Michel Boujenah s'est mis "en colère" (Le Dauphiné Libéré, RTL).
Son irritation n'aurait pas mérité de dépasser sa sphère personnelle si elle ne mettait pas en évidence des questions et des frustrations qui pourraient être assez généralement partagées.
Qu'a-t-il donc dit ?
"Juif tunisien de service(...)vous croyez que j'ai pas de peine par exemple de ne jamais avoir été nommé aux Molières ? ça fait 36 ans que je fais ça, je mérite pas que mes pairs me disent :"t'as bien travaillé" ? C'est dégueulasse(...)Le jour où je vais m'arrêter je dirai exactement ce que je pense. Je vais vous massacrer tous, je vais vous dire ce que je pense pour la plupart, globalement, quand je ferai ma tournée d'adieu".
Michel Boujenah est indigné et il le fera savoir quand il quittera la scène artistique. Mais là sans doute est le principal reproche qu'on pourrait lui faire. Pourquoi avoir attendu si longtemps, pourquoi encore retarder l'instant tant espéré où il se laissera aller, où il exprimera tout ce que durant trente ans il aura eu sur le coeur et sur l'esprit sans jamais oser le faire sortir de soi ?
Croit-il naïvement que les autres, ses collègues, ses partenaires, ses rivaux devinaient forcément ce qu'il retenait et qui l'échauffait à l'intérieur ?
Son silence, durant trente ans, a dû laisser croire qu'il supportait son succès seulement relatif, jamais vraiment reconnu ni récompensé, avec résignation, sérénité et même sagesse. Qui pouvait pressentir que le "juif tunisien", en lui, en avait plus qu'assez et que Boujenah aspirait à une consécration qui lui signifierait, comme s'il était un enfant, qu'il avait "bien travaillé" ?
Moralité : la liberté est l'affaire d'une vie et pas seulement une opportunité pour la cérémonie des adieux.
Cette volonté d'être récompensé est touchante mais l'aigreur qu'il ressent, parce que les hommages naturels dus à son talent et à sa carrière ne lui ont pas été rendus, semble bien excessive car qui s'estime en général payé à la hauteur de ses mérites ? Il n'est évidemment pas le seul à se plaindre de l'écart entre ce qu'il croit valoir et ce qu'on lui octroie. Il n'y a pas que le monde artistique qui soit concerné.
Si les mérites sont surestimés ou même imaginaires, il est probable qu'on réclamera d'autant plus, par vanité, de gratifications ostensibles. Le propre de la médiocrité, précisément, est d'exiger narcissiquement ce à quoi elle ne devrait pas aspirer.
Mais, quand ils sont réels et respectables, que de gâchis !
Combien de chanteurs ayant de la voix et du talent ne sont jamais médiatiquement consacrés ?
Combien de journalistes intègres, intelligents et compétents sont occultés par des réputations et des gloires artificiellement fabriquées ?
Combien de livres objectivement remarquables sont négligés par un clientélisme culturel et mondain ?
Combien d'intellectuels profonds et discrets sont relégués par des superficialités brillantes, omniprésentes et péremptoires ? Combien de philosophes sont étouffés par des histrions de la pensée ?
Combien de politiques fins, mesurés et sincères sont chassés de l'estrade vulgaire et partisane du débat d'aujourd'hui ?
La vie dans tous ses secteurs est, la plupart du temps, injuste parce que sur les plateaux de la balance, quand l'un est chargé de substance et de qualité, l'autre n'a pas forcément la densité de considération et d'admiration qui devrait correspondre.
Plutôt que de s'émouvoir ou de s'étonner de cette tendance lourde, mieux vaut se battre, dénoncer les promotions indues, les personnalités surfaites et les scandaleuses injustices. Mieux vaut tenter d'instiller un peu d'ordre, de cohérence et de fiabilité dans un système déréglé.
Michel Boujenah a l'impression d'avoir été incarcéré, pour le pire, dans son personnage de "juif tunisien de service" et de n'avoir jamais pu en sortir.
Mais il a laissé faire.
Il ne faut pas attendre la fin pour mettre en cause le trajet.
Votre texte est parfait, monsieur Bilger, parfait parce que d'une justesse éclatante, parfait parce que si finement analysé qu'il touche en plein cœur chacun d'entre nous.
Et votre conclusion est drôle et remet ce monsieur à sa place :
"Michel Boujenah a l'impression d'avoir été incarcéré, pour le pire, dans son personnage de "juif tunisien de service" et de n'avoir jamais pu en sortir.
Mais il a laissé faire.
Il ne faut pas attendre la fin pour mettre en cause le trajet".
Rédigé par : caroline artus | 03 août 2015 à 10:45
Il crache dans la gamelle...
Rédigé par : greg | 23 juillet 2015 à 15:55
Dans les Contes du Chat Perché de Marcel Aymé figure la nouvelle "Le Paon" qui nous évoque les malheurs de Boujenah.
Dans la basse-cour d'une ferme un cochon prétend être le plus bel animal, il est beau, gras, luisant, tout rose, un jour il s'aperçoit qu'il a une queue ridicule en tire-bouchon, il se désespère et rêve d'une belle traîne de paon, il se meurt, lorsque soudain un orage éclate et laisse apparaître un immense arc-en-ciel, le cochon meurt soulagé et persuadé que l'arc-en-ciel est sa queue.
http://rodin.uca.es/xmlui/bitstream/handle/10498/9519/17217738.pdf?sequence=1
Rédigé par : Savonarole | 22 juillet 2015 à 04:16
@ Jabiru | 21 juillet 2015 à 14:35
Je l'ai visitée il y a un an environ. J'ai été particulièrement impressionné par le petit bureau où il a écrit ses Mémoires de guerre et ses Mémoires d'espoir ainsi que ses principaux discours.
En ce moment un magnifique spectacle son et lumière est donné au pied de la croix de Lorraine du mémorial. A voir... même si on n'est pas forcément gaulliste.
Rédigé par : Achille | 21 juillet 2015 à 19:14
@ Alex paulista
OSS 117 me va bien dans l'interprétation de Jean Dujardin, l'espion qui vous veut du bien, subtilement et péremptoirement bête, sourire en famille assuré ! Vous voyez, j'arrive à me dérider assez facilement, il suffit de proposer le bon produit. Pourtant attitude bien éloignée de l'écriture d'origine.
@ Jean-Paul Ledun
J'ai certainement touché aux défauts cités, parfois encore - aussi avec un plaisir doucereux pas très sain, mais tellement bon -, sans doute pas moins pas plus que d'autres. Mais avec Louis de Funès je reste de marbre dans la très grande majorité de ses films, trop surjoué, trop expressif, caricatural, et trop grimaçant, agité ne veut pas dire vif... Bon pour les moins de 7 ans sans doute, mais malheureusement ou plutôt heureusement j'ai passé plus de temps dans la période des 7 à 77 ans.
Dans le genre j'ai préféré Harold Lloyd, Laurel et Hardy, Charlot et bien d'autres. Aujourd'hui sans doute désuet pour l'image qui a vieilli ainsi que les décors, mais combien d'emprunts ont-ils générés et combien de fois copiés mais toujours actuels pour le fond.
Bien à vous.
Rédigé par : Giuseppe | 21 juillet 2015 à 16:02
"Il a été applaudi dans « Trois hommes et un couffin »" !
Ce "nana-vet" de 84 est une référence en matière de violence sexiste, et participait à salir LA sexualité (vraie, bio) au travers d'une entreprise de dénigrement infantilisant des nouveaux pères ordinairement impliqués (et déjà calomniés en "papas-poules", alors des mamans-coqs ?).
Et il a bien fallu (phallu ? même de la part d'une XX chromosomique ...) comme on le redoutait que les calamytheuses pitreries du trio idiot soient vantées dans cette page... hélas il n'y a pas de vacance pour le suivisme niais.
Rédigé par : Cirsedal | 21 juillet 2015 à 15:25
@Achille
Je n'ai pas grand mérite au motif que j'ai eu l'occasion de réviser mes connaissances la semaine dernière à l'occasion d'une visite à La Boisserie. C'était mon pèlerinage de l'été face à une tombe d'une sobriété exemplaire.
Rédigé par : Jabiru | 21 juillet 2015 à 14:35
@ Jabiru | 21 juillet 2015 à 11:48
Je n'aurais pas mieux dit !
Rédigé par : Achille | 21 juillet 2015 à 13:56
@lucterius
Vous citez le général de Gaulle. Effectivement cet homme hors du commun qui a servi la France avec courage et dignité a tiré les conséquences d'un référendum défavorable. Beaucoup ont oublié qu'il a en son temps rétabli l'équilibre du budget de l'Etat et du commerce extérieur, institué le nouveau Franc, conforté l'indépendance nationale, mis en place les institutions solides de la Ve République et favorisé des avancées sociales comme la création des Comités d'établissement et la participation des salariés aux résultats des entreprises.
Ce qui n'est pas rien ! Sans oublier que ce grand serviteur qui ne s'est jamais servi a couché sur son testament qu'il déclarait refuser d'avance toute distinction, dignité, décoration et que si l'une quelconque lui était décernée ce serait en violation de ses dernières volontés.
Un exemple à méditer pour tous ceux avides d'honneurs et de reconnaissance.
Rédigé par : Jabiru | 21 juillet 2015 à 11:48
@Giuseppe
"En tant que cinéphile modeste, j'ai beaucoup de mal à comprendre la mécanique qui a pu engendrer un tel succès"
C'est normal, il a construit un personnage de petit français mesquin, colérique, râleur et hypocrite !
Vous vous sentez visé ?
Pas de problème, nous sommes des milliers dans votre cas.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 21 juillet 2015 à 11:22
D'abord permettez-moi de féliciter tout ce monde qui n'est pas parti en vacances, et M. Philippe Bilger, et ses lecteurs qui avec la ponctualité de métronomes, apportent régulièrement leurs commentaires. Et nous aussi qui donnons à chaque fois des avis pertinents, nous aimerions bien être reconnus. Et nous ne le sommes pas. Alors si je le pouvais je dirais à Michel Boujenah que nous vivons dans un monde injuste et qu'il lui faut ou périr ou s'y faire. Les hommes sont injustes, il méritait peut-être plus que d'autres d'être reconnu, et il ne l'a pas encore été. Mais cette ingratitude n'est rien par rapport à celle avec laquelle par exemple on a autrefois chassé de Gaulle qui nous a donné des institutions solides et qui a permis à la France de pouvoir survivre malgré tous les guignols qui l'ont pilotée depuis. Alors M. Michel Boujenah, peut-être votre peine en sera-t-elle atténuée : l'ingratitude qui vous frappe est bien vénielle à côté de celle que je viens de citer.
Rédigé par : lucterius | 21 juillet 2015 à 10:10
Ce qui serait amusant c'est que Michel Boujenah soit retenu pour un Molière en 2016.
Situation pour le moins inconfortable après les propos qu'il a tenus. Mais je pense qu'il l'acceptera et trouvera les mots qui vont bien pour se justifier.
Seule porte de sortie : l'autodérision même si ce n'est pas vraiment dans le registre de l'humour juif tunisien.
Rédigé par : Achille | 21 juillet 2015 à 09:05
@ Giuseppe | 20 juillet 2015 à 14:25
Vous n'avez pas apprécié les OSS 117 ?
Vous êtes dur à dérider, dites donc !
Rédigé par : Alex paulista | 21 juillet 2015 à 02:40
Rédigé par : Christian C | 20 juillet 2015 à 20:40
Gaspary sors de ce corps !
Marrant ce dédoublement de personnalité de comiques troupiers.
Rédigé par : sylvain | 20 juillet 2015 à 22:57
Donc Boujenah ne veut plus être le juif Tunisien de service. Pourquoi, il l’était, je veux dire : de service ?
Dans ce cas-là Smaïn a été l’Algérien de service, Popeck le Roumain de service, Gad Elmaleh et Debbouze les Marocains de service, et Dany Boon le ch’ti de service… (du Nooorrrd comme dit Galabru dans son film)
Boujenah a fait toute sa carrière en France. Il a fait rire en contant sa vie de juif Tunisien, il a été payé par le public pour cela.
Il a été applaudi dans « Trois hommes et un couffin » au même titre que Dussollier et Giraud (né au Maroc), encensé par le public pour son film « Père et fils » pour lequel il est nommé aux César de la meilleure première œuvre de fiction. Enfin, honneur suprême, il a été choisi pour remplacer Jean-Claude Brialy comme directeur artistique du Festival de Ramatuelle.
Les breloques lui manquent alors il nous fait du Pialat « Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus »...
Sa plus mauvaise réplique !
Rédigé par : breizmabro | 20 juillet 2015 à 22:16
Les gens qui passent trop souvent chez M.Drucker, comme M.Boujenah, me paraissent trop polis pour être honnêtes.
Rédigé par : anne-marie marson | 20 juillet 2015 à 22:10
"Combien...", malheureusement trop, là on est au coeur du sujet, tous les jours dans le panorama visible des médias on voit défiler cette race de personnages surfaits, sans saveur, artificiels et prévisibles.
A qui la faute, sans doute à nous tous qui les regardons : on nous fait à nouveau revivre un DSK grand argentier, alors qu'il n'a fait que semer le trouble, quant à la seule présidence exercée à titre privé, elle s'achève par le plus lamentable des fiasco, lui le-plus-grand-économiste-du-monde, je ne lui confierais même pas une tirelire vide.
Et pourtant, même parmi les rangs des députés frondeurs j'ai entendu des voix de soutien suite à ses positions sur la Grèce. Et on l'écoute encore, bigre, alors que T. Piketty a fait valoir un point de vue passé quasiment inaperçu.
Il est vrai que la presse aime bien les bons clients, les fumeux, les spécialistes de j'ai-un-avis-sur-tout-et-n'importe-quoi, désespérant pour ceux qui ont lutté, fait, construit, prouvé. Il en est ainsi, par contre quand la maison brûle, là on sait à qui s'adresser et qui appeler.
Rédigé par : Giuseppe | 20 juillet 2015 à 21:49
En quoi est-ce mal, d'être le juif tunisien de service ? Le métier d'acteur est caractérisé par la notion d'emploi. Certains n'aiment pas le leur, et voudraient en sortir. C'est tout à fait honorable, mais ce n'est pas un droit de l'homme. D'innombrables acteurs passent leur vie entière à être le méchant de service, le rigolo de service, l'allumeuse de service, etc.
Je ne connais pas spécialement Michel Boujenah, mais il aura du mal à nous faire croire que les Juifs sont victimes de discrimination dans le milieu du spectacle.
Cet accès de ressentiment, assorti d'une promesse de vengeance, est assez misérable.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 20 juillet 2015 à 20:54
@Michelle D-LEROY,
Si la bêtise était mesurable en une unité quelconque, vous ne seriez pas loin de l'infini.
J'ignore quelles babouches vous avez bien pu lécher, mais votre haleine s'en ressent à des jours lumière (j'étais tenté par les "années lumière", mais j'ai imaginé la taille de votre cerveau et revu mes ambitions).
Fichez la paix aux bobos de gauche, de droite ; aux non-bobos du centre, de l'extrême nord et même du midi. Ils n'ont rien demandé ; ils aiment ou n'aiment pas Michel Boujenah. Votre étroitesse d'esprit est telle que vous ne savez même plus si vous devez le considérer comme un de vos amis de droite martyrisé par vos ennemis de gauche ou comme un sale juif de gauche forcément ennemi de vos amis de droite.
Non, s'il vous plaît, ne cherchez pas à comprendre ce que je viens d'écrire ; on ne sait où cela pourrait vous mener.
Rédigé par : Christian C | 20 juillet 2015 à 20:40
@ Rédigé par : herman | 20 juillet 2015 à 15:42
Certes, certes, l'euphorie de la victoire des bleus m'a fait sombrer dans le hors sujet total.
J'aime bien Boujenah, mais il a forcé le trait sur le juif tunisien pendant vingt ans, pour regretter aujourd'hui d'avoir été catalogué. Il fallait refuser les rôles, attendre son Tchao Pantin qui ne serait peut-être jamais venu.
Aujourd'hui qu'il est bien repu, il menace de cracher dans la soupe le jour où il arrête d'être servi.
Il me rappelle la chanson de Ferré: La Mafia, qui finit par "alors tu seras sur l'affiche à Coquatrix, à Coquatrix !"
Rédigé par : Alex paulista | 20 juillet 2015 à 20:37
Pitié ! Dès qu'il y a un drame ce pitre fait la tournée de tous les plateaux télés arguant justement de son titre de juif tunisien de service pour commenter les exactions commises par des tarés sur le sol tunisien. Il est depuis quarante ans docteur es tunisie spécialisé sur tous les sujets qui concernent la Tunisie (politique, économie, tourisme, cuisine, terrorisme, musique...).
Rédigé par : SR | 20 juillet 2015 à 20:24
Les récompenses et les prix décernés aux artistes sont décidés dans l'entre-soi du monde artistique de façon subjective et surtout selon les amitiés et les idées politiques proclamées ou les propos humanistes de façade.
Ceux qui ne s'engagent pas (même si l'engagement n'est que paroles) dans la clique de bobos socialistes, restent en dehors du clan. On le voit bien.
Michel Boujenah, malgré sa verve, reste un homme discret. Cela n'enlève rien à son talent.
Mais comme d'autres, pour espérer la reconnaissance de ses pairs, il se tait ou pire essaie de prouver qu'il est de cette gauche universaliste avec ce que cela comporte de bassesses, de lèche-bottes et aujourd'hui de lèche-babouches.
A eux de se démarquer et d'être eux-mêmes. Si le sérail ne les reconnaît pas, le public, lui, ne se trompe pas et c'est ce qui devrait compter à leurs yeux. César, Molières, Festival de Cannes ne sont plus que des grand-messes faussement intellectuelles, mais vraiment de la gauche bien-pensante où s'entremêlent artistes bons ou mauvais, journalistes de gauche (pléonasme), présentateurs et politiques à la recherche d'électeurs.
Il en va de même pour la distribution de la Légion d'honneur. A force de distinguer trop de monde, on ne distingue plus personne. Un peu comme le bac et les mentions au bac. A trop donner, on dévalorise examens et récompenses. Le mérite et la création deviennent secondaires. Seuls les sujets de films, de pièces dans l'air du temps, sont "nominés". Alors ou les artistes s'en contentent ou ils le dénoncent haut et fort en n'attendant pas leur fin de carrière pour espérer un prix entre-temps.
Que Michel Boujenah se rassure, un bon artiste, même sans prix, reste apprécié.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 20 juillet 2015 à 16:10
@Alex paulista
J'ai dû lire le billet de travers, et j'ignorais que Michel Boujenah était une bille au football...
Rédigé par : herman | 20 juillet 2015 à 15:42
Les gens sont méchants, mentir serait de dire que M. Boujenah n'a pas de talent, il est excellent, et là je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent le contraire.
Je suis d'accord avec notre hôte quand il énonce qu'il ne faut pas attendre sa sortie pour cracher son venin, mais lui, artiste, a besoin de vivre, de remplir ses salles, de gagner sa vie tout bêtement. Alors je mettrai un bémol à la réflexion du billet. Faire le dos rond. Les politiques sont les pires de tous et après de cracher dans la soupe, quant aux anciennes compagnes je n'en parlerai pas.
Il est sans doute salutaire de dire ce que l'on pense au long cours, mais il faut bien vivre. Je trouve cet artiste plus fin qu'on veut bien le dire. Allez Michel on t'aime !
Une nouvelle fois je suis en accord avec Mado la Niçoise et donc celle qui l'a citée ; pour qui a connu les quartiers pleins de vie et de travers, cette dernière ravive en chacun cette nostalgie, cette générosité qui a disparu. "Marius et Jeannette", parfois en plus cru.
Mais avec cette vie de débrouillardise et de vérités dignes de Zola, et soucieux d'être les meilleurs. Mon quartier de jeunesse était affublé affectueusement du sobriquet "la cour des miracles", rien à voir avec le film magnifique et dérangeant "Affreux, sales et méchants", mais ce quartier avait une âme, une énergie incroyables, tous s'en sont sortis.
Nous nous retrouvons, patrons de sociétés, artisans, entrepreneurs, avec le même enthousiasme et pourtant ce n'était pas gagné. La vraie vie, celle qui a la douceur de la Méditerranée et la solidarité d'airain du populaire d'après-guerre, l'envie de réussir chevillée parce que le travail permettait seul de s'en sortir comme disait mon grand-père - il a toujours raison. Jamais revanchards ni frustrés, le poulet du dimanche de fête est toujours le même et toujours autant apprécié, et même si parfois nous avions écorché nos genoux pour satisfaire un client, c'était pour rester droits et debout.
PS : Louis de Funès ne m'a jamais fait rire, le comique de gestes, ou plutôt de grimaces, me laisse froid. Le seul film supportable à mes yeux est "Ni vu, ni connu" d'Yves Robert, où il tient le rôle d'un braconnier. En tant que cinéphile modeste, j'ai beaucoup de mal à comprendre la mécanique qui a pu engendrer un tel succès. Un peu comme la daube de J. Dujardin surfeur, "Brice de Nice", où malgré toute ma bonne volonté je n'ai pu passer les dix premières minutes. Tous les goûts sont dans la nature.
Rédigé par : Giuseppe | 20 juillet 2015 à 14:25
Monsieur Bilger,
A la lecture de votre billet, on se demande s'il faut rire ou pleurer.
Les gémissements émis par Michel Boujenah reflètent-ils une peine feinte ou sincère ? Leur origine n'est-elle pas à rechercher dans un manque de fréquentation des salles dans lesquelles l'artiste se produit ?
Les qualificatifs de "juif tunisien" ne sont-ils pas le fruit même du travail de Michel Boujenah, qui avait besoin de se forger un personnage pour en imprimer plus profondément le souvenir dans la mémoire du public ?
Au même titre que Louis Jouvet travailla à l'excès son défaut d'élocution pour en faire une caractéristique de son jeu, Boujenah a accentué cette judéïté tunisienne parce qu'elle lui était indispensable.
D'autres, tels Roger Hanin, Francis Perrin, Louis de Funès et bien d'autres, ont accentué des caractères différenciants de leurs personnalités ; il ne leur serait pas venu à l'esprit de se plaindre que le public, les critiques, le métier missent (bonjour, sbriglia) l'accent sur ces caractères.
Bien des artistes talentueux eussent pu se plaindre d'un manque de reconnaissance de leurs qualités professionnelles.
Rédigé par : Christian C | 20 juillet 2015 à 11:29
Tout ça n'est pas intéressant !
D'ailleurs, le billet est un clou supplémentaire dont je pense que Michel Boujenah se serait passé...
Qui n'a pas eu l'illusion d'avoir mérité plus que la part attribuée doit relire les fables, dont la morale enfantine aurait dû être une mise en garde. Mais enfin, il est triste de souffrir par les autres et encore plus de s'humilier soi-même en quémandant avec une petite menace particulièrement couarde. Les bons points sont pour ceux qui ne connaissent pas la désinvolture d'un ego bien proportionné. M. Bilger vous n'êtes guère charitable...
Rédigé par : duvent | 20 juillet 2015 à 11:26
Il me semble vain de discuter de l'indignation, du talent, du mérite et de l'universalité des interrogations de M. Boujenah sans discuter au préalable de l'absurdité d'un phénomène que seules les semtob ont pour l'instant relevé : la consécration.
Dit autrement, au lieu de s'interroger sur l'être ou le mal-être de M. Boujenah, il serait, disons, plus constructif de s'interroger sur l'existence, dans nos sociétés, de ce machin (et de plein d'autres du même type) qu'on appelle les Molières, et qui est censé transformer un artiste en Artiste, comme d'autres transforment un vulgaire quignon de pain en corps du Christ, dans le même but de former une communauté exclusive.
Etre M. Boujenah, et d'une manière générale, être juif, c'est finalement être à jamais protégé de la malédiction des Molières par une force extrinsèque ou intrinsèque, et trop souvent ne pas savoir reconnaître ce bonheur.
Rédigé par : Garry Gaspary | 20 juillet 2015 à 11:08
Allé Michel, un petit effort pour une nouvelle vie dans : le Français râleur de service ! et les récompenses pleuvront... (:-)
Rédigé par : calamityjane | 20 juillet 2015 à 10:08
@ Achille | 20 juillet 2015 à 08:02
"Tiens Gérard Jugnot fait partie de la nouvelle promotion de la Légion d'honneur (…) mais j'aimerais bien qu'on m'explique à quel titre il a cette distinction"
Certains croient que c'est parce que notre audacieux président lui écrit ses blagues et que Jugnot lui écrit ses discours.
La réalité est que Jugnot était l'ami du couple Hollande-Trierweiler, et comme tout bon producteur qui a besoin d'aides il a choisi son camp.
Il va donc régulièrement, y compris le 14 juillet, déjeuner avec notre audacieux président et sa muse du moment (jeu de mot autorisé ;-))
Rédigé par : breizmabro | 20 juillet 2015 à 10:02
La question de l'injustice relative faite à Untel en comparaison avec Telautre quant à leurs succès sera toujours une bonne question mais qui ne trouve guère de solution, ratione materiae.
On aurait préféré que M. Boujenah se soit fait l'avocat d'un(e) autre et que sa propre cause fût plaidée par une tierce amicale car le schéma de la déclaration à RTL puis relayée par Huffington etc. ressortit à "exiger narcissiquement".
On peut aussi rappeler que son étiquette de "juif-tune" (sans jeu de mot avec thune), il en a largement profité dès 1980 grâce au succès de son premier spectacle "Albert", prenant pour thème la vie des juifs tunisiens immigrés en France. Était-il certain qu'il émerge s'il n'avait pas eu cette chance d'un étiquetage initial aussi porteur et politiquement ultra-correct dans ces années où Robert Paxton venait depuis les USA d'imposer un syndrome vichyssois obsessionnel et durable ?
Le sentiment de notre ami Henry Rousso à cet égard devrait être intéressant ...
Rédigé par : Cirsedal | 20 juillet 2015 à 09:42
Une autre pied-noir qui n'a pas le succès qu'elle mérite vu qu'elle est infiniment plus amusante que Florence Foresti dont elle n'a pas la vulgarité tapageuse et agressive récompensée cependant par une nomination au Molière 'seul(e) en scène' 2015, c'est Noëlle Perna alias Mado La Niçoise.
Cette artiste issue elle aussi du café-théâtre, le sien, n'a pas construit son personnage sur une identité pied-noir mais sur les divers caractères des clients de son bar situé dans le Vieux-Nice, vus par un bout de lorgnette à la Pagnol, et suit son petit bonhomme de chemin sans bassiner son public avec son analyste, ainsi mon petit Killi (aphyosemion australe) sur son propre canapé :
.
Une autre humoriste beaucoup plus fine encore que la Foresti - du moins ses scénaristes - et qui bien que de dix ans plus âgée qu'elle même si elle ne les fait pas, n'a pas encore été l'objet d'une nomination à un Molière, mais qui, en revanche, a déjà sa statuette au musée Grévin, c'est Anne Roumanoff qui a cependant des origines russes ashkénaze dont elle ne fait pas état en permanence mais qui nous fait rire par l'esprit du contenu.
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 juillet 2015 à 09:35
La vérité vous aurait rendu libre, Monsieur Boujenah !
Rédigé par : Michel G. | 20 juillet 2015 à 09:19
C'est qui Boujenah ?
C'est pas un acteur, ni un sportif, et encore moins un comique.
Juste un rigolo.
Rédigé par : oxi gene | 20 juillet 2015 à 08:55
Bonjour Philippe,
Personnellement j'aime bien Michel Boujenah. Qu'il soit juif ou Tunisien ou même les deux à la fois ne fait rien à l'affaire. Dans ses films et ses sketches il sait être drôle, émouvant et son talent ne saurait être contesté.
Mais son amertume au motif de ne jamais avoir été nommé aux Molières en 36 ans de carrière est assez pathétique. Cette recherche de la récompense est symptomatique du monde d'aujourd'hui, cette course à la gloriole ridicule qui permet de se prévaloir d'un mérite le plus souvent factice car essentiellement obtenu grâce à ses relations personnelles.
Tiens Gérard Jugnot fait partie de la nouvelle promotion de la Légion d'honneur. J'aime bien Gérard Jugnot. Lui aussi il sait être drôle, émouvant et son talent ne saurait être contesté.
Mais j'aimerais bien qu'on m'explique à quel titre il a cette distinction qui n'a depuis longtemps plus rien d'honorifique mais est devenue plus simplement une marque de reconnaissance entre gens qui se rencontrent dans les salons parisiens et les dîners en ville.
Louis de Funès n'a jamais obtenu le moindre prix dans sa carrière. Il est vrai que les comiques sont souvent oubliés car faire rire ce n'est pas très valorisant. Et pourtant il n'en demeure pas moins un des comédiens les plus populaires en France.
Et puis Molière, César, prix au Festival de Cannes ou d'ailleurs, même la Légion d'honneur, tout cela ne vaudra jamais sa marionnette aux Guignols.
Il suffit de se souvenir du tollé qu'a déclenché Vincent Bolloré, il y a quelques semaines, en voulant toucher à cette "institution". Les politiques, journalistes, personnalités du show-biz qui étaient brocardés, souvent sans ménagement, se sont tous indignés en apprenant qu'on voulait leur enlever leur "miroir".
Alors une marionnette pour Michel Boujenah, OK les Guignols ? Ça lui fera tellement plaisir et puis il le vaut bien !
Rédigé par : Achille | 20 juillet 2015 à 08:02
Oui mais dans ce domaine, ne serait-ce pas simplement au public de juger, et dans le cas, comme pour celui de MB, où ce public aurait répondu présent, quelle est donc cette envie supérieure d'être de plus récompensé par ses pairs ?
Rédigé par : herman | 20 juillet 2015 à 05:57
Laissons Michel Boujenah ne plus rien être du tout... Et savourons cette victoire héroïque de nos volleyeurs en finale de la Ligue mondiale !
Quel match ! Au moment où les Serbes croyaient avoir mis Ngapeth sous l'éteignoir, Rouzier renaissait de ses cendres. Sans oublier Tillie, fils et sosie de son père le coach, qui malgré son genou fatigué a stabilisé la réception et permis au passeur et aux centraux de montrer leur talent. Même le banc est exceptionnel, à l'image de Franck Lafitte, le Montpelliérain qui rentre en demi-finale et chausse à deux reprises les champions du monde, envoyant l'équipe en finale.
Bref, une victoire d'un collectif, d'une bande d'amis, qui font honneur à la France, à ses valeurs, en particulier à la qualité de son sport amateur.
Ngapeth MVP, c'est la reconnaissance d'un joueur qui n'est pas le plus grand ni le plus haut, mais qui prend le jeu à son compte comme seuls de rares champions savent le faire.
Aujourd'hui, la France a forcé le respect du monde du volley.
J'ai côtoyé certains de ces joueurs en sport amateur, quand ils étaient adolescents au format d'asperges, lors de tournois en salle à Paris ou de plage à La Grande-Motte.
C'est très émouvant de les voir à ce niveau.
Rédigé par : Alex paulista | 20 juillet 2015 à 04:07
Cher Philippe,
La plus belle des reconnaissances pour un acteur, c'est celle du public.
La recherche de la consécration est souvent une mauvaise piste, parce que derrière la consécration, il y a la solitude, l'exigence.
Ce que nous pouvons lui souhaiter, c'est de faire ce qu'il aime et de partager son plaisir avec le public.
La plupart des acteurs sont enfermés dans des rôles. C'est la prudence du producteur.
Le cinéma d'auteur est peu relayé et cependant attirant.
Il devrait se féliciter et laisser les distributeurs de prix, de trophées à leur juste valeur commerciale.
Combien de navets ont été primés ?
Combien de peintres et d'écrivains n'ont pas connu leur exposition, leur succès et avaient du mal à survivre.
Si Michel Boujenah arrive encore à manger de la viande une fois par semaine, il doit se considérer comme chanceux, car c'est loin d'être le cas pour tous.
Il y a pas mal d'intermittents qui font les poubelles...
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 20 juillet 2015 à 03:11
ll ne faut pas attendre la fin pour mettre en cause le trajet.
Votre dernière phrase, Philippe Bilger, s'apparente à une gifle en plein visage !!
Si Boujenah avait eu un quelconque talent, nanti des antécédents qui lui sont de facto favorables, pensez, juif et Tunisien, par les temps qui court ça vaut tous les titres de noblesse, si donc ce brave Michel était de la race des grands acteurs et des grands showmen, il ne serait pas en train de pleurnicher !!
Incroyable cette indécence de ces histrions à se plaindre d'une pas assez grande notoriété quand des quantités de scientifiques, de musiciens, d'intellectuels restent dans l'ombre alors que leur "utilité sociale" n'est tout bonnement pas considérée !!
Un de mes amis avec huit prix du Conservatoire national supérieur de musique de Paris n'arrive pas à gagner sa vie...
Se plaint-il alors que les médias s'enthousiasment pour des rappeurs ou des DJ qui n'ont pas la moindre notion de solfège ?
Basse époque en vérité !
Rédigé par : caroff | 19 juillet 2015 à 23:48
Je partage votre avis, cher Philippe, les déclarations de Michel Boujenah et sa colère méritent qu’on s’y arrête. Elles révèlent des interrogations qui me paraissent de portée universelle.
Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie et qu’est-ce que la vie a fait de moi ? Question que chacun, arrivé à un certain âge, se pose plus ou moins consciemment. Quelle est la part du hasard et celle de la volonté dans ce que je suis devenu ? Ai-je maîtrisé les déterministes qui pèsent sur moi, ai-je évité de me laisser porter par eux ? Pouvoir répondre positivement à cette question, ne serait-ce que partiellement, n’est-ce pas constater qu’on a avancé sur le chemin de la liberté ?
C’est de mon point de vue déjà beaucoup..
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 19 juillet 2015 à 23:47