La deuxième vague de l'enquête électorale du CEVIPOF commencée à la veille des élections régionales de décembre 2015 et destinée à se poursuivre jusqu'en juin 2017 permet de recueillir plusieurs enseignements dont deux sont aujourd'hui essentiels.
Les Français manifestent un intérêt soutenu pour la primaire de la droite au mois de novembre 2016 et pour les élections présidentielle et législatives du printemps 2017.
Face à Nicolas Sarkozy, "Alain Juppé creuse nettement l'écart" puisque sur les intentions de vote au premier tour, il serait à 44%, l'ex-président à 32, Bruno Le Maire à 11 et François Fillon à 9 (Le Monde).
Nul besoin d'être devin pour considérer que la joute principale va opposer Alain Juppé à Nicolas Sarkozy malgré la certitude encore récemment affirmée par François Fillon de l'emporter grâce à un projet de véritable rupture (France 5).
Au-delà de ces chiffres qui traduisent l'avance d'Alain Juppé sur ses concurrents et semblent manifester une adhésion nette au programme annoncé par étapes par le maire de Bordeaux, il est intéressant de les comparer à ce qu'on entend dans la quotidienneté, dans les conversations où les citoyens s'expriment librement, dans ces multiples moments où la société civile a l'occasion de se questionner elle-même et de s'avouer ses choix sincères, dans les "cafés du commerce" où l'opinion brute va directement au fait et à la charge.
A tort ou à raison, malgré le soutien indéfectible d'un noyau de militants aux LR, Nicolas Sarkozy me paraît décroché, usé par rapport aux attentes du pays. Comme si on l'avait trop vu, trop entendu et qu'on était lassé par avance de la redite, des répétitions. Son talent demeure indéniable mais il ne peut pas transformer la défaite d'hier en triomphe ni métamorphoser les illusions perdues en fraîches espérances. Le pire est qu'on perçoit à son encontre, non plus une hostilité vive mais comme un découragement, un désabusement. On voudrait le voir quitter doucement, aimablement la pièce. On aimerait qu'il se congédiât lui-même.
François Fillon est clairement perçu comme celui qui, pour compenser le médiocre bilan du quinquennat précédent faute de courage politique, s'est engagé en faisant enfin cavalier seul en faveur de propositions et de mesures qui sur tous les registres, si elles étaient mises en oeuvre, décaperaient et représenteraient en effet un saut. Ce ne serait plus du libéralisme honteux mais un mélange détonant d'autorité de l'Etat et de libération des initiatives et des entreprises.
Mais, une fois cette concession importante faite, on n'y croit plus. Moins en raison du fait qu'il a été le Premier ministre en même temps souffrant et orgueilleux de Nicolas Sarkozy, qu'à cause de ses maladresses tactiques, de ses abstentions peu compréhensibles, de ses audaces trop vite rétractées et du retard qu'il semble donc avoir irrémédiablement accumulé. Le gâchis d'une élaboration cohérente pour le futur gangrenée par une maladresse politicienne.
Pourtant, ce qui se dit d'Alain Juppé n'est guère exaltant, la plupart du temps : on votera pour lui parce qu'on ne veut plus de Nicolas Sarkozy. Avec lui, c'est sûr, il n'y aura pas de rupture. Sur les faits de société, il n'est pas très clair. Il n'enthousiasme pas. Il est froid. Ses équipes sont arrogantes, se répartissent les postes avant l'heure ! Au mieux, il sera un vainqueur par défaut mais il ne fera qu'un quinquennat, c'est rassurant et d'ailleurs il va nous rassurer. Un Chirac un peu plus actif !
Je n'invente rien. Je suis persuadé que cette rumeur diffuse, aigre et insistante est connue de lui et de ses deux principaux conseillers - heureusement, Alain Minc n'en est pas ! - et que, malgré son apparente élévation, elle les inquiète.
Si je peux comprendre d'où elle vient, je la trouve cependant injuste car elle résulte d'une analyse guère pertinente de la personnalité d'Alain Juppé et de sa démarche intellectuelle et politique.
D'abord - et ce peut être un paradoxe pour ceux qui comme Nicolas Sarkozy insistent avec inélégance sur son âge -, Alain Juppé est, en tout cas depuis 2007, moins directement rattaché aux responsabilités publiques que certains autres qui le combattent. Je songe notamment à Nicolas Sarkozy et à François Fillon. Et même à Bruno Le Maire.
Alain Juppé est un homme d'expérience mais étrangement il me semble être épargné par le grief qu'il aurait déjà beaucoup servi. Pour une raison simple qui tient à sa personnalité. Celle de ses adversaires a connu des revirements, des métamorphoses, des agitations, de multiples changements proclamés - on ne les compte plus pour Nicolas Sarkozy -, des embardées brutales comme pour Bruno Le Maire, des dénonciations trop tardives et donc inutiles - c'est François Fillon -, une histoire et des phases contrastées.
Rien de tel pour le caractère d'Alain Juppé. Aussi critiquable que son être puisse apparaître pour certains, il n'a pas évolué à tort et à travers. Cette stabilité pourrait inquiéter dans un monde normalement paisible mais elle rassure profondément dans un univers déchiré, désordonné, empli de fusées éclairantes puis de retombées déprimantes.
Sa personnalité offre un point fixe alors que tout autour d'elle, de manière ostensible ses rivaux nous offrent un spectacle divers et varié donnant l'impression qu'ils ont parcouru tant de chemins entre hier et aujourd'hui qu'on n'a vu qu'eux en train de les emprunter sans cesse. Alain Juppé n'est pas un homme du passé, pas plus que ses contradicteurs ne sont des hommes d'avenir. Il se tient et demeure, et ce n'est pas rien aujourd'hui.
Mais la cause fondamentale du malentendu sur les idées d'Alain Juppé, avec ce grief absurde qu'il serait mou ou ambigu, se rapporte à une conception de la vie publique qui nous sortirait des dogmes, des catéchismes et des visions confortablement antagonistes, pour faire advenir le triomphe de l'intelligence.
C'est en effet le primat donné à cette dernière qualité, à cette vivacité et à cette lucidité de l'esprit qui m'a frappé dans les entretiens denses qu'il a récemment accordés. Il ne s'agit plus d'appréhender les problèmes et les difficultés de la vie sociale, de notre vivre-ensemble, de la religion et du communautarisme, de la sécurité et de la justice par le biais de slogans sommaires et exclusifs mais par une approche fine, capable d'éviter une bêtise en gros au profit de justesses au détail.
Une réalité sur laquelle ne serait plus apposée l'idéologie du Tout ou Rien mais un pragmatisme mesurant le poids du présent et n'oubliant pas les échappées vers demain. La force ou la faiblesse de l'Etat ne serait plus une alternative mais seraient privilégiées l'intelligence et l'impartialité d'un côté contre les trop nombreuses foucades arbitraires, à la fermeté hémiplégique, de l'autre. Avec Calais comme lieu d'un déplorable exemple.
Ce qui nous manque, c'est un empirisme qui aurait encore une vision.
Alain Juppé n'est pas mon héros. Je n'ai pas l'âme inconditionnelle. Mais qu'on ne le sous-estime pas. S'il bat Nicolas Sarkozy demain, ce ne sera pas seulement à cause de ce dernier mais grâce à lui-même.
L'élévation d'Alain Juppé est le constat d'aujourd'hui et sera une chance pour demain.
Pour qui ne veut plus de Nicolas Sarkozy ni de François Hollande et ne souhaite pas la victoire de Marine Le Pen et du FN dont l'ascension est résistible.
Pour "rebondir" sur Franck Boizard | 10 février 2016 à 10:12
Désolé, je n'ai pas trouvé la source orwellienne précise.
Je rajouterai que quitte à proposer que Juppé soit le nom de Pétain, la technocratie sous et surtout sus-jacente est tout à fait représentable par les clones de Jean Bichelonne
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Bichelonne)
Rédigé par : protagoras | 10 février 2016 à 12:39
Oui Alain Juppé a la hauteur de vue et le comportement dignes d'un homme d'Etat. Dans le paysage politique actuel, c'est celui qui conviendrait le mieux. Quant à ceux qui se gaussent de son âge on rappellera que Mitterrand a entamé son deuxième mandat à 71 ans, de Gaulle à 75 ans. Par ailleurs, on ne peut pas soupçonner la gauche de jeunisme dans la mesure où elle fait appel à Badinter (87 ans) pour une fulgurante révision du code du travail à droit constant !
Rédigé par : jack | 10 février 2016 à 12:33
J'ai été choqué de la légèreté avec laquelle vous balayez François Fillon. J'espère que vous avez tort. Cet homme est tombé, alors qu'il avait quitté son poste avec une cote de popularité étonnamment élevée, dans deux pièges tendus successivement par des voyous : l'élection du président de l'UMP et le déjeuner avec Jouyet. Pour ma part, j'apprécie l'énorme travail qu'il a entrepris avec des hommes de qualité. Certes, il ne va pas faire danser les vieilles dames dans leur maison de retraite, ni jouer au bière-pong, en chemise à carreaux et col ouvert au milieu de ses "jeunes supporters". Pour moi, vous avez là commis un faux pas. Dommage, je vous aimais bien.
Rédigé par : Bernard LATREILLE | 10 février 2016 à 12:27
Manque juste ce qui pourrait relever notre pays :
1/ sur le modèle danois, d'une part partir du principe que le patron est le mieux placé pour savoir si licencier un salarié est souhaitable ou pas pour l'entreprise, et donc le laisser licencier librement ; d'autre part prendre les licenciés totalement en charge.
2/ Le larguage de notre système judiciaire complètement pourri, irrécupérable, source d'une instabilité du droit dont il se nourrit, aussi ruineux pour la collectivité que pour les individus, qui comme au mois de septembre dernier, est capable d’un trait de plume de vouer les géomètres topographes à la disparition du jour au lendemain pour la plus grande joie des géomètres experts.
Plus de justice administrative qui ne poursuit quasiment jamais les délits commis par les élus et les fonctionnaires.
Un système inspiré de l'américain, vite !
Deux mesures qui ne coûteraient rien, adoptables sur référendum populaire, et qui ressusciteraient notre pays.
Qui en a entendu parler ?
@Franck Boizard
Pourquoi être si peu attaché à la vérité concernant P. Pétain ? Il n’y a pourtant pas grand effort à faire pour sortir de la doxa du temps. Il vous suffirait par exemple de lire Henri Amouroux dont l’intégrité n’a été soupçonnée par personne.
Or, non seulement le traitement que l’on fait à la mémoire d’"un Monsieur trop grand pour les Français qui ne le méritaient pas" selon de Gaulle lui-même, est une honte, mais nous aurions aujourd’hui bien besoin de nous repencher vers la révolution nationale.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 10 février 2016 à 11:30
En tout cas, s'il y en a un qui n'est pas prêt de se suicider c'est bien lui ! Record de ventes, foules immenses dans tout le pays pour l'approcher, dédicaces, selfies, malgré l'émission DPDA et les débats en boucle pour dire que c'est un loser, la rue a son dernier mot ; un beau tacle à tous les intellos bobos antisarko.
"Bordeaux : Nicolas Sarkozy déplace les foules pour dédicacer son livre.
Ils étaient près d'un millier cet après-midi, patientant calmement sous la pluie pour recevoir la dédicace de l'ancien chef de l'État. Dans la cité d'Alain Juppé *,Nicolas Sarkozy a attiré la foule bordelaise (france3-regions.francetvinfo.fr)"
Et désolé chers collabos, tout sauf Juppé !
Le diable, la peste, le choléra, tout ce que vous voulez mais de grâce, si c'est pour nous refaire un quinquennat hollandien en pire, non merci !
* Juppé ? C'est qui ?? le futur président socialiste ? ne serait-ce pas celui qui a condamné les gendarmes à Sivens et rien sur les casseurs ?? celui qui est pour le voile islamique ? me trompé-je ?
Rédigé par : sylvain | 10 février 2016 à 11:25
Les "programmes", les "séries de mesures" etc., censés éclairer des lendemains chantant plus ou moins juste, ne sont jamais que des techniques purement économico-utilitaristes.
Outre le fait que, de tout temps, les peuples ont demandé à leurs gouvernants de les protéger (les gouvernants modernes, Français ou non, agissant ou plutôt non à gissant exactement à rebours, toujours au nom de l'"utilitarisme"... quoi est utile à qui, d'ailleurs ?), je constate qu'aucun ne propose, je dirais même n'impose, un projet et des directions symboliques claires (même "fétiches", certains fétiches sont symboliquement utiles).
Pour ne donner que quelques exemples français de gouvernants symboliquement et concrètement "porteurs" - et sans aucune, mais vraiment aucune, approbation ou improbation, je le précise -, je citerai Henri IV, Louis XIV, Robespierre, Bonaparte, Pétain, De Gaulle, Pompidou, Giscard partiellement.
A contrario, les indécisions de "non gouvernants" (exemple, Louis XV par mélancolie et Louis XVI par désintérêt) ont conduit à la Révolution française.
Aujourd'hui, la non mise en avant de directions peut-être "mythiques" voire grandiloquentes (cf "le grand Charles") mais profondément "culturelles", ne peut que susciter un enthousiasme pour le moins... mitigé. Regardons le lamentable président actuel face à la très "bismarckienne" chancelière allemande.
Quel intérêt, donc, à préférer Machin ou Truc, comme une sorte de moindre mal, dans la vacuité symbolique actuelle ?
Rédigé par : protagoras | 10 février 2016 à 11:07
"L'élévation d'Alain Juppé" (PB)
Je pense que j' y reviendrai, mais alors, "La bassesse de Cahuzac" ?
Ce dernier risque (Orange) la prison et un million d'euros ; à priori c'est bien parti pour qu'il concède quelques poches de pistaches seulement.
Le premier, difficile à cerner, me fait toujours penser à des amandes qui pour certaines ont un goût détestable, pouvant être très amères.
Rédigé par : Giuseppe | 10 février 2016 à 11:02
@Exilé | 10 février 2016 à 10:01
"Alain Juppé pour quoi faire au juste ?
Pour nous asservir encore un peu plus à l'étranger, comme sa visite plus que symbolique en Algérie dans le cadre de sa pré-campagne électorale nous le fait craindre ?"
Ou il y est allé pour reconnaître que l'intervention en Libye avait été un fiasco.
http://www.algerie1.com/actualite/lintervention-miliaire-en-libye-un-fiasco-selon-juppe/
Et je ne vais pas l'enfoncer sur l'épisode de l'attaque au gaz de la Goutha avec l'aventure militaire cataclysmique où il aurait aimé nous entraîner...
Alors l'élévation de Monsieur Juppé... Je n'ai nulle envie de boire de son calice. Pour moi la messe est dite.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 10 février 2016 à 11:01
Je ne peux que recopier un de mes propres billets :
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Après les attentats du 11 janvier, un bon bourgeois, gentil, propre sur lui, « bien comme il faut » est presque un euphémisme le concernant tellement il est conformiste, m’avait expliqué que ces tristes événements n’étaient pas significatifs parce que les terroristes étaient « isolés » (ce n’est pas vrai, mais c’est l’argument qui m’intéresse, pas la réalité). Aujourd’hui, j’entends que le terroriste marocain du Thalys était si maladroit que ce n’était pas un « vrai » terroriste.
Cela m’a rappelé un texte de George Orwell (un lecteur érudit m’en indiquera peut-être la source).
Il y exposait la thèse suivante. Contrairement au bourgeois, le prolétaire est, dès sa tendre enfance, familier de la violence, la vraie, physique, pas seulement la symbolique, même s’il sait qu’elle peut aussi être sociale ou psychologique. Il en reconnaît la nécessité, ni plus ni moins.
Le bourgeois, lui, n’a pas cette familiarité avec la violence. Il peut en être fasciné, comme beaucoup d’intellectuels, à la Sartre. Il peut aussi refuser d’en admettre la nécessité ou la réalité, comme les pacifistes.
Je colle cette analyse orwellienne sur les bourgeois qui accusent Nicolas Sarkozy d’ « antagoniser » ou d’être un « diviseur » (moi, je lui reproche de mauvaises politiques, et je lui reproche de ne diviser qu'en paroles : il y a des conflits réels en France, il faut les assumer, trier le bon grain de l'ivraie et trancher, quitte ensuite, mais seulement ensuite, à coudre). Non, diviser n'est pas une faute quand c'est une nécessité politique.
Ces mêmes gens ne voient dans les terroristes que des isolés ou des faux terroristes, pour ne pas assumer un conflit qui crève pourtant les yeux. Toujours minimiser, toujours détourner le regard, toujours « un instant monsieur le bourreau ». Tout plutôt que d'assumer la nécessité de se battre (et donc de faire des sacrifices). Refuser le très prolétarien mot de Clemenceau : « Le vainqueur c'est celui qui peut, un quart d'heure de plus que l'adversaire, croire qu'il n'est pas vaincu. »
Bien entendu, ces bourgeois fuyant le conflit sont des admirateurs d'Alain Juppé (« Ah ! Il est brillant », avec des intonations rendues humides par l'amour). Leurs aïeux disaient, « c'est Pétain qu'il nous faut » et pour les mêmes raisons : la promesse illusoire d'une remise en ordre sans remise en cause.
De Gaulle, parlant à Peyrefitte, tapait juste : « Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort ! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre ».
On remplace « Pétain » par « Juppé », on peut garder « les Allemands », et cette phrase correspond à merveille à nos bons bourgeois d'aujourd'hui.
Hélas, il y a un petit hic de rien du tout, un minuscule caillou dans la chaussure : l'histoire est tragique et la vie est violente. Moins dans le XVIe et à Versailles, certes, mais quand même un peu.
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Maintenant, il se peut que je me trompe sur Alain Juppé. Mais nous le connaissons depuis si longtemps que c'est peu probable.
Rédigé par : Franck Boizard | 10 février 2016 à 10:12
Nul doute que dans mon esprit Alain Juppé ferait un président de la République tout à fait honorable.
C’est un homme vraiment cultivé qui a fait ses humanités : Normale Sup, agrégé de lettres classiques, mais qui connaît aussi l’économie : diplômé de Sciences Po, ancien élève de l’ENA, inspecteur des finances, alors que généralement ceux qui se prétendent cultivés sont très souvent ignares en économie. Certes, cette bardée de diplômes représente un handicap à l’égard de ceux qui savent tout sans jamais rien avoir appris et pour lesquels avoir fait de difficiles études constitue un certificat d’incompétence.
C’est un homme d’expérience qui a exercé les responsabilités les plus hautes à l’exception de la fonction suprême.
Paradoxalement sa condamnation a montré qu’il était un homme d’honneur et de fidélité en acceptant de prendre seul la responsabilité des turpitudes de sa famille politique.
Il n’est toutefois pas inconvenant de poser la question de l’âge sous deux aspects.
Le premier tient directement au vieillissement. A.Juppé aura 72 ans en 2017, 77 à la fin de son éventuel mandat. L’âge ne fait rien à l’affaire nous dit-on, mais enfin personne hélas n’échappe avec le temps à une dégradation de ses facultés physiques et intellectuelles, même si cela se fait à des rythmes qui peuvent être sensiblement différents suivant les individus.
Le second est plus insidieux. A.Juppé a d'ores et déjà annoncé qu’il ne se présenterait pas à un second mandat, précisément en raison de son âge. Or l’histoire de la Ve République enseigne qu’un Président qui n’est pas en situation de se représenter perd en autorité du fait de la guerre de succession que provoque une candidature ouverte. De ce point de vue François Hollande se trouve dans la même situation puisqu’un Président ne peut faire plus de deux mandats consécutifs, ce qui laisse toutes possibilités pour Nicolas Sarkozy, un vrai cauchemar.
Et si à droite on regardait un peu plus du côté de François Fillon qui a un réel programme de droite cohérent et non démagogique ?
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 10 février 2016 à 10:05
Alain Juppé pour quoi faire au juste ?
Pour nous asservir encore un peu plus à l'étranger, comme sa visite plus que symbolique en Algérie dans le cadre de sa pré-campagne électorale nous le fait craindre ?
Rédigé par : Exilé | 10 février 2016 à 10:01
Le Français, en dehors des salons mondains, se moque totalement des "primaires" et d'Ali Juppé le rassureur...
Ce qu'ils veulent c'est tout l'inverse : la fin du joug étatique, la fin de l'islamisation.
Juppé n'est qu'un édredon de plus. Lui ou Hollande, ce sera exactement la même politique de soumission et d'enterrement de la France, alors que dans nos tripes on sait qu'il y a le potentiel en France pour tellement plus...
Rédigé par : yoananda | 10 février 2016 à 09:36
"Au-delà de ces chiffres qui traduisent l'avance d'Alain Juppé sur ses concurrents et semblent manifester une adhésion nette au programme annoncé par étapes par le maire de Bordeaux..."
Comme vous y allez ! Vous liez un peu vite le succès de M. Juppé dans les sondages aux thèmes des deux livres qu'il a jusqu'à présent publiés. Etes-vous seulement sûr que nos concitoyens les aient lus ? Personnellement j'en doute.
Je croirais bien plutôt que Juppé bénéficie du rejet de M. Sarkozy ou, pour ceux qui restent attachés à l'ancien président mais qui veulent à tout prix voir les talons de M. Hollande, de la crainte de le voir perdre au second tour derrière le président sortant. J'ai même plusieurs amis de gauche qui s'apprêtent à participer aux primaires de la droite en faveur de Juppé pour éviter tout risque Le Pen...
La majorité de nos concitoyens - et j'en fais partie - pense que Hollande sera inévitablement battu par Juppé s'il lui est confronté, et que Juppé écrasera Mme Le Pen si tel devait être le cas de figure. De là, me semble-t-il, ce succès de sondage, entretenu par les sondages, avec ou sans livre.
Rédigé par : Frank THOMAS | 10 février 2016 à 09:33
Bonjour,
Pas d’Alain Juppé pour moi en 2017 et bien sûr surtout pas de Nicolas Sarkozy.
Le premier a déjà beaucoup servi et le second a beaucoup déçu.
A LR il y a des hommes et de femmes politiques qui me paraissent plus en mesure de représenter une droite qui a du mal à trouver sa voie. Entre la droite humaniste et la droite forte le fossé est aussi large et profond qu’entre la gauche « historique » et les sociaux-démocrates.
Ceci étant, j’ai bien aimé la prestation de François Fillon dans C politique dimanche dernier. Son erreur est de n’avoir pas claqué la porte ainsi que l’a fait Jacques Chirac en 1976 quand il s’est rendu compte qu’il ne disposait d’aucune marge de manœuvre et que son rôle se limitait à appliquer les directives du président.
La polémique avec J-F Copé pour la présidence de l’UMP lui a également fait beaucoup de tort. Il est clair que cette élection digne des pires républiques bananières a fortement discrédité les deux hommes.
Mais si je pense que J-F Copé ne pourra plus revenir dans le marigot politique, malgré sa repentance affichée et quelque peu hypocrite, François Fillon a encore ses chances lors de la primaire car il a gardé nombre de sympathisants dans la population, qui préfèrent sa nature calme et posée à la froideur hautaine d’un Alain Juppé ou au tempérament un peu trop enflammé de Nicolas Sarkozy.
Rédigé par : Achille | 10 février 2016 à 09:24