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07 janvier 2017

Commentaires

Trekker

@ Robert Marchenoir |e 09 janvier 2017 à 20:36
« ...le Japon avec sa participation à la Seconde Guerre mondiale aux côtés des nazis : reconnaître publiquement les crimes dont ils furent responsables en tant que nation, punir un certain nombre de responsables, exiger des autres des excuses, manifester publiquement, à l'intention de son propre peuple comme de l'étranger, sa réprobation envers les actes commis... »

Hormis ses criminels de guerre qui furent jugés et condamnés par les alliés, le Japon n’a reconnu qu’a minima toutes les atrocités dont sa soldatesque fut responsable. Trois exemples emblématiques concernant cela :

Le sanctuaire de Yasukuni où figure toujours en 2017 les noms de quatorze de ses criminels de guerre qui furent condamnés par les alliés en 1946 et où nombre de ministres japonais viennent se prosterner : fin 2016, ce fut encore le cas.

Le Japon n’a fait que de vagues excuses fort ambiguës à la Chine, pour ses massacres commis à Nankin en Décembre 1937 : quelques centaines de milliers de civils et soldats désarmés assassinés, ainsi qu’environ 60 000 femmes et enfants violés.

Quant aux 150 000 adolescentes vierges coréennes qui furent enlevées pour être prostituées dans les bordels dédiés à ses militaires, le Japon ne présenta des excuses auprès de la Corée du Sud que fin 2015. Quant à celles, quelques dizaines de milliers, qu’il rafla pour le même usage en Chine et à Taïwan, il n’a toujours pas présenté la moindre excuse ou repentance.

Robert Marchenoir

@Exilé | 09 janvier 2017 à 10:43
"Même la Russie de Poutine a fait son mea culpa pour les crimes commis à partir de 1917."

Ah bon ? A quel moment ? De quelle façon ?

Veuillez, s'il vous plaît, ne pas vous contenter de me citer la déclaration de Poutine selon laquelle, en substance, il faudrait être fou pour souhaiter le rétablissement de l'URSS, mais il faudrait être sans coeur pour ne pas regretter sa disparition.

Phrase qui, en elle-même, ressemble beaucoup à une réhabilitation de l'URSS...

Donc, expliquez-moi comment la-Russie-de-Poutine aurait fait son mea culpa pour les crimes commis à partir de 1917 (curieuse expression que cette Russie-de-Poutine, au passage : y en a-t-il une autre ? les tenants de ce vocabulaire veulent-ils nous faire comprendre qu'il y a une autre Russie, anti-poutinienne, celle-là ? veulent-ils, au contraire, nous expliquer que la Russie appartient à Poutine, comme même la France n'appartenait pas au roi de France ?)

Donc vous le voyez où, le mea culpa ?

Dans le fait que Vladimir Poutine se proclame lui-même "tchékiste", du nom de la police politique sanguinaire de Lénine, ancêtre des services secrets russes qui assassinent aujourd'hui, comme sous l'URSS, leurs opposants politiques à l'étranger ?

Dans le fait que la Russie fête chaque année, tout à fait officiellement, l'anniversaire de la création de la Tchéka ? Un peu comme si l'Allemagne-de-Merkel avait un jour férié pour commémorer la création de la Gestapo, et que Merkel elle-même se déclarait gestapiste d'honneur ?

Dans le fait que Vladimir Poutine entretient la même volonté génocidaire que Staline envers les Ukrainiens, ayant déclaré à de multiples reprises que l'Ukraine, pourtant membre de l'ONU depuis 1945, n'était pas un "pays", mais un simple "territoire" ?

Dans le fait que Vladimir Poutine a réhabilité et justifié, tout à fait officiellement, à au moins deux reprises, le pacte soviéto-nazi, se montrant ainsi plus soviétique que les dirigeants de l'URSS eux-mêmes, qui n'ont jamais pris une telle position après la mort de Staline ?

Dans le fait qu'un dirigeant russe a même nié, récemment, que l'URSS ait jamais envahi la Pologne ?

Dans les multiples bustes et statues de Staline qui sont nouvellement érigés à travers la Russie, alors que l'Ukraine, au contraire, détruit les siens ?

Dans les persécutions dont est victime l'association Mémorial, récemment classée comme agent de l'étranger, alors que Mémorial fait un travail historique remarquable pour, justement, documenter les crimes du régime soviétique ?

Dans la fermeture, par les autorités, de l'un des rares musées du Goulag existant en Russie, et peut-être le seul ?

Dans l'obstination des autorités russes à garder secrètes les archives du KGB, contrairement à ce qu'ont fait tous les pays de l'Est passés dans le monde libre ?

Dans le récent article du code pénal qui permet de condamner à deux ans et demi de prison quelqu'un qui se contenterait de "liker", sur Internet, un dessin d'humour critiquant le Kremlin ?

Dans la récente décision des autorités de créer des colonies pénitentiaires de travail, dans le but de servir l'économie tout en punissant les criminels, ce qui était exactement le principe du Goulag ?

Dans la récente décision de Poutine (celui qui possède la Russie, donc) de fusionner le SVR (espionnage extérieur), le FSB (contre-espionnage et police politique intérieure) et le FSO (protection du Kremlin), donnant ainsi encore plus de poids aux services de sécurité, si c'était possible, et recréant le périmètre du... KGB ?

Dans sa décision de créer une Garde nationale, gigantesque armée privée à son service, comprenant les forces de répression anti-émeutes, 180 000 soldats, des hélicoptères, de l'artillerie et des chars, confiée à l'un de ses anciens gardes du corps qui ne répond qu'à lui ?

Dans les multiples sondages qui montrent le soutien d'un grand nombre de Russes à l'URSS et à Staline ?

Dans le fait que la-Russie-de-Poutine laisse subsister, en toute impunité, un site nationaliste nommé... Sputnik & Pogrom (tout en faisant semblant de voir, en Ukraine, des nazis complètement imaginaires) ?

Dans l'érection de l'Eglise orthodoxe au rang de bras armé du régime, branche de fait de la police politique et du ministère des Affaires étrangères, exactement comme Staline l'avait fait au début de la Seconde Guerre mondiale, comprenant l'intérêt qu'il y avait à mettre à son service une police des âmes ? Dans le fait que le chef actuel de l'Eglise orthodoxe russe est un officier du KGB depuis au moins quarante ans, et qu'il a eu un rôle décisif dans certaines des opérations de subversion les plus importantes menées par l'URSS contre le monde libre ?

Le gros, l'énorme problème de la-Russie-de-Poutine, c'est justement qu'elle n'a jamais procédé à une repentance nationale pour ses crimes, ni en actes ni en paroles. Je parle des crimes des dirigeants, mais aussi de ceux des Russes, puisqu'un tel régime n'a pu se maintenir qu'avec la participation active d'une grande partie de la population.

La Russie n'a pas fait ce qu'ont fait l'Allemagne avec le nazisme, l'Afrique du Sud avec l'apartheid, la France avec la collaboration, les Etats-Unis avec l'esclavage, le Japon avec sa participation à la Seconde Guerre mondiale aux côtés des nazis : reconnaître publiquement les crimes dont ils furent responsables en tant que nation, punir un certain nombre de responsables, exiger des autres des excuses, manifester publiquement, à l'intention de son propre peuple comme de l'étranger, sa réprobation envers les actes commis, prendre des mesures afin que de telles choses ne se reproduisent plus, ouvrir les archives aux historiens, et se prendre collectivement par la main pour tourner la page.

Il n'y a eu, en Russie, ni procès de Nuremberg du communisme, ni, même, d'aveu collectif et de repentance publique.

Au contraire : la Russie a renoué avec ses vieux démons, consistant à se prétendre persécutée par le monde entier, à voir des complots partout, à s'imaginer sérieusement que les Etats-Unis cherchent à l'envahir, à se plaindre qu'elle serait "humiliée" et "méprisée" par le reste de l'humanité -- tout en proclamant, bien entendu, sa supériorité intrinsèque sur l'ensemble du monde.

Cela était l'état d'esprit par défaut sous le communisme -- mais aussi depuis les mille deux cents ans que la Russie existe -- et c'est la raison même de son arriération.

Si vous voyez, dans cette description, une analogie frappante avec le monde islamique, ce n'est pas un hasard. C'est aussi la raison de l'arriération du monde islamique.

Et il y a une autre nation qui répond à cette description sur un mode mineur : la France. La France aussi est un pays communiste, et maintenant islamique. La France non plus, n'a jamais fait son procès de Nuremberg du communisme. La France aussi, se croit persécutée par le monde entier, supérieure au monde entier, et jamais responsable de ce qui va mal chez elle.

Pour la Russie, comme pour la France, comme pour l'islam, la stagnation et l'arriération sont garanties, à moins qu'ils ne décident d'abandonner cette vision du monde et d'eux-mêmes.

Trekker

@ Exilé | 09 janvier 2017 à 10:43

Vous comparez deux phénomènes de nature bien différente :

La mise au service de l’occupant et surtout de ses zélés collaborateurs tels que furent les Miliciens, du verbe de Maurras. Ce qui s’appelle trahison de son pays, et juridiquement : intelligence avec l’ennemi ! La Milice et ses séides furent responsables de bien plus d’exactions, déportations et crimes au sein de la population civile, que l’ensemble des résistants de toutes obédiences.

Évidemment il est de bonne guerre pour tous les nostalgiques du pseudo-État de Vichy, de minorer tous les crimes commis par la Milice et ses supplétifs, et d’accroître notablement ceux imputables à la Résistance et notamment communiste.

Ne pas oublier que jusqu’au début 44, Gestapo et troupes allemandes auraient bien été incapables vu leur faible nombre, de conduire la majorité des actions de répression en France. La Milice, GMR, une partie de la police et gendarmerie leur permit de faire régner l’ordre, la majorité des agents du SOE-BCRA et résistants furent arrêtés par ceux-ci.

Désolé mais les écrits enflammés de Maurras, déjà cités dans mon précédent commentaire, ne pouvaient qu’encourager ce type de comportement pour le moins guère patriotique. Il est quand même paradoxal de condamner avec la plus grande sévérité les exécutants de ces crimes, et a contrario de trouver toutes les excuses possibles aux intellectuels qui en furent en grande partie les initiateurs : les « crimes de bureau » ne sont que choses vénielles !

Ces autres que vous citez à l’appui de votre thèse, ce sont les résistants communistes dont les FTP sous l’égide du PCF. Bien sûr un certain nombre se livrèrent, souvent sur ordre dudit PCF, à de nombreux exactions et meurtres de civils qui avaient le seul tort d’être anticommunistes. Cela est hautement condamnable, et d’ailleurs une bonne partie de ces victimes furent réhabilitées dans les années suivants la Libération, mais hélas leurs exécutants ne furent pas déférés en justice !

Quand même ne pas oublier que les FTP ne tuèrent pas que des civils pour motifs politiques mais aussi des Miliciens, collaborateurs zélés et militaires allemands dont des Waffen-SS : ceux-ci souvent s’étant illustrés question atrocités (la Das Reich en fut le plus parfait exemple).

Bien sûr les FTP de base étaient loin d’être tous adhérents au PCF, et étaient persuadés pour la plupart de se battre pour la libération du pays. Alors que le direction du PCF et ses cadres se servaient de cela pour une finalité tout autre : ils rêvaient d’installer en France un régime communiste, ce dont Staline lui-même ne voulait pas suite entre autres aux accords de Yalta.

pitoune

Nous sommes au moins deux à souhaiter le changement en mai 2017, vous et moi... mais aussi beaucoup d'autres patientent impatiemment.

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Bravo à sbriglia, humour et talent, ne devenez jamais ministre de gauche monsieur, SVP.

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@confucius, j'aime votre commentaire et y adhère, ça fait du bien de ne pas se sentir seule.

Exilé

@Trekker
...certains appels au crime et écrits de Maurras, dans les années 41/44 (...)

Je ne vais pas me faire ici l'avocat ni même l’exégète de Maurras, mais je souhaiterais tout de même rappeler que d'autres ont fait nettement pire en France que lui, en ayant en plus personnellement pataugé dans le sang, sans avoir jamais été jugés et condamnés ni même seulement désavoués par la suite.
Pis encore, ces comportements odieux sont encore célébrés dans notre pays chaque année avec un cynisme pervers.

Pourtant, même la Russie de Poutine a fait son mea culpa pour les crimes commis à partir de 1917.

calamity jane

Dans la série : dégommons les femmes même pour des broutilles, la nouvelle égérie Audrey Azoulay !
C'est son boulot. Cela ne doit pas être drôle de devoir poser une indication pour le bonhomme Déon pour une quarantenaire!
Ah! bien sûr l'ancien MinisTour de la CulTour nous aurait pondu une élégie...

caroff

@Patrice Charoulet
"Pour revenir aux deux auteurs dont j'ai parlé, je vous conseille de lire Journal inutile, mémoires (posthumes), Gallimard, 2002, 2 vol. C'est un régal."

J'ai goûté et c'est en effet de la belle littérature !

Patrice Charoulet

@Tomas

J'ai lu vos objections. J'y réponds.
Je ne parlais que de littérature française. Vous alléguez Gorki. Pourquoi pas ?
Et tous les génies russes, anglais, allemands, espagnols...
Votre jugement sur Zola n'est pas le mien.
Pour revenir aux deux auteurs dont j'ai parlé, je vous conseille de lire Journal inutile, mémoires (posthumes), Gallimard, 2002, 2 vol. C'est un régal.
Journal d'un attaché d'ambassade, La Table ronde, 1974
Sa correspondance avec Chardonne. Une merveille.

A propos de Chardonne, si peu à gauche, il y aurait mille choses à en dire... que je vous épargnerai. Une chose, assez piquante : François Mitterrand considérait que c'était le meilleur prosateur du XXe siècle. Je le pense aussi. Je ne suis pas certain que MM. Mélenchon, Jospin et Hamon aient le même avis. Mais Mitterrand était-il de gauche...?
Cordialement

Yves

Après tout, le communiqué de Mme Azoulay vaut le détour.

Elle ne relève pas la proximité de Michel Déon avec les thèses de Maurras ET la liberté de ses choix littéraires.

Précisément, elle fait remarquer que cette liberté de choix s'exerçait MALGRÉ la proximité avec Maurras. L'affirmation implicite veut qu'un écrivain de droite soit normalement incapable de reconnaître, de proclamer, le talent d'un écrivain de gauche. "Surprenant ses pairs" vous vous rendez compte ! il y a 70 ans que Déon publie et, à chaque fois, les valeureux confrères sautent de surprise, tellement un pareil comportement est incongru.

Déon était si anormal que les professionnels de la profession s'en sont aperçu (1).
Madame le Ministre : "Merci pour ce préjugé".

(1) Cela rappelle une blague dite à la RAF pendant la guerre. Au Groupe Lorraine, qui regroupait les Français, un aviateur en colère parle d'un compatriote d'une autre escadrille : "Untel est si c.n que ses copains d'escadrille s'en sont aperçu."

sbriglia

@Marc Ghinsberg

Vous n'avez pas tout à fait tort : mais l"hommage" de la ministre est pour le moins académique !

Ça manque de souffle, c'est cruellement factuel, bref, c'est scolaire et non solaire.

sbriglia

Un vœu : qu'après le délai de décence se présente... et soit élu au fauteuil de Déon notre hôte.
Quel discours de réception hussardien ne nous ferait-il pas !
Allez, cher Philippe, de l'audace, du panache !

Trekker

@ Exilé | 08 janvier 2017 à 11:36
"En fait, ce que ses adversaires ont reproché à Maurras - et lui ont fait payer cher - était d'avoir eu raison trop tôt en ayant dénoncé dans les années trente - vox clamans in deserto - la remilitarisation de l'Allemagne"

Vous avez raison de rappeler les positions fermes de Maurras dans les années 30 sur la remilitarisation de l’Allemagne, et que bien souvent ont oublie. Mais celles-ci ne furent pas exemptes de contradictions graves, dictées par son antisémitisme viscéral, entre autre le 15 mars 1936 lors de la réoccupation militaire de la Rhénanie par l’Allemagne : dans L’Action française il écrit : "S’attaquer à Hitler, ce serait une croisade juive". En septembre 1938 il approuve avec enthousiasme les accords de Munich, et alors sous son égide L’Action française titre le 27 « À BAS LA GUERRE ! «  puis le 29 « HONNEUR À CHAMBERLAIN » suivi d’un « S'ils s'obstinent, ces cannibales, à faire de nous des héros, il faut que nos premières balles soient pour Mandel, Blum et Reynaud » . 

Mais ce que ses adversaires lui reprocheront - le mot est faible - avant tout ce furent ses positions et écrits de la période 41 / 45. Cela émanera entre autres d'une minorité de ses ex-disciples des années 30 ayant rejoint les FFL ou la Résistance : Honoré d'Estienne d'Orves, Michel de Camaret, Henri d'Astier de La Vigerie, Gilbert Renault ( dit « colonel Rémy »), Pierre de Bénouville, Daniel Cordier, Jacques Renouvin, etc.

A titre d’exemple, hélas non limitatif, certains appels au crime et écrits de Maurras, dans les années 41/44 : « la mise à mort des gaullistes faits prisonniers », « la peine de mort n'était pas suffisante pour mettre un terme aux activités des gaullistes, il fallait se saisir des membres de leur famille comme otages et exécuter ceux-ci », « si les Anglo-Américains devaient gagner, cela signifierait le retour des francs-maçons, des Juifs et de tout le personnel politique éliminé en 1940 ». Le florilège de toutes ces infamies d’alors, il serait bien trop fastidieux d'en faire la liste.

Certes ce n’était que des écrits, mais combien de jeunes maurrassiens ou sympathisants y trouvèrent une justification à leur engagement dans la Milice, et une « absolution » aux atrocités qu’ils commirent en son sein ? De même une partie des engagés de la LVF était imprégné de maurrassisme, étrange manière de lutter contre le pangermanisme dont se réclamait - mezza voce - Charles Maurras dans ces années-là ! C’est cela qui lui valut la détestation voire la haine après la Libération, et pas que des communistes et résistants de gauche.

Bien sûr le grand penseur, essayiste et poète qu’il avait été avant 1930, tenta par moult acrobaties intellectuelles après 1945 de minorer tous ses écrits infâmes de 41/44 : on avait alors mal compris le sens caché de ceux-ci. A contrario Céline, immense auteur incontesté, lui ne renia rien de ses écrits afférents à cette période, et ne se réfugia pas derrière des faux-fuyants. Dans un autre genre Ernst von Salomon et Jünger, ces deux monuments de la littérature allemande du XX° siècle, assumèrent leurs actes - actions et écrits - et cela peut-être parce qu'eux avaient connu l’épreuve du feu, cela avant de se muer en écrivains.

Tomas

@ Patrice Charoulet

La bonne littérature est comme l'intelligence, ni de gauche ni de droite. Zola, Gide, Romain Rolland, Gorki pour ne citer qu'eux sont de très grands écrivains qui restent et resteront encore longtemps sur les rayonnages, comme le grand Céline, Drieu la Rochelle ou Georges Bernanos, si du moins la littérature survit à notre époque.

J'aurais personnellement quelques réserves sur Paul Morand (ce que j'ai lu de lui était absolument inintéressant) et il faudra que je regarde qui était Jacques Chardonne. Quant à Michel Déon, pour avoir lu un de ses livres, je ne vois pas trop ce qu'on peut lui reprocher en effet, il faut juger les gens sur leurs actes (il n'a rien fait de mal en soi) et non leurs écrits. L'hommage était maladroit, honorer quelqu'un en l'égratignant au passage est une marque insigne de manque de savoir-vivre.

Jabiru

@PAUL

Ah oui au fait, Jack Lang, combien a t-il bien pu coûter au contribuable celui-là ? Une fortune sans doute.

Exilé

@Trekker
Bien évidemment c’était parfaitement son droit, mais faire l’impasse sur celui qu’il considérait en 2012 comme un maître cela pose un léger problème : inutile de rappeler les infamies - dont les multiples appels au meurtre - qu’écrivit Maurras entre 1940 et 1944.

En fait, ce que ses adversaires ont reproché à Maurras - et lui ont fait payer cher - était d'avoir eu raison trop tôt en ayant dénoncé dans les années trente - vox clamans in deserto - la remilitarisation de l'Allemagne.
S'il avait été écouté alors, il est probable que la situation aurait été différente en 1940.

agecanonix

@ anne-marie marson | 07 janvier 2017 à 22:31

Bravo, c'est bien dit !
Que de gueux et de gueuses dans nos ministères et à l'Elysée actuellement et ces pourris-là font la morale aux autres, c'est honteux et antidémocratique !

caroff

"Michel Déon était un écrivain à l’inspiration romanesque nourrie notamment de cette terre d’Irlande qu’il aimait tant et où il s’est éteint, à 97 ans. Malgré sa proximité avec les thèses de Charles Maurras, il gardait en littérature une totale liberté dans ses choix, surprenant ses pairs et
s’enthousiasmant pour les talents qu’il repérait.
Elu le 8 juin 1978 à l’Académie Française au fauteuil de Jean Rostand, il en était le vice doyen et en avait reçu en 1973 le Grand prix du roman pour « Un taxi mauve », paru la même année, puis adapté par Yves Boisset au cinéma en 1977.
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, adresse ses condoléances à sa famille et à ses proches."

A chaque fois qu'un écrivain ou un acteur disparaît, il faudrait donc rappeler leurs opinions politiques passées ou présentes alors qu'ils sont aimés ou reconnus pour d'autres de leurs qualités ?

Pour Mme Signoret ou M. Montand, on aurait : "Malgré leur proximité avec les idées nauséabondes du PC d'URSS, ils ont su garder dans le choix de leurs rôles une grande liberté..."

Marc GHINSBERG

Des billets de Philippe Bilger comme sport de combat.
Je fais référence au cours pour l’année 2017 d’Antoine Compagnon au Collège de France intitulé : « De la littérature comme sport de combat ».
Aujourd’hui Philippe s’attaque à Audrey Azoulay à l’occasion du communiqué publié en hommage à Michel Déon décédé récemment :
« J'aurais dû ne pas poser mes yeux et mon esprit sur cet hommage qui n'en est pas un. Sur cet hommage indécent, équivoque et hypocrite. Sur cette indélicatesse et cette offense. »
Rien de moins !

Il convient d’en prendre connaissance dans son intégralité.
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Hommage-a-Michel-Deon

Franchement pas de quoi sauter au plafond. Michel Déon était un écrivain connu pour être de droite et du reste ne s’en cachait pas. Il était proche des thèses de Maurras c’est un fait, et ça n’enlève rien à ses qualités littéraires. Où est l’indécence, où est l’hypocrisie, où est l’offense ? Vous auriez préféré un hommage plus enthousiaste ? Plutôt que de vous voir écrire : « Il aurait mieux valu qu'Audrey Azoulay se taise », le comble pour le champion de la liberté d’expression, j’aurais aimé un hommage façon Bilger, un vrai et pas seulement un alignement de qualificatifs dithyrambiques, un qui nous incite à lire Michel Déon...
Pour un écrivain, peut-on concevoir plus bel hommage que de le faire lire ?

cheifetz

Bien pensé, bien vu et bien retranscrit. La gauche réussit l'exploit de nommer des ministres de la Culture plus nuls les un(e)s que les autres.

Jean-Yves Bouchicot

Je me rappelle une histoire que racontait mon père, à propos du fait de se réjouir de la mort de quelqu'un, ce qui choquait sa sensibilité.
Jeune étudiant, il se trouvait chez son ami et mentor Pierre Citron, professeur de littérature comparée, éditeur et biographe de Jean Giono.
Le téléphone sonne, Pierre Citron décroche, écoute un instant, puis, avec un sourire jusqu'aux oreilles, s'exclame :
"Quoi ?? Maurras est mort ? AH, QUELLE BONNE NOUVELLE !!!"
(Son épouse Suzanne avait échappé de peu à la déportation et aux camps de la mort)
Mais après tout, hein, il faut bien que jeunesse se passe, et cela arrive dans les meilleures familles.

Achille

@ Trekker | 08 janvier 2017 à 02:00

Vous avez parfaitement exprimé ce que je pense moi-même sur le parcours de Michel Déon qui demeurera un grand nom de la littérature, comme l’est d’ailleurs toujours Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline, qui lui aussi, a partagé les idées maurrassiennes et ne s’en est jamais repenti. Ceci ne l’empêche pas de connaître encore aujourd’hui un beau succès en librairie.
L’un comme l’autre ont peu de chance de voir un jour leurs cendres transférées au Panthéon aux côtés de Jean Zay, mais ceci n'occulte en rien leur talent d'écrivain.

Quant à Audrey Azoulay qui a dit avoir découvert « l’antisémitisme vieille France » (sic) lors de son entrée à l’ENA, son discours est en droite ligne avec ses idées bien arrêtées sur le sujet.

Michel Déon est mort trop tôt. Quelques mois plus tard le discours du (ou de la) ministre de la Culture aurait sans doute eu une tout autre teneur. Encore qu’avec François Fillon président, je n’en suis pas certain.

PAUL

J'aime bien votre phrase : "C'était sans doute trop pour un pouvoir qui ne révère que par sectarisme". Vous avez frappé juste.
Ah au fait Jack Lang se plaint du trop faible budget de l'institut du monde arabe... Bon je rigole.

Trekker

"Pour Audrey Azoulay, cela donne pour l'idée force : Malgré sa proximité avec les thèses de Charles Maurras, il gardait en littérature une totale liberté dans ses choix. Très jeune, Michel Déon a été le secrétaire de Charles Maurras. Il était évidemment fondamental de le rappeler pour gratifier ce grand écrivain de 97 ans !" (PB)

Désolé je vous trouve bien dur vis-à-vis d'Audrey Azoulay, et a contrario peu objectif à l'encontre de Michel Déon. Personne ne conteste - même pas la ministre - qu’il fut un de nos écrivains les plus talentueux, et d’une grande liberté d’esprit en matière de littérature.

Mais en quoi est-ce sectaire de rappeler sa proximité avec les thèses de Charles Maurras, vous savez fort bien que cela ne limite pas au Maurras de 1942/44 dont il fut le secrétaire à l’âge de 23 ans. Ce n’est probablement pas seulement au jeune homme de cette période qu'Audrey Azoulay faisait allusion, mais à l’homme qui toute sa vie fut un admirateur et un défenseur de Charles Maurras.

En 2012 lors d’un colloque de l’Action Française pour les soixante ans de la mort de Charles Maurras, il adressa à celle-ci un message dans lequel il ne prenait aucune distance avec l’action et les écrits du Maurras de 1942/44 : http://www.breizh-info.com/2017/01/01/56908/michel-deon-action-francaise-maurras

Bien évidemment c’était parfaitement son droit, mais faire l’impasse sur celui qu’il considérait en 2012 comme un maître cela pose un léger problème : inutile de rappeler les infamies - dont les multiples appels au meurtre - qu’écrivit Maurras entre 1940 et 1944.

Je tiens à préciser que je tiendrais le même raisonnement si Michel Déon avait fait preuve des mêmes sentiments permanents à l’encontre d’une des gloires du communisme des années 40/50.

Robert Marchenoir

Mais vous n'imaginez pas le nombre de gens qui seraient grimpés aux rideaux si le sous-larbin d'Audrey Azoulay n'avait pas pondu un petit quelque chose pour la mort de Michel Déon, si la ministresse n'avait pas été capable de citer, à la télé, le livre de lui qu'elle préférait, si elle n'avait pas sorti quelque chose de prodigieusement intelligent sur la grammaire transcendentale chez Michel Déon au service de la gnose médiévale de Saint Augustin, etc.

Dites-vous bien qu'André Malraux est un saint républicain, et qu'on a besoin en France d'un ministre de la Culture pour exécuter les corvées des journalistes à leur place quand un artissse meurt.

Sinon, pourquoi donc payons-nous des impôts ? Hein ? Je vous le demande ?

Jean le Cauchois

Je souhaite à Jean d'Ormesson d'être toujours avec nous cet été (et bien sûr très au-delà), pour éviter que François Hollande...
(C'est lui qui s'est exprimé avec humour sur le sujet...)

anne-marie marson

Il aurait mieux valu qu'Audrey Azoulay se taise.

Effectivement, cela aurait mieux valu. Michel Déon n'a pas besoin de son hommage.
Je suis étonnée de voir que des gens comme Valls, Martinez, Belkacem, Azoulay, Hidalgo, qui ne connaissent rien à la culture française, sont devenus champignons de Paris grâce au fumier.
Si F.Hollande avait eu un peu d'honneur, au lieu de continuer à s'empiffrer et à se balader à nos frais, il aurait démissionné, entraînant avec lui l'ensemble des parasites de son gouvernement.

Exilé

Bien sûr, Michel Déon était de droite et il ne s'en est jamais caché parce qu'à juste titre il considérait qu'il n'avait pas à s'en excuser. C'était sans doute trop pour un pouvoir qui ne révère que par sectarisme.

Michel Déon était la preuve vivante que l'intelligence, en matière de culture était de droite (avant que la gauche ne l'ait investie plus par la violence que par le talent ou le mérite).
Evidemment, c'est très dur à admettre pour quelqu'un qui se réclame de la gauche, qui bien entendu est le camp du bien, de la justice, de l'intelligence et tout et tout...

sbriglia

Il y a les poneys sauvages

Il y a aussi les ânesses domestiques.

C'est là que le bât blesse.

Il y a les taxis mauves.

Il y a aussi les maxis guimauves.

Il y a les seigneurs, conseillers du Roi du Maroc.

Il y a aussi leurs filles.

Et c'est ainsi qu'Allah est grand et que Déon, Nimier, Blondin et Vialatte se sont tenus les côtes en écoutant la soulée de son propre vide.

Claude Luçon

Audrey Azoulay après Fleur Pellerin.
Toutes deux ministres de la Culture.
Hollande et Valls ne leur avaient pas expliqué qu'il ne s'agissait pas de culture de légumes !
Comme ni Modiano ni Déon n'étaient des cultivateurs connus, il est normal qu'elles se soient plantées comme deux courges.
Il ne faut pas que Philippe s'indigne et risque la crise cardiaque, il s'agit seulement d'un autre malentendu au sein de notre gouvernement socialiste où la confusion règne depuis mai 2012.
Philippe aurait dû s'en douter, Hollande avait déjà nommé Taubira garde des Sceaux et Cahuzac au Trésor public.

Patrice Charoulet

Cher Monsieur,

Je partage votre sentiment touchant Michel Déon. En revanche, votre étonnement au sujet de la réaction d'une ministre socialiste m'étonne. Les gens de gauche sont toujours comme ça. Ayant fréquenté les salles de profs pendant quarante ans, j'en connais un rayon. Le livre adoré des profs de gauche, au lycée, était Germinal, de Zola, qui m'a toujours soulevé le coeur. On y lutte contre les méchants patrons.
Et les profs qui donnaient cette nourriture à leurs élèves avaient manifestement le projet de former de futurs socialistes ou communistes.

Notre cher Denis Tillinac, qui a dirigé une maison d'édition... de droite, cite, bien sûr, Michel Déon, avec quelques autres, dans le dialogue que vous aviez eu avec lui et que l'on peut réécouter à l'occasion de vos propos du jour.
Il rappelle que sur le trottoir d'en face, il y avait les éditions de Minuit.

Pour ma part, quand je cherche quelques grands écrivains du XXe siècle à citer, comme par hasard j'évoque Paul Morand et Jacques Chardonne, par ailleurs excellents prosateurs. J'ai les plus grandes réserves pour les auteurs révolutionnaires ou simplement socialistes, qui se reconnaissent vite, dont on pourrait me parler.
Veuillez me croire, cher Monsieur, cordialement vôtre.

conficius

La culture actuellement est du niveau de ses ministres, qui sont eux-mêmes introduits par des guignols auprès de celui qui distribue les rôles.
Les frivolités d’un plouc malotru et laid appauvrissent le pays !
Il n’y a rien à espérer, ils ont le pouvoir et ne le céderont pas !

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