« Manuel Valls : je préfère la gauche à la vérité ! | Accueil | Notre colère vaut la leur ! »

10 mars 2015

Commentaires

citizen pas kane

Suite au décès du deuxième patient le 2 mai dernier, Carmat suspend ses essais cliniques (Europe 1) :

" C'est désormais l'Agence du médicament qui donnera son accord pour une nouvelle implantation.
Après la mort des deux premiers transplantés, la société Carmat qui a conçu le premier cœur artificiel a décidé de suspendre ses essais cliniques. Elle veut ainsi se donner le temps d'améliorer son produit et demander l'avis de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour poursuivre ses implantations. Un troisième patient est actuellement sous haute surveillance à l'hôpital Georges Pompidou après avoir reçu le cœur Carmat le 8 avril dernier. (…)
Il n'y aura donc pour le moment aucune nouvelle transplantation. L'essai clinique sur le cœur artificiel est en effet momentanément suspendu suite au décès le 2 mai dernier au CHU de Nantes, du second patient implanté, neuf mois après avoir reçu le cœur Carmat. Un premier transplanté était également décédé en mars 2014, 74 jours après l'opération. Il reste donc à ce jour un seul patient vivant avec cet organe artificiel, toujours hospitalisé. (…)
Carmat va cependant bien poursuivre ses investigations. Cette suspension est un temps de travail nécessaire pour que les médecins mais aussi les ingénieurs analysent les données enregistrées par la machine. Ils veulent notamment comprendre pourquoi les moteurs du cœur se sont arrêtés de fonctionner chez le deuxième patient alors que pendant neuf mois, ils avaient marché sans accrocs. (…)
Pour voir un quatrième patient bénéficier de cette greffe, il faudra attendre que les autorités donnent leur feu vert. Selon une information Europe 1, une réunion est prévue dans une quinzaine de jours où Carmat présentera ses conclusions à l'ANSM. La société y présentera les modifications qu'elle souhaite apporter à la prothèse pour l'améliorer. L'Agence pourra donner alors son accord, ce qui devrait être le cas, a-t-elle confié à Europe 1.
À partir de là, une quatrième opération pourrait vite arriver. Le recrutement de patients du côté de chez Carmat n'a en tout cas pas cessé. La société continue de recevoir chaque jour des dossiers de patients candidats envoyés par des cardiologues français, mais aussi étrangers. "

À ce titre l'interview (http://www.europe1.fr/societe/alain-deloche-les-progres-fait-en30-ans-sont-enormes-2424941) des deux chirurgiens cardiaques Alain Deloche et Gilles Dreyfus, trois semaines avant que ne disparaisse le deuxième patient, était très intéressante.

citizen pas kane

"D’accord… La chirurgie cardiaque stagne… mais elle vient quand même de remporter une victoire éclatante en faisant le saut dans le futur avec l’implantation du coeur artificiel Carmat chez un deuxième patient, en excellente santé huit mois après l'opération. Est-ce franchir une marche vers l'immortalité ?" finch | 08 avril 2015 à 17:05

Très intéressante, la description sur la manière dont a été révélée la circulation sanguine. 1500 ans d'erreurs basées sur les principes de Galien, avant que William Harvey ne vienne, avec brio, mettre de l'ordre dans tout cela en n'utilisant, dans sa démonstration, pas un mot de trop.

De l'euthanasie à l'immortalité, il y a un large fossé à franchir. Au terme du processus, l'euthanasie conservera une indication sociale (quelle horreur !), mais plus médicale dans certaines indications (la mort de la mort).
C'est d'ailleurs le problème métaphysique que pose le coeur artificiel Carmat recouvert dans son intérieur de membranes biologiques pour éviter tout problème de coagulation et de traumatisme globulaire. Un prothèse éternelle (?), lorsqu'elle sera au point, évitant tout recours à un traitement anticoagulant ou immunologique. On ne mourra plus de défaillance cardiaque mais d'autres raisons. Comme les maladies cardio-vasculaires sont, avec le cancer, la première cause de mortalité, on va engendrer toute une génération d'hommes bioniques prétendant à l'immortalité. Du problème en perspective pour l'équilibre financier des régimes sociaux.

Mais le coeur artificiel Carmat n'est pas encore au point. C'est un euphémisme de dire qu'il est plus que jamais au stade expérimental.
Après le décès du premier patient au soixante-quatorzième jour après l'implantation, voici que vient de disparaître le deuxième patient neuf mois après la mise en place (ce qui est déjà en soi un succès relatif). Là encore une panne moteur, si l'on ose s'exprimer ainsi. Sauf qu'en la circonstance, la panne c'est la mort. Pour ce deuxième patient en état d'arrêt circulatoire en ce soir du 1er mai, l'équipe chirurgicale a tenté de récupérer le coup en implantant en catastrophe un deuxième Carmat (sorte d'échange standard moteur si l'on ose l'analogie) mais sans succès, l'opéré décédant presque aussitôt dans un état de défaillance multi-viscérale.

La pose de ces prothèses a lieu dans le cadre d'un essai clinique, autorisé par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, pour cinq patients en insuffisance cardiaque terminale dont les jours sont comptés.
Il n'existe donc à ce jour plus qu'un seul patient vivant porteur de la prothèse (implantée à Georges Pompidou le 8 avril) et deux encore à venir avant de clore la phase préliminaire de l'essai.
De la réussite des essais dépendent d'énormes intérêts financiers et surtout la question primordiale de savoir si l'implantation de ce type de prothèse est justifiée au plan éthique, technique, et du bénéfice attendu au regard du risque et de la souffrance encourus.

finch

"…La chirurgie cardiaque stagne dans ses révolutions après avoir conquis des territoires magiques. Elle se rapproche en cela d'une discipline presque morte qu'est l'anatomie, base ancestrale de la médecine et des frayeurs remontant aux anciens (autopsies prohibées assimilées à des profanations). La médecine a longtemps été condamnée à la stupidité à cause notamment des principes de Galien qui ont perduré pendant des siècles avant d'être tournés en dérision par la vérité scientifique. Le foie - antérieurement aux travaux de William Harvey - n'était-il pas considéré comme le centre de la circulation sanguine ?" gone with the bling 16/12/14 -11:27

D’accord… La chirurgie cardiaque stagne… mais elle vient quand même de remporter une victoire éclatante en faisant le saut dans le futur avec l’implantation du coeur artificiel Carmat chez un deuxième patient, en excellente santé huit mois après l'opération. Est-ce franchir une marche vers l'immortalité ? Un livre venant de sortir s'intitulant « Le coeur éternel », écrit par deux chirurgiens cardiaques Alain Deloche et Gilles Dreyfus, est susceptible de répondre à cette question. Il est à rapprocher d'un autre livre, plus philosophique La mort de la mort écrit par Laurent Alexandre.

Le livre sur Carmat (dont l’inventeur est le professeur Alain Carpentier, qui voit ainsi se réaliser son rêve d'exploitation de ses découvertes en France) précise bien le rôle qu'ont tenu André Vésale (rétablissement de la vérité anatomique, en particulier l'absence de communication entre les ventricules), Michel Servet (petite circulation) et William Harvey (grande circulation et compréhension globale) dans la mise à mort des principes falots de Claude Galien sur la circulation sanguine qui avaient perduré 1500 ans. Voici un extrait de ce livre :

"…Claude Galien, ce Grec de Pergame, qui, au IIe siècle de notre ère, se fit médecin, chirurgien, chercheur. Il écrivit une œuvre considérable : plus de quatre cents traités où se mêlent la recherche scientifique, les petites aventures quotidiennes, quelques traits philosophiques et des couronnes tressées à sa propre gloire. Parlant du coeur, Galien écrivait : " L'organe se dilate lorsqu'il veut attirer quelques substances utiles, se replie sur lui-même pendant qu'il doit profiter des substances attirées, et se contracte lorsqu'il se hâte d'expulser le résidu de ces substances. "
Quel bavardage pour décrire les contractions cardiaques !
Concernant le coeur lui-même, Galien décrivit un muscle à l'organisation très particulière : " Une chair dure, constituée de fibres de diverses espèces, droites, transverses ou obliques." Il repéra avec précision les ventricules et les oreillettes et observa les valves, donnant du coeur une image intelligible.
Hélas la suite est plus délirante… À partir de constatations exactes, mais cherchant à tout expliquer, Galien élabora un schéma de circulation sanguine que son imaginaire avait tracé.
Suivons un instant le maître dans ses élucubrations… Les aliments ingurgités traversent le tube digestif, ils sont alors absorbés par les veines de l'intestin et transmis au foie, où ils macèrent et mijotent dans une grande cuisson interne… qui produit le sang ! Une partie de ce sang descend par les veines vers les organes du bas du corps, une autre remonte vers l'oreillette droite du coeur, second réservoir sanguin. Du ventricule droit, une partie du sang va nourrir les poumons tandis qu'une autre partie traverse la cloison qui sépare les deux ventricules du coeur et passe dans le ventricule gauche. Là, le sang fait la jonction avec le pneuma venu des poumons, vapeur énigmatique où se mêlent chaleur et souffle. Et plus loin, le sang se dissout, avalé par les tissus, en flux continu, sans retour. Et voilà comment on prépare un millénaire et demi d'erreurs !
En effet, Galien fut, durant quinze siècles, la référence médicale absolue, le maître incontesté, le savant suprême soutenu par l'Église. Les théories qu'il avait énoncées étaient devenues des dogmes incontestés. Bien plus tard, lorsque l'observation ne parut plus vraiment corroborer les écrits de l'inévitable oracle, beaucoup refusèrent d'en accuser le maître grec et s'en prirent à la Nature… Elle se serait transformée en catimini et aurait, au cours des âges, modifié l'organisme humain !

Avec le XVIè siècle s'imposa le désir de comprendre. André Vésale fut de ceux qui firent de la curiosité une des bases de la science. Allemand d'origine, brabançon de naissance, espagnol de nationalité, français puis italien d'adoption, cet Européen avant la lettre n'était animé que par la seule passion de percer les mystères de la vie.
Pour aller au bout de sa curiosité, il lui fallait des coeurs à dépecer, des membres à découper, des estomacs à scruter, des cerveaux à fouiller, des intestins à déplier. Dans ces organes inanimés, il était sûr le trouver une vérité plus éclatante que celles énoncées dans les vieux ouvrages des maîtres du passé. En 1537, à l'âge de vingt-trois ans, il s'établit à Padoue, en Italie, où l’attirait la prestigieuse école d'anatomie.
Désormais, il pouvait s’atteler à la grande mission de sa vie : rédiger un traité complet de l'anatomie humaine, ouvrage qui permettrait de mettre sous les yeux de tous les savants médecins l'œuvre de la nature, comme s'ils se trouvaient devant un corps disséqué. Il s’appliqua non seulement à décrire les organes, mais aussi à mettre un nom sur chacun d’eux, établissant un premier dictionnaire du corps.

À Padoue, on se pressait pour suivre ses cours de dissection dans le théâtre d’anatomie :

" Admirez les vaisseaux qui sort du cœur…" expliquait-il… "…À la droite, voici l'artère pulmonaire, que je nomme ainsi car elle va aux poumons. À la gauche, ce que nous appelons l’aorte. Et regardez maintenant les vaisseaux qui arrivent au cœur, ce que nous désignons comme veine cave inférieure et veine cave supérieure. Observez encore, à la surface de l’organe, ces petits vaisseaux que je nomme coronaires, parce qu'ils sont tressés en couronne autour du cœur… Ce que vous voyez ici, c'est le ventricule droit. Sa paroi, en forme de croissant, se moule sur le ventricule gauche, qui se trouve à l’arrière. Regardez ces formes stupéfiantes, imprégnez-vous de cette merveilleuse architecture en cône ! Par-dessus se trouvent ce que l'on nomme les oreillettes. À quoi servent-elles ? La nature a créé ces petites chambres de réserve pour le sang afin que la contraction rapide du cœur ne cause pas de dommages à la veine cave et à l’aorte. "

…Vésale ouvrait alors le cœur pour faire admirer la merveille des merveilles, la soupape d'admission dans le cœur de gauche, la valve mitrale qu'il appela ainsi car sa forme rappelait celle de la mitre, la coiffure des évêques. Il faisait remarquer les deux voiles retenues au ventricule par de petits cordages qui assurent les parfaites ouverture et fermeture de la valve.

[Il reprenait : ] "…Entre les deux ventricules se situe une solide cloison… Je ne vois pas comment la moindre quantité de sang pourrait passer du ventricule droit au ventricule gauche à travers cette cloison. Je n'ai jamais rencontré les conduits qui la traverseraient et dont parlent certains qui pourtant les décrivent au cours de leur dissection, persuadés que le sang passe du ventricule droit au gauche. "

Une cloison étanche entre les ventricules ? Galien, au contraire, assurait que cette cloison était piquetée de petites ouvertures ! Cette attaque frontale contre les dogmes médicaux stupéfiait l'auditoire mais faisait avancer la science. Car Vésale avait raison.
Les leçons du maître de Padoue nous ont été transmises par son ouvrage De humani corporis fabrica une somme de plus de six cents pages illustrées de trois cents planches. Ces plaques de bois gravé, réalisées à Venise, furent acheminées à Bâle pour être imprimées. De la Suisse, le Fabrica de Vésale inonda l’Europe.
Pourtant, si Vésale faisait entrer l'anatomie dans l'époque moderne, s'il décrivait le cœur à la perfection, il demeurait bien peu innovant en ce qui concerne le mouvement du sang… dans cette matière fondamentale, il en restait au jargon de son époque.

Cette criante insuffisance devait être comblée par un homme étrange, rebelle à tous les dogmes, prêt à en découdre avec la terre entière pour faire triompher ses idées. Michel Servet était né en 1511 en Espagne. Cet homme austère, aux joues creusées, à la barbiche en pointe, se rangea du côté de la réforme qui agitait l'Europe et devint un adepte passionné de Martin Luther, l'homme qui, dans les pays germaniques, cherchait à transformer l'Église en prônant un retour scrupuleux aux Écritures. Passionné de théologie, Servet s’attaqua à la Sainte Trinité ; passionné de médecine, il chercha à comprendre la circulation sanguine. En janvier 1553, il publia l'ouvrage qui allait le faire entrer dans l’histoire : Magna Opus, Christianismi restitutio. Sur sept cents pages, six seulement sont consacrées à la médecine, mais ces six pages sont originales, audacieuses, inattendues. Michel Servet y décrit en effet le circuit complet de ce que nous appelons la petite circulation : « la communication, c'est-à-dire le passage du sang du ventricule droit dans le ventricule gauche, ne se fait pas à travers la cloison entre les ventricules, comme on se l'imagine communément ». Jusque-là, il ne fait que reprendre les théories de Vésale, rien de nouveau. Mais la suite est fascinante : « La communication se fait par un long et merveilleux détour, le sang est conduit à travers le poumon, où il est agité, préparé, où il devient rougeâtre. (…) Le sang sorti du cœur droit par l'artère pulmonaire revient au cœur gauche par la veine pulmonaire. Le sang sorti du cœur revient au cœur. Il y a, par conséquent, circulation, circuit. »

Ces découvertes rencontrèrent la plus grande indifférence du monde scientifique. En revanche, sur le plan théologique, les avancées médicales de Servet furent comprises comme un corollaire direct de sa négation de la Trinité ! Servet lui-même avait donné des arguments à ses opposants en affirmant que l'homme et le sang étaient une seule et même chose, que le souffle divin se trouvait dans l'air et que l’air - donc le souffle divin - purifiait le sang. Il tenta, maladroitement, de faire le lien entre sa ferveur religieuse et son exigence scientifique : « Dieu par le moyen de l'air rougit le sang, de même que le Christ illumine le cœur. » On a peine à comprendre aujourd'hui le lien établi entre une position religieuse et une découverte purement physiologique.

Les contempteurs de Servet, eux, firent ce lien fort aisément. Ils expliquèrent que si Dieu est Un, à travers la Trinité, il ne peut y avoir deux sangs, celui chargé d'aller alimenter les organes en air et celui qui remonte vers le cœur pour se régénérer dans les poumons. Puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu, il ne peut exister qu'un seul sang ! Obscur et inquiétant raisonnement…

Prudemment, Servet n'avait pas signé son ouvrage, mais il fut dénoncé à l'Inquisition et accusé d’hérésie. Il quitta Lyon pendant que s’ouvrait son procès, s’arrêta à Genève, ville sur laquelle régnait Calvin. Il espérait trouver la paix dans la cité, mais fut jeté dans un cul-de-basse-fosse, jugé pour hérésie et condamné à périr par les flammes. Le 27 octobre 1553, sur le plateau de Champel, aux portes de Genève, Michel Servet, en aube blanche, monta sur le bûcher. On l'attacha par une forte chaîne sur le poteau de supplice et l'on prit soin de fixer sur son bras droit et sa jambe gauche deux exemplaires de son livre hérétique. Il fallait que ces pages abominables disparaissent en même temps que leur auteur. La circulation pulmonaire, si bien décrite, partit en fumée… Heureusement, il restait d'autres exemplaires.
Quoi qu'il en soit, la pression des médecins fidèles aux thèses antiques, conjuguée à la menace religieuse, fermait les esprits clairvoyants et obscurcissait l'entendement de tous. Soixante-quinze ans allaient être encore nécessaires pour franchir un nouveau pas, essentiel : celui qui mènerait à la découverte de la grande circulation…

Au début du XVIIè siècle, un médecin anglais, William Harvey, se mit en tête d'étudier le cœur de plus près encore. Il pratiqua la vivisection sur des porcs, des chiens, des cerfs, des biches. Il vit des cœurs battre et des vaisseaux conduire le sang, mais que distinguer dans ces pulsations rapides qui s'agitaient à cent vingt contractions par minute ? Finalement, il se tourna vers les espèces à sang froid, serpents, limaces ou grenouilles dont le rythme cardiaque plus lent - autour de quarante contractions par minute - lui offrait la possibilité d'examiner de près le fonctionnement du muscle cardiaque.
En 1628, après plus de dix ans au fond de son laboratoire, Harvey publia à Francfort le petit ouvrage en latin qui devait bouleverser l'exercice de la médecine : Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus. (…)

Sur soixante-dix-huit pages, sans un mot de trop, Harvey dévidait ses constatations et énumérait ces axiomes fondamentaux :

Le cœur est une pompe qui expulse et fait circuler le sang.
Le sang s’éloigne du cœur par les artères et remonte vers lui par le réseau veineux.
Le sang accomplit un mouvement perpétuel.
En clair, cela signifiait que le sang circulait à travers le corps en un circuit fermé et toujours recommencé. Harvey définissait ainsi définitivement la double circulation : la circulation pulmonaire, dite aussi petite circulation, qui dirige le sang vers les poumons pour l'oxygène ; la circulation systémique, dite encore grande circulation, destinée à alimenter toutes les cellules de l’organisme.

L’opuscule signé William Harvey provoqua évidemment l'indignation d'une grande partie de la communauté scientifique… et de l’Église. En effet, l'Inquisition lança ses foudres vengeresses. La circulation du sang à travers le corps représentait une idée inacceptable pour les religieux arc-boutés sur les vérités révélées. Mais ils pouvaient bien anathématiser les incrédules, s'ils le voulaient, Harvey était anglais et anglican : dans son île, les délires des gardiens du dogme ne le touchaient pas, ne l'impressionnaient pas, ne le concernaient pas.

Au cours des décennies qui suivirent, le débat entre les circulateurs et les anti-circulateurs anima le monde pensant. (…)

Finalement, en France, on demanda au Roi-Soleil de trancher. Louis XIV portait en grande estime un chirurgien nommé Pierre Donis, qui influença heureusement Sa Majesté. Bénéficiant d'une longue expérience, Dionis avait compris et admis le principe de la circulation et, quarante-sept ans après la publication du livre d’Harvey, il parvint à convaincre le souverain. Un décret royal adopté en 1675 permit au chirurgien d'enseigner ces théories nouvelles. L'opposition véhémente de la très conservatrice faculté de médecine n'y changea rien : désormais, dans le royaume de France, et bientôt dans l'Europe entière, le sang circulait !

Sans le savoir, Harvey avait ouvert la voie à une nouvelle spécialité médicale : la cardiologie… qui apparaîtrait quarante ans après sa mort. On savait désormais à quoi servait le cœur, encore fallait-il percer les secrets de ses dysfonctionnements et tenter d'y apporter un soulagement. »

finch

Le discours de Bernard Debré dans le cadre du dernier débat sur la fin de vie à l'Assemblée nationale est digne d'intérêt :

"Madame la présidente, madame la ministre, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, cinq ans après la loi dite Leonetti, notre assemblée est appelée à élaborer une nouvelle loi. Ce n’est pas une nouveauté instituée par François Hollande, mais bien l’issue d’une réflexion conduite depuis des années.

Ce texte comporte trois aspects importants. D’abord, ne pas laisser souffrir un patient en fin de vie. Nous avions légiféré en 2005 afin de recommander la prescription de médicaments antalgiques. Même si ces médicaments accélèrent la mort, l’intentionnalité était de traiter la douleur, de la diminuer.

Qu’y a-t-il de plus dans le texte que nous examinons aujourd’hui ? En réalité, pas grand-chose, si ce n’est l’affirmation que les traitements sédatifs antalgiques, qui étaient prescrits, peuvent aller jusqu’à la sédation profonde ou « sédation terminale ». L’expression était déjà utilisée en 2005 ! Je le redis avec force, ces traitements de sédation étaient déjà administrés jusqu’à ce que la mort survienne. Ils l’accompagnaient, ils permettaient de l’attendre, l’accéléraient parfois. Ce texte apporte une précision sémantique. Dont acte.

Le deuxième axe est d’obtenir des Français des « directives anticipées ». Elles étaient déjà dictées dans la loi de 2005. Mais aujourd’hui, elles s’imposent aux médecins. Est-ce bien raisonnable ? Attention au suicide, ou plutôt aux tentatives de suicide ! Beaucoup d’entre elles sont des appels au secours, témoignant d’un mal essentiellement psychologique. Pourtant, ce patient arrivant aux urgences dans un état grave serait en fin de vie si rien n’était fait. En Belgique, les troubles psychologiques graves conduisant à des tentatives de suicide sont considérés comme des maladies graves pouvant justifier un « suicide assisté ». Que faire si cette personne a laissé des directives anticipées, qui s’imposent ? Faut-il l’aider à réaliser son suicide, ou la sauver ? C’est toute l’ambiguïté de cette nouvelle disposition.

Le refus de soins constitue le troisième point fort repris dans ce texte. Il fait déjà l’objet de l’article 1111-4 du code de la santé. Il s’agit du refus de soins. Il est naturel et constitue l’une des libertés du patient, à condition qu’il soit réservé aux patients en fin de vie et dont la mort est certaine. Il faut qu’il n’existe aucun traitement adapté qui pourrait le guérir ou le mettre en rémission sur un long terme. Nous savons tous que lors des traitements, parfois difficiles, de maladies graves pouvant néanmoins guérir, le malade flanche, cède et, las, peut refuser les soins. Je l’ai déjà dit : il faut refuser l’acharnement médical, sans espoir de guérison, mais être suffisamment persuasif lorsqu’il s’agit d’un acharnement thérapeutique, avec la guérison au bout du chemin. Mais c’est vrai, la volonté du malade doit être respectée ; la loi devient ici péremptoire et dangereuse, le dialogue entre le médecin et le malade peut en être biaisé. L’article équivalent de la loi de 2005 me semblait plus souple et plus clair.

Administration de traitements antalgiques, directives anticipées et refus de soin constituent les trois piliers de ce texte. Alors, pourquoi cette nouvelle proposition de loi ? Je n’ai pas de réponse satisfaisante.

Par contre, j’aurais aimé que la diffusion de l’information sur la loi de 2005 soit plus efficace et plus complète, que l’enseignement à destination des étudiants en médecine consacré à la fin de vie soit plus important et que la loi Leonetti leur soit davantage explicitée. Je prends acte de ce qu’a déclaré le Président de la République et de ce que vous-même avez dit, madame la ministre.

J’aurais aimé que les unités de fin de vie soient développées, en particulier les unités fixes. Elles sont si peu nombreuses que cela en est indécent. J’en profite pour dire ici toute l’admiration que je porte au personnel qui y travaille. Le nombre d’unités de fin de vie doit être multiplié, il manque 20 000 lits !

Au XXIe siècle, en 2015, les médecins, les scientifiques, les patients ont en leur possession le crayon pour dessiner l’enfant à naître. Avec l’euthanasie, nous maîtriserions la gomme pour effacer l’homme qui le déciderait. C’est pour cette raison que je suis très opposé à l’euthanasie et au suicide assisté. Mais ce texte n’en parle pas. C’est pourquoi je le voterai tel quel."

Giuseppe

@ breizmabro

En soutien avec votre billet du 15.12.2014 10h57.

Xavier NEBOUT

@Achille
"Vous pouvez d'ores et déjà me ranger dans la catégorie des imbéciles, voire des crétins, j'assume ! :-)"

La clairvoyance sur soi-même est une grande vertu.

Par ailleurs, je vous avoue au sujet des anges que les situer entre le spirituel et le matériel était un peu provocateur.
Entre spirituel et réalité aurait été mieux compris, d'autant que sachant que la réalité est l'énergie de la pensée, et que vous connaissez la formule E=MC2, vous aviez assurément fait le lien.
Il faut dire qu'Einstein n'avait fait que trouver la formule selon laquelle le monde est issu d'une pensée de Dieu, n'est-ce pas ?

vamonos

Sans recopier ici l'intégralité du serment d'Hippocrate que tous les médecins prêtent à l'issue de leurs études, je rappelle le fragment dédié au médicament devenu poison et à l'artifice abortif.

"Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif."

Ainsi la loi va à l'encontre des us et coutumes d'une communauté professionnelle.

Véronique Raffeneau

@Jean-Dominique

Ce n'est pas tant le champ intime qui est visé dans le billet que la crainte d'une bureaucratisation de la mort.

Vous écrivez :
"Il y a une loi qui existe et qui, pour un nombre croissant de Français, n'est plus suffisante."

La désespérance de nos concitoyens exprimée dans les sondages hautement favorables à la légalisation de l'euthanasie tient plus, selon moi, au constat spontané et impuissant qu'en dépit des lois successives destinées à protéger le malade, on meurt en France abandonné à l'hôpital, livré à la surmédicalisation et aux "protocoles" bureaucratiques : le contraire du rapport de confiance qui fonde la relation médecin-patient.

Comme il est signalisé à la fin du rapport Sicard - à l'origine de la loi Claeys-Leonetti actuellement débattue :
"L'absence de droit est parfois plus protectrice que le droit."

Jean-Dominique Reffait

Philippe, vous ne pouvez pas dire une chose et son contraire. Le mariage est régi par la loi, il n'est pas question d'intime mais d'organisation sociale. Dans la mesure où la loi se mêle depuis des siècles du mariage entre hommes et femmes, il est normal que la loi se mêle aussi, mutatis mutandis, d'élargir ou pas le mariage à d'autres catégories de personnes. C'est exactement de même nature. On apprécie ou pas l'évolution de la loi, c'est autre chose et j'ai dis ici mon peu d'appétence pour le mariage homosexuel tout en restant conscient que je n'étais pas concerné et, qu'au final, la meilleure résolution était l'indifférence à une évolution dont je ne suis pas partie.

S'agissant de la fin de vie, c'est exactement la même configuration. Il y a une loi qui existe et qui, pour un nombre croissant de Français, n'est plus suffisante. Ce qu'une loi peut faire, une loi peut le défaire et si la loi d'aujourd'hui viole l'intime en permettant, celle d'hier, par sa nature identique, la violait tout autant en interdisant. Il appartient après à chacun de nous de décider, dans le cadre légal choisi, hier comme aujourd'hui, comment il va sortir de l'existence.

Si une évolution de la loi sur la fin de vie viole l'intime, le refus de son évolution le viole tout autant et si nous ne voulons pas que la loi se mêle de nos vies intimes, il faut abolir le mariage légal et supprimer tous les encadrements légaux sur la fin de vie, laissant à chacun le choix de s'unir ou pas avec qui il veut en passant contrat éventuellement devant notaire, laissant à chacun le choix des solutions envisagées pour sa fin de vie. C'est un autre modèle social qui a ses avantages mais ce n'est pas le nôtre aujourd'hui, et ce, depuis des siècles.

vamonos

@Alex paulista
"Pourquoi ce billet de décembre a-t-il été republié ?"

Une fois de plus, les députés sont en train de discuter des articles d'une nouvelle loi. Ainsi, ils vont repousser un peu plus loin la frontière qui sépare l'humain civilisé du barbare assoiffé de sang. Petit à petit, le parti politique socialiste parvient à rendre légalement possible le meurtre des personnes malades. A chaque fois qu'une nouvelle loi passe, ils se congratulent. Je devrais avoir l'habitude ; mais je ne m'y fais pas. L'avortement que j'ai toujours estimé être le meurtre d'un foetus est entré dans les moeurs, il semble que la banalisation du meurtre des vieillards soit dans les tuyaux.

Jabiru

@ Pierre T

Merci pour ce témoignage.

sylvain

Les fachocialistes au pouvoir détruisent la France, sa culture, ses valeurs, ses traditions, ses racines religieuses...
C'est la fin des Français.
Français de souche est devenu une expression raciste.
Le dogme nouveau voudrait que le Français soit Africain sinon juif depuis plus de 2000 ans mais en aucun cas issu de peuples européens.
Les corrompus idéologues socialistes disent exactement la même chose aux Suédois, Norvégiens, Polonais etc.
Nos kapos fachocialos ont un humour sauce Goebbels sans aucune limite de démence dans leur paranoïa schizophrénique de l'eugénisme nazislamiste nouveau !

C'est aussi la fin des cultures et traditions françaises.
A la lumière de ces kapocialos kulturels, les Français n’ont bien sûr jamais rien construit eux-mêmes, que ce soit en matière de littérature, art, monuments, châteaux etc.
Soyez patients, dans quelques années on nous expliquera que les châteaux de la Loire ont été construits par des immigrés extracontinentaux et que Charlemagne était Africain.

Pierre T

@ M. Bilger et Christian C

Je vous invite à lire le texte qu'a rédigé sur ce sujet mon frère Jean-Claude sur son blog.
http://www.jean-claude-trutt.com/bloc_notes.php?annee=2015&id=129

@ Christian C
J'approuve totalement votre point de vue et vous remercie de l'exprimer avec autant de justesse.
Bien à vous

Valerie

@ l'attention du Monsieur Bresilien sur un tout autre sujet et en date du 09 mars 2015 à 16:05

"...Valérie qu'en pensez-vous ?..."

Je laisse la fulgurance de l'esprit a d'autres, je passe mon tour... et continue ma lecture toujours instructive !!

P.S. Que devient le regrette commentateur "Sieur Oursivi" ; sa contribution manque a ce blog... ainsi que celle de Maitre Savonarole !!


Christian C

Tipaza, merci d’avoir enfin avancé vos arguments.

1) Je n’ai pas écrit que les seuls points positifs (du quinquennat) relevaient de l’intime le plus profond.

2) Qui vous a dit que les socialistes (c’est ce qu’on appelle une généralité abusive digne du « prêt-à-penser idéologique », si vous considérez que les socialistes partagent les mêmes convictions sur tous les sujets) confondaient amour et sexualité ?

3) Je souhaite avant tout que ni gouvernement, ni parlement ne cherchent à régler ce que vous appelez les « fondamentaux ». Je souhaite choisir moi-même, sans avoir à en rendre compte à quiconque, ma vie personnelle, ma vie amoureuse, ma vie sexuelle, ma vie familiale et ma vie sociale, tout comme je souhaite choisir à quel terme je devrais passer de vie à trépas si les conditions indépendantes de ma volonté me conduisaient à endurer des souffrances que je ne souhaiterais pas poursuivre.

Je conclus pour ma part à un satisfecit du pouvoir en place sur les deux lois qui semblent vous déranger. Elles ne retirent rien à personne et élargissent notre liberté de conscience.

Plus largement, je ne considère pas que les gouvernements en place depuis mai 2012 aient résolu toutes les difficultés, pour l’essentiel économiques, accumulées, me semble-t-il, un peu avant mai 2012.

Je vais m’arrêter là, car si je poursuivais, je sens que je vous énerverais, ce qui pourrait avoir des conséquences terribles.

Giuseppe

Je réécrirais aujourd'hui, sans rien changer, mon message du 14.12.2014 à 14h07.
Celui qui n'a jamais été accompagnant, ne sait pas.

Alex paulista

Pourquoi ce billet de décembre a-t-il été republié ?
Quelqu'un est malade ?

Après Harrison Ford et les sportifs "dropped", on pouvait plutôt s'attendre à un billet sur les dangers de l'aéronautique.

lucile

@Catherine JACOB

La perception de la souffrance est subjective mais pas la souffrance. Souffrance et plaisir sont des structurants biologiques et psychiques.

Je n'y connais rien en biologie, mais je crois me souvenir d'expériences au lycée avec de malheureuses grenouilles plus ou moins décérébrées, sur les pattes desquelles on déposait une goutte d'acide, et qui réagissaient avec ce qui leur restait de substance nerveuse. Je ne sais pas si elles souffraient à proprement parler, en tout cas, elles n'avaient pas l'air de trouver ça confortable, et elles tentaient d'y échapper de manière réflexe, parce que la plupart des êtres vivants sont programmés biologiquement pour éviter la souffrance et pour rechercher le plaisir. Freud y a vu une des grandes lois auxquelles notre nature nous soumet, à juste titre me semble-t-il (avec bien sûr des équipements nous permettant de retarder la satisfaction immédiate et d'endurer du déplaisir pour un plaisir ultérieur). Notre subjectivité nous fait ressentir les choses à notre façon, mais la souffrance est une dure réalité qui régit tous nos comportements et tous nos affects, du début jusqu'à la fin.

Achille

@Xavier NEBOUT | 11 mars 2015 à 10:09

"Je ne doute pas avoir bien fait rire quelques imbéciles, mais il y en d'autres qui seront peut-être contents de trouver matière à réflexion."

Vous pouvez d'ores et déjà me ranger dans la catégorie des imbéciles, voire des crétins, j'assume ! :-)

lucile

Devant le gavage de lois nouvelles concernant la vie intime de chacun d'entre nous, et la manière autoritaire, presque menaçante avec laquelle le gouvernement tient à nous les faire avaler, je veux citer un petit passage du blog du Telegraph de Daniel Hannan qui se posait la question "qu'est-ce qu'être conservateur ?"

Il commence par dire que les conservateurs font un travail permanent de sauvetage (rescue) de ce qu'il y a de bon dans la société. Il écrit "Dans un climat qui privilégie les systèmes, les conservateurs se tiennent obstinément du côté du pragmatisme et des coutumes héritées. Les bonnes choses sont faciles à détruire et pas si faciles à reconstruire. Cela est particulièrement vrai de ces bonnes choses qui représentent des atouts pour la collectivité : la paix, la liberté, la civilité, le sens civique, la sécurité des biens et des familles, toutes choses pour lesquelles chacun d'entre nous dépend de la coopération d'autrui. Pour tout cela, le travail de destruction est rapide, facile, et hilarant. Le travail de création est lent, laborieux, et morne. C'est la raison pour laquelle, nous, les conservateurs, nous nous trouvons souvent désavantagés dans le débat public. Notre cause est juste, mais ennuyeuse. C'est là notre tragédie". Il dit par ailleurs dans le même article l'importance aux yeux des conservateurs que tout le monde dans le pays se retrouve autour de ces notions (blog de Daniel Hannan, What does it mean to be conservative. Le blog est maintenant arrêté).

Si nous pouvions avoir en France un vrai parti conservateur qui revendique ce rôle, peut-être que nous ne verrions pas grandir le FN à vitesse V, et peut-être qu'au lieu de défaire sans cesse les lois et de les refaire à la va-vite, nous saurions mieux protéger les acquis. Le sujet de la fin de vie m'intéresse, mais je suis arrivée à la saturation, et je n'attends qu'une chose, c'est qu'un autre gouvernement moins dogmatique remette les compteurs à zéro. Mais quel gâchis !

Tipaza

"Si, à la fin de ce quinquennat, François Hollande n’avait contribué qu’à permettre aux homosexuels de vivre leur sexualité librement, et aux personnes le désirant de choisir à la fois la durée de leur vie et les conditions de leur fin de vie, je jugerais ce quinquennat fécond".
Rédigé par : Christian C | 10 mars 2015 à 17:32 et 11 mars à 8:07

Vous souhaitez un peu de réflexion, à défaut d’intelligence de ma part, je me contenterai de constatations.

Je remarque que les seuls points « positifs » à votre avis relèvent de l’intime le plus profond.
L’amour ou disons la sexualité, puisque pour les socialistes il y a confusion, et la mort.
Vous ne trouvez pas qu’il y a beaucoup, beaucoup trop de vanité à vouloir régler ces deux fondamentaux de l’Homme ?
Principes constitutifs qui relèvent du spirituel et non de l’ordre social, et encore moins de l’ordre socialiste.

Il est vrai que l’impuissance socialiste à résoudre les problèmes de société conduit la clique au pouvoir à tenter de gérer les seuls domaines où l’échec ne leur sera pas reproché.
La fuite en avant devant les vraies responsabilités de gouvernants.

Xavier NEBOUT

Ce commentaire ne s'adresse pas aux psychorigides.

Si on intéressait à l'après vie sur terre, on saurait mieux comment gérer la mort.
L'ignorance totale à ce sujet est devenue impardonnable depuis que les NDE sont largement scientifiquement prouvées. Mais comme ce serait le retour des religions, et que la république ne le supporterait pas, on ne sait comment achever les mourants.

Reprenons les quelques connaissances qui sont à la portée des esprits pas trop fermés. Après la mort, nous avons :
- les réincarnations, phénomène amplement prouvé par des cicatrices que l'on retrouve de naissance après avoir été infligées à un autre dans le passé, ainsi que par les régressions faites sous hypnose ou contemplation, sans parler de la numérologie et visions karmiques
- les âmes errantes, visibles pour un regard exercé
- les "fantômes"
- les saints, qui peuvent accomplir des actes physiques sur terre ou miracles
- la hiérarchie des anges qui se manifeste sous la forme d'inspirations, ou idées, d'où les déesses. Là, comme le spirituel se mêle au matériel, c'est très compliqué. Les "anges gardiens" qui peuvent se voir dans les songes sous la forme d'effigie nous sont plus familiers.
Si on ajoute à cela les livres Tibétains et Égyptiens des morts, ainsi que la théologie et les prières chrétiennes pour les morts, on commence à avoir de quoi réfléchir.

Ceci fait, se pose donc la question de savoir si on doit être maître de sa mort, autrement dit : choisir son heure.
La réponse est la même que pour le suicide. C'est non, car tout ce qui relève de la raison est une entrave à la sérénité qu'exige l'examen de passage.

Par contre, qu'un prêtre dans sa fonction de sorcier des civilisation archaïques en décide au vu des auras du mourant, là, c'est oui.

En somme, le problème du moment est que la société n'a pas le courage d'admettre son ignorance, et encore moins celui de trancher. Alors, il faudrait que ce soit l'individu qui décide tout en sachant très bien qu'il est d'autant moins en mesure de savoir le faire, qu'on lui a interdit de le savoir.

Je ne doute pas avoir bien fait rire quelques imbéciles, mais il y en d'autres qui seront peut-être contents de trouver matière à réflexion.

Achille

@Catherine [email protected] | 11 mars 2015 à 09:05

Le vision de la fin de vie vue par le maître Capello du blog est vraiment savoureuse. Je la mets dans mes favoris.

J'espère que quelqu'un pourra la communiquer à Vincent Lambert. Ça pourrait l'intéresser. S'il lui reste un peu d'humour sur son lit de souffrance il pourra même esquisser un sourire, qui sait ?

Ah ces "intellectuels". Ils sont pleins de ressources ! :-)

Denis Monod-Broca

"Sagesse salutaire" dit l'éditorial du Monde d'hier soir sur le sujet.
Salutaire !
Tout est dans ce mot.
Nous retombons sans cesse dans la pensée sacrificielle.
Il serait salutaire de tuer des vieux, comme il serait salutaire de tuer des enfants dans le ventre de leur mère, comme il serait salutaire de tuer sous nos bombes des ennemis ou ennemis supposés ici et là-bas, comme il serait salutaire de tuer le peuple grec sous nos mesures d'austérité...
Mais c'est faux.
Il n'est pas salutaire de tuer.
Le salut ne vient pas de la mort d'autrui.
Ne le savons-nous donc pas ?

Catherine JACOB@Jabiru

@Jabiru | 10 mars 2015 à 20:50
"Oui Achille, dans le cas que vous évoquez, la mort est vraiment une délivrance."

Savez-vous que la souffrance appartient dans la nosologie, aux symptômes et phénomènes dits "subjectifs".
"Subjectif" n'est pas ici une forme de négation mais un qualificatif qui exprime des différences individuelles dans la façon de la ressentir et de la supporter. C'est cette qualité subjective qui est notamment prise en compte dans la préparation à l'accouchement dit 'sans douleur'. Comme tout un chacun qui a suivi une telle préparation, on sait qu'il ne s'agit pas de suppression médicamenteuse de la douleur de l'accouchement, mais d'une forme d'approche de la sensation par son propre corps.

L'accouchement occasionne certes une douleur ponctuelle qui tend vers l'effacement, tandis que les douleurs des maladies incurables tendent en fin de vie vers semble-t-il un accroissement intrinsèque sans compter le phénomène ayant donné lieu au supplice chinois de la goutte d'eau qui tend lui à abaisser le seuil de tolérance.

Toutefois, je trouve que l'on ne 'planche' pas assez sur les pouvoirs de l'esprit sur le corps, ceux notamment pris en compte dans l'anesthésie sous hypnose ou encore par la méthode Coué qui associe le patient non seulement à la prise en charge de la douleur, mais aussi de la dégradation du corps sous l'action de la maladie.

Je trouve également dès lors que la sédation médicamenteuse revient à une solution de facilité qui fait l'économie de la relation patient-soignant. Mais bon, ce que j'en dis...!

Christian C

@Tipaza

Si vous insériez une idée, une étincelle de réflexion, j'allais écrire : "d'intelligence" dans votre commentaire (on a le droit de rêver ?), ce serait indiscutablement une innovation.

Jabiru

Oui Achille, dans le cas que vous évoquez, la mort est vraiment une délivrance.

Tipaza

"Si, à la fin de ce quinquennat, François Hollande n’avait contribué qu’à permettre aux homosexuels de vivre leur sexualité librement, et aux personnes le désirant de choisir à la fois la durée de leur vie et les conditions de leur fin de vie, je jugerais ce quinquennat fécond".
Rédigé par : Christian C | 10 mars 2015 à 17:32

Dites Christian, vous le faites exprès ou c’est à l’insu de votre plein gré ?

Si je pose cette question c’est juste parce qu’on peut orthographier « fécond » de façon moins synthétique !

breizmabro

"Je ne veux pas dire comment je ne veux pas mourir !"

Eh bien moi je veux dire à mes enfants et à mes petits-enfants comment je veux mourir et comment je préfèrerais mourir.
Chacun son truc.

Perso j'ai tout écrit pour que mes enfants et mes petits-enfants ne se chicanent pas pour cette formalité du passage (à l'acte ;-))

En même temps c'est vrai qu'à part mes livres (un millier quand même, ça va leur faire drôle) et mes 33 tours de Brel, Brassens, Bechet, Cloclo et tutti quanti, ils ne seront pas tentés par l'injection préalable au testament, mon compte en banque ne recelant que ma maigre retraite (dont le fameux RSI) qui, grâce à notre caudillo, sera réduite en sa partie... 'complémentaire' dans pas longtemps.

Je note que les députés et les sénateurs sont contre cette décision en ce qui les concerne (je ne sais pas comment on dit dans la religion musulmane mais chez les cathos on dit "charité bien ordonnée commence toujours par soi-même" :-D)

Bien sûr ils (mes enfants) se disputeront sur autres choses : les photos, mes masques de Venise ou... De toutes façons ils se disputeront. Basta ! (comme on dit en breton :-D)

Bref. J'adore l'idée que, vieille 'très' souffrante (quand même...!) ou retombée en enfance ;-) (= maladie d'Alzheimer, le principe étant de mettre le nom d'une sommité sur une pathologie vieille comme le monde), je m'endorme sous l'effet de drogues diverses et variées moi qui, même en 68, n'ai jamais pris comme expédients que de l'aspirine et des pilules contraceptives, en espérant que, quelque part, Bob Marley me dise que j'avais fait le bon choix ce jour-là (je ne sais même pas ce qu'est un champignon hallucinogène, j'espère que ce sera dans la mixture de la perf, je ne veux pas mourir trop bête !).

Ceci dit : je ne suis pas trop pressée ;-))

Franck Boizard

@Jabiru | 10 mars 2015 à 17:40

Vous parlez de conditions abominables. C'est bien ce qui me gêne.

Je ne suis pas médecin, mais, d'après ce que j'ai lu, les conditions abominables dont vous parlez peuvent être évitées à condition de s'en donner les moyens humains et financiers.

Et vous ne répondez pas à mon argument principal, à savoir que la loi est faite pour toute la société et qu'autoriser quelqu'un à tuer autrui, même à sa demande, est la porte ouverte à toutes les horreurs.

Je l'ai déjà dit dans un commentaire en décembre : je préfère de très loin, comme on préfère le Bien au Mal, l'ancien système où tuer autrui était toujours un homicide condamnable, quitte à ce que celui-ci soit étouffé par l'unanimité des acteurs ou que le jury relaxe souverainement.

gone with the bling

La camarde ne leur a jamais pardonné. Elle les a poursuivis de son zèle imbécile.

La liste est longue des crucifiés sur l'autel de la maladie et des modalités opératoires de la grande faucheuse (billet du 16/12/2014, 11:27). Il se pose légitimement la question des moyens d'accompagnement de fin de vie en cas de circonstances morbides particulièrement horribles.

Les opposants à l'euthanasie le restent - comme par hasard - jusqu'au moment où ils se retrouvent - éventuellement - eux-mêmes dans la situation de choisir face à une maladie particulièrement agressive et sans pitié. Ils retournent alors la veste de leurs convictions et supplient qu'on abrège le supplice. Comme par hasard, ces farouches adversaires de la mort décidée n'ont jamais mis les pieds dans un hôpital, en particulier dans un service de réanimation et soins intensifs. Ils ne comptent pas non plus parmi leurs proches ou dans leur famille un membre du corps soignant, notamment un médecin. Sinon, ils sauraient la réalité des choses. Et auraient une opinion à contre-courant.

À la mouture originelle de la loi Claeys/Leonetti, 122 députés socialistes tentent actuellement d'adjoindre un amendement qui va encore plus loin encore vers une forme de suicide assisté.
Selon ledit suicide assisté, en phase terminale de maladie incurable provoquant douleur physique et souffrance psychique atroces, les moribonds auraient la faculté de demander - révocablement - à un collège de trois médecins une assistance médicalisée active à mourir. Sous réserve d'accord dudit collège, une dose létale de sédatifs serait administrée - par le patient lui-même (en compagnie du médecin) ou par le médecin - au plus tard quatre jours après la demande.
Cela va beaucoup plus loin que le projet initial qui prévoyait la possibilité d'une sédation terminale (différent du cocktail lytique radical) et offrait la possibilité au patient de faire état d'un refus d'acharnement thérapeutique (revêtant alors un caractère contraignant) en cas de maladie grave.
Tout en respectant la volonté des patients d'un accompagnement digne vers la mort, le texte souche se gardait de franchir la ligne jaune vers la dérive euthanasique.
Le projet d'amendement va sans doute trop loin.

Achille

La vie n’a d’intérêt que dans la mesure où l’on est conscient de son existence, que l’on est capable d’apprécier ce qu’elle peut nous offrir.

Être réduit à un état végétatif, devoir supporter des soins palliatifs pour éviter la souffrance, ce n’est plus la vie, cela devient un calvaire tant pour la personne en fin de vie que pour ses proches.

Alors arrêtons les considérations pseudo-philosophiques à deux balles et les leçons de morale de chaisière.

Dans certains cas extrêmes la mort est une délivrance.

Catherine JACOB

J'ai écouté Leonetti ce matin exposer la seconde mouture de la loi Leonetti. J'ai cru comprendre de son gloubiboulga de sophismes, qu'il ne s'agissait pas d'euthanasie et pas non plus de suicide, puisque que le patient objet à sa demande (et pourtant tout est là, du degré de réelle liberté et conscience de ladite demande) d'une sédation profonde, subirait alors une sorte d'anesthésie dont il serait cependant prévu qu'il ne se réveillerait pas et qui lui permettrait de jouir de quelques heures à quelques jours d'une parfaite inconscience, et de son sort et de l'approche de la mort dont il serait ainsi privé de vivre le dernier instant, car ce dernier n'eût été sans doute que souffrance.

Cette sorte d'anesthésie létale devrait permettre d'éviter la dérive qui est constatée dans les pays où l'euthanasie est légale et qui serait de 30%. Or une dérive de 30% ne signifie rien d'autre que 30% de meurtres et de bon débarras déguisés.

Autrement dit, on serait donc dans le cas de figure d'une 'sédation' profonde ayant entraîné la mort sans intention de la donner car cette dernière n'interviendrait qu'au bout de quelques heures ou quelques jours d'un état d'inconscience, bien que provoqué par l'administration délibérée d'un produit anesthésique.

Cette nouvelle mouture aurait recueilli l'assentiment présidentiel, ce qui n'est pas étonnant vu qu'elle participe du même mauvais jésuitisme et la même rhétorique hypocrite que le discours élyséen en général.

Jabiru

@Franck Boizard

Je comprends votre réserve car bien malheureusement il peut y avoir des dérives pour des raisons vénales. Mais quand les soins palliatifs deviennent inopérants que fait-on ? Il me semble quand même qu'en cas de volonté avérée d'en finir du patient, une équipe de médecins pourrait statuer en toute indépendance et offrir un départ vers l'au-delà dans la sérénité. J'ai assisté à l'agonie de mon père dans des conditions abominables et il me tardait qu'il soit soulagé.

Christian C

Monsieur Bilger,

Au-delà de votre incapacité à mobiliser vos ressources d’indignation à l’encontre de situations qui la justifieraient, je ne comprends pas votre volonté de nuire à l’exercice du libre arbitre des autres.

Si, à la fin de ce quinquennat, François Hollande n’avait contribué qu’à permettre aux homosexuels de vivre leur sexualité librement, et aux personnes le désirant de choisir à la fois la durée de leur vie et les conditions de leur fin de vie, je jugerais ce quinquennat fécond.

Je ne peux me résoudre à ce que des individus qui refusent pour eux-mêmes ce type de choix se croient autorisés à s’opposer à ce que d’autres puissent décider de leur propre vie dès lors qu’ils ne nuisent à l’exercice de la liberté de quiconque.

Dites à qui vous voulez ou ne voulez pas de quelle façon vous voulez mourir, mais n’en dégoûtez pas les autres.

Il est d’une remarquable malhonnêteté intellectuelle d’oser écrire : « Ce dispositif, d'autre part, sera facilité par les directives de fin de vie qui, d'indicatives, vont devenir contraignantes. Elles s'imposeront aux médecins. »

Le serment d’Hippocrate ne vous a été proposé que dans une version rédigée en sanskrit ou en akkadien ?

Robert

Lorsqu'on réfléchit à ce projet de modification de la loi Leonetti, il s'agit moins d'infliger au patient une drogue sédative qui l'endormira à jamais que d'obliger les médecins à y procéder lorsque ledit mourant le demande expressément et en pleine possession de sa conscience. Car actuellement certains médecins s'y refusent. Par ailleurs, cela protègera les médecins d'une accusation d'euthanasie tant par des proches du mourant que par des membres de la profession médicale malintentionnés.

Il ne s'agit ici en aucune façon de suicide assisté tel qu'il a cours en Suisse.

Il faut avoir assisté à la longue agonie d'un malade atteint d'un cancer du poumon, donc de très longs jours en détresse respiratoire, pour estimer qu'un tel geste reste celui d'une réelle humanité et non pas une euthanasie déguisée.

semtob

Cher Philippe,

Le surf sur l'angoisse de la maladie, le vieillissement, la mort, le handicap n'a pas fini de faire des vagues.
Il souffle un vent de folie dans la multiplication des lois, des distributions de pouvoir, des stratégies électorales.
Si les personnes qui répondent comme des moutons de Panurge s'interrogeaient un peu sur le nombre d'erreurs de diagnostic, elles donneraient beaucoup moins de pouvoir à la médecine qui n'est qu'une approche à un moment T et non une perfection.
Qu'elles interrogent les personnes autour d'elles, victimes d'erreur ou de guérison non expliquée actuellement, des sportifs auxquels les médecins ont recommandé l'arrêt de leur discipline et qui ont décroché des médailles, des femmes déclarées stériles et qui ont enfanté.
La vie n'est faite que de singularités et vouloir enfermer la vie et la mort dans des grilles législatives n'est que production d'esprit scolaire, ratatiné.
Certaines personnes qui découvrent qu'elles portent un cancer commencent des séances de karaté, ou font le tour du monde ou font appel à leur pulsion de vie et dépassent parfois l'espérance de vie de leur cancérologue qui n'avait pas détecté le problème pour lui-même. L'EPO interdite au sportif permet d'avoir des bons jours devant soi. Les anti-vomitifs non remboursés par la sécu permettent de ne pas perdre sa force.
Au lieu de financer des recherches qui permettent d'abattre des maladies, l'idée serait de baisser les bras et de mourir de l'idiotie d'une société fataliste, blasée.
Pourquoi pas demain une loi qui interdirait à toute personne de plus de trente, trente-cinq ans de continuer à vivre ? C'est laid, ridé, une personne de plus de trente ans, un infirme de l'audition puisque les capacités auditives baissent à partir de quinze ans.
Pourquoi, demain, ne pas interdire la fonction de nez en parfumerie et dans les métiers de bouche puisque les moins de cinquante ans n'ont pas développé leur odorat et le goût.
Nous souhaitons à toutes les personnes d'être inscrites sur le livre de la vie plus d'années que les enfants de cette célèbre chienne qui a eu beaucoup, beaucoup de dalmatiens.
françoise et karell Semtob

Franck Boizard

@ Jabiru | 10 mars 2015 à 13:30

Non.

Les partisans de l'euthanasie utilisent toujours le même sophisme : ils vous présentent un cas bien défini et vous coincent de telle manière à ce que vous ne puissiez qu'être d'accord avec ce cas. D'où ils en concluent qu'il faut une loi ad hoc.

Mais la réalité, c'est tout le contraire de cet argument fallacieux. Les lois sont faites pour tous et s'appliquent à tous, les méchants comme les bons, les malintentionnés comme les bien intentionnés.

Ensuite, on nous parle de malheureuses "dérives". Mais quand ces "dérives" sont en germe dans la loi, n'est-ce pas que la loi est mal faite ou que ses promoteurs cachaient leurs véritables intentions ?

Les partisans de l'euthanasie font toujours comme si les soins palliatifs n'existaient pas. N'est-ce pas parce qu'au fond, contrairement à leur discours de façade, le soulagement des souffrances ne les intéresse pas vraiment ?

Ce qui intéresse vraiment les partisans de l'euthanasie, c'est de nier le tragique de la vie humaine, c'est de faire comme si tout était contrôlable, c'est de montrer que l'homme est une machine qu'on débranche en bout de course.

Mais, évidemment, cela coûte moins cher de piquouser un malade (et l'héritage tombe plus vite) que de l'accompagner en soins palliatifs, de le visiter tous les jours et de souffrir de le voir agoniser.

Parigoth

Je ne désire pas que ce pouvoir s'occupe de nous, de moi, pour tout.

Que ce « pouvoir » (?) s'occupe de ce qui le regarde et de ce pour quoi il a été en principe élu, au lieu de vouloir s'immiscer de force dans les foyers pour tout y régenter, de la fessée au dernier soupir, alors qu'il n'est même pas capable de faire régner l'ordre et la sécurité en France.

Jabiru

Quand un patient en récidive d'un cancer du poumon s'entend dire par son oncologue "je ne peux plus rien pour vous", quand ce patient passe ses journées sur son lit de souffrance, quand il n'a plus de vie, quand son cerveau divague sous l'effet des drogues, quand il prie pour que le seigneur le rappelle, que peut-on lui offrir sinon une sédation douce pour s'endormir dans la dignité ? La loi doit évoluer et permettre au patient de décider de son sort car c'est le dernier droit qui lui reste.

Véronique Raffeneau

@ Savonarole

Je ne saisis pas bien votre post à mon attention.

En écho au billet, Louis Aragon a si bien dit l'incertitude absolue de notre condition humaine :

"Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes..."

Savonarole

@Véronique Raffeneau | 18 décembre 2014 à 05:34

En effet, la haine des professions médicales est une constante en France, pourtant on y va en serrant les fesses, du radiologue au chirurgien dentiste, la haine est palpable.
C'est d'autant plus vérifiable à gauche où Mitterrand à l'occasion d'une élection a bien voulu se faire refaire un piano dentaire à l'endroit. Et que dire de Mélenchon, éduqué par des parents anti-professions libérales, et qui devrait se faire faire un dentier, cette bouche haineuse le dessert. Avec un piano tout neuf de 32 dents je serais presque d'accord avec lui...
Le comique de cette haine réside dans le fait qu'ils finissent tous au Val-de-Grâce entre les mains d'un Bernard Debré (UMP) et autres, Bouteflika inclus...
Mon élégance naturelle m'interdit d'évoquer le miracle chirurgical de Ségolène Royal, passée du statut de boudin à celui de quinquagénaire séduisante.
La Médecine c'est comme l'Ecole alsacienne de Paris, les meilleurs clients sont de gauche...

anne-marie marson

J'approuve aussi chaque mot de ce billet. Pourtant aujourd'hui face à Facebook, je me sens bien seule, en face des insultes qu'on y déverse.
Par exemple, en réponse à un post d'une personne faisant partie du Front de Gauche intitulé "Faut-il interdire E.Zemmour. Votez'', j'ai posté ceci, peut-être un peu maladroitement : "Il faudrait aussi interdire JL.Romero", voici la réponse que j'ai reçue à mon commentaire, réponse d'une certaine Catherine Martin habitant Metz :
"Anne vous me faites vomir. Vous aimez sûrement regarder souffrir les gens, les regarder chercher chaque souffle après l'autre. Ma mère s'est suicidée seule dans son salon parce que votre législation de merde m'aurait considérée comme une criminelle si j'avais été là et vous osez poser votre petit commentaire puant pour comparer à Zemmour ceux qui cherchent à faire cesser cette situation infâme..
Voilà, une "amie" Facebook de moins. Pas dramatique.

Véronique Raffeneau

J'approuve chaque mot de votre billet.

"Seulement pour permettre aux médecins, avec bonne conscience, de devenir les bureaucrates de notre mort."

Philippe, pas seulement aux médecins.

Cette proposition de loi, si elle est votée, transformera l'ensemble de la structure soignante en bureaucratie de la mort.

Il ne faut pas ouvrir, ni même entrouvrir la porte à la toute-puissance de cette bureaucratie de l'esprit et de l'âme qui, sous couvert de "devoir d'humanité", ne veut pas admettre que notre condition humaine est en premier un gigantesque mystère, que nous sommes une énigme pour nous-mêmes, que personne ne peut anticiper et affirmer quelle sera notre volonté au moment ultime - ou celle d'un tiers qui ne peut pas ou qui ne peut plus s'exprimer.

catherine A.  sophisme

@Savonarole

Un sophisme n'est pas un argument ; ou alors malhonnête.

giuseppe

"Je ne veux pas dire comment je ne veux pas mourir."
À la première lecture on traduirait par "je vais vous dire comment je veux mourir ". Eh bien oui, deux négations valent bien une affirmation, mais à mes yeux cela paraissait bien simple.

Je me suis torturé les méninges, il y avait bien sûr la loi, pas la loi, qui était à coup sûr la cible immédiate du billet, mais cette façon d'aborder le sujet était... plutôt me ramenait à résoudre une énigme (je dois avoir l'esprit bien torturé), donc ce qui me perturbait c'est le double "ne veux pas" et au bout de chacun de ces deux bras, d'un côté "dire" et de l'autre "mourir".

En fait, plus j'y pensais et plus je voyais la dimension la plus obscure, et à la fois la plus limpide. Cette dimension qui fait que nous nous accrochons en permanence à la vie : on ne sait pas de quoi sera faite notre mort et on ne veut surtout pas le savoir.

Du coup j'ai relu le billet et j'ai été rassuré, le dernier mot était "vainqueur". Toutes les discussions, toutes les lois, toutes les douleurs et incertitudes étaient balayées d'un revers de main, seul comptait désormais l'horizon qui s'ouvrait, il n'était pas question une seconde de l'obstacle de la mort. "Lutte", "vainqueurs", deux mots, notre soleil d'Austerlitz... peut-être.

"Nous avons toute la vie pour nous amuser
Nous avons toute la mort pour nous reposer."
Paroles et chanson de Georges Moustaki.
Quand j'étais plus jeune, un peu plus jeune j'aimais entendre cette chanson. Je l'aime de plus en plus.

Achille

@ gone with the bling | 16 décembre 2014 à 11:27

Merci pour ce commentaire fort intéressant.

Savonarole

""Philippe Bilger : 72 Heures"
Quelqu'un peut me renseigner ? C'est un vrai roman ? c'est le récit romancé d'une vraie affaire ? ou c'est le roman d'une affaire ?"
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 décembre 2014 à 15:36"

Je l'ai commandé sur Amazon.
Pas encore lu. Mais il s'agit d'un ancien président de la République qui assassine tous ses opposants, avec la plus grande cruauté, comme Caligula, et tout en donnant des conférences rémunérées à l'étranger, il envahissait avec BHL des pays pétroliers étrangers pour financer ses campagnes électorales, bref un scénario dément ! Ça promet !

hameau dans les nuages

@Franck Boizard
"Ces gens se croyant le centre du monde"

C'est bien la seule chose à laquelle ils croient.

On retrouve toujours les mêmes, jouisseurs pathologiques dont la vie se résume à faire du manège pour enfants brillant et bruyant en essayant d'attraper à chaque tour la queue du Mickey. Leur peur de la mort, que tout le monde a en soi, croyant ou pas, se transforme en une véritable hystérie : eux, pas encore moi... encore un tour...

Monsieur Attali, vous avez 71 ans, il est temps de partir... c'est fini la foire du Trône.

Parigoth

@Savonarole
à quand une loi sur l'accompagnement en phase terminale des crétins ?

Nous nous sentirions vite un peu seuls, cher Savonarole...

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Les commentaires sont modérés et ils n'apparaîtront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)

Ma Photo

MA CHAINE YOUTUBE

PRESSE, RADIO, TELEVISION & INTERNET

INSTITUT DE LA PAROLE

  • Formation à l'Institut de la parole
    Renseignements et inscriptions : [email protected]
  • L'Institut de la Parole propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique. L'apprentissage et le perfectionnement s'attachent à l'appréhension psychologique de la personnalité et aux aptitudes techniques à développer. L’Institut de la Parole dispense des formations sur mesure et aussi, dans l’urgence, des formations liées à des interventions ponctuelles, notamment médiatiques. Magistrat honoraire, Philippe Bilger propose également des consultations judiciaires : conseils en stratégie et psychologie judiciaires.

MENTIONS LEGALES

  • Directeur de la publication : Philippe Bilger
    SixApart SA 104, avenue du Président Kennedy 75116 PARIS