Dans une période qui ne s'y prête guère, remercions le Conseil supérieur des programmes (CSP) pour le sourire largement consensuel qu'il a suscité et qui nous a mis en joie, tant il a rendu ridicule la mission qui lui avait été confiée par Vincent Peillon en 2013.
Il avait à réfléchir sur une réforme des savoirs pour le collège et, de fait, s'il a remis un rapport, force est de considérer que sa réflexion a été limitée, pour ne pas dire orientée.
Tout est touché : le grec, le latin, l'histoire, les classes européennes, les classes bilangues, l'essentiel devient optionnel et, surtout, il convient de se conformer dorénavant à l'ardente obligation du jeu. Il s'agit de préserver à tout prix les élèves de l'ennui.
Sans abus de langage, pour complaire à ceux qui ont tout à apprendre et à espérer, on déserte l'Education nationale pour la frivolité scolaire. Les professeurs sont sommés d'oublier leur seule légitimité et de se muer en amuseurs. On aura des collégiens ignorants mais apparemment heureux.
Ce qui a fait naître l'hilarité quasi générale est l'incroyable jargon dont le CSP a usé pour imposer l'enflure et l'hermétisme à certaines matières et à quelques activités et lieux sportifs dont le libellé ancien se serait suffi à lui-même (Valeurs actuelles). Plus la substance se vide, plus la dénomination a besoin d'une pompe auprès de laquelle les Trissotin de Molière auraient fait pâle figure.
Cette entreprise de démolition serait seulement ridicule si elle n'était pas révélatrice de la catastrophe qui résulte de la pensée de bureaucrates abscons et déconnectés sur une institution fondamentale pour la démocratie. Qu'en dehors de la dérision citoyenne et, pour une fois, seul motif de satisfaction, de la concorde politique, on continue à prendre au sérieux ces instances pluralistes que le fait du prince a nommées et composées est la manifestation la plus accablante d'une République perdant la boussole au profit d'une fuite dans l'absurde.
Désertions mais aussi obligations. Toujours, en réalité, une fuite.
Ce qui est abandonné, délaissé, il serait urgent de l'imposer ?
Il n'est pas indifférent que depuis quelque temps, en raison notamment du très fort taux d'abstention qui profondément affecte la légitimité des élus, on évoque la possibilité de rendre en France le vote obligatoire comme c'est le cas par exemple en Belgique (Libération).
J'aime beaucoup ce pays et sur plusieurs plans il pourrait nous servir de modèle. Mais il me semble que la France doit se colleter seule avec ce problème de l'abstention qui lui est spécifique.
Rien ne serait pire, pour l'esprit public, que de s'abandonner à cette solution de facilité, de fuite en avant qui consisterait, pour un Etat désarmé face à la désaffection relevant de sa responsabilité, de la médiocrité de ses propositions et de ses réponses, de ses piètres résultats, à décréter la participation aux élections, impérative.
D'une part, cela serait perçu comme le signe d'une faiblesse extrême. Contre l'extrémisme, contre une abstention de moins en moins de négligence et de plus en plus de résolution, on ne pourrait donc faire valoir que le couperet de la loi ?
D'autre part, cela confirmerait la classe politique dans cette impression qu'au fond, elle ne serait coupable de rien et que le remède magique se trouverait en dehors d'elle. Alors qu'au contraire, elle est directement impliquée dans le désastre civique qui vide notre société de ce qui devrait constituer sa force et son exemplarité : le souci du bien commun, le désir de formuler une conviction, une opinion, même pour manifester qu'on se veut hors jeu, l'engagement au service d'une cause, précisément parce qu'aujourd'hui, il faut d'autant plus attacher du sens aux différences que les similitudes sont plus nombreuses.
Le vote obligatoire serait un moyen autoritaire d'ordonner une participation qui ne deviendra bienfaisante, utile et éclairée qu'avec des politiques de droite ou de gauche métamorphosés.
Il serait en plus périlleux d'aggraver l'imperfection démocratique qui gangrène les esprits et les sensibilités, même les plus lucides. Que penser par exemple de ce conseil donné par le président du Sénat au président de la République ? Face au scandale parlementaire de nombreux électeurs non représentés, seulement l'alerter sur le risque de faire entrer à l'Assemblée nationale une centaine de députés FN me semble proprement indécent. Plutôt l'injustice que l'équité ! (Le Figaro).
Pour rien au monde, pourtant, je ne cracherai sur une classe dans l'ensemble de ses représentations et de ses missions, qui est honnie par un populisme dangereux mais, en même temps, on n'a pas à programmer pour celle-ci le cadeau d'un vote obligatoire qui lui garantirait une impunité choquante. Elle se laverait les mains et l'esprit de ce qui la regarde !
Ce n'est pas le citoyen qui est coupable de ne pas se rendre aux urnes. Ce sont les pouvoirs qui l'en dissuadent.
Désertions, obligations : contre la fuite qu'elles entraînent, pourquoi pas, plutôt, la contrition, la volonté et l'action ?
Le courage, quoi !
Ce n'est pas le citoyen qui est coupable de ne pas se rendre aux urnes. Ce sont les pouvoirs qui l'en dissuadent.
La démocratie à la française relève de la mascarade et de l'imposture, abritées derrière des discours aussi ridicules que pompeux.
A quoi bon aller voter pour des gens qui affichent des couleurs politiques différentes mais qui en pratique mènent la même politique infecte depuis quarante ans ?
A quoi bon donner son avis par un référendum quand les hommes du Régime s'empresseront de s'asseoir dessus, de la même manière qu'ils envoient des pétitions de plusieurs centaines de milliers de courriers à la poubelle, et de la même manière encore qu'ils n'en font qu'à leur tête à l'encontre de l'opinion publique sur des sujets comme la peine de mort ou l'immigration ?
De quels moyens disposons-nous pour mettre fin à ces anomalies ?
Rédigé par : Parigoth | 30 avril 2015 à 13:19
M.Lebranchu a fustige ce soir les commentaires sur la reforme des colleges. Elle a justifie la suppression des classes bilingues, car 15% des eleves de ces filieres avaient les meilleures filieres, tandis que les 85% restants avaient les mauvaises filieres.
Comme cela tout le monde aura les moins bonnes filieres. "Il faut que tous les enfants aient une chance".
Rédigé par : anne-marie marson | 29 avril 2015 à 22:38
A force de faire et défaire l'enseignement, on reste surtout sur le défait.
Globalement beaucoup plus de bacheliers, mais 70% je crois me souvenir, ne passent pas le cap des deux premières années universitaires. Alors à quoi bon triturer toujours et encore les programmes, les savoirs.
J'ai appris le latin, je n'en ai pas fait carrière, et ma foi j'y pense de temps à autre et cela m'a servi plus tard et y compris dans un métier qui demandait de la rigueur.
Je ne sais pas si c'était mieux avant, mais le pire de tout reste à venir.
Il est question d'inonder de tablettes les scolaires, en croyant que le numérique fait le savoir et la construction du raisonnement. J'ai été confronté récemment à un montage de tableau niveau bac, par hasard, à base d'un logiciel bien connu... Surprise de ma part, certains résultats faux tenaient du raisonnement de 3ème, simplement pour le niveau du calcul... inquiétant.
Les parents des enfants de la Silicon Valley mettent leurs enfants dans des classes sans numérique, m'a assuré un ancien instituteur qui vient de prendre la retraite, cela ne m'a pas surpris outre mesure.
Rédigé par : Giuseppe | 29 avril 2015 à 18:38
@Michelle D-LEROY
Vous employez le mot "détricoter" s'agissant de notre culture et de nos traditions. Au stade ou nous en sommes et de la part des doctrinaires qui sont à la manœuvre ce n'est plus du détricotage mais du sabotage.
Rédigé par : Jabiru | 29 avril 2015 à 18:14
François Béranger "Tranche de vie"
"Pour parfaire mon éducation
Y a la communale en béton
Là on fait d'la pédagogie
Devant soixante mômes en furie
En plus d'l'alphabet du calcul
J'ai pris beaucoup coup pieds au cul
Et sans qu'on me l'ait demandé
J'appris l'arabe et le portugais"...
Rédigé par : Savonarole | 29 avril 2015 à 17:42
La proportion de bacheliers sur une génération est passée de 3 % en 1945 à 25 % en 1975, pour atteindre 71,6 % en 2011...
De quoi se plaint-on ?
Chez ceux qui sont nés en 49, année fameuse pour les Bordeaux, année qui m'est chère, seuls 18% allaient jusqu'au bac...
Mais vraiment, de quoi se plaint-on ?...
Seuls ceux qui faisaient A' (A prime) cumulaient maths, grec et latin...
Nous n'étions pas nombreux...
Rédigé par : sbriglia | 29 avril 2015 à 15:32
A côté des trois députés et des trois sénateurs de service, à côté de l'instituteur formaté à gauche et membre du SNESup, tous les autres membres du CSP sont, au choix, agrégés de philosophie, de grammaire, de mathématiques, de lettres classiques, docteurs d'Etat en géophysique, j'en passe et des meilleures...
Alors ? Cherchez l'erreur...
Je vais me replonger dans mon Anthologie de la poésie française de Pompidou... Comme quoi on peut avoir été banquier et cultivé... N'est-ce pas monsieur Macron ?...
Rédigé par : sbriglia | 29 avril 2015 à 11:20
« Tout est touché : le grec, le latin, l'histoire, les classes européennes, les classes bilangues, l'essentiel devient optionnel »
Allons bon. Ceci dit, dans la mesure où Debbouze devient le conseiller - es instruction et distinction - de Valls, fermons les écoles, libérons les profs de leurs travaux d’Hercule, et envoyons tout ce beau monde au « Comedy Club » !
Le père Hugo (ou Louis-Charles Jourdan…) aurait dit « ouvrir une école c’est fermer une prison ». Demain il y aura plus de monde dans les prisons que dans les écoles (il est vrai que certains n’apprennent à lire, à écrire et à compter qu’en prison…). Dans ces conditions je suis d’avis que l’on nomme Taubira ministre de l’Education nationale lors du prochain remaniement, et que l’on mette Belkacem…
« On évoque la possibilité de rendre en France le vote obligatoire comme c'est le cas par exemple en Belgique »
Pourquoi pas, mais dans ce cas remettez-nous aussi la royauté, comme en Belgique bon dieu de bois ! (Ce ne serait pas pire qu’avec notre actuel président d’une République perdue…)
Hollande est, paraît-il, le président des blagounettes qui font rire les journalistes complaisants (en un seul mot). Il a dû beaucoup s’ennuyer à l’école pour en arriver là. Par contre je comprends qu’il adhère au projet de Debbouze parce que lui, Hollande, en matière d’impro il nous en fait démonstration depuis trois ans ! Même avec le sketch sur « l’inversion de la courbe » (du chômage) il finit par nous faire rire (avant que d'en pleurer), c’est dire…
Mais heureusement que la croissance s’annonce, que les taux d’emprunt sont au plus bas (sans que les banques prêtent davantage), que le prix du baril de pétrole baisse (tandis que l’essence augmente), que l’écotaxe est annulée (mais pas la facture du milliard subséquent), que les Mistral sont gagnants (pour les Russes) et que les péages n’augmenteront qu’après 2017...
sinon on aurait pu croire que tous ces gugusses se fichent de nous ;-)
Rédigé par : breizmabro | 29 avril 2015 à 09:58
@Robert
"Le problème reste que des enseignants comme J-P Brighelli, dont les blogs sont remarquables, sont vilipendés par cette intelligentsia qui assassine notre jeunesse."
Le titre du dernier livre de M. Brighelli, "Tableau Noir" est un emprunt qu'il m'a fait : j'ai fait paraître un essai sous ce même titre en 1996. Ses positions, vingt ans après, sont fort proches de celles que j'ai défendues dans ce livre et tout au long de ma carrière.
Je suis en accord avec lui - et, je pense, une majorité d'enseignants aussi - sur le constat et les remèdes.
Puisque les blogs vous intéressent, essayez de faire un tour sur le mien, où ces questions sont régulièrement traitées.
Régis Debray a raison aujourd'hui. Il est simplement à regretter qu'il ne l'ait pas toujours eue et que dans le passé il n'ait pas peu contribué à lancer ces slogans absurdes et destructeurs de "culture bourgeoise" et autres fariboles pour désigner tout enseignement rigoureux et exigeant.
Limiter l'enseignement à quelques formations intellectuelles fondamentales : les mathématiques, la grammaire, les humanités, l'histoire, la géographie, les sciences, une langue vivante ; traiter dignement le corps enseignant pour lui restituer cet éclat sans lequel l'autorité intellectuelle peine à se faire respecter ; en finir notamment avec cette infantilisation des professeurs par une administration de plus en plus irrespectueuse ; bien comprendre qu'un professeur dévalorisé ne peut dispenser qu'un enseignement dévalorisé, telles sont les urgences d'une situation plus que périlleuse.
Continuer sur cette voie - et la politique de Mme Vallaud-Belkacem y court - aboutira dans un avenir plus proche qu'on ne le croit, à démolir ce qui reste de l'édifice éducatif français et à favoriser les institutions "libres", notamment confessionnelles qui, elles, sauront offrir aux élèves et aux parents un enseignement exigeant et formateur.
Pour ce qui est du jargon dénoncé à juste titre par notre hôte, il n'est que la partie visible de l'iceberg ; cet hermétisme est un cache-misère, un peu, mutatis mutandis, comme la difficulté croissante des sujets de français au bac (pour ne parler que de la matière qui me concerne) permet de surnoter les copies au nom, justement, de cette difficulté.
Rédigé par : Frank THOMAS | 29 avril 2015 à 08:17
Bonjour Philippe Bilger,
"Tout est touché : le grec, le latin, l'histoire, les classes européennes, les classes bilangues, l'essentiel devient optionnel et, surtout, il convient de se conformer dorénavant à l'ardente obligation du jeu. Il s'agit de préserver à tout prix les élèves de l'ennui."
Cela fait déjà belle lurette que le latin et surtout le grec ne sont plus enseignés que dans des écoles réservées à une certaine élite. On peut certes le regretter car ces langues dites mortes sont un apport certain pour la compréhension du vocabulaire français dont le latin et le grec constituent les racines.
Mais ce qui est le plus aberrant est de vouloir supprimer les classes bilangues qui ont largement démontré leur efficacité dans les zones frontalières comme l'Alsace et la Lorraine et permettent des échanges fructueux avec nos voisins allemands.
Quant à vouloir obliger les Français à voter, là encore les politiques confondent l'effet et la cause. Si les Français rechignent à aller voter c'est parce qu'ils se rendent compte que quel que soit le parti au pouvoir, nous retrouvons les mêmes comportements, les mêmes discours faits de promesses qui ne seront pas tenues, les mêmes querelles ridicules consistant à rejeter l'incurie du pouvoir en place sur le pouvoir précédant.
Vouloir faire des réformes qui ne mènent à rien, voire conduisent à une situation pire que la précédente, voter des lois faisant suite au moindre faits divers, c'est surtout faire preuve d'une agitation fébrile et manquer de pragmatisme.
Le meilleur exemple est le code du travail qui grossit d'année en année et est devenu un labyrinthe inextricable et incompréhensible.
Souvenons-nous de la colère de Georges Pompidou à qui un collaborateur amenait une pile de décrets à signer. Il s'est alors écrié « Mais arrêtez donc d’emmerder les Français. Il y a beaucoup trop de lois, trop de règlements dans ce pays ».
Depuis plus de quarante ans quel que soit le pouvoir en place rien n'a changé. Manifestement le changement n'est pas pour maintenant. Le sera-t-il un jour ? On peut se poser la question.
Rédigé par : Achille | 29 avril 2015 à 07:52
"Ce qu’il faut à la France, c’est l’ordre, mais l’ordre vivant, qui est le progrès ; ce qu’il faut à la France, c’est l’ordre, mais l’ordre vrai, qui résulte de l’éducation, de la croissance normale, paisible, naturelle du peuple ; c’est l’ordre sérieux, profond, se faisant à la fois dans les faits et dans
les idées, par le plein rayonnement de l’intelligence nationale. C’est tout le contraire de votre loi.
Nous sommes plus d’un qui voulons pour ce
noble pays la liberté et non la compression, le mouvement pacifique et non la stagnation, la puissance et non la servitude, la grandeur et non le néant.
Quoi ! Voilà les lois que vous nous apportez ! Quoi ! Vous, gouvernants, vous, législateurs, vous voulez vous arrêter, vous voulez arrêter la France, vous voulez pétrifier la pensée humaine, éteindre le flambeau divin, matérialiser l’esprit !
Mais vous ne connaissez donc pas, vous ne voyez donc pas les éléments mêmes du temps où vous êtes ! Mais vous
êtes donc dans votre siècle comme des étrangers ! Quoi ! C’est dans ce siècle, dans ce grand siècle des nouveautés, des avènements, des conquêtes, des découvertes, que vous rêvez l’immobilité ! C’est dans le siècle de l’espérance que vous proclamez le désespoir !
Quoi ! Vous jetez à terre, comme des hommes de peine fatigués, la gloire, le génie, la pensée, l’intelligence, le progrès, l’avenir, et vous dites : C’est assez ! N’allons pas plus loin ; arrêtons-nous !
Mais vous ne voyez donc pas que tout va, vient, se meut, s’accroît, se transforme et se renouvelle autour de vous, au-dessus de vous, au-dessous de vous ! Ah ! Vous voulez vous arrêter ! Vous voulez arrêter la Nation !"
Après ce texte, qui n’est pas de moi, vous l’aviez deviné, on comprend que les classiques soient mis au ban de l’enseignement.
Des textes subversifs comme celui-là pourraient être repris par certains rétrogrades, qui considèrent que la transmission du savoir, la création de connaissance et l’éveil des intelligences doivent être au centre de l’Éducation nationale.
D’ailleurs ces mots d’éducation et de nationale font frémir les penseurs du Conseil supérieur des programmes.
C’est triste de voir à quel niveau de nullité, de dégénérescence, de déchéance est descendue l’idéologie socialiste qui voulait libérer le peuple des chaînes de l’ignorance, génératrice d’esclavage, par l’éducation, condition première de la liberté.
C’est triste de voir un pays et une culture sombrer sans panache, pas même le panache blanc du bon roi Henri IV, puisque l’histoire de Saladin sera obligatoire et celle du panache de nos Rois, facultative.
Le texte que j’ai cité est extrait d’un discours de Victor Hugo à l’Assemblée le 11 novembre 1848.
On voit par là que le combat contre l’abaissement démagogique de l’enseignement s’apparente au mythe de Sisyphe. Mais qui connaîtra Sisyphe dans quelques années ?
Encore un effort Najat, François, Manuel et les autres, et nos arrière-petits-enfants n’auront qu’un livre à lire.
Ils le liront de droite à gauche, et ils découvriront année après année le zéro, qui est l’alif et le ya(*) du savoir nouveau, et le symbole de la culture de remplacement que l’on nous impose.
(*) Remplaçant l’alpha et l’oméga du savoir ancien !
Rédigé par : Tipaza | 29 avril 2015 à 07:24
Avez-vous lu les billets, pas piqués des vers, de Brighelli (La fabrique du crétin) sur Le Point et Causeur ?
- http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/
"Qui a vraiment écrit les programmes du collège ?"
"Programme du collège : en histoire, une machine à décérébrer"
- http://blog.causeur.fr/bonnetdane/category/non-classe
"Le collège 0.0 est arrivé !"
Rédigé par : gabbrielle | 29 avril 2015 à 05:45
En sciences, je ne crois pas à la pédagogie qui, pour rester dans le jeu, passe trop vite sur les points difficiles. Parfois les professeurs eux-mêmes ne savent que la partie facile de la réponse. Je me souviens d'un prof de physique qui nous expliquait que les marées étaient dues à l'attraction de la lune qui passait au-dessus... mais qui était bien embêté quand on lui faisait remarquer que suivant sa logique les marées devraient revenir au même point après 24h, alors que c'est 12h.
Pour le survol ludique des notions, la télé est suffisante. Mais pour comprendre il faut penser, transpirer, se tromper, repenser le problème jusqu'à avoir les idées claires.
Sur le vote obligatoire je suis moins catégorique que vous. C'est une bonne chose si
-on reconnaît le vote blanc comme suffrage exprimé.
-si on ne vient pas on a trois mois pour venir se justifier dans une administration, consulat ou autre.
-si on ne vient jamais, on se retrouve défavorisé pour les emplois de fonctionnaire. Et une amende au bout d'un an.
L'idée est que cela devienne autant contraignant de ne pas voter que de voter.
Le système brésilien n'est pas mal sur ce point.
Rédigé par : Alex paulista | 29 avril 2015 à 02:20
@ Robert
"Vous évoquez, Monsieur Bilger, le jargon. Certes il est pour le moins ridicule..."
Hélas cela ne date pas d'aujourd'hui, il y a une dizaine d'années un "pédagogue" du ministère, pour parler d'un ballon (foot ou basket) utilisé en cours de sport : le rebondissant sphérique bondissant à usage pédagogique !....
Est-ce qu'avant d'occuper de tels postes au ministère, les postulants sont soumis à un examen psycho-psychiatrique ?...
Rédigé par : Trekker | 29 avril 2015 à 01:36
Et nunc reges, intelligite ; erudimini qui judicatis terram.
Quousque tandem...
Ave Maure y Tuerie te salutant !
Génial ! On va pouvoir insulter en latin et même en grec ancien !
Sinon, formidable et que demander de mieux que l'improvisation instructive en lieu et place de la transmission orale pratiquée anciennement par les fameux Grecs en cheminant (de chemin de vie) peut-être chemin de connaissance laquelle va se trouver transformée en con-aissance. Amen.
..."du passé faisons table rase"... tous dans le même panier Grecs, Latins, éclaireurs encyclopédistes, soixante-huitards... place nette statues et patrimoines mondiaux.
Comme ira ta nourriture ogémisée ira ta connaissance.
Homme libre, toujours tu chériras le savoir.
Rédigé par : calamity jane | 28 avril 2015 à 23:22
"Ce qui a fait naître l'hilarité quasi générale est l'incroyable jargon dont le CSP a usé pour imposer l'enflure et l'hermétisme à certaines matières et à quelques activités et lieux sportifs dont le libellé ancien se serait suffi à lui-même (Valeurs actuelles). Plus la substance se vide, plus la dénomination a besoin d'une pompe auprès de laquelle les Trissotin de Molière auraient fait pâle figure".
Ce matin sur France Inter l'invité de Patrick Cohen était Régis Debray et le sujet traité était celui de l’Éducation.
http://www.lepoint.fr/societe/reforme-du-college-regis-debray-contre-l-ecole-nutella-28-04-2015-1924877_23.php
Pour faire simple, Régis Debray considère que celle-ci repose sur deux piliers : la culture de l'effort chez l'élève ; l'autorité du professeur comme détenteur de la connaissance.
Il est patent que le système actuel est destiné à conduire le niveau des "apprenants" au plus bas des connaissances et qu'en sortie du système scolaire "standard" les élèves et collégiens n'auront de socle commun de compétences que fort peu de choses, autant dire : un nivellement par le bas. Non seulement, comme c'est déjà le cas, il ne maîtriseront pas le français, mais encore leurs connaissances seront extrêmement limitées. Donc la démocratie à l'anglo-saxonne n'a pour ambition que de former des consommateurs, loin de l'ambition républicaine de former des citoyens libres et capables de critique. Tout le système se normalise ainsi...
Vous évoquez, Monsieur Bilger, le jargon. Certes il est pour le moins ridicule et ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on a supprimé la grammaire simple et accessible à tous pour la remplacer par un ensemble de termes et expressions faisant "plus savants". Je ne suis pas certain que dire à un jeune élève actuel que la construction d'une phrase : un sujet, un verbe, un complément, lui soit facile à comprendre.
Mais ce jargon n'est pas que national. Il suffit, pour s'en persuader, de se connecter au site du Bureau international d'éducation : http://www.ibe.unesco.org/fr/le-bie-en-bref/qui-nous-sommes/mission.html
Où l'on s'aperçoit avec effarement que ce vocabulaire abscons est aussi en usage à l'UNESCO ! Il suffit, pour s'en persuader, de citer un court alinéa :
"Le BIE oeuvre pour renforcer les capacités des spécialistes, des praticiens et des décideurs à concevoir, gérer et appliquer des processus d’élaboration des curricula ; améliorer la qualité des processus d’élaboration des curricula et des produits curriculaires ; et informer les politiques et les pratiques novatrices dans le domaine de la réforme et du changement du curriculum".
N'oublions pas que nous serions dans le domaine des "sciences de l'éducation". Pourquoi faire simple quand on peut compliquer à loisir pour se donner l'illusion que l'on fait partie d'une petite élite seule à même de comprendre. Et bien entendu la pédagogie que mettent en œuvre ces élites est du même tonneau (nécessairement des Danaïdes...). On peut ainsi conclure qu'à l'inverse de Paris, le bateau "mergitur, nec fluctuat" !
Le problème reste que des enseignants comme J-P Brighelli, dont les blogs sont remarquables, sont vilipendés par cette intelligentsia qui assassine notre jeunesse. Lorsque l'on sait comment procèdent Coréens et Chinois, on ne peut que désespérer pour l'avenir de la France !
Rédigé par : Robert | 28 avril 2015 à 22:21
Mais c'est magnifique... Vallaud-Belkacem est la digne héritière de Jospin : pas de bons, pas d'élite, que des nuls, enfin, on pourra éditer "l'Ecole pour les nuls, seulement pour les nuls". Succès garanti.
C'est tellement aberrant que je demande à voir, lire ce rapport, dit inepte.
Un pédago pas très sot m'a expliqué que les maths en s'amusant, c'est le principe des classes primaires : mettre le nombre et l'opération subséquente dans le concret, par des exercices de rôles, des exercices à la maison, par exemple faire mettre le couvert à un enfant en lui donnant plus ou moins d'assiettes que nécessaire. Ca me semble raisonnable, jusqu'au CP, mais après ? pour Polytechnique ? Il y a un hiatus qu'il faut combler, et je suppose que c'est la place de l'enseignement classique, non ?
Il faut lire ce rapport, voir son champ d'application, et parler ensuite. Sinon, plus de grandes écoles, plus d'excellence, et surtout plus d'ENA, et ça, ça serait une avancée.
Rédigé par : genau | 28 avril 2015 à 19:27
Sur proposition de M.Valls, aussitôt relayée par N.Vallaud-Belkacem, il paraît que D.Debbouze, nouveau gourou de l'éducation, va donner des cours d'improvisation dans les collèges (F.Bayrou).
Pendant que l'on supprime le latin, le grec, et tout ce qui fait le socle de l'enseignement et du savoir, improviser fera partie des programmes.
Les connaissances ne sont plus nécessaires. Ce sont ceux qui improviseront le mieux qui seront reçus au bac.
Rédigé par : anne-marie marson | 28 avril 2015 à 18:43
Ce qui caractérise la posture de nos élites, c'est la lâcheté. Car il est difficile de traiter les problèmes des sociétés contemporaines en se colletant avec le réel des faits et des hommes. Cela requiert une bonne dose d'humilité.
Dans l'enseignement (ou l'Education nationale) il est flagrant qu'elle fait défaut.
On n'ose pas instruire, c'est-à-dire former par l'acquisition contraignante des savoirs nécessaires au développement économique (l'apprentissage) et intellectuel (le sens critique) qui autorisent la liberté du futur citoyen.
Etant grugés et s'en apercevant lors de leur insertion dans l'économie générale, nos jeunes (chômeurs) si bien préparés vomissent à la fois ceux qui auraient dû les armer et la société qui a toléré cette aimable imposture.
Le respect devrait s'exercer d'abord dans les têtes des formateurs.
Ils ne sont pas payés pour plaire.
Rédigé par : Arobase du Ban | 28 avril 2015 à 18:09
C'est une bonne décision, Ils vont accélérer le développement des MOOCs pour les classes inférieures, réduire les inscrits et donc réduire les enseignants.
Voilà enfin une réforme structurelle pour réduire les dépenses de l'Etat.
Rédigé par : Jean-Marc | 28 avril 2015 à 18:02
Je suis d'accord avec vous, cher Philippe. C'est la deuxième fois, consécutivement. Je m'inquiète !
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 28 avril 2015 à 17:54
Vous aimez la Belgique ? Alors, laissez un Belge vous assurer que le vote obligatoire n'est pas un bienfait car, comme chez vous, la classe politique démérite, ce qui amène un taux record d'abstention - lequel n'est pas comptabilisé (ou plutôt, il l'est, mais en compagnie des votes nuls, ce qui est bien différent, et fausse tout). Les politiciens ont bien cadenassé leur fromage (qui est, je vous l'assure, aussi bon que le français). Moi, je ne vote pas, c.à.d. que je refuse de me rendre aux urnes : j'ai passé l'âge des injonctions. Alors, j'attends les pandores, qui devraient me verbaliser, comme on dit ici. J'attends depuis 1968, exactement.
Rédigé par : HT | 28 avril 2015 à 17:53
On a du mal à comprendre le lien entre les programmes scolaires et l'abstentionnisme aux élections. Sans doute faut-il davantage de "courage, quoi !" au cours de la lecture.
Rédigé par : Cirsedal | 28 avril 2015 à 17:46
"...bureaucrates abscons..."
Vous êtes généreux cher Philippe.
La moitié du mot aurait suffi !
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 28 avril 2015 à 16:08
Il faut voir plus loin.
Les programmes constituent une entreprise de révisionnisme, d'annulation rétroactive de ce qui a été.
Il s'agit, dans une optique mégalomaniaque psychotique dénommée modernisme, d'effacer le passé, et en particulier tout ce qui est pensée occidentale, c'est-à-dire Athènes, Alexandrie et Rome, pour faire court.
Il s'agit également de faire durer la fabrique à analphabètes dont le socle commun de connaissances devra amener au mieux aux ridicules et idéologiques tests Pisa ; hors des programmes d'histoire et de langues, enjeux toujours idéologiques, notons que la démonstration mathématique, par exemple, ne sera plus exigée.
A la place du savoir, nous assistons à l'officialisation du conditionnement permanent à la citoyenneté universelle et béate, avatar Ednuc de la compassion universelle, obligatoire et préférentiellement dirigée vers les pauvres (message chrétien si l'on veut bien l'observer).
Il est bien évident que les parents un peu lucides et acceptant de ne pas se jouer la comédie du modernisme, persévèreront dans l'acquisition de savoirs solides, parallèlement au jeux d'enfant que sont les misérables pédagogies numériques et la disparition progressive de l'obligation d'apprendre à écrire.
Les futurs gagnants seront les enfants des traditionalistes.
Je rajouterai qu'il s'agit d'un des avatars de "la construction sociale de la réalité", elle-même descendante moderniste du nominalisme ; mais les pédagos ne peuvent l'ignorer, s'ils ont feuilleté ne serait-ce que de loin ces bons vieux Thomas d'Aquin et Occam, pour ne citer qu'eux... Instits et profs traditionnels de tout le pays, unissez-vous en entreprises privées de "soutien scolaire" (après tout, le vent souffle dans ce sens) : vos revenus vont au moins doubler... beaucoup de parents non encore disjonctés, et de grands-parents, sont prêts à vous payer et surtout à vous soutenir.
Rédigé par : protagoras | 28 avril 2015 à 15:33
Pour l'exemple, un simple extrait d'une des nombreuses contributions au CSP, caractéristique et édifiant quant à la philosophie sous-jacente dans celui-ci :
Concernant une "difficulté principale dans la mise en oeuvre du socle commun" :
"- les emplois du terme « compétences » qui renvoient à un univers professionnel et peuvent faire l'objet d'une interprétation négative au sein d'une conception d'inspiration humaniste de l'enseignement et de l'éducation"
(sic)
Bref c'est bien connu le monde professionnel qui fonctionne selon des "compétences" est de ce fait inhumain... quel beau message envoyé aux élèves pour les préparer aux contraintes de la vie active...
Rédigé par : fdubois81 | 28 avril 2015 à 15:25