Il y a des célébrités qui peuvent néanmoins apparaître comme des défaites.
Dans un portrait acide du Canard enchaîné consacré à l'avocat socialiste et directeur de Témoignage chrétien Jean-Pierre Mignard (JPM), la journaliste Anne-Sophie Mercier décrit une personnalité qui ne ressemble pas à celle que j'ai connue et que je croise encore quelquefois.
C'est sans doute la rançon de son implication forte en politique, de sa proximité, sur beaucoup de plans, avec le président de la République et du contentieux avec le nouveau rédacteur en chef Jean-Michel Dumay sur la gestion de Témoignage chrétien.
Cette journaliste - dont j'ai lu des textes infiniment moins négatifs - souligne "qu'il fait la quasi-unanimité contre lui" et avec volupté retient toutes les piques évidemment anonymes qui dénoncent, par exemple, son "arrogance pateline" et le mêlent à "des affaires de fric ... l'opposant ... à certains ténors du barreau". "Pestilentiel", réplique Mignard.
Dans sa conclusion, elle va jusqu'à se demander si "la haine vigilante qu'est la confraternité", selon JPM, n'est pas "parfois justifiée" à son encontre.
Pourquoi cette charge si partiale ?
Il est clair que ses sources dominantes sont constituées par des confrères, des rivaux, des médiocres qui ne portent pas JPM dans leur esprit et dans leur coeur. Cela leur aurait pourtant fait du bien.
Je ne peux pas m'empêcher de deviner, derrière cette volonté de nuire, l'envie de s'en prendre à une célébrité qui dérange, à un citoyen trop réactif, à un avocat trop doué, à un être qui se trouve attaqué pour avoir trop de dons et trop d'opportunités pour les manifester.
S'il est loué par l'excellent avocat Richard Malka, il pâtit de l'éloge d'un Francis Szpiner. Pour son ignominieux "traître génétique", celui-ci avait été défendu par l'ancien bâtonnier Francis Teitgen, avec lequel JPM a eu des démêlés professionnels sérieux.
Son refus du corporatisme - il a été l'un des avocats qui a estimé que les écoutes concernant Nicolas Sarkozy et son conseil Me Thierry Herzog étaient valides parce que la fonction de défendre n'avait pas par principe à être au-dessus des lois - a sans doute dégradé son image aux yeux du barreau majoritaire.
Si la célébrité peut apparaître comme une défaite, c'est qu'on perçoit bien comme le destin de Jean-Pierre Mignard a changé avec le socialisme, le droit des affaires, les exigences de la gestion et du profit, les rivalités partisanes et l'entremise conjugale et familiale puisque, paraît-il, il a été sollicité par François Hollande et par Ségolène Royal.
Quand j'affirme qu'il faut nous rendre Jean-Pierre Mignard, celui d'avant, celui qui travaillait avec Henri Leclerc, celui dont j'écoutais les plaidoiries quand j'étais en poste à Bobigny puis à Paris, c'est parce qu'il était le vrai, l'incontestable, l'éblouissant. Plus qu'un espoir, la certitude de devenir le plus grand avocat pénaliste français.
Je me souviens de cette extrême intelligence, de cette langue parfaite, de cette vigueur humaniste mais toujours argumentée, de cette dialectique impeccable qui brassait les faits et les concepts. Déjà un immense avocat politique. Mais pas socialiste ni centriste. Bien mieux.
Il est anormal que cette lumière étincelante n'ait pas si peu que ce soit éclairé les ombres systématiques projetées sur lui.
Il est vrai qu'Anne-Sophie Mercier n'évoquait que celui d'après.
Pas vraiment le mien.
Qu'on nous le rende !
Mais bien sûr, cher sbriglia, ce n'est pas du second degré. Vous savez bien que je ne sais pas faire.
Comme le souligne intelligemment Savonarole, il y a une foule de gens qui aimeraient bien joindre le président directement pour lui dire deux mots...
"Je ne vous l'ai pas donné. Au nom de quoi d'ailleurs ?" (JPM)
S'il y a quelque chose de discutable dans cette querelle entre PB et JPM, c'est selon moi la mention d'un prétendu amour de PB pour les puissants.
Car je suis bien certaine que PB éprouve du désintérêt pour le puissant qui étale sa puissance d'être si proche du puissant du moment.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 juillet 2015 à 16:40
Moi aussi j'aimerais bien avoir le numéro de portable de Hollande car j'ai deux mots à lui dire. Ou plutôt un seul...
Rédigé par : Savonarole | 25 juillet 2015 à 11:38
J'aime bien quand Véronique fait du second degré...
Quel est celui qui, au fond de la classe, a crié : "hélas, ce n'est pas du second degré" ?...
Rédigé par : sbriglia | 25 juillet 2015 à 10:41
"Que l'on nous rende Philippe Bilger !"
Philippe Bilger désirant obtenir avec ferveur le numéro personnel de François Hollande.
Mais enfin, c'est tout Philippe Bilger !
L'homme est passionné, débordant, toujours extrême dans ses coups de coeur comme dans ses détestations. Sincère.
L'adolescence à lui tout seul.
"Vous ne détestiez alors pas les puissants ce me semble..."
Mais non.
PB a aimé le candidat et l'homme Hollande. C'est humain d'espérer ardemment un contact direct avec qui vous enthousiasme.
Et le sentiment, la sensation de puissance à communiquer ou non un numéro personnel appartient également à la palette des sensations et des sentiments humains.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 juillet 2015 à 09:06
sbriglia | 24 juillet 2015 à 08:51
"Quant à Philippe Bilger, peut-être est-ce l'âge, mais ne se souvient-il pas qu'il me poursuivait littéralement pour avoir le numéro de téléphone personnel de François Hollande ? (JP Mignard)"
C'est sans doute ce que l'on appelle une mignardise ?...
Sans vouloir retirer à Jean-Pierre Mignard l'esprit qu'il croit avoir, je dirais : une franchouillardise. Ce genre de mesquinerie qui passe pour intelligente est un vice très largement partagé dans spéhi.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 25 juillet 2015 à 03:57
Enfin.
Un peu de sang.
Rafraîchissant, en cet été poisseux.
(Le "Je découvre", en fonction des dates, ne procède pas du fleuret moucheté... on se croyait un centre de moult attentions...)
Rédigé par : Cirsedal | 25 juillet 2015 à 00:42
"Quant à Philippe Bilger, peut-être est-ce l'âge, mais ne se souvient-il pas qu'il me poursuivait littéralement pour avoir le numéro de téléphone personnel de François Hollande ?"
C'est sans doute ce que l'on appelle une mignardise ?...
Comme quoi on peut être un grand avocat et un petit bonhomme...
Rédigé par : sbriglia | 24 juillet 2015 à 08:51
Je découvre ces commentaires. Notamment celui de M. Dumay. S'il veut de plus amples informations sur ce que je pense de lui qu'il m'appelle. Il a mené la rédaction de TC au désastre, cela est vérifiable par tous, quant aux dénonciations calomnieuses dont il m'a abreuvé, elles ont trouvé la réponse que la loi prévoit.
Quant à Philippe Bilger, peut-être est-ce l'âge, mais ne se souvient-il pas qu'il me poursuivait littéralement pour avoir le numéro de téléphone personnel de François Hollande ? Allons cher Philippe, allons... vous souvenez-vous ? Vous ne détestiez alors pas les puissants ce me semble...
Je ne vous l'ai pas donné. Au nom de quoi d'ailleurs ?
Que l'on nous rende Philippe Bilger !
Rédigé par : Jean-Pierre Mignard | 23 juillet 2015 à 22:57
Je vous remercie, M. Bilger, d'avoir rappelé qu'il existe (existait ?) un autre Jean-Pierre Mignard - celui qui, d'ailleurs, a fait que j'étais bien enthousiaste, à l'été 2014, alors qu'il m'embauchait comme rédacteur en chef, à rejoindre "TC", ce prestigieux titre de la presse française, qui fut, depuis sa naissance en 1941, toujours aux avant-postes de la dénonciation des oppressions et des totalitarismes, ouvert à toutes les religions et aux agnostiques (dont je suis). Hélas : si j'ai bien sûr rencontré une intelligence certaine et une grande culture, enrichissante, qui est une évidence pour qui côtoie M. Mignard (ce que j'ai mentionné à ma consoeur Anne-Sophie Mercier, qui ne l'a pas conservé), j'ai aussi découvert un envers de décor ahurissant, très éloigné des standards professionnels de mon métier (acquis et observés durant 26 ans au Monde). Je n'ai, pour ma part, comme explication à cette réalité en double teinte que l'effet mordant des sirènes du pouvoir, la fréquentation des puissants et une très mauvaise gestion personnelle du sien propre.
Par un curieux raccourci de l'histoire, il est étonnant que celui qui, il y a sept ans, avait brièvement, mais efficacement, conseillé le Forum des sociétés de journalistes (que je présidais alors) sur les moyens législatifs de conférer aux équipes rédactionnelles des droits collectifs assurant leur indépendance, fasse partie d'une direction qui, le 26 décembre - fait sans précédent -, a bloqué à ses journalistes tout accès professionnel au site de TC (notamment au journaliste qui en était l'administrateur), c'est-à-dire à leur outil de travail, à la seule fin de faire passer, en évoquant la loi de 1881, un "droit de réponse" à un texte des salariés qui n'avait... même pas été diffusé sur le site de TC, mais sur d'autres sites (dont Mediapart). Une atteinte à la liberté de la presse et une curiosité, pour ne pas dire une monstruosité, juridique qui n'échappera pas au magistrat honoraire, spécialiste entre autres du droit de la presse, que vous êtes.
Bien amicalement
Jean-Michel Dumay
Président de l'Association des journalistes et salariés de Témoignage chrétien (Ajstc)
Rédigé par : Jean-Michel Dumay | 03 janvier 2015 à 10:51
@ giuseppe
+1 !
Rédigé par : scoubab00 | 31 décembre 2014 à 20:31
Sans pour autant reprendre le texte de Laurent Martin "Pourquoi lit-on le Canard enchaîné", c'est quand même faire un mauvais procès à ce journal que de vouloir le vilipender ou l'égratigner.
On ne traverse pas impunément tant de décennies en étant un vulgaire papier dénué de tout talent. Universel, lisible par tous "de 7 à 77 ans".
Pourfendant sans relâche et souvent avec humour la bêtise, l'arrogance, l'ignorance et j'en passe.
Sans prendre l'actualité à témoin, quoi de plus jubilatoire, franchement, que de voir ramené notre ancien Président V. Giscard d'Estaing, polytechnicien, au rang de grand renifleur de pétrole à la suite d'une arnaque digne des Pieds Nickelés.
Ou encore, dévoiler sa voracité malsaine dans l'affaire des diamants de Bokassa : mesquinerie, où sans doute il aurait escamoté quelques pierres précieuses si le palmipède n'avait pas trempé son bec dans la mare.
Quoi de plus jubilatoire et sain pour notre démocratie que de voir ramenés ces personnages de haut rang, à qui nous confions nos destins, au simple rang de citoyen avec tous les travers du genre humain, et puis dans le fond cela rassure, il faut donc veiller sur eux, et fort heureusement il y a de bons journalistes.
Alors si quelquefois, dans certains articles du Canard, transpire un peu de subjectivité, pourquoi donc le caricaturiste ne forcerait-il pas son trait, pour sublimer le dessin et son dessein final ?
Longue vie au palmipède et ses plus de 400 000 lecteurs fidèles, sans publicité s'il vous plaît !
Rédigé par : giuseppe | 31 décembre 2014 à 15:05
Il faut croire que la fréquentation par J.P. Mignard de certaines personnalités politiques n'a pas contribué à son épanouissement personnel et professionnel.
La question est : pourquoi la contamination ne marche-t-elle pas dans les deux sens et pourquoi en général abaisse-t-elle plutôt qu'elle n'élève ?
Rédigé par : Paul Duret | 31 décembre 2014 à 13:25
Je ne connais pas J-P Mignard et j'ai lu hier matin l'article-portrait que lui a réservé le Canard enchaîné.
Sans doute dans ce portrait à l'acide y a-t-il quelques vérités mais aussi beaucoup d'approximations partisanes pour tenter de faire descendre l'intéressé de son piédestal.
En l'espèce le Canard canarde à vue, mais cela revêt-il une si grande importance ? D'autant qu'il est inutile de chercher à polémiquer avec le Volatile, car celui-ci, privilège de la presse écrite, aura toujours le dernier mot. Cet article sera vite oublié, quels que soient les qualités et défauts du portraituré !
Rédigé par : Robert | 31 décembre 2014 à 12:13
Bonjour Philippe Bilger,
"Dans un portrait acide du Canard enchaîné consacré à l'avocat socialiste et directeur de Témoignage chrétien Jean-Pierre Mignard (JPM), la journaliste Anne-Sophie Mercier décrit une personnalité qui ne ressemble pas à celle que j'ai connue et que je croise encore quelquefois."
Je n'ai pas réussi à récupérer l'article du Canard enchaîné auquel vous faites référence, je me limiterai donc à donner mon avis sur ces journalistes qui prennent un plaisir jubilatoire à "flinguer" des personnalités du monde de la politique qui n'ont pas l'heur de partager leurs idées.
Ils me font penser à ces chasseurs de primes qui opéraient dans le fin fond du Far West au début du siècle dernier et ont été immortalisés par la série américaine qui a bercé mon enfance, Au nom de la loi.
Mais ces journalistes n'ont manifestement pas les qualités humaines de Josh Randall immortalisé par le fringant Steve McQueen.
Jean-Pierre Mignard me paraît un personnage plutôt sympathique. Pensez donc, un catho pratiquant qui défend la laïcité au point d'être favorable au mariage pour tous, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue.
Le plus curieux c'est que ce croyant est un ami intime de François Hollande qui lui ne croit ni en Dieu ni au diable. Difficile de faire preuve d'une plus grande ouverture d'esprit.
Manifestement Anne-Sophie Mercier qui a dit sans le moindre complexe "je ne suis pas pour qu'on donne la parole au peuple", me paraît avoir beaucoup à apprendre de la liberté d'expression qu'elle s'accorde à elle-même.
Il est vrai qu'elle est journaliste et qu'à ce titre elle peut dire tout et n'importe quoi.
Rédigé par : Achille | 31 décembre 2014 à 11:10
@vamonos
Les canidés de la basse-cour ne dorment pas beaucoup. Toujours promptes à réveiller le voisinage dès qu'un intrus tente de s'immiscer dans le périmètre autorisé, les oies domestiques veillent et réveillent nos oreilles.
Ainsi est le "Canard enchaîné" qui pour exister doit prouver au monde sa vindicte. Que ferait-il de plus d'ailleurs ? Il n'est capable que de cela.
Rédigé par : vamonos | 31 décembre 2014 à 06:43