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Rédigé le 31 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (67)
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Loin de moi la prétention de m'immiscer dans la campagne d'Alain Juppé mais puis-je tout de même dire que la tonalité de son intervention sur le terrorisme, à son retour de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie, était aisément prévisible.
Parce qu'on a compris quel était son style et sa volonté de demeurer apparemment froid, mesuré et serein face à l'opposition extrême et sans nuance des autres candidats à la Primaire LR. Surtout de Nicolas Sarkozy.
Il y a clairement une identité "Juppé". Qui pouvait ignorer qu'il se situerait entre "angélisme" et "surenchère" ? Qui pouvait croire qu'il approuverait les appels à la démission du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur ? Qui pouvait se tromper sur son respect de l'état de droit ? Qui pouvait douter de sa crainte de l'amalgame ? (Le Figaro)
Une telle constance qui donne à la pensée sa logique, à son opposition sa cohérence et au personnage sa marque n'est pas un mince avantage. Mais la raison a ses limites dans cette terrible et durable période qui appelle l'audace de l'invention et l'aptitude aux transgressions salutaires. Pour le bien de tous.
Le risque est, ainsi, d'éprouver une sorte de frustration face à une "machine" qui semble de plus en plus gouvernée par le souci de ne pas dire comme les autres tout en puisant dans un fond commun à la droite.
C'est, à la longue, davantage un discours de la méthode qui donne des bons ou des mauvais points à ses adversaires qu'un élan intense et novateur. A force de se méfier du caractère exceptionnel des circonstances, sa tendance est de ne proposer qu'un ordinaire à peine retouché.
J'avais déjà considéré que son projet régalien n'était pas à la hauteur de ce qu'on aurait attendu d'une équipe qui, paraît-il, travaillait depuis longtemps à ses côtés sur ce plan.
Contre le terrorisme islamiste, Alain Juppé reprend l'excellente idée de François Fillon et de Nicolas Dupont-Aignan sur la qualification d'intelligence avec l'ennemi.
Pour les fichés S il s'inscrit dans un mouvement de plus grande rigueur mais en veillant à ne pas tomber dans une globalisation.
Toujours se distinguer pour ne pas donner l'impression d'être emporté dans une dérive qui ne mettrait plus assez de centrisme dans la droite.
Mais les contorsions intellectuelles et politiques sont difficiles. Il soutient qu'on pourrait améliorer le dispositif antiterroriste dans le cadre de l'état de droit.
Je n'en suis pas persuadé. Il y a des chemins que le pouvoir devrait emprunter et qui sont recommandés par l'opposition, imposant une conception plus souple, moins dogmatique de l'état de droit. L'essentiel est que la démocratie amplifie ses moyens de sauvegarde et ils seront légitimés parce qu'ils auront le label républicain.
Ensuite, Nicolas Sarkozy - il convient de lui reconnaître ce mérite - a justement mis l'accent sur cette particularité du combat contre le terrorisme : il est urgent d'inventer une pénalisation de cette zone grise intermédiaire entre les innocents et les coupables. Quand on a la quasi certitude que des virtualités n'aspirent qu'à devenir criminelles, il faut leur assigner un statut pénal (Le Monde).
Enfin Alain Juppé, s'il n'a pas l'air de récuser le terme de "guerre" - sa validité est démontrée par ceux qui la mènent contre la France, dans la barbarie et l'abjection - paraît cependant se tenir subtilement en retrait.
Mais les massacres qui se répètent sont révélateurs du fait que le classicisme de la lutte n'est plus de mise. Le combat a changé d'âme et nous n'avons plus besoin de la politique des mots et des avertissements de la sagesse. Mais d'un chef de guerre et d'un président de paix. En même temps.
Alain Juppé, entre mesure et modération, saura-t-il être ce personnage rare dont la France est privée, dont elle aura besoin ?
Rédigé le 30 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (87)
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Dans ces temps tragiques où l'angoisse de la France est à la hauteur de sa volonté de combattre ce qui croit pouvoir la briser, j'éprouve une mauvaise conscience. Est-il bien sérieux d'écrire un billet sur la francophonie, sur la langue française et sur ce qu'elles représentent ?
Qu'on se rassure : malgré le titre que j'ai choisi, je ne suis pas atteint par le tic national d'évoquer la belle action de résister pour tout et n'importe quoi. J'ai même lu que pour Olivier Py avoir assisté au festival d'Avignon constituait un acte de résistance. Le spectateur comme guerrier, il fallait y penser !
Pourquoi cependant ai-je pris le risque de m'inscrire dans cette lignée dont j'espère ne pas être éclaboussé ?
Parce que je crois en l'honneur d'être français, parce que je suis persuadé que maîtriser la langue française, la porter haut, vouloir la maintenir dans sa pureté et sa force, s'efforcer de la diffuser dans le monde, refuser son délitement est à la fois une mission, une exaltation. Et, je le répète, un honneur.
Je suis d'autant plus sensible à cette cause qu'étant médiocre pour tous les arts sociaux, je me suis accroché, comme à une bouée de sauvetage, à la parole, à la langue, pour moi la plus éclatante démonstration de mon aptitude à être. Comment ne pas m'investir dans ce qui relève de ma propre sauvegarde ?
Depuis le 11 février, le Secrétariat d'Etat au Développement et à la Francophonie a été confié à André Vallini et c'est un bonheur, pour une fois, qu'il n'y ait pas de hiatus entre la compétence et le service.
En plus, et ce n'est pas mince pour ce poste, André Vallini parle un français qui ne tombe dans aucune vulgarité et a l'élégance de son locuteur. Ce n'est pas chez lui qu'on trouvera la moindre complaisance pour l'usage choquant de l'anglais en France et de la part de Français. Il suffit de se rappeler sa dénonciation forte sur ce plan pour le concours de l'Eurovision et l'Euro 2016.
La francophonie est entre de bonnes mains et dans un bon esprit.
Heureusement. Car, si mille professeurs du monde entier se sont réunis au cours de ce mois à Liège pour défendre le français, le constat est que d'ici à 2020, il manquera 180 000 enseignants de français, notamment en Afrique (Le Figaro).
Comme pour beaucoup de causes qui paraissent nous toucher, l'essentiel est d'abord de balayer devant notre porte, d'assumer une responsabilité qui nous revient en priorité.
C'est en France, dans tous les secteurs où la langue, au lieu d'être dégradée, devrait être magnifiée, dans les registres politique, culturel, médiatique, sportif, judiciaire et social, que l'enjeu est capital.
Quand, faute de savoir maîtriser une aptitude, une richesse, une qualité, un vocabulaire qui vous échappent, on préfère accompagner le déclin plutôt qu'y résister, on participe au désastre. Quand la vulgarité des mots semble le comble de l'audace et qu'on s'obstine à rire du grossier parce que le fin, le complexe et le délicat ne sont plus à la portée du français tel qu'on ne l'apprend plus et même qu'on le méprise, on tombe.
L'honneur de parler français est un pavillon qu'on doit dresser haut contre tous ceux qui, sur un mode subtil ou des entreprises terrifiantes, de manière innocente ou perverse, offensent ce que nous sommes, notre identité, notre histoire, la profonde singularité de ce qui fait "France" et qui intègre la beauté de la langue.
André Vallini n'est pas de ceux qui salueront une chute au lieu de s'y opposer.
Je lui souhaite bon courage car cette résistance en est véritablement une. Cela vaut la peine de se battre pour le français et la francophonie.
Rédigé le 28 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (89)
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La France a peur et ce n'est pas une honte.
Quand Roger Gicquel avait commencé un journal télévisé avec cette phrase à la suite d'un crime odieux, il avait été beaucoup critiqué.
Mais qui oserait soutenir qu'aujourd'hui, un tel constat à la fois psychologique et sociologique est erroné ?
Une prise d'otages dans une église près de Rouen, le prêtre âgé de 84 ans égorgé et un fidèle grièvement blessé par deux "barbus" ayant crié "Allahou akbar", abattus par la BRI de Rouen (Le Figaro, lepoint.fr, BFM)
Indignation. Angoisse. Suspicion. Sentiment de moins en moins diffus, de plus en plus accablant que la menace du pire, l'éventualité de l'horreur sont partout, à la fois invisibles mais affreusement présents.
Le ministre de l'Intérieur s'est rendu sur place et le président de la République à son tour va rendre hommage, par sa sollicitude immédiate, aux victimes et manifester l'exigence de rassemblement et l'aspiration à une volonté collective bandée contre ces malfaisants.
L'union nationale soit. Que pourrait-on proposer d'autre ?
Mais pas que cela de grâce.
Des surveillances, des constances, des actions, des interpellations, des rigueurs qui ne donneront plus aux citoyens la déplorable certitude que nous courons après les tragédies mais que nous sommes capables de les devancer pour les empêcher.
Un état de droit enfin musclé sans que des états d'âme - toujours de la part des mêmes - viennent entraver une efficacité nécessaire comme en aucune autre période de notre belle histoire.
Il convient de changer totalement de registre. La guerre en respectant le droit ? La France subit les conséquences de cette calamiteuse conception depuis l'affaire Merah. La guerre ne doit pas être adaptée au droit mais le droit à la guerre. Sauf à poursuivre naïvement le cours de ce qui nous tue et ne protège pas.
L'un des tueurs identifié -Adel Kermiche - ayant été impliqué dans un processus procédural avec un contrôle judiciaire révoqué, une mise en détention puis un nouveau contrôle judiciaire avec assignation à résidence et port d'un bracelet électronique, le 16 mars 2016, et ce malgré l'appel du parquet anti-terroriste. Un magistrat instructeur et une Chambre de l'Instruction manipulés. Un parcours qui surprend pour le moins et sans le moindre effet ! (Le Figaro).
La douceur de vivre, les lieux les plus saints, les plus festifs, les allégresses justifiées, la quotidienneté la plus paisible, la moins provocatrice, l'humanité ciblée ou indistincte - tout est concerné, touché, gangrené, dévasté.
Que la France ait peur, forcément peur dorénavant n'est pas donner raison à ces tueurs mêlant déséquilibre, haine et religion dévoyée.
Ce qui représenterait leur triomphe serait notre impuissance.
Il faut vaincre mais pour cela il convient que la République sorte des mots, échappe aux mièvreries et soit sans pitié. Cherche auprès de tous les pistes et les remèdes.
Une église, un prêtre égorgé.
On débouche sur autre chose. Un tremblement de monde, de société, de démocratie.
Que le pouvoir ne nous déçoive pas même si les "il faut que, il n'y a qu'à" sont faciles et confortables.
Rédigé le 26 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (183)
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Les tragédies massives occultent des scandales plus quotidiens, Nice a fait négliger Beaumont-sur-Oise.
Pourtant il y aurait beaucoup à dire à la suite de la mort le 19 juillet d'Adama Traoré, 24 ans, à la suite d'une interpellation dans la cité de Boyenval.
Beaucoup à dire mais, en même temps, depuis cette date on retrouve un processus terriblement répétitif qui, en substance, oppose des "saints" quoi qu'ils aient accompli à des "salauds" aussi légitime qu'a été leur action. En l'occurrence la famille Traoré médiatiquement promue et soutenue contre des policiers et des gendarmes évidemment de mauvaise foi !
Adama Traoré aurait été victime d'une "bavure" puisque selon son frère Bagui, il est entré "vivant dans le camion et qu'il en est sorti mort" quand il a été transféré à la brigade de Persan.
Depuis le 19 juillet, quatre nuits de violences et de dégradations et un dispositif de taille pour en empêcher une cinquième (Le Parisien).
Les forces de l'ordre traitées de "assassins, fils de putes et bandes de bâtards".
"Tensions après la mort d'un jeune interpellé" titre Le Monde qui consacre, comme il se doit, un très long article où est mis sur le même plan le comportement des fauteurs de trouble et celui des gendarmes et policiers.
TF1 n'est pas en reste qui lors de son journal de 20 heures, le 22 juillet, redonne une importance démesurée à cette triste affaire, au sujet de laquelle on demeure dans l'équivoque au bénéfice bien sûr de la famille Traoré.
Quelques rappeurs sont de service pour soutenir la cause de celle-ci et Omar Sy continue à exploiter sa popularité pour systématiquement, sans rien savoir, aller du bon côté démagogique, du mauvais pour la discrétion et la prudence. Avec un tweet convenu et brassant large (20 minutes).
Les appels à manifester sur les réseaux sociaux et l'ébullition ignorante des professionnels du désordre.
Une marche blanche dégradant un deuil privé en défilé public. Pour réclamer on ne sait quoi puisqu'une enquête est diligentée et la Justice saisie.
Le Défenseur des droits étudie ce dossier car le CRAN l'a saisi malgré la procédure en cours.
Personne évidemment ne se risque à évoquer le passé d'Adama Traoré. Etait-il effectivement ou non sorti de prison un mois et demi avant le 19 juillet ? On glisse sur le fait qu'il serait intervenu pour assister son frère Bagui concerné, avec d'autres, par une enquête préliminaire pour extorsion de fonds, même si ce dernier affirme qu'Adama aurait fui parce qu'il n'avait pas ses papiers.
Ces informations n'auraient pas rendu moins douloureuse la mort d'Adama pour sa famille, ses parents, son frère et sa soeur Assa, tous deux très présents médiatiquement, mais elles seraient nécessaires pour déterminer si les gendarmes ont été confrontés à des angelots ou à des jeunes gens décidés à en découdre.
Cette mécanique irrésistible de la présomption de culpabilité à l'encontre d'autorités que l'état de droit légitime est d'autant plus insupportable en l'occurrence que l'autopsie n'a relevé "aucune trace de violence de nature à entrer dans le phénomène du décès" mais, outre des égratignures, "une infection massive touchant plusieurs organes" dont la nature sera précisée par une expertise bactériologique et toxicologique (Le Parisien).
Dans le climat de ces dernières années, il est tristement normal que la famille Traoré soupçonne et incrimine.
Il n'est pas habituel, en revanche, qu'un avocat sollicite une "contre-autopsie" comme si la première était sujette à caution "malgré la compétence des médecins légistes(...)et pour rassembler le maximum d'informations claires pour la famille". Comment laisser entendre plus élégamment qu'il doit y avoir une vérité acceptable pour la famille ?
Il est vaudevillesque mais prévisible que Me Karim Achoui s'immisce sans titre dans ces péripéties et qu'il soit clairement renvoyé à la déontologie par le confrère en charge du dossier, Me Zajak.
L'anormal qui se rapporte à la structure même du monde médiatique et de la tonalité sociale et communautariste favorisée par la gauche de gouvernement, est la focalisation unilatérale sur un point de vue pour lui apporter du poids, de la consistance et de la plausibilité.
Et l'absence totale de dénonciation des transgressions graves qui portent atteinte à l'ordre public, aux personnes et aux biens. Avec l'aval lâche ou complaisant de ceux qui auraient pour mission démocratique de les fustiger.
Mais comment résister ?
Puisqu'aujourd'hui c'est pain bénit que de préjuger une "bavure" au détriment d'une famille Traoré, ou demain d'un jeune maghrébin... Je parie que Dupont ou Dubois exciteraient moins la partialité médiatique.
Cette machine infernale qui se plaît sinon à inverser l'ordre des responsabilités au moins à répudier toute équité, en exigeant d'abord des preuves de la normalité institutionnelle, m'a toujours indigné. Avec ce paradoxe que "la vérité, on la veut avec vous, madame la juge" mais qu'il serait hors de question qu'elle soit différente de celle que depuis quelques jours, insidieusement ou ostensiblement, on cherche à diffuser (JDD).
Tout est fait depuis le 19 juillet pour susciter le trouble dans le certain et la malignité dans l'évidence.
Car il est manifeste que la déontologie des journalistes s'arrête juste avant le traitement de ces incandescences régulières, toujours appréhendées sur le même mode. L'objectivité est inconcevable puisque la cause est toujours entendue.
Pas pour moi. Je regrette mais les Traoré ne sont pas forcément respectables et la police et la gendarmerie pas forcément coupables.
Rédigé le 25 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (63)
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Il y a les informations officielles dont les généralités souvent moroses éclairent mal le réel dans sa diversité et ses contrastes.
Mais, pour les suppléer ou les compléter, il y a la richesse des entretiens particuliers, des dialogues singuliers, des expériences concrètes et des pratiques quotidiennes. Ce que la vie apprend, ce que l'amitié propose, ce que les exceptions apportent aux règles.
Pour les institutions, les services publics et les mille rouages illustrant le bon ou le mauvais fonctionnement d'un pays.
Ainsi, pour la Justice, je suis persuadé qu'on en apprend davantage, et sur un mode plus objectif, en écoutant par exemple le procureur général Jacques Dallest évoquer son parcours professionnel et les constats qu'il a pu faire qu'en lisant le journal Libération.
C'est encore plus vrai, me semble-t-il, pour l'Education nationale où l'hostilité à l'encontre de la ministre, les quartiers difficiles, le pessimisme de beaucoup de citoyens et le manque de considération pour le corps enseignant créent un climat désastreux dans lequel tout espoir paraît inconcevable.
Il y a également des absurdités qui laissent pantois. Ainsi, pour la rentrée, les recalés du CAPES se verront proposer des postes de contractuels mieux payés que pour les professeurs admis !
Mais aussi, soudain, malgré une plainte incessante, des sursauts, des résistances, des encouragements.
J'ai rencontré un couple de deux jeunes professeurs. Elle enseigne l'histoire dans un collège à Bagneux dont la Principale a accompli un travail extraordinaire en quelques années. Lui transmet sa passion de la langue française et de la littérature dans un collège à Bobigny.
L'un et l'autre, aux antipodes d'un défaitisme chronique, appréciés et même respectés par leurs élèves de la 6ème à la 3ème, m'ont fait part de la conception de leur mission et de la manière dont ils ont pu et su intéresser, mobiliser et stimuler les classes dont ils avaient la charge.
Dans ce qu'ils me transmettaient, une sorte de modus operandi se faisait jour qui était parfaitement généralisable et autorisait, à partir de Bobigny et de Bagneux, la croyance en l'efficacité d'un optimisme lucide et actif partout ailleurs, et pour une multitude d'autres exercices.
D'abord ne pas inscrire d'emblée, fatalement l'échec avant même d'entreprendre. Ne pas s'engager sans croire en ses chances, sans considérer la virtualité devant soi comme une formidable opportunité de démonstration et de persuasion.
Porter à son comble, pour soi, l'exigence de travail, la conscience professionnelle et l'exemplarité. Donc se faire respecter grâce à cette excellence.
Ne mépriser personne, quelle que soit l'inégalité des dons et des résultats. Ne pas brider les meilleurs mais ne pas décourager les moins bons.
Concilier la vigueur de l'autorité avec l'empathie de la bienveillance. Refuser de tomber dans une mansuétude systématique et condescendante ou dans une fermeté ne sachant jamais faire la part des choses et des êtres.
Avoir le sens de la nuance et ne pas mettre tout sur le même plan, le bénin et le grave. Ne pas juger indigne de les faire rire ou indécent de rire grâce à eux.
Sentir sa classe, avoir de l'intuition, mener le plus loin possible ce groupe qui vous a été confié et considérer comme un honneur cette charge à Bobigny, Bagneux ou Paris. Dans le plus prestigieux des établissements ou le plus modeste.
Ces principes directeurs qui, dans un univers difficile, suscitent l'adhésion, devraient, du minime au plus important, de la base au sommet, être retenus. Dans la société et ses spontanéités jusqu'à l'Etat et ses rigidités, dans les bonheurs du quotidien et les tragédies innommables.
De ces échanges si stimulants d'un soir, je tire deux conclusions.
L'une qui confirme ce à quoi j'ai eu toujours eu besoin de croire parce que, sinon, l'existence serait trop corsetée, sans âme. Les tempéraments peuvent l'emporter sur les structures et rien n'est impossible pour qui n'est jamais dépassé par sa tâche mais a l'ambition et le courage de la dépasser.
L'autre est simple. On n'est jamais respecté avant mais toujours éventuellement après. Cela dépend d'abord de soi. On n'inspire le respect que par ses preuves.
A Bobigny, à Bagneux ou à l'Elysée.
Rédigé le 23 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (49)
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Depuis quelques mois j'ai eu la chance d'être en contact, par SMS puis directement, avec Emmanuel Macron. Je l'ai rencontré durant une heure pour mon plus grand intérêt et plaisir. J'espère pouvoir un jour le questionner dans le cadre de mes entretiens vidéo. Il m'a promis sa participation et je n'ai aucune raison de douter de sa parole.
On devine avec quelle curiosité, avec quelle passion même j'ai écouté son intervention du 12 juillet sur la scène parisienne de la Mutualité. C'était la première réunion publique de son mouvement «En Marche !».
Emmanuel Macron, pour lever toute ambiguïté, est un homme que j'estime, il a une personnalité qui ne me laisse pas indifférent et dans le monde politique d'aujourd'hui, il offre une configuration étrange, atypique, composée d'officiel et d'officieux, de classique et de nouveau. De connu et d'inconnu.
Même si je souhaite prioritairement m'attacher à la manière dont il transmet ses messages, dont il s'exprime - 3000 personnes, dont 45 parlementaires et la veuve de Michel Rocard, étaient présentes pour l'écouter, convaincues, parfois enthousiastes, au long d'une allocution qui a duré 80 minutes -, je ne peux négliger le fond de celle-ci car il a été très révélateur de la singularité de l'orateur.
Plutôt que de reprendre en détail les séquences de sa démonstration - il se serait appuyé sur des PowerPoint transparents -, je souhaiterais surtout insister sur le caractère original de cette dernière.
Des analyses sociologiques, politiques, psychologiques, une vision intellectuelle et morale, trois pistes fondamentales - la liberté, la solidarité, l'Europe -, le refus de voir traiter les citoyens comme des enfants «en état de minorité intellectuelle et politique», l'obsession de la réconciliation des deux France - celle qui progresse et celle qui a peur -, la certitude que gauche - il s'est revendiqué de cette famille - et droite doivent être dépassées pour que des solutions consensuelles et efficaces soient trouvées et mises en œuvre, fierté de l'identité française, volonté d'action.
Opposition non plus entre les camps traditionnels mais entre les progressistes qui s'y trouvent et ceux qui ne le sont pas.
Il me semble qu'une appréhension correcte de ces idées souvent justes, une sorte de discours éthique et politique de la méthode, fait apparaître moins d'audace et de défi qu'une prudence et une finesse très rouées.
Les médias dans l'ensemble ont trop insisté sur une démarche prétendument de provocation et de rupture alors que j'ai été frappé de constater avec quelle intelligence maîtrisée Emmanuel Macron oscillait, au contraire,
entre des généralités humanistes et consensuelles et un projet dont les grandes lignes demeuraient suffisamment vagues pour ne pas susciter de virulentes contradictions. Du politique certes, si on veut, mais s'arrêtant juste avant l'aigreur du partisan, des engagements mais en deçà d'irréversibles transgressions, une critique globale des mécanismes et des comportements mais sans l'intolérable de ciblages dévastateurs.
Je vais finir par me demander, malgré Manuel Valls qui enjoint de «taper, taper, taper Macron», si l'Elysée n'a pas raison de rester «impassible» en percevant ce qu'il y a de délibérément limité dans les offensives soft du ministre. Le président de la République, lors de son entretien du 14 juillet, en soulignant le respect de deux règles fondamentales - défendre le bilan et travailler en équipe - sans explicitement imputer à Macron de les violer, donne plutôt l'impression, jusqu'à la fin de son mandat, de préférer profiter de ce dernier, peut-être dans la connivence.
François Hollande battu, une autre histoire commencera qui exigera d'Emmanuel Macron du talent et de la finesse non plus seulement dans la pensée, dans la sensibilité et la tactique, mais dans la parole.
Il n'y a pas de grand destin politique s'il n'y a pas, à sa source, un authentique éclat de l'expression, une aptitude à libérer, dans l'élan, l'improvisation et la vigueur, une riche coulée d'existence, un puissant flux de vie.
Emmanuel Macron n'est pas un orateur au sens où je l'entends. Il le sait, il le sent, il en joue. Mais s'il relève de cet art de la parole partagée, de la compréhension offerte tel un don amical, de ce ton de la convivialité et d'une
sincérité parfois émue, il n'a rien en lui pour l'instant qui porte à l'incandescence, qui parvienne à exalter par le verbe et à entraîner par l'admiration qu'on éprouve pour un propos en même temps esthétique et convaincant.
Emmanuel Macron a de l'ambition, homme de pouvoir, ministre, il n'est pas indigne de ces états mais il est clair qu'il n'a pas l'éloquence qui permet au pouvoir de se démontrer. Ce peut être une opportunité que ce défaut - on gagne en fraîcheur ce qu'on perd en force - mais quel hiatus alors entre un public rassemblé et nombreux et une parole douce, aimable, répétitive manifestant, techniquement, plus de maladresse que d'art.
Emmanuel Macron, au moins à deux reprises, s'est essayé à forcer le ton, à pousser sa voix et à dépasser sa nature. Quand il a évoqué pour lui ce qu'était l'identité française et dans sa péroraison. Il a paru lui-même étonné par une démesure et un débordement auxquels il n'était pas habitué. Fugacement il s'est entendu comme s'il était un autre.
La parole porte en son expression publique le tempérament et l'esprit qui l'inspirent. Ceux d'Emmanuel Macron l'entraînent plus vers «une musique de chambre» que dans l'ivresse improvisée et éblouissante de mots surgissant comme des évidences et des fulgurances sans cesse renouvelées.
Il n'est pas François Mitterrand dont «Journées particulières» de Laure Adler nous montre à quel point la parole était pour lui un don, une technique, un secours, un recours, une politique. Le moyen irremplaçable d'un pouvoir sachant user de toute sa palette dont le génie du verbe.
Emmanuel Macron, demain, pourra étonner sur ce plan capital. Mais il devra mieux faire.
Le 12 juillet, je l'ai vu et entendu comme un gourou séduisant, plein d'empathie et de délicatesse. Sa personnalité étant presque plus convaincante que son propos. Donnant plus envie de le suivre que son argumentation.
Mais, s'il y a du tribun en lui, qu'il le fasse surgir et durer. S'il n'y en a pas, qu'il l'apprenne, le cultive et s'en renforce.
(Ce texte destiné au FigaroVox lui a été communiqué le 14 juillet mais en raison du massacre de Nice n'a été publié sur le Vox politique que le 20 à 17 heures)
Rédigé le 21 juillet 2016 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (101)
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On peut le dire de manière brutale comme Nicolas Sarkozy : "On est en guerre, une guerre totale...ce sera eux ou nous" (Le Parisien).
Je préfère appréhender autrement ce qui, depuis la terreur islamiste préparée et perpétrée à Nice, mobilise la conscience publique - les angoisses des citoyens comme les constats et engagements des politiques.
Car la dévastation mortelle de Nice a sensiblement modifié le regard des Français sur le terrorisme, l'aptitude de ce gouvernement à le combattre et les moyens à mettre en oeuvre. Probablement parce que l'horreur n'a pas fait de tri : elle a frappé, notamment et aussi, des enfants et des musulmans, des mécréants et ceux qui ne l'étaient pas selon les délires islamistes.
Selon un sondage de l'Ifop pour Le Figaro, 67% des personnes interrogées le 15 juillet affirment "ne pas avoir confiance en François Hollande et son gouvernement pour lutter contre le terrorisme". Un discrédit qui durant une année s'était maintenu au niveau déjà important de 50%.
Un autre enseignement capital, parce qu'il révèle un changement de fond des Français par rapport à ce qui les menace, tient à l'exigence d'une plus grande fermeté avec surtout l'attente d'une politique qui saurait affronter "une situation exceptionnelle, avec des réponses exceptionnelles".
Cela fait longtemps que je récuse, à mon niveau modeste, ce débat dilatoire entre "le besoin de sécurité et le respect des libertés individuelles". Il est clair que les Français, dans ce sondage, l'ont évacué et pris parti, pour sauvegarder la sécurité de tous contre l'islamisme meurtrier, en faveur, s'il le faut, d'une diminution de la liberté de chacun. C'est une adhésion massive à la fois au bon sens et à l'efficacité pénale et sociale.
Le pouvoir, sauf à mépriser cette conviction majoritaire, ne peut plus se réfugier derrière des arguties qui accordent la réalité d'un combat à l'obligation de limites prétendues. Il ne s'agit en aucun cas de soutenir qu'une éradication totale de de la malfaisance terroriste est possible mais de placer les gouvernants d'aujourd'hui face à leurs responsabilités : laisser croire qu'on fait tout quand on se complaît à n'évoquer que les freins ou qu'on en invente !
A ce titre on ne peut que dénoncer le caractère démobilisateur d'un propos présidentiel qui est trop ressassé pour ne pas constituer une conviction forte de François Hollande. Celui qui se rapporte à l'union nationale et à son souci de la cohésion sociale (Le Parisien).
D'une part, derrière l'affichage proclamé, ses quatre années de présidence ont terriblement, profondément clivé notre nation sur beaucoup de registres et il est indécent, pour le créateur du mal, de se présenter comme le médecin.
D'autre part, la cohésion, qui est en effet une aspiration légitime, n'a jamais résulté d'incantations répétées et seulement verbales mais n'aurait pu être engendrée que par une lutte déterminée et perceptible par tous contre les maux de notre société, aisément identifiables. L'unité ne peut être que la conséquence d'une action et non une revendication de principe, en l'occurrence démentie par la réalité.
Il n'y aurait pas forcément de la mauvaise foi dans une telle approche, seulement une illusion pour se donner bonne conscience, si un conseiller de l'Elysée, bien sûr anonyme, ne révélait pas la stratégie purement électoraliste d'un affrontement prétendu idéologique entre, pour aller vite, les humanistes du pouvoir et la multitude des citoyens.
Que déclare cet éclaireur du président de la République ?
L'opposition non seulement "n'aurait pas respecté la dignité qu'on doit aux victimes" - ce qui est déjà un reproche scandaleux - mais, pire, elle serait porteuse d'un programme anti-républicain.
"...Leur solution n'est pas de mettre plus de forces sur le terrain, c'est au fond d'en terminer avec la présence des immigrés et des musulmans. Ils veulent en finir avec le droit...Ils diront :"On ne veut plus de voile, plus d'imams, plus d'étrangers" Et nous, nous défendrons les lois de la République...Leur ligne, c'est mieux vaut perdre l'Etat de droit que perdre la vie...Nous, c'est pour la vie en commun, pour la vie tout court, vive l'Etat de droit" (JDD).
Une telle caricature est une honte.
Elle brosse à gros traits délibérés un contraste éclatant entre le Bien d'un côté et le Mal de l'autre en imputant aux adversaires du pouvoir des dénonciations sommaires, globales et des envies d'exclusions radicales. Tout cela est proféré en pleine conscience de l'absurdité du procès qui, lui, franchement à cause de son outrance inepte n'a rien de républicain.
Cette charge grossière est cependant symptomatique de la conception que l'Elysée se fait de l'Etat de droit. L'alternative ne serait qu'entre lui, sa pureté mais sa faiblesse et une répression sauvage et imbécile. Cette représentation manifeste à quel point le pouvoir est enfermé dans des schémas anciens qu'il se sent incapable d'ajuster aux configurations atroces d'aujourd'hui. Ainsi nous n'aurions pas droit à une démocratie à la fois respectable et vigoureuse, sans complaisance aucune pour le terrorisme et la délinquance ordinaire. Liés l'un à l'autre.
Dans cette lamentable pochade élyséenne, le comble du cynisme est atteint par le fait que les tragédies trop réelles et la sauvegarde des Français ne sont exploitées que sous l'angle politicien, dans des perspectives seulement électoralistes et partisanes.
Proposer contre l'islamisme meurtrier et sans cesse menaçant non pas ce qui serait juste et nécessaire - on est loin du compte ! - mais une argumentation et une éthique de la compréhension et de la miséricorde seulement destinées à montrer comme la contradiction lucide et opératoire de l'adversaire n'est pas digne ! La dignité formelle au risque de faire sombrer le pays dans le gouffre ?
Ce n'est pas faire preuve d'irrespect que de considérer, au regard de ce sondage, de cette cohésion réclamée mais éclatée et de cette tactique politicienne, que l'Elysée "joue" contre les Français.
Rédigé le 19 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (125)
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Il y a quelque chose de tragiquement indécent dans la condamnation de la monstruosité niçoise comme si cette indignation par le cœur, l’esprit et le verbe représentait une résistance, comme si on ne disposait que de cette dérisoire mais morale démarche,
Entendre dénoncer la lâcheté de ce terroriste est presque lui faire de l’honneur comme si de son vivant il avait pu être sensible à une humanité lui interdisant ce qu’il a rêvé d’accomplir et qu’il a mené odieusement à son terme.
D’abord ne pas croire qu’on est compétent, omniscient. Ne pas se camper dans une posture d’expert et vitupérer par exemple « une classe politique qui serait nulle », comme Gilles Kepel a cru bon de le faire. Alors qu’à ma connaissance il n’avait rien prévu de précis et de concret et que, s’il suffisait de savoir en chambre et en colloques, il y a longtemps que le terrorisme serait éradiqué !
Ensuite ne pas se parer des plumes du paon quand on s’est contenté, l’horreur massive consommée, de l’expliquer, de la paraphraser et de la commenter. Rien n’est plus insupportable face à la brutalité inouïe des faits, aux morts et aux blessés multiples, que de laisser penser qu’il y a des responsables, des coupables aisés à identifier et à incriminer et qu’en amont il aurait été si simple de prévenir ce qui a été déploré en aval.
On a évidemment le droit de laisser entendre qu’on aurait fait mieux, qu’on aurait su éviter le pire à Nice comme ailleurs et que le pouvoir a forcément tort puisque, en charge du réel, il a à en recueillir la terrifiante rançon. Mais j’ai aimé la parfaite honnêteté du député PS Pietrasanta qui a admis que l’application des 40 mesures de son rapport commun avec Georges Fenech n’aurait pas évité les horreurs de Nice.
En même temps, ne pas faire l’économie d’une appréhension technique, objective de ce qui a permis cette épouvante. De ce qui ponctuellement l’a peut-être facilitée, de ce qui fortuitement aurait pu l’empêcher. Malgré des fonctionnaires de police courageux et un citoyen héroïque, ce conducteur, avec son camion loué deux jours avant, a forcé un barrage le 14 juillet sur deux kilomètres et a pu tuer énormément avant d’être abattu. Au risque d’une dépression démocratique, ne convient-il pas de s’interroger sur des impuissances que l’Etat même le mieux armé doit subir ? A quel moment la tragédie, le crime auraient-ils pu être détournés de leur cours ? Pouvait-on le faire ?
De plus, même si nous ignorons l’exact parcours judiciaire du tueur, il est acquis que, de nationalité tunisienne, il n’était pas connu des services de renseignement ni fiché S. Mais un délinquant condamné pour des violences, et en dernier lieu au mois de mars 2016 à une sanction assortie du sursis.
Dans tous les cas, dorénavant, qu’on cesse de dissocier la lutte contre le terrorisme – elle aurait l’obligation d’être efficace – de la politique pénale ordinaire – elle aurait le droit d’être laxiste – mais que les deux bouts de cette chaîne solidaire pour le pire soient tenus fermement !
Si le rêve de l’union nationale n’a pas de sens, en revanche il serait sain, pour le président de la République, non pas seulement de dialoguer avec les responsables des partis mais d’organiser dans l’urgence une réunion où le pluralisme politique et technique, les avis des professionnels, les idées surgies des deux camps, le débat libre et argumenté autoriseraient, on peut l’espérer, la découverte de solutions, plus d’efficacité avec moins de bureaucratie et de structures. Je suis sûr qu’il y a probablement ici ou là des pépites, des concepts, des modalités novatrices et opératoires aujourd’hui gaspillés parce que confisqués par notre conception sectaire de la République contre le bien commun.
Ne pas se flatter également de limiter la terreur niçoise à son atrocité, à ses causes immédiates et à ses conclusions superficielles. Probablement le combat contre le terrorisme décourage-t-il en profondeur parce que, pour être gagné, il imposerait une réflexion et une action tous azimuts sur la nationalité, la binationalité, les expulsions, la haine de la France de la part de Français au moins formels, la religion dévoyée, les règles du savoir-vivre ensemble, l’autorité de l’Etat, le courage de l’affirmation ? Trop, un chantier trop vaste. Alors on va au plus facile, au plus immédiat, aux larmes, aux souffrances, à la rage de l’instant. Mais c’est la nation tout entière qui devrait être revisitée de fond en comble.
A la suite de ces massacres dont le compte mortel n’est vraisemblablement pas encore terminé, ne pourrait-on au moins s’accorder sur le renvoi dans leur pays des étrangers condamnés après qu’ils auront purgé leur peine ? Cette proposition n’est pas nouvelle mais elle a été reprise par Nicolas Dupont-Aignan. Elle a le mérite de concilier l’efficacité pénale et la sauvegarde de notre pays sans avoir rien qui porte atteinte à l’humanisme. On peut l’appeler double peine si on le désire mais je la percevrais plutôt comme une sanction complétée par sa conséquence logique.
On ne cesse pas de nous répéter que nous serions en guerre contre un ennemi impitoyable à l’extérieur comme à l’intérieur. Pourtant d’aucuns continuent à s’embarquer avec volupté dans des controverses oiseuses sur le plan Vigipirate, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité, l’état de droit qui devrait se soucier de ses limites pour ne pas donner le mauvais exemple… Tout cela est vain.
Notre pays est une démocratie et validons que tout ce qui sort d’elle devient légitime, acceptable, nécessaire. Mais précisément les armes de notre démocratie classique sont-elles adaptées, même renforcées, à un ennemi qui est effectivement en guerre contre nous, qu'on ne voit pas mais qui est partout ?
Nous devons d’autant plus tout nous concéder honorablement et efficacement que nous avons la crainte, peut-être même la certitude, face à ce terrorisme solitaire, prêt à mourir, insaisissable, de ne pas pouvoir tout empêcher.
(Ce texte légèrement modifié a été publié le 15 juillet dans le Figaro Vox)
Rédigé le 17 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (178)
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D'abord une satisfaction. Nous avons vu et entendu, pour l'entretien du 14 juillet avec le président de la République, deux journalistes vifs et pugnaces. Sans être grossiers.
Gilles Bouleau a été excellent et même David Pujadas n'a pas démérité (TF1).
Durant les échanges qui ont duré 45 minutes, François Hollande en général toujours courtois avec les médias s'est arrêté une ou deux fois au bord de l'énervement. Mais il s'est dominé et a répondu calmement.
J'ai relevé au moins trois sophismes de la part du président. Trois moments où son argumentation aurait dû être sinon battue en brèche du moins davantage poussée dans ses retranchements.
Le premier concerne l'épisode ridicule des cheveux, la gabegie capillaire, la coiffure somptuaire. Navrant de devoir consacrer du temps à une péripétie qui a fait rire la France et couvert de honte les citoyens. Dans ce monde troublé, dans notre pays, un président a été suffisamment préoccupé de lui-même pour nous faire payer un coiffeur permanent à quasiment 10 000 euros par mois, exploité au point d'avoir engagé une instance prud'homale. Parce que François Hollande a fait réduire le budget de l'Elysée et diminué d'emblée son traitement, on ne devrait pas lui chercher des noises pour cette indécence ?
C'est un sophisme.
Car le scandale demeure. Son agacement en l'occurrence ne démontre que sa gêne face à son indélicatesse. Ses cheveux que pour une fois il n'avait pas teints ne sont certes pas une affaire d'Etat. Mais une minable goutte de plus dans des éléments à charge. Les talonnettes de Nicolas Sarkozy ne nous avaient rien coûté.
Deuxième sophisme. Il a perdu son pari sur le chômage mais affirme que sa politique est la bonne.
Alors que si elle l'avait été, il l'aurait gagné. Comme cette condition était de pure forme - pour faire croire à un sens du devoir et des responsabilités -, même non remplie, elle ne l'entravera pas dans son désir de se représenter, fût-ce au prix d'une primaire dont la tenue ne fera que dégrader la fonction présidentielle et révéler ce à quoi il doit se résoudre pour être accepté par une fraction de la gauche.
Dernier sophisme.
Il a son passage obligé contre le FN et les populismes. Il aurait manqué à la tradition. Comme sa caricature des projets de la droite qui aurait pour seule ambition de détruire ce qu'il a si bien accompli ! La fin de son quinquennat, logiquement, incite François Hollande à l'autosatisfaction puisqu'il n'a plus celle des autres.
A juste titre, les journalistes lui ont rappelé que le FN n'avait cessé de progresser durant son mandat et que donc sa politique pouvait être considérée comme responsable de ces avancées. Et lui-même coupable de n'avoir pas écouté ni convaincu cette masse de citoyens qui militaient au FN. Pas une seconde François Hollande n'a accepté de faire le lien entre l'impuissance de son quinquennat et le FN annoncé présent au second tour de l'élection présidentielle. Une posture facile de dénonciation plus qu'une lucidité sur le pouvoir et ses égarements.
Trois sophismes donc.
On pourrait soutenir que l'ensemble de l'exercice relève de la poudre à l'esprit puisqu'il consiste à changer l'eau en vin, le mauvais en mieux et le crépuscule en aurore.
Cette démarche est malheureusement trop souvent le lot des responsables politiques qui ont oublié l'exigence de vérité et de sincérité si chère à un Michel Rocard pourtant honoré par tous. Son intégrité a été d'autant plus célébrée qu'ainsi elle les dispensait de faire preuve de la même vertu, de la même éthique.
Mais trois sophismes pour François Hollande, ce n'est pas un si mauvais bilan !
Rédigé le 15 juillet 2016 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (110)
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Rédigé le 14 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (53)
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Les magazines dits féminins, durant l’été, privilégient toujours les mêmes thèmes dont l’intérêt n’est pas évident même s’ils relèvent d’une quotidienneté susceptible de nous impliquer.
Ils se rapportent au sexe, au poids, au couple, à l’organisation des plaisirs, à l’égalité entre les hommes et les femmes, à une psychologie sommaire ou parfois miraculeusement plus approfondie.
« Elle » nous propose « Vivez l’été avec Elle » et formule en couverture cette interrogation capitale, je ne me moque pas : « Devons-nous succomber à nos désirs ? ».
Même si elle est explicitée - comme l’humus dominant l’exige - par « draguer, sexter et tromper ? », on peut la considérer en elle-même. Elle devient alors passionnante parce qu’elle concerne la vie de chacun et la multitude des arbitrages qui viennent à nous comme autant de sollicitations graves ou futiles. Sans qu’ils soient reliés forcément à la sexualité.
Pourquoi, d’ailleurs, le désir, ce sentiment si consubstantiel à l’être, cette pulsion qui ne cesse de nous projeter au-delà de nous-mêmes, qu’elle s’arrête au bord ou se réalise, est-il généralement limité à l’approche sexuelle ?
Il est tellement enrichissant de savoir comment nous négocions pour tout et tout le temps avec nos désirs, s’il convient de les concrétiser quand ils sont honorables, légitimes, de les incarner pour s’en défaire quand ils sont discutables, ou au contraire d’y résister.
Pour la personne qui ne se love pas dans le passé, qui ne sait pas assez goûter le présent dont la saveur s’éteint si vite, il n’y a que le futur qui permette de se nourrir de projet, d’espérance, d’au-delà. Le désir est ce qui prolonge, amplifie, exalte. Il nous fait sortir des limites parfois tristes de ce qui est seulement possible et, nous rappelant ce qui manque, il donne un coup de fouet à notre tranquillité et ouvre des perspectives pour nos songes les plus osés.
Car le désir a tous les droits, et d’abord celui de s’assigner des visées absurdes. Mais en même temps la souffrance, l’aigreur et la frustration sont au bout du chemin quand les ambitions sont beaucoup trop hautes pour les capacités et les natures et que le désir est tiraillé entre sa volonté d’expansion et sa terrible, navrante impuissance. Il me semble qu’il n’y a rien de pire, tout au long d’une existence, que la durable présence de désirs insatisfaits. Ils gangrènent l’âme, détruisent le caractère et vous font porter le deuil à perpétuité d’un destin qu’on pressentait grandiose mais dégradé en banalité, en grisaille.
Cette amertume, chez certains, peut surgir, sur le plan intime, de la résistance que l’exigence de fidélité oppose, dans la quotidienneté des rencontres et des appétits, à la curiosité, à l’envie d’autres visages et d’autres corps.
Cette lutte entre soi et soi, entre soi et le désir d’autrui, peut représenter, quand elle est gagnée par celui qui la mène, comme le plus haut degré d’intégrité et de constance.
Elle est perçue comme une victoire surtout si elle ne s’inscrit pas dans un système qui rendrait anodines les trahisons et quasiment obligatoires et consensuelles les dérives ; la fidélité constitue alors une bienfaisante tension entre le réel voulu et l’éventuel fugitif.
Ce n’est pas la même chose de croiser, comme dans le poème d'Antoine Pol mis en musique et chanté par Georges Brassens, des inconnues qui pourraient être aimées et d’avoir la certitude qu’on a, dans une immédiateté brûlante, le désir d’une femme ou d’un homme et de s’y soustraire par une sorte de masochisme héroïque ou de sollicitude pour celui ou celle qui serait affecté par la tromperie.
Pour ceux qui dans l’arbitrage intime n’ont pas eu sur-le-champ la belle et bonne réponse, qui risquent de traîner comme une plaie l’irrésolution et l’ambiguïté – l’acquis du présent contre l’aspiration à l’autre -, il vaut mieux assouvir pour oublier qu’hésiter pour ne jamais rejeter.
A partir du moment où on a la chance, comme moi et quelques autres, d’appréhender la fidélité non pas comme un devoir mais telle une évidence incarnée, le désir se nomme au singulier et s’attache à une personne qui est un pluriel à elle seule. Ce qui est éparpillé ailleurs, elle le rassemble et vous en fait don.
Pour tous les autres et notamment cette virilité mécanique persuadée que le chiffre, en matière de séduction, a du prix, on la placera, pour rire et s’en moquer, sous la bannière d’Oscar Wilde selon qui il faut « résister à tout sauf aux tentations ».
Rien n’est plus dévastateur, pour la multitude des désirs honorables et inévitables qui stimulent et irriguent le fil des jours, que de laisser pourrir en soi des bouts de rêves, des fragments d’envies, des zestes de désirs et des embryons de départs. Soi-même comme un champ de bataille plein de morts.
Alors faut-il succomber à ses désirs si on les qualifie comme je l’ai fait ? Oui car, si j’élimine évidemment tous les pires – le choix est aisé - laisser les autres en attente et à la porte de soi serait bien plus négatif que si on leur offrait le champ libre.
Désir quand tu nous tiens ! Mais les bons !
Rédigé le 13 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (49)
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A plusieurs reprises on a vraiment pensé en avoir fini avec lui.
Quand il est battu en 2012.
Quand publiquement il annonce l'arrêt définitif de sa vie politique.
Quand le refus de l'inventaire de son quinquennat se délite et que les lâches inconditionnalités se métamorphosent enfin en lucidités rétrospectives et en espérances personnelles.
Quand à l'évidence, sur le plan technique, sa faculté de conviction est atteinte et son talent moins éclatant.
Quand il est élu à la présidence de l'UMP et que cela se passe mal pour lui.
Quand il est contraint d'accepter la primaire et qu'Alain Juppé s'envole.
Quand le rejet majoritaire des Français à son égard est à son comble.
Quand il est clair que pour notre démocratie le remake de 2012 serait un désastre, un aveu d'échec, François Hollande et Nicolas Sarkozy soudés, solidaires à cause du naufrage d'aujourd'hui et de celui d'hier.
Pourtant l'ex-président est là, bien présent, plus que jamais. Il ne talonne pas encore Alain Juppé qui imperturbable poursuit son chemin sans surprendre. Mais le mouvement semble s'inverser et "cela se tend entre eux" (JDD). L'un stagne quand l'autre progresse. L'un bizarrement paraît presque tétanisé par une possible victoire et l'autre stimulé au contraire par une défaite prévisible. L'un nous prend pour des adultes et nous offre l'odeur de la pensée. L'autre nous fait retomber en enfance et nous fait respirer l'odeur de la poudre.
On est épuisé par avance face à l'obligation de recommencer, même à un niveau modeste, un combat qui semblait gagné, de développer une argumentation déjà proférée, de manifester un refus à la validité déjà démontrée.
Car l'ex-président ne laisse plus tranquilles les citoyens indifférents à son sort ou ne voulant plus de lui, il les contraint à sortir d'une certitude longtemps rassurante : il n'était pas concevable qu'on oubliât 2012, son tempérament, l'abaissement de la fonction présidentielle, l'argent en majesté, la justice encasernée et la vulgarité décrétée cause nationale.
Mais les médias recommencent à tourner autour de lui avec la même frénésie, le même aveuglement, la même obsession pour se cogner à une histoire et à un narcissisme qui ne dispensent plus le moindre secret. Il n'y a rien à faire : la répulsion affichée n'a pas mis longtemps pour se transmuer en une fascination qui ressemble comme une soeur à celle d'avant.
On nous le vante à nouveau, ses mêmes vertus nous sont proposées, ses mêmes traits de caractère célébrés, ses défauts occultés, son équipe - celle de Juppé, en comparaison, ne fait pas le poids - présentée comme "une dream team" (Paris Match).
Le rouleau compresseur est en marche qui cherche à nous persuader que pour échapper au cauchemar du présent, nous devons accepter d'en faciliter un d'un autre genre pour demain.
Nicolas Sarkozy n'a pas changé. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Le même mépris engendrera les mêmes discrédits institutionnels et ministériels. La même démagogie suscitera des aberrations similaires. Des coups de menton semblables donneront la même illusion d'action. Et le même sentiment emplira le coeur et l'esprit du citoyen qui ne se sentira pas noblement, dignement représenté.
François Hollande qui a été élu grâce à Nicolas Sarkozy - un quinquennat décevant et un être aux antipodes de l'allure - n'a rien accompli durant quatre ans pour modifier ce vote de rejet en une adhésion positive. Bien au contraire. A cause de lui, la gauche se proclame trahie - ce n'est pas mon problème - et la droite honorable qui s'était portée vers lui a été flouée. C'est de notre faute certes mais j'ai le droit de lui reprocher d'avoir trop aisément libéré une dialectique simpliste quand Sarkozy était attaqué : "Vous avez vu Hollande !".
Il a ouvert ainsi à son prédécesseur un immense espace, une incroyable opportunité. Amplifié la faculté d'oubli, avivé l'impatience. Les espérances de 2007, les désillusions du quinquennat, les redites d'aujourd'hui vont être brassées dans un mouvement qui sera légitimé par le seul désir de voir partir François Hollande.
Alain Juppé doit être attentif au fait que pour l'instant il ne suscite aucun enthousiasme dans le pays. On entend seulement que pour ne plus vouloir de Sarkozy
et échapper à Marine Le Pen, on n'a plus le choix que de lui. Ce n'est pas exaltant.
Il faut que dans sa rationalité, dans son culte respectable de l'intelligence argumentée, dans son courage de la modération, dans sa volonté d'exemplarité, il accepte d'instiller une forme de lyrisme. Il doit donner envie de lui. L'émotion d'un peuple n'est pas un handicap. Encore faut-il qu'on l'irrigue et qu'on l'émeuve. Les idées et les sentiments peuvent faire bon ménage.
Jusqu'au mois de novembre, comme un résistant au petit pied, je vais m'efforcer d'alerter. Pour ma part je suis immunisé. Une erreur est admissible. Sa répétition serait le signe d'un Alzheimer politique, civique.
L'arbitrage est simple.
François Baroin, prenant ses rêves pour des réalités, nous murmure : "En six mois on est passé du "tout sauf Sarko" au "pourquoi pas lui" ? Un verrou est en train de sauter".
Ce verrou tient et l'esprit du futur Premier ministre de Nicolas Sarkozy bat trop vite la campagne.
Le si fin et libre Thierry Mandon prévoit que les Français, refusant à la fois Sarkozy et Hollande, offriront enfin une chance à François Bayrou.
Qui voit juste ? Entre un recommencement ou un soulagement ?
Ce qui est sûr et indiscutable : le retour de Nicolas la Menace.
Rédigé le 11 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (86)
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Rédigé le 11 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (23)
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On parle beaucoup du rapport de la commission d'enquête parlementaire présidée par Georges Fenech sur les attentats de 2015. Il a été rendu public au bout de cinq mois d'auditions et il contient une multitude de propositions disparates mais concernant chacune des séquences dans leur chronologie (Le Figaro).
La temporalité française est d'ignorance ou d'indifférence avant et de préoccupation, voire d'angoisse après. Avant ou après les crimes.
Dans notre tradition, la démonstration absolue que des événements terribles et douloureux sont survenus dans notre pays est donnée par l'existence de commissions qui cherchent à comprendre le passé pour mieux appréhender les menaces de l'avenir.
Tout cela est assez vain parce que c'est répétitif. Une tragédie, une commission, des conclusions, en général on louera celles-ci parce que les constats sont faciles à établir mais le pouvoir politique se gardera bien de les incarner, de les rendre opératoires.
Si on veut bien considérer le terrorisme depuis l'affaire Merah, rien n'imposait, à chaque catastrophe qui déstabilisait, de se projeter dans le rêve de nouvelles lois qui changeraient la donne et rassureraient les citoyens. Un examen attentif des drames montre que les dispositifs n'avaient qu'à être appliqués et la vigilance professionnelle portée constamment à son plus haut degré d'excellence. C'est dans l'autopsie de ces mécanismes efficaces dans leur principe mais dévoyés, chacun, à cause d'une pratique parfois négligente et, pour tous, d'une coordination insuffisante qu'aurait pu résider une réflexion utile.
C'est tout aussi vrai pour les mois de janvier et de novembre 2015. J'entends bien que toute nouvelle loi est prise pour une action dans notre vie politique alors qu'elle ne représente tout au plus qu'une inspiration pour celle-ci.
Et il y a les commissions d'enquête parlementaire.
Celle de Georges Fenech, avec un rapporteur socialiste, est dans la lignée de ces estimables tentatives visant avec compétence et conscience à élucider trop tard - ce n'est pas leur faute - pourquoi le pire est advenu. Cette contribution globalement décrétée sérieuse et intéressante a fait la synthèse des observations que chaque désastre terroriste suscite. Il n'y a pas assez d'unité, trop peu de coordination, pas assez de rapidité, trop de bureaucratie, trop de règles entravant l'efficacité.
On retrouve dans le rapport Fenech, critiqué par ailleurs pour avoir, selon certains, alourdi les structures en ajoutant des niveaux de décision au lieu d'en supprimer, la force évidente des constats aisés à élaborer puisque fidèles à tous les précédents.
Le consensus sur ce plan est quasiment obligatoire si on est de bonne foi. Un réel tragiquement ostensible n'appelle pas des descriptions ambiguës.
A supposer, pour une fois, de la cohérence et de la constance dans l'action de l'Etat, cela impliquerait que les recommandations de cette commission d'enquête soient adoptées et que, validées dans leur exercice quotidien, elles aboutissent, à chaque violation, à des mesures et à des sanctions exemplaires contre les paresseux ou imprudents responsables.
Je n'y crois pas. On préférera une nouvelle commission, une nouvelle loi. Faire respecter ce qu'on a décidé, voulu, voté est épuisant.
Bien plus reposant d'abandonner les chantiers en cours et de feindre d'en ouvrir un qui sera aussi peu décisif que les précédents.
Un jour, qui sait , la véritable enquête aura lieu avant l'installation de la commission d'enquête.
Rédigé le 09 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (38)
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Rédigé le 08 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (29)
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Des réquisitoires pourraient être prononcés contre la défense pénale et peut-être malgré les apparences un ancien avocat général n'est-il pas le plus mal placé pour en évoquer quelques-uns ?
L'autosatisfaction collective qui n'est pas exclusive de certaines surestimations singulières.
Un corporatisme bien supérieur à celui des magistrats, qui pourtant atteint déjà un niveau appréciable.
Un étrange rapport à la vérité qui la conduit à se méfier de celle-ci pour n'avoir à se préoccuper que du résultat qui seul fait loi.
Une dépendance absolue par rapport à sa clientèle qui la sollicite pour une infinité de causes, la faisant osciller du vrai coupable au prétendu innocent, de la victime trop réelle à l'accusé le plus odieux.
Une détestation de la magistrature l'incitant à déserter parfois la belle mission d'auxiliaire de la justice pour l'aigreur de combats ostensiblement et mécaniquement clivants. Une expédition voulue solidaire à Grenoble pour soutenir un avocat discutable en a été une triste illustration.
L'illusion de croire qu'il y a des erreurs judiciaires partout où des avocats emblématiques ont perdu leur procès.
La conception d'un état de droit confisqué au service des transgresseurs qu'elle assiste, au détriment de la majorité honorable que l'Etat a d'abord pour vocation de protéger.
Une police qui a toujours tort et qui est pain bénit pour elle. Sinon, y aurait-il de quoi argumenter !
Je pourrais continuer.
Mais la défense pénale mérite aussi qu'on plaide pour elle.
Parce que compétente et exemplaire, comme la fonction de magistrat dont la philosophie est différente, elle constitue la plupart du temps une immense richesse pour la démocratie et la justice.
Parce que, sans sa voix, trop de solitudes et de résistances seraient broyées par les pouvoirs.
Parce que, sur le plan intellectuel, elle porte la contradiction sans laquelle la vérité n'a aucune chance d'être appréhendée.
Parce qu'il ne convient pas d'aggraver avec démagogie son discrédit.
Les temps sont durs pour elle avec les ravages du terrorisme et la menace qui pèse sur notre société. Les discours sulpiciens et l'humanisme de commande sont évidemment battus en brèche par les nécessités de la sauvegarde collective.
Mais ce n'est pas une raison pour lui intenter des procès qui sont scandaleux quand, dans un rapport sur la protection des magistrats, on laisse croire qu'il y a des initiatives d'avocats et des démarches légitimes de défense qui représenteraient des menaces contre l'intégrité physique des magistrats. On dépasse le stade d'une opposition professionnelle admissible pour tomber dans des imputations sordides (Le Monde).
Il est manifeste que depuis des années - et cela ne concerne pas que Paris - les rapports se sont dégradés dans la quotidienneté et les pratiques entre certains avocats et quelques magistrats. Les responsabilités sont partagées et les caractériels viennent des deux bords. C'est à chacun de balayer devant ses malades !
Mais, de la même manière que les énergumènes du Mur des cons n'ont pas fait rejaillir l'opprobre, je l'espère, sur l'ensemble de la magistrature, je ne voudrais pas qu'au nom d'une absurde suspicion globale de la défense pénale et de la troupe des sans-grade et souvent sans talent, on jette l'anathème sur des personnalités que je porte au plus haut au nom d'un élitisme que je revendique. Elles sont aux antipodes de ce comportement délibéré de malfaisance procédurale.
Les amitiés judiciaires ne sont pas ordinaires : elles ne peuvent pas se passer d'un parfum d'estime, voire d'une touche d'admiration. Je songe notamment à Thierry Herzog, Pierre Haïk, Hervé Temime, Jean-Yves Le Borgne, Henri Leclerc, Françoise Cotta, Christian Saint-Palais, Thierry Lévy...
On aura compris que pour clore cette défense de la défense, en dépit des charges et en raison de son rôle irremplaçable, je refuse le bénéfice équivoque du doute.
Mais l'acquittement clair et net.
Rédigé le 07 juillet 2016 dans Actualité, Justice, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (41)
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Le 6 juillet marquera la fin du ramadan. Les musulmans pratiquants fêteront l'Aïd el-Fitr mais, en même temps, se déroulera la première journée des épreuves orales de rattrapage du baccalauréat. Jusque-là, rien qui aurait dû poser problème dans une société consciente des priorités, des hiérarchies et d'une laïcité de bon sens.
C'était sans compter avec l'intervention du Service interacadémique des examens et concours (SIEC), chargé en Île-de-France de l'organisation des examens.
Les proviseurs ont reçu instruction de recenser les élèves qui ne pourront venir passer leurs oraux pour des raisons religieuses et de les convoquer pour le lendemain.
On n'ose croire à une telle aberration et pourtant elle est indéniable et, pire, elle n'a suscité aucune opposition du ministère de l'Education nationale. Qui n'est pas pour une fois responsable car une circulaire de 2004 de François Fillon a initié ce redoutable mouvement communautariste. Déjà !
Philippe Tournier, proviseur du lycée Victor Duruy et secrétaire général du principal syndicat des personnels de direction (SNPDEN), a immédiatement réagi en interrogeant justement : "Faudra-t-il qu'on demande un à un à nos élèves s'ils font l'Aïd ?".
Que d'étonnements face à cette directive du SIEC ! Elle est symptomatique du délabrement conceptuel, politique et scolaire qui est en train de projeter la France, toutes prudences mises à part, dans la mollesse à l'égard des revendications religieuses et communautaristes (Boulevard Voltaire).
Ce qui relève de l'intime, de la croyance, de la pratique religieuse dans sa sphère, indépendante de toutes les manifestations et épreuves qu'une société civile a le devoir d'organiser et le droit de programmer comme elle l'entend en raison de critères qui lui sont propres, est ainsi promu au rang d'exigence prioritaire qui aura le pas sur les épreuves du baccalauréat. C'est une révolution qui va avoir des effets redoutables, disloquer encore davantage le pays puisque même les facteurs d'unité et d'homogénéité sont relativisés à l'initiative d'organismes dont la vocation républicaine serait de les maintenir au plus haut.
Outre la pertinente question du secrétaire général, une autre préoccupation nourrit la controverse. On imagine en effet aisément les risques d'inégalité et de fraude que cette possibilité de report engendrera.
Plus profondément, la perversion d'un tel système est éclatante. De manière officielle, au plus haut niveau, l'Etat ne cesse d'invoquer la laïcité, de s'en prétendre le gardien sourcilleux et vigilant mais, à la fois, des instances qui lui sont peu ou prou reliées s'engagent sur des chemins contraires et détruisent au détail un principe dont la validité avait été exprimée en gros.
Comme si derrière les proclamations et les affichages, la volonté concrète des autorités était de favoriser l'éclatement de notre société en mille petites ou grandes unités autonomes ayant leurs règles et leurs privilèges.
Cette complaisance est d'autant plus néfaste qu'elle a pour ambition de compenser la lutte contre la menace terroriste islamiste par des concessions constantes dans la quotidienneté à l'islam et à sa pratique. Vaine entreprise. Notre démagogie renforce la menace sans assurer notre sauvegarde.
De fil en aiguille, on est en train de créer une démocratie à la carte, une République à la convenance de chaque religion.
Le christianisme et le judaïsme n'ont pas eu besoin de prétendre à des dérogations contre les obligations légitimes de la société civile et de ses services publics puisque ceux-ci ont été adaptés au premier et que le second s'est inséré de manière à peu près fluide dans le cours de notre histoire.
Ce qui surprend dans la décision du SIEC tient à l'empressement mis à anticiper ce qui d'ailleurs n'avait pas été demandé par les instances musulmanes. Comme s'il avait fallu, par faiblesse et crainte de réactions possibles, discriminer en faisant un sort particulier à l'Aïd. Quand l'islam n'exige rien, on le lui donne. Et cette complaisance aboutit à multiplier les inconvénients que la généralité n'aurait pas fait naître.
Au-delà de cette conduite erratique, je suis frappé de constater à quel point des structures, comme pour justifier leur existence, se mêlent de ce qui ne les regarde pas et font surgir les difficultés avec une immixtion inutile. Bientôt on aura le CSA et les "minorités visibles".
On a déjà le SIEC et sa religion de l'absurde.
Rédigé le 05 juillet 2016 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (142)
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Rédigé le 04 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (20)
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Michel Rocard est mort à l'âge de 85 ans et les hommages de droite et de gauche ne manquent pas depuis le 2 juillet. Unanimes. Je les crois sincères. Quand j'ai appris sa disparition, j'ai pu constater, à Europe 1, autour de moi l'émoi, la tristesse, déjà la nostalgie.
La radio a diffusé un certain nombre de réactions et pas la moindre fausse note n'est venue perturber ce climat d'union nationale. Certes la mort, en général, fait taire au moins dans l'instant les aigreurs, les critiques mais pour lui il m'a semblé que ce n'était plus de la convention mais un respectueux et authentique consensus.
Si on veut résumer, Michel Rocard, au-delà des joutes politiques classiques et des controverses partisanes, de ces débats sans lesquelles la vie démocratique serait fade, n'a eu qu'un seul véritable ennemi : François Mitterrand. Celui-ci ne l'a jamais supporté et au fil du temps Michel Rocard le lui a bien rendu.
Deux visions du pouvoir, de la société, deux tempéraments aux antipodes l'un de l'autre, une conception intelligemment morale de la chose publique pour Michel Rocard et brillamment cynique pour Mitterrand. C'était moins des antagonismes de fond, des divergences conceptuelles qui les avaient dressés l'un contre l'autre que cette hostilité qui naît quand tout dans une nature vous heurte, vous exaspère. Et que le temps et l'existence ne cessent pas de la nourrir, de l'irriguer.
La complexité prétendument hermétique de Rocard selon Mitterrand était compensée sur l'autre plateau de la balance par l'immoralité politique de Mitterrand selon Rocard.
Après sa mort, Michel Rocard s'était "lâché" de plus en plus. Il n'avait plus rien à cacher ni à ménager et cette passion de la vérité qui l'avait toujours habité, qui était, si j'ose dire, sa marque de fabrique fondamentale, a donné à tous ses propos, à chacune de ses interventions médiatiques, cette tonalité d'effervescence intellectuelle courtoise, cette allure inimitable de paradoxes stimulants et expliqués, cette conviction où la provocation jamais gratuite n'avait pour finalité que de permettre une meilleure compréhension des idées, de l'avenir, de la France et du monde.
L'existence devait lui paraître si douce sans ce regard sévère, impitoyable, parfois lucide posé sur lui. Celui de François Mitterrand qui l'avait tout de même nommé Premier ministre en espérant son échec et qui, seulement du bout des lèvres et de l'esprit, avait salué certaines de ses réussites. Plutôt occupé à rendre de plus en plus malaisé l'exercice d'une charge dont au fond, pour lui, Michel Rocard n'était pas digne.
Ayant beaucoup lu sur Michel Rocard et parcouru aussi ce qu'il disait de lui-même, j'ai toujours eu l'impression qu'il s'était senti en quelque sorte "petit garçon", obligé de démontrer ce qu'il valait et qui il était, face à deux êtres : son père et François Mitterrand.
Le concert de l'émotion suscité par la mort de Michel Rocard se fonde, au risque d'être sommaire dans l'analyse, sur quatre caractéristiques qui sont rarement réunies dans une même personnalité.
Une extrême intelligence grâce à laquelle il déchiffrait remarquablement le réel et avait l'intuition du futur.
Une aptitude à l'action et un désir de changer les choses qui n'en faisaient pas un penseur de laboratoire mais un idéaliste pragmatique, un intellectuel soucieux de mettre en oeuvre, de rendre opératoires les fulgurances et les visions qui lui donnaient toujours une idée, une hypothèse d'avance. il n'aurait pas pu écrire que des livres. Il lui fallait la politique qui est la seule manière d'incarner pour tous ce qu'on juge nécessaire.
Le courage car il n'était pas facile, à une certaine époque, de faire preuve de l'audace de la modération, de tenir bon sur le rôle capital de l'économie, de dénoncer les ignorances et d'afficher une adhésion à la social-démocratie qui, pour les idéologues, n'était même pas une deuxième gauche mais une fausse gauche, une droite déguisée. Il a tenu bon et a exprimé, à chaque fois que sa conscience et l'exigence de vérité le lui dictaient, les remarques ou les critiques jetant un trouble, de l'intelligence, de la rupture dans le conformisme orthodoxe et superficiel de beaucoup de ses adversaires.
Enfin la courtoisie à la fois personnelle et républicaine. Qui n'était pas contradictoire avec sa vigueur dans les débats et les disputes mais au contraire les permettait. Quand la correction de la forme est une évidence, la politesse un réflexe, on peut tout entier se concentrer sur le fond.
Il y a quelque chose d'émouvant et d'étrangement prémonitoire dans le fait que Michel Rocard a en quelque sorte livré "son testament politique" dans Le Point (propos recueillis par Caroline Galactéros, Olivia Recasens et Emmanuel Berretta) du 23 juin. Il faudrait tout citer, tant il se livre dans ce très long entretien, avec une liberté et une sincérité inouïes - pressentait-il qu'il n'aurait jamais plus l'opportunité d'être aussi près de sa vérité - aux échanges que les questions pertinentes suscitent.
Cela va de "Notre gauche est la plus rétrograde" à "Les Allemands ont, après-guerre, envoyé Marx aux oubliettes de l'Histoire pour se rallier à l'économie de marché. Pas la France".
Cela va de "Alain Juppé un homme sage, responsable et compétent..." à "Mitterrand était un homme de droite", ce que le début et la fin de sa vie politique ont clairement démontré.
Cela va de "Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire" à "Pour faire une campagne électorale, il suffit de recopier des discours écrits par d'autres. C'est de cela que la France crève".
Cela va de "Le problème de François Hollande c'est d'être un enfant des médias.Sa culture et sa tête sont ancrées dans le quotidien. Mais le quotidien n'a à peu près aucune importance..." à "Les pays scandinaves montrent la voie, celle d'une organisation plutôt harmonieuse, sans trop de conflits, et respectueuse des biens collectifs : éducation, santé, transports publics et environnement".
C'est une mine que ses réponses et tout est de la même veine. Un feu d'artifice que plus rien n'entrave dans son jaillissement. Peut-être le seul point commun entre Mitterrand et lui : l'approche de la mort les a rendus incroyablement authentiques. Débarrassés de ces mille prudences qui stérilisent la pensée et prétendent justifier, ennoblir le mensonge.
Une anecdote personnelle pour terminer.
Quand le conflit entre François Mitterrand et Michel Rocard était à son comble, avant 1974, pour la future élection présidentielle et que le second bénéficiait d'une forte adhésion de l'opinion publique, j'avais écrit un article dans Le Monde pour soutenir sa cause en soulignant qu'il proposait aux citoyens une double avancée : une politique à la fois progressiste et pragmatique, une gauche acceptable et une conception du pouvoir plus obsédée par la substance à y mettre que par le rituel et le narcissisme. Un pouvoir qui serait rendu à la nation au lieu d'être confisqué comme un bien personnel.
Je me souviens de sa réponse écrite si aimable. Elle me signifiait que ma gentillesse à son égard oubliait qu'on ne faisait rien "sans parti". De fait, Michel Rocard qui, pour ses ambitions, était un piètre tacticien a été en un rien de temps balayé par Mitterrand qui a été le candidat socialiste en 1974.
Michel Rocard ne va pas manquer qu'à la gauche.
Rédigé le 03 juillet 2016 dans Actualité, Médias, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (105)
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Quand il n’y a plus de morale personnelle ou publique, on a des pétitions en ligne.
Ce n’est pas l’indignation qui a dominé chez moi quand j’ai appris que la commission d’investiture de LR, présidée par « l’impartial » Christian Estrosi, avait validé, grâce à leur présomption d’innocence, les candidatures de Patrick Balkany et de Georges Tron, gravement mis en cause sur le plan judiciaire (L'Express).
Ce n’est pas l’indignation car je ne suis pas naïf : on n’a que trop souvent en cette période la triste opportunité d’éprouver ce sentiment extrême.
Non, c’est plutôt la stupéfaction civique. La sidération de quelqu’un qui n’aurait jamais imaginé un tel délitement. Comment un grand parti d’opposition peut-il ainsi, contre les principes de rectitude et de bienséance, légitimer sans aucun état d’âme les ambitions renouvelées de personnalités qui dans tous les cas devraient être exilées des processus officiels ?
Le comble, et le pire, est que ce mauvais coup à l’éthique et à la démocratie – celle-ci est-elle vouée au rebut ? – a été porté par une commission unanime. Lâcheté, indifférence ou hypocrisie ?
Il faut dorénavant cesser dans ce camp de brandir la présomption d’innocence comme un bouclier à l’évidence de plus en plus vermoulu. En effet, qu’on s’arrête à ce constat indiscutable : Nicolas Sarkozy, son entourage, ses soutiens ont été ou sont tous impliqués dans des procédures et à chaque fois le principe de la présomption d’innocence est venu, comme une unique argumentation de sauvegarde, au secours de comportements soupçonnés avec plausibilité d’être transgressifs.
Quand un clan est ainsi contraint, à tout bout de champ, d’user de cette défense de perroquet, cela devient un réflexe, une fuite, un aveu, plus du tout une démonstration.
Le déplorable est qu’au sein de cette commission, Benoist Apparu, proche d’Alain Juppé, qui s’était déjà égaré au sujet du rappeur et de la commémoration de Verdun, a participé à cette entreprise de lamentable banalisation, de tranquille dégradation, lui aussi platement en raison de la présomption d’innocence. Plus on exploite cette dernière, moins elle s’use ! Etrange car, effilochée, elle plaide coupable !
Au regard de ce rejet de l’honnêteté et de cette répudiation du bon sens – l’une et l’autre indiquaient pourtant, sur les plans technique et politique, ce qu’il ne fallait pas faire – n’est-on pas fondé à s’interroger ? Existe-t-il, aux LR, une volonté, une résistance, un sursaut, une réprobation, une dissidence, un courage, une affirmation qui permettent encore d’honorer ce parti et de le croire fiable dans les choix décisifs qu’il va devoir opérer ? Ou bien définitivement la politique est-elle l’art de prétendre nécessaire le scandaleux, d’accepter entre soi ce que le commun récuserait ?
La pétition en ligne contre l’offrande faite à Balkany et Tron a beaucoup de succès. Elle est le succédané de certaines impuissances éthiques et républicaines.
En tout cas, si j’avais été l’un ou l’autre de ces sulfureux bénéficiaires, je ne l’aurais pas attendue pour me retirer avec élégance.
Mais l’élégance et les LR, ce n’est malheureusement pas un pléonasme.
Au moment même où je m'abandonnais à cette fatale morosité, à cette dépression, coup de théâtre. Il y a des miracles : Patrick Balkany vient tout de même de jeter l’éponge (Le Monde).
La pétition en ligne a eu de l'effet, je suis injuste. Ajoutée à l'influence de Nicolas Sarkozy qui a compris que ses intérêts imposaient le sacrifice tout relatif de son cher ami.
Patrick Balkany presqu'un modèle. A retardement.
Mais Georges Tron ne bronche pas. Encore un effort donc !
Rédigé le 02 juillet 2016 | Lien permanent | Commentaires (41)
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