Sans tomber dans le cynisme, les immenses catastrophes, les privilèges, les corruptions et les injustices ont au moins un mérite, ce seul avantage : sous toutes les latitudes et dans tous les pays, ils suscitent la révolte et l'indignation et ce qui est réconfortant, c'est l'émergence, de plus en plus fréquente, d'une Internationale du refus et de la revendication. Le monde tout entier ne se laisse plus mener par le bout de la dépendance.
Certes il ne s'agit pas des traumatismes singuliers, ponctuels qui sont traités de manière classique ou, au pire, sont étouffés sans que l'opinion se mobilise.
Si les démocraties sont concernées par ce Collectif qui surgit sans qu'on y prenne garde, il a surtout une importance capitale dans les régimes totalitaires, autoritaires, qui ont beau faire peser une chape de plomb, de silence et d'obligatoire acceptation sur les scandales, les misères, les détresses et les inégalités, ils sont cependant de moins en moins armés pour résister à la pression diffuse ou ostensible d'une indignation libérée de ses craintes.
Cette Internationale a cette particularité et cette puissance d'échapper à la contestation politique proprement dite pour se fonder essentiellement sur des exigences ou des détestations purement humaines.
Ce n'est pas le citoyen ni le militant qui interpellent, où que ce soit, les pouvoirs mais la personne brisée, l'être qui a tout perdu, l'homme qui ne supporte plus qu'un puissant qui a violé ne soit pas poursuivi, le groupe qui, victime de désastres contre lesquels on ne réagit pas, ou pas assez vite, ou en les sous-estimant, se dresse contre l'incurie ou l'incompétence - ce sont des multitudes et des humains qui font surgir d'eux la spontanéité d'une opposition qui se fonde sur un sentiment infiniment plus profond que l'adhésion ou le rejet partisan : un dégoût naturel qui naît du caractère au sens propre inadmissible d'une situation si choquante, si obscène que confusément on perçoit que l'Etat même le plus odieux n'oserait pas formellement la valider.
Des exemples multiples de cette Internationale de l'indignation : à la suite des explosions chimiques en Chine et des 144 morts pour l'instant à déplorer, Bachar el-Assad qui n'a pas pu ne pas sanctionner un membre de sa famille contrairement à son habitude, les révoltes toujours en Chine quand dans certaines régions des satrapes avaient commis le pire et prétendaient n'être pas inquiétés, la perception qu'en France, il y a des indélicatesses qui ne se font pas et des abus qui ne sont pas tolérables... (Le Figaro, Le Monde). Il n'est même pas besoin de malfaisances grandioses mais d'une quotidienneté banalement indécente à le mesure de ce que nous pouvons imaginer et concevoir.
J'aime passionnément que, contre la maîtrise apparente, les processus officiels, les décrets du Prince ou du dictateur, la patiente et fataliste tolérance de ceux qui se désespèrent ou s'attristent mais baissent les bras, l'esprit et le coeur parce que rien ne serait jamais à sauver, il y ait l'irruption, partout dans le monde, d'une manière suffisamment imprévisible pour n'être pas contrôlée, d'une Internationale qui au fond se contente de proférer, mais avec quelle force, que trop c'est trop.
Comme un caillou jeté par la morale contre le désordre de l'univers.
@ Xavier NEBOUT | 19 août 2015 à 11:10
« Il suffisait de faire le blocus du Japon, de finir de le ruiner avec des bombardements ciblés, et d’attendre. »
Il est aisé de refaire l’histoire à votre convenance, je vous signale quelques faits contredisant votre vision a posteriori. Le blocus du Japon était total et effectif depuis la fin de l’été 1944, en outre à cette date son industrie, et pas seulement militaire, était quasiment détruite au deux tiers voire aux trois quarts. Pour autant les dirigeants japonais ne manifestaient aucun signe de reddition, vu le fanatisme de leurs militaires et l'embrigadement de la population civile, cela pouvait fort bien durer des années.
Par ailleurs les troupes nippones occupaient toujours la Mandchourie, la Corée, ~ le tiers de la Chine (sa partie côtière entre autre), l’Indochine, etc. Dans une bonne partie des ces pays elles se livraient à des massacres continuels de civils, à la guerre bactériologique en Corée, et les prisonniers de guerre subissaient des conditions dignes des camps de concentration nazis.
« D'une manière générale, les Américains se sont battus comme des abrutis et sans compter les morts de part et d'autre sur à peu près tous les théâtres d'opération. Le débarquement : 20 000 civils français morts pour 19 000 soldats allemands ! »
Vous faites dans l’anachronisme militaire, car hélas les technologies de l’époque notamment en matière de bombardements aériens étaient relativement imprécises. Les Cruise missiles et autres bombes à guidage laser et GPS étaient loin d’être inventées !…
Rédigé par : Trekker | 20 août 2015 à 13:25
@ Jean-Paul Ledun
Merci pour votre témoignage concernant Stéphane Hessel. Personnellement, je comprends que des hommes et femmes, nés pendant la dernière guerre ou même avant, cherchent à exorciser par tous les moyens cette période terrible de leur histoire. C'est d'autant plus vrai pour les Allemands et Autrichiens de cette génération. Vu sous cet angle, Hessel, nonobstant son appartenance politique, est forcément à leurs yeux un modèle et une sorte d'icône intouchable.
Quant à son opuscule que je n'ai pas lu, comme déjà dit, il ne me semble pas que ce soit ce que les historiens retiendront de son parcours dont on doit reconnaître, même si l'on ne partage pas ses idées gauchistes, ce qui est mon cas, qu'il fut à beaucoup d'égards, courageux et exemplaire, sinon héroïque, tant sur le plan de l'engagement que d'une loyauté indéfectible envers les différents pouvoirs.
---
Chère Lucile, je ne vois pas en quoi vous vous sentiriez visée dès lors que je m'adressais à sylvain, dont j'apprécie souvent la drôlerie et la perspicacité, mais qui sur ce coup m'a semblé dépasser les bornes, tout en se haussant du col et en se faisant mousser. Ce qui est tout de même un peu facile, sinon puéril sous le couvert de l'anonymat. J'ajoute que lorsque l'on fait un commentaire en signant de son nom propre, l'on y regarde à deux fois, c'est une évidence. Et cela d'autant plus qu'à défaut d'être connu soi-même, on aurait parmi ses proches des personnes qui le seraient. Ce qui oblige forcément à une certaine modération et/ou réserve dans ses propos ou ses jugements.
A l'attention de sylvain :
Si vous aviez posté dans votre journal local sous votre patronyme, c'est en effet courageux. Mais comment le deviner si vous ne le dites pas ? Toutefois, concernant SH, je maintiens qu'il méritait le respect, eu égard à son passé, sans parler de son âge. Les seuls méprisables dans l'affaire étant les gauchistes pervers qui l'ont fait sortir de la naphtaline, afin de l'exhiber une dernière fois, tel un pantin fantomatique, pathétique et suranné !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 20 août 2015 à 13:17
@ Xavier NEBOUT | 19 août 2015 à 11:10
OK sur la différence entre procès en bonne forme, qui appelle de ma part la prescription, et analyse historique, qui n'a pas de prescription.
Mais l'analyse ne doit pas se transformer en jugement, sans quoi on retombe sur le problème du jugement a posteriori dans son fauteuil.
Si on veut critiquer les morts, le plus réglo est de s'appuyer sur des témoignages et des jugements de contemporains.
On peut critiquer la colonisation des Amériques parce que Montaigne l'a fait, on peut critiquer l'offensive Nivelle parce que le gouvernement doutait, on peut critiquer les généraux de 1940 parce que Marc Bloch a écrit L'étrange défaite.
Il me semble que les bombardements nucléaires sur le Japon n'ont guère suscité de critiques par leurs contemporains.
Vous voyez, j'ai l'indignation circonspecte.
Rédigé par : Franck Boizard | 20 août 2015 à 09:01
"...Ce qui est tout de même un peu facile, sinon puéril sous le couvert de l'anonymat. J'ajoute que lorsque l'on fait un commentaire en signant de son nom propre, l'on y regarde à deux fois, c'est une évidence. Et cela d'autant plus qu'à défaut d'être connu soi-même, on aurait parmi ses proches des personnes qui le seraient. Ce qui oblige forcément à une certaine modération et/ou réserve dans ses propos ou ses jugements."
Rédigé par : Mary Preud'homme | 19 août 2015 à 22:58
Désolé chère Mary mais sur le journal quotidien local, le rédacteur de la rubrique du courrier des lecteurs impose de signer de son nom et prénom, seule l'adresse n'est pas accolée mais elle est très facilement visible sur l'annuaire ; donc pas d'anonymat possible, ce qui m'a valu de nombreux coups de téléphone et courriers avec insultes menaces etc. suite à mes deux articles sur Hessel en plus de ceux qui prenaient fait et cause pour Sarko et pour finir, le directeur du journal a mis fin à ce tintamarre en refusant mes articles. Ce que j'ai signé à la fin du message sur le blog de Philippe n est qu'une fanfaronnade que je m'autorise car du courage il m'en a fallu pour écrire en signant de mon nom en toutes lettres à la suite des articles pro Sarko et anti-Hessel.
Mary je vous autorise à faire amende honorable, sans rancune.
Rédigé par : sylvain @Mary Preud'homme | 20 août 2015 à 08:26
@ Franck Boizard | 19 août 2015 à 09:35
En parfait accord avec vous tant d’un point de vue philosophique, que sur les conséquences « bénéfiques » à terme de Hiroshima et Nagasaki.
Il ne faut jamais oublier l’adage : l’horreur appelle l’horreur. En matière d’horreurs commises entre 1937 et 1945, le Japon détenait un record approchant celui des nazis !
Rédigé par : Trekker | 19 août 2015 à 17:26
Tout à fait d'accord avec sylvain et Jean-Paul Ledun sur le ridicule opuscule de Hessel...
Rédigé par : Laurent Dingli | 19 août 2015 à 14:35
Catherine Jacob est aussi discrète que l'Empereur du Japon sur le 70e anniversaire. Un empereur qui sur chaque photo baisse la tête, on dirait qu'il craint de s'en prendre une...
Rédigé par : Savonarole | 19 août 2015 à 12:59
@Mary Preud'homme
"Cher ami, quand on se pose en modèle de courage et de vertu et que l'on signe d'un pseudo c'est que l'on n'est pas si libre qu'on le proclame à tout vent".
Mary Preud'homme je me sens un peu visée par cette boutade, car moi aussi j'ai un pseudo !!
Le pseudo est recommandé par les gens qui connaissent le net et ses traquenards, et je ne vois pas en quoi cela empêcherait d'échanger librement ses idées avec d'autres qui en font autant. Je ne saisis pas l'intérêt de divulguer mon identité, en particulier à des personnes qui lisent ce blog sans y participer, ou des voisins ou de vagues connaissances ; peu importe de connaître l'identité exacte des gens qui y participent ; ce n'est pas ce qui est attendu de nous, ni que nos pensées aient valeur de proclamation de foi. Je me demande en quoi la connaissance de mon nom changerait valablement la perception de ce que j'écris.
"On" peut maintenant retracer exactement les faits et gestes de chacun, avec les téléphones portables, les entrées d'autoroute, les comptes bancaires (bientôt nous n'aurons plus d'argent liquide, et même l'achat d'une épingle à cheveux sera traçable), les caméras, etc. Tout est fait pour aller fouiller dans la vie des gens. Tout ce que chacun de nous a écrit sur ce blog est accessible de A à Z aux Autorités si elles le désirent au nom du bien public. Donc effectivement, et là je vous suis, nous ne sommes pas si libres que cela.
Je trouve que de chacun ici, se dégagent une forme d'esprit cohérente, une manière de raisonner personnalisée, et un éclairage différent. On finit par bien se connaître, nom d'emprunt ou pas. Et ça me suffit largement.
Une anecdote pour en terminer avec le sujet : j'ai participé pendant plusieurs années à un blog d'origine anglaise, fréquenté internationalement. Ca tournait autour d'une énigme policière, il y avait de l'humour, des clans, des experts, des supputations. À l'occasion chacun donnait un détail de sa vie, quelques bribes, mais sans plus : ses goûts en matière de cinema, les difficultés pratiques de la vie en Afrique du Sud par exemple, le bal du village et un slow avec Monsieur le Maire vus par une étrangère en France, la vie dans un hopital anglais par une personne qui y faisait des séjours prolongés, etc. C'était passionnant. J'ai fini par rencontrer une des responsables (anglaise), et une autre personne (hollandaise) qui y écrivait régulièrement, à l'occasion de leur passage en France, et séparément, mais se connaissant de la même façon. Je ne dirais pas que ça a tout fichu par terre, mais presque, même s'il s'agissait de gens agréables à fréquenter. C'était difficile de superposer les nouvelles identités aux anciennes, et surtout, la curiosité passée, nous n'en éprouvions pas le besoin, on aurait dit que les conversations sonnaient un peu creux, et ne faisaient que répéter ce que nous nous étions déjà dit. Le lien était comme rompu. Or, une fois les rencontres faites, impossible de recommencer comme avant. Nous avons fini par nous perdre de vue, peut-être en suis-je responsable.
Je ne prétends pas faire d'une anecdote une loi générale, mais je me dis que la règle du jeu du blog, qui est de mêler nos pensées sans nous connaître autrement, a du bon.
Rédigé par : Lucile | 19 août 2015 à 11:41
Comme souvent, et plus particulièrement à ce sujet, on peut se demander quel est le pet au casque qui incite certains à se répandre en commentaires sans intérêt. A quoi bon écrire si ce n'est dans le but d'enrichir quelque peu celui qui vous lit ?
Ceci dit, M. Bilger nous propose une excellente réflexion sur une montée planétaire de l'indignation devant la corruption. Nous la devons assurément à internet, et cela annonce une démocratie à l'échelon mondial.
Par contre, nous avons le temps de nous réjouir dans la mesure où la corruption en sonnant et trébuchant fait place à la corruption en carrières et avantages avec la France comme porte-flambeau.
Nous nous coltinons en effet quelques milliers de fripouilles accrochées aux basques de la république dont on ne voit pas le début de la fin. Et il y en a même de plus en plus, comme ceux qui courent maintenant après des postes de présidents de région délégués.
Or, face à cela, il semble qu'on ne s'indigne pas !
@Trekker
Vous êtes têtu, avec les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki !
Il suffisait de faire le blocus du Japon, de finir de le ruiner avec des bombardements ciblés, et d'attendre.
A qui cela servait-il de gagner officiellement la guerre au plus tôt, sinon pour damer le pion aux Russes ?
D'une manière générale, les Américains se sont battus comme des abrutis et sans compter les morts de part et d'autre sur à peu près tous les théâtres d'opération. Le débarquement : 20 000 civils français morts pour 19 000 soldats allemands !
@Franck Boizard
Que les crimes de guerre ne soient pas sanctionnés passé un certain temps est une chose, qu'ils ne soient pas reconnus en est une autre, et que leur définition ne soit pas frappée d'anachronisme ou de parti pris, encore une autre.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 19 août 2015 à 11:10
@ Trekker | 19 août 2015 à 02:28
J'ajoute un argument philosophique qui a son poids, qui vient du général Lee, repris par Stimson, justement un des décideurs du bombardement atomique : "La guerre est une chose tellement horrible que tous les moyens sont bons pour l'abréger".
Quelqu'un (Foch, je crois), racontait, pour expliquer la désastreuse offensive Nivelle que, quand on est en guerre, surtout en coalition, la pression pour faire quelque chose, n'importe quoi mais ne pas rester l'arme au pied, est insupportable.
Bien sûr, assis dans son fauteuil, avec sept décennies de recul, les "y zavaient qu'à", les "c'était évident que" sont très faciles.
Je vais même pousser le bouchon plus loin. Admettons un instant que ceux qui disent que les bombardements nucléaires étaient inutiles pour faire capituler le Japon et qu'il y avait moyen d'en être sûr à l'époque (ce que je ne crois pas) aient raison, ces bombardements n'ont-ils pas servi à garder la guerre froide relativement froide ? N'ont-ils pas donné un poids de réalité à la dissuasion nucléaire qui a permis que l'URSS et les USA ne se mettent pas trop sur la tronche ? S'il n'y avait pas eu Hiroshima, aurait-on évité une vraie guerre nucléaire en Corée ?
Vous voyez, si nous voulons flatter notre ego à bon compte en faisant le procès facile des morts, qui ne peuvent se défendre, il faut aller jusqu'au bout. C'est pourquoi il devrait y avoir prescription de vingt ans pour n'importe quel crime.
Mais bon, si vous voulez faire le procès des morts, je ne peux vous empêcher, je crois que la pulsion anti-américaine (Mao a fait beaucoup plus de morts que Truman, ça n'émeut personne) qui fait le fond de l'affaire est trop forte. Sachez au moins que c'est mesquin et ridicule.
Rédigé par : Franck Boizard | 19 août 2015 à 09:35
@ Achille
Moi aussi je suis souvent indigné mais comme vous mon indignation en reste là car il est bien difficile d'influer sur le cours des choses. On constate, on déplore mais on ne peut que peu.
Rédigé par : Jabiru | 19 août 2015 à 08:57
@ Franck Boizard | 18 août 2015 à 14:00
"Accuser 70 ans après les Américains de crimes de guerre, c'est ridicule, mesquin et, surtout, malhonnête. Nous usons d'un savoir que, par la force des choses, les décideurs n'avaient pas…"
Totalement d’accord avec vous, ceux qui maintenant condamnent les Américains pour crimes de guerre à Hiroshima et Nagasaki donnent dans le pire en matière d’anachronisme.
@ HT | 17 août 2015 à 21:50
"Moi j'ai vu l'Empereur du Japon regretter les exactions de son pays durant la dernière guerre. Mais avez-vous entendu un seul Américain regretter d'avoir balancé deux bombes atomiques sur des villes japonaises ?"
Les Japonais ont regretté bien tardivement en termes vagues, et en minimisant tous les crimes de guerre commis par leur armée. Exemple, les massacres commis à Nankin en 1937 : ~ 300 000 morts dont 1/4 de prisonniers de guerre et 3/4 de civils, et dont une majorité de femmes firent avant l’objet de viols collectifs, que les gouvernants japonais qualifient encore d’exactions !
Quant aux ~ 200 000 adolescentes vierges coréennes déportées pour être prostituées dans les bordels militaires de l’armée nippone, ces mêmes gouvernements refusent la moindre repentance. Pour eux le nombre était dix fois inférieur, et quasi toutes déjà des prostituées !
Un exemple édifiant de cette difficulté à accepter et reconnaître son passé criminel, est le sanctuaire shintō de Yasukuni-jinja. Dans celui-ci sont répertoriés entre autres 1068 criminels de guerre qui furent condamnés après 1945 par le tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient. Certes l’actuel empereur ne lui rend pas visite, mais nombre de premiers ministres et politiques en vue le font ! Angela Merkel, Helmut Kohl, Gerhard Schröder, etc. se rendant en Allemagne dans un cimetière où serait inhumé Himmler, Goering, et autres gloires du IIIe Reich serait inimaginable.
Les Américains ont parfaitement raison de n’avoir aucun regret pour leurs deux bombardements atomiques et pour de multiples causes :
Ils ont abrégé la guerre et évité a minima un million de morts, tant japonais que militaires américains, si la guerre s’était prolongée, notamment par un débarquement. La société civile japonaise était tellement fanatisée et embrigadée, de plus éduquée dans le culte qu’être prisonnier était le déshonneur suprême et que mourir lui était hautement préférable (voir le suicide de centaines de civils depuis les falaises de Okinawa), pour ne pas être prisonniers des Américains. Mentalité totalement incompréhensible pour un esprit occidental, mais trouvant ses racines dans le culte du Bushido des samouraïs. Tout cela aurait conduit une majorité de la population à lutter jusqu’à la mort, même avec une pique de bambou, contre les envahisseurs américains.
Hiroshima et Nagasaki étaient bien des objectifs essentiellement militaires, ce que les Japonais omettent pieusement de citer. La première QG de la 5ème division, usines aéronautiques, dépôt de munitions, port stratégique, etc. ; de même dans une moindre mesure pour la seconde.
Malgré les déclarations sans ambiguïté de Roosevelt et Truman, les gouvernements japonais ne montrèrent aucun signe d’une volonté de capituler. Certes au cours des trois mois précédant Hiroshima et Nagasaki, leur ambassadeur à Moscou tenta d’entamer des négociations avec les Russes : Staline et Molotov refusèrent de le recevoir, et les diplomates de rangs inférieurs n’accordèrent aucun crédit à ses offres. Tous étaient persuadés de l’insincérité de celles-ci, qui ne visaient à leur sens qu’à gagner du temps.
Si les Japonais avaient voulu réellement entamer des négociations avec les USA et / ou la Grande-Bretagne, il leur était aisé de s’adresser aux ambassades des pays neutres présentes sur leur sol et celles-ci auraient retransmis leurs offres. Mais, et cela est capital, le haut commandement militaire refusait toute perspective de capitulation et même de "paix blanche", et il était avec la caution de l’empereur celui qui au final décidait de la politique à conduire.
A la décharge des Américains, les morts ultérieurs et les graves séquelles causées par les rayonnements issus des explosions nucléaires étaient minimisés voire inconnus, en toute bonne foi. Même le grand physicien Robert Oppenheimer, patron du projet "Manhattan", les considérait comme négligeables.
Pour conclure on peut citer Paul Tibbets Jr. pilote du B29 "Enola Gay" qui largua la première bombe atomique sur Hiroshima : l’accent mis sur les victimes des bombardements atomiques permit aux Japonais d’omettre la brutalité extrême de leur régime et de ses multiples crimes. Raisonnement d’un militaire, que certains qualifient de cynique, mais au demeurant imparable d’un point de vue logique.
Rédigé par : Trekker | 19 août 2015 à 02:28
Mary, j'ai du respect pour M. Hessel. Cela ne m'empêche pas de dire que son numéro bien huilé du petit vieux sur le retour qui fait un coup d'édition ne m'a pas plu. J'ai lu et je suis allé l'écouter ici dans ma ville. Il a très bien parlé... aux seniors et retraités qui remplissaient la salle (pas un jeune, à part moi).
Quand le moment des questions du public est arrivé, le rédacteur de ma feuille de chou, organisateur et financier du déplacement de M. et Mme Hessel, a fait semblant d'oublier sa promesse, a fermé le micro et a aidé ce fantastique vieillard à descendre de l'estrade...
Pas de questions venant du public ! M. Hessel qui trois secondes avant récitait du Heinrich Heine en allemand est devenu d'un coup très très vieux.
Marie, belle esbroufe que cela.
Les solutions qu'il propose ne mangent pas de pain mais n'en donnent pas non plus à nos chers Indignés qui n'ont plus trop de voix ces temps-ci.
Rédigé par : Jean-Paul Ledun | 19 août 2015 à 00:38
Une raison de s'indigner : l'arrivée de ces migrants au canot opportunément crevé sur la plage, aux Ray Ban et tablettes androïd qui, à peine le pied posé sur le sol européen, réclament eau bien chaude, confort et argent, au nom des droits de l'homme.
Attention danger, le camp des saints commence à révéler sa vraie nature d'envahisseur au détriment des vraies victimes.
Rien ne bougera en Europe : vacances, RTT et fiscalité absorbent toute notre pensée, mais aujourd'hui, quelque chose de planifié par une idéologie est en train d'aboutir.
Rédigé par : genau | 18 août 2015 à 23:42
@sylvain | 18 août 2015 à 18:58
"Signé : ma liberté de penser, irrévocable !"
Cher ami, quand on se pose en modèle de courage et de vertu et que l'on signe d'un pseudo c'est que l'on n'est pas si libre qu'on le proclame à tout vent.
Quant à l'engagement de Stéphane Hessel, il fut lui bien réel (et non virtuel) et sa loyauté indéniable, y compris à l'égard de ses adversaires politiques.
Quant à son pamphlet d'une dizaine de pages que je n'ai pas lu, il ne me semble pas que c'est ce que l'histoire (je veux dire la grande histoire) retiendra de cet homme. Mais pour le comprendre, encore faut-il avoir "une certaine idée de la France".
Rédigé par : Mary Preud'homme | 18 août 2015 à 22:42
Bonjour Philippe
"Sans tomber dans le cynisme, les immenses catastrophes, les privilèges, les corruptions et les injustices ont au moins un mérite, ce seul avantage : sous toutes les latitudes et dans tous les pays, ils suscitent la révolte et l'indignation et ce qui est réconfortant, c'est l'émergence, de plus en plus fréquente, d'une Internationale du refus et de la revendication. Le monde tout entier ne se laisse plus mener par le bout de la dépendance."
Les sujets d'indignation ne manquent pas. Tous les matins les médias nous en déversent à la pelle. A tel point d'ailleurs que l'on ne sait plus où porter notre indignation : viols, attentats, maltraitances diverses, guerres, etc.
En fait l'indignation a surtout pour effet de nous donner bonne conscience. Elle dure l'espace de quelques instants puis ensuite nous sommes ramenés à nos petits soucis personnels.
Nous savons bien que nous ne pouvons prendre en charge toute la misère du monde, alors la vie continue, à commencer par la nôtre, bien sûr.
Rédigé par : Achille | 18 août 2015 à 21:30
Comme vous êtes naïfs mes chers amis, vous faites pitié !
Tenez, voilà deux articles que j'avais postés à l'époque sur des forums de lecteurs au sujet de Stéphane Hessel, vieillard has been possédé en fin de vie du démon de midi gauchiste, tout en vivant bien dans son cadre bourgeois en mordant la main du système dont il profite confortablement et financièrement, envoyant sans vergogne au charbon des gueux indignés sans dents sans toit sans le sou, et qui m'avait valu un charivari dantesque dans la presse locale.
Son CNR a créé le pire système social égoïste corporatiste inégalitaire en surendettant des générations futures obligées aujourd'hui de rembourser leurs délirantes et ubuesques lubies économiques.
1) Indignation à 3,50 euros
Si la série de banalités et de lieux communs que nous sert M. Hessel dans son opuscule vendu en série à côté des caisses enregistreuses, au rayon bonbons et chewing-gum, devient une "nourriture idéologico-philosophique" cela en dit long sur l'état mental de notre société.
"Ceux qui vont contre le vent" : le joli nom que s'est donné la maison d'édition de M. Hessel, spécialisée dans la bien-pensance (de gôche bien sûr).
Cela rappelle la dialectique soviétique, en détournant le sens des mots (les "républiques démocratiques" étant tout sauf démocratiques...).
S'indigner de nos jours de tout et de rien, ce n'est pas aller contre le vent, c'est au contraire très à la mode, et avec ça on est sûr de plaire...
2) Papy fait de la résistance
Le sympathique et bucolique reportage sur le quotidien local de ma région au sujet de M. Stéphane Hessel et son livre « Indignez-vous » avait comme un parfum de nostalgie.
Ce grand monsieur nous propose le passé comme solution d'avenir.
Donc, après Noah résistant de première heure, Cantona à l’Economie, voilà que le réseau de résistance antisarko s’étoffe d’un personnage illustre et respectable de 93 ans : M. Hessel.
Hélas, avec tout le respect dû à son grand âge, son pamphlet n’est qu’une liste ringarde de copiés-collés de slogans utopiques soixante-huitards ressassés en boucle depuis des décennies : indignez-vous, révoltez-vous, descendez dans la rue, faites grève, manifestez, etc. programme idéal pour couler l’économie d’un pays. Et la perle des perles : « c’est un appel du 18 Juin !.. » Interdit d’en rire !…
"De Gaulle, réveille-toi ils sont devenus fous !"
Verra-t-on dans les prochaines manifs, des papys du quatrième âge en déambulateur répondre à son appel pour gonfler les effectifs ? On a bien vu des gamins de 15 ans « lutter » pour leurs retraites et des mamans pousser des landaus ; ainsi toutes les générations seraient représentées.
Soyons magnanimes avec ce monsieur ; il est du « Front de la gauche prolétarienne » si si ça existe !
Défiler dans la rue le poing levé, ça fait de belles photos, mais ça ne fait pas bouillir la marmite .
Ne vous « indignez » pas M. Hessel si je classe votre « œuvre » dans la catégorie littérature de salle d’attente de gare ou de cabinet médical.
...............................................
Bien entendu, j'ai été radié, bloqué, censuré, ce qui me réconforte. Pan dans le mille !
Signé : ma liberté de penser, irrévocable !
Rédigé par : sylvain | 18 août 2015 à 18:58
Rédigé par : Christian C | 18 août 2015 à 16:58
Tiens v'là Gaspinou qui revient déguisé en serpent à plumes ! Je suis MDR sur ce blog qui devenait monotone avant l'apparition de ce troll qui détrône Laspallès en humour gogol !
sylvain le christianisé indigné multicartes : sarkozyste, FNiste, réac, etc. pour vous servir !
Rédigé par : sylvain | 18 août 2015 à 18:26
Cher Philippe,
Il y a trois mille ans les hommes sondaient les cieux pour connaître l'émergence de la terre.
Aujourd'hui, les hommes se rassemblent pour tenter d'éviter l'immersion de nos cités.
Nous vivons une sorte de big bang inversé et nous regardons étonnés un nouveau continent plastique dériver, des tonnes de déchets envahir les plages d'Ibiza et les plages tunisiennes disparaître. Les falaises du nord de la France reculent tandis que les dunes de l'Atlantique rendent leur espace à l'océan.
350 000 personnes ou plus sont menacées par l'éruption violente d'un volcan et la réaction du pays équatorien est la censure de la presse, la fermeture des réseaux. Cotopaxi gronde à Quito. Il se pourrait que la température de la planète baisse soudainement d'un degré ou plus en quelques semaines car les rayons de notre soleil pourraient être avalés par les fumées qui montent à plus de huit kilomètres, le volcan culminant à presque six mille mètres.
La France reste muette face à ce drame car elle perdrait ses principaux arguments quant à la COP 21.
Pourquoi les Etats taxeraient les populations pendant cinquante ans alors qu'un volcan ferait la moitié des efforts de régulation de la température en soixante
jours ?
Nous pensons que la sensibilisation des populations à respecter la planète et ses hôtes a plus d'importance que tout discours d'indignation. Encore faut-il que ce discours reste apolitique car le respect de l'environnement est l'avenir de tous.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 18 août 2015 à 17:45
@ sylvain
La Bible (Ancien et Nouveau Testament) est le livre le plus vendu dans le monde avec 4 milliards d'exemplaires.
Etonnant non ? De quoi donner des sueurs froides au camarade Gasparov (qui porte quand même le patronyme slavisé d'un des trois Rois mages adorateur du petit Jésus)
Concernant Stéphane Hessel, respect, voilà un homme qui a fait honneur à la France, ainsi qu'à sa patrie d'origine. A cet égard il n'appartient à aucun clan.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 18 août 2015 à 17:41
Philippe Bilger,
Voilà un billet bien surprenant sous votre plume, si j’ose ainsi qualifier votre clavier.
« ...sous toutes les latitudes et dans tous les pays, ils suscitent la révolte et l'indignation et ce qui est réconfortant, c'est l'émergence, de plus en plus fréquente, d'une Internationale du refus et de la revendication », écrivez-vous. Fausse naïveté ? Angélisme de façade ?
Révolte et indignation, certes, manifestée par les populations concernées : migrants qui ne trouvent aucune générosité ni compassion en atterrissant dans nos riantes contrées, citoyens empoisonnés ou massacrés par leurs propres autorités (certes, comme le relève fort à propos Michelle D-LEROY, sous les régimes socialistes ou communistes exclusivement) qui tentent de se manifester sans aucune efficacité, mais pour le reste, soyons francs : on n’en a rien à faire, nous les confortables (je fais partie du lot), si ça se passe à plus de deux cent mètres de chez nous.
Comme vous le soulignez vous-même, s’il y a une internationale, elle se contente de proférer.
Ceux qui vomissent sur le pauvre Stéphane Hessel oublient que ce dernier n’appelait pas simplement à s’indigner ; il appelait à agir sous le coup de cette indignation.
Rédigé par : Christian C | 18 août 2015 à 17:40
@sylvain
Calmez-vous : Valérie Trierweiler a vendu 750.000 exemplaires de "Merci pour ce moment", sans compter l'édition de poche.
Alors, à propos de gogols, de QI de bulot et de crétins abâtardis, votre expertise s'enrichit.
Rédigé par : Christian C | 18 août 2015 à 16:58
Comment comprendre, Monsieur Bilger, cette assertion en fin de billet : "J'aime passionnément que, contre la maîtrise apparente, les processus officiels, les décrets du Prince ou du dictateur, la patiente et fataliste tolérance de ceux qui se désespèrent ou s'attristent mais baissent les bras, l'esprit et le cœur parce que rien ne serait jamais à sauver, il y ait l'irruption, partout dans le monde, d'une manière suffisamment imprévisible pour n'être pas contrôlée, d'une Internationale qui au fond se contente de proférer, mais avec quelle force, que trop c'est trop" ?
Ce qui me gêne est sans doute cette idée : "l'irruption, partout dans le monde [...] d'une Internationale qui au fond se contente de proférer que trop c'est trop". S'indigner, proférer cette indignation internationalement, est certes une idée plutôt noble. Mais pour quelle efficacité ?
Je crains qu'à force de proférations inécoutées par les responsables politiques ce ne soit une explosion des désespoirs qui y succède.
Pour s'en persuader il suffit de voir l'efficacité de notre ministre de l'Agriculture pour régler le problème de la filière porcine française en bute principalement à la concurrence manifestement faussée de productions d'autres pays membres de l'UE. Mais que peut notre gouvernement contre la directive Bolkestein que la France a laissé approuver ? Pensez-vous un instant que ceux qui nous gouvernent oseront un bras de fer avec l'UE pour contourner l'embargo de la Russie et poursuivre nos échanges économiques ? Croyez-vous que nos dirigeants lutteront vraiment pour empêcher la poursuite de la descente économique de notre pays ?
Pourtant il suffirait que la France décide de réduire sa cotisation annuelle à l'UE (27 Md d'euros pour 13 qui lui reviennent en subventions diverses) pour indemniser ou soutenir nos filières agricoles et industrielles. Voyez-vous un seul de nos dirigeants seulement songer à une telle hypothèse ? Non, aucun ! Ils regardent simplement le train passer en mesurant leur totale incapacité à agir efficacement et en se contentant de paroles lénifiantes qui n'ont plus prise sur les esprits de ceux qui les reçoivent.
Il me semble donc qu'au bout de l'usure de l'indignation pointe la révolte violente.
Rédigé par : Robert | 18 août 2015 à 16:54
Un "anti-Zemmour" de gauche a eu cette réflexion hallucinante au sujet des ventes de son livre :
"Vente Zemmour : 350 000 exemplaires.
Vente Stéphane Hessel pour "Indignez vous" : 2,2 millions d'exemplaires".
Il en était tout content le gogol de service.
En somme, ça veut dire quoi ? Que les indignés de salons lobotomisés de gauche et les moutons zombis suivistes bêlants aux QI de bulot cocufiés de Hessel sont plus nombreux que les gens qui pensent librement !
Qu'il y aura toujours plus de crétins abâtardis que de gens intelligents !
Rédigé par : sylvain | 18 août 2015 à 16:33
Hiroshima, mon amour.
Je suis opposé par principe à la sagesse rétrospective. Accuser 70 ans après les Américains de crimes de guerre, c'est ridicule, mesquin et, surtout, malhonnête.
Nous usons d'un savoir que, par la force des choses, les décideurs n'avaient pas. Notre complexe de supériorité morale se paie au prix d'une insulte aux morts.
Les crimes de l'époque doivent être jugés au plus près de l'époque, par les gens qui l'ont vécue. Et si les circonstances font que certains crimes sont restés impunis, tant pis.
C'est au nom du même raisonnement que je suis opposé à l'imprescriptibilité. Le procès Papon était, par principe, injuste.
Rédigé par : Franck Boizard | 18 août 2015 à 14:00
Les Chinois se révoltent devant une catastrophe terrible parce que les mesures de sécurité n'étaient pas (ou si peu) assurées. Au Bengladesh, lorsqu'un immeuble s'était effondré sur des ouvriers du textile, les proches s'étaient aussi révoltés, au Brésil, des manifestations géantes ont eu lieu il y a quelques jours contre une Dilma Rousseff pourtant réélue récemment sous l'étiquette du "Parti des travailleurs", etc.
Vous avez raison, les opinions sous l'effet de la mondialisation se mobilisent et ne se laissent plus mener. A chacun de s'indigner et de le faire savoir devant l'incurie des autorités qui, partout en ce monde, profitent du système sans se soucier de leur peuple.
Ces régimes, souvent socialistes ou communistes, dictatoriaux en tout cas, font en sorte de cacher au maximum ce qui dérange, utilisant des moyens répressifs. Le monde s'éveille.
Par contre, en France, malgré la prise de conscience des réalités et les discussions privées sans concessions pour nos dirigeants, le dégoût face aux dérives de certains, le doute en ce qui concerne la politique, nous ne voyons pas de révolte. Dès qu'un foyer (paysans, zadistes...) de contestation est allumé, le gouvernement se précipite pour l'éteindre et hop le calme est revenu.
Pourtant tous les sujets sont polémiques, tous, dès que la conversation roule sur l'économie, le chômage, la santé, l'école, la justice, l'immigration et le communautarisme, l'arrivée massive de migrants ou l'impuissance de l'U.E. face à l'Etat Islamique. Je n'entends que de vives critiques envers les politiques. Il manque sans doute un leader qui fédérerait tous ces mécontentements en faisant des propositions sensées au lieu de promesses intenables. Les Français sont désabusés, leur colère est rentrée, il manque une étincelle. Leur leitmotiv est de dire que l'Etat trouve de l'argent quand il veut et pour qui il veut, délaissant les Français qui travaillent ou ont travaillé, qui paient toujours plus. Le sentiment d'être oubliés à la faveur des étrangers est quasi général quel que soit le milieu social ou professionnel. Ce sentiment s'amplifie et pourtant aucune révolte ne gronde, muselée par les associations bien-pensantes.
En attendant, les médias surtout télévisuels ont beau cacher les vérités qui dérangent, en choisissant de ne pas donner certaines informations polémiques, les Français finissent par tout savoir et pire brodent autour de rumeurs vraies ou fausses.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 18 août 2015 à 12:03
@ Alex paulista
Oui, Claude Eatherly, pilote d'un avion de reconnaissance qui donna le feu vert à la bombe sur Hiroshima, regretta toute sa vie ce bombardement. Il eut un long échange épistolaire avec le philosophe Günther Anders sur le sujet. Et il eut aussi beaucoup d'ennui avec les gouvernements et administrations de son pays.
Ce n'est qu'un exemple mais il a son poids.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 18 août 2015 à 11:52
C'est Stéphane Hessel qui a lancé ce nouveau concept très à la mode dans les milieux branchés de gauche ; être indigné pour tout et pour rien c'est dans l'air du temps, ça coûte 3 euros, fascicule de 24 pages en bout de caisse entre les chewing-gums et les rasoirs jetables et gare à ceux qui n'exprimeraient aucune indignation même géométriquement variable et orientée politiquement ; seuls ceux de gauche ont le droit d'être indignés, ceux de droite seront seulement aptes à lancer des sujets choquants et provocants contre lesquels les troupeaux de moutons zombis gauchistes et associatifs bêleront au coup de sifflet médiatique. Le jour des "Charlie", je me suis permis le luxe d'aller à distance assister à leur défilé. C'était impressionnant, hallucinant et fantastique ; un véritable remake des films cultes sur les morts vivants des années 70 : une marée déshumanisée d'humanoïdes décérébrés auxquels la propagande avait aspiré la cervelle.
"La guerre c'est pas bien, je suis indigné ! les riches c'est pas bien, je suis indigné ! les inégalités pas mieux, je suis indigné !"
Les indignés professionnels opportunistes et démagos sont légion et en vivent bien, la littérature indignée aussi ; à ce rythme, l'indignation sera bientôt cotée en bourse.
Pour ma part, seule la feuille d'impôts reçue récemment me provoque une indignation sans bornes.
Rédigé par : sylvain | 18 août 2015 à 11:36
Quand on s'indigne, il est déjà trop tard, le mal est fait. Comment le prévenir ? That is plutôt the question !
L'indignation peut servir de déclencheur, la colère donner un surcroît de force, mais l'une comme l'autre se réveillent au coup par coup. Il en faut beaucoup plus pour lutter contre ce qui les provoque.
Personnellement je pense que les infrastructures d'une société sont déterminantes : constitution, lois, organisation, institutions, services, partage de valeurs, lutte contre l'ignorance, justice, débat public, contre-pouvoirs. Sans ce tissu à la fois souple et solide, l'indignation, même justifiée, et la réprobation, même générale, restent désordonnées, isolées, mal formulées ; avec le résultat que chaque nouvelle vague d'indignation, toute menacée d'enflure qu'elle soit, se laisse bientôt submerger par la suivante. Il restera toujours des motifs de révolte, mais on aura les outils pour les traiter, à un échelon autre qu'individuel.
À ce propos, je pense aussi que pour qu'une société fonctionne, il ne faut pas sans cesse triturer la législation, la modifier, la compliquer, en supprimer une partie pour en rajouter ad libitum, ni prétendre faire table rase, car c'est la familiarité avec nos institutions qui nous donne confiance en elles, et nous permet de trouver notre place dans la structure. Le sentiment d'impuissance des citoyens généré par la volonté perpétuellement affirmée du législateur de tout remettre à zéro entretient la révolte, celle que nous connaissons actuellement, qui éclate sporadiquement, puis s'éteint, et renaît ailleurs, et entretient une inquiétude amère chez beaucoup d'entre nous.
Rédigé par : Lucile | 18 août 2015 à 11:12
@ Catherine JACOB
Google a regroupé ses différentes activités (moteur de recherche, intelligence artificielle, création d'un homme post-humain...) dans une holding et a donné le nom de "Alphabet" à cette nouvelle société. Rien que ça...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 18 août 2015 à 10:02
@ Denis Monod-Broca | 17 août 2015 à 22:50
Prenez un peu de recul, voyons !... Google n'a pas davantage "privatisé" le mot alphabet que la Société Générale n'a privatisé les mots société et générale, qu'Airbus n'a privatisé les mots air et bus, que la Société d'emboutissage de Bourgogne n'a privatisé les mots emboutissage et Bourgogne (le groupe SEB, vous connaissez ?)...
La rage marxiste et anti-américaine qui engloutit notre pays et abrutit ses citoyens irait donc jusqu'à interdire aux entreprises privées d'utiliser les mots de la langue française (ou anglaise !) pour décrire leurs activités ? Il y a un moment où il faudrait arrêter les délires.
Mais si vous insistez, je vais lancer une campagne contre le scandaleux hold-up, réalisé par la SNCF, sur les mots, et donc sur la notion de chemin de fer. Au nom de quoi un lobby de fonctionnaires se permet-il d'instiller, dans l'esprit de la population, la conviction que seul l'Etat peut offrir au public un service de transport ferroviaire ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | 18 août 2015 à 09:57
@genau
Votre commentaire est vrai et désespérant.
@ mariane
Certains seraient prêts à défendre Sofiane.Il y a peu de temps notre hôte est venu assister à une étape du tour de France dans une vallée proche. Carambolage de l'actualité locale et des faits divers. Alors que les klaxons italiens de la campagne publicitaire finissaient de résonner en Barétous et en vallée d'Aspe contiguë, la vie ordinaire a repris son cours avec ses petits malheurs et ses grandes solitudes. Il n'est pas question ici de montrer du doigt tel juge qui applique le droit (avec raison car les conséquences du comportement de cette dame pourraient être dramatiques en cas d'accident corporel) mais de montrer du doigt ceux qui par négligence, par lassitude ou peut-être pire par calcul politique laissent les loups comme Sofiane errer en ville.
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2015/08/18/sans-permis-depuis-2008-elle-continue-a-conduire,1270146.php
Rédigé par : hameau dans les nuages | 18 août 2015 à 09:34
"Mais avez-vous entendu un seul Américain regretter d'avoir balancé deux bombes atomiques sur des villes japonaises ?"
Rédigé par : HT | 17 août 2015 à 21:50
C'est évident. Pourtant cela s'emboîte plus dans la définition du crime de guerre que comptabiliser les entrants dans un camp.
Pour revenir au fond du billet, ces indignations ne me rassurent pas. Ces contestations diverses ne s'additionnent que pour détruire mais ne créent aucune majorité d'adhésion.
Pour rester cynique, je leur préfère les grandes catastrophes naturelles qui engendrent la solidarité humaine et dévoilent parfois l'être humain sous son meilleur jour.
Alain avait très bien souligné le phénomène lors des grandes inondations de 1910.
Rédigé par : Alex paulista | 18 août 2015 à 09:31
@Denis Monod-Broca | 17 août 2015 à 22:50
"Sans doute est-ce déjà trop tard, qui peut encore s'opposer à Google, pardon... à Alphabet ?"
Mais une harmonisation des régimes fiscaux, cher monsieur. Ne serait-ce que dirigée vers les seules multinationales, lesquelles sont de fait les seules qui posent problème à cet égard aux pays de fiscalité rédhibitoire.
Ceci étant, qu'est-ce que c'est que cette histoire d'alphabet ?
Rédigé par : Catherine JACOB@Denis Monod-Broca | 18 août 2015 à 09:03
Avec un caillou dans ma chaussure, je marche forcément moins bien que sans.
Avec une pollution élevée, je réfléchis forcément moins bien.
Rédigé par : calamity jane | 18 août 2015 à 08:54
Inutile de viser aussi haut, avant d'être internationale, notre indignation devrait commencer par être nationale et si possible un peu plus que le temps d'une info du "20 heures".
Rédigé par : GLW | 18 août 2015 à 08:35
Mais Philippe Bilger, nous sommes ces personnes brisées dont vous parlez, brisées dans leur cœur, comme beaucoup de Français qui ne savent plus à quels saints se vouer. Certes nous n'avons pas vécu ces catastrophes que vous citez mais notre indignation est bien réelle et charnelle et pas seulement citoyenne ou militante. C'est une immense souffrance morale de se sentir impuissants. Le baume parfois adoucit la douleur quand nous entendons Michel Onfray évoquer Marine Le Pen dans son dernier cours ou Renaud Camus dans son ouvrage "Révoltez-vous". Nous souffrons d'une mélancolie nationale. Promenez-vous dans la France profonde et vous sentirez les blessés silencieux qui portent en leur sein un immense chagrin. Lisons L'Ennuyeuse Tristesse de Charles d'Orléans : Au puits profond de ma mélancolie...
Rédigé par : mariane | 18 août 2015 à 07:27
Hors sujet : M. Bilger, vous qui êtes à la tête d'un Institut de la parole, la privatisation par Google du mot "alphabet" ne vous fait-elle pas réagir ? Les lettres de l'alphabet sont les briques élémentaires de la parole, les atomes de la pensée et voici que le mot même "alphabet" est préempté par une firme commerciale toute-puissante, à ambition hégémonique, qui dépense des milliards et des milliards pour développer l'intelligence artificielle et créer l'homme post-humain, en un mot qui prétend penser à notre place. C'est inouï et c'est insupportable ! Mais personne ne moufte... Sans doute est-ce déjà trop tard, qui peut encore s'opposer à Google, pardon... à Alphabet ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 17 août 2015 à 22:50
C'est marrant mais ces indignations sont considérablement refrénées lorsqu'il s'agit du Donbass ou du Yémen. Elles existent localement mais on ne les trouve pas dans notre presse, il faut chercher sur le Web.
Rédigé par : Gilles helger | 17 août 2015 à 22:36
Je crains que vous ayez tort. La seule Internationale qui ait vu le jour est celle de l'Indifférence. Nous sommes repus d'images-catastrophes, de nouvelles mortifères.Tout cela nous dépasse énormément. Que 1000 Chinois meurent demain d'émanations toxiques, dois-je m'émouvoir ? Ai-je contribué à stocker ce cyanure ? Si 2000 clandestins se noient demain en vue de la Grèce, dois-je me couvrir la tête de cendre ? Leur ai-je fait signe de me rejoindre ? Laissez-nous un peu tranquille. Aux yeux de l'histoire, on peut raisonner autrement. Moi j'ai vu l'Empereur du Japon regretter les exactions de son pays durant la dernière guerre. Mais avez-vous entendu un seul Américain regretter d'avoir balancé deux bombes atomiques sur des villes japonaises ? La repentance, ce sera pour une autre vie.
Rédigé par : HT | 17 août 2015 à 21:50
L'indignation, fût-elle internationale, n'apporte rien sur l'instant. Pour qu'elle fasse reculer les puissants, il faut qu'il y ait des morts, que les vivants marchent sur les morts. Le Révolution française n'a pas été une indignation mais une construction revendicative qui a mal tourné, même cette baderne communisante de Soboul l'envisageait.
Souvenez-vous de cette enfant en Chine, écrasée par une camionnette et sur laquelle la voiture repasse parce que tuer n'est passible que d'une amende et blesser de dommages-intérêts.
Quoi que fassent les puissants, le temps leur donnera toujours raison, même si l'Histoire les condamne : ce n'est que mort que Staline a reçu dans la figure le crachat de Kroutchev et que Beria a été écarté.
Les Cambodgiens, à la tête d'un massacre répugnant, ulcérant, n'ont pas du tout envie que leurs auteurs soient jugés ; ils vivent côté à côte et il a fallu un juge français un peu idiot pour s'en offusquer.
Quelquefois, un collectif fait un peu vaciller la statue, mais on distribue quelques bonnes paroles, de l'argent, des places au stade et tout rentre dans l'ordre.
Contre le dégoût qui envahit face à un régime incapable, la seule arme est l'indifférence, la désobéissance civile, l'abstention massive et l'incendie de quelques trésoreries, mais modérément, sans atteinte aux personnes.
Et de grâce, ne nous parlez pas de morale, sauf en ce qui concerne l'étude des mœurs, c'est-à-dire l'éthique qui se résume à : "comment agir au mieux des rapports entre les individus ?"
Les cochons qui salissent les rivages de la mer font peut-être plus de tort aux autres que les Chinois qui laissent mourir leurs citoyens car ils agissent dans la méconnaissance même de leur acte.
Les exigences ou détestations purement humaines se rapportent à trop de facteurs pour être le vecteur d'une amélioration du comportement des puissants.
Tel homme politique est conscient du mépris de la population à son égard, mais cette population vit, mange, boit son apéritif, paie ses impôts, et vote. L'homme politique va donc axer son comportement sur l'apparence que les exigences humaines ou les détestations requièrent. Il va épouser son temps, le temps de l'élection.
Dans un régime autoritaire, la répression s'accentue, devient connue de tous, le pouvoir s'emballe, l'indignation de fait martyre, mais ne dispose d'aucun moyen de pression. Il n'y a que la révolte, sans espoir sauf si elle est conduite par des gens malhonnêtes, comme en Ukraine, qui rêvent de reprendre le flambeau de la corruption.
Qu'on ne parle pas des printemps arabes qui ont vu tant de fleurs s'étioler. Avez-vous jamais vu un musulman penser en dehors du Coran, tant qu'il est géographiquement situé dans un pays en ressortissant ?
Celui-là n'a le choix qu'entre la tyrannie et la tyrannie. En est témoin la naïveté (pas toujours sincère) avec laquelle les migrants commencent à revendiquer le respect des droits de l'homme.
L'équation, cher P.Bilger, a trop d'inconnues. Vous parlez de physique quantique quand nous déblayons dans les poubelles du socialisme les quelques objets encore utiles.
Rédigé par : genau | 17 août 2015 à 19:31