Ce titre est grossier mais il est nécessaire.
Depuis quelque temps des appréciations péjoratives prospèrent qui laissent croire qu'elles sont des raisonnements et qu'elles sont lucides.
Nicolas Sarkozy a traité les participants à Nuit debout de "gens sans cerveau" (Le Monde).
L'avocat belge de Salah Abdeslam avait qualifié son client de "petit con d'une abyssale vacuité... avec l'intelligence d'un cendrier vide".
Je ne méconnais pas ce qu'il peut y avoir de réjouissant dans ces décrets absolus pour ceux qui les partagent mais il me semble que s'ils posent des problèmes sur les plans criminel et politique, dans le domaine de la vie intellectuelle ces condamnations expéditives sont plus nuisibles que pertinentes.
D'abord elles me gênent parce qu'elles présument de la part de ceux qui les édictent une supériorité naturelle et une indiscutable qualité de réflexion qui pourraient être contestées. Si pour le terrorisme l'analyse brutale du conseil peut s'admettre, reste que les "sans cerveau" auraient le droit de retourner à Nicolas Sarkozy le reproche de simplisme.
Dans la quotidienneté familière et banale, tout est permis dès lors que rien n'est pris au sérieux. Mais dans le débat public, ces étiquettes trop rudes, brutales, apparaissent surtout comme un moyen de couper court à toute véritable analyse, à l'affirmation de nuances qui imposeraient moins de certitude et plus de finesse.
On n'a jamais raison quand on méprise, quand on insulte. Je songe à cette détestable réponse de Christiane Taubira questionnée sur un possible dialogue avec Marine Le Pen et, sûre d'elle, répliquant que de sa part il serait inconcevable "avec des gens qui ne pensent pas".
Dans le meilleur des cas, avec de telles extrémités, c'est l'intelligence qui prend des raccourcis pour s'abandonner à une désinvolture choquante, une dérision facile. Au pire, elles manifestent l'absence de toute intelligence.
Pour reprendre l'exemple des "sans cerveau", cette formule de Nicolas Sarkozy est d'autant plus regrettable qu'elle masque, par son excès, les critiques justifiées qui devraient accabler le conglomérat "Nuit debout".
En ce qui concerne Salah Abdeslam, je constate seulement que son nouvel avocat Frank Berton ne semble pas avoir eu la même impression que son collègue belge. Ce qui pourrait laisser entendre qu'il y a des moments et des territoires plus propices à l'ineptie que d'autres.
Si j'attache tant d'importance à la forme et au souci constant d'exprimer même le plus sévère, le plus rigoureux avec un langage qui ne disqualifie pas par le mépris mais contredit par l'esprit, cela tient à ce que, sur tous les registres politique, médiatique, culturel, judiciaire et polémique, domine aujourd'hui une paresse, une vulgarité, une tendance à ne pas, à ne plus résister à ce qui vient immédiatement à la bouche, dans le cerveau : la saleté, le délitement des mots, qui réduisent la pensée à l'état le plus brut.
En approfondissant, je crains aussi que derrière cette médiocre banalisation, il y ait une déplorable manière de moquer le peuple, de prétendre lui offrir ce pour quoi il serait fait : non pas l'excellence du langage et la qualité de la réflexion mais les gros traits d'opinions trop vite élaborées. Rien ne me désole autant que ces politiques qui s'imaginent se rapprocher de lui par la proximité douteuse d'un verbe dégradé alors qu'ils s'en éloignent puisque les citoyens sont nostalgiques d'une classe dont on les prive délibérément.
Il n'est pas un lieu de l'expression aujourd'hui - presse écrite, audiovisuel, Twitter, blogs, vidéos, etc. - où on ne puisse constater le risque de l'arrogance, la tentation du péremptoire et du sommaire, les exécutions auxquelles l'intelligence ou la bêtise, dans un registre contrasté, procède.
J'admets que l'examen de conscience que je conseille est perturbant. Mais il fait du bien à la longue car il place au premier plan ces vertus du scrupule, du doute, de l'incertitude, de la complexité et de l'urbanité sans lesquelles l'esprit n'est qu'un bloc prenant de plein fouet les enseignements de la vie mais n'en retenant rien.
Il est trop commode de se réfugier derrière le "il y a plus con que soi" pour se sauver la mise.
Acceptons, douloureusement ou non, qu'on trouve toujours "moins con que soi" !
Une ascèse que je recommande. A beaucoup comme à moi.
@Paul Duret
Il ne faut jamais juger les gens sur la mine mais ce Berton, je n'aimerais pas le rencontrer la nuit dans une ruelle sombre.
Arrangez-vous pour le rencontrer sur un boulevard en plein jour ou bien munissez-vous d'une lampe de poche...
Rédigé par : Exilé | 08 mai 2016 à 20:15
Pour moi Philippe Bilger veut dire que quand on est vulgaire, on s'expose à la grossièreté. Et quand la vulgarité prend des airs supérieurs, comme là avec Sarkozy traitant Nuit debout de gens sans cerveau (ce qui nuit, comme il est dit, gravement à la réflexion), la grossièreté est là parfois pour nous remettre à notre place.
Ça fait penser à Coluche qui se montrait très souvent grossier, et ses détracteurs ne se gênaient pas de le lui reprocher... suite à quoi il répondait "qu'on pouvait être grossier... mais qu'il ne fallait jamais être vulgaire".
Rédigé par : Michel BAUDE | 07 mai 2016 à 12:37
@Savonarole | 05 mai 2016 à 09:54
Bonjour Achille,
Vous souvenez-vous du troll "Agence de notation AAA" ?
Ah bon, c'est le nouveau pseudo de eileen ?
Je ne savais pas, ahahah !
Rédigé par : Deviro | 05 mai 2016 à 18:24
@ Marc GHINSBERG | 05 mai 2016 à 12:03
"Au jeu du "plus con que moi tu meurs" on n'est jamais sûr de gagner."
Faut pas dire ça, "L'espérance est un risque à courir" (G.Bernanos) :-D
Rédigé par : breizmabro | 05 mai 2016 à 14:04
Dans Rabelais il y a la description de ce type un peu niais qui faisait rire tout le monde, et qui riait avec les autres, mais lui, il ne savait pas pourquoi. Quand tout le monde comprend, sauf soi-même, on se trouve tout con, mais finalement, en rire, même sans savoir pourquoi, ce n'est pas si bête au fond.
Rédigé par : Lucile | 05 mai 2016 à 13:26
@Alex paulista
Et évidemment, vous avez choisi une photo où l'avocat belge a l'air très intelligent...
Ah le coup bas !
Disposez-vous d'éléments précis vous permettant de douter de l'intelligence des avocats ?
Rédigé par : Exilé | 05 mai 2016 à 13:21
@Deviro
Si je vous ai bien compris en marge de mes copies vous mettez : condescendant. Je m'en accommode, vous auriez pu mettre compétent, cela m'aurait vexé.
Bon, on va peut-être s'arrêter là. Au jeu du "plus con que moi tu meurs" on n'est jamais sûr de gagner.
En tous cas sans rancune de ma part.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 05 mai 2016 à 12:03
@ Savonarole | 05 mai 2016 à 09:54
Exact ! J’aimais bien ce contributeur du blog de J-M Aphatie. Un peu mégalo, mais brillant !
@ breizmabro | 05 mai 2016 à 10:05
J’ai également connu ce genre de cas. C’est toujours une déception quelque part.
Rédigé par : Achille | 05 mai 2016 à 10:54
@Marc GHINSBERG | 05 mai 2016 à 07:51
"Vous notez en marge nos copies ?"
Ni plus ni moins que vous notez les miennes.
Je ne note pas les commentaires, j'en suis bien incapable. Je suis d'accord ou pas avec les opinions émises, chacun étant libre dans ce blog d'avoir son opinion ou son ressenti.
Mais ce qui pue vraiment, c'est la condescendance,
dont voici la définition du Larousse :
" Attitude de supériorité méprisante de quelqu'un qui, tout en accordant une faveur, fait sentir qu'il pourrait la refuser "
et en plus concis :
" Attitude bienveillante teintée d'un sentiment de supériorité, de mépris. "
Vous vous prenez pour qui ? pour Marc GHINSBERG ?
Rédigé par : Deviro | 05 mai 2016 à 10:15
@ Marc GHINSBERG | 05 mai 2016 à 07:51
Et toc ! :-D
@ Achille | 05 mai 2016 à 07:51
Vous avez raison. Lorsque j'étais en term il y avait une fille que je voyais brillantissime et par comparaison je me trouvais très conne.
Des années plus tard je l'ai revue "avec son p'tit manteau, avec son p'tit chapeau, avec sa p'tite auto, avec ses grands marmots" (pour parodier le grand Brel) et ses p'tites idées étriquées. N'ayant pas retrouvé cette fille brillantissime que j'avais connue, je me suis sentie moins conne.
C'est con non ? :-D
Rédigé par : breizmabro | 05 mai 2016 à 10:05
@Achille | 05 mai 2016 à 07:51
Bonjour Achille,
Vous souvenez-vous du troll "Agence de notation AAA" ?
Il avait une expression qui faisait mouche "Les cons sont de nature ferroviaire, un con peut en cacher un autre".
Rédigé par : Savonarole | 05 mai 2016 à 09:54
Trouver plus con ou moins con que soi, quelle importance ?
En fonction des circonstances ceux que l’on considérait moins cons que nous peuvent devenir plus cons (la réciproque n'étant pas systématique). Cela s’observe en particulier en politique où ceux qui étaient vénérés hier sont conspués aujourd'hui.
N’oublions pas une chose : il ne faut pas sous-estimer les cons car ils sont imprévisibles et surtout ils osent tout et c’est même ce qui fait leur force.
Rédigé par : Achille | 05 mai 2016 à 07:51
@Deviro
"Vous notez en marge nos copies ?"
Ni plus ni moins que vous notez les miennes.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 05 mai 2016 à 07:51
Tout à fait d'accord avec Paul Duret à 21.48 le 4.5.16 comme avec certains autres ; on trouve souvent "beaucoup moins con que soi", mais souvent aussi "beaucoup plus con que soi" surtout auprès de certains intervenants intolérants et donneurs de leçons en tout genre et tous azimuts.
Pourquoi un personnage comme Me Berton (grand avocat) qui a, malheureusement pour lui, un très sérieux problème dermatologique qu'il soigne, pourquoi ne prend-il pas plus soin de son apparence en ayant cette barbe blanchâtre mal coupée, et ce truc qui a été blanc il y a bien longtemps et qui pend bien tristement ? N'a-t-il pas auprès de lui quelqu'un (une) qui le lui fait remarquer...??
Rédigé par : eileen | 05 mai 2016 à 07:50
@Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 23:28
"On espère seulement qu'il se compte aussi parmi les "convaincus".
Bien sûr, avec le plaisir de me retrouver certainement en votre compagnie.
Mais je l'étais déjà ! en constatant votre absence ! car vos points de suspension du 4 mai 2016 à 09:41 étaient tellement éloquents et ne concernaient à l'évidence que nous autres !
"Espérons que ce billet fasse beaucoup de convaincus..."
Mais à quelle hauteur vous situez-vous donc pour oser écrire si benoîtement dans le billet "Michel Neyret : quel roman policier !" le 2 mai 2016 à 23:19 :
"Il n’est pas rare que je sois sévère avec les commentaires qui accompagnent vos billets. Je dois dire que je suis aujourd'hui agréablement surpris par la tonalité de beaucoup d’entre eux."
Vous notez en marge nos copies ?
Mais vous êtes le plus drôle parmi les drôles !
Rédigé par : Deviro | 05 mai 2016 à 01:28
@Deviro
"On espère seulement qu'il se compte aussi parmi les "convaincus".
Bien sûr, avec le plaisir de me retrouver certainement en votre compagnie.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 23:28
Il ne faut jamais juger les gens sur la mine mais ce Berton, je n'aimerais pas le rencontrer la nuit dans une ruelle sombre.
Rédigé par : Paul Duret | 04 mai 2016 à 21:48
Titre du billet de Philippe Bilger :
On trouve toujours "moins con que soi" !
Et, rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 09:41
" Espérons que ce billet fasse beaucoup de convaincus... "
Que voilà un magnifique "understatement", fin et subtil comme son auteur.
On espère seulement qu'il se compte aussi parmi les "convaincus".
Rédigé par : Deviro | 04 mai 2016 à 19:16
@breizmabro
Je n’ai pas le sentiment que nous soyons en désaccord.
@sbriglia
« Je ne sais, mon cher Marc, comment vous élevez vos enfants mais si l'un des miens me traitait de "traître génétique", un simple avertissement ne serait pas de mise... »
Certes, mais la fessée, vous le savez mieux que moi, n’est pas une peine reconnue par le Code. Comme vous, je trouve l’insulte ignoble.
Philippe Bilger avait déclaré au Figaro : « C’est un sentiment très agréable d’avoir obtenu justice. »
Je pense que ce qui importe dans ce genre d’affaire c’est d’obtenir une condamnation de principe.
@Exilé
Il faut demander à des avocats. Il y en a sur ce blog.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 18:13
Un avocat belge a fait remarquer que les djihadistes arrêtés étaient (outre, éventuellement, des petits cons) des criminels de guerre, et qu'en conséquence ils devraient être traduits, non pas devant une cour d'assises, mais devant un tribunal pénal international.
Cela me paraît frappé au coin du bon sens. Si on traduit Milosevic devant le tribunal de La Haye, à plus forte raison les "petits cons" devraient être jugés par l'ensemble de leurs ennemis. Milosevic ne s'en prenait pas au monde entier. L'Etat islamique, oui.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 04 mai 2016 à 17:43
@ Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 13:14
Je vous croyais moins naïf. Le "mon client est un p'tit con (dans un tribunal cela devient "mon client n'est qu'un jeune à la dérive M./Mme le/la Président(e)) qui s'est fait manipuler par des voyous chevronnés plus malins" est la base de toute défense en correctionnelle :-D
Du reste que dit Neyret en ce moment "je sais, je n'ai pas été vigilant, je me suis fait manipuler par des gens que je croyais contrôler mais qui sont en fait plus malins que moi, c'est difficile de le reconnaître" (en "off" ça donne "j'ai été un peu con" (de m'être fait pincer (?) ;-))
Par contre je suis d'accord avec Sarkozy : 100 à 200 personnes tous les soirs durant quarante jours (environ) pour n'avoir accouché d'aucune solution valable, logique, politique, pour eux et pour nous, je dis : soit il y a eu une fuite des cerveaux, soit les cerveaux des "Nuits debout" ont une fuite. Un moment il faut quand même le dire.
Rédigé par : breizmabro | 04 mai 2016 à 16:49
@ Choubidou | 04 mai 2016 à 10:40
Eh bien voilà. En fait pas si con le Abdeslam puisqu'il a donné son accord à son avocat pour le ridiculiser afin de le sortir de l'ornière (j'avais pas les épaules ce sont les autres qui m'ont manipulé)...
On entrevoyait la ligne de défense mais maintenant elle est entre les mains de l'avocat Berton.
Affaire à suivre..;-)
Rédigé par : breizmabro | 04 mai 2016 à 16:30
L'histoire de la prétendue "connerie" d'Abdeslam est une diversion d'avocat. Elle n'a aucune pertinence.
Se pose-t-on la question de savoir si les nazis ou les Khmers rouges ou les Brigades rouges sont "cons" ou intelligents ? Bien sûr que non, ce n'est pas le problème.
Tout ce discours fallacieux relève de la volonté de faire de l'islamisme un problème psychologique, voire psychiatrique, alors qu'il est pénal et politique.
Rédigé par : Franck Boizard | 04 mai 2016 à 15:34
Comment peut-on imaginer que la justice modère son jugement au prétexte que l'avocat aura plaidé l'imbécillité de son client ?... C'est prendre les juges et les avocats pour des imbéciles à leur tour.
Rédigé par : Savonarole | 04 mai 2016 à 15:25
"...non pas l'excellence du langage et la qualité de la réflexion mais les gros traits d'opinions trop vite élaborées."
Pourquoi vouloir qu'il en soit autrement puisque l'école n'enseigne plus les lettres, l'histoire, le meilleur des arts constaté au fil des siècles mais invite les élèves à stagner dans leur quotidien, à expliciter le langage SMS ou à rechercher la poésie (sic) chez les rappeurs ? Voir les nouveaux manuels scolaires qui ne sont que l'aboutissement d'une longue évolution. Chercher à élever le débat ? Il vaut mieux parler à l'électeur.
Rédigé par : Solon | 04 mai 2016 à 15:23
Certes, les sentences verbales triviales prononcées par les uns ou par les autres et par l'ex-Président de la République ne sont pas à leur avantage, l'exemple venant d'en haut. Cette volonté de parler peuple, de proximité normale avec le peuple dégrade l'image de la fonction. Et, sans cette hauteur nécessaire, pas de confiance ni de respect envers la hiérarchie, donnant l'impression que tout se vaut, que tout peut être dit.
Mais en écoutant notre Président actuel, qui bafoue la syntaxe, qui s'exprime dans un français pauvre, semblant mépriser notre belle langue tel un bobo ordinaire pour faire dans l'air du temps et se mettre à portée des Français incultes, selon sa propre vision, je ne suis pas sûre que cela soit plus glorieux. Cela ne donne pas envie non plus.
En l'écoutant vanter un bilan que chacun sait vide et sans intérêt, nous y voyons aussi du péremptoire venant d'un personnage qui occupe un fauteuil trop grand pour lui mais qui insiste grâce à des communicants chèrement payés. La pauvreté des arguments l'amène, en plus, à distribuer des allocations dont la France n'a plus les moyens.
Cela me fait penser d'une part à la grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf et me rappelle aussi mon DRH qui disait, méprisant, en parlant de formation pour des salariés qu'il trouvait sans envergure, "on ne peut pas faire d'un âne un cheval de course".
Les politiques aujourd'hui (enfin pas tous, j'ose l'espérer encore) n'ont même pas un minimum d'introspection et c'est bien ce qui les rend quelconques.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 04 mai 2016 à 15:17
Et évidemment, vous avez choisi une photo où l'avocat belge a l'air très intelligent...
Ah le coup bas !
Rédigé par : Alex paulista | 04 mai 2016 à 14:47
« ...avec l'intelligence d'un cendrier vide »
Belle formule...
On a le sens de l'humour, à Bruxelles...
Dans le genre des comparaisons parlantes, en voici une autre ayant visé Herman Von Rampouille, pardon Van Rompuy, toujours à Bruxelles :
«Vous avez le charisme d’une serpillière humide et l’apparence d’un petit employé de banque»
http://www.20minutes.fr/politique/387524-20100226-dit-vous-charisme-serpilliere-humide-parlant-president-union-europeenne-herman-van-rompuy
Rédigé par : Exilé | 04 mai 2016 à 14:26
@Marc Ghinsberg
(...) dans un système de défense visant à faire passer Salah Abdeslam pour un pauvre type, une marionnette, incapable de réfléchir par lui-même, manipulé de l’extérieur...
Mais pourquoi donc cette ligne de défense basée sur la culture de l'excuse (mon client n'est qu'une victime du racisme et de l'exclusion etc.) n'est-elle jamais invoquée ou prise en compte quand des gens catalogués d'office comme étant proches de l'extrême droite voire étant simplement apolitiques mais trop français sont mis en cause ?
Rédigé par : Exilé | 04 mai 2016 à 14:04
"@Xavier Nebout
Encore faux, cher Xavier, dans cette République que vous qualifiez de pourrie, on ne peut traiter impunément un magistrat de "traître génétique"."
Je ne sais, mon cher Marc, comment vous élevez vos enfants mais si l'un des miens me traitait de "traître génétique", un simple avertissement ne serait pas de mise...
J'ajoute qu'ayant partagé avec Francis S. les bancs de la Conférence, admirateur sincère de son grand talent, j'ai trouvé que sur le coup les magistrats de la Cour avaient été d'une indulgence insigne...
Si, dit-on, "on a vingt-quatre heures pour maudire ses juges", le serment prêté n'autorise pas l'insulte proprement "dégueulasse"...
Quant au Barreau, n'en parlons pas : il s'est, en l'espèce, disqualifié par son absence de sanction adaptée à la mesure qui sied à la robe.
Rédigé par : [email protected] Ghinsberg | 04 mai 2016 à 14:04
Mur des cons, le retour.
Un avocat belge a communiqué sur le degré de stupidité de M. Abdeslam. Je reste dubitatif par rapport à l'analogie du cerveau et du cendrier. Il semblerait donc que les neurones se seraient mélangés à de la nicotine.
Quoi qu'il en soit, idiot ou intelligent, fumeur ou non fumeur, musulman ou d'une autre religion, tout homme en France a le droit de bénéficier d'une justice équitable. Ainsi, une part de mes impôts va servir à juger à charge et à décharge un sinistre suppôt d'une organisation terroriste. Aujourd'hui, il reste au maximum trois ans et autant de mois que de doigts dans une seule main avant la tenue du procès, sinon, il faudra relâcher M. Abdeslam.
Rédigé par : vamonos | 04 mai 2016 à 13:46
Philippe Bilger a raison, il faut respecter la forme.
On ne doit pas insulter un quidam de la façon suivante : "Espèce de bâtard !"
mais lui dire plutôt :
"Je vous prie de retransmettre mes respectueux hommages à Mademoiselle votre mère".
Rédigé par : Yves | 04 mai 2016 à 13:39
« L'avocat belge de Salah Abdeslam avait qualifié son client de "petit con d'une abyssale vacuité... avec l'intelligence d'un cendrier vide". »
Pour ma part, je m’étonne de l’interprétation qui est faite de ces propos. Il me paraît évident qu’ils entrent dans un système de défense visant à faire passer Salah Abdeslam pour un pauvre type, une marionnette, incapable de réfléchir par lui-même, manipulé de l’extérieur.
Considérer la "connerie" comme circonstance atténuante, comme facteur d’irresponsabilité, voilà un champ inépuisable pour les avocats qui pourront en plus l’invoquer souvent de bonne foi.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 13:14
@Xavier Nebout
Encore faux, cher Xavier, dans cette République que vous qualifiez de pourrie, on ne peut traiter impunément un magistrat de "traître génétique".
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/04/18/97001-20130418FILWWW00722-l-avocat-francis-szpiner-sanctionne.php
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 13:00
Bonjour,
Tout le monde n’est pas sensible aux subtilités des fleurs de rhétorique. En politique ce qui compte c’est de faire mouche avec des mots forts, simples, directs car ils ont le mérite d’être compris par toutes les couches de la population.
Inutile de faire appel à la pensée de Nietzsche, de Paul Ricœur (très à la mode ces derniers temps, merci Emmanuel Macron) ou encore les grands philosophes de la Grèce antique pour parler de Salah Abdeslam. Des mots simples voire triviaux suffisent largement pour résumer ce que l'on éprouve pour ce triste individu dont la notoriété dépasse largement la personnalité quasi inexistante. Alors « l’intelligence d’un cendrier vide » est une métaphore qui a le mérite de bien résumer le personnage falot totalement dépassé par ce qui lui arrive.
Rédigé par : Achille | 04 mai 2016 à 12:51
Une remarque du genre "Ça va pas la tête", ou "tu déconnes" est sans doute inélégante et maladroite, mais ce n'est pas toujours un jugement global sur l'intelligence ou la santé mentale d'une personne ; c'est une façon familière de lui dire qu'on n'est pas d'accord avec ce qu'elle dit ou ce qu'elle fait. Je laisse le bénéfice du doute à Sarkozy, et pense comme lui que squatter la place de la République, uriner contre les murs et saccager les alentours, c'est assez folklo, mais c'est de la déconnade, en tous cas ça ne résout aucun problème, ça en ajoute plutôt, et ça ne fait pas avancer la démocratie.
Là où je vous rejoins PB, c'est qu'il y a des niveaux de langage mieux adaptés à la conversation entre copains qu'à l'interview d'un ancien président de la République. Le décalage de registre s'est d'ailleurs tellement banalisé qu'il ressemble à un procédé éculé. Plus ennuyeux, il a ouvert la porte à un ajustement spontané et pittoresque entre la pensée et son expression, mais peu élaboré, labile et approximatif, dans un domaine où chaque mot a son importance. Il fait appel à l'imagination et amuse au risque de court-circuiter la raison.
Quant au jugement définitif que certains portent sur l'intelligence des autres, plus souvent en négatif qu'en positif d'ailleurs, il les expose immédiatement au ridicule tant il exprime d'arbitraire dans le choix de leurs propres critères, et d'incapacité à douter. Souvent proféré avec une joie mauvaise ou une agressivité à peine cachée, il dévoile la tyrannie de l'ego sur la pensée. Il signale aussi, en politique, une erreur considérable, celle de sous-estimer l'adversaire.
PS : À ce sujet, le Mur des Cons me paraît une illustration parfaite, quoique crapuleuse, de la fatuité, de la mauvaise foi et du totalitarisme de la pensée qui se profilent derrière ce que vous dénoncez dans votre billet, Philippe Bilger.
Rédigé par : Lucile | 04 mai 2016 à 12:28
De ce billet, Monsieur Bilger, je retiendrai ces deux phrases : "j'attache tant d'importance à la forme et au souci constant d'exprimer même le plus sévère, le plus rigoureux avec un langage qui ne disqualifie pas par le mépris mais contredit par l'esprit... Rien ne me désole autant que ces politiques qui s'imaginent se rapprocher de lui par la proximité douteuse d'un verbe dégradé alors qu'ils s'en éloignent puisque les citoyens sont nostalgiques d'une classe dont on les prive délibérément."
De fait, nos politiciens spécialistes de la langue de bois bien assimilée pendant leur séjour à l'ENA manient le mépris souverain pour qui n'est pas issu de leur sérail.
Notre "président Normal" est une caricature de la fonction qu'il exerce et son langage montre le peu d'estime qu'il éprouve pour le peuple français. Ce qui avalise le propos rapporté par son ex sur les sans-dents. Il n'est que l'homme de l'entre-soi, petit personnage en vérité, incapable de s'exprimer en respectant un minimum la syntaxe de notre langue, témoignage du mépris qu'il en a.
Quant à son prédécesseur, imbu de sa personne, il n'est que mépris pour ceux qui osent ne pas lui faire allégeance, dont tous ceux qui souhaiteraient candidater aux primaires. Et ses qualités langagières sont pour le moins basiques, au ras des pâquerettes.
Triste spectacle en vérité d'une pseudo-élite qui n'est que nombriliste. Mépris que l'on retrouve dans les salaires extravagants que s'accordent les responsables des entreprises du CAC 40.
Ce mépris des élites se retrouve enfin dans la réforme de l'école qui vise à niveler par le bas pour la grande majorité des citoyens et non d'en faire des citoyens libres et éclairés en les extrayant de la masse par l'acquisition des connaissances essentielles à la formation d'un esprit critique. Mais il est évident qu'ils seraient alors de mauvais consommateurs.
Rédigé par : Robert | 04 mai 2016 à 12:12
A voir la couleur du "rabat" de chacune des robes, les Belges, n'en déplaise à Baudelaire, sont plus propres que les Français...
Rédigé par : sbriglia | 04 mai 2016 à 11:09
Pas d'accord.
En s'exprimant de cette manière l'avocat a passé un message dans les boutiques et les bars chichas de Molenbeek, il ne s'adressait pas aux candidats à l'Académie française.
C'est une façon de dire "votre pseudo héros n'est qu'un nullard de bas étage".
Cet avocat parle le molenbeekoua comme là-bas, dis ! Et il a bien fait. D'après quelques amis belges c'était bien son intention.
On ne peut tresser des couronnes de lauriers à Louis-Ferdinand Céline puis jouer les marquises emperlousées dès qu'un palefrenier pose ses sabots sur le tapis d'Aubusson.
Rédigé par : Savonarole | 04 mai 2016 à 10:52
Voici pourquoi Sven Mary a déclaré que "Abdeslam a l'intelligence d'un cendrier vide" :
"Si j'avais dit au journaliste de Libération qui m'a interviewé il y a dix jours (l'entretien a été publié mercredi) que Salah Abdeslam n'avait ni la tête, ni les épaules pour avoir imaginé, préparé, organisé les attentats scandaleux de Paris, la formule n'aurait pas percuté. J'ai donc averti mon client, qui a marqué son accord, que j'allais utiliser une formule choc pour faire passer notre message commun."
http://www.lalibre.be/actu/belgique/voici-pourquoi-sven-mary-a-declare-que-abdeslam-a-l-intelligence-d-un-cendrier-vide-5720d96d35702a22d6cfb493
Rédigé par : Choubidou | 04 mai 2016 à 10:40
Concernant la "sortie" de l'ancien président : à sa décharge la présence en continu des représentants du Front National sur les médias dès que quelqu'un tousse dans la famille Le Pen oblige quasiment les autres concurrents (sur la ligne de départ droitiste pour les élections à venir) à employer également outrecuidance et exagération qu'eux lorsque les arguments sont absents, sous peine de paraître ternes ou inexistants.
Cela confère un avantage aux autres candidats (Juppé, Le Maire notamment) qui ne cèdent pas à cette tentation car l'époque (guerres extérieures, état d'urgence) a besoin de sagesse et sagacité prudente.
Rédigé par : jlm | 04 mai 2016 à 10:35
Mais de façon générale, cette façon de se croire supérieur aux autres se retrouve dans le domaine politique, avec toutes les dérives susceptibles de découler de cette attitude.
Nous sommes dans le camp du Bien, dans celui des prétendues valeurs de la (...), donc ceux qui suivent tel parti diabolisé et qui pensent différemment sont des moins que rien que l'on peut ostraciser, exclure, accabler d'injures, calomnier, traiter en toute impunité comme des chiens, de même qu'en d'autres temps on guillotinait les aristocrates (qui souvent n'étaient que des gens du peuple) pour cette seule raison.
Rédigé par : Exilé | 04 mai 2016 à 10:23
Il faudrait commencer par le commencement, et le commencement, c'est lorsqu'on a légitimé l'extermination de ceux qui ne pensaient pas correctement.
Physiquement, cela a été 1793, mais aussi 1945 avec le meutre impuni des résistants de droite par les communistes.
Intellectuellement (au sens populaire), cela n'a pas arrêté depuis la "révolution", et se poursuit aujourd'hui plus que jamais.
N'est-il pas quasiment constant de voir dans des débats télévisés un intello de gauche monopoliser la parole et interrompre son contradicteur de droite en disant "je ne peux pas laisser dire que..."
Un intello de gauche ne discute qu'avec un autre intello de gauche, et un intello de gauche qui sort des clous est un traître avec qui on ne discute plus - tel A. Finkielkraut.
Aujourd'hui, la liberté d'expression en France est du même ordre que sous Staline ou Hitler - les moyens ne sont pas les mêmes, mais le résultat est similaire comme on l'a vu avec Eric Zemmour.
M. Bilger devrait d'ailleurs y prendre davantage garde, lui qui sait plus que tout autre que dans cette république pourrie, on peut impunément traiter un magistrat de "traître génétique" dans l'exercice de ses fonctions, dès lors qu'on a le soutien de la société secrête des commissaires du peuple.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 04 mai 2016 à 10:09
Vous dressez là un constat un peu déprimant, mais qui n'est pas dépourvu d'une certaine vérité.
Chacun peu entendre et lire le laisser-aller langagier des personnages les plus médiatisés appartenant au monde de la politique, du spectacle ou du sport. L'inculture et la paresse en sont la cause.
L'exemple vient d'en haut ; rien n'est plus accablant que le français pauvre et dégradé de François Hollande avec ses "La France, elle est ...".
Je suis plus réservé, en revanche, sur la thèse qui fait le fond de votre billet, selon laquelle l'injure méprisante est devenue un mode d'expression courant. Il suffit de se reporter aux débats parlementaires d'autrefois pour s'apercevoir que l'insulte volant très bas n'est pas une nouveauté, pas plus que le mépris affiché de l'adversaire.
Plus grave selon moi que ces dérapages verbaux est la langue de bois aux circonlocutions cauteleuses qui stérilise la pensée sous couvert de la nuancer et de l'approfondir.
Au pays de La Rochefoucauld, de Boileau, de Voltaire et de Chamfort, de Daumier, de Coluche, du Canard enchaîné et de Charlie Hebdo, le raccourci même le plus insultant, la caricature la plus cruelle a toujours prévalu sur le délayage prétendument soucieux de la nuance et du respect humain. Celui-ci est tout aussi méprisant, l'hypocrisie en plus.
Rédigé par : Frank THOMAS | 04 mai 2016 à 10:08
M. Bilger,
Définitivement je ne vous saisis pas...
Quelle raison qui m'échappe vous pousse à poser le titre que vous avez choisi, pour ensuite vous étendre sur une question épineuse en totale opposition avec ce titre raccoleur ?
M. Cassagne dans son commentaire bref et concis parle lui de "scories langagières"...
Le langage étant un outil remarquable et hautement dangereux, dont le tranchant ne pardonne guère, il est à considérer avec la plus grande attention. Les mots, leur sens, explicite ou implicite, nous donnent en principe le moyen de domination de l'autre c'est pourquoi croire que l'usage de ceux qui sont grossiers relèverait d'un manquement à la courtoisie est un peu court.
Je pencherais pour un système visant à la connivence, la proximité, l'inanité et autres... C'est à ce moment-là que commence la manipulation !!
Ayant une passion pour les outils, tous les outils, ceux qu'utilisent les hommes pour se manoeuvrer comme ceux qu'utilisent les artisans pour nous servir, je les collectionne et les étudie...
En outre, je dirais que si on trouve toujours "moins con que soi", on est certainement toujours le "con" de quelqu'un !
Rédigé par : duvent | 04 mai 2016 à 10:06
Espérons que ce billet fasse beaucoup de convaincus...
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 04 mai 2016 à 09:41
Le premier pas du travail est de reconnaître sa propre médiocrité.
Quand Sarkozy admoneste ainsi nos néo-révoltés, se rend-il compte qu'il vide alors par son expression son propre cerveau, la polémique engendrée partant dans des vrilles réciproques qu'aucune raison ne saura stabiliser ?
Merci, M. Bilger, pour votre style qui sait intégrer l'académisme que l'école ne sait plus enseigner, visant toujours au plus haut de son expression, pouvant dans la même phrase exprimer la vérité d'une idée qui vous anime, ainsi que les objections que cette idée vous inspire, laissant au lecteur sa liberté d'adhérer ou pas à votre opinion. Cette ascèse, en plus de nous charmer, vous honore, car elle permet un exercice réellement démocratique que l'instantané médiatique, dans la tyrannie du buzz et de l'audience, étouffe, elle est un exemple pour tous, nous incitant à toujours mieux, en précisant la qualité de nos interventions (mille merci à la correctrice !), élever notre propre médiocrité.
Rédigé par : aliocha | 04 mai 2016 à 09:22
Personnellement, je ne comprends pas toujours bien cette propension culturelle qui consiste, désormais, à se garder d'être péremptoire. C'est le signe que nous sommes dans un temps relatiste. Je crois au contraire qu'il faudrait nourrir les esprits d'une ambition consistant à élever son argumentaire de sorte qu'il puisse périmer, par la raison et l'amour de la vérité, les objections.
Les politiques qui devraient, eux-mêmes, s'employer à produire ou à participer à ce phénomène de la raison majeure, cèdent à l'idée de plaire.
C'est tragique.
L'Etat, peut-être, est encore, mais pour combien de temps, le lieu du péremptoire... Mais il subit le siège de nombreuses médiocrités.
Le sujet mériterait que je lui consacrasse plus de temps...
Rédigé par : daniel CICCIA | 04 mai 2016 à 08:57
J'aime assez votre façon de présenter "les moins cons que soi" et partage globalement vos avis sur ce sujet douloureux!
Mais lorsque vous fustigez les discours péremptoires, il me semble que vous omettez de tenir compte de votre propre gourmandise à l'être vous-même...
Cordialement et avec le sourire!
Rédigé par : marc cheifetz | 04 mai 2016 à 08:33
Pour ma part, j'essaie, en toutes circonstances, que ma candeur domine la dictature des mots, pour ne point altérer ma pensée de scories langagières.
Rédigé par : Jean-Pierre CASSAGNE | 04 mai 2016 à 08:20