Le hasard des vacances fait qu'au cours d'une soirée, on a évoqué la composition extraordinaire de Gérard Depardieu dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau. Dès le lendemain j'ai ressenti l'envie, qui ne pouvait souffrir aucun retard, d'acheter la pièce en livre de poche. Durant trois heures, je l'ai relue d'une traite et cela a été un éblouissement comme lors de ma découverte de ce texte.
Davantage même car l'homme d'aujourd'hui a une connaissance de l'existence, une expérience, des doutes, des certitudes, des désillusions, des élans, un enthousiasme dont l'adolescent d'il y a longtemps était privé. Il est mieux à même d'appréhender la richesse inouïe de cette oeuvre en cinq actes.
Non seulement elle n'a pas vieilli mais son indéniable, époustouflante virtuosité, sa brillante superficialité ne masquent plus trop, comme à une certaine époque, ce que les morceaux de bravoure de Cyrano - ses grandioses refus et ses dilections épiques - ont de profondément contemporain et, parfois, de tristement actuel. Ils éclairent et pourfendent, avec une salubre vigueur, lucidité et une ravageuse dénonciation, des comportements, des attitudes, des lâchetés, des indignités et des médiocrités de toutes sortes dont la vie sociale, politique, intellectuelle, culturelle, médiatique et judiciaire fournit de trop nombreux exemples.
On va me rétorquer, pour ne pas changer, que c'est de la naïveté et qu'il est puéril de confondre le fictif avec le réel. Que le monde est tragique et qu'on n'a que faire du panache comme style d'existence face aux monstruosités de maintenant. Les poètes, même bretteurs, ne pèseraient pas lourd, confrontés aux bourreaux.
On va peut-être aussi traiter de haut Edmond Rostand, son clinquant et ses trouvailles. On va se moquer de ce versificateur vulgaire et trop spirituel comme si, dans son texte, ne se glissaient pas quelques pépites de poésie pure comme, par exemple, cette merveille dite par Cyrano : "...Le clair de lune coule aux pentes des toits bleus...".
Rien ne me détournera d'une admiration ravivée par ma maturité.
Le tour de force d'avoir réussi, en ayant choisi un personnage central de noble volée, d'émotion vraie et d'esprit sans cesse inventif, à créer "une comédie héroïque" à sa hauteur où pas un instant la tension ne retombe, le langage ne se banalise, la pensée ne s'abaisse et le sentiment ne s'affadit.
Les tirades, qui sont devenues mythiques tant elles ont été incorporées dans cette culture élémentaire qui est bien plus de la culture : l'appropriation par tous au lieu du savoir pour quelques-uns, notamment celles du "nez" et du "non merci", dépassent, de très loin, les limites d'un art même au comble de l'excellence pour atteindre une sorte de vérité universelle qui sert à toutes les générations.
Le personnage de Cyrano représente, dans son être multiple que les contrastes enrichissent, un modèle pour une société qui, encore plus aujourd'hui que dans son siècle, aspire à la sincérité, à l'intégrité, à la loyauté, au courage, à la dignité et à l'allure. Qui y aspire certes mais comme on rêve. Qui tend vers ces exigences mais en est de plus en plus éloignée. Au point que domine la nostalgie sans même l'espérance pour consoler.
Cyrano est ce qui nous manque. L'incarnation, pour beaucoup, du héros français met cruellement en évidence tout ce qui, de nos jours, l'a désertée, abandonnée et trahie.
Quand le courage tourne à la sauvagerie, la foi à l'intolérance meurtrière, la dignité à la vulgaire exhibition, l'ambition à l'arrivisme forcené, l'orgueil au narcissisme, la liberté à l'étouffement des adversaires, la fraternité au copinage obligatoire, l'art à une grande foire et le pouvoir à une domination partisane, on oserait soutenir que Cyrano de Bergerac est inutile ?
Des personnalités comme la sienne ne meurent pas. Elles s'effacent apparemment, elles rôdent, sont aux aguets, aux alentours. Prêtes à dégainer, à tirer l'épée contre la bêtise et l'indécence. Contre les petits maîtres et les grands faiseurs. Contre coquins et gredins de luxe ou de bas étage. Il n'est que temps de le proférer, de le hurler, de l'appeler.
Cyrano, reviens !
@breizmabro
Oulah ! Quel feu !… sans verve. Moi non plus je n'ai pas celle de Rostand.
Mais l'un n'exclut pas l'autre… et l'auteur des Provinciales ne manquait pas de panache !
Lisez Savinien quand même, ça ne vous empêchera pas d'apprécier Rostand.
Rédigé par : Pierre BERTHON | 14 août 2015 à 20:43
@Garry Gaspary | 14 août 2015 à 10:53
« Cyrano viendrait sans doute nous dire qu'il n'y a pas d'autres alternatives que celle d'une production de porc qui ne réussit pas à faire vivre le producteur, qui ruine l'environnement et qui refile le ténia à celui qui en mange. »
Hum, le nez de Cyrano pour commenter l'actualité de ces animaux que les Chinois nomment 'petite queue'...!
Mais parlons-en du porc qui ne fait pas vivre les éleveurs. Ces derniers souhaitent, pour s'en sortir, pour survivre, donc pas même pour récolter le juste fruit de toute la peine qu'ils se donnent en travaillant comparativement dix fois plus que les administratifs et les spéculateurs qui leur mènent la vie dure, que le prix du kilo qui leur est reversé passe de 1€34 ou quelque chose comme cela, à 1€40.
Honnêtement dit, qu'est-ce que vous avez aujourd'hui pour un 1€40 ?
Je dirais même plus, qu'est-ce que vous avez aujourd'hui pour six centimes ?? pour ces six centimes de pièces jaunes dont le consommateur fait don sans même y penser à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France et qu'il thésaurise à cet effet toute l'année dans une vieille boîte de conserve ? Ce consommateur qui paie lui les brochettes de porc 11€90 le kilo pour ne pas dire 12€, qu'est-ce que cela lui ferait de payer même 11€99 puisque de toute façon le prix ne franchirait pas la barrière psychologique de l'unité supérieure ?
Je pense même qu'il serait heureux de donner neuf centimes d'euros en pièces jaunes à chaque kilo acheté pour que survive la filière porcine et que les producteurs ne se suicident pas, autrement dit six centimes pour le producteur et trois centimes pour la gestion de la collecte et de sa redistribution de façon à ce que les spéculateurs, les mêmes que ceux qui jouent avec le prix du blé et les céréales, puissent continuer à s'engraisser de 11€90 moins 1€34 soit 10€06.
Oui, bon, je sais que ces 10€06 n'incluent pas que le bénéfice de la centrale d'achat mais celui de toute la filière jusqu'au retour sur investissement du prix de la balance sur laquelle est pesé votre kilo - si déjà vous achetez un kilo, mais si vous n'achetez que 200gr, cela ne ferait que 1,2 centime d'euros d'augmentation - sans compter le prix du papier dans lequel on les enveloppera, de l'étiquette qu'on collera sur le sachet plastique recyclable avec en prime la mauvaise humeur du stagiaire d'été qui pense que le sourire et la politesse ne figurent pas dans son contrat saisonnier.
Mais bon, je pense que Le Foll qui appartient à un gouvernement qui ne s’embarrasse pas de tellement de formalités pour réviser la TVA des restaurateurs, ou encore les taxes sur le prix du litre de carburant à la pompe - ce qui ne profite à personne d'autre qu'à lui-même vu qu'on ne voit jamais baisser consécutivement le montant de la dette ou encore les chiffres du chômage -, préférera ne prendre en compte que les voix des électeurs végétariens augmentées de celles de ceux qui ne consomment pas cet animal ainsi que de quelques voix écolos qui préfèrent voir gambader dans le pré les mignons trois petits cochonnets, pour ne pas hésiter à nous pondre un Florange porcin ! Un Florange de plus ! Mais bon, sans doute ne sont-ils plus à un Florange près.
Quant au ténia solium, celui du porc, rassurez-vous, de détection facile il aurait pratiquement disparu des pays industrialisés dont les services vétérinaires font correctement leur boulot et qui n'ont plus de cabinets au fond du jardin où les mouches coprophages pourraient aller récolter quelques larves dont elles parsèmeraient ensuite les viandes que vous auriez omis de mettre au réfrigérateur ou selon le cas, dans la glacière. Dès lors, même une cuisson rosée ne vous le communiquerait pas.
Enfin, quant à Cyrano, le thème de l'échec, certes, mais aussi le sens du dépassement jusqu'à l'absurde qui a tellement de panache et qui est si bien rendu par le style du billet de ce jour !
Rédigé par : Catherine [email protected] Gaspary | 14 août 2015 à 18:48
Mais keskelle nous veut breizmabro à Berthon et à moi ?
On loue le personnage, on parle du ravissement de son style, et non, on est des intellos. Qui a dit que nous salissions votre rêve innocent ?
Mais c'est la France qui s'avance : ne dites rien, ne faites rien, contentez-vous de vous laisser emporter. Que non pas. Ce qui est fiction doit le rester, et j'ai clairement dit que je m'en repaissais, ce qui est histoire doit aussi le rester, et le premier ne porte ombrage au second que lorsque des esprits politiques s'en emparent pour donner à la fiction le lustre de la vérité. La République s'est montrée experte dans ce domaine, jusqu'à l'un de nous qui dit que Cyrano est de droite alors que la France a besoin d'une vraie gauche. Voilà que la fiction est encore clivée : celle de gauche et celle de droite. Pince-moi, ma mère, je rêve. Quel est le critère de la gauche, de la droite ? Le seul homme vrai c'est Sanson ; bourreau sous l'Ancien Régime, bourreau sous le nouveau.
Oui, Cyrano était un libertin du XVII°, c'est tellement plus beau d'être dans la case de Dolet, de Saint-Evremond, des Patin, des Ledoux, des Pierre Bayle, de crier sa douleur avec Vanini, sourire avec le délicieux Dassoucy, présent chez Cyrano, et pour finir, à vous qui n'êtes qu'une vieille catachrèse, je dédie ce poème de Cyrano :
Auteur foutu d'un foutu livre
Ecrivain foutu de Cypris
Qui dans tous ses foutus écrits
fait bien voir que bien foutre est bien vivre
Cent arguments foutus dont tu fais tes leçons
Pour faire foutre en cent façons
n'éterniseront pas ta plume.
Non, ce qui te rendra à jamais glorieux C'est que dans ton foutu volume
Par une nouvelle coutume
Ta prose nous fout par les yeux.
Alors, c'est de gauche ou de droite ?
Rédigé par : genau | 14 août 2015 à 18:44
Le nez et le panache... hélas oui, comme ils nous manquent.
Imaginez nos ganaches dans la pièce de Rostand : où les planquerions-nous, ces pantins d'aujourd'hui ?
Rédigé par : HT | 14 août 2015 à 18:29
La question que tout le monde se pose : "Cyrano était-il christianisé ? Son nez penchait-il à gauche ou à droite ? Eut-il, comme celui de Cléopâtre, changé la fesse du monde ?
Rédigé par : sylvain | 14 août 2015 à 16:26
@Pierre BERTHON | 14 août 2015 à 10:17
@ genau | 14 août 2015 à 09:45
Arrêtez de nous ennuyer avec votre "intello" hors de nos rêves, nous, nous aimons Cyrano avec les dialogues de Rostand comme on aime les Tontons flingueurs avec les dialogues d’Audiard !! C’est un truc, une espèce d’univers (que, peut-être, vous ne pouvez pas comprendre…).
M... à la fin ! Vous, vous nous faites "je suis un intello blogueur, merci d'en prendre note" alors que nous, Ph. Bilger et moi (et d’autres), nous avons tellement voyagé dans le sordide que, par politesse, vous pourriez nous laisser nos rêves, la poésie, la transposition, bref tout ce que notre monde actuel ne nous offre plus.
Une minute, s’il vous plaît, messieurs les bourreaux.
Rédigé par : breizmabro | 14 août 2015 à 15:49
Votre billet est d'autant plus cocasse que vous vous situez à des années lumière d'un Cyrano qui aurait méprisé votre goût pour les "people" et votre besoin effréné de reconnaissance médiatique. Imaginez-vous le sauvage et poétique gascon commenter les tweet ou les couvertures de Paris Match à la manière d'une madame Michu de la blogosphère ? Non, bien sûr...
Rédigé par : Laurent Dingli | 14 août 2015 à 15:17
Le nez, ils le possèdent tous à tel point que l'on fait plutôt le rapprochement avec celui de Pinocchio, le souffle, aucun, que des mesquins sans grandeur d'âme ni élévation de vertu. Un des plus proches, par la région, a bafoué tous les idéaux magnifiquement interprétés - par Daniel Sorano -, je veux dire l'emblématique J.Cahuzac qui lui ne croyait même pas aux idées politiques qu'il servait.
Au fait que devient-il ? Non seulement il planquait en Suisse mais en plus il sort indemne d'un combat moral qui ne l'a sans doute pas trop éreinté. Effectivement, n'est pas Cyrano qui veut, pour cela il faut tutoyer l'exceptionnel.
Sacrebleu ! Faut-il qu'on aille les chercher tous, ces misérables qui piétinent tout sous leurs pieds ? Drôle de justice, comme dirait Yves Thréard, "elle a le temps", ouais, ouais, quand cela l'arrange il prend lui aussi les habits du faquin.
Rédigé par : Giuseppe | 14 août 2015 à 13:51
"Cyrano, reviens" ?
Cyrano est tout de même un perdant.
Mais peut-être est-ce là notre problème, nous sommes gouvernés par des gagnants. Nos politiciens sont des gens humainement sans intérêt, avec des capacités restreintes, des compétences étriquées, et, pourtant, regardez leur vie : ils sont puissants, ils nous dirigent, ils sont escortés, des courtisans se prosternent devant eux, ils ont des privilèges, ils vivent dans des palais somptueux, leurs revenus n'ont aucune relation avec un quelconque service qu'ils apporteraient et pourtant nous sommes obligés de les payer...
Incontestablement, ce sont des gagnants, pour eux-mêmes.
Alors cela nous changerait en bien d'être gouvernés par un perdant.
Rédigé par : Franck Boizard | 14 août 2015 à 13:47
Je suis tombé ce matin sur un titre en pleine page d'un quotidien, "On a retrouvé le président", la bêtise médiatique actuelle à la une... Bien content, en rentrant, de retrouver, grâce à PB, Cyrano, le souvenir de la pièce, des films, et d'un été passé à Cambo-les-Bains. Comprendre et aimer l'esprit Cyrano, est-ce être trop français ? Et merci aux commentateurs, tel lucterius, qui nous remémorent des extraits. C'est peut-être ça, le bonheur d'être français, et c'est un bonheur que l'on veut bien partager.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 14 août 2015 à 13:29
Bravo Philippe Bilger pour ce si beau billet qui montre parfaitement la différence entre ce que nous fûmes et ce que nous sommes… « Au point que domine la nostalgie sans même l'espérance pour consoler »... le désespoir en plus.
Je vous souhaite de bonnes vacances.
Rédigé par : adamastor | 14 août 2015 à 12:25
Ne critiquons pas l’œuvre mais plutôt le billet !
Où se situent la sincérité, l'intégrité, la loyauté, le courage, la dignité et l'allure d'un homme qui n'a fait que monter machination sur machination pour dissimuler ses sentiments à la femme qu'il aimait, la préciosité stupide de cette même femme et la sottise d'un amant qu'elle aurait sans cela éconduit ?
Quel est le bilan de la vie de Cyrano ? Trois vies brisées par l'idéalisation qui tourne toute réalité néfaste en fatalité spectaculaire.
La France actuelle n'a pas besoin de Cyranos, la France actuelle n'a pas besoin qu'on idéalise sa lente agonie pour mieux se stupéfier au jour de sa mort.
La France actuelle a besoin d'hommes et de femmes conscients de la réalité dans laquelle ils vivent et qui enfin reconnaissent que leur malheur est le malheur du monde actuel, et ne provient principalement pas de l'immigration ou de l'islam, mais d'un système globalisé dans lequel le seul porc qui ne trouve pas preneur sur le marché est celui qui est produit dans les meilleures conditions humaines : respect du producteur, de l'environnement et du consommateur.
Cyrano viendrait sans doute nous dire qu'il n'y a pas d'autres alternatives que celle d'une production de porc qui ne réussit pas à faire vivre le producteur, qui ruine l'environnement et qui refile le ténia à celui qui en mange.
Cyrano était de droite. La France actuelle a besoin d'une vraie gauche qui apporte la révolution, pas la résignation fataliste.
Rédigé par : Garry Gaspary | 14 août 2015 à 10:53
Fort belle envolée lyrique, très française, très "tradi", dont je retiendrai ce passage :
"Quand le courage tourne à la sauvagerie, la foi à l'intolérance meurtrière, la dignité à la vulgaire exhibition, l'ambition à l'arrivisme forcené, l'orgueil au narcissisme, la liberté à l'étouffement des adversaires, la fraternité au copinage obligatoire, l'art à une grande foire et le pouvoir à une domination partisane, on oserait soutenir que Cyrano de Bergerac est inutile ?"
L'honneur d'être Français est l'exact contraire des tares que vous dénoncez et qui semblent être devenues la règle commune, uniformisée par les médias.
Quant au commentaire, je fais mien celui de lucterius | 14 août 2015 à 09:00 auquel rajouter ne serait que redondance.
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Je souhaiterais compléter mon commentaire par une réflexion sur les menaces qui pèsent sur notre langue française si parfaitement défendue par Edmond Rostand dans Cyrano, celle qui, Monsieur Bilger, vous éblouit manifestement.
André Bellon a mis en ligne sur le site du Canard Républicain une excellente analyse sur les risques que fait peser l'adoption promise par Monsieur Hollande de la charte européenne des langues sous le titre "Charte européenne des langues : une manœuvre insidieuse contre la République !"
http://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article725
A cela s'ajoute une réforme régionale destinée à renforcer le rôle des présidents de régions dont la taille en fera des länder à l'allemande, à diminuer encore plus le rôle de l’État, sans aucun doute dans la perspective de transformer la France en République fédérale, destinée à la rendre plus à même de se fondre dans le système européiste voulu par nos technocrates qui s'assoient allégrement sur les principes fondateurs de notre République française, ceux qui en font sa spécificité dans le concert des nations.
Rédigé par : Robert | 14 août 2015 à 10:52
Oui, le vrai Cyrano était parisien et n'a rien à voir avec le personnage de Rostand, mais il faut le lire, pour comprendre ce qu'est un libertin contemporain de Pascal (ce qui ne concerne en rien la génitalité de ses pratiques).
Rédigé par : Pierre BERTHON | 14 août 2015 à 10:17
Il y a tout en effet, absolument tout, dans cette pièce extraordinaire : la guerre et la paix, la mort et l'amour, le rire et les larmes, la facilité et la maestria... et il y a le sacrifice final. Et dans ce tout il y a surtout le manque : l'amour touchant au sublime car il ne s'accomplit pas...
"Roxane
- Je vous aime, vivez !
Cyrano
- Non ! car c'est dans le conte
Que lorsqu'on dit : Je t'aime ! au prince plein de honte,
Il sent sa laideur fondre à ces mots de soleil...
Mais tu t'apercevrais que je reste pareil."
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 14 août 2015 à 10:13
Beau, beau, beau, je me permettrai d'y revenir, mais Cyrano n'était pas gascon, banalement parisien et sans doute homosexuel. Rostand a transcendé le personnage pour en faire une lumière. Mais lumière il l'était par son Histoire des Etats de l'empire de la lune et du soleil. A lire avec ravissement. Cyrano est un aiglon des temps mythiques. La plus belle pièce de l'auteur est sans doute Chanteclerc d'une tristesse douce et pleine de la désillusion de la vérité. Cela dit, le pauvre auteur séquestré par sa famille a dit dans ses pièces toute l'ironie de l'héroïsme confronté à la sauvagerie du quotidien.
Rédigé par : genau | 14 août 2015 à 09:45
Monsieur Bilger vous avez des défauts que, nous qui sommes vos lecteurs assidus, nous connaissons bien. Je n'aurai pas le mauvais goût d'en parler. Mais le présent billet montre une qualité devenue rare en France. Vous tranchez avec cette spécificité typiquement française qui est le dénigrement systématique. Et d'ailleurs, à moins que je me trompe fort, beaucoup de commentaires vont sûrement en apporter la preuve. Cette qualité devenue si rare est de savoir apprécier. Et c'est vrai que cette pièce d’Edmond Rostand est un vrai chef-d'oeuvre pour bien comprendre notre esprit en France, ce pays qui a pour emblème le coq (cet animal qui a les deux pieds dans la m...e et qui, bravache, lance pourtant des cocoricos tous azimuts).
J'ai toujours beaucoup aimé cette pièce dont je connais plusieurs tirades par cœur. J'aime beaucoup Depardieu mais ce rôle n'était pas pour lui car Cyrano crève la faim et il est efflanqué ce qui n'était pas déjà le propre de Depardieu quand il a tourné ce film. Dans cette pièce on trouve à la fois l'esprit bravache des Gascons, le courage de ces cadets de Gascogne qui n'avaient pour seul pécule que leur épée, la conscience d'une grande valeur annihilée par ce nez qui le ridiculise. Et malgré ce que les contempteurs professionnels pourront dire on n'y trouve pas seulement une sensibilité de midinette.
De mémoire je vous donne ces quelques vers qui se trouvent vers la fin. Cyrano n'a plus que quelques minutes à vivre. On l'a assassiné en lui balançant une poutre sur la tête. Dans son dernier entretien avec Roxane il compare sa vie à celle des feuilles qui tombent des arbres :
Dans ce trajet si court de la branche à la terre,
Comme elles savent mettre une beauté dernière,
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol,
Veulent que cette chute ait la grâce d'un vol !
Exactement comme ces feuilles qui tombent, Cyrano lui aussi veut mourir avec panache.
Rédigé par : lucterius | 14 août 2015 à 09:00
Rien de tel pour s'en imprégner qu'un pèlerinage à Cambo-les-Bains.
Rédigé par : Jabiru | 14 août 2015 à 08:53