Il y a des questions auxquelles on ne répond jamais.
Je n'ai jamais pu, par exemple, obtenir d'un avocat qu'il m'explique clairement son rapport à la vérité, ces moments sans doute plus nombreux qu'on ne le pense, dans les procès où l'être intime pressent ce que le professionnel cherche à occulter, où il convient de faire barrage à des évidences profondes qui détruiraient l'énergie et la conviction judiciaires. Où le pragmatisme étouffe la conscience.
A chaque fois, j'ai été renvoyé aimablement dans mon monde en ayant à me contenter du peu qu'on m'offrait et qui me laissait sur ma faim.
Il est des interrogations plus troublantes, plus déchirantes qui nous confrontent à ce que nous sommes, au sens de notre vie et à notre place à la fois hasardeuse et nécessaire dans l'univers. A ce qui sans cesse entre en nous pour empêcher le repos de l'esprit et la tranquillité de l'âme. A ce qui ajoute au désespoir d'être mortel l'incompréhension devant, trop souvent, l'illisible de ce qu'obstinément nous cherchons pourtant à déchiffrer.
Combien de fois ai-je, avec un élan toujours déçu, harcelé de belles intelligences du clergé pour qu'elles me donnent enfin la clé de l'intolérable, qu'elles me communiquent, pour qui ne pourrait se passer de transcendance, le mode d'emploi du Mal, ce qui, dans la dévastation qu'il opère et les tragédies qu'il cause, devrait pourtant nous faire percevoir les effets de la bonté divine et l'honneur de notre liberté.
Jamais la moindre lumière sur ces tourments consubstantiels à l'humain, jamais l'ombre d'une piste pour concilier la lucidité du regard et la croyance de l'âme, pour conjuguer la déplorable nature avec la possibilité du surnaturel.
Qui n'a pas éprouvé ce terrifiant sentiment qu'à un certain moment, les malheurs se déversent sur nous comme s'ils s'étaient accumulés dans une réserve, en attente, mais soudain avec un trop-plein irrésistible, impossible à maîtriser ? Qui n'a pas enduré ce cycle qui vous conduit à faire le dos rond et la personnalité patiente et résignée face à l'avalanche des catastrophes, des morts et des injustices ?
Que notre condition soit précaire, limitée, que l'intuition de l'éternité ne soit, sur terre, présente que dans les enchantements de la passion ou au coeur de ces instants magiques où on devine comme un frisson en soi de plus que soi, n'impose pas que l'existence nous bouscule avec ces montagnes russes de la destinée, que nous soyons ballottés entre le sombre entêté et le rose si fragile. Pourquoi nous bouleverser et nous agiter ainsi du pire persistant au meilleur vite entrevu ?
Cette liberté et cette responsabilité qui nous donneraient notre chance et sauveraient notre dignité face à l'omnipotence de la divinité, si celle-ci demeure en nous, fût-ce comme un doute stimulant, que pèsent-elles quand l'innocence est sacrifiée, quand l'enfant, à l'aurore, s'en va même si d'autres ont des crépuscules durables et rassurants ?
Qui peut soutenir que cette plaie venant régulièrement blesser des familles et troubler les consciences est facile à appréhender, qu'elle serait un don, une épreuve pour nous éprouver, le signe non pas de la malfaisance de l'au-delà mais de notre propre turpitude ? Nous serions comptables de ce sur quoi nous ne pouvons rien ?
Peut-être ne faut-il jamais se poser ces questions dont les réponses sont impossibles ou forcément insuffisantes ? Peut-être convient-il d'accepter de croire et de ne rien comprendre ? D'espérer et d'assumer en même temps ?
J'envie ces forts caractères qui, sans dérision pour la religion des autres ni mépris pour ceux qui ont besoin de rêver que de l'autre côté de la vie il y a encore de la vie, se battent au quotidien, surmontent tout seuls l'absurdité d'une existence donnée puis enlevée, le cours chaotique et parfois lassant à force de calamités de destinées encloses en elles-mêmes, n'ayant le recours d'aucune fenêtre sur ailleurs. Ces courageux sans foi mais non sans loi. Qui ne se font pas la moindre illusion.
Y a jamais personne qui répond !
Lorsqu'on fait bien ou que l'on pense bien, on se vit au même niveau que tous les autres.
Lorsqu'on fait mal ou que l'on pense mal, on se sent au-dessus des autres, mais ce n'est qu'une impression, mais allez le faire comprendre à l'Homme.
C'est peut-être ça la réponse, peut-être.
Rédigé par : zomia | 10 juillet 2014 à 01:28
Face au Mal, terrible, qui peut assaillir une existence, il n'y a pas 36 solutions d'adaptation : l'être humain peut développer comme mécanisme de défense des pathologies mentales suffisamment graves pour être stigmatisantes socialement, peut se suicider en raison d'une souffrance devenue insupportable ou enfin continuer à vivre, malgré une plaie béante ; de nombreuses victimes de drames disent ainsi qu'elles sont comme mortes à l'intérieur, ce qui ne les empêche pas de vivre normalement aux yeux des autres, ceux-ci ne connaissant pas l'existence de cette faille intime. Il ne s'agit pas nécessairement de force de caractère, plutôt d'une adaptation de l'être humain aux épreuves, indépendante de sa volonté ; et le simple fait de continuer à vivre peut alors être considéré comme étant en soi une victoire sur le Mal.
Leur existence n'est de plus pas nécessairement absurde, Nelson Mandela en étant un exemple ; la déchirure intime, dans son cas le sentiment d'injustice qui l'habitait, peut être si forte qu'elle devient la source d'une détermination inébranlable, chaque épreuve endurée, aussi terrible soit-elle, étant finalement moins douloureuse que ce sentiment profond d'injustice. Les personnes confrontées à des événements traumatisants ont en outre souvent un sens plus aiguisé du bien et du mal, ces événements peuvent ainsi les amener à devenir des personnes "supérieures" aux autres, centrées sur l'essentiel et éloignées des vanités terrestres. Cela ne veut pas dire qu'il faut nécessairement avoir douloureusement souffert pour être une bonne personne, mais cela peut aider. Peut-être est-ce un début de sens du Mal.
Rédigé par : kalanchoe | 09 juillet 2014 à 22:38
"@clafoutis
Comme il est vrai que la religion est exempte et exonère de ces horreurs :
Votre série d'amalgames sur le thème « toutes les religions se valent » et déformant ou caricaturant certains faits est dépourvue de sens."
Rédigé par : Parigoth | 09 juillet 2014 à 11:08
Vous m'auriez dit : "...est incomplète !", je comprendrais : j'ai, entre autres, oublié les Albigeois (avec un J comme Joie)...
Mais "dépourvue de sens", non !
Les sympathiques participants à ces atrocités sans nom avaient (ont) un point commun (parmi bien d'autres motifs et motivations) avec (au choix) les Staliniens, les Septembriseurs et autres forcenés contemporains : la Foi.
Celle qui, plutôt que déplacer les montagnes (c'est-à-dire s'efforcer de résoudre les problèmes concrets), justifie l'aveuglement, glorifie la férocité, s'enorgueillit de l'horreur, sanctifie l'exécuteur.
Oh oui ! Nul besoin de foi, qui ne fait qu'attiser les brasiers, quand elle ne les allume pas.
Rédigé par : Clafoutis | 09 juillet 2014 à 18:40
@ Parigoth
Vous condamnez donc les crimes monstrueux (je reprends votre expression...) que l'Apocalypse promet à l'humanité avant l’avènement du Royaume des Cieux dont vous reniez a priori l'excellence au nom de votre principe :
On ne bâtit pas un ordre à partir d'un désordre, pas plus qu'un bien ne saurait avoir un mal comme point de départ.
Vous me rassurez : je vous pensais de mauvaise foi, mais vous n'êtes que hérétique...
Rédigé par : Garry Gaspary | 09 juillet 2014 à 16:34
Rédigé par Monsieur Reffait le 08 juillet 2014 à 00:37
Commentaire poignant qui suinte profusement l'angoisse viscerale qui ne m'est pas etrangere a propos du passage que nous n'eviterons pas.
Splendeur litteraire mais je ne suis pas certaine de vos competences scientifiques : l'encephalogramme et le cardiogramme plats apres une anesthesie generale ??
Quant a Monsieur Nino Ferrer, sans reponse lui non plus et seul a l’instant fatal tres violent, c’etait aussi “La maison pres de la fontaine” “Le sud”… Surtout Le Sud !!
http://www.youtube.com/watch?v=FgxwKEuy-pM&feature=kp
Rédigé par Sieur RF @ JDR et PB | 08 juillet 2014 à 15:40
Authenticite rare donc encore plus appreciable et qui merite d'etre saluee. Ce que vous avez ete contraint(e) de faire c’est parce qu’aucun autre choix a ce moment-la n’etait envisageable.
Nul ne peut tout controler… pas meme sa propre vie bien souvent. Ceux qui vous diront le contraire sont des menteurs(ses) ou des pretentieux(ses).
Sur ce, en attendant l'eternite (le plus tard possible quand meme ;-) je vais me faire un cafe...
Rédigé par : Valerie | 09 juillet 2014 à 15:25
@Jean-Dominique Reffait
Personne ne croit en la vie après la vie, personne.
C'est ce que l'on pourrait appeler une affirmation gratuite.
Nous savons bien, tous, au fond de nous-mêmes, que quand c'est fini, c'est fini, black out, anesthésie générale éternelle, absence, rayé des cadres. C'est déjà pas mal, cette certitude de ne plus souffrir.
Pas si sûr, du moins pas pour tout le monde.
Il a été donné à certaines personnes d'avoir reçu des révélations d'âmes du Purgatoire : elles souffrent énormément.
Rédigé par : Parigoth | 09 juillet 2014 à 12:34
@Garry Gaspary
Amalgamer une période révolutionnaire avec l'ordre politique qu'elle tente d'établir ou qu'elle a établi (...)
On ne bâtit pas un ordre à partir d'un désordre, pas plus qu'un bien ne saurait avoir un mal comme point de départ.
Et les crimes monstrueux commis par les révolutions restent des crimes.
En faire l'apologie, c'est y participer.
J'ignore si je suis de mauvaise foi, mais du moins j'évite d'être odieux.
@clafoutis
Comme il est vrai que la religion est exempte et exonère de ces horreurs :
Votre série d'amalgames sur le thème « toutes les religions se valent » et déformant ou caricaturant certains faits est dépourvue de sens.
Rédigé par : Parigoth | 09 juillet 2014 à 11:08
Le sage explique que le monde est absurde et l'enfant lui demande pourquoi...
La preuve de l'illogisme par l'illogisme, en somme.
Rédigé par : Alex paulista | 09 juillet 2014 à 09:27
"Y a jamais personne qui répond !"
Mais bien sûr que si, Monsieur Bilger, certains répondent très bien pour nous dire leur vérité et la vérité.
Mais on ne les écoute pas, pire on ne les entend pas.
Rédigé par : stalen illitch guevara | 09 juillet 2014 à 02:04
@ poil à gratter
Ah que voilà une vérité bonne à lire et à dire.
Depuis Georges Pompidou et après sa présidence quel beau défilé et quelle belle occupation droite-gauche/gauche-droite de fonctionnaires dans les palais de la République ou ce qu'il en reste.
Remarquons aussi que les hommes les plus marquants pour des décisions de bon sens - Maunoury - Mitterrand- Raffarin - Borloo - Sarkozy - n'étaient pas issus du sérail de la fonction publique dictatoriale.
Quand le privé prend sa carte au PS, méfiance : pauvre Cahuzac.
Enfin, quand la vérité nous est révélée on comprend mieux la réalité qu'on cherche à nous cacher par tous les moyens.
Rédigé par : lafleur | 09 juillet 2014 à 01:36
@ Jean-Dominique Reffait | 08 juillet 2014 à 00:37
Votre commentaire est très beau.
Rédigé par : A mon avis | 08 juillet 2014 à 22:40
"Peut-être ne faut-il jamais se poser ces questions dont les réponses sont impossibles ou forcément insuffisantes ? Peut-être convient-il d'accepter de croire et de ne rien comprendre ? D'espérer et d'assumer en même temps ?"
Il me paraît impossible que l'être doté d'une intelligence et de réflexion ne puisse se poser ce type de questionnement existentiel.
Seule la réponse peut différer et personne ne saurait s'autoriser à considérer que seule sa pensée est juste et que la réponse est unique.
Lorsque, Monsieur Bilger, vous écrivez : "J'envie ces forts caractères qui, sans dérision pour la religion des autres ni mépris pour ceux qui ont besoin de rêver que de l'autre côté de la vie il y a encore de la vie, se battent au quotidien, surmontent tout seuls l'absurdité d'une existence donnée puis enlevée, le cours chaotique et parfois lassant à force de calamités de destinées encloses en elles-mêmes, n'ayant le recours d'aucune fenêtre sur ailleurs".
En quoi "une existence donnée puis enlevée" peut-elle être considérée comme absurde ? Ainsi que l'écrit JDR, la vie d'un individu est encadrée par deux néants existentiels : rien avant, la mort ensuite. Entre les deux : la vie qui se doit d'être vécue avec ses bonheurs et ses vicissitudes. L'on rejoint à l'évidence la pensée camusienne.
Faut-il considérer avec la Bible que l'Homme a été créé par un Dieu, à son image et, pour certaines religions, avec interdiction de le représenter ? Ou, plus prosaïquement accepter que l'Homme ne soit que le sommet évolutif du monde animal ?
A titre personnel je penche pour la seconde solution. L'âme qui habiterait chaque individu n'a alors pas d'existence. En revanche, seul l'esprit humain existe qui permet à l'homme de comprendre ce qu'il est et le monde qui l'entoure, la pensée, les idées étant l'héritage de chaque génération et assurant la continuité de l'espèce humaine. Dans ce choix raisonné, le sacré n'est pas exclu, loin de là.
Quant au "Mal..., ces tourments consubstantiels à l'humain", c'est là une notion toute relative, fonction des références que l'on adopte.
Dans nos sociétés occidentales nous en avons une idée "christiano-centrée". Mais que penser de nos chers Inquisiteurs qui torturaient au saint nom de Dieu ? Que penser des djihadistes qui, au nom d'Allah, égorgent ceux qu'ils estiment être infidèles ou mécréants, parce que n'obéissant pas à leur interprétation du Coran ? Sur ce point un certain nombre de vidéos, heureusement floutées, circulent sur Internet qui montrent tel émir autoproclamé égorgeant des prisonniers, musulmans eux aussi, à genou face contre terre, mains attachées dans le dos ? Serait-ce là la volonté de ce "Tout Puissant", Dieu unique que célèbrent les religions dites du Livre ? C'est là à mon sens l'expression de l'absolue absurdité à laquelle conduit ce type de "révélation" et d’interprétation littérale d'un Livre prétendument "parole de Dieu".
Régression ou progrès de l'esprit humain ? Le problème reste entier, de quelque manière qu'on l'analyse.
Rédigé par : Robert | 08 juillet 2014 à 18:56
Question vérité Monsieur Bilger devrait poser les bonnes questions à l'aréopage d'apparatchiks qui se sont emparés du pouvoir depuis mai 2012.
La vérité sur la difficulté à gouverner la France actuelle lui apparaîtrait lumineuse.Elle donnerait une explication claire et précise et surtout révèlerait les mensonges et les mystifications de la nomenklatura étatique propriétaire de tous les pouvoirs depuis 1945.
On comprend mieux pourquoi cette nouvelle noblesse dite républicaine n'aime pas le non étatique et donc Sarko.
Bientôt le procès en diabolisation façon Prague ou Cuba conduit par les gentils fonctios.
......
A lire jusqu'au bout... pour aider les non initiés.
François Hollande, 60 ans, dans la vie active depuis l’âge de 26 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Manuel Valls, 52 ans, dans la vie active depuis l’âge de 21 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Laurent Fabius, 68 ans, dans la vie active depuis l’âge de 28 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Ségolène Royal, 61 ans, dans la vie active depuis l’âge de 27 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Benoît Hamon, 47 ans, dans la vie active depuis l’âge de 24 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Christiane Taubira, 62 ans, dans la vie active depuis l’âge de 26 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
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Arnaud Montebourg, 51 ans, dans la vie active depuis l’âge de 28 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Marisol Touraine, 55 ans, dans la vie active depuis l’âge de 25 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
François Rebsamen, 62 ans, dans la vie active depuis l’âge de 25 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Jean-Yves Le Drian, 66 ans, dans la vie active depuis l’âge de 24 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Bernard Cazeneuve, 50 ans, dans la vie active depuis l’âge de 25 ans. Nous sommes là face à un dilemme. Alors que sa fiche Wikipedia et quelques articles de presse font état d’un début de carrière à la Banque Populaire, cet épisode n’apparaît pas sur la biographie officielle du nouveau ministre de l’Intérieur (par ailleurs très détaillée). Une tache sur son CV que l’homme politique a du mal à assumer vis-à-vis de ses collègues qui n’ont jamais mangé de ce pain-là ? Dans le doute, considérons que Bernard Cazeneuve a bel et bien vécu une courte expérience hors de la sphère publique. Nombre d’années passées en entreprise : 3.
Najat Vallaud-Belkacem, 36 ans, dans la vie active depuis l’âge de 23 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Marylise Lebranchu, 66 ans, dans la vie active depuis l’âge de 26 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Aurélie Filippetti, 40 ans, dans la vie active depuis l’âge de 24 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Stéphane Le Foll, 54 ans, dans la vie active depuis l’âge de 23 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Sylvia Pinel, 36 ans, dans la vie active depuis l’âge de 25 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
George Pau-Langevin, 65 ans, dans la vie active depuis l’âge de 23 ans. Nombre d’années passées en entreprise : 0.
Rédigé par : poil à gratter | 08 juillet 2014 à 17:53
@ Mary Preud'homme
La foi m’intéresse d'autant moins qu'elle est soit mauvaise, soit ineffable et donc incommunicable. Conclusion : tous ceux qui tentent de faire partager leur foi sont donc nécessairement de mauvaise foi...
Sur le reste, vous confondez bien plus que moi : le culte n'est en rien propre au religieux, et je reconnais bien volontiers les bienfaits sur l'homme de la ferveur de la récitation d'une prière en communauté autant que celle d'un hymne national.
Non, le propre de la religion, c'est, pour reprendre le mot de Nietzsche, l'arrière-monde... Cette croyance qu'il existe, a existé ou existera ailleurs (dans le temps, dans l'espace ou au-delà) un monde meilleur que le nôtre.
@ Parigoth
Amalgamer une période révolutionnaire avec l'ordre politique qu'elle tente d'établir ou qu'elle a établi est aussi stupide qu'amalgamer l'économie du Royaume des Cieux annoncé dans les Evangiles avec la période apocalyptique johannique...
Vous êtes de bien mauvaise foi, Parigoth !
Rédigé par : Garry Gaspary | 08 juillet 2014 à 17:35
@Parigoth
« Eh bien justement si, parce que la réponse à la question soulevée par Philippe Bilger n'est ni d'ordre matérialiste ni même d'ordre philosophique. »
Je dirai que c’est surtout une question existentielle que l'on a tous tendance à se poser de temps en temps, surtout en période de "spleen".
Ceci étant je pense que finalement Jean-Dominique a plutôt bien répondu à la question. En tout cas sa réponse me convient.
Rédigé par : Achille | 08 juillet 2014 à 16:53
"...Sauf dans les cas où comme en France à partir de 1792, ou bien en URSS, ou bien en Chine, ou bien au Cambodge, l'ouverture vers autrui s'est traduite par son éradication massive...
Et comme par hasard, tous ces régimes ayant la haine de la religion et plus précisément de l'existence d'un Dieu, sont les premiers à reprendre de façon inversée - le Diable étant le singe de Dieu - les grandes thématiques de la religion."
Rédigé par : Parigoth | 08 juillet 2014 à 10:49
Comme vous avez raison !
Comme il est vrai que la religion est exempte et exonère de ces horreurs :
- la joyeuse Saint Barthélémy
- la verte Irlande
- la fière Espagne de 1492
- les plaisante joutes entre hindouistes et musulmans, toujours renouvelées
- les vigoureux pogroms dans la Sainte Russie et la très catholique Pologne
- les feux de joie à Salem, Rouen, Genève, Rome et autres lieux bénis
- le djihad salvateur
- les discussions enrichissantes entre sunnites et chiites
- la stimulante controverse de Valladolid
- etc., etc.
Ah ! l'ouverture vers autrui, la vraie, que c'est beau ; on ne s'en lasse pas.
Rédigé par : Clafoutis | 08 juillet 2014 à 16:06
"Y a jamais personne qui répond"... et pour cause, personne n'a la solution.
Force de caractère et (ou) religion ne sont pas les réponses totales à toutes les questions.
Nous vivons dans une société qui a peur de la mort ou même peur de l'évoquer, sachant pourtant celle-ci inéluctable, cela reste un peu quelque chose de honteux ou du moins d'incongru.
Chacun se pose des questions lorsque la mort d'un proche vient rappeler la fragilité de sa propre vie, lorsque la maladie ou un accident vient remettre en question ses certitudes, perturbant la routine.
Toutefois l'incident passé, le temps et l'oubli font que l'individu un moment déstabilisé, reprend ses occupations avec ses habitudes, ses ambitions, ses colères ou ses détestations, bref, ses petitesses ou grandeurs très humaines... et les grands serments "tout cela n'a pas d'importance, à quoi bon, je ne m'en ferai plus, tout ceci ne sert à rien, etc." pris dans un grand moment de tourments, sont vite oubliés au profit de la vie qui reprend pleinement ses droits.
Les seules fois où une personne reste blessée et meurtrie à vie, c'est lors de la perte d'un enfant. Une fêlure qui ne se referme jamais même si elle n'empêche pas de continuer bon gré mal gré.
J'ai côtoyé des caractères forts complètement brisés après la mort d'un proche ou des revers financiers et paradoxalement j'ai vu des personnes qui me semblaient plus fragiles se battre avec force pour refaire surface. Difficile de connaître notre propre réaction lorsque surviendra un événement grave pour nous ou notre entourage.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 08 juillet 2014 à 15:59
Je crois que le seul fait de nier l'existence de Dieu prouve qu'il existe.
Le seul fait qu'on se pose la question de savoir s'il existe, montre qu'on est capable de s'extraire de notre quotidien terre à terre, de se détacher de soi pour penser au-delà et réfléchir sur ce qu'il y a en dehors de soi. Or, d'où nous vient cette aptitude à la spiritualité, sinon de Dieu ? Et à quoi servirait cette aptitude s'il n'y a pas de suite après la mort ?
Ma foi vous paraîtra peut-être ridicule, mais en réfléchissant à ces questions existentielles j'ai fini par me forger une conviction forte, et je crois qu'après notre mort nous devenons Dieu, tout simplement. On se fond en Lui. Pas tout de suite, un temps de passage plus ou moins long au purgatoire s'impose pour nous purifier. Mais après, on devient une partie de Dieu, donc Dieu Lui-même.
Comment se consoler d'avoir perdu un enfant ?
Plus l'enfant est jeune et plus son âme est pure. Moi-même j'ai connu cette terrible situation. L'enfant, Dieu ne me l'a pas repris malgré moi. Une mort volontaire, une mort par avortement. Parents d'une famille déjà nombreuse, trop vieux et trop fatigués pour nous sentir à nouveau de jeunes parents et repartir dans les layettes, nous avons fait le choix fatal, pensant qu'on ne servirait pas correctement notre nouveau-né. Depuis, je pleure tous les jours ma petite âme envolée. Je vis avec le poids de ma culpabilité, mais j'assume. Je ne veux surtout pas me défaire de ma culpabilité. Je veux vivre avec ma culpabilité jusqu'au bout. Ce qui m'aide à tenir, c'est de me dire que, étant une âme pure, il a rejoint Dieu instantanément. Ce qui me rassure, c'est que je le rejoindrai après ma mort, pour l'éternité.
Rédigé par : RF @ JDR et PB | 08 juillet 2014 à 15:40
« La vie après la vie » - après l’existence devrions-nous plutôt dire -, comme la vie en dehors du corps, relève d’une connaissance qui a construit les religions et par là même l’humanité. Dans les civilisations archaïques et encore dans quelques peuplades reculées, un homme n’est adulte qu’après avoir connu l’extase.
Les hauts lieux cosmotéluriques sont des lieux d’élévation vibratoires propices, de même que la forme des fonts baptismaux, le pèlerinage de l’esprit puis du corps se termine par celui de l’âme.
Plus près de nous, les anesthésistes se décarcassent à répertorier les NDE.
Les connaissances dans ces domaines sont sans fin.
Mais vous, M. Bilger, vous qui pensez à émerger du monde des ignorants profonds tels bon nombre de ceux qui occupent votre blog, avec des questions mille fois contées, mille fois étudiées par mille théologiens, vous savez que la vie après la vie ne relève que des doux rêves des faibles d’esprit.
La vérité, vous la trouverez au sommet du mont Hélicon, là ou sa circonférence rejoint son axe. En chemin, vous rencontrez Hésiode et les muses. Prenez des provisions, car si vous commencez ainsi, votre procession sera longue.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 08 juillet 2014 à 14:32
En recherche de la Vérité du Bien et du Mal ?
Vaste et difficile programme.
La Vérité et l’Amour ne se trouvent pas.
Ils sont une révélation réservée à ceux qui ont beaucoup cherché avec humilité, ce qui est satisfaisant.
Ou à ceux qui n’ont rien cherché et qui se sont contentés de vivre, ce qui est moins satisfaisant, surtout si les personnes en question ne le méritent pas au sens de la morale traditionnelle.
L’arc-en-ciel ne se cherche pas, et ne se trouve pas, il est là où il veut, quand le soleil se mélange à la pluie.
Que cela ne nous décourage pas de le chercher et de chercher également le trésor enfoui à son pied.
Qu’importe si nous ne le trouvons pas, puisqu’en le cherchant nous faisons de nos vies une merveilleuse aventure.
Rédigé par : Tipaza | 08 juillet 2014 à 14:13
@Achille
de grandes considérations métaphysiques qui ne sont pas vraiment en rapport avec le thème du jour.
Eh bien justement si, parce que la réponse à la question soulevée par Philippe Bilger n'est ni d'ordre matérialiste ni même d'ordre philosophique.
Rédigé par : Parigoth | 08 juillet 2014 à 14:11
Bonjour,
« Je n'ai jamais pu, par exemple, obtenir d'un avocat qu'il m'explique clairement son rapport à la vérité... »
Ne pas dire la vérité, est-ce mal ?
Qu'est-ce que la vérité ?, puisque cette question se pose toujours, y compris dans le domaine des relations entre les citoyens, et des citoyens avec leur cité.
C’est pourtant simple, et nombre de nos chefs présidentiels successifs ont été et sont toujours de grands spécialistes s’agissant de la Non Vérité. Il est absolument certain que pour eux aussi, la vérité c’est d'abord la clarté, le contraire de la tromperie qui s'apparente souvent à la démagogie : dire ce qui plaît, promettre ce qui avantage, séduire ainsi les naïfs pour obtenir momentanément soutien et gain de cause. Mais comment faire quand on sait qu’en ces temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire pour reprendre G. Orwell.
S’agissant du Mal avec un « M » afin de le différencier des autres maux, la question du « Mal moral » (au sens du péché) est évidemment ce qui met en question notre humanité. Mais, savoir s'il est possible ou souhaitable de définir objectivement le Mal est une question essentielle bien que controversée, car chaque individualité (homme) est évidemment différente de toutes les autres par construction, donc par tempérament ou façon d'être. Chaque individu diffère évidemment sur sa propre distinction du bien et du Mal.
Il me semble cependant que pour chacun, la distinction sans équivoque du bien et du Mal est remise en question par le renversement toujours possible du bien en Mal ou du Mal en bien et par la revendication de se situer en deçà de ou par delà de l’un ou l’autre. Chacun en son âme et conscience, sait pertinemment ou se situe la frontière, sa frontière, car justement la providence l’a équipé d’une conscience spécifique "juge infaillible du bien et du Mal", même si chacun(e) obéit parfois à des ordres d’origines complexes (mais pas inexplicables - pulsions ?) qui vont le dépasser sur le plus ou moins long terme. A titre d’exemple fort, n’y a-t-il pas les innombrables chefs historiques ayant fait massacrer des masses, mais sans freins ni remords puisque leur conscience le leur commandait pour leurs raisons (voire leur Raison) à eux. Etait-ce des fous ? Probablement.
Pour résumer, je pense que Friedrich Nietzsche visait juste quant il exprimait ceci :
« Les convictions sont des ennemies de la vérité plus dangereuses que les mensonges ».
Alors pour obtenir la réponse, les réponses aux questions existentielles qui vous encombrent, par ceux qui auraient franchi le Rubicon, à plus ou moins grande échelle, il demeure la possibilité de rentrer dans les ordres, et... de confesser. Le plus difficile sera bien évidemment de doser la pénitence.
Serait-ce suffisant pour comprendre ? J'en doute.
Rédigé par : fugace | 08 juillet 2014 à 13:59
"Quand l'enfant à l'aurore s'en va...
C'est le premier fils... les parents sont
effondrés : cela se passe en 1925.
Nous sommes en 1953, la maman de ce bébé mort me fait cette réflexion : s'il avait vécu, il aurait fait parti des "malgré nous" (nous sommes en Alsace) et aurait été envoyé en Russie où il serait mort, ou pire, disparu. Sa mort prématurée nous a évité bien des souffrances.
Que savons-nous des desseins de Dieu ?
Rédigé par : marie dumont | 08 juillet 2014 à 12:44
Comme beaucoup Garry Gaspary, vous confondez religion (la culture religieuse) et foi. La première procédant du savoir et donc de l'avoir et la seconde de l'être.
Or, à quoi bon cette enveloppe (religieuse) hélas trop souvent brillante et surchargée de rites et prières mécaniques au détriment du reste. A quoi bon s'il n'y a pas la foi et donc l'amour à l'oeuvre dans le coeur humain. S'il n'y a rien d'autre à l'intérieur qu'un encombrement de soi-même, que vanités, radotages et prières mécaniques et trompeuses. Quelle parole lumineuse, quand bien même elle nous atteindrait, pourrait pénétrer dans ce fatras et y trouver suffisamment d'espace et de silence pour entrer en résonance ?
D'abord se désencombrer, faire de la place en soi... Que l'on marche ou que l'on veille, savoir se mettre à l'écoute du silence ! Alors croyant ou non le reste ne vous est-il pas donné par surcroît ?
Rédigé par : Mary Preud'homme (el camino !) | 08 juillet 2014 à 11:42
Ben dites donc, je lis quelques commentaires par-ci par-là et je constate que certains sont partis dans de grandes considérations métaphysiques qui ne sont pas vraiment en rapport avec le thème du jour.
Philippe Bilger, n’insistez pas. Vous n’aurez pas la réponse à votre question. Vous avez fait un faux numéro. :-)
Rédigé par : Achille | 08 juillet 2014 à 11:20
@Garry Gasparry
Le politique est une ouverture vers autrui pour tenter de trouver un consensus rationnel et acceptable avec lui. Le politique est évolution, là où la religion ne cherche que conversion.
C'est cela, oui...
Sauf dans les cas où comme en France à partir de 1792, ou bien en URSS, ou bien en Chine, ou bien au Cambodge, l'ouverture vers autrui s'est traduite par son éradication massive...
Et comme par hasard, tous ces régimes ayant la haine de la religion et plus précisément de l'existence d'un Dieu, sont les premiers à reprendre de façon inversée - le Diable étant le singe de Dieu - les grandes thématiques de la religion.
Rédigé par : Parigoth | 08 juillet 2014 à 10:49
Le mépris n'est pas envers ceux qui dans l'espace religieux et privé parlent d' "âme", de "morale catholique" ou de "soumission à l'Eglise".
Le mépris est envers ceux qui usent aujourd'hui d'une novlangue, et tentent de faire passer dans l'espace public et politique la notion d'âme en l'appelant la "vie", de morale catholique en l'appelant la "responsabilité", ou de soumission à l'Eglise en l'appelant "écologie humaine"... Le mépris est envers ceux qui osent publiquement critiquer la raison au nom de l'absurdité d'une morale qu'ils n'auront jamais la force de critiquer elle-même.
Chacun a sa propre morale, qu'elle soit d'essence religieuse n'est en rien un problème. Ce qui est très problématique par contre avec le religieux, c'est sa tendance à sortir du champ privé pour bouffer autrui.
Le politique n'agit pas ainsi. Le politique est une ouverture vers autrui pour tenter de trouver un consensus rationnel et acceptable avec lui. Le politique est évolution, là où la religion ne cherche que conversion.
C'est bien pour cela que la question du Mal ne se pose pas pour le politique qui cherche toujours un mieux, là où le religieux s'acharne à imposer un Bien...
Rédigé par : Garry Gaspary | 08 juillet 2014 à 10:10
L'une de vos plus belles pages.
Pas de réponse aujourd'hui, et puis demain une réponse éblouissante, le cœur qui s'illumine, l'esprit apaisé qui admire la beauté. Le surlendemain, à nouveau le cœur se brise devant le mal en actes, sans limite, aveugle, d'où la conscience a disparu.
Notre luxe unique ? notre conscience. C'est à travers elle qu'il nous est répondu. Notre réponse à la réponse ? nos actes quotidiens, pas toujours spectaculaires, juste humains, mais justes, juste à notre mesure. Nous sommes les fourmis pensantes de l'univers, et qu'importe le pourquoi, ce qui compte c'est le comment. Comment ces fourmis font-elles pour maintenir une veilleuse allumée malgré l'horreur du monde qui leur a été donnée en même temps que lui ?
En fait, le téléphone sonne constamment mais nous ne pouvons pas toujours l'entendre, distraits que nous sommes par les affaires du monde dont nous oublions qu'il a été seulement prêté disent certains, convaincus que nous sommes de l'avoir bâti.
Mais nous, les fourmis, à quelles fins avons-nous été données-prêtées au monde ? le désespoir que nous pouvons ressentir devant notre impuissance à vaincre le mal me dit que oui, nous avons été prêtés au monde pour qu'il scintille dans la nuit.
http://www.youtube.com/watch?v=X4pEkxz8W8c
Rédigé par : fourmi | 08 juillet 2014 à 09:27
Ces jours, une personne m'a dit : je n'ai pas peur ; ce que je préfère aujourd'hui c'est la solitude et je me prépare parce
qu'il est temps.
Où l'être pressent ce que le professionnel cherche à occulter. Où il convient de faire barrage à des évidences qui détruiraient l'énergie et la conviction. Où le pragmatisme étouffe la conscience.
Où, je remarque qu'il clôt ses volets en grignotant quelques minutes sur la lumière du jour, chaque jour. Sa vérité contre ma vie. L'immensité de la vie et les questionnements sans réponse.
Rédigé par : calamity jane | 08 juillet 2014 à 09:23
Le socialisme ou le syndrome de l'autruche :
Lorsque l'autruche, pour ne pas voir le danger, enfouit sa tête dans le sable, elle expose, par ce comportement et sa position, à faire "enfouir" une autre partie de son anatomie à ce même danger.
Et ces voies-là, monseigneur, sont très "pénétrables".
Rédigé par : sylvain | 08 juillet 2014 à 08:47
Comment voulez-vous qu'un curé, aussi bon soit-il, vous éclaire sur le mal ? Face à ce mystère, il est aussi dépourvu que vous et moi et tout autant que Job. Par ailleurs, aucune philosophie n'est parvenue à en donner une explication satisfaisante et il y a fort à parier que cela restera vrai à jamais. De surcroît, le Christ n'est pas venu sur terre pour « supprimer la souffrance, Il n’est pas venu l’expliquer, mais Il est venu la remplir de sa présence » Paul Claudel.
Face au mal, que l'on soit croyant, agnostique ou athée, il n'y a pas d'alternative : il faut lutter, ne pas se résigner et redécouvrir ce qu'est la fraternité (vocable qui présente l'avantage de posséder une double acception, religieuse et laïque). C'est pourquoi je suis à la fois dubitatif, voire étonné lorsque je lis que vous êtes envieux de ceux que vous qualifiez de « caractères forts ». Qu'est-ce qu'un caractère fort ? Est-ce Saint Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux ou encore Mère Teresa, qui ont connu la « nuit de la foi » mais sans désespérer ou alors est-ce l'Homme révolté qu'était Camus ? Question que je laisse volontairement sans réponse ...
Rédigé par : François | 08 juillet 2014 à 06:48
Vos paragraphes sont des questions. Il n'y aura aucune réponse. Le dernier ne pose pas de question, je vais donc me permettre d'y répondre :
"J'envie ces forts caractères qui, sans dérision pour la religion des autres ni mépris pour ceux qui ont besoin de rêver que de l'autre côté de la vie il y a encore de la vie, se battent au quotidien, surmontent tout seuls l'absurdité d'une existence donnée puis enlevée..."
Il n'y a pas plus de force de caractère à être athée que croyant ou espérant. La notion d'absurdité d'une existence donnée puis enlevée relève encore du désir de croire, Camus en est l'exemple. L'absurdité donne un sens à ce qui n'en a pas. La vie n'est qu'un constat d'un vivant, rien avant, rien après : je constate que je vis, je constate qu'avant je ne vivais pas, je constate qu'après je ne vivrai plus. Aucune absurdité là-dedans. Aucune force de caractère non plus. Je ne suis simplement pas plus inquiet du néant d'après ma mort que je ne suis angoissé du néant d'avant ma naissance. Seule la vie m'angoisse, comme tout un chacun. Un jour, j'ai été anesthésié pour une opération et j'ai voulu comprendre cette expérience comme une mort provisoire : j'étais là, je n'étais plus là, point. J'ai compris qu'être mort, ce n'est pas disparaître, ce qui sous-tendrait une dynamique, c'est être absent, qui n'est qu'un état immuable.
Dans l'intervalle, je me pose les mêmes questions que vous, et je n'ai pas plus l'ombre d'un début de réponse que vous. L'athée n'a pas un rapport différent à la vie, il peste contre la malchance qui semble s'acharner, il peut espérer en une bonne étoile qui lui évitera la prochaine avanie. L'athée aimerait bien qui il y ait un dieu sauveur, ce serait cool, mais il n'y croit pas, c'est comme ça. Ce n'est pas le signe d'un esprit fort que de ne pas accorder de crédit à l'immortalité de l'âme, ce n'est pas un défi à la crédulité apparente des autres, c'est un constat. L'athée, le vrai, pas l'anticlérical de base qui se fait absoudre en cachette, ne peut avoir aucun mépris pour le croyant : il est noyé dans les mêmes emmerdements métaphysiques. Vous croyez que c'est réjouissant l'idée de ne plus exister sous aucune forme, même spirituelle : non, c'est pas drôle du tout !
Lorsque ma mère est morte, j'ai soudain compris que c'était facile de mourir. Si cette petite bonne femme nerveuse et trépidante y était parvenue avec cette simplicité enfantine, c'est que ça n'était pas si dur que cela. J'ai pleuré. Sur elle ? Non, pas une larme. Elle venait de passer les années les plus épouvantables de sa vie dans un déchirement familial, j'étais soulagé pour elle. J'ai pleuré sur moi, sur la séparation. C'est la mort des autres qui est terrible, la nôtre est une broutille pour peu qu'elle ne soit pas accompagnée d'une agonie de souffrance, qui n'est qu'un reste de cette vie qui s'accroche en blessant, en griffant. Plouf, en une milliseconde, nous ne sommes plus là.
Personne ne croit en la vie après la vie, personne. Certains l’espèrent, d'autres non. Cette espérance est éminemment respectable mais est-ce une croyance pour autant ? Je ne le crois pas. Les croyants devraient se réjouir de la mort d'un proche, d'un enfant qui rejoint le paradis, et c'est au contraire la peine qui prévaut : ils n'y croient pas. Nous savons bien, tous, au fond de nous-mêmes, que quand c'est fini, c'est fini, black out, anesthésie générale éternelle, absence, rayé des cadres. C'est déjà pas mal, cette certitude de ne plus souffrir. Ah si j'avais la certitude de me réincarner dans un rocher breton battu par l'océan !
Y a jamais personne qui répond. Y a personne et y a même pas de téléfon.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 juillet 2014 à 00:37
Belle méditation... Pour moi, ces questions existentielles se dissolvent plus par le coeur à coeur concret que par la tête. A vue humaine, croyant ou non, l'univers, la vie, l'humanité, tout cela restera pour toujours un mystère et le mal un scandale, ce qui ne dispense pas de se battre contre lui et de vivre pleinement cette expérience qui nous est donnée, le plus justement et librement possible...
Alors être présent, accompagner ceux qui souffrent et ceux qui rient - j'ai failli écrire servir, oh ! - pleurer parfois, aimer, hésiter, tenir la main, être bienveillant, silencieux, en colère ou en paix en s'efforçant d'être porteur de vie plus que chevalier blanc sauveur du monde, finalement ça nous aide à nous oublier un peu, à mieux entendre de pauvres réponses, parfois à peine parlées, souvent justement dans la fragilité ; ça pousse aussi à choisir de regarder plus facilement du côté de la lumière, et bizarrement, on la trouve aussi parfois au fond des gouffres et des impasses, non ?
Croire au Ciel, pour ceux qui le peuvent ou le veulent, ce n'est surtout pas une facilité pour bisounours, encore moins un grigri (ça, c'est l'enfer) c'est par exemple éprouver que nous ne sommes pas notre finalité, c'est essayer de se souvenir que le "Tout-Puissant" ce n'est pas nous, mais un autre, voire un Tout Autre qu'on est fondé à ne pas comprendre tous les jours, c'est aussi être poussé à continuer à tendre l'oreille, et, dans la brise légère, peut-être entendre une voix, voire une réponse, avant la question suivante, parce qu'on est humain et têtu quand même !
Un peu ce que vous faites, au fond, sur une belle ligne de crête... Allez, à cheval !
Rédigé par : Assu | 07 juillet 2014 à 22:59
Après vous être bien énervé sur Sarkozy, vous avez un coup de blues, Philippe.
"Peut-être ne faut-il jamais se poser ces questions dont les réponses sont impossibles ou forcément insuffisantes ? Peut-être convient-il d'accepter de croire et de ne rien comprendre ?"
Au contraire, et la réflexion philosophique est faite pour cela car elle nous permet de proposer nos propres réponses à toutes ces questions et nous apporter de la liberté grâce à la pensée.
Les philosophes sont nombreux mais de valeur inégale. Il faut donc puiser notre propre pensée chez les plus importants.
Au bout du compte on s'aperçoit que la philosophie et la théologie sont très proches y compris chez Aristote (cf. livre lambda de la Métaphysique).
Y a jamais personne qui répond ? Si, soi-même quand on a bien cherché.
Rédigé par : Ribus | 07 juillet 2014 à 21:04
Y a jamais personne qui répond !
Encore faut-il accepter de prendre en compte la réponse, qui parfois est tout simplement mise en évidence, comme la fameuse lettre volée placée en évidence sur le bureau...
Rédigé par : Parigoth | 07 juillet 2014 à 20:48
Eh bien moi, Monsieur Bilger, qui ne suis pas du clergé, je vais vous donner une piste. Il faut se rappeler que notre séjour en ce monde est une épreuve, nous devrons en rendre compte.
Pour que nous soyons comptables de notre existence terrestre, il faut que nous soyons libres de choisir à tout moment notre comportement, et c'est le cas. Dieu ne nous prive jamais de notre liberté fondamentale, condition de notre responsabilité.
Maintenant, à la remarque qu'on a entendue cent fois "...mais alors comment se fait-il que Dieu dont on dit qu'il nous aime permette tout ce que l'on voit et entend ?", réponse : Dieu a définitivement décidé de laisser leur liberté aux hommes, et il arrive souvent qu'ils en usent pour faire le mal, et donc des victimes. Suite du questionnement "... mais les catastrophes naturelles, non causées par l'homme ?". Réponse : c'est en effet un aspect de la condition humaine, sans rapport avec la liberté des hommes, et on peut ainsi apprendre demain que Monsieur Bilger s'est tué en tombant dans un escalier, sans que personne l'ait poussé.
Pour le reste, un pot dit-il au potier "mais que fais-tu là ?"
Monsieur Bilger, je ne sais toujours pas quelles sont exactement vos convictions spirituelles. Tiens, avant de vous quitter, je vous conseille une lecture : les trois tomes des Cahiers de Maria Valtorta. Jamais entendu parler ? Eh bien, vous allez à la Procure, à Saint-Sulpice, eux connaissent.
Concluons : "ils ont des oreilles, mais n'entendront pas".
Rédigé par : jomal | 07 juillet 2014 à 20:16
Parler de vérité avec un grand V avec un avocat c'est comme introduire un renard dans un poulailler pour parler jeûne végétarien ou s'accompagner de Satan en rut chez les Ursulines.
La vérité se meut dans les cinq dimensions et comme Dieu, elle n'est jamais là quand il le faudrait.
A quoi serviraient les avocats dix fois plus nombreux que les juges si la vérité se présentait ou était présentée dans son plus simple appareil.
Que de temps, d'énergie et d'argent gagnés. Et puis aussi de douleurs et de désespérances en moins.
Combien d'argent n'irait plus dans les poches des menteurs et des mystificateurs... et puis les juges ou du moins certains juges n'auraient plus à consulter leurs connaissances ou à obéir à leur intime conviction ou à leurs idéologies quand ce ne sont leurs certitudes. Le métier de juge n'est pas facile.
Et puis la vérité, comme une jolie femme, avec le temps évolue et peut même beaucoup changer. Certaines en mieux, d'autres vraiment pas en mieux... Alors la vérité comme la beauté... chacun la sienne et tout le problème et sûrement notre bonheur ou notre malheur sont bien là.
Rédigé par : stalen illitch guevara | 07 juillet 2014 à 19:47
Bonsoir Monsieur Bilger,
Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Aucun humain n'arrivera à percer et à comprendre les arcanes de la pensée divine.
A notre niveau de simple créature mortelle, nous pouvons juste conjecturer, imaginer, nous interroger sur le sens de certaines épreuves que le Ciel nous envoie. Sur le sens de la vie. Sur le sens de notre vie.
La réponse à ces questions, nous ne l'aurons pas de notre vivant.
D'ailleurs, à bien y réfléchir, c'est peut-être mieux ainsi. Après tout, la curiosité n'est-elle pas un moteur de la vie humaine ? On cherche à comprendre parce qu'on espère. On espère comprendre. Et après avoir compris, on espère progresser et comprendre davantage. Supporterait-on de tout comprendre et tout savoir ? L'homme ne finirait-il pas dans une profonde dépression s'il n'avait plus rien à chercher, à comprendre, à espérer ?
Rédigé par : RF | 07 juillet 2014 à 19:33
"A ce qui ajoute au désespoir d'être mortel l'incompréhension devant, trop souvent, l'illisible de ce qu'obstinément nous cherchons pourtant à déchiffrer."
Que savons-nous ? Mais déjà, comme le dit Arobase du ban, grâce à René Girard, le mécanisme de la violence chez les hommes. J'ai soif, l'autre, en me voyant, aussi, imitation du désir. Et son imitation redouble mon désir. Rivalité, d'où violence... On ne se battra sans doute pas pour un verre d'eau mais par contre, probablement pour des objets de désir plus intense. Lutte de tous contre tous donc violence détruisant le groupe ?
Non, en général, les gens se réconcilient sur le dos d'une victime, le bouc émissaire, car dans leur violence croisée, ils perdent leur lucidité et quelqu'un finit par aimanter la violence.
Mort, il apporte la vie, on en déduit que vivant il apportait la mort : les paradoxes du sacré, les mythes et les rites sont lancés.
Il faut rendre hommage au judéo-christianisme de nous faire comprendre que la victime est innocente, ce qui augmente une violence moins bien évacuée. Mais au moins il y a tentative d'amélioration morale et vrais progrès scientifiques car qui croit moins à la culpabilité de la victime est plus incité à chercher les causes naturelles des phénomènes.
Mais bon, la violence humaine n'est qu'un des scandales de l'existence, avec le fait que nous ne comprenons pas grand-chose et que nous souffrons, et que nous mourrons.
Je dirais que nous ne faisons, en somme, que subir.
Faut-il s'en satisfaire ?
Tout le monde ne le fait pas, et il n'y a pas que les aphorismes pour protester, ou peut-être faire mieux que protester.
Il existe un mouvement, assez moqué et diabolisé mais au fond qu'a-t-on à perdre quand on souffre et que la mort éternelle nous guette ?
Un mouvement qui prône l'augmentation des capacités humaines, dont certains membres pensent que nous pourrions devenir immortels (formidable) et plus intelligents (ce ne serait pas du luxe et nous comprendrions tellement plus de choses).
Certains ont une religion par ailleurs, surtout protestante, d'autres non, mais je vous en envoie le manifeste.
http://www.transhumanism.org/index.php/WTA/more/148/
Rédigé par : Noblejoué | 07 juillet 2014 à 19:22
"L'homme c'est de la matière qui prend conscience d'elle-même", nous dit ce bon Hubert Reeves qui n'est pas à une contradiction près. On fera inutilement remarquer au scientifique que la probabilité d'obtenir une protéine fonctionnelle est de un sur dix puissance cent soixante-quatre quand il ne s'est écoulé - comparaison tout aussi inutile - que dix puissance seize secondes depuis le Big Bang.
Dieu n'est pas une aiguille dans une botte de foin, plutôt fétu de paille - d'étable -, vingt-cinquième heure de nos agendas. Si au lieu de déplorer son silence notre priorité était silencieuse de lui coller aux basques, on finirait larme. De joie.
Rédigé par : MS | 07 juillet 2014 à 19:05
Alors d'accord : si je vous téléphone en tant que Gaston, puis-je être sûr que vous me répondrez, monsieur Bilger ?! Sinon je me fais avocat du diable dès demain ! Sissi !!
Rédigé par : cactus diable au thym | 07 juillet 2014 à 18:54
Cher PB,
Y a jamais personne qui répond... Je suis bien content de vous connaître, de vous avoir pour ma question, qui est de votre compétence. Voilà : il y a pile un an, nous avons eu la catastrophe ferroviaire de Brétigny. Je viens d'écouter en partie la conférence de presse télévisée, avec messieurs Pepy et Rapoport répondant devant nous tous à l'accusation d'endosser la terrible responsabilité d'être à la tête d'un réseau ferroviaire en "état de délabrement", ainsi que l'indique le rapport judiciaire qui vient d'être diffusé dans les médias, et forcément largement commenté. Le "délabrement", d'après mon Larousse, c'est "l'état de ruine". Ma question est : pourquoi l'institution à laquelle vous avez appartenu, et que vous avez heureusement le souci de défendre, utilise-t-elle des mots "inappropriés" ? Si je lis que le réseau ferré d'un pays est "en état de délabrement", il est clair que je n'irai pas me risquer à aller voyager en train !! Or aujourd'hui, demain, comme hier et avant-hier, des milliers d'usagers, Français et même étrangers, vont continuer à prendre le train dans notre pays !! Autant dire que la crédibilité de ce qu'avance dans son rapport "la justice de notre pays" est nulle. Quelles explications vous et vos collègues en action pouvez-vous nous proposer pour vous comprendre au moins, à défaut de vous excuser ? Messieurs Pepy et Rapoport sont des fonctionnaires du service public, dans leurs fonctions respectives depuis plusieurs années. Compte tenu des faits constatés, il est heureux qu'ils ne soient pas déjà en garde à vue, ne serait-ce que pour démonter le remarquable argumentaire qu'ils ont présenté comme deux duettistes chevronnés !! Mais eux, je me permets de vous dire que je les crois, ce qui n'est pas le cas de vos collègues juges auteurs de ce rapport... Vous avez du ménage à faire et des questions à quoi répondre. Bon courage.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 07 juillet 2014 à 18:40
Dans la série "questions sans réponses", je vous demande depuis sept ans, cher Philippe, à quoi peut bien servir un syndicat de la magistrature ?
Il me semble que cette question est toujours d'actualité...
Quant à "Gaston", personnellement je n'attends pas de réponse.
Je ne me pose pas (plus) de question.
Le "téléfon" ne sonne plus.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 07 juillet 2014 à 17:34
"Y a jamais personne qui répond !"
Si, moi ! :-D
J'ai bien l'impression que vos états d'âme et votre interpellation métaphysique (toute spéculation sur le sens du monde et la place de l'homme dans le monde) fait moins recette que votre interpellation sur la pseudo indépendance de la justice ;-)
"Je n'ai jamais pu, par exemple, obtenir d'un avocat qu'il m'explique clairement son rapport à la vérité (...)"
Moi c'est par rapport aux gens comme vous que j'ai du mal à me faire une idée sur la vérité dès lors que vous défendez, sans état d'âme (encore !) et sans vergogne, votre clan, votre caste de privilégiés intouchables.
"il convient de faire barrage à des évidences profondes qui détruiraient l'énergie et la conviction judiciaire"
Exactement.
Rédigé par : breizmabro | 07 juillet 2014 à 17:34
Et la foi n'est-elle pas une réponse ?
Bien sûr ce n'est pas une réponse, mais le mystère est peut-être ce qui sépare le croyant de l'incroyant.
A quand une réflexion sur ce qu'est la foi ?
Rédigé par : geo70 | 07 juillet 2014 à 17:12
Cher Philippe,
C’est un texte magnifique que vous nous donnez à lire.
Un homme qui nourrit son âme et qui l’écoute n’est pas un lion qui brave la main flatteuse ou la voix apaisante. Un homme qui délaisse son âme est un cerveau archaïque qui mord la chaîne qui l’empêche d’agresser autrui. L’homme en rupture de son âme est un animal qui ne ressent sa liberté ou son existence que lorsqu'il détruit, dévore, fait mal.
Montesquieu dans préparation pour ses ouvrages et notes prises après leur publication s’interroge :
« Pourquoi m’occuperais-je encore de quelques écrits frivoles ?
Je cherche l’immortalité, et elle est dans moi-même. Mon âme, agrandissez-vous ! Précipitez-vous dans l’immensité ! Rentrez dans le grand Etre !… »
Est-ce que « Ce qui n’est point utile à l’essaim, n’est point utile à l’abeille » ? Nous citons à l’interrogative pour marquer notre doute.
« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux. »
Par exemple : « Il faut dans les lois une certaine candeur. Faites pour punir la méchanceté des hommes, elles doivent avoir elles-mêmes la plus grande innocence ». L’expression punir la méchanceté est étrange dans le mot punir.
Pour conclure : « L’âme goûte tant de délices à dominer les autres âmes ; ceux mêmes qui aiment le bien s’aiment si fort eux-mêmes, qu’il n’y a personne qui ne soit assez malheureux pour avoir encore à se défier de ses bonnes intentions : et, en vérité, nos actions tiennent à tant de choses, qu’il est mille fois plus aisé de faire le bien, que de le bien faire. »
Dans le film Super 8 de Steven Spielberg, la bête est une araignée dont le but est de reconstruire son vaisseau spatial pour aller vers les étoiles. Elle se nourrit de métaux qu’elle aimante en tuant des hommes. Elle épargne les enfants.
Montesquieu dans un essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères avait pris la même représentation :
« L’âme est, dans notre corps, comme une araignée dans sa toile. Celle-ci ne peut se remuer sans ébranler quelqu’un des fils qui sont étendus au loin, et, de même, on ne peut remuer un de ces fils qu’il n’en remue quelque autre, qui lui répond. »
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 07 juillet 2014 à 16:14
Vous souffrez du mal de vouloir une raison pour tout, donc une explication, ou au moins de savoir quelle explication les autres se font pour fonctionner en interne.
Mais tout le monde ne fonctionne pas pareil.
Rédigé par : Alex paulista | 07 juillet 2014 à 15:35
Il est loin le temps où l'on savait tout et avec certitude, c'est-à-dire où l'on croyait savoir, et qu'il était confortable !...
Désormais, ayant croqué de l'arbre de la connaissance, nous doutons. Formidable progrès ! mais quelle responsabilité...
Et impossible de revenir en arrière : "l'ignorance ne s'apprend pas".
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 07 juillet 2014 à 14:57
Le cri de Faust, l'interrogation de Brummel, le désespoir de Cioran. Et nous voilà, ici, abandonnés au cahots de l'existence, confrontés à ceux qui mettent en place des sacs de sable pour cacher les aspérités.
Nous sommes des particules, nous sommes des mathématiques, des êtres provisoirement concrets réductibles ou plutôt éternalisables dans les équations de notre nature.
Bien sûr, c'est un peu juste pour procurer le bonheur, la satisfaction du moment, être quiet si on le désire.
En revanche, quelle sérénité pour l'avenir.
Les aphorismes philosophiques abondent. En revanche, ce qui est agaçant, c'est le doigt qui tape la mauvaise touche sur le clavier, le piano, le pied qui dérape au bord du trottoir, l'esprit qui n'enregistre pas les prémisses, l'estomac qui regimbe ou l'oeil qui ne voit pas ce qui est devant lui. Connexion mal faite, électricité défaillante, mal axonée, qui loupe la zone sympathique.
Ceux qui ont la foi, et ne cessent d'en approfondir les justifications ne vivent pas non plus un long fleuve tranquille, ils ont leurs propres déchéances, leurs terribles doutes, seuls sont heureux ceux qui croient et à qui cela suffit, quelle banalité. La satiété d'immortalité dans l'acceptation du quotidien.
Le mythe qui pose nos tourments est bien celui de l'arbre de la connaissance qui a fondé l'immense erreur de tous les dogmatiques, de tous les religieux qui confondent la connaissance et la science.
Pensez à Georges Cantor, mis au ban de la communauté scientifique quand il détermina qu'on peut calculer les nombres infinis.
Se laisser aller à la connaissance, se contenter de l'acquisition de celle-ci qui se confronte à elle-même, dans un ou plusieurs domaines: la simple soif de savoir, pour le plaisir, pour la réflexion, pour le retour sans cesse sur soi-même. C'est bien dans l'émerveillement de la connaissance dont les chemins d'accès sont innombrables et dont l'ignorance fait partie que se trouvent les réponses aux traverses de la "vita brevis".
Malheureusement vous avez commencé votre billet par un oxymoron ; demander à un avocat ce qu'il pense de l'expression de la vérité. Mais enfin, c'était suicidaire.
Rédigé par : genau | 07 juillet 2014 à 12:25
Un avocat ne vous répondra jamais. Lorsque vous voyez leur indignation, leur ressentiment concernant le traitement infligé à leur client (souvent une crapule de la pire espèce), on sent bien la nécessité de garder la face. Eh oui il faut bien se nourrir mais donner l'illusion d'avoir les mains propres grâce à de grandes envolées humanistes qui cachent une vérité plus que terre-à-terre.
Rédigé par : Narduk | 07 juillet 2014 à 12:08