surgit, il faut absolument que cette faune prenne le parti de l’étranger, contre le parti de la nation dont ils se prétendent pourtant les porte-parole. Impossible d’imaginer une pareille bassesse – et en même temps une pareille inconscience de la bassesse. Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort ! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre. Bien sûr, cela représente 5% de la nation, mais 5% qui, jusqu’à moi, ont dominé. La Révolution française n’a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu’est la bourgeoisie. Cette classe qui s’est de plus en plus abâtardie, jusqu’à devenir traîtresse à son propre pays. Bien entendu, le populo ne partage pas du tout ce sentiment. Le populo a des réflexes sains. Le populo sent où est l’intérêt du pays. Il ne s’y trompe pas souvent. En réalité, il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d’argent, celle qui lit Le Figaro, et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde. Les deux font la paire. Elles s’entendent pour se partager le pouvoir. Cela m’est complètement égal que vos journalistes soient contre moi. Cela m’ennuierait même qu’ils ne le soient pas. J’en serais navré, vous m’entendez ! Le jour où Le Figaro et l’Immonde me soutiendraient, je considérerais que c’est une catastrophe nationale ! »
Alain Peyrefitte: C'était de Gaulle, Editions de Fallois/Fayard, 1994.
Bien entendu, cher Philippe, je vous place dans les 5% de bourgeoisie intellectuelle qui trahit (car je ne pense pas que vous soyez un homme d'argent, donc pas dans les 5% de bourgeoisie d'argent). Car vous avez appelé à voter pour François Hollande, ce qui est par quelque bout qu'on le prenne faire du mal à la France, et que vous détestez Nicolas Sarkozy pour des raisons dont le "populo" (j'aime bien cette expression gaullienne) se contrefiche, à savoir ses mauvaises manières, et que vous ne le détestez pas pour les raisons qui le méritent, à savoir qu'il n'a pas "viré" les immigrés comme le "populo" croyait qu'il l'avait promis (un serrage de vis réel sur l'immigration aurait été un bon début).
Rédigé par : Franck Boizard | 28 juillet 2014 à 17:59
L’article sur le Cambodge est courageux en effet.
Le Monde revient sur la façon dont il s'est trompé, longtemps, lourdement, sur la vraie nature du "Kampuchéa démocratique" et de sa "révolution".
Ne devrait-il pas exercer ce même et si louable esprit critique au sujet de la vraie nature d"Euromaïdan" et de sa "révolution", même s’il n’y a pas de commune mesure entre Phnom Penh 1975 et Kiev 2014.
Il eut tort au Cambodge de ne pas écouter les avertissements des Américains. N'a-t-il pas tort en Ukraine de faire siennes au contraire, et sans le moindre recul, leurs motivations, justifications et interventions ?
Il eut tort d'évaluer le nouveau régime à l'aune de sa détestation de l'ancien. Il tombe, cette fois-ci encore, dans le même travers.
Un préjugé idéologique l’empêcha de voir que, derrière de belles formules et une façade à peu près respectable, se cachaient des Khmers rouges adeptes de la force brutale et capables du pire. De la même façon, aujourd’hui, une simple étiquette, « pro-européens » lui cache qu’il s’agit d’un ramassis d’oligarques sans scrupules et de radicaux de diverses obédiences plus suspectes les unes que les autres.
Enfin il se méfie des Russes, très exactement comme il se méfiait des Américains, par l’effet de ce qui ressemble fort à de la paresse intellectuelle.
Faudra-t-il attendre 2050 pour que Le Monde fasse amende honorable ?...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 28 juillet 2014 à 16:12
Largement d'accord avec vous, avec évidemment une nuance sinon ce serait suspect. Que Le Monde conserve son regard critique sur la société, sur la politique, sur les hommes et... sur ses confrères, notamment Closer.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 28 juillet 2014 à 15:55
J'ai vu ressurgir le scandale de la tragédie cambodgienne, l'aval initial concédé aux Khmers rouges (...)
Si cela se limitait à « l'aval initial concédé aux Khmers rouges »...
Mais hélas, ce journal qui se targue de donner le « la » à l'opinion, donne sa bénédiction à bien de fausses avancées mais réelles régressions funestes ou à bien des mouvements qui sapent l'avenir de notre pays, voire qui risquent de menacer notre propre existence.
Par exemple, les violences qui ne font que se multiplier dans notre pays reposent sur des germes qui ont été cultivés par ce genre de conditionnement collectif.
Rédigé par : Parigoth | 28 juillet 2014 à 15:20