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16 février 2016

Commentaires

S Draghi

En marge de tous ses excellents billets, Philippe Bilger devrait nous éclairer sur un point pourtant capital de la vie politique de notre pays et du rôle très intrigant de la justice qui prend un malin plaisir à ne pas appliquer les lois. Dans l'affaire des comptes de campagne, il s'avère que le Conseil constitutionnel a invalidé les comptes de campagne de NS le 4 juillet 2013 avant que les malversations aient été découvertes en 2014 par Bygmalion et l'UMP. Un point subsiste : le code électoral est pourtant clair via l'article 118-3 qui stipule que "Saisi par la commission instituée par l'article L. 52-14, le juge de l'élection peut déclarer inéligible le candidat dont le compte de campagne, le cas échéant après réformation, fait apparaître un dépassement du plafond des dépenses électorales.
Saisi dans les mêmes conditions, le juge de l'élection peut déclarer inéligible le candidat qui n'a pas déposé son compte de campagne dans les conditions et le délai prescrits à l'article L. 52-12.
Il prononce également l'inéligibilité du candidat dont le compte de campagne a été rejeté à bon droit en cas de volonté de fraude ou de manquement d'une particulière gravité aux règles relatives au financement des campagnes électorales.
L'inéligibilité déclarée sur le fondement des premier à troisième alinéas est prononcée pour une durée maximale de trois ans et s'applique à toutes les élections. Toutefois, elle n'a pas d'effet sur les mandats acquis antérieurement à la date de la décision.
Si le juge de l'élection a déclaré inéligible un candidat proclamé élu, il annule son élection ou, si l'élection n'a pas été contestée, le déclare démissionnaire d'office."

Si j'ai bien compris, NS est inéligible depuis le 4 juillet 2013 pour trois ans. Donc NS ne peut participer aux primaires de l'UMP si celles-ci se déroulent avant cette date ? J'ai bon monsieur Bilger ?

Robert Marchenoir

L'actualité vient de nous fournir une magnifique illustration de ce billet : l'association estudiantine Agoratoire, qui se pique d'organiser des concours d'éloquence, vient de mettre en scène à la Sorbonne ce que Le Figaro appelle : "Le procès de Ribéry contre la langue française".

On se gratte un peu la tête pour comprendre ce titre : Franck Ribéry aurait donc été convié à diriger un simulacre de procès pour accuser la langue française ?... l'accuser de quoi ? de mettre un i à oignon ? d'abuser des accents circonflexes ?

Connaissant le maniement assez désinvolte, justement, de la langue française par les journalistes du Figaro, on se dit qu'ils ont dû déformer la nouvelle.

Et puis on regarde la vidéo, et on se rend compte que c'est encore pire. Le président de l'association Agoratoire nous sert ce sabir incompréhensible : "On est là pour organiser le procès de Ribéry contre la langue française, des étudiants vont venir plaider en faveur ou contre celui-ci".

C'est un autre étudiant qui finit par livrer la clé de l'énigme : "J'ai la chance d'être l'avocat de la langue française face à Ribéry. On va tenter de plaider la tentative de meurtre, Ribéry s'attaque à une langue française qui est de plus en plus menacée."

Ce n'est donc pas Franck Ribéry qui intente un procès à la langue française, c'est exactement le contraire ! Ribéry est mis en accusation, par ces aimables farceurs, pour atteinte à la langue française !...

Ce ne sont donc pas seulement les journalistes du Figaro qui sont des illettrés, incapables de comprendre le sens des mots qu'ils écrivent. Ce sont de jeunes blancs-becs prétendant faire assaut d'éloquence qui ne savent même pas parler le français.

Sur leur "site" (six misérables pages Web qui défilent en boucle), ils vont encore plus loin, en proposant ce sujet de concours qui ne veut rigoureusement rien dire ; rien en français, rien en anglais, mais à mon avis rien non plus en arabe, en wolof ou en turc, langues pourtant de plus en plus parlées en France :

Style débat parlementaire :
Et si vous deviez convaincre l'encadrement de chaque citoyen ?

Le charabia total. Le non-sens complet. Le mépris total de l'interlocuteur. Des mots collés les uns à la suite des autres, dont les auteurs s'imaginent qu'ils veulent dire ce qu'ils ont en tête, mais dont ils ont totalement oublié de vérifier si c'était le cas.

Nous vivons dans un conte de Lewis Carroll. Nous sommes De l'autre côté du miroir, en plein dialogue entre Alice et Gros-Coco :

- Quand, moi, j'emploie un mot, déclara Gros-Coco d'un ton assez dédaigneux, il veut dire exactement ce qu'il me plaît qu'il veuille dire... ni plus ni moins.

- La question est de savoir si vous pouvez obliger les mots à vouloir dire des choses différentes.

- La question est de savoir qui sera le maître, un point c'est tout.

Seulement, en 1871, c'était un conte de fées destiné à faire rêver les petites filles. En 2016, la future "élite de la nation" croit vraiment qu'elle peut faire dire aux mots ce qu'elle veut, sans avoir besoin de se faire comprendre ; et l'élite en place -- les journalistes du plus ancien quotidien de France -- reproduit consciencieusement les absurdités pondues par de tels ânes savants, sans soupçonner une seconde qu'il y ait un problème.

Dans un monde normalement civilisé, seule oserait s'inscrire à un concours d'éloquence une minuscule élite reconnue pour sa connaissance exceptionnelle de la langue française, de la littérature, des sciences et des arts.

Dans l'ère de décadence que nous vivons, n'importe quel ignorant "qui y croit", "qui en veut", peut postuler à n'importe quoi, même s'il aurait été recalé au certificat d'études il y a un demi-siècle et renvoyé traire les vaches à la ferme de son père.

Je n'ignore pas la lourde responsabilité des générations successives de professeurs qui ont abruti ces jeunes gens, des fonctionnaires qui ont conçu les théories pédagogiques criminelles à l'origine de ce désastre, des syndicalistes qui les ont protégés de toute remise en cause, des hommes politiques qui ont construit cette machine à décerveler pour leur plus grand profit personnel, mais il est permis de reconnaître son ignorance, on a le droit d'avoir honte, on peut ouvrir un livre, et on a le devoir (ne serait-ce qu'envers soi-même) de ne pas se prendre pour un prix Nobel lorsqu'on n'est même pas fichu d'allumer le gaz.

anne-marie marson

i>Elle réside dans la musicalité, la tonalité, le rythme des mots choisis pour le discours, voire dans la gestuelle l'accompagnant. Elle est ainsi plus animale qu'humaine.
Rédigé par : Garry Gaspary | 18 février 2016 à 08:33

Vous avez raison. Je préfère l'éloquence de mon chat qui me répond quand je lui demande s'il veut des croquettes, à l'éloquence de mon voisin.
Quoique christianisée moi-même, je me demande si ce n'est pas la partie christianisée du chat, en temps que créature divine, qui me répond.
Entrer en transe devant un totem (ou un tabou, comme vous le faites), cela ne sert à rien s'il n'y a pas un dieu derrière le totem.
Des Indiens d'Amérique, désespérés par l'absence de pluie qui ruinait les récoltes, sont entrés en transe en priant leur dieu de la pluie, qui les a exaucés.
De même Galilée est entré en transe quand il a découvert que la terre était ronde. Comme certains prix Nobel de physique ou de chime ont décrit la transe qui les avait saisis au moment de leur découverte, car ils avaient approché Dieu. Est-ce que la transe précède ou suit la découverte ?
Ni vous ni moi ne sommes assez intelligents pour approcher Dieu (surtout vous d'ailleurs).

Xavier NEBOUT

@Garry Gaspary

Vous avez raison, si l'éloquence s'adresse à un animal, et il ne me semble pas incongru que vous confondiez l'homme et l'animal.

GLW

J'imagine qu'il y en a une qui a dû faire preuve d'éloquence ces temps derniers.
Léa Salamé s'est fait gauler au volant d'une voiture alors qu'elle n'avait plus de permis de conduire ni d'assurance. L'éloquence pour expliquer quoi ?

calamity jane

@eileen

Cette histoire d'Areva et de la sémillante (quand on sait ce que cela coûte) Madame Lauvergeon nous avait été soufflée par une connaissance le jour même de votre commentaire.
C'est formidable ces personnes qui disposent des biens publics "parce qu'elles le valent bien" sans doute ! De ce point de vue, ne nous voilons pas la face, la France ne peut plus mettre en avant sa place de gardienne droitdel'hommiste dans le monde, mais grande apprenante dans l'arnaque publique et une certaine forme de mafia chez les élites.

Solon

Hitler était éloquent !

sylvain

@Giuseppe | 18 février 2016 à 17:53
"À une époque Nanard aurait pu vendre des tonnes de lessive, même aux Esquimaux, eau chaude comprise."

Des nanards c'est pas ce qui manque ; on a bien vendu des pompes à forer aux Africains, jamais servies, qui rouillent depuis et sont inutilisables, et du lait en poudre contre la famine, ce qui aura eu comme effet de provoquer la plus grande chiasse de l'histoire africaine.
Evidemment, par pudeur on ne va pas citer les noms de ces donneurs de leçons intellos bobos gauchistes qui avaient eu ces idées débiles.

Mary Preud'homme

Ecouter ou réécouter sur dailymotion.com le discours de Martin Luther King prononcé lors de la marche sur Washington du 28 août 1963 : "I have a dream".
Une éloquence qui s'adresse à la tête, à la conscience et au cœur. C'est pourquoi il demeurera intemporel.
Fabuleux !

Giuseppe

Dans une grande foire internationale, j'ai assisté au sacre de la râpe à fromage portée aux nues par un camelot de grande envergure, à la fin, les acheteurs qui se pressaient avaient acquis en toute confiance la pierre philosophale tant espérée.

À une époque Nanard aurait pu vendre des tonnes de lessive, même aux Esquimaux, eau chaude comprise.

sbriglia

"...un très grand avocat Jean-Yves Le Borgne, mais dont le talent cultive de manière éblouissante une distance entre la vérité de l'homme et le relativisme du professionnel."

Et en plus il voit tout d'un bon œil...

Giuseppe


Dernière revue avant inventaire !

http://www.lopinion.fr/edition/politique/hit-politiques-qui-font-honte-96789

Garry Gaspary

L'éloquence est entièrement sensuelle et n'a rien de spirituel.

Elle réside dans la musicalité, la tonalité, le rythme des mots choisis pour le discours, voire dans la gestuelle l'accompagnant. Elle est ainsi plus animale qu'humaine.

Il est ici bon de comparer le membre d'une tribu primitive entrant en transe à la vue de son totem et perdant le contrôle de sa personne au son abrutissant des tam-tams, avec le moyenâgeux Xavier NEBOUT entrant en extase dès qu'il entend le mot "Dieu" et alors capable de dire "Amen" à toute homélie traitant, au choix, du sexe des anges, de la platitude de notre planète ou de sa place centrale dans l'univers...

Savonarole

Tenez, prenez le juge Serge Tournaire, il a tellement d'éloquence qu'il est le seul des trois juges à avoir imposé la mise en examen de Nicolas Sarkozy.

"Nicolas Sarkozy a été mis en examen mardi pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans l'affaire Bygmalion mais un seul des trois juges d'instruction était favorable à cette décision" (BFMTV)


Alex paulista

Concernant le remaniement, la manière de virer Fleur Pellerin moins d'une heure avant l'annonce officielle est assez éloquente.
Considération, sens de l'humain, motivation des collaborateurs... Tout est dit.

vamonos

Je vais peut-être développer une idée en dehors du périmètre du sujet mais tant pis, je me lance sans avoir fait une école prestigieuse de la magistrature ou du barreau, sans avoir fait l'ENA, khâgne et encore moins hypokhâgne.

Il me semble que les grands orateurs savent captiver leur public parce qu'au-delà des mots, au-delà des tournures grammaticales utilisées, au-delà de ce qu'il disent, ils mettent l'accent sur ce que le public a envie d'entendre. Ils sont intéressants et ne montrent pas qu'ils sont intéressés. Au faîte de sa gloire, M. Bernard Tapie (Nanard pour son public) pouvait raconter les pires mensonges, cela passait car il avait l'art de s'appuyer sur les personnes du premier rang, les autres suivaient, les clins d'œil faisaient mouche, les plaisanteries déclenchaient la bonne humeur et le rire communicatif.

Une personne qui s'exprime en public peut avoir un discours bien préparé avec des idées lumineuses, il peut savoir quoi dire, à qui s'adresser, et pourtant cela peut ne pas marcher car cela ne suffit pas pour faire un grand orateur. Le ton émotionnel de la personne est un paramètre incontournable. Il doit être positif, transcendant, intimer le respect. Si au contraire, l'orateur distille la peur, l'antagonisme ou la colère, cela n'ira pas. Certes, il trouvera un public prédisposé à recevoir ce genre de message mais le consensus ne sera pas trouvé avec la totalité du public.
Je ne parle pas souvent de M. Valls car je trouve, et je ne suis pas le seul, que le ton émotionnel général de son discours est teinté de colère, de hargne. Je n'ai pas envie de le suivre sur la voie qu'il a choisie. Dans un autre registre, je n'aimais pas M. Balladur, son ton mielleux, je le trouvais obséquieux, j'avais l'impression de regarder un prêtre qui faisait des offrandes propitiatoires aux dieux pour obtenir quelques gouttes de pluie.

Savonarole

Pour l'éloquence voyez le Général Cambronne, trois cents ans après on le cite encore et tous les jours...
Le reste n'est que gesticulations d'Honoré Daumier.

calamity jane

Xun Zi ne parlait pas de l'écriture ?
Suis-je bête !

Robert

Quant à l'analyse, je rejoins Michel Deluré | 17 février 2016 à 09:43, le commentaire de Lucile | 17 février 2016 à 14:15.

Mais, surtout, n'ayant pas la grâce d'une qualité orale parfaite, je me plie sans contrainte à l'adage fourni par eileen | 17 février 2016 à 12:54 !

Lucile

Je sais, c'est facile, mais ...

Éloquence façon Valls : registre offensif, coléreux. Admoneste, ostracise, communication non verbale à l'appui.

Éloquence façon Hollande avant élection : promesses, lendemains qui chantent, bon sourire, parle fort.
Hollande après : fervent, plat, éteint, bredouille des homélies, enferme l'auditoire dans un monde parallèle.

Ségolène Royal : éloquence d'institutrice d'école primaire, nasille.

Ayrault : éloquence de prof endormi qui rabâche. Arbore sa bonne conscience avec quiétude.

Cazeneuve : sinistre, mais la classe ; élocution soignée et sobre, malgré un abcès dentaire ou des aphtes.

Sapin : avare de ses paroles, une expression exaspérée ou un sourire ironique qui en disent long.

Taubira : éloquence inspirée, entre démiurge et sorcière, jacasse, toujours le dernier mot. Ment avec aplomb.

Sarkozy : Empoigne l'auditoire par l'enthousiasme ou la basse flatterie, story telling, fait son numéro.

Juppé : sur la défensive, de l'esquive, à contre-emploi quand il s'essaye au contact avec le populo, mais il y va.

Copé : plaintif, malheureux, on lui a volé son petit pain au chocolat, il prend à témoin l'auditoire.

Guaino : écrit mieux qu'il ne parle, un peu égaré, suspense, on se demande toujours s'il ne va pas en dire trop.

Le Pen Marine : éloquence très efficace, inébranlable, joue le bon sens et la fermeté, thématique éprouvée.

Le Pen Marion : elle intrigue et charme. Voix douce, sourire. Le feu sous la glace. N'a pas dit son dernier mot.

Giuseppe

@ Achille | 17 février 2016 à 10:58

Excellent ! Tapie, "Méluche", sont tout à fait dans ce registre.

eileen

Aut tace aut loquere meliora silentio !

Si ce que vous voulez dire n'est pas meilleur que le silence, taisez-vous !

Ainsi s'exprimait Xun Zi.

protagoras

@Achille | 17 février 2016 à 10:58

Dans ce cas, la référence est "Psychologie des foules" de Gustave le Bon.
En termes de description empirique de ce qu'est un "meneur", même dépourvu d'intelligence ou de rhétorique savante, mais apte à fasciner des groupes, on n'a pas fait mieux.

Hitler et le fictif docteur Mabuse étaient, fondamentalement, de grands hypnotiseurs de groupe (Napoléon et Caesar également, probablement).

Dans ce cas, l'éloquence ne peut plus être considéré comme un "art libéral", mais comme un medium, parmi d'autres, de manipulation collective, la politique au sens le plus vil...

breizmabro

Si l'éloquence est l'art de persuader et convaincre, alors parlons chiffres car eux n'entrent pas dans les circonvolutions philosophiques, et si vous n'êtes pas convaincus demandez à votre percepteur.

Je crains qu'il ne vous cite ni Socrate, ni Boileau pour vous persuader que son logiciel a raison :-D

Xavier NEBOUT

Plus que savoir se faire écouter, je dirais l'art de convaincre.

Heureux de voir plusieurs intervenants se souvenir du Moyen Âge et même suggérer que la Renaissance serait en fait le commencement de la décadence.

Au Moyen Âge donc, l'éloquence se manifestait le plus souvent au travers des homélies, et si celles-ci avaient été du même tonneau que les lavasses qu’on entend le plus souvent aujourd’hui, il est probable que le christianisme n'aurait pas fait long feu.

J’engage les uns et les autres à s’imaginer ce que pouvait être une homélie d’un Saint Anselme ou d’un Cardinal de Cues dite sur un ton monocorde dans une cathédrale du haut de sa chaire, au regard du plus nul d’entre les nuls que l’on entend à la télé face à un Pujadas.

Dans cet écart incommensurable, les meilleurs orateurs du siècle sont certainement plus près du nul que de nos grands prédicateurs du Moyen Âge, ne serait-ce que parce que la profondeur de leurs propos est quasiment nulle.

Commencer en effet espérer être éloquent lorsqu’on ne sait pas, comme jadis, commencer son discours par le mot Dieu, et même qu'on le fuit faute de savoir le penser... Ce mot n’est-il pas le symbole de ce qui relie toutes les intelligences (et non toutes les raisons) ?

Achille

J’étais sûr que certains ne pourraient pas s’empêcher de nous balancer du Socrate ou Platon pour nous parler d’éloquence. Vieux réflexe transmis par les professeurs de français pour rédiger de belles dissertations garantissant une bonne note.

Moi j’ai connu un camelot de rue qui parvenait à tenir en haleine tout un tas de badauds rien qu’en nous vendant un détachant miracle. J'en ai même acheté un tube rien que pour le remercier pour son numéro exceptionnel.

Ce n’était peut-être pas de l’éloquence au sens noble du terme car il n'avait aucune connaissance des philosophes grecs et latins, mais ça y ressemblait bougrement.

breizmabro

Juste un p'tit coup de hors piste (c'est la saison ;))

Qui peut me dire ce qu'a fait Fabius des neuf toiles de maîtres qu'il a fait exposer dans son bureau du Quai d'Orsay, à grands frais (les nôtres), en 2012, dont un Boldini et des Renoir ?

Les a-t-il laissées à Ayrault, les a-t-il rendues au musée d'Orsay, ou...?

Elles auront été accessibles aux "cochons de payants" uniquement lors des deux journées annuelles du Patrimoine organisées le week-end de septembre 2012 :-(

sylvain

La chasse au Sarko est relancée !

Il y en a un qui a retrouvé son éloquence de procureur inquisiteur antisarko :

Carlo Da Silva du PS ! qui nous a donné un cours magistral de langue de vipère aux infos sur BFMTV.

Une belle gastro verbale consécutive à une incontinence mentale due à la décalcification irréversible de ses neurones, c'est le seul diagnostic valable ; le voir jouir au micro pendant son déballage vomissif nauséeux contre Sarko montre bien le niveau ignoble de ces socialos haineux avec leurs méthodes apparentées au stalinisme le plus diabolique.

daniel ciccia

"Gravez donc cette pensée dans votre coeur, de ne point préméditer ce que vous devrez dire pour votre défense.
Car je vous donnerai moi-même une bouche et une sagesse, à quoi tout vos ennemis ne pourront ni résister, ni contredire."

protagoras

Je remarque avec plaisir que les intervenants sont tous, quelles que soient les facettes, "fascinés", "éloquents", sur le thème de l'éloquence.
Salon littéraire plus que diatribes de forum.

Tipaza | 16 février 2016 à 17:47 et aliocha | 16 février 2016 à 23:23 (pas de jalousie cependant, tant d'autres interventions sont de qualité) pointent pour l'un la beauté des silences (et le charlatanisme logorrhéique de Lacan) et l'autre l'abandon à la "possession" de soi par le daemon et la créativité qui peut en advenir (créativité interdite à toute "intelligence artificielle") : "ça" parle ou ne parle pas, mais c'est humain.
Esope, mais aussi Socrate.
Revenant à la figure de Socrate (différente selon qu'il s'agisse de Platon ou de Xénophon), celle-ci a toujours été double : celle d'un manipulateur sophistique (comme le voyait Aristophane), celle de la Pythie ("l'homme le plus sage car il sait qu'il ne sait pas").

Le brillant rhétoricien piégeant ses victimes (comme il se dessine chez Livio Rossetti ou Badiou) ou" le "sapiens non sapiens".

Remplaçons le "ou" par un "et" et l'orateur ainsi que l'éloquence fusionnent dans une complexion de Sage - Chaman ; c'est la thèse de Roustang (grand érudit et maître de la belle langue écrite, profond psychanalyste qui préféra au final l'hypnose) dans "Le Secret de Socrate pour changer la vie".

Mais nous sommes loin, évidemment, du champ "politique" au sens étroit, "contemporain" (la politique est au Politique ce que Duchamp est à l'Art, pour paraphraser Tipaza) ; l'éloquence actuelle n'est pas seulement la face la plus sombre de la langue d'Esope, elle se confond avec la plus grande vulgarité ne serait-ce que dans sa forme...

Michel Deluré

"L'éloquence, mais pour dire quoi ?"

Mais l'éloquence ne dit pas. C'est la parole qui dit.
L'éloquence n'est que l'art de bien s'exprimer, c'est-à-dire d'agir par cette parole sur l'auditoire qui nous écoute.

L'éloquence va donner de l'intérêt à notre parole, elle va donner de la force à notre propos, elle va rendre convaincant notre discours, elle va sublimer nos mots.
En quelque sorte, l'éloquence est à l'expression orale ce que l'élégance est à l'être humain.

Mais cela montre aussi que l'éloquence peut n'être parfois qu'artifice. Elle habille la parole mais ne garantit pas que celle-ci soit vraie, soit sincère.

eileen

Beau case study pour la Reine mère Ségolène qui ne cesse de se gargariser de "nous sommes les premiers à avoir mis dans la loi..." La loi à ce niveau est souvent incomplète, illisible, tous les députés, toutes les feuilles du millefeuille sont tentés d'y ajouter leur patte. A la fin, la France est le pays au monde qui a les normes les plus restrictives, qui handicapent par exemple les start-up des nouvelles technologies qui finissent par partir et la paysannerie qui va finir par disparaître.

fugace

@ breizmabro | 16 février 2016 à 10:50

J'ai relevé ceci dans l'une de mes lectures en cours, par l'auteur Joël Dicker : le terme d'"écrivain fantôme" est repris de l'anglais ghost writer. En inventant ce mot, les Anglo-Saxons ont ainsi su rendre compte clairement, en l'imageant autrement, de la cruauté de cette fonction pour celui qui s'y emploie.

Pour revenir au sujet, s'agissant d'éloquence, intégrant bien évidemment l'élocution, il se trouve que je me considère comme en étant sérieusement démuni. Adepte du silence et de la méditation, il n'est pas improbable que je me sois moi-même enfermé dans une certaine bulle en son temps. Et c'est ainsi que mon laconisme a pris fort longtemps une place que je lui ai réservé par (presque) plaisir.
Mais comme l'éloquence, ça s'apprend, et ce à n'importe quel âge, je ne perds pas espoir de progresser avec :
http://fr.wikihow.com/%C3%AAtre-plus-%C3%A9loquent

Je suis en train de terminer la phase une sur sept de la partie 1 : Utiliser un vocabulaire clair et succinct.
Car à mon sens, une explication claire et simple sera toujours mieux comprise qu'une explication alambiquée.
Demain, j'aborde la phase deux toujours de la partie 1.

Pour la partie 2 en huit points, je ne suis pas certain d'aller à terme, car je crains que le sommet ne soit hors de portée. Ma nature m'a déjà averti, et mon expérience m'a appris, que le poids du sac me fera le poser au premier refuge.

semtob

Cher Philippe,

Hello, éloquence.

Que dire des gens qui parlent par le regard.
Et un regard vaut parfois plus qu'un long discours.

L'oralité n'est pas un jeu de légo et les mots sont de superbes matériaux jouissifs et passer à côté de la musicalité, c'est tout perdre.
Nous connaissons votre prise de distance par rapport à la poésie, cette intemporelle, et cependant par moment vous vous laissez happer par cette énergie.

Lacan au terme de ses recherches a été possédé par un "curieux" questionnement.
D'où de nombreux appels à Françoise Dolto et des correspondances.
"Curieux" parce qu'il a mis trop de temps pour songer au langage corporel.
La représentation des mots, des couleurs, des mimiques chez l'enfant aveugle, il était passé à côté un peu comme le font les comportementalistes aujourd'hui.

Vous ne pouvez imaginer cet homme qui au sommet de son narcissisme conçoit qu'il a théorisé ses concepts en passant aveugle lui-même devant ce gouffre ou cet infini mystère.
Impossible de saisir la beauté de ce soleil blanc pour un aveugle.
D'où une rage intérieure terrible pour comprendre ce qu'une main peut apporter dans la reconnaissance d'un visage, dans la construction d'un schéma corporel.
Mon miroir ne me renseigne pas et cependant j'habite un corps, j'utilise le "je" et je peux me construire sans le stade du miroir. L'eau peut me donner mon enveloppe corporelle, les vibrations.
Continuez de nous raconter des histoires. Nous aimons votre bain de paroles.
L'éloquence n'est pas tout. S'il n'existait pas un être sensible, humain, déchiré en osmose avec vos billets, ce serait des phrases éloquentes certes mais vaines.
Le soupir, le silence, la vibration, les défauts sont les atouts de l'orateur.
françoise et karell Semtob

aliocha

"Vous n'avez rien à dire ! Recevez le monde et répondez-lui !" (Maurice Sarrazin, fondateur du grenier de Toulouse lors d'un cours de comédie)

Je n'ai jamais reçu de plus belle leçon d'éloquence que celle-ci, et qui a su s'extraire de cette injonction du dire pour la transmuter en réponse à quelque chose de plus grand que soi, phénomène qui n'est plus de l'ordre de la volonté mais de l'absence de soi-même ; qui aura fait l'expérience de ce passage au passif, être joué plutôt que jouer, aura fait l'expérience d'être éloquent, reconnaissant que le verbe est avant et après nous, que nous avons cette faculté de témoigner par les mots l’appréhension de parcelles de réalité, et que la mission de l'orateur est, par son exemple, de connecter son auditoire à cette réalité, et de lui faire entendre sa réponse.
Ces mots, comme le soulignait Manet cité par Mallarmé, sont alors assez puissants pour ne plus être pervertis par les idées.

HT

Tout a été dit à propos de l'éloquence. Le problème, aujourd'hui, c'est sa répercussion, sa diffusion. Nous sommes tous bombardés d'images éloquentes, de paroles qui ne le sont pas moins. Mais bombardés. De mots, d'images. A en dégueuler. Ne pourrait-on, une minute, faire l'économie de ce trop-plein ? Ne pourrait-on pas imposer aux médias, qui sont nos ennemis mortels, de fermer leur clapet ? Laisser revenir le silence, la réflexion : une minute seulement...

hameau dans les nuages

L’équolence ! les loquences ! l’éléloquence ! l'éloquence... oui mais pour dire quoi ? je ne sais rien...

https://www.youtube.com/watch?v=-QbL-W59F3Q

Lucile

Je penche pour Blaise Pascal et pour "l'éloquence" qui "se moque de l'éloquence".

La véritable éloquence cherche comme toute éloquence à plaire, c'est un art, mais surtout elle s'appuie pour convaincre sur une logique rigoureuse et se met, avec sincérité, au service d'une avancée dans la compréhension des choses, ou dans la recherche d'une solution. Elle ne peut en aucune manière être hégémonique.

Tout le monde se souvient du discours de Villepin, mais ça n'en fait pas un grand homme d'Etat. Avec lui l'expression "la magie du verbe" prend tout son sens, et montre ses limites.

Giuseppe

Je cite toujours en exemple la posture de Jean-Marie Messier, J6M (Jean-Marie Messier moi-même Maître du monde pour le Palmipède, ouf).

Ce jour-là j'ai été époustouflé, en face un bureau de syndicalistes alignés prêts à le déchiqueter. En face J6M chemise bleu ciel entr'ouverte, blazer bleu, sourire rafraîchissant, attitude ouverte.

Le ton est vite monté côté syndical, les crocs sont montrés, prêts à déchiqueter, en face un homme doux, jamais agressif, toujours lumineux en apparence, les autres en meute ne voulant que le mordre sans écouter.

En fait l'avantage tournait de plus en plus en faveur de ce grand patron. Plus on s'acharnait sur lui, plus ses détracteurs nous le rendaient sympathique... Quelle leçon d'éloquence contenue !

J6M, que je ne connaissais pas, faisait la plus extraordinaire, éclairante, prestation de renversement de situation à laquelle il m'ait été donné d'assister.
Le sourire en bandoulière, jamais blessant ni arrogant, en face épuisés, la bave aux commissures ils avaient lâché leur proie qui n'en était plus une elle leur avait glissé entre les dents, certes elles étaient aiguisées mais par trop écartées, en l'occurrence c'est impardonnable et voué à l'échec.

L'émission terminée, la chemise bleu ciel s'est levée, le sourire et la parole douce se sont levés aussi, ont quitté ensemble le chenil, laissant les imbéciles se dévorer entre eux.

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"L'éloquence, mais pour dire quoi ?" (PB)

Rien ! Rien ! Rien ! Comme J-M Baylet qui pour sa première intervention a amusé toute la galerie et y compris les siens. Il en a enfilé des perles, pris en défaut et donc brasser du vent.

Tipaza

Éloquence pour dire quoi ?

Excellente question par laquelle on mesure la distance qui sépare l’éloquence qui veut convaincre du bavardage, pontifiant ou pas, qui souhaite seulement être entendu !

Il est aussi difficile de définir l’éloquence que de définir la beauté. Ces deux qualités dépassent, transcendent l’intellect pour atteindre l’émotion sublimée.
La beauté a l’avantage de nous parvenir par la vision et l’audition. Le sublime étant atteint par l’audition d’une partita de Bach interprétée par une jeune et ravissante violoniste, quand le regard attendri se mêle à l’oreille éblouie. Peut-être la forme suprême d’une éloquence non verbale.

L’éloquence ne vient à nous que par l’audition, bien que la télévision ait modifié cette perception en nous imposant la vision de celui qui parle. L’éloquence devient alors le charisme, une forme de beauté attribuée à l’orateur.

L’éloquence, tout le monde sait qu’elle consiste en une maîtrise du sujet, la conviction des opinions exprimées, la capacité de transmission de ces convictions, mais elle est aussi dans la capacité de l’auditoire à recevoir le verbe émis.
On n’est pas éloquent pour soi, mais pour les autres.

Il en est alors de l’éloquence comme de la beauté, elles n’existent que si elles sont reconnues selon les critères en vigueur dans le milieu où elles doivent être perçues.

Pour ce qui concerne « l’éloquence dans le carcan du barreau », il me semble que l’on ne doit pas plaider de la même façon en fonction de la qualité majoritaire des jurés.
Doit-on plaider pour le cerveau social ou aller au plus profond de l’intime, sachant que le cerveau reptilien n’est pas très différent quelle que soit la qualité des individus.
N’étant pas avocat ni juriste je me garderai bien de trancher.

Une chose est certaine c’est que l’expression attribuée à Lacan selon laquelle «je parle donc j’existe » est une aberration.
Lacan semble ignorer les mystères et la magie du silence.
Ça ne m’étonne pas, Lacan est à la psychologie ce que Duchamp est à l’Art.

Solon

La langue est la meilleure et la pire des choses...

breizmabro

Ici, si j'ai bien compris, sanctifier l'art de l'éloquence c'est surtout citer des auteurs (écrivains) qui parlent de l'éloquence comme :

- Jean-Denis Bredin, Stephen Hecquet ou l’insolente exigence, Palais littéraire,1989

- Chateaubriand, Pensées et Premières Poésies

- Maurice Halbwachs

ou un des Critias, sur l'agora, qui aurait dit à l'orateur, son cousin, Platon (...)

Il est vrai que ce sont des personnes de bonne compagnie mais vous, perso, qu'en pensez-vous de l'éloquence ?

Diogène

@genau

Un différend personnel à régler avec moi ! Il y a déjà foule, vous savez.
Ne jetez pas votre gant au vent. Cela fait amateur.
Plus sérieusement, je n'ai pas bien compris où résidait le problème.
Dans mon post, je n'ai jamais fait référence au nazisme ou à l'Occupation. C'est ridicule.
Il y a, dans la façon dont la conflictualité s'exerce dans l'espace social, des procédés qui sont de l'ordre de l'invariant. Ceci pour dire que je n'ai fait aucun anachronisme quand j'ai parlé de ces deux torchons. Il ne faut pas se raconter des histoires. C'est un truisme que de relever qu'il existe aujourd'hui des médiums qui fonctionnent sur un mode quasi similaire et au principe d'un militantisme politique. Le dire ce n'est pas nous ramener à la période de l'Occupation.

Je me contenterai de paraphraser Noam Chomsky : je suis citoyen français et j'ai une part de responsabilité dans ce qui advient dans mon pays.
Tant pis si ma manière de dire les choses n'est pas consensuelle. La parole eucharistique n'étant pas à ma portée, je garde celle que je maîtrise le mieux.
Je considère indispensable qu'un nombre le plus élevé possible de gens s'empare de la chose politique, pour éviter que nous courions à l'abîme avec des gens dont le métier est semble-t-il de faire sur tous les sujets des déclarations, analyses ou prévisions que les faits se chargent de démentir dans la semaine ou le mois d'après.
Je pense à la crise syrienne à propos de laquelle tant de gens extraordinairement bien informés nous expliquaient il n'y a pas si longtemps que seule l'implication pleine et entière de la Russie de Poutine était de nature à y mettre un terme.
J'ai même lu ici que sans Poutine "rien n'aurait été possible". Et avec lui ? Le pire, sans doute.
Si nous n'avons que de telles lumières pour nous aider à défricher les grandes questions, nous serions bien avisés de nous munir de solides torches.
Il faudrait sur cette seule question distribuer les bonnets d'âne avec parcimonie, tant le nombre d'éligibles est élevé. Journalistes, experts en boucle et blogueurs. Je le dis à voix basse, l'unanimisme de ces gens sur l'empressement à passer à tout prix sous les fourches caudines de Poutine m'a fait penser à un épisode fameux de l'histoire européenne. C'était à Munich, les 29 et 30 septembre 1938.
Se poser la question : d'où parle mon interlocuteur (prescripteur) ?
Un principe dont je veille à ne jamais me séparer.
J'ai digressé, je sais ; et je sais pourquoi.

ARMENANTE

Comme disait un avocat, la vérité est dans les injustices, cette vérité-là est la seule qui compte, elle est même à l’origine du mot avocat, « ad vocatus - Au secours ! », elle en est le moyen « ad vocare - parler pour ». La vérité judiciaire n’existe pas, car la justice n’a pas pour but de dire la vérité, la justice doit seulement la rechercher. Mais trop peu de fois les services judiciaires, l’administration, recherchent la vérité. Enfin, un grand avocat ne va pas à la facilité, il cherche la vérité non l’intérêt, quand la maladie est grave le médecin est grand. Le mensonge et la tricherie en France détruisent à petit feu l’économie et la justice.

http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/180515/le-mensonge-et-la-tricherie-en-france-detruisent-pet

genau

André Toulemon, qui n'était pas n'importe qui, écrivit "La parole moderne" en souhaitant que l'éloquence ne rogne pas les ailes des jeunes avocats. Il citait un juge de paix (ça date) qui commit cet aphorisme "Pour être juste, il ne suffit pas à la Justice d'être juste, il faut aussi qu'elle ait l'air juste." Et ceci, à propos des circonstances du bornage d'une truffière. C'est l'éloquence fondamentale, qui marie l'aspect extérieur et le fond, à propos d'un fonds.
Un des Critias, sur l'agora, aurait dit à l'orateur, son cousin, Platon, "Si le peuple devient fou, il te massacrera", à quoi il fut répondu : "Oui mais s'il devient sage, c'est toi qu'il écharpera".
L'orateur éloquent, même par le silence ou l'attitude (v. le cas Pétain) peut-il être l'objet de la réprobation immédiate ? Philippe Henriot, remarquable orateur, portait en lui sa destruction, mais a séduit longtemps bon nombre de Français.
Finkielkraut, à mon humble avis, porte en lui une si grande conviction que les mots exacts se pressent à sa bouche et qu'il doit choisir le plus adéquat, d'où son débit chaotique.
L'éloquence ne cadre pas toujours avec la rhétorique, mais l'une et l'autre ont besoin de temps pour se mettre en place. D'où peut-être les piètres performances de nos diseurs contemporains, toujours dans l'instant.

@ protagoras

C'est extrêmement juste, la culture de la Renaissance a détruit en grande partie le savoir médiéval, jusqu'à nos jours, donnant le branle de l'illusion par la formule, non par la construction. Le "je vous ai compris" de de Gaulle, numéro d'illusionniste, est un des plus beaux exemples de malfaisance de la parole, qui, comme "on les aura", a su galvaniser la nation, l'un pour sa honte, le second pour sa résistance.
La formule ne se réduit pas à l'éloquence, mais elle ne doit pas non plus la réduire.

Marc GHINSBERG

Pour ma part je définirai l’éloquence comme l’art d’être entendu, plutôt que celui du bien parler. Et je pense que l’on ne peut être entendu que si ce que l’on dit correspond à ce que l’on est. Combien d’hommes ou de femmes, notamment politiques, sont devenus inaudibles car ce qu’ils sont siffle si fort à nos oreilles que l’on n'entend plus ce qu’ils nous disent.

genau

@Diogène
"Ce goût pour l'argumentum ad personam, ça pue vraiment. On est dans "Gringoire" et "Je suis partout", et cela en plein début du XXIe siècle. Il y a là, pour ceux qui ont des enfants et petits-enfants, des raisons objectives d'être inquiets. Libre à ceux qui le souhaitent d'y voir une défense de Madame Taubira qui n'en a guère besoin. J'aurais exactement le même réflexe s'il s'était agi de quelqu'un d'autre. C'est seulement le rejet violent d'un procédé vil."

Pardon à tous de finir de traiter un petit différend personnel. Diogène a bien parlé de puanteur et de vileté, je ne me trompe pas ? Alors, je suis aux anges de n'avoir été que dédaigné et non pas insulté.
Et j'ai adoré les condamnations sans appel. Je critiquais la méthode, on me répond précisément ad personam. Puerait-ce (sic sic et resic) ?

sylvain

Des champions d'éloquence, ce n'est pas ce qui manque mais pour retrousser les manches y a pénurie ; que de débats, de colloques, de réunions, de conférences en Yakafoconisme ! Les C dans l'air, les Ce soir (ou jamais !), les Ruquier, les Ardisson, les Canal + et leur petit très petit Journal, les intellos bobos gauchos, ça ressasse, ça déblatère les mêmes stupidités depuis des années : "ce qu'il faut c'est...", "il faut que..." On désigne le méchant, on disserte sur lui pendant toute l'émission avec morgue, arrogance, cynisme et on se sépare satisfait en se congratulant d'avoir pourfendu ce vilain, ce manant, ce maraud.
Des as de l'éloquence y en a plein les cimetières mais l'avantage c'est que ceux-là ont cessé de nous saouler.

eileen

Tout simplement "la parole est d'argent et le silence est d'or" !!

breizmabro

"il n'est plus un propos, un discours, une plaidoirie, un réquisitoire qui se profèrent sans notes"

Le premier à avoir la palme, si j'ose dire, est votre idole Finkielkraut, à tel point que j'avais mal pour lui de l'entendre ânonner son discours d'entrée à l'Académie, et le voir lire dans des mains tremblantes des feuillets cent fois réécrits.

Il m'est apparu que M. Finkielkraut a autant de mal à s'exprimer publiquement que moi à écrire son nom. Pourtant "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément" nous a dit Boileau.

Et c'est vrai. Finkielkraut est un homme intelligent certes mais compte tenu de son élocution je ne comprends rien à ce qu'il veut dire, alors que lorsque Michel Onfray s'exprime, je comprends tout. Peut-être est-ce pour cela qu'il est tant décrié, parce que les journalistes comprennent, enfin ;-)

L'éloquence est le véhicule des mots pour faire passer le message, publiquement. Sans éloquence reste l'écrit.

J'ai écouté (rapidement) BHL l'autre jour à ONPC. Cet homme parle bien, mais il parle trop ! De tout. En l'entendant développer le complotisme antijuifs dans l'affaire Fabius et le sang contaminé ou DSK/Sofitel de NY je me suis mise à regretter Finkielkraut à la même place. C'est dire...

Quant à nos hommes politiques qui ne récitent que ce qu'un n*** (pas le droit de prononcer ce mot ;-) leur écrit n'en parlons pas, écoutons plutôt Hollande :-(

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