La volonté de combattre le terrorisme ne doit pas faire oublier que la délinquance et la criminalité ordinaires, si j'ose dire, continuent de sévir et d'être sanctionnées.
Nicolas Blondiau, âgé de 29 ans, a été condamné le 30 janvier par la cour d'assises d'appel du Vaucluse à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de 30 ans incompressible pour le meurtre et le viol de la petite Océane, 8 ans, le 5 novembre 2011 à Bellegarde.
Cette perpétuité dite incompressible ou réelle est évidemment le plus haut degré de la sévérité pénale. Avec Pierre Bodein et Michel Fourniret, Blondiau est le troisième à la subir - un quatrième ayant obtenu un adoucissement en appel (Le Figaro.fr).
Blondiau avait déjà été condamné à la même peine, au mois de décembre 2013, par la cour d'assises du Gard qui avait suivi les réquisitions du remarquable magistrat Michel Desplan, qui avait principalement invoqué "un fort risque de récidive" pour justifier son extrême rigueur.
L'avocat général en appel, ayant requis également la perpétuité, s'est interrogé, pour son caractère réel ou non, sur ce même risque de récidive en laissant le jury répondre à cette question essentielle pour l'avenir.
Nicolas Blondiau, quand il a commis ces crimes, avait un casier judiciaire vierge et il a affirmé avoir agi sous l'emprise de l'alcool et des stupéfiants. Les modalités atroces de ses agissements, ainsi que le comportement postérieur de Blondiau se mêlant, indigné, à ceux qui cherchaient le meurtrier, n'ont sans doute pas pesé pour rien dans cette sanction maximale confirmée.
On pourrait concevoir - cela a vraisemblablement été plaidé - que Blondiau a perpétré le pire alors qu'aucun avertissement judiciaire ne lui avait encore été donné. Mais, d'emblée, sa personnalité, son état, le 5 novembre 2011, l'ont conduit à ces actes gravissimes. Dans ces conditions, un jury a tendance à s'attacher à l'énormité de la transgression sur l'un des plateaux de la balance sans retenir que sur l'autre, rien n'avait suscité encore d'inquiétude jusqu'en novembre 2011.
La jeunesse de Blondiau illustre bien également le paradoxe de la justice criminelle. Ayant 25 ans en 2011, il aurait pu, sans scandaliser, alléguer une immaturité et une précocité susceptibles de ne pas porter la sanction à son comble absolu mais en même temps cet immense avenir qui lui restait constituait une angoisse pour ses juges dès lors que "le fort risque de récidive" était admis.
On ne sait pas ce qui se passe, ce qui se dit dans ces délibérés exceptionnels d'intensité et de durée où le peuple français, dans le Gard, dans le Vaucluse ou ailleurs, découvre l'horreur, affronte la diversité et l'ambiguïté des situations, se plonge dans l'obscurité des ressorts et des âmes, est investi de l'honneur de sa mission démocratique et comprend que rien n'est simple même quand il condamne au plus haut.
On ne sautait trop saluer Pierre Méhaignerie qui, en 1994, a fait voter une loi instaurant une perpétuité réelle pour le meurtre avec viol ou torture sur mineur de moins de quinze ans.
En 2011, Nicolas Sarkozy l'a complétée à juste titre en faisant adopter une perpétuité incompressible pour le meurtre en bande organisée ou assassinat d'une personne dépositaire de l'autorité publique à l'occasion ou en raison de ses fonctions.
Pour une fois la Cour européenne des droits de l'homme ne s'est pas distinguée par son irénisme et sa naïveté abstraite puisqu'elle a validé en 2014, sur un recours de Pierre Bodein, la perpétuité réelle puisque celle-ci peut théoriquement être aménagée après 30 ans d'incarcération par un tribunal de l'application des peines.
S'il n'est pas décent d'entretenir un rapport joyeux avec ce qui est dû à la société pour sa défense et pour la préserver des rechutes criminelles - à ce titre, rien de plus laid que les applaudissements saluant les condamnations extrêmes -, puis-je tout de même reconnaître le mérite législatif de ces dispositions qui protègent sans prendre la vie.
Quand la peine de mort a été abolie - pour ma part, je m'en réjouis, ayant eu toujours en tête cette pensée de l'abbé Toulat : une sanction absolue nécessiterait une justice absolue, évidemment impossible -, Robert Badinter, soutenu par ce président si peu démagogue qu'était François Mitterrand, avait promis aux Français une peine de substitution qui aurait dû être précisément la perpétuité réelle. Il n'a pas tenu cet engagement.
C'est Pierre Méhaignerie qui a respecté, treize ans plus tard, la promesse de Robert Badinter.
La perpétuité réelle existe bien : cela rassurera les citoyens qui ne cessent pas d'en douter.
@Alex paulista
Merci Alex...
On ne trouve pas tout sur "le bon coin" !
Rédigé par : zenblabla | 03 février 2015 à 19:51
"Moscovici, quelle pièces de rechange avec lui si facilement accessible à Paris qu'au musée-magasin des accessoires à Montbéliard ?"
Rédigé par : zenblabla | 02 février 2015 à 00:32
Réponse ici :
http://www.legossip.net/pierre-moscovici-separe-marie-charline-pacquot/235214/
En même temps, tout le monde ne peut pas se passionner pour les mobylettes !
Rédigé par : Alex paulista | 03 février 2015 à 17:36
Permettez M. Bilger mais j'en doute encore de cette soi-disant perpétuité !
Rédigé par : lcdsm | 03 février 2015 à 14:37
"Avec Pierre Bodein et Michel Fourniret, Blondiau est le troisième à la subir - un quatrième ayant obtenu un adoucissement en appel (Le Figaro.fr).
J'ai jeté un œil sur l'article de Wikipédia sur la perpétuité incompressible en France (http://fr.wikipedia.org/wiki/Perp%C3%A9tuit%C3%A9_incompressible_en_France) et en dehors de ce Nicolas Blondiau qui a environ la moitié de cet âge, j'ai observé que l'âge moyen des condamnés se situait autour de la soixantaine tandis que la liste de condamnation à perpétuité avec période de sûreté entre 23 ans et 30 ans en France, fait apparaître un âge moyen de trente ans pour ces condamnés, soit donc la moitié de l'âge moyen des premiers.
D'où, question peut-être idiote, mais je me demande sur la base du cycle sexagésimal (干支, gānzhī) qui est un système chinois de numérotation des unités de temps basé sur la combinaison de ce deux séries que sont les dix tiges célestes (天干, tiāngān) et les douze branches terrestres (地支, dìzhī) permettant d’obtenir soixante combinaisons différentes, s'il n'y aurait pas quelque chose de cyclique dans les possibilités de passage à l'acte criminel qui ferait que l'individu serait plus vulnérable à ses pulsions à certains âges de la vie qu'à d'autres.
De plus, cette numérotation qui est le plus souvent utilisée pour marquer le déroulement des années pouvant également s’appliquer aux mois, jours ou heures, je me demande dès lors ce que donnerait de ce point de vue une étude prenant en compte également le mois, le jour et l'heure d'accomplissement des crimes.
L'origine du calendrier sexagésimal est très ancienne et souvent mise en relation avec cette légende chinoise qui raconte que dix soleils apparurent un jour ensemble et se mirent à brûler la terre jusqu’à ce que l’archer Yi en abatte neuf.
Or, cette proportion du 1/10 se retrouve également dans la mythologie grecque avec la question de la jouissance et celle de la perte de la vue du devin Tirésias, sachant que l'aveuglement se comprend de différents points de vue.
Elle se retrouve également dans sur certains scènes de deuil que l'on trouve sur les vases grecs du VIIe siècle av. J.-C. où la figuration des soleils se rapproche de celle d’ un œil.
Il existe différentes versions de l'aveuglement de Tirésias dont l'une peut être rapprochée du mythe de Sémélé, mais toutes font intervenir la sexualité, et celle à laquelle je pensais est celle-ci:
Un jour, une querelle s'éleva entre Zeus et Héra pour savoir qui, de l'homme ou de la femme, éprouvait le plus de plaisir en amour. Zeus prétendait que le plaisir de la femme était le plus intense. Héra n'en voulait rien croire. Tirésias fut choisi comme arbitre en raison de sa double expérience - il avait été à un moment donné en effet, métamorphosé en femme durant une période de sept ans (grosso modo l'âge certaines petites victimes) consécutivement à un meurtre, celui d'un serpent femelle - et il rapporta que la femme éprouve neuf fois plus de plaisir que l'homme. Vexée d'être contredite et de voir un secret trahi, Héra frappa Tirésias de cécité en raison de ce qu'elle jugeait être son "aveuglement". Zeus, qui ne pouvait pas réparer les dégâts causés par son épouse, consola Tirésias en lui accordant le don de prophétie et la compréhension du langage des oiseaux."
On a donc là une sorte de configuration où un devin thébain (de cette Thèbes où s'est joué la tragédie œdipienne) dont la nature s'inverse cycliquement et dont le pouvoir perdure dans la mort (c'est en effet l'Ombre de ce devin que consultera Ulysse), se trouve au cœur des secrets de la jouissance, secrets auxquels tant la possibilité d'accès que leur dévoilement ultérieur sont punis et qui mêlent intimement le meurtre, le temps et le savoir ou la vue (d'Athéna dans le plus simple appareil en ce qui concerne l'une des versions admises pour Tirésias ou de Zeus en majesté, en ce qui concerne Sémélé, la mère de Dionysos, et nonobstant le fait que le savoir et le voir sont dans les Védas une seule et même chose) de ce qui normalement est - ou doit - rester caché. (Cf. également le conte de Grimm intitulé "Le fidèle Jean").
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 février 2015 à 14:03
La sordidité et la cruauté de ce crime appelaient bien entendu la plus grande sévérité de la part de la justice.
Or la plus grande sévérité de la justice, depuis l'abolition de la peine de mort en France il y a 35 ans, est la condamnation à la prison à la perpétuité réelle, c'est-à-dire "à vie". Après trente années passées derrière les barreaux, le condamné peut, depuis la réforme de 2011, être maintenu en détention jusqu'à sa mort.
Sa vie, dans tous les cas, est donc en quelque sorte finie, et on imagine dans quel état psychologique cet être déjà détraqué sortira, s'il sort, pour tenter de reprendre une existence normale. Sans compter le danger que ce si long isolement l'ait rendu plus violent et plus incontrôlable encore.
Dussé-je choquer mes lecteurs, je continue de penser que l'abolition absolue de la peine de mort, quoique fondée sur des conceptions humanistes et morales tout à fait honorables et recevables, est dans la pratique une sorte d'impasse.
Car à s'en tenir à la simple cruauté que les abolitionnistes avançaient comme un des principaux arguments contre la peine capitale, je suis absolument convaincu qu'il est bien plus cruel de maintenir en détention un homme durant sa vie entière que de le mettre à mort, et que la dignité humaine est moins humiliée par la condamnation à mort que par cette effroyable relégation
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 février 2015 à 08:53
@ pibeste
"Il ne sert à rien de vouloir surenchérir sur les Ecritures Sacrées avec des gens qui n'ont atteint aucun éveil spirituel..."
Cette affirmation qui ferait rire si elle n'était pas si triste a au moins le mérite de montrer à quel degré de charité et d'humanisme la religion chrétienne porte ses sectateurs. Amen.
Rédigé par : Frank THOMAS | 02 février 2015 à 08:32
@ Parigoth
Savez-vous que le retour à la dignité humaine par la mort est le principal motif invoqué par les tueurs en série pour légitimer leurs meurtres de prostituées, femmes un tantinet légères ou autres gamins qui osent tirer la langue ?
Avant que des gentils hommes en blanc vous rattachent à votre lit, auriez-vous l'amabilité de nous faire part de l'origine de cette doctrine pour le moins curieuse ?
Et pour les ignorants à perpétuité qui pensent que le christianisme a des racines juives, je rappellerai que, selon le Talmud, source spirituelle du judaïsme, un tribunal qui condamnerait un homme à mort une fois tous les sept ans est appelé sanguinaire.
Dit autrement, l'esprit juif règne en maître sur la justice du monde moderne pendant que l'esprit chrétien continue à souffler dans la tête des monstres assassins.
Rédigé par : Garry Gaspary | 02 février 2015 à 07:41
Cher Philippe,
Votre démonstration sur l'existence de la perpétuité est aussi impertinente que la grande euphorie médiatique autour d'une petite élection dans laquelle 35% de 67 000 personnes inscrites se sont déplacées, en gros, 22 333 personnes sont allées aux urnes.
En agitant le tissu vert et en tenant des propos islamophobes, ce qui est interdit par la loi, 7444 personnes ont misé sur la tête d'une grosse blonde qui se présentait pour la quatrième ou cinquième fois. Pour une centaine de voix de plus ou de moins, les journalistes se trémoussent et tirent des conclusions aussi bêtes qu'infiltrées.
Et l'on entend encore des socialistes heureux de leur travail.
"Je suis heureux, je suis heureux" c'est le refrain des buveurs de blondes.
Il nous reste la saucisse et c'est déjà un bon coup.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 02 février 2015 à 01:30
@Savonarole
Vous dites faux...
Entre le magasin général des pièces détachées de Peugeot à Vesoul, la production qui fait activité à Mulhouse, le parking sur plate-forme ferroviaire des véhicules stockés près de Marckolsheim, il y a le musée Peugeot à Montbéliard, là où, si vous avez acquis par bizarrerie un Scooper Peugeot, cet objet roulant mal identifiable des années 1980, vous allez pouvoir trouver là le robinet de distribution à deux tubes menant depuis le réservoir de mélange deux-temps vers le carburateur monocorps, cette fragile invention qui à permis la conception d'un modèle de cyclomoteur suffisamment puissant pour faire monter la côte à un couple de poids moyen en correspondance aux couples et aux côtes en Haute-Saône, tout cela sans déroger à la règlementation qui limite la vitesse des cyclomoteurs, alors trouver dans ce musée un très sympathique monsieur qui retrouvera sur les étagères de "son" magasin une telle pièce indispensable.
Je ne sais pas quel fut le vote du magasinier gardien de musée de Montbéliard, mais être magasinier gardien de musée cela existe en politique et à Paris et là où vous dites vrai, quand même en disant faux du côté de l'importance des personnages...
Moscovici, quelle pièces de rechange avec lui si facilement accessible à Paris qu'au musée-magasin des accessoires à Montbéliard ?
Rédigé par : zenblabla | 02 février 2015 à 00:32
On peut laisser le Doubs au Front National, pour qui a traversé Montbéliard un dimanche après-midi il n'est de pire charge que d'en être le député, je voyais tous les samedis Moscovici à la Procure, célèbre librairie de la place Saint-Sulpice à Paris, il habite à côté, on le comprend, imaginez Montbéliard le samedi, on n'y trouve que des saucisses et des vaches.
Laissons ces contrées lointaines au Front National ça va le former aux dures réalités.
Rédigé par : Savonarole | 01 février 2015 à 23:54
Lucien Léger, liberé après 41 ans de prison, ça clôt le débat, à mon humble avis.
Rédigé par : Savonarole | 01 février 2015 à 23:32
Les précisions de Philippe Bilger quant à la perpétuité "réelle" me semblaient pourtant très claires. A condition bien sûr de s'entendre sur la signification du terme perpétuité, pas uniquement théorique mais pratique.
Pour ceux qui souhaiteraient faire une recherche concernant le sens qu'il convient de donner auxdites condamnations à perpétuité (notamment réelle) se rapporter au Journal officiel du Sénat du 27/12/2012, p. 3089.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 01 février 2015 à 21:37
"...Christian Van Geloven, a été condamnée le 25 mars 1994 par la cour d'assises de Perpignan à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de trente ans pour avoir, le 19 octobre 1991, tué Ingrid Van de Portaele et Muriel Sanchez, deux fillettes âgées de dix ans, violées, torturées puis étranglées..." (Cyril)
Aux alentours de 2024, le monstre pourra être libéré, dans quelques années, quelques mois, quelques saisons, une centaine de cycles lunaires. Une vie passe si vite, comme un éclair entre deux éternités, une éternité avant la naissance de l'individu, une autre éternité après sa mort.
Rédigé par : vamonos | 01 février 2015 à 21:35
@ Frank THOMAS | 01 février 2015 à 18:49
Il ne sert à rien de vouloir surenchérir sur les Ecritures Sacrées avec des gens qui n'ont atteint aucun éveil spirituel... c'est une perte de temps comme de vouloir parler des couleurs aux aveugles !
Rédigé par : pibeste | 01 février 2015 à 20:54
@Xavier Nebout
Le règlement de l'Académie dispose que le secrétaire est perpétuel, c'est-à-dire qu'il est élu sans précision de durée de son mandat. En tant qu'académicien, il peut être déchu de sa qualité et donc de son mandat de secrétaire. Il peut aussi démissionner (6 l'ont fait sur 31, voir liste Wikipédia).
La perpétuité peut avoir pour conséquence une durée qui va jusqu'à la mort, mais cela n'est qu'une éventualité, en aucun cas une définition. La perpétuité dure jusqu'à ce qu'un événement, une décision vienne interrompre ladite perpétuité.
Pour l'Académie, sauf faute grave, c'est le secrétaire lui-même qui apprécie s'il se maintient en fonction ou s'il y met un terme.
En droit pénal, c'est le juge qui évalue s'il interrompt ou non la perpétuité. La peine incompressible limite ce droit du juge en intégrant une durée initiale à la perpétuité. Au-delà de cette durée incompressible, le juge peut mettre fin à la perpétuité le lendemain ou décider de ne pas interrompre la peine qui se poursuivra perpétuellement jusqu'à ce qu'une décision contraire soit prise.
Les mots ont un sens. La perpétuité n'est pas la prison à vie même si elle peut avoir pour conséquence de se poursuivre jusqu'à la mort du condamné.
C'est ce qui rend l'idée de peine de sûreté absurde puisqu'il s'agit de rajouter de la perpétuité à ce qui est déjà perpétuel, c'est-à-dire sans terme défini.
C'est aussi ce qui rend l'expression de "perpétuité réelle" creuse.
Le débat qui est porté ici est celui de la prison à vie et non plus celui de la perpétuité. Mais comme les chiffres le montrent vite, à 60 ans, le criminel en question pourra obtenir sa liberté. Philippe se trompe donc en affirmant que la perpétuité réelle (sous-entendu, la prison à vie) existe bien. Non.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 février 2015 à 20:30
@ Jabiru
"Et si les assassins potentiels décidaient de ne plus infliger la mort à d'innocentes victimes, le problème ne se poserait pas. Alors dans le cas contraire qu'ils assument la barbarie de leurs actes"
Infliger la mort pour punir d'avoir infligé la mort : pourquoi punir ceux qui tuent, alors, s'il est si légitime de tuer ?...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 février 2015 à 20:00
Ce que c'est fun, un juriste qui s'aventure dans l'espace (carcéral), le temps (perpétuel) et la matière (compressible) !
Présomption de talent oratoire sur tout, compétence éprouvée sur rien...
Rédigé par : Cirsedal | 01 février 2015 à 19:54
M.Merah a été tué par la police lors de l'assaut final autour de son appartement... il s'en est suivi une polémique, parce qu'on était en campagne présidentielle, parce que Nicolas Sarkozy aurait suivi cette affaire de trop près. Il n'empêche, le monstre n'avait pas été capturé vivant.
Remake avec les frères Kouachi et leur copain Coulibaly, morts lors de l'assaut final. Pas de polémique... pourtant un même scénario, comme quoi lorsque la gauche gère les affaires, tout devient plus "normal".
Qu'il s'agisse de l'un ou des autres, quel citoyen lambda a eu du vague à l'âme devant la mort de ces tueurs extrémistes ? Si on les avait capturés vivants, à quoi les aurait-on condamnés, eux, les récidivistes, sortis de prison très largement avant d'avoir effectué leur peine, sans même un bracelet électronique, sans même un suivi au commissariat ? à mon sens, ils méritaient la peine capitale, ils l'ont eue indirectement et c'est très bien ainsi : pas de questions car après les années qui passent les faits paraissent plus soft, pas de procès coûteux, pas de battage médiatique, pas de discours d'avocats qui défendent (et c'est leur métier) l'indéfendable. Nous savons que leurs avocats les auraient fait passer pour victimes d'une société égoïste, islamophobe, une société qui laisse de côté les jeunes issus de l'immigration, etc. etc. nous connaissons d'avance le refrain et ils n'auraient peut-être même pas été condamnés à la peine d'un Blondiau.
Comme certains commentateurs de ce blog, je pense que la peine de mort aurait pu continuer à exister sans qu'elle ne soit utilisée... une épée de Damoclès utilisable au cas où...
Personne ne peut nier que la justice est trop laxiste, et qu'elle est très fluctuante selon les juridictions, et que, plus la violence explose moins elle est sévère. Dépassée par le nombre de délits, par le manque de moyens, par le manque de volonté des gouvernements ? sans doute et le résultat est là, inquiétant.
@ LEROY (mon homonyme)
" Mais comment en est-on arrivé là ? Excellente question pour bien des domaines dont souffre notre société"
Cette question qui tourne en boucle depuis le 7 janvier dans la bouche de tous ceux qui ne veulent pas admettre les réalités de quarante ans de laxisme dans tous les domaines sans exceptions, quarante ans de progressisme idéologique, de tolérance disproportionnée, de compassionnel. Un constat difficile à admettre et dur à avaler pour tous ceux qui vivaient d'illusions. La crise économique, sociale, sociétale mais aussi identitaire révèle la situation catastrophique de tous les rouages de la société.
Aura-t-il fallu attendre une tragédie avec dix-sept morts pour prendre conscience de la réalité ?
Personnellement cette question me fait beaucoup sourire.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 01 février 2015 à 19:30
Monsieur Attali ne veut-il pas condamner à mort les gens qui ont commis comme seul crime le fait d'être vieux ?
Chaisières vous dis-je !...
Rédigé par : hameau dans les nuages | 01 février 2015 à 19:16
@ pibeste
Vous justifiez l'Ecriture en vous fondant sur l'Ecriture. Cette tautologie coutumière à tous les croyants est plaisante.
Rédigé par : Frank THOMAS | 01 février 2015 à 18:49
@ selldom
"Qu'y a-t-il d’anormal à supprimer des monstres qui le méritent cent fois ?"
C'est parfaitement "normal" en effet. Ça s'est beaucoup fait depuis que l'homme est homme et ça se fait toujours. La question n'est pas de savoir si c'est normal, elle est de savoir si c'est légitime, juste, raisonnable, si c'est civilisé, si une société bâtie sur un tel principe peut tenir debout longtemps...
Je crois que non.
Je crois qu'il n'y a ni monstres ni saints, seulement des hommes et qu'ils sont semblables, et que, hors de cette hypothèse, il n'y a que sables mouvants et possible retour de la pire des barbaries...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 février 2015 à 18:34
Pour ma part je me réjouis que la perpétuité existe bel et bien et qu'elle soit appliquée. Devant des crimes horribles et gratuits et lorsque l'assassin est reconnu coupable sans doute possible (même pratiqués sous l'emprise de l'alcool et de la drogue, ce qui n'est pas véritablement une excuse), la sanction la plus lourde doit exister. Je ne connais pas l'affaire Blondiau mais d'autres affaires ont soulevé mon indignation, lorsque, malgré de terribles forfaits inhumains, la justice, sans doute influencée par des plaidoiries efficaces, avait condamné trop légèrement les assassins.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 01 février 2015 à 18:22
@J.D.Reffait
P. Bilger vous doit une fière chandelle. Vous lui aurez permis de mourir en sachant ce que perpétuité veut dire.
Et puis, écrivez vite à l'Académie française avant que le ridicule les tue, figurez-vous qu'ils se sont dotés d'un Secrétaire perpétuel !
De votre côté, pour l'écrou qui est desserré, vous devriez essayer Norauto.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 01 février 2015 à 18:18
"EN DIRECT. Ghana-Guinée (2-0) : les Black Stars prennent le large !
Le Point - Publié le 01/02/2015 à 12:13 - Modifié le 01/02/2015 à 17:46
Après une grosse erreur défensive adverse, Appiah creuse l'écart (44e). Plus tôt dans la rencontre, Atsu (4e) avait ouvert le score !"...
Quand on lit ça en première page sur le site du Point on se dit que la perpétuité devrait être élargie aux journalistes.
Trente ans, ça leur ferait reprendre leurs esprits.
Rédigé par : Savonarole | 01 février 2015 à 18:15
@ Franck Boizard
Et si les assassins potentiels décidaient de ne plus infliger la mort à d'innocentes victimes, le problème ne se poserait pas. Alors dans le cas contraire qu'ils assument la barbarie de leurs actes !
Rédigé par : Jabiru | 01 février 2015 à 18:02
Bonjour,
A force de se faire des nœuds au cerveau on passe à côté des choses simples. Un être humain qui, par des actes barbares, a perdu son humanité n’est plus un être humain et ne mérite pas d’être traité comme tel.
Quand un criminel a commis des atrocités qui dépassent l’entendement il faut purement et simplement, puisque la perpétuité ne veut plus dire ce qu'elle signifie, l’éliminer.
J’entends déjà les cries d’orfraie…
Bien sûr, on peut tourner autour du pot, l’avait pas de papa…, l’avait pas de maman…, etc. Ca change quoi au problème, on va lui en fournir a posteriori ?
Qu'y a-t-il d’anormal à supprimer des monstres qui le méritent cent fois ? Les guerres font beaucoup plus de victimes - mais bon, à part deux ou trois dommages collatéraux, ce ne sont que des militaires n’est-ce pas ? Faut-il interdire les guerres ? Il suffit d’une loi de plus et paf ! Fini les guerres.
Si c’est la méthode qui rebute - il est vrai que la guillotine ce n’est pas très ragoûtant - un sommeil à perpétuité (la vraie !) serait un acte de compassion.
Rédigé par : selldom | 01 février 2015 à 17:35
Non, la perpétuité réelle n'existe pas. Blondiau aura la soixantaine quand il sera libre. On a déjà vu des prédateurs sévir au même âge. Il serait temps qu'on soit plus sévère pour les crimes graves et moins pour les petits délits.
Rédigé par : Nordine | 01 février 2015 à 15:34
Le nom de Robert Badinter est fortement attaché à l'abolition de la peine de mort qui a été le combat de sa vie. Il a été nommé par François Mitterrand qui auparavant et dans des circonstances certes différentes, alors ministre de l'Intérieur, avait refusé la grâce à huit personnes qui avaient été exécutées.
Si la peine de mort a été abolie en France c'était aussi pour une obligation, l'Union européenne exige que tous ses membres soient abolitionnistes.
Rédigé par : eileen | 01 février 2015 à 14:57
"Ah le mauvais usage des mots ! La prison à perpétuité ne signifie aucunement la prison à vie. La perpétuité signifie une durée indéfinie" (JDReffait)
Je me demande pourquoi cette fois maître sbriglia est, lui, resté muet ?
Et ce cher Robert Marchenoir qui regrette qu'il n'y ait pas plus de fous furieux dans la nature...
Rédigé par : herman | 01 février 2015 à 14:47
Pour un type qui est capable de violer, tuer, découper en morceaux, la peine de mort n'est qu'un sale quart d'heure à passer, une simple formalité, c'était une peine pour satisfaire le bon peuple avide de justice, tandis que dix, vingt ou trente ans derrière les barreaux est pour nous un plaisir aujourd'hui en pensant à tous ces salopards qui croupissent en taule.
Alors que nous nous réveillons avec la voix suave de Jean-Michel Aphatie, un expresso fumant et des toasts, ils cognent leurs gobelets en aluminium entre les barreaux pour avoir le jus de chaussette qui leur tient lieu de café. Ensuite ils devront faire la queue à cinq dans la même cellule pour aller déféquer, et ainsi de suite pour toute la journée pendant trente ans. C'est à se demander si Badinter n'a pas été un peu pervers car moi personnellement je préfèrerais la guillotine sur-le-champ.
"La mort c'est la fin des emmerdements" Louis-Ferdinand Céline
Rédigé par : Savonarole | 01 février 2015 à 14:41
Et la retraite réelle pour Christiane Taubira ?
Fidèle à mon époque, j'ai longtemps été opposé à la peine de mort. J'ai changé d'avis.
Evidemment, pour un chrétien, c'est plus facile : la mort n'est pas la fin de tout (1).
J'ai fini par me rallier à l'argument de Romain Gary.
Il est assez vain de discuter de l'impact de la peine de mort sur la criminalité. On connaît des cas de futurs assassins qui ont assisté à une exécution. Le seul impact certain de la peine de mort, c'est qu'un guillotiné, c'est un récidiviste potentiel en moins.
Romain Gary disait que la peine de mort est un signal adressé à l'ensemble de la société, innocents et coupables, que la société en question est prête à tuer, malgré l'irréversibilité de la peine, malgré le risque toujours présent d'erreur judiciaire, pour se défendre, pour défendre ses valeurs et ses principes. Prendre et assumer le risque de l'erreur mortelle pour préserver la société dans laquelle on vit, c'est signifier qu'on croit vraiment à cette société, qu'on est prêt à en payer le prix, fût-il celui de la mauvaise conscience.
Inversement, abolir la peine de mort, c'est montrer qu'on ne croit plus suffisamment dans notre société, dans l'ordre établi, pour consentir à tuer pour les défendre. Romain Gary concluait que l'abolition de la peine de mort est un signal de faiblesse, une forme de suicide collectif.
Dit en langage technocratique, la peine de mort est un symbole de cohésion sociale. Il signifie, à tous et de la manière la plus radicale, que l'ordre est plus important que la vie de l'individu (Goethe : "Je préfère une injustice à un désordre").
J'ai longtemps trouvé l'opinion de Romain Gary trop abstraite. L'expérience et le recul des années me conduisent à réviser mon jugement.
Ce n'est pas un hasard, me semble-t-il, si l'abolition de la peine de mort est contemporaine de l'immigration massive et du fait de confier le soin de mourir pour la patrie à des professionnels. A chaque fois, c'est un signal que nous ne croyons plus que notre société mérite d'être défendue.
Je pense que, par voie de conséquence, l'abolition, contrairement à ce que prétendent les abolitionnistes, participe à l'ensauvagement : une société qu'on ne défend plus est une société qu'on attaque.
C'est difficile à prouver : les USA sont assez sauvages, tandis que le Japon est plutôt paisible. Et les deux pays appliquent la peine de mort.
Il me semble pourtant que l'abolition de la peine de mort, symptôme d'un état d'esprit global qui est le vrai problème, participe de l'ensauvagement de la France.
Ce n'est évidemment pas un hasard si abolition, avortement et euthanasie progressent du même pas : la vie est vue sous son angle utilitariste. La vie de l'individu sain, même criminel, est considérée comme sacrée, tandis que la vie faible et vulnérable, celle du foetus ou du comateux, est considérée comme une nuisance.
A cause de cette sacralisation de l'individu sain, donc rempli de désirs variés, impérieux et contradictoires, il n'y a plus de société libre possible, mais seulement la guerre de tous contre tous tempérée en partie par une tyrannie qui fait ce qu'elle peut pour éviter le chaos.
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(1) : le général Schwarzkopf aurait répondu, à quelqu'un qui lui demandait s'il pardonnait aux islamistes : "C'est le boulot de Dieu de pardonner. Notre boulot, c'est d'organiser la rencontre".
Rédigé par : Franck Boizard | 01 février 2015 à 13:49
Isabelle Laville, 17 ans, sera violée, martyrisée et tuée par Fourniret.
Neuf mois plus tard naîtra le fils unique de Fourniret et Monique Olivier. L’enfant sera utilisé pour mettre en confiance leurs futures victimes.
Monique Olivier l’ex-épouse de Fourniret, au QI de 131, sera jugée complice de son mari et condamnée à la prison à perpétuité assortie de 28 ans de sûreté.
De tels monstres méritent-ils la mort, celle qui coupe en deux les condamnés, ou les endort définitivement ? Je ne sais, mais je crois que si la peine était appliquée réellement (c’est là le hiatus), c’est une peine sans doute plus pénible que la mort libératrice.
Le problème vient du fait que la perpétuité réelle n’est pas appliquée, ce qui choque non seulement les familles des victimes mais la population qui croit « en la justice de son pays » ;-)
Les hommes politiques font, défont, refont des lois qu’ensuite les magistrats appliquent ou interprètent, en gardant le cap, en omettant de consulter « le bon peuple » qui va vivre (subir souvent) avec ces lois qu’on aura cuisinées (aux petits oignons) et réchauffées pour son bien (of corse !) :-D
Parfait ! Mais alors qu’on ne s’étonne pas que le peuple s’abstienne de voter, lui au nom de qui la justice est rendue…
A force de dire ce que l’on va faire et ne jamais faire ce que l’on a dit (voire faire le contraire de ce que l’on a dit, n'est-ce pas M. Hollande ;-) on se décrédibilise.
Tenez-vous-le pour dit.
Rédigé par : breizmabro | 01 février 2015 à 13:08
@Frank THOMAS | 01 février 2015 à 10:16
"Elle est caractéristique d'un esprit religieux pour qui l'absolu, c'est-à-dire la perfection, ne peut être que d'origine divine, les hommes étant cantonnés au relatif, à l'approximatif, à l'erreur."
Il y a quantité d'exemples dans les Écritures qui font mention de la perfection acquise par l'homme dans cette vie même...
En fait ce n'est pas la perfection qui est difficile à atteindre, elle serait même plutôt très accessible à quiconque s'en donne la peine... c'est juste le champ illimité de son application qui suppose un effort constant et perpétuel (qui a à voir avec la perpétuité... la perpétuité à être parfait... de là découle la notion de grâce). La grâce, c'est Dieu qui se donne dans nos vies et qui fait de notre vie sa maison.
"On peut être radicalement opposé à la peine de mort, mais il faut que ce soit pour des raisons un peu plus solides." (Frank THOMAS)
Des raisons un peu plus solides !... L'amour de son prochain peut-être ?
Rédigé par : pibeste | 01 février 2015 à 12:17
La qualité des commentaires, et notamment ceux de genau, vamonos, Parigoth et Aristote nous démontre que bien des citoyens sont au-dessus des prétendues élites intellectuelles qui se pavanent dans les médias.
Il s’agit ici de savoir quelle peine permet au coupable du pire d’expier sa faute à l’égard de la société pour en maintenir la cohésion morale ou l'urbanité, et à l’égard de lui-même.
A l’égard de la société, la peine de mort est la plus rationnelle dans la mesure où la culpabilité est certaine. La perfectibilité de la justice parce que rendue par des hommes n’est qu’un prétexte pour ceux qui refusent de la rendre infaillible : le refus de l’usage de la voyance ou de la lecture des auras relève certes d’un langage ésotérique, mais l’hypnose est entrée dans les hôpitaux après avoir été longtemps méprisée, et nous avons maintenant les preuves par l’ADN qui sont infaillibles. Souvenons-nous qu’il y a bien peu de temps, les intellos de gauche s’indignaient de l’installation de caméras de surveillance dans les voies publiques. Ce sont toujours les mêmes qui pourrissent la société.
Et puis des peines de dix ans de prison pour des juges Burgaud et autres qui refusent de prendre en compte des preuves venant à l’encontre de leur conviction seraient salutaires.
Ceci exposé concernant le contrat social, le sujet intéressant est ici de savoir si le coupable peut expier sa faute à l’égard de lui-même.
La possession étant arbitrairement posée comme hors sujet, deux éléments sont alors à prendre en considération : s’agit-il de faire échapper le coupable à des démons au sens de mauvaises inspirations, ou de le faire échapper à sa culpabilité par la repentance ?
Si l’on admet que la perméabilité aux pulsions criminelles relève d’une maladie, le coupable doit aller dans un hôpital psychiatrique et en ressortir une fois guéri. S’il s’agit d’une faiblesse psychologique réparable, idem, et si la faiblesse est d’ordre génétique, il y restera jusqu’à ce que son état physique le rende inoffensif.
La délivrance de la culpabilité par la repentance suppose que la faute soit finie dans ses conséquences. Après avoir rendu la voiture volée, et compensé les conséquences du vol, on peut passer à la repentance. S’agissant du viol et du meurtre d’une petite fille, c’est irréparable.
Cependant, pour le chrétien, la repentance inatteignable dans son but rationnel en gardera un dans l’irrationnel, dans l’attente à sa mort, du pardon de Jésus. Il s’agit alors pour le coupable, d’être prêt à mourir pour sauver la société d’une absence de sanction qui la détruirait, et de croire en la miséricorde divine dans son mystère.
Au regard de ces considérations, le monde qui nie la spiritualité est bien trop étriqué pour résoudre ses problèmes.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 01 février 2015 à 12:01
Une autre personne, Christian Van Geloven, a été condamnée le 25 mars 1994 par la cour d'assises de Perpignan à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de trente ans pour avoir, le 19 octobre 1991, tué Ingrid Van de Portaele et Muriel Sanchez, deux fillettes âgées de dix ans, violées, torturées puis étranglées dans la région de Perpignan, je m'étonne, Monsieur Bilger, que vous ayez omis de mentionner ce personnage avec Pierre Bodein et Michel Fourniret.
Cela étant, si cette perpétuité, dite réelle, existe en droit français, pourquoi n'est-elle pas si souvent infligée par un jury populaire pour être appliquée par la suite ?
Il semblerait que la Convention européenne des droits de l'Homme condamne le fait d'infliger à un être humain cette peine en ce que cette dernière est jugée comme "dégradante" par la Cour européenne des droits de l'Homme.
Il serait donc dégradant de priver de liberté un être humain jusqu'à la fin de ses jours, suite à la commission d'un crime ignoble, moralement inqualifiable !
Discutable !
La Suisse est un merveilleux exemple en ce que ce pays ne relâche jamais un pédophile récidiviste, il existe après la purge de la sanction pénale, un suivi médical, nous ne sommes pas là dans le monde judiciaire mais médical, ceci se traduisant par un enfermement du condamné et ce jusqu'à la fin de sa vie, afin de protéger la société et d'éliminer tout risque de récidive.
Ceci a été partiellement appliqué en France, reste donc à le généraliser dans tout le pays !
Rédigé par : Cyril | 01 février 2015 à 11:51
Ainsi que l'a souligné Jean-Dominique Reffait, prison à perpétuité peut signifier pour une durée infinie ou très longue (français soutenu 1200, du latin perpetuitas).
Rédigé par : Mary Preud'homme | 01 février 2015 à 11:48
La peine de mort réelle existe bien... certains même la revendiquent pour eux. Et pour les autres...
Coulibaly s'est jeté mains nues au-devant ses "bourreaux".
Pendant ce temps Monsieur Juppé pour justifier le port du voile se souvient de sa maman se couvrant les cheveux avec un fichu pour rentrer à l'église...
Je reconnais qu'il est plus facile de couper les cheveux en quatre que de couper des têtes.
https://www.youtube.com/watch?v=SiIeI_iXu7o
Discussion de chaisières. On en est là.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 01 février 2015 à 11:30
Il est toujours possible de tordre le vocabulaire et le sens des mots, mais prison à perpétuité, signifie selon tout dictionnaire, prison pour toujours.
C'est pour tenter de donner un peu "d'espoir" à ceux condamnés à perpétuité qu'il a été décidé d'assouplir cette perpétuité de peines incompressibles et dans le cas de ce jeune homme et l'horreur de son crime il a été décidé d'assortir sa perpétuité d'une peine incompressible de trente ans. A l'issue de cette période de réclusion il aura alors 59 ans... Après une si longue réclusion on peut légitimement se poser la question de sa santé mentale, et de ses possibilités de réinsertion dans une vie courante.
Il y a quelques années des condamnés à perpétuité, à Clairvaux je crois, avaient réclamé d'être exécutés. Ils disaient préférer une exécution capitale à une réclusion à perpétuité. J'ai bien un avis... ni convenable, ni chrétien !
Peu de solution acceptable à ces actes tellement monstrueux, il est peut-être ?? possible - dans certains cas - de tenter les prévenir, les anticiper... mais ce genre de prévention est tellement aléatoire que même les psychiatres ne sont pas tous d'accord ni sur les mesures, les méthodes, les moyens, ni sur le résultat.
Une certitude je ne souhaite pas non plus que certains individus comme ce Blondiau, les Fourniret, Dutroux et leurs semblables ressortent un jour, là où ils sont ils sont au moins neutralisés. On n'envoie plus au bagne à perpétuité un voleur de petit pain !
Bien difficile et terrible sujet de société, qu'il faut cependant prendre en compte !
Rédigé par : eileen | 01 février 2015 à 11:19
@Aristote
La peine de mort n'était pas "ultime" quand elle ne préjugeait pas du salut éternel : voyez Fesch, et Thérèse de Lisieux priait pour le salut des condamnés à mort.
Ce n'est pas par "humanisme" que nous avons aboli la peine de mort. Entre la perpétuelle réelle et la mort, qu'y a-t-il de plus inhumain, je ne sais pas dire. Nous avons aboli la peine de mort parce que nos sociétés sont dans le déni de la mort.
Très juste, vous avez mis le doigt sur le point essentiel.
Vous avez cité Fesch. Il faudrait rappeler qu'il a été condamné à mort pour avoir assassiné un gardien de la paix.
Cette affaire a ressurgi quand il a été question d'ouvrir un procès en béatification de Jacques Fesch, qui s'est converti en prison et qui s'est repenti sincèrement avant d'accepter en réparation de ses fautes la mort qui allait lui être donnée.
Des syndicats de police - probablement prisonniers d'une vision terre-à-terre et laïciste des choses - ont protesté, n'ayant pas compris qu'il n'était pas question de célébrer le criminel mais au contraire le bon larron, le repenti.
Cette réaction des syndicats de police est emblématique de l'attitude de la société actuelle qui ne comprend pas ou rejette l'aspect rédempteur de la peine de mort, qui efface les crimes commis et rend au criminel sa dignité d'homme à laquelle il avait volontairement renoncé au moment d'accomplir ses forfaits.
Nous pouvons aussi penser que ce comportement est lié au rejet du symbole de la rédemption porté par le Christ sur la croix (alors qu'en plus il s'agissait d'un innocent parfait).
N'ayons pas peur de le dire : un criminel se met lui-même en dehors de la société des hommes, alors comment pouvons-nous lui appliquer en intégralité - sans pour autant le traiter comme un chien - les principes découlant de notre société basée sur les droits de l'homme (dont les devoirs sont singulièrement absents) ?
Les victimes sont-elles donc exclues de ces droits de l'homme ?
Philippe Bilger a cité Badinter, mais si ce personnage est une des fausses idoles du Boboland, son nom est gravé dans le marbre du Mur de la Détestation virtuel que des millions de Français confrontés à la vraie vie portent au fond d'eux-mêmes, en compagnie d'autres responsables de plusieurs des nuisances qu'ils ont eues à subir depuis quarante ans (liste non exhaustive sur demande).
En fait l'esprit du Code Badinter est emblématique de l'humanisme inversé qui gangrène les mœurs et les lois actuelles : ici on verse des larmes de crocodile sur les malheurs d'un criminel irrécupérable et sans remords, tout en gardant un cœur dur à l'encontre de ses victimes ou de leurs familles, là on se met en quatre devant l'étranger en écartant le Français, ailleurs on extermine des millions de membres en devenir de l'humanité sans se poser plus de questions qu'Eichmann...
Mais à quoi s'attendre d'autre dans une société qui pratique l'inversion des valeurs ?
Rédigé par : Parigoth | 01 février 2015 à 10:44
"Quand la peine de mort a été abolie - pour ma part, je m'en réjouis, ayant eu toujours en tête cette pensée de l'abbé Toulat : une sanction absolue nécessiterait une justice absolue, évidemment impossible"
Cette pensée est un sophisme. Elle est caractéristique d'un esprit religieux pour qui l'absolu, c'est-à-dire la perfection, ne peut être que d'origine divine, les hommes étant cantonnés au relatif, à l'approximatif, à l'erreur.
On peut être radicalement opposé à la peine de mort, mais il faut que ce soit pour des raisons un peu plus solides.
Rédigé par : Frank THOMAS | 01 février 2015 à 10:16
Bonjour Philippe Bilger,
"Quand la peine de mort a été abolie - pour ma part, je m'en réjouis, ayant eu toujours en tête cette pensée de l'abbé Toulat : une sanction absolue nécessiterait une justice absolue, évidemment impossible..."
Non la Justice n'est pas absolue. Les erreurs judiciaires sont suffisamment nombreuses pour nous en convaincre. La suppression de la peine de mort a sans douté évité à Patrick Dils d'être exécuté alors qu'il était innocent.
Ceci étant je me demande si la peine de mort n'est pas finalement une sanction plus douce que la détention à "perpétuité", même si ce mot n'a pas vraiment sa signification d'origine.
Passer trente années en prison avec des "taulards" qui ne sont pas tendres avec les assassins d'enfant ne doit pas être d'un grand réconfort.
Je pense même que l'enfer sur Terre doit ressembler à cela. La seule échappatoire est alors le suicide que beaucoup de détenus n'hésitent pas à utiliser.
Rédigé par : Achille | 01 février 2015 à 09:43
Ce n'était pas la peine de mort qu'il fallait abolir mais plutôt le moyen de la donner. Dans les cas d'assassinats d'enfants elle se justifiait.
Rédigé par : Jabiru | 01 février 2015 à 09:33
Peine de mort à perpétuité pour les victimes seulement :
la peine de mort existe bel et bien en France... et elle est plus terrible que dans beaucoup de pays que nos intellos bobos de gauche se complaisent à montrer du doigt : USA , Chine...
Ces grands moralistes se gargarisent d'avoir supprimé la peine de mort en citant toujours leur modèle : Badinter.
La réalité est cruelle surtout pour les victimes passées et à venir depuis cette idéologie criminelle de 68 qui fait l'apologie des bourreaux et des délinquants de tout poil, la victime reléguée aux oubliettes de l'insignifiance n'a pas droit, elle, aux droits de l'homme de la bien-pensance.
Oui, la peine de mort est exécutée contre de malheureux innocents "assassinés à perpétuité" par des criminels que notre système judiciaire ubuesque relâche sous tous les prétextes divers et démentiels au vu des résultats accablants (bonne conduite, réinsertion, humanisme…) dictés par cette morale dogmatique, érigée en diktat et qui a produit des dérives sanguinaires ; les responsables de ce fiasco mortuaire courent toujours.
Rédigé par : sylvain | 01 février 2015 à 08:47
@fugace 31.1.15 - 23.57
@genau 31.1.15 - 23.29
Sur un sujet aussi difficile, aussi sensible, où souvent la haine ordinaire et vengeresse sous-tend le discours - donc inutile puisqu'elle interdit toute réflexion structurée - et l'emporte sur la raison, vos commentaires sont apaisants parce qu'ils font appel à l'intelligence, sans tomber dans le côté insupportable des donneurs de leçons. Merci !
Genau évoque "l'horreur du spectacle et du cheminement vers l'échafaud", il y a eu aussi cet excellent film "La dernière marche" qui tente de convaincre de la rédemption d'un assassin, il y a eu aussi le discours poignant du 17 septembre 1981 de Monsieur Robert Badinter à l'Assemblée nationale pour l'abolition de la peine de mort et aussi ses interventions précédentes, lors du procès de Patrick Henry ; procès durant lequel Robert Badinter a toujours dit, à de très nombreuses reprises, qu'il n'avait pas défendu l'assassin Henry, qu'il plaidait essentiellement/uniquement pour l'abolition de la peine de mort.
Si on peut admettre que la discipline transforme notre animalité en humanité... certains individus sont indifférents, imperméables et inaccessibles à tout discours. Etre contre la peine de mort n'exclut pas de reconnaître sans aucune ambiguïté que certains individus sont de dangereux psychopathes, des incurables, des irrécupérables que rien absolument rien ne saurait excuser, et que toujours la même lancinante question demeure "qu'en faire, qu'en fait-on ?" ; il faut les neutraliser, les mettre hors de la société, mais est-ce suffisant ? Je ne sais pas, je ne sais plus !
Face à certains crimes nous sommes tous pour la peine de mort, et puis notre humanité nous impose un "je suis contre la peine de mort... sauf dans les cas de..." oubliant habilement que la peine de mort est indivisible, on est pour OU on est contre... C'est blanc OU noir, c'est OUI ou NON !!
Genau donne une conclusion à laquelle j'adhère sans restriction aucune, "aujourd'hui je ne sais plus"...
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Genau, permettez-moi une question qui ne nécessite pas obligatoirement une réponse : je suppose que les "pendus sur le cours d'un ville provençale, victimes de barbares légitimés" étaient ceux qui dès après la guerre ont décidé de l'épuration, les mêmes qui rasaient la tête des femmes... ceux qui se présentaient auto-proclamés "bons français" et se reconnaissaient le droit de faire "justice" eux-mêmes. Pour ne pas avoir vécu cette période troublée, ces comportements font simplement froid dans le dos, ils sont effrayants.
Rédigé par : eileen | 01 février 2015 à 05:32
Vous avancez l'argument "une sanction absolue nécessiterait une justice absolue" pour expliquer votre position sur la peine de mort.
Puis vous vous réjouissez que la "perpétuité réelle" existe bien.
Pourtant, cette "perpétuité réelle" est un autre absolu, peut-être pire : l'idée du "pour toujours" est terrible.
Certes moins définitif par principe...
Au-delà de ce concept d'éternité qui me gêne, il y a le leurre qu'il peut engendrer chez des proches des victimes : on ne peut pas faire abstraction du fait que le condamné va sortir un jour. Sinon il serait inhumain de ne pas maintenir la peine de mort, au moins dans les cas où la culpabilité est acquise.
Mais si je comprends bien la dangerosité sera réévaluée après trente ans.
Ce que vous voulez dire c'est que le condamné n'a aucune garantie de pouvoir sortir un jour, alors que la perpétuité réelle serait d'avoir la garantie de ne jamais pouvoir sortir.
Il ne s'agit donc pas de "perpétuité réelle" qui existerait, mais plutôt de peine maximale qui n'existe pas.
C'est différent, non ?
Rédigé par : Alex paulista | 01 février 2015 à 01:18
Ah le mauvais usage des mots ! La prison à perpétuité ne signifie aucunement la prison à vie. La perpétuité signifie une durée indéfinie. La notion de perpétuité réelle est donc vide de sens. Seule l'adjonction d'une durée incompressible donne à la perpétuité non pas une durée mais une durée minimale, étant entendu qu'après ce délai, l'emprisonnement peut se prolonger perpétuellement, jusqu'à la mort du condamné, lequel est juste autorisé, après ce délai incompressible, à demander une libération conditionnelle.
La perpétuité réelle a donc toujours existé, quelle que soit la durée effective de la peine. C'est son mode d'application qui a changé avec l'adjonction de périodes incompressibles.
Dans le cas présent, le criminel pourrait demander une libération conditionnelle dans 30 ans. Il sera alors âgé de 60 ans. Il n'a donc pas été condamné à la prison à vie puisqu'une porte de sortie peut s'ouvrir pour lui à un âge somme toute raisonnable s'il se maintient en bonne santé. Qu'appelle-t-on, dès lors, perpétuité réelle ?
Cela dit, je ne souhaite pas qu'un criminel de cette nature ressorte un jour de prison.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 février 2015 à 00:23
Bonjour,
J’avais lu cet article en son temps :
http://www.liberation.fr/societe/2013/12/19/prison-la-perpetuite-reelle-existe-t-elle_967536
Extraits, pour bien comprendre, et évidemment étayer les dires de notre hôte (qui l’eut cru !).
« Selon l’article 132-23 du code pénal : dans le cas d’une condamnation à perpétuité, cette période de sûreté est en théorie de dix-huit ans. Les jurés de la cour d’assises peuvent la réduire, ou au contraire la porter à vingt-deux ans « par décision spéciale » – ça a été par exemple le cas pour Tony Meilhon, l’auteur du meurtre de Laetitia Perrais à Pornic. Ce même article du code pénal prévient : « La durée de cette période de sûreté ne peut excéder vingt-deux ans ».
Mais deux autres articles du même code pénal (221-3 et 221-4) viennent contredire le précité. Ils ont été ajoutés en 1994 par Pierre Méhaignerie, ministre de la Justice de Balladur.
Ces deux articles de 1994 indiquent que pour certains crimes (meurtre d’un mineur de moins de 15 ans accompagné d’un viol ou de tortures, notamment), la période de sûreté peut monter jusqu’à trente ans, voire être illimitée. Illimitée !!
Le condamné Blondiau pourra demander, au bout de trente ans, un « relèvement » de sa période de sûreté, c’est-à-dire son raccourcissement… pour espérer, dans un deuxième temps, obtenir une libération conditionnelle ».
S’il l’obtenait, il aurait (s'il tient le choc) 59 ans, quand Océane en aurait eu 38.
Le juge de l’application des peines saisira un collège de trois experts médicaux qui se prononceront sur la dangerosité du détenu avant qu’une commission de cinq magistrats de la Cour de cassation estime à son tour si oui ou non la période de sûreté illimitée peut être levée.
Rendez-vous au-delà de 2040 pour connaître la décision de justice qui sera alors produite.
Rédigé par : fugace | 31 janvier 2015 à 23:57
La peine de mort avait cette qualité d'être prononcée sans haine, par des hommes et femmes indépendants, quoique manipulables, mais dans l'ensemble, s'opposant par destination aux faits horribles reprochés. Elle conférait à la mort une forme abstraite. Cependant, la réalisation pratique n'a jamais intégré totalement cette notion, d'une part parce qu'elle a été prononcée aussi, de façon intercurrente, dans des circonstances troublées qui lui enlevaient son irréalité dans le quotidien, d'autre part, parce que cinéastes, théoriciens, journalistes, auteurs littéraires ont montré l'horreur du spectacle et du cheminement vers l'échafaud. Le meurtre organisé a pris le pas sur sur la légitimité de la punition éliminatoire.
Ceci dit, la peine appliquée à ce criminel ressortit à une attitude semblable : l'individu disparaît, abstraitement, il plonge dans un monde qui va remplacer celui qu'il connaissait jusqu'alors et qui lui restera désormais hermétique. Il est probable qu'il va énormément souffrir de ses codétenus puis que les choses vont se calmer jusqu'à ce qu'il disparaisse, ombre effaçable, oubliée. L'évolution de son esprit est une inconnue à plusieurs variables mais bien malin qui pourra dire dans trente ans quels sont les mécanismes de pensée qui le dirigeront.
Ce qui est gênant, c'est la propension à juger différemment celui qui commet des actes criminels dans un contexte de violence banale et celui qui, étouffé par sa pulsion sexuelle les traduit de la façon que l'on sait, une fois ou à plusieurs reprises. La violence banale, à répétition, conduit aussi au sentiment de l'inocuité des mesures de punition et à leur bravade, à terme, incrustée dans l'esprit du criminel elle s'apparente à la barbarie, la violence criminelle comme mode d'existence, rendant l'individu étranger à la société, ce qui est la définition même de la barbarie ; le barbare vient de l'extérieur.
On ne résoudra jamais cette question ; la peine de mort renaîtra, à la défaveur de je ne sais quel bouleversement politique ou religieux. Enfant, je regardais les pendus sur le cours d'une ville provençale, victimes de barbares légitimés. Dans l'agitation de la foule, cela ne m'impressionnait guère, plus tard j'ai vu une exécution, dans sa froideur, elle m'a tétanisé et fait prendre l'appareil de justice en horreur, quelle que soit sa justification. Aujourd'hui, je ne sais plus.
Rédigé par : genau | 31 janvier 2015 à 23:29
En réalité, votre billet démontre le contraire de ce que vous soutenez, puisque la perpétuité "réelle" (ces adjectifs sont lassants) n'a été appliquée que trois fois.
Il faut mettre cela en parallèle avec les peines extraordinairement sévères prévues par la loi pour toute une série de délits relativement mineurs, et jamais appliquées au maximum de ce qu'elles prévoient. Ce sont des lois "journalistiques". Elles permettent de faire dire aux journalistes : regardez, le gouvernement est très très méchant avec les malfaiteurs, faire X est passible de 250 années de prison (ou quelque chose d'approchant).
Par exemple, j'ai entendu il y a quelques jours sur BFM un journaliste dire : on ne rigole plus maintenant, faire l'apologie du djihad est passible de telle durée de prison ferme. Outre qu'il est ridicule de condamner à de la prison ferme un abruti qui se contente de crier dans un magasin : vive Coulibaly, on va tous vous tuer, il est encore pire de faire perdre du temps à des magistrats pour condamner à des peines publicitaires des gens qui ne feront pas un jour de prison, puisqu'en dessous d'un seuil qui est fort élevé, la prison ferme est du théâtre pour les gogos et n'est légalement pas exécutée.
C'est presque pire que de ne pas condamner du tout. Vous faites tout un cirque pour condamner un gus "sévèrement" à de la "prison ferme", et la seconde suivante vous lui dites : ben t'es libre, mon gars, la rue c'est par là. Autrement dit, vous lui démontrez de la façon la plus convaincante possible que les délinquants jouissent de l'impunité, et que les magistrats sont des bonshommes ridicules avec des déguisements grotesques, tout à fait inoffensifs.
Il y a, là aussi, la prison ferme et la "prison ferme réelle" (toujours ces maudits adjectifs, qui deviennent indispensables dès lors qu'on pervertit le sens des mots).
A tout prendre, il me paraîtrait plus efficace, pour réduire la criminalité, d'instaurer la "prison ferme réelle" pour... eh bien, toutes les peines de prison ferme, plutôt que d'instaurer une "perpétuité réelle" si rare que seuls trois condamnés la subissent dans le pays.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 31 janvier 2015 à 23:14
La perpétuité a un sens profond, celui de l'éternité. C'est fini et pour toujours, cela ne s'arrêtera jamais ou bien cela ne pourra pas recommencer. La société ne sait pas condamner quelqu'un à la perpétuité, il s'agit d'un succédané de perpétuité, la perpétuité réelle n'existe pas dans l'état actuel de l'arsenal législatif. En effet, la condamnation à la perpétuité est parfois assortie d'une peine de sûreté de trente ans, le condamné a l'espoir de sortir de prison un jour. Il est tout à fait envisageable qu'il commette un nouveau crime pour lequel le jugement pourrait de nouveau être une condamnation à perpétuité. La Justice est donc capable actuellement d'infliger deux peines de perpétuité différentes. C'est absurde puisque le mot perpétuité est un substantif féminin qui n'admet pas de pluriel, même mon éditeur de texte le sait. La Justice est imparfaite. Dura Lex, sed Lex. La seule perpétuité qui vaille est la peine de mort telle qu'appliquée aux Etats-Unis d'Amérique ou en Chine ; mais pas en France ou en Russie. Dans les pays où la peine de mort est abolie ou tombée en désuétude, les assassins dont la culpabilité est avérée restent quelques années en prison et puis ils sortent à l'air libre.
La petite Océane a été exécutée à l'âge de 8 ans, elle est morte, la flamme de sa vie a été éteinte par un jeune homme et pour toujours. Océane n'ira pas à l'école, n'apprendra pas de métier, n'aura pas de descendance. Pour sa défense, le meurtrier a affirmé que son état était altéré par la drogue au moment des faits. Nicolas Blondiau a 29 ans, il sortira théoriquement de prison quand il aura 59 ans. Quelle pulsion l'a entraîné dans cette voie ? Pourquoi a-t-il tué ? Quels modèles lui ont servi pour armer son bras ? Comment peut-on se délecter de la mort d'un enfant ? Cela reste un mystère pour moi, mais je peux comprendre que des esprits malades puissent mettre en pratique des idées rencontrées au cours de divertissement.
Dans la littérature, le cinéma ou le théâtre des auteurs ont mis en scène des moment très durs :
- Jonathan Swift, dans les "Voyages de Gulliver" évoque des pauvres obligés de manger leurs bébés, on m'a présenté cela comme de l'ironie, je n'ai jamais souscrit.
- David Cronenberg dans son film "Maps to the stars", décrit l'inceste, la souffrance d'enfants, des moments très durs. Ce film a été primé à Cannes pour la performance d'une actrice. Heureusement, le scénario n'a pas recueilli les suffrages des juges, j'aurais détesté qu'il en fût autrement.
- Marius von Mayenburg, dans sa pièce "Les parasites" évoque la mort d'un enfant dans le ventre de sa mère. On m'a expliqué qu'il s'agissait d'humour. Pour ma part, je ne confonds pas le rictus de dégoût qui me saisit avec le ricanement ou le rire qui me fait passer une bonne soirée.
Rédigé par : vamonos | 31 janvier 2015 à 22:37