En général je tire les thèmes de mes billets de l'actualité et de l'effervescence médiatique autour d'elle puisque je ne peux pas me passer, depuis tant d'années et au quotidien, d'une lecture et d'une consultation assidues de journaux, d'hebdomadaires et de sites dont le pluralisme garantit au moins que je ne m'enferme pas dans une opinion toute faite. J'ai conscience aussi, à cause de cette démarche qui est une véritable drogue - mais on ne pense pas seul et le réel nous est livré, même filtré, par les journalistes - de contraindre ceux qui me lisent à se reporter à ce qui est mon terreau de l'instant.
J'éprouve le besoin de le préciser en ce début d'année 2016 parce que ce post, justement, va se fonder sur un très long entretien donné par Alain Juppé au Journal du Dimanche. Il sort de l'ordinaire d'abord parce que le questionnement de Dominique de Montvalon est fin et sans la moindre omission opportuniste et qu'il contraint donc le maire de Bordeaux à ne pas se réfugier derrière cette densité elliptique dont il raffole et qui nous en dit souvent beaucoup plus sur lui que sur son programme.
Pour la première fois, j'ai eu l'impression de lire des réponses qui se suffisaient à elles seules sans imposer une exégèse pour leur interprétation.
Alain Juppé a heureusement dominé sa nature et pris la peine de s'expliquer et d'expliquer.
Même si l'objet principal du dialogue se rapportait à la présentation de son deuxième livre-programme "Pour un Etat fort" et de "ses vingt propositions clés sur le régalien", le cours de l'entretien a conduit Alain Juppé à aborder d'autres sujets et, en définitive, à définir sa conception de l'Etat et la méthode avec laquelle il appréhenderait, notamment, les problématiques sociales, identitaires et judiciaires de notre pays.
Sans renier "l'identité heureuse" qui, n'en déplaise aux ignares et aux sectaires, "n'est pas un constat mais un objectif".
A bien prendre la mesure de ses solutions, on comprend que, pour lui, l'alternative ne doit plus être, même sur le régalien, entre un Etat fort ou un Etat faible mais être dépassée par l'urgence d'un Etat intelligent, tout d'équilibre et de raison. A partir d'une analyse approfondie du réel pour décider en connaissance de cause des interdictions non négociables et des compromis possibles, voire souhaitables. La notion très pragmatique, québécoise, des "accommodements raisonnables" exprime parfaitement sa philosophie qui apparemment fuit le laxisme autant que la bêtise.
Ce concept, selon lui, est opératoire et il en illustre le caractère pratique en traitant de l'Aide médicale de l'Etat (AME) qui a ses impératifs comme ses limites et en conciliant les racines chrétiennes de la France, sur un plan historique et culturel, avec son souci de la diversité qui rejette pourtant tout communautarisme. Il l'applique également à la déchéance de nationalité dont il ne surestime pas les effets mais qu'il voterait cependant à cause de son caractère symbolique justement.
Comme lui, je considère qu'elle est plus destinée à la France qu'à ses ennemis. Elle est une preuve de la volonté de notre pays de ne plus garder en son sein des adversaires qui le méprisent et jouent atrocement contre lui.
Je n'insisterais pas à ce point sur le processus qui serait celui d'Alain Juppé, empirique, aux antipodes de l'idéologie et du dogmatisme, s'il ne représentait pas le socle fondamental à partir duquel, demain, il aurait l'ambition de servir et de présider la France.
Cette limitation de la politique à une méthode et à une pratique est d'autant plus acceptable qu'on ne peut pas être bouleversé par la nouveauté de ses vingt propositions. Aucune n'est aberrante ou irresponsable, toutes mises ensemble seraient bénéfiques et sans doute créatrices d'une autorité régénérée mais on aurait pu attendre une idée choc, une intuition fulgurante, une avancée décisive. Rien de tel mais l'inscription de la pensée d'Alain Juppé et de ses desseins régaliens dans un espace à la fois convenu et plausible.
La déception fondamentale ne provient pas du caractère intrinsèque de ces mesures, toutes estimables, mais d'une morosité civique qui affecte Alain Juppé comme elle affectera le programme renouvelé de Nicolas Sarkozy ou celui, plus vigoureux et libéral, de François Fillon.
On sait bien dorénavant que ce qui s'élabore et se prépare en amont, dans les coulisses, dans les laboratoires de l'esprit et les groupes de réflexion trop consensuels, n'a pas la moindre importance.
Parce que seule comptera la personnalité du président. Réduira-t-il la voilure ou aura-t-il du courage politique ? Sera-t-il, durant son mandat, le Sarkozy intermittent et ayant peur de la rue, le Chirac fier de son immobilisme en laissant la France tranquille avec des généralités nobles qu'elle ne pouvait qu'approuver, le Pompidou sans snobisme et d'une efficacité industrielle certaine, le Mitterrand brillant, louvoyant, trop cultivé pour un pays qui espère des réformes mais s'y oppose quand elles surviennent ?
Ce n'est pas le projet qui fera le président. Mais le président qui fera le projet ou le défera.
Alain Juppé convaincant, lucide et prêt aujourd'hui sera-t-il le président Juppé à la hauteur de son programme ou faudra-t-il à nouveau laisser nos désillusions s'ajouter à la poussière de l'Histoire ?
Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, d'Alain Juppé au président Juppé...
@GG
C'est ça ! Dans le cas d’œdipe, les dieux réclament sacrifice, le Christ affirme que son père prend plus de plaisir à la miséricorde qu'au sacrifice, redéfinissant le temple comme étant son corps bientôt immolé, donnant le choix aux hommes de changer de rites, et d'oser sortir de la violence sacrificielle. Cela rejoint vos propos :
"Je dis qu'entre deux fanatismes, il y a nécessairement un espace pour l'homme libre, que celui qui n'appartient pas à tel camp fanatisé n'est pas nécessairement membre de l'autre camp fanatisé."
C'est en ceci que je discerne chez vous la juste intuition qui rejoint, à mon sens et n'y voyez aucune provocation, la vérité des évangiles.
Rédigé par : aliocha | 09 janvier 2016 à 12:53
@ aliocha
Mais que vient dire Oedipe dans votre passage, si ce n'est qu'il a bien commis ses crimes mais sans aucune intention criminelle ? C'est là tout le nœud de la tragédie oedipienne : Oedipe est objectivement un parricide et un incestueux, non pas parce qu'il a décidé volontairement de l'être, vu son attachement indéfectible aux lois de la cité, mais parce que les dieux ont décidé qu'il le serait.
Prenez maintenant votre citation évangélique et voyez toute la différence entre Oedipe et le Christ dans le fait même qu'Oedipe n'a pas l'audace d'affirmer qu'il est, en tant que roi, le seul à décider qui est son père et qui est sa mère, et qu'ainsi, c'est lui et uniquement lui qui décide ne pas avoir été parricide ni incestueux, et qu'il se pose donc subjectivement comme totalement innocent, à l'instar du Christ qui se permet d'enfreindre le sabbat juif en posant que c'est lui et non la loi juive qui décide du moment du sabbat.
@ Noblejoué
Ce qui définit l'innocence ou la culpabilité d'un citoyen, c'est la loi de la cité. Celui qui enfreint la loi est coupable et ne peut se dire innocent. Les Grecs ne pouvaient se définir comme coupables d'esclavagisme tout simplement parce que leur loi permettait l'esclavage.
La loi juive condamne celui qui enfreint le sabbat. Aucun citoyen juif qui enfreint le sabbat ne peut se dire innocent, fût-il le Christ.
La loi française condamne l'insulte publique et le racisme. Aucun citoyen français qui insulte publiquement une personne ou qui a eu un comportement raciste ne peut se dire innocent, fût-il un journal satirique ou un pompier corse.
Et les intentions, les interprétations du Christ, de Charlie Hebdo et des Corses ou vos propres interprétations ne m'intéressent pas et ne doivent intéresser aucun citoyen : seul compte pour définir l'innocence le respect objectif de la loi de la cité, et non les beaux discours des uns et des autres.
Enfin, le citoyen se soumet aux lois de la cité parce que c'est grâce à la cité qu'il vit, matériellement, spirituellement, culturellement. Autrement dit, la cité unit tous les citoyens, non pas subjectivement comme le fait la communauté, non pas par un discours communautaire qui ne tient sur rien d'autre que l'illusion collective d'aveugles qui y adhèrent et dont la folie arrive à les convaincre que c'est cette adhésion qui les rend plus voyants que les autres, mais objectivement. Et c'est le rôle de l'Etat de faire en sorte que les lois de la cité, qui évolue historiquement, suivent cette évolution pour permettre sa continuité. Si les citoyens n'arrivent plus à vivre correctement dans leur propre cité, c'est à l'Etat qu'ils doivent s'en prendre et uniquement à l'Etat qui est alors défectueux, et non aux autres citoyens.
Rédigé par : Garry Gaspary | 09 janvier 2016 à 10:44
@ Garry Gaspary
La question du bouc émissaire n'est pas de savoir si une victime est PARFAITEMENT INNOCENTE.
Qui est parfaitement innocent ? Personne, jamais sauf les jeunes enfants qui n'ont pas eu le temps de nuire ou du moins laisser nuire aux autres, par exemple, dans une société esclavagiste, en ayant des esclaves. Personne n'est parfaitement innocent parce que tout le monde est toujours plus ou moins coupable. Mais peut-on reprocher sérieusement à Aristote, Platon et toute la bande d'avoir eu des esclaves ? S'il faut condamner l'esclavage, on doit comprendre que dans le contexte antique, en posséder n'était pas preuve d'une injustice individuelle.
Par contre, il est bien évident que tout esclave profitant d'un incendie pour voler, tuer son maître et sa famille a de bonnes raisons de faire... S'il n'est pas plus capable que lui de condamner l'esclavage, être de l'autre côté de la chaîne fait de son propriétaire un ennemi et il est naturel de tuer l'ennemi.
Il n'en reste pas moins qu'agresser quelqu'un qui n'a rien fait de PIRE QUE LES AUTRES est coupable. Si le peuple A conquiert le peuple B, les Espagnols les Aztèques, peu importe que les Aztèques aient pratiqué des sacrifices en masse ou dominé leurs voisins, n'aient pas été innocents. Les Espagnols sont coupables d'avoir agressé les Indiens qui ne leur avaient rien fait.
Les chrétiens disent Jésus parfaitement innocent, vous le prétendez, vous, coupable, et moi, je vous le dis :
- Il était innocent du point de vue qui est le mien (liberté d'expression, réformation religieuse).
- Les pharisiens * n'étaient pas parfaitement innocents (ou ils auraient été en avance sur leur époque !) mais ils faisaient ce qui leur semblait leur devoir.
En somme, j'apprécie tout le monde dans cette affaire et Pilate qui posait la grande question "qu'est-ce que la vérité ?"
* Autre interprétation :
La malédiction aux pharisiens est une invention chrétienne, ajoutée contre la concurrence juive. Les pharisiens étaient des réformateurs juifs, eux aussi, et il y avait des païens à convertir.
N'accablons pas les gens pour faire des victimes qu'ils ne ressentent pas des victimes à leur époque et essayons de ne pas les imiter.
Les victimes n'ont pas besoin d'être parfaites pour être défendues... Ou qui le serait ?
Oedipe ? Et pourquoi donc ? Parce qu'il se soumet à la cité ? Avec vous, s'opposer aux idées dominantes de la cité est coupable, et Socrate et Oedipe sont innocents parce qu'ils se soumettent.
Donc si la victime coule quand on la jette dans l'eau, elle est innocente, ça lui fait une belle jambe, comme dans les procès de l'Inquisition.
Par contre si elle résiste, si elle nage, on la tue.
Moi, je ne demande pas aux gens d'être parfaits, ou d'être soumis, je veux seulement sauver les victimes.
Sans culpabiliser les "coupables", notez bien. Chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il est, entraîné par son groupe.
Mais je ne vais pas épiloguer là-dessus. A quoi bon ? Nous souffrons, nous mourrons, nous subissons et nous subissons.
Alors, il faut se divertir !
Rédigé par : Noblejoué | 08 janvier 2016 à 21:51
@GG
Je laisse à Sophocle le soin de vous répondre :
"OIDIPOUS.
Ô impudemment audacieux ! Qui penses-tu outrager par ces paroles ? Est-ce moi qui suis vieux, ou toi qui de ta bouche me reproches les meurtres, les noces et les misères que j’ai subis, malheureux que je suis, contre ma volonté ? Ces choses étaient prédestinées par les dieux irrités depuis longtemps peut-être contre notre race pour quelque raison. Car, en ce qui me touche, tu ne peux me reprocher aucune flétrissure au sujet de ce que j’ai fait contre moi et les miens. En effet, apprends-moi, si un oracle a répondu à mon père qu’il serait tué par son fils, de quel droit tu me blâmes de ce meurtre ; lorsque je n’étais encore ni engendré par mon père, ni conçu par ma mère, ni mis au monde. Si, comme il est avéré, j’en suis venu aux mains avec mon père et l’ai tué, ne sachant ni ce que je faisais, ni contre qui, comment peux tu me reprocher cette action comme un crime ? Et tu n’as point honte, misérable, de me contraindre de parler de mes noces avec ma mère qui fut ta sœur ! Je dirai donc quelles furent ces noces ; je ne tairai point ceci, puisque tu as prononcé cette parole impie. Certes, elle m’a enfanté ! elle m’a enfanté – ô malheureux ! – m’ignorant, moi qui l’ignorais ! Et puis, ma propre mère a conçu de moi des enfants, son opprobre ! Mais je suis sûr du moins que tu nous outrages outre mesure, elle et moi, moi qui l’ai épousée contre mon gré et qui en parle de même. Jamais je ne serai tenu pour impie à cause de ces noces, ni à cause du meurtre paternel que tu me reproches perpétuellement et amèrement. En effet, réponds-moi un seul mot : si quelqu’un, survenant tout à coup, voulait te tuer toi, l’homme juste, chercherais-tu à savoir s’il est ton père, celui qui voudrait te tuer, ou te vengerais-tu aussitôt ? Certes, je pense que, si tu aimes la vie, tu te vengerais de ce mauvais et que tu ne te demanderais pas si cela est juste. J’ai été précipité en de tels maux, par la volonté des dieux, et je pense que mon père ne le nierait pas, s’il revivait. Mais toi, qui n’es pas équitable et crois que toutes choses, bonnes et mauvaises, doivent être dites, tu me reproches celles-ci devant ces hommes. Il te semble glorieux de louer le nom de Thèseus et Athènes qui est régie par de belles lois. Cependant, au milieu de tant de louanges, tu oublies ceci que cette ville l’emporte sur toutes celles qui savent honorer pieusement les dieux. Et tu t’efforces d’en arracher par ruse un vieillard suppliant et de l’emmener captif, après lui avoir enlevé ses deux filles ! Maintenant donc, j’invoque les déesses de ce pays et les supplie par mes prières afin qu’elles soient mes soutiens et mes alliées et que tu saches par quels hommes cette ville est gardée." Œdipe à Colonne.
Et le dernier mot au Rabbi :
"Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus grand que le temple.
12:7 Si vous saviez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices, vous n'auriez pas condamné des innocents.
12:8 Car le Fils de l'homme est maître du sabbat. "
Mathieu 12
Rédigé par : aliocha | 08 janvier 2016 à 17:53
@Garry Gaspary | 08 janvier 2016 à 10:38
..."homme qui prend ici le rôle de notre démon, au sens platonicien du terme"
Là je comprends mieux votre propos.
Ah, ces chers Grecs, qui savaient, eux, que la raison ne va jamais sans "daemon", et que les signes de la Pythie ne devaient surtout pas se balayer d'un revers de main.
"...et le Christ n'est pas une victime innocente, et ceci malgré la thèse fallacieuse de R. Girard qui pervertit à la fois le sens du sacrifice en le définissant comme violence sur une victime innocente"
Sur ce thème, un ouvrage intéressant et romanesque :
"L'oeuvre de trahison" par Mario Brelich
Rédigé par : protagoras | 08 janvier 2016 à 13:57
@ aliocha
Vous êtes, comme R. Girard, christianisé, et en tant que christianisé, vous êtes de mauvaise foi, de la même foi que celle de R. Girard qui vous aveugle sur ses propos autant que lui s'aveugle sur les textes évangéliques et les mythes grecs. Mais malgré cet aveuglement total, vous osez avec lui prétendre édifier ou instruire.
Dit autrement, non seulement mes intuitions sont justes mais elles sont bien plus justes que celles de R. Girard qui proposent que :
C’est tellement vrai que c’est complètement faux, dans la mesure où la victime véritable, celle qui révèle tout, nous dit son innocence et le texte des Evangiles nous répète cette innocence sur tous les tons ; alors que la victime archaïque est essentiellement coupable aux yeux de ceux qui l’accusent, coupable du parricide et de l’inceste. C’est l’opposition entre Œdipe et le Christ.
C'est tellement faux que c'est doublement faux : 1/ les textes évangéliques ne nous disent pas l'innocence du Christ, ils ne dissimulent en rien les insultes de ce dernier envers les Pharisiens, ses profanations du Temple et ses infractions à la loi juive. 2/ Personne n'accuse Oedipe si ce n'est lui-même. Oedipe est donc coupable non pas aux yeux d'autres mais uniquement à ses propres yeux. Oedipe ne se pose pas en victime innocente que d'autres accusent, il se pose lui-même en criminel malgré le fait que ses intentions ne pouvaient être criminelles.
Telle est la mauvaise foi chrétienne qui a toujours fait parler pour ne rien dire et qui rend tellement aveugle qu'elle arrive à convaincre les aveugles qu'ils voient plus clair que le reste du monde.
@ protagoras
Vous m'avez mal lu. Je n'ai pas écrit que l'inconscient bestial était diabolique. J'ai écrit que c'est le retour vers cet inconscient bestial provoqué par une rupture historique qui était diabolique.
La civilisation apporte la conscience de soi par la négation de l'Autre car l'inconscient ne connaît pas la négation, la contradiction ou l'interdit. Mais ce n'est pas l'ignorance de l'interdit qui est diabolique, c'est le retour à cette ignorance alors que l'interdit est établi en conscience. Ce retour ne peut être qualifié d'historique puisqu'il est contraire à la conscience historique civilisationnelle ou personnelle. Cette rupture qui se situe à la source de la folie ne trouve donc son origine ni dans la civilisation, ni dans la personne humaine. C'est pourquoi elle peut être qualifiée de diabolique.
Un exemple pour vous aider à comprendre : si un homme enlève un jeune animal sauvage de son milieu et le garde assez de temps en sa compagnie pour le domestiquer, il ne pourra le replacer ensuite dans son milieu naturel parce qu'il n'y est plus adapté. On peut très bien nommer cette inadaptation folie, folie qui tire son origine ni de l'animal qui s'il était resté dans son milieu s'y serait adapté sans problème, ni du milieu naturel qui, aussi sauvage fût-il, fait vivre les autres animaux de son espèce, mais de l'action de rupture historique sur lui provoquée par l'homme, homme qui prend ici le rôle de notre démon, au sens platonicien du terme.
@ Noblejoué
Il existe certes des zones où des malfrats ne souhaitent pas voir la présence des forces de l'Etat parce que cela nuit à leurs affaires. Mais lorsque vous ne souhaitez pas voir des pompiers dans vos parages, vous n'allumez pas intentionnellement un incendie pour les y attirer. Or, c'est exactement ce qu'ont fait ces jeunes Corses.
Sur le reste, tout mon propos est justement de dire qu'il y a des cas où l'opposition victime/coupable est illusoire : Charlie Hebdo n'est pas une victime innocente, ces pompiers Corses racistes ne sont pas des victimes innocentes et le Christ n'est pas une victime innocente, et ceci malgré la thèse fallacieuse de R. Girard qui pervertit à la fois le sens du sacrifice en le définissant comme violence sur une victime innocente et le sens du bouc émissaire dans cette négation d'une culpabilité évidente dont l'unique but est d'innocenter toute la communauté qui cherche à s'identifier à cette pseudo-victime.
L'utilité de cette illusion est donc uniquement communautaire : si Charlie Hebdo est une victime innocente alors tous ceux qui insultent les musulmans sont innocents, il suffit pour eux de dire : "Je suis Charlie"; si les pompiers corses sont des victimes innocentes, alors tous les racistes corses sont innocents, il suffit pour eux de dire : "On est chez nous". Si le Christ est une victime innocente, tous les antisémites sont innocents, il suffit pour eux de dire : "Nous sommes chrétiens".
La Grèce antique, pour qui la communauté n'était rien comparée à la cité, aurait ri d'une telle folie. D'ailleurs, elle est morte de ce rire, car rien ne doit être pris plus au sérieux que la folie chrétienne.
Rédigé par : Garry Gaspary | 08 janvier 2016 à 10:38
@Mary Preud'homme | 07 janvier 2016 à 20:39
De passage à Paris, j'ai acheté deux nouvelles traductions de deux livres de Joseph Conrad, "Au coeur des ténèbres" et "La ligne d'ombre", c'est catastrophique, toute la magie a disparu, on sent que le traducteur avait son Larry & Collins sur les genoux.
"Traduttore, traditore", comme on dit en chinois...
Pataugas doit avoir un copain qui connaît plus les bistrots de la rue d'Ulm que l'école du même nom.
Rédigé par : Savonarole | 07 janvier 2016 à 22:11
@protagoras
Après la véritable citation "en français" - of course - que vous nous rappeliez hier, voici la version "non conforme à la coutume" qui vous fut "révélée" par un modeste angliciste (prof rue d'Ulm quand même).
Révélations qui doivent faire pâlir de jalousie (sinon de dépit) la bonne vingtaine de traducteurs renommés qui s'étaient jusqu'alors contentés de traduire Shakespeare selon l'esprit et non des us et coutumes sans relation avec la "véritable pensée de l'auteur".
Lors de votre prochaine intervention, n'omettez pas de nous faire connaître le nom de votre professeur génial et tellement non conformiste.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 07 janvier 2016 à 20:39
@Garry Gaspary
"Etant donné les slogans corses entendus suite à cette affaire, et l'incendie d'une salle de prière, j'ose écrire que ces jeunes ont dû subir l'insulte raciste préalable émanant de ces pompiers pour se décider à faire ce qu'ils ont fait".
Vous osez écrire et vous osez diffamer ! Qu'attendre d'autre de vous ?
Rédigé par : caroff | 07 janvier 2016 à 17:59
@ Garry Caspary
"...soit on se dit que ces jeunes avaient des comptes à régler avec lesdits pompiers pour en arriver à de telles extrémités. Etant donné les slogans corses entendus suite à cette affaire, et l'incendie d'une salle de prière, j'ose écrire que ces jeunes ont dû subir l'insulte raciste"
Moi, j'ai plutôt entendu dire que certaines cités sont des zones de non-droit et que d'aucuns désirent que cela le reste. Les trafiquants de drogue n'ont pas intérêt à ce que des agents de la force publique, ou même des médecins, enfin n'importe qui échappant à leur pouvoir, viennent et risquent de dénoncer leurs petites affaires.
Voilà, en interdisant la drogue, on a provoqué des zones de non-droit, beau résultat ! Ceci dit, rien ne prouve que ce soit le cas dans l'affaire corse... Mais rien ne prouve non plus, même avec l'existence du racisme, que ce soit une réaction à l'expression de ce préjugé. Même en admettant que ce soit le cas, avec les lois interdisant l'expression de différents préjugés et l'existence de divers groupes pour en défendre les victimes, on ne peut pas dire que les aggresseurs de pompiers n'avaient pas d'autres moyens pour se défendre ! Bien la peine de diminuer la liberté d'expression par la loi, si le fait était avéré.
Toute personne qui comprend le mécanisme du bouc émissaire devrait en défendre les victimes.
Toute victime est innocente si elle n'est pas plus coupable que les autres gens mais est condamnée pour apaiser la rage de tous. S'il y a des polémiques, par exemple, entre gens de différentes religions, comme souvent, et qu'on exécute une victime d'une de ces religions qui n'a pas fait pire que les autres, c'est un bouc émissaire, pas un innocent absolu dans le sens où il n'aurait absolument rien fait de mal.
Qui d'ailleurs n'a jamais rien fait de mal ? Socrate a enseigné à des gens devenus tyrans son enseignement et lui-même était-il absolument innocent ? Pour moi, cette question, dure à trancher, n'est pas la bonne. La question est qu'après des guerres civiles, on s'est réconcilié sur son dos, qu'il était un bouc émissaire.
Rédigé par : Noblejoué | 07 janvier 2016 à 16:07
@Garry Gaspary | 07 janvier 2016 à 11:05
"La folie n'est qu'un retour diabolique aux ténèbres chaotiques de l'inconscient bestial"
Je ne suis pas d'accord.
"L'inconscient bestial", que je préfère dénommer "inconscient phylogénétique" ou "pulsions" (Freud) ou "programmes phylogénétiques" (K. Lorenz) est, qu'on l'accepte ou non, constitutif du petit d'homme, vital pour sa survie etc.
Quitte à choquer, le sujet psychiquement en bonne santé (ni le fou psychotique, ni le névrotique) est le barbare, le pervers, le psychopathe, celui qui jouit de pulsions sauvages non maîtrisées.
Il n'y a aucune "monstruosité" ni "diabolisme" dans l'inconscient archaïque pas plus que dans un tremblement de terre ou une tornade : ces catégories relèvent plutôt d'une sémiologie morale qui plaît beaucoup aux Américains (voir par exemple "La nuit du chasseur") dont l'imaginaire oscille entre le monde sauvage et la civilisation, mais de peu de valeur scientifique.
Ce que vous appelez "folie", autant que je puisse le sentir, relève d'une vraie folie psychotique, phénomène d'adaptation désespérée à un effondrement psychique (dans sa forme la plus extrême) ; la destruction de civilisations, attribuée à la "folie chrétienne" relève plus, à mon avis, d'un délire d'uniformité, de création de néo-humanité à travers une foi unique (avec nécessité conséquente de détruire ce qui n'en est pas, si la conversion échoue) que de pulsions psychopatiques (bien que celles-ci puissent ne pas être loin).
Le grand prédécesseur des dogmes monothéistes, qui fut à l'origine de la seule intolérance purement religieuse connue dans l'Antiquité, était un psychotique paranoïaque, pas un pervers (il s'agit du Pharaon Amenhotep IV, encore appelé Akhenaton..).
Rédigé par : protagoras | 07 janvier 2016 à 15:43
@Garry Gaspary
"Mais, que l'on me lise bien : je ne suis pas en train d'affirmer que(...)ou que le pompier raciste qui insulte un jeune étranger mérite de se prendre un coup de club de golf sur la cafetière..."
Vous n'affirmez pas ce contresens, vous l'écrivez !
Pour rappel, les pompiers ont été appelés pour circonscrire un sinistre. Ils ont été accueillis aux cris de "Corses dehors", leur véhicule d'intervention a été attaqué et endommagé. Vous faites un contresens puisque les pompiers sont les victimes d'une attaque raciste. Votre analyse de la situation est tellement erronée que vous êtes obligé de faire un contresens pour tenter de prouver quelque chose. Une fois de plus, vous êtes dans l'erreur et le délire le plus total.
Rédigé par : vamonos | 07 janvier 2016 à 15:35
@ Mary Preud'homme
"...protagoras avait écrit : "l'athée est, évidemment, celui qui ne se déplace pas en meute" contrairement au "chrétien être de meute". Ce à quoi je n'ai fait que répondre avec un bon sens qui coule de source. En m'associant aux propos outranciers et sectaires du susnommé, vous vous trompez donc "lourdement" de cible."
Je n'ai ciblé personne, juste déploré le comportement de meute de tous les groupes.
Je n'ai visé aucun groupe particulier, d'autant que les groupes, hum, dépendent de la définition qu'on en donne.
Pour les uns, athée voudra dire indépendants d'esprit, pour les autres, qui croient avec la même rage (ainsi les communistes) à la non-existence de Dieu que bien des monothéistes (mais bien évidemment pas tous...) à leur Dieu.
Je ne visais qu'un comportement général, sans prétendre arbitrer entre vous et protagoras, juste appeler à se méfier de tous les comportements de groupe.
Je ne discimine personne, j'essaie de me rappeler aussi de ne pas avoir de comportement de meute !
Pour exemple, imaginez que des gens se disputent sur la responsabilité-culpabilité d'un incendie, que je débarque sans rien en savoir mais que j'espère les apaiser et éviter les incendies futurs... Si je ne suis pas de la police, je n'enquête pas, je dis juste qu'il faudrait toujours que tout le monde se rappele des mesures de sécurité.
J'espère avoir bien mis les choses au point.
Si malgré tout et je ne sais comment, j'ai pu vous offenser, ou quiconque dans notre échange, je présente toutes mes excuses.
Rédigé par : Noblejoué | 07 janvier 2016 à 15:02
@aliocha | 07 janvier 2016 à 08:50
"RG: L’archaïque occulte le mal de l’humanité en le rejetant sur la victime. Il n’y a qu’un héros parricide et inceste, c’est Œdipe."
RG est très proche de la thèse de Freud (même si celui-ci n'a pas bonne presse...) dans son "Moïse", concernant le péché originel et la personne du Christ.
Cette thèse défend le fait que le "péché originel", que le Christ vient racheter pour toute l'humanité, correspond à un fait initial (originel), collectif (tout homme en est porteur dès sa naissance), dont la nature n'est pas clairement connue ou délimitée, et tel que la seule sanction possible pour le rachat est la peine de mort (crucifixion du Christ) ; Freud en induit que le fait initial, le péché originel, ne peut être qu'un meurtre (celui du Père par un des fils).
La victoire finale du fils est attestée par résurrection puis la montée du Christ au Ciel et sa substitution-alliance nostalgique au Père.
Rédigé par : protagoras | 07 janvier 2016 à 13:29
@ anne-marie marson
Il n'y a pas d'ascendance historique à la folie, qu'elle soit personnelle ou civilisationnelle. La folie est par définition une rupture dans l'histoire d'une personne ou d'une civilisation.
Si j'étais encore christianisé, je dirais que la cause de la folie chrétienne est clairement une possession diabolique, dans le sens où, menant l'homme ou la civilisation qu'elle touche à une totale inhumanité, son origine ne peut être humaine et son but ne peut qu'être la disparition de la civilisation (ce qu'on peut vérifier historiquement par le nombre de civilisations humaines ayant totalement disparu du seul fait de la christianisation) et du genre humain.
La folie n'est qu'un retour diabolique aux ténèbres chaotiques de l'inconscient bestial. C'est l'abrutissement de la conscience humaine par quelque chose qui ne peut trouver son origine dans l'humanité.
@ Noblejoué
Dans deux cas, il y a insulte. Et l'insulte est proprement le contraire du débat. L'insulte, c'est le symptôme de la fermeture du fanatisme du comme un sur lui-même, du "qui n'est pas avec moi est contre moi", alors que le débat est l'ouverture vers la différence de l'Autre que je ne suis certes pas mais qui n'a pas non plus à être comme moi.
Le Christ insulte les Pharisiens, profane leur temple juste parce ce qu'ils ne sont pas comme lui ; Charlie Hebdo insulte les musulmans, profane l'image de leur prophète juste parce qu'ils ne sont pas comme lui. Il y a effectivement exception pour le cas corse mais elle se situe dans un non-dit : soit on pense que le guet-apens tendu à des pompiers à grands coups de clubs de golf est, en Corse, un loisir de jeunesse désœuvrée aussi commun que le football, soit on se dit que ces jeunes avaient des comptes à régler avec lesdits pompiers pour en arriver à de telles extrémités. Etant donné les slogans corses entendus suite à cette affaire, et l'incendie d'une salle de prière, j'ose écrire que ces jeunes ont dû subir l'insulte raciste préalable émanant de ces pompiers pour se décider à faire ce qu'ils ont fait.
Mais, que l'on me lise bien : je ne suis pas en train d'affirmer que celui qui insulte les Pharisiens mérite de mourir en croix, ou que celui qui insulte les musulmans mérite de mourir des balles d'une Kalachnikov, ou que le pompier raciste qui insulte un jeune étranger mérite de se prendre un coup de club de golf sur la cafetière. Je dis qu'entre deux fanatismes, il y a nécessairement un espace pour l'homme libre, que celui qui n'appartient pas à tel camp fanatisé n'est pas nécessairement membre de l'autre camp fanatisé : on peut condamner Charlie sans être un terroriste islamiste, on peut condamner le racisme de ces pompiers corses sans défendre les jeunes qui les ont attaqués, et on peut condamner le Christ sans être pharisien.
Je dis qu'aucun fanatique ne peut se prétendre innocent, victime et bouc émissaire. Je dis que le combat que se livrent deux fanatismes antagonistes n'est jamais universel.
Pour ma part, les combats fanatisés entre le Christ et les Pharisiens, Charlie Hebdo et Daech, les pompiers racistes et la jeunesse violente de Corse ne me concernent pas. Qu'on ne me demande pas d'y choisir un camp, un comme un.
Sur le reste, on ne peut pas parler de liberté (y compris d'expression) dès lors qu'il y a fanatisme puisque le fanatisme est ici aliénation à une communauté qui refuse de faire société avec la totalité de la cité. C'est justement parce que Socrate faisait société avec toute sa cité qu'il y était libre, qu'il avait librement choisi d'y vivre et qu'il la respectait en respectant ses lois qu'il a accepté sa condamnation à mort dans le même déni d'innocence qu'Oedipe : si la cité vous condamne ou qu'un seul citoyen souffre d'une façon directe en conséquence de votre action, peu importe votre intention, vous êtes coupable.
Rédigé par : Garry Gaspary | 07 janvier 2016 à 11:05
@Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 19:25
Sur la citation de Shakespeare, la version "non conforme à la coutume m'a été révélée par un modeste angliciste (prof rue d'Ulm quand même).
@Noblejoué | 06 janvier 2016 à 22:09
"Les gens qui se déplacent en meute préfèrent ceux qui se déplacent en meute, que ce soit la leur ou une autre et quelle que soit sa nature."
C'est exactement ça !
J'ajoute que celui qui ne se déplace pas en meute est vu, au mieux, comme une sorte de "fou du village", au pire, comme une proie.
Rédigé par : protagoras | 07 janvier 2016 à 09:26
Donc, continuons l'édification de GG.
D'abord, mythe et révélation chrétienne :
"BC : Donc il y a des œuvres qui révèlent et des œuvres qui occultent ?
RG : Fondamental. Et les œuvres qui révèlent ne sont pas des parodies, ce sont des œuvres qui prennent le phénomène sérieusement et qui le regardent comme étant essentiellement la tragédie de l’humanité, la tragédie de l’archaïque, c’est-à-dire le rôle que joue la violence
dans le religieux et qui est indispensable à l’homme pour écarter sa propre violence, c’est-à-dire le sacrifice, qui est de rejeter notre violence sur une victime innocente, mais qui est le geste principal par lequel l’humanité se distingue au départ de l’animalité, c’est-à-dire a besoin d’évacuer sa violence. Étant trop mimétique pour vivre dans la paix et étant toujours en rivalité avec ses semblables, elle a besoin de ces expériences dont Aristote dit justement qu’elles sont cathartiques et qui sont la mise à mort d’une victime solennelle, religieuse. L’archaïque c’est cela.
B: Donc seul le chrétien nous offre ce point de visibilité de l’archaïque ?
RG: C’est-à-dire que ce qu’il y a d’extraordinaire dans le chrétien, c’est qu’il peut apparaître à tous les gens qui se sont occupés de lui, à tous les ethnologues, comme ce qu’il est apparu à Celse au IIe siècle après J.-C. : «C’est la même chose que nos mythes et vous ne voyez pas que c’est exactement pareil».
C’est tellement vrai que c’est complètement faux, dans la mesure où la victime véritable, celle qui révèle tout, nous dit son innocence et le texte des Evangiles nous répète cette innocence sur tous les tons ; alors que la victime archaïque est essentiellement coupable aux yeux de ceux qui l’accusent, coupable du parricide et de l’inceste. C’est l’opposition entre Œdipe et le Christ.
BC: L’archaïque occulte, le chrétien révèle.
RG: L’archaïque occulte le mal de l’humanité en le rejetant sur la victime. Il n’y a qu’un héros parricide et inceste, c’est Œdipe.
BC : Le chrétien pourrait se définir comme ce qui révèle l’archaïque, ce qui est en fait un phénomène.
RG : Oui, et par conséquent révèle le péché de l’humanité.
BC : Le chrétien est ce qui fait de l’archaïque un spectacle.
RG : Un spectacle, oui, et un spectacle accusateur. Accusateur à juste titre."
Ensuite, folie de Nietzsche et révélation romanesque :
"Nietzsche ne parle jamais des moments négatifs de cette expérience. Et nous savons, si nous comprenons Nietzsche comme il faut et si nous suivons sa biographie de près, nous savons que Nietzsche connaissait ces moments et leur attachait une importance prodigieuse bien qu’il ne les ait jamais définis.
Nous le savons comment ? Parce que nous savons que dans une librairie de Nice, Nietzsche a découvert un jour le texte cocasse, à la fois comique et tragique, écrit par Dostoïevski au sujet de ces oscillations du monde moderne. Il s’appelle Les Mémoires dans un souterrain et Nietzsche écrit sur Les Mémoires dans un souterrain de façon obscure parce qu’il ne nous dit pas pourquoi. Mais nous devons le comprendre, si nous mettons tous ses personnages ensemble, quand il dit que là, Dostoïevski exprime des choses que jamais personne n’a exprimées sur la conscience moderne, qui sont absolument indispensables. Et Nietzsche marque nettement sa participation à la chose. Mais il n’a pas réussi à écrire le moment négatif de son expérience. À mon avis, sa folie, c’est cela. Dostoïevski l’a écrit d’une façon grotesque, magnifique et splendide. Il a dominé la folie et d’une certaine manière je pense, Hölderlin l’a dominée aussi, mais de façon plus passive, dans la bonté, dans une espèce de passivité, dans un retrait du monde. Il n’a pas pu faire face, il n’avait pas cette espèce de force satirique, etc. Il avait sa poésie qui ne lui permettait pas
peut-être d’aborder le sujet de cette manière. Je pense ainsi qu’il y a un trio Hölderlin, Dostoïevski, Nietzsche qui est terriblement important pour libérer notre époque de son illusion nietzschéenne. Parce que l’illusion nietzschéenne, qu’est-ce que c’est pour notre époque ? C’est reprendre le rêve de Nietzsche où chacun se croit victorieux dans un univers où tout le monde est en pleine défaite et déroute. Et il est évident que ça ne marche pas et que notre vision de Nietzsche est incomplète, si on ne voit pas que Nietzsche est mort fou. Que cette folie, près de laquelle et Hölderlin et Dostoïevski sont passés, mais dont ils sont sortis et à mon avis dont ils sont sortis l’un et l’autre par le religieux, Nietzsche s’y enfonce complètement et tombe dans une folie qui est la plus effrayante de toutes, qu’on ne décrit guère parce qu’elle est épouvantable vraiment, les descriptions cliniques que nous avons des médecins de Nietzsche sont atroces. Alors je pense qu’il faut dire ceci aujourd’hui parce que cela fait partie de l’histoire de l’intelligence de notre époque et de son rapport ou de son absence de rapport actuel au religieux."
Les deux extraits sont tirés de :
http://www.rene-girard.fr/offres/doc_inline_src/57/RenE9+Girard+-+Beaubourg.pdf
Voilà, cher GG, vos intuitions sont justes, comme le sont les diagnostics des partis extrêmes en politique. Mais, afin d'éviter les solutions dangereuses pour la santé mentale au niveau personnel, et mortifères au niveau politique, il ne vous reste plus qu'à opérer ce que Benoît XVI a su si bien formuler :
"Cherche Dieu, et laisse-toi trouver par lui."
Rédigé par : aliocha | 07 janvier 2016 à 08:50
@ Noblejoué qui s'égare !
protagoras avait écrit : "l'athée est, évidemment, celui qui ne se déplace pas en meute" contrairement au "chrétien être de meute". Ce à quoi je n'ai fait que répondre avec un bon sens qui coule de source.
En m'associant aux propos outranciers et sectaires du susnommé, vous vous trompez donc "lourdement" de cible.
Fin du hors sujet.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 07 janvier 2016 à 00:32
Si je suis contre le fait qu'on se laisse faire par les islamistes, cela ne signifie pas que, contrairement à d'autres, je sois pour la répression exagérée, et égale des petits délinquants et des pires criminels sans parler des cas intermédiaires.
D'autre part, il ne s'agit pas de rendre la prison inhumaine, tant pour des raisons éthiques que de sécurité.
On m'a chicané sur des mots, agressé, et voilà, dans ce nuage d'encre, je parie que l'on n'a pas un message que je dois, j'imagine, répéter :
"Concernant l'islamisation en prison, il me semble que si les détenus avaient des cellules individuelles, les phénomènes de groupe, racket, islamisation, viols, seraient beaucoup moins prégnants.
Ce serait à l'avantage et des détenus, et de la société."
Entre ceux qui veulent abolir les prisons, et ceux qui veulent y entasser tout ce qui peut troubler leur regard dans n'importe quelle condition, on aura du mal.
Mais qui sait ?
@ protagoras et Mary Preud'homme
Je vais jouer les rassembleurs...
Les gens qui se déplacent en meute préfèrent ceux qui se déplacent en meute, que ce soit la leur ou une autre et quelle que soit sa nature.
Non ?
Rédigé par : Noblejoué | 06 janvier 2016 à 22:09
@ Garry Gaspary
René Girard ne dit pas, jamais, nulle part : "je suis un bouc émissaire, une victime innocente". En aucune manière ! Vous faites là un contresens absolu. Il démonte le mécanisme du bouc émissaire, ça oui, et ce faisant il nous invite, tous et chacun, non pas du tout à nous présenter en bouc émissaire, mais tout au contraire à ouvrir les yeux sur ceux que nous traitons en bouc émissaire, nous déchargeant sur eux de nos fautes à nous.
Et en effet la bonne façon de sortir d'un conflit est d'assumer sa part de responsabilité à soi, de se corriger soi-même, et non pas de chercher à corriger l'adversaire, objectif parfaitement illusoire.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 06 janvier 2016 à 21:17
@ Garry Gaspary
"Il y a pourtant une similitude troublante et tout à fait d'actualité entre le "Je suis un bouc émissaire, une victime innocente" girardien, le "Je suis Charlie" et le "On est chez nous" FN et corse : le déni de culpabilité"
Quand j'étais enfant, j'aimais jouer à trouver l'intrus dans des listes ou sur des images. Vous m'y ramenez !
Voyons, Girard, Charlie et Corse. Bingo, c'est la Corse !
Dans le cas de la malédiction aux pharisiens et dans Charlie, il y a polémique entre le Christ et les pharisiens pour la première, et entre irreligieux et religieux militants pour la secondes... Il y a, par parenthèse, une grande similitude entre les deux affaires, militances, dérisions, savoir si on a le droit ou non de remettre en cause des groupes religieux importants, pharisiens et musulmans.
Peut-on être coupable de débattre ? Etant pour la liberté d'expression, je dirais non.
Par contre, il est vrai que les Corses, enfin, je précise, les agresseurs se prenant pour des justiciers, sont coupables. Mais vous savez, des gens se faisant justice tout seuls sur le dos d'innocents, des gens se réclamant de spécificités culturelles, ce n'est pas spécifiquement chrétiens.
Tenez, en Extrême-Orient, il y a des bouddhistes qui persécutent des musulmans parce que ces derniers mangent de la viande. Les bouddhistes ne sont pas si mignons, kawai, qu'on le dit, nom d'un Nichiren ! Bref, toute prétention à une spécificité, la vérité, ou le fait d'être "chez soi", amène à réclamer des privilèges sur les autres dont le plus exacerbé peut évidemment être de les persécuter.
Dans les polémiques, il suffit, eh bien, de répliquer argument contre argument, dérision contre dérision.
Les païens le faisaient très bien, le monothéisme a gravement porté atteinte à cela au nom de la vérité. Et qu'on ne me ressorte pas le cas Socrate, de grâce ! Son cas, complexe, semble plutôt ressortir et de la défense de la tradition, et surtout du procès politique, Socrate ayant formé bien des futurs tyrans d'Athènes... Comme on n'avait pas le droit d'en parler, mieux valait invoquer les dieux. Socrate était une victime innocente et... les dieux aussi. A noter que les Grecs n'ont pas attendu le christianisme pour réhabiliter Socrate. Mais c'est qu'ils commençait à voir le mécanisme du bouc émissaire par leurs propres forces.
Enfin que des chrétiens et d'ailleurs autres croyants insultent des gens en le niant ou s'ils le reconnaissent en s'en excusant en semblant croire qu'on leur doit le pardon est...
Un détail.
Certes !
Je m'énerve quand on s'en prend à moi, mais, que je sois ou non de caractère susceptible et rancunier, il n'en est pas moins vrai que....
C'est un détail.
Comme la concurrence des victimes.
Ce qui compte vraiment est d'essayer de ne plus faire de victimes.
Et de préserver notre liberté.
Rédigé par : Noblejoué | 06 janvier 2016 à 21:05
@ protagoras
Sauf que la (véritable) citation est en anglais.
Et que pour traduire un auteur, il convient de s'attacher davantage à l'esprit qu'à la lettre, ce qui manifestement semble vous échapper.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 19:25
@Savonarole | 06 janvier 2016 à 16:36
Désolé, mais la véritable citation de Shakespeare est (en français)
"Etre ou non
Etre est la question"
contrairement à la version la plus répandue...
@Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 16:34
Ca ne me gêne pas ; je ne vois aucune exaltation à arriver à la cheville de ce qui ne sont que de pures fabrications spectaculaires, en l'occurrence de type "christianique" ou "parachrétien" (comme Ghandi, un psychotique entre parenthèses).
Il y a déjà une raison simple à cela : pour arriver ou ne pas arriver à la cheville de ces "grands bons" et de ces "sauveurs", il faut déjà se sentir petit.
Rédigé par : protagoras | 06 janvier 2016 à 17:49
To be, or not to be ? That is the question — (Shakespeare dans Hamlet)
Sans oublier le point d'interrogation SVP.
La question étant de savoir s'il vaut mieux être vivant que mort vivant ?
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 17:35
@protagoras
"Référons-nous à Shakespeare, dont la citation exacte est :
"To be or not.
To be is the question "
Monsieur Pataugas, on se doit de citer correctement les génies, c'est "to be or not to be, THAT is the question".
Rédigé par : Savonarole | 06 janvier 2016 à 16:36
@ protagoras
Je ne m'identifie à personne d'autre qu'à moi-même. Contrairement à vous qui publiez prudemment sous un pseudo qui vous va d'ailleurs si mal...
Quant à celui et celle que vous qualifiez de gourous, c'est un honneur pour eux (eu égard à leur parcours exemplaire) d'être ainsi caricaturés et réduits par un individu de votre acabit, qui est très très loin de leur arriver à la cheville en matière de courage et d'engagement au long cours.
Vous êtes décidément encore plus indécrottable sectaire et psychorigide que je ne le "croyais". Ce qui prouve qu'au niveau "croyance", j'ai encore du chemin à parcourir.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 16:34
Pour ma part, je ne voterais pas pour le ticket maire de Bordeaux-imam de Bordeaux-Garry Gaspary, le Garry faisant des raccourcis un peu trop courts :
La folie chrétienne n'est ainsi ni d'ascendance juive, ni d'ascendance grecque, contrairement à ce qui est traditionnellement cru.
Rédigé par : Garry Gaspary | 06 janvier 2016 à 11:34
Peut-être pas non plus d'ascendance romaine, comme la salade ?
Rédigé par : anne-marie marson | 06 janvier 2016 à 15:55
@hameau dans les nuages | 06 janvier 2016 à 12:18
@Mary Preud'homme | 06 janvier 2016 à 11:43
J'ai l'habitude de ce genre de réaction.
Il ressort, tout d'abord, qu'il existe une totale confusion entre athéisme et incroyance.
"Charlie" une meute ? oui ; diverses unions "rationalo rationalistes" des meutes : oui... en un mot, des "croyants".
Certains érudits jésuites ou juifs de mon "école d'Athènes" amicale personnelle, une meute, non : des athées éventuellement croyants ; nous nous comprenons très bien entre nous sur ce point, entre autres...
@ Mary : je mets totalement à part une femme lucide et courageuse comme Simone Weil. Pour les autres, les Sœur Emmanuelle, Martin Luther King et autres gourous plus ou moins dalaï lamaesques, je vous les laisse, puique vous vénérez des idoles et voulez vous identifier à des modèles emblématiques, à des images.
Référons-nous à Shakespeare, dont la citation exacte est :
"To be or not.
To be is the question "
Ou encore à Dieu ;
Dieu dit à Moïse : "Je suis celui qui suis"
L'athée (qui, comme je le répète, peut être, au sens commun, croyant) cherche à "être", et "être" n'a rien de transcendantal.
Rédigé par : protagoras | 06 janvier 2016 à 15:32
@ protagoras | 06 janvier 2016 à 09:35
Ah! parce que vous croyez que les athées ne se déplacent pas en meute ? Que "je suis Charlie" n'était pas une procession ? Qu'ils n'ont pas réédité leur bible à un million d'exemplaires ? Malheur à celui qui se penche un tant soit peu sur l'au-delà de la mort. Il est impitoyablement rejeté des dévotions festives comme "pas marrant".
Sinon rares sont les fanatiques passant devant chez moi pour aller à Compostelle. Bien au contraire la majorité d'entre eux sont en recherche solitaire et n'imposent rien sauf à eux-mêmes.
"t'es-toi quand tu marches"
Rédigé par : hameau dans les nuages | 06 janvier 2016 à 12:18
@ protagoras | 06 janvier 2016 à 09:35
Votre raisonnement est non seulement faux mais surtout sectaire. Preuve que vous n'avez jamais rencontré d'authentiques croyants. Pour n'en citer que quelques-uns pris au hasard sans considération de leur religion et de leurs parcours respectifs : Simone Weil, Martin Luther King, Sœur Emmanuelle, Guy Gilbert, Jacques Ellul. Non pas des libres penseurs mais des esprits libres au plus haut niveau.
Il ressort donc de votre jugement lapidaire qu'à votre manière vous appartenez vous-même à une meute d'incroyants aveuglés par leurs clichés et incapables de la moindre objectivité.
Amen !
Rédigé par : Mary Preud'homme (la paille et la poutre !) | 06 janvier 2016 à 11:43
@ Denis Monod-Broca
Il y a pourtant une similitude troublante et tout à fait d'actualité entre le "Je suis un bouc émissaire, une victime innocente" girardien, le "Je suis Charlie" et le "On est chez nous" FN et corse : le déni de culpabilité qui donne droit à tout et notamment à insulter ceux qui ne sont pas comme vous juste parce qu'ils ne sont pas comme vous, et le positionnement artificiel en victime lorsque ceux que vous insultez osent se rebeller.
Ce déni de culpabilité est proprement d'essence chrétienne dans le "Qui n'est pas avec moi est contre moi". Ainsi, qui est contre moi est coupable puisque je suis nécessairement innocent, me plaçant pour cela au-dessus des lois : le Christ peut ainsi s'asseoir sur les lois juives et traiter les Pharisiens d'engeance de vipères, cela ne le rend pas coupable, selon Girard, puisqu'il est Dieu. De même, Charlie Hebdo peut insulter les religions et les religieux tant qu'il veut, cela ne le rend pas coupable puisque c'est de l'humour. Enfin, les Corses peuvent insulter les étrangers présents sur leur île, puisqu'ils sont Corses...
Ce déni de culpabilité, ce positionnement en victime pour faire binairement de l'autre un coupable est en parfaite contradiction avec le mythe d'Oedipe qui énonce le déni de l'innocence, Oedipe se condamnant et se châtiant lui-même pour son parricide et son inceste alors qu'il ne pouvait avoir aucune conscience de ses crimes. Ici, on se base sur la réalité de l'acte (et ses conséquences dramatiques) pour juger son auteur, alors que là, on se base sur l'intention de l'auteur, peu importe les conséquences de ses actes. Ici, on est sur du concret et de l'objectif, là, on est sur du discours et du subjectif.
La folie chrétienne n'est ainsi ni d'ascendance juive, ni d'ascendance grecque, contrairement à ce qui est traditionnellement cru.
Rédigé par : Garry Gaspary | 06 janvier 2016 à 11:34
@ Franck Boizard | 06 janvier 2016 à 07:44
Il ne faut pas vous en étonner.
Sous ce qu'on pourrait dénommer "cul bénisme" commun, se cache un sentiment de base : le "croyant" préfèrera toujours un autre "croyant", c'est-à-dire quelqu'un qui se déplace en meute.
Cette approche n'a évidemment rien à voir avec une "transcendance" ; le Chinois athée fanatisé par le petit livre rouge - maintenant c'est l'argent - est tout aussi croyant que le pélerin de Compostelle.
Les "croyants", dans le sens que je propose, ont un "ennemi" ou adversaire commun, l'athée, sorte de hussard jamais tranquille ayant perdu sa compagnie ; l'athée est, évidement, celui qui ne se déplace pas en meute, dont on ne sait ce qu'il fait ou pense, dont on ne sait ce qu'il vote ou pour qui il vote.
Vous constaterez d'ailleurs, avec un peu d'attention quotidienne, que nombre de croyants ayant déchiré certains voiles, sans avoir perdu leur foi, sont devenus de facto "perdus pour la meute".
Au titre de cette proposition "le "croyant", être de meute, préfèrera toujours un autre "croyant", il ne faut pas s'étonner de la violation permanente par les élus ("croyants") de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, via par exemple les financements directs ou indirects de bâtiments religieux de type mosquées (mais il pourrait tout aussi bien s'agir de bouddhisteries) avec une préférence monothéiste.
Enfin, ne jamais oublier que les élus "chrétiens" ne peuvent au fond d'eux-mêmes ignorer la similitude historique entre l'envahissement culturel et législatif mahométan actuel et ce qui est advenu dans l'empire romain finissant : pour nombre de chrétiens, le "musulman" est une version actuelle de leurs ancêtres persécutés (!) [d'où la masse d'absurdités entendues sur les racines de la civilisation occidentale...].
Cette "collusion" participe d'un clin d'oeil entre usurpateurs à près de deux millénaires de distance... mais Freud ne disait-il pas que "l'inconscient est intemporel"...
Rédigé par : protagoras | 06 janvier 2016 à 09:35
@Exilé | 05 janvier 2016 à 20:16
Je suis très souvent effaré de discussions avec des chrétiens pratiquants à propos de l'islam, qui ne pensent pas différemment des berbères du septième siècle, sauf que justement, ils ont ce précédent pour leur servir de leçon.
Eh bien non. Ils ont une naïveté, un "bisounoursisme" sur ces questions très supérieurs à la moyenne de la population. Alors qu'en bonne logique, on pourrait s'attendre à l'inverse : ayant des convictions religieuses fondamentalement opposées à l'islam (même si la plupart l'ignorent), ils devraient être beaucoup plus conscients des dangers de l'islam.
Les hommes apprennent-ils jamais ?
Rédigé par : Franck Boizard | 06 janvier 2016 à 07:44
A. Juppé est un lettré qui fait de la politique, il est évident que son côté éclairé lui a permis de ressentir les coups et leur subtilité. Mais comment peut-il franchir objectivement les primaires de son camp, alors qu'il n'a pas le passe pour ouvrir la porte qu'un N. Sarkozy va lui claquer au nez et personne pour moufter, pas un n'est capable de renverser la table, ils sentent tous un peu le fumet de la gamelle et contre mauvaise fortune tous vont y aller de bon cœur.
L'histoire est passée sous le nez de A. Juppé comme elle est passée à la barbe de L. Fabius, les positions du premier sont connues et ma foi pas grand-chose qui puisse faire grimper aux rideaux si ce n'est le dépit. Il peut compter là-dessus mais le tôlier veille et surveille, il est impensable que N. Sarkozy passe son tour et se couche, il est trop joueur et il a la "grinta", cinq ans furent pour lui un calvaire, il ne laissera pas s'échapper son jouet, ce qui le possède, pour cela il faudra lui passer sur le corps et aujourd'hui dans son camp, il le sait, que des troupiers pas de guerriers !
Rédigé par : Giuseppe | 05 janvier 2016 à 20:51
Accommodements raisonnables ...
Comme ceux conclus avec le Chancelier Hitler en 1938 à Munich, par exemple ?
Citons ce bon vieux Winston, qui savait de quoi il parlait :
« Un conciliateur c'est quelqu'un qui nourrit un crocodile en espérant qu'il sera le dernier à être mangé »
@Robert
Ils oublient enfin que la conquête arabe qui a suivi l'islamisation de la péninsule arabique, dans la suite quasi immédiate de la mort de leur prophète, a été réalisée par une minorité arabe assistée des populations nouvellement islamisées. C'est le principe même de la subversion léniniste : le ver dans le fruit, la subversion des élites, le poisson pourrissant par la tête.
Ce que vous expliquez ici est un point fondamental, essentiel à comprendre.
Une partie de l'islamisation a été le résultat d'une conquête par les armes, mais une autre a été simplement causée par la bêtise des populations et de leurs élites - ce qui nous rappelle une autre situation tragiquement actuelle - confrontées à l'islam.
Par exemple, l'Afrique du Nord a été une terre christianisée très tôt (elle a même donné le grand saint qu'a été Saint-Augustin).
Or, suite à des dissensions internes causées par l'hérésie arianiste, les populations fragilisées intellectuellement par cette théorie ont cru que les cavaliers musulmans déferlant chez eux étaient en fait des gens qui leur étaient religieusement proches.
Bien entendu, les faits ont vite démenti cette vision irénique des choses et les chrétiens d'Afrique du Nord ont dû choisir entre la soumission ou le départ.
Plus d'un millénaire plus tard, nous en sommes toujours là...
Rédigé par : Exilé | 05 janvier 2016 à 20:16
Non pas eux ! toujours les mêmes... Le Guen encore de nous expliquer que... Assez ! Sus aux cumuls de mandats, quels qu'ils soient ! Sus à cette pléthore d'élus, et à bas les millefeuilles territoriaux !
Ras-le-bol de toujours pareil, on nous dit que nous vivons au-dessus de nos moyens, que faire ? Que des nantis de la politique, des inusables des fédérations, des incontournables de l'élection, rien ne bouge et A. Juppé ne fera pas mieux c'est certain. Les "labels" des partis (mot repris) sont trop importants, fichtre mais que peut-on-faire ?
Une nouvelle année et un vrai-faux président pour faire l'actualité, Juppé au firmament des sondages, banni et réconcilié avec les citoyens, il faut croire que nous n'avons pas grand-chose à secouer (là je pense à Orangina), cela évite un brainstorming désespéré et sans espoir pour l'avenir d'un pays qui se cherche depuis 1968 et qui n'a toujours rien trouvé.
Rédigé par : Giuseppe | 05 janvier 2016 à 19:40
La lecture de l'interview de Monsieur Juppé ne m'a rien appris sur lui que je ne sache déjà.
Prudent jusqu'à l'excès. Gestionnaire un jour, gestionnaire toujours.
Quand Monsieur Juppé propose un pacte avec les musulmans à l'instar du pacte de Napoléon avec le judaïsme au début du XIXe, on a du mal à imaginer que cet homme cultivé ignore qu'on n'est pas devant une question du même type. Et d'autre part, voudrait-il nommer le grand Imam de France ?
Si Monsieur Juppé se met à imiter Monsieur Sarkozy dans la course aux idées idiotes, on aura bientôt du mal à s'y retrouver.
L'ancien Premier ministre nous indique que la France incarcère bien moins que la moyenne des pays européens. Je serais curieux de savoir où il est allé chercher ça.
Le taux d'incarcération en France est à peu de chose près le même que celui des pays qui lui sont comparables en Europe :
Supérieur au taux en Allemagne, Autriche, Bulgarie, Danemark, Finlande, Irlande.
Le cas du Royaume-Uni tranche, pour la raison que les Anglais ont depuis longtemps criminalisé beaucoup de choses, y compris la pauvreté.
Et j'ai envie de dire qu'il n'y a rien de déshonorant à se retrouver sous ce rapport, mieux loti que la Rép. Tchèque, la Pologne ou la Hongrie.
La partie de l'interview qui me laisse dans un abîme de désarroi, c'est le moment où Monsieur Juppé fait sa variation sur la déchéance de la nationalité. "Son efficacité sera faible, voire nulle", mais il la voterait.
Je me demande si Monsieur Juppé n'a pas là un petit problème de conviction.
L'hypothèse que j'émettrais c'est que Monsieur Juppé est en conscience contre, mais qu'il ne peut se permettre de le dire clairement, sauf à céder du terrain à ses adversaires déclarés pour la primaire de la droite. Ce n'est pas à son honneur. J'ai souvenir d'un candidat sollicitant son élection à la présidence de la République tout en réaffirmant son opposition à la peine de mort, alors que l'opinion était majoritairement pour. Je crois qu'on appelle ça le courage.
Monsieur Juppé homme estimable s'il en est serait bien avisé de laisser aux autres politiciens de son camp ce type de balancement.
Pour le reste, imaginer que l'ancien Premier ministre sera le candidat de son camp en 2017, c'est faire preuve de légèreté dans l'appréciation des rapports de force politiques.
Je suis persuadé de ne prendre aucun risque en pariant sur une victoire de Monsieur Sarkozy à la primaire de la droite dès lors qu'il en serait l'organisateur es-qualités. Il manquera toujours aux rivaux de Sarkozy ces traits de caractère qui lui sont consubstantiels : la fourberie et cette pente pour le mensonge.
On peut douter de la capacité de Monsieur Juppé à apprendre à parler gros rouge en si peu de temps.
Rédigé par : Diogène | 05 janvier 2016 à 19:02
Même si l'objet principal du dialogue se rapportait à la présentation de son deuxième livre-programme
Par pitié, assez ! Ça suffit !
Nous en avons par-dessus la tête, des livres de M.Juppé !
Un livre, puis deux, et puis quoi encore ?
Le seul livre que nous attendions d'un homme politique est celui de ses actes.
Or que sait donc faire Monsieur Juppé, à part rédiger ou faire rédiger des ouvrages de propagande électorale vantant les immenses qualités de sa personne, ou bien à part favoriser sur notre sol l'édification de mosquées destinées à être placées sous le contrôle d'organisations terroristes (cf. la déclaration de David Cameron) qui risquent de nous valoir encore du sang et des larmes ?
Que Monsieur Juppé a-t-il fait de son intelligence à part bachoter ?
Comment se fait-il qu'un homme aussi intelligent ne comprenne rien à rien des attentes des Français, de ce qu'ils ont à supporter dans la vie de sa faute et de ses alter ego de la vraie gauche et de la fausse droite ?
Monsieur Juppé à eu au moins trente ans pour faire porter des fruits à son énorme intelligence. Si nous nous souvenons de ce dont nous pouvons encore remercier Colbert, trois siècles plus tard, si nous pouvons encore être reconnaissants à Napoléon Bonaparte pour de nombreuses initiatives, lui qui consacrait chaque ressource de son intelligence pour améliorer tout ce qui ne fonctionnait pas autour de lui, de quoi pourrons-nous remercier chaleureusement Monsieur Juppé ?
Si Monsieur Juppé éprouve le besoin de se lancer dans une telle littérature électorale, c'est tout simplement que son action (?) ne permet de dégager aucune conviction, qu'il se trouve dans la majorité ou bien dans l'opposition (ou soi-disant telle).
La seule conviction de Monsieur Juppé et consorts comme Monsieur Raffarin, ou comme Monsieur Valls &Cie par exemple, c'est leur dévotion envers Sainte-Gamelle, qui leur fait quitter toutes leurs occupations et tous leurs devoirs pour partir en croisade afin de faire barrage au Front National alors que cela ne figure pas dans leurs attributions légales, et en plus souvent aux frais du contribuable.
Pourquoi n'a-t-il pas fait hier, alors qu'il disposait d'une large majorité, ce qu'il prétend faire demain ?
Ces mêmes gens qui déplorent le chômage sur tous les tons oublient de dire qu'il est le résultat de leur politique aberrante quand ils ont été au pouvoir ou bien de leur complicité par leur silence valant approbation quand ils sont dans l'opposition.
Et nous voudrions que les choses changent avec de tels vieux chevaux de retour ?
« On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés » (Albert Einstein)
Rédigé par : Exilé | 05 janvier 2016 à 18:04
@ Denis Monod-Broca
"Il y a "noble" dans votre pseudo et vous comparez des hommes à de la fange... Je ne comprends pas."
Il y a noble dans mon pseudo et je compare des hommes à de la fange. Vous avez l'air de dire qu'il y a contradiction. Laquelle ? Des hommes se comportant comme de la fange méritent d'être appelés fange. Sachez que définir les gens par leur comportement, c'est justice, qu'être juste n'est pas contradictoire, et de loin, avec la noblesse.
Dur à comprendre ?
Mais je ne vais pas répéter ce que j'ai dit par ailleurs.
"C'est vrai qu'il y a "joué" aussi. Sans doute ne faut-il rien prendre au sérieux de ce que vous dites. Pourquoi le dites-vous alors ?"
J'ai déjà dit pourquoi j'ai dit joué, vous pouvez relire. Et sachez que je n'écris jamais pour ne rien dire. Que je ne suis pas votre clown ! Qui se comporte comme fange mérite d'être appelé fange, on est ce qu'on fait. Qui assassine est assassin, qui trahit est traître.
Les assassins terroristes islamistes, qui de plus tuent leurs concitoyens, sont des assassins, et des traîtres, en plus.
De la fange. Me chicaner un mot quand vous ne cessez d'excuser les pires dérives des islamistes ! Il est vrai que dans notre société, mieux vaut parler en langue de bois, mieux vaut être un traître, mieux vaut être un assassin, mieux vaut tout que d'appeler les choses par leur nom.
J'ai le droit d'appeler des assassins qui sont des traitres par un nom approprié sans qu'on remette mon pseudo, c'est-à-dire une identité que j'ai choisie, en cause.
J'ai le droit de les traiter de ce que je veux, tiens, maintenant, de nuisibles - ils le sont, ils nuisent, et ce sciemment - sans qu'on me dise qu'il ne faut pas me prendre au sérieux, comme si j'étais un bouffon ! Je ne vous permets pas d'insinuer que j'ai démérité de mon pseudo ou que je parle pour ne rien dire ou que je dis n'importe quoi. Ou plutôt, faites donc, mais je réplique.
Quand on remet les autres en cause, eh bien, si incongru que cela vous paraisse, ils répliquent. Qu'on remette mon pseudo (donc mon identité) et mon sérieux (mon honnêteté intellectuelle et mon intelligence ne sauraient tarder...) en cause pour de la fange islamiste, terroriste et traîtresse ! Vous me rabaissez donc au niveau de ces gens-là.
Si ce n'est pas une attaque, c'est quoi, L'Hymne à la joie ?
Rédigé par : Noblejoué | 05 janvier 2016 à 16:53
@sandra
"Lorsque les hommes de ma génération ont fait leur service militaire, un tel refus nous aurait conduit droit devant le Tribunal militaire, même en temps de paix"
Il faudrait rétablir les tribunaux militaires même en temps de paix... Si je suis d'accord pour admettre avec Denis Monod-Broca qui m'a pourtant attaqué injustement (et ne s'excusera jamais : il faut toujours que les autres appliquent leur morale à la place de ce type d'individus...) que le cas que vous avez évoqué est une exception... Mieux vaut prévenir que guérir ! Je ne suis pas comme Attali à "prédire" l'avenir mais il faut essayer de parer au plus de cas possibles.
@ Denis Monod-Broca
Sandra n'a pas dit que ce n'était pas une exception.
Sandra n'a pas dit non plus que nous étions en guerre... Ou pas. Vous êtes complétement hors du coup, mon pauvre vieux.
« Ainsi, le commandement militaire vient de démontrer son incapacité à gérer directement une rébellion d'ordre religieux, même infime, au sein des armées. Serions-nous dès maintenant soumis à "l'islam de France, modéré et tolérant", comme chacun sait ?! »
Sandra montre un cas grave de non soumission aux ordres, c'est tout... Tant qu'à être soumis, je vous signale qu'on peut être soumis sans même être passé par la guerre.
Si un peuple est si lâche qu'il cède sur tout aux islamistes même sans guerre, il est vaincu, soumis, balayé, esclave, et c'est ce résultat, la soumission, qui compte, et non de savoir ce par quoi ses ennemis l'ont mis sous le joug, menace ou guerre.
Décidément, vous avez le chic pour vous focaliser sur des mots tel que mon mot "fange", ou sur des moyens "guerres" ou pas guerres, au lieu de but, tel que rester libre. Donc vous vous obsédez sur des choses secondaires, vous confondez les buts et les moyens. Brillant ! Continuez sans rien changer, surtout. Ce qui vous autorisera d'autant plus à demander aux autres de changer... J'ai souvent remarqué ce travers des croyants de diverses obédiences, ne surtout pas appliquer sa morale mais aux autres de le réclamer qu'ils le fassent à leur place. Mais je n'ai pas à sous-traiter votre ticket pour le paradis, voyez-vous.
Rédigé par : Noblejoué | 05 janvier 2016 à 16:07
On dérive d'Alain Juppé aux craintes que son idéologie peut susciter, de manière légitime d'ailleurs (atlantisme, ultralibéralisme, européisme fédéraliste réduisant non seulement les nations, mais aussi les États à l'impuissance. Alors A.J. écrit un livre à la gloire de "l’État fort"...).
On se trouve ici dans la même logique que celle de notre actuel président de la République et on ne saurait sur ces points les différencier.
L'autre point clivant est l'âge. Mais celui-ci, compte tenu de l'évolution de nos sociétés, n'est pas un critère suffisant de discrimination. En effet, le fond du problème est la nécessité d'une excellente forme physique et d'un intellect encore parfaitement intact. On peut penser qu'AJ les a et pourrait effectivement aussi bien si ce n'est mieux endosser la fonction présidentielle que FH, d'autant qu'il prétend ne solliciter qu'un seul mandat. Mais l'antécédent Mitterrand ne peut que laisser circonspect sur ce type d'engagement de campagne !
Un troisième point est la relation d'AJ à l'islamisme. On peut douter d'une détermination à le combattre. Sandra appelle notre attention sur un "fait divers" qui apparaît singulier mais qui est appelé à se développer.
Hier soir Canal+ a diffusé un excellent reportage sur la route des kalachnikov des Balkans vers la France. Outre que nos dirigeants sont "taiseux" sur le sujet, un petit passage a retenu mon attention.
Un jeune bosniaque a attaqué un commissariat au nord-est de son pays. Il s'était radicalisé notamment par Internet mais aussi par relation avec un "gourou islamiste" rappelant notre fameux "Syrien ariégeois" de l'affaire Merah. S'il se défend d'avoir poussé le jeune bosniaque à commettre un attentat, le gourou a déclaré de manière claire que le but reste l’islamisation du monde, qu'il se tenait tranquille dans l'attente du déclenchement d'une guerre civile que son camp gagnerait et qu'alors il rejoindrait le combat. De fait, un universitaire musulman interrogé par la journaliste a évoqué, si ma mémoire est bonne, un potentiel de 10 000 individus radicalisés dans ce pays.
Il me semble que nos dirigeants politiques qui prétendent à l'exercice des fonctions suprêmes sont incapables d'intégrer dans leur "logiciel" ce type de raisonnement et de psychologie. Ils oublient enfin que la conquête arabe qui a suivi l'islamisation de la péninsule arabique, dans la suite quasi immédiate de la mort de leur prophète, a été réalisée par une minorité arabe assistée des populations nouvellement islamisées. C'est le principe même de la subversion léniniste : le ver dans le fruit, la subversion des élites, le poisson pourrissant par la tête.
La peur de la guerre civile religieuse panique nos décideurs et les empêche de concevoir les solutions pour en combattre les germes déjà présents. "Soumission" dit Houellebecq : nous y sommes incontestablement, et ce ne sont pas les paroles de Garry Gaspary qui pourront nous détourner de l'objectif poursuivi par les adorateurs zélés de Mahomet, singulièrement les convertis de fraîche date !
Rédigé par : Robert | 05 janvier 2016 à 16:00
@ Noblejoué
Vous ai-je "attaqué" vraiment ?
Vous me citez au début de votre commentaire, relisez-moi.
J'ai dit mon incompréhension devant votre usage du mot "fange" et je me suis interrogé sur votre pseudo. Est-ce une si violente attaque ? L'expression d'un désaccord est-elle à vos yeux une inexcusable attaque ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 05 janvier 2016 à 15:49
@ Denis Monod-Broca
"Il y a "noble" dans votre pseudo et vous comparez des hommes à de la fange... Je ne comprends pas.
C'est vrai qu'il y a "joué" aussi. Sans doute ne faut-il rien prendre au sérieux de ce que vous dites. Pourquoi le dites-vous alors ?"
Noblejoué... Si on veut être noble, il faut jouer à l'être par l'imagination, se projeter dans différentes situations et essayer de se comporter avec le plus de justice possible. Mais il est dès lors presque sûr qu'on sera joué. Eh oui, plus on essaie de bien faire, plus on sera porté à ne pas penser à mal... De plus, mon pseudo fait allusion à un vin, comme dirait Baudelaire, enivrez-vous de diverses choses pour supporter les déceptions et divers problèmes de la vie.
Ainsi, mon pseudo, ne vous en déplaise, englobe justice, prudence et bonheur de vivre.
Mon bon, vous me disputez sur un mot, "fange", que j'assume totalement. Qui se comporte comme de la fange en agressant injustement, de plus, des concitoyens, ce qui fait que l'injustice dans le cas des gens qu'il faut déchoir de leur nationalité, ne mérite que d'être traité de fange. On est, ne vous en déplaise, ce qu'on fait. Si ces gens ont un comportement de fange, ils méritent d'être appelés ainsi.
Vous vous scandalisez plus de ce qu'on nomme des gens comme ils le méritent que de leurs actions, plus de la rétorsion contre l'injustice que de l'injustice, et m'attaquez quand vous ne cessez de dire, en somme, de ne pas attaquer ceux qui nous attaquent.
Donc :
1 Mal agir est pour vous pire que d'appeler les criminels du nom que mérite leur action.
2 Vous prêchez de tendre l'autre joue... et me giflez quand je ne vous ai pas attaqué.
Ainsi donc, vous êtes un mauvais citoyen, qui refuse à ses concitoyens de se défendre.
Et un mauvais chrétien qui n'applique pas ce qu'il prêche.
Dans un autre blog, quelqu'un a dit qu'on vous attaquait injustement. Je gage que votre fan ne remarquera pas que vous m'avez attaqué injustement.
Je parie que vous ne vous excuserez pas non plus. Dans un sens, tant mieux : je n'aurai pas à envisager de vous excuser. Comme je ne suis pas de confession chrétienne, je n'ai pas à appliquer votre morale à votre place, voyez-vous.
Rédigé par : Noblejoué | 05 janvier 2016 à 14:06
De Valérie Trierweiler à F. Hollande, de Julie Gayet à F. Hollande, que de chemin parcouru pour le Président, bon, A. Juppé est d'une autre génération c'est justement là qu'est le défaut pour la vie aujourd'hui.
De Gaulle et Yvonne un peu plus avant, je trouve cela plutôt incongru ou rigolo le décalage, quand dans la bouche du tout premier j'entends le mot résistance ou guerre, forcément en arrière-plan je vois un scooter et un casque... Bizarre effet quand on veut se donner de l'épaisseur et de la crédibilité et immanquablement je souris comme au théâtre devant un vaudeville.
Je ne sais si dans le choix final, ce qui pèse en vérité, la fonction de Président apparaît d'autant plus décalée quand elle s'affiche avec des attributs de solennité battus en brèche par un vulgaire scooter ou un compagnonnage tumultueux qui aurait pu attendre le clap final.
Il faut faire avec et ce qui est le plus décourageant et rageant, jamais les apparences n'ont été aussi trompeuses mais ô combien elles peuvent dévoiler une puissance ou une faiblesse réelle de nos élites.
En fait, des saltimbanques de la politique derrière lesquels se réfugier, par force on n'a plus le choix, en fait on n'est jamais dans la démocratie mais toujours dans l'imposé tacite.
Rédigé par : Giuseppe | 05 janvier 2016 à 13:37
@sandra
Mais non ! nous ne sommes pas en guerre, sinon dans les déclarations de M. Hollande qui justifie ainsi ses bombardements. Et un cas particulier est un cas particulier. Pourquoi en faire une affaire ?...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 05 janvier 2016 à 12:36
@Denis Monod-Broca | 05 janvier 2016 à 10:48
"Le terrorisme est l'arme des lâches dit-on, il est aussi l'armes des faibles et des désespérés."
Trouvé ce dialogue sur un blog, à réfléchir... :
"...il me semble que si le concept de perdant radical peut s’appliquer aux tueurs de masse nord-américains, il est impossible de le transférer à une collectivité et encore moins aux arabo-musulmans qui ne sont perdants qu’en tant qu’on mesure la réussite au PIB par habitant ou au degré d’alphabétisation... Quant aux stratégies turques, pakistanaises ou iraniennes, elles n’ont rien de stratégies de perdants"
"X, à mon avis, commet une erreur conjuratoire et contra-phobique, qui consiste à minimiser l’ennemi en l’inscrivant dans le cadre existentiel-psychiatrique d’un solitaire... Les stratégies arabo-musulmanes et iraniennes tiennent beaucoup plus de Machiavel et Gramsci que de
« unabomber »
"Exact, il me semble d’ailleurs que c’est Machiavel qui conseille aux usurpateurs de commencer par une série de massacres pour instiller la terreur dans les esprits, après la légitimité vient toute seule"
Rédigé par : protagoras | 05 janvier 2016 à 11:49
@sandra | 05 janvier 2016 à 04:51
« Ainsi, le commandement militaire vient de démontrer son incapacité à gérer directement une rébellion d'ordre religieux, même infime, au sein des armées. Serions-nous dès maintenant soumis à "l'islam de France, modéré et tolérant", comme chacun sait ?! »
Le commandement militaire n’a rien à voir à l’affaire. Il est commandé lui-même par les politiques et heureusement… Ce sont ces derniers qui ont complètement détruit leur autorité. Les valeurs militaires qui faisaient son efficacité se désagrègent.
Le ver islamique est partout dans notre société avec ses effets négatifs et ses effets… négatifs.
Rédigé par : dosimi | 05 janvier 2016 à 11:23
@ Garry Gaspary
Je ne vais pas relancer tout un débat sur René Girard et sur le christianisme mais réduire le cas Charlie à "l'inégalité du combat entre la plume et la Kalachnikov" est bien léger. Derrière la plume en question il y a la France, son économie, ses chasseurs et bombardiers, sa bombe atomique, le parapluie américain... derrière la kalachnikov il y a certes aussi bien des milliards et bien des armes mais de quel côté penche la force ?
Le terrorisme est l'arme des lâches dit-on, il est aussi l'armes des faibles et des désespérés.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 05 janvier 2016 à 10:48
@ Marc-Antoine | 04 janvier 2016 à 20:49
"On les fusille, comme en 45..."
Vous avez dû louper un chapitre de la Constitution puisque la peine de mort a été abolie cinq ans après la plaidoirie de l'avocat Badinter dans l'affaire Patrick Henry.
Mais est-ce plus juste, plus humain, de laisser des hommes/femmes croupir dans des prisons (comme Guantanamo par exemple) jusqu'au bout du bout de leur vie ?
Vaste question en effet.
Rédigé par : breizmabro | 05 janvier 2016 à 10:32
@Denis Monod-Broca | 04 janvier 2016 à 19:16
"L'antireligion" (pour parler de façon simplifiée) n'est pas nouvelle, y compris dans des civilisations dans lesquelles la dogmatique religieuse, si caractéristique des monothéismes, n'existait pas.
La critique des antireligieux gréco-romains (cyniques, atomistes...) a toujours été constante au regard, précisément, de la religion politique ; l'exemple donné par ces philosophes était tiré de l'Iliade, texte dans lequel on voit Agamemnon sacrifier Iphigénie à la demande des Dieux, afin d'obtenir des vents favorables (voir par exemple Lucrèce, "De rerum natura").
N'oublions pas non plus que la condamnation de Socrate (purement politique) a été justifiée par des attendus (prétextes) liés à son "impiété".
N'oublions pas non plus le conseil de Cicéron aux jeunes gens se destinant à la carrière politique :
"savoir manger du poulet sacré, même si l'on se moque des augures..."
Le problème actuel réside dans certains faits :
- les politiciens ne se moquent plus des augures (si cela était, on pourrait éventuellement, et du bout des doigts, leur pardonner la consommation très occasionnelle du poulet...)
- ils voudraient que le citoyen consomme dudit poulet, se prétende heureux de le faire, et ne se moque surtout pas des augures.
- lesdits politiciens sont antifrançais (y compris le FN), bradant tout un "esprit" radical et philosophiquement libertin (qui, on l'ignore souvent, fut une conséquence du combat culturel appelé "classicisme", dont une apogée fut le siècle de Louis XIV, et la continuation le siècle des Lumières).
S'il fallait déchoir certains de leur nationalité, ce serait pour "crime contre la culture française, crime contre l'esprit".
Rien de nouveau sous le soleil.
Rédigé par : protagoras | 05 janvier 2016 à 10:27